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EAN : 9780775504446
FIDES INC. (30/11/-1)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Écrit en vers libres dans un style tout à fait original, le recueil de poésie «Regards et jeux dans l'espace» de Hector de Saint-Denys Garneau reçoit un accueil si mitigé qu'il amène l'auteur à retirer du marché le reste de ses exemplaires.

«Regards et jeux dans l'espace» est un recueil de 28 poèmes. La lecture linéaire de l'oeuvre illustre les divers moments de l'itinéraire psychologique de l'auteur. Des moments d'euphorie imprègnent parfois le chemi... >Voir plus
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Le Jeu.

Ne me dérangez pas je suis profondément occupé

Un enfant est en train de bâtir un village
C’est une ville, un comté
Et qui sait
Tantôt l’univers.

Il joue

Ces cubes de bois sont des maisons qu’il déplace et des châteaux
Cette planche fait signe d’un toit qui penche ça n’est pas mal à
voir
Ce n’est pas peu de savoir où va tourner la route de cartes
Cela pourrait changer complètement le cours de la rivière
À cause du pont qui fait un si beau mirage dans l’eau du tapis
C’est facile d’avoir un grand arbre
Et de mettre au-dessous une montagne pour qu’il soit en haut.

Joie de jouer! paradis des libertés!
Et surtout n’allez pas mettre un pied dans la chambre
On ne sait jamais ce qui peut être dans ce coin
Et si vous n’allez pas écraser la plus chère des fleurs invisibles

Voilà ma boite à jouets
Pleine de mots pour faire de merveilleux enlacements
Les allier séparer marier,
Déroulements tantôt de danse
Et tout à l’heure le clair éclat du rire
Qu’on croyait perdu

Une tendre chiquenaude
Et l’étoile
Qui se balançait sans prendre garde
Au bout d’un fil trop ténu de lumière
Tombe dans l’eau et fait des ronds.

De l’amour de la tendresse qui donc oserait en douter
Mais pas deux sous de respect pour l’ordre établi
Et la politesse et cette chère discipline
Une légèreté et des manières à scandaliser les grandes personnes

Il vous arrange les mots comme si c’étaient de simples chansons
Et dans ses yeux on peut lire son espiègle plaisir
À voir que sous les mots il déplace toutes choses
Et qu’il en agit avec les montagnes
Comme s’il les possédait en propre.
Il met la chambre à l’envers et vraiment l’on ne s’y reconnaît
plus
Comme si c’était un plaisir de berner les gens.

Et pourtant dans son oeil gauche quand le droit rit
Une gravité de l’autre monde s’attache à la feuille d’un arbre
Comme si cela pouvait avoir une grande importance
Avait autant de poids dans sa balance
Que la guerre d’Éthiopie
Dans celle de l’Angleterre.
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VII SANS TITRE.

Tu croyais tout tranquille...

Tu croyais tout tranquille
Tout apaisé
Et tu pensais que cette mort était aisée

Mais non, tu sais bien que j’avais peur
Que je n’osais faire un mouvement
Ni rien entendre
Ni rien dire
De peur de m’éveiller complètement
Et je fermais les yeux obstinément
Comme un qui ne peut s’endormir
Je me bouchais les oreilles avec mon oreiller
Et je tremblais que le sommeil ne s’en aille

Que je sentais déjà se retirer
Comme une porte ouverte en hiver
Laisse aller la chaleur tendre
Et s’introduire dans la chambre
Le froid qui vous secoue de votre assoupissement
Vous fouette
Et vous rend conscient nettement comme l’acier

Et maintenant

Les yeux ouverts les yeux de chair trop grands ouverts
Envahis regardent passer
Les yeux les bouches les cheveux
Cette lumière trop vibrante
Qui déchire à coups de rayons
La pâleur du ciel de l’automne

Et mon regard part en chasse effrénément
De cette splendeur qui s’en va
De la clarté qui s’échappe
Par les fissures du temps

L’automne presque dépouillé
De l’or mouvant
Des forêts
Et puis ce couchant
Qui glisse au bord de l’horizon
À me faire crier d’angoisse

Toutes ces choses qu’on m’enlève

J’écoute douloureux comme passe une onde
Les chatoiements des voix et du vent
Symphonie déjà perdue déjà fondue
En les frissons de l’air qui glisse vers hier

Les yeux le coeur et les mains ouvertes
Mains sous mes yeux ces doigts écartés
Qui n’ont jamais rien retenu
Et qui frémissent
Dans l’épouvante d’être vides

Maintenant mon être en éveil
Est comme déroulé sur une grande étendue
Sans plus de refuge au sein de soi
Contre le mortel frisson des vents
Et mon coeur charnel est ouvert comme une plaie
D’où s’échappe aux torrents du désir
Mon sang distribué aux quatre points cardinaux.
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Autrefois.

Autrefois j’ai fait des poèmes
Qui contenaient tout le rayon
Du centre à la périphérie et au-delà
Comme s’il n’y avait pas de périphérie mais le centre seul
Et comme si j’étais le soleil: à l’entour l’espace illimité
C’est qu’on prend de l’élan à jaillir tout au long du rayon
C’est qu’on acquiert une prodigieuse vitesse de bolide
Quelle attraction centrale peut alors empêcher qu’on s’échappe
Quel dôme de firmament concave qu’on le perce
Quand on a cet élan pour éclater dans l’Au-delà.

Mais on apprend que la terre n’est pas plate
Mais une sphère et que le centre n’est pas au milieu
Mais au centre
Et l’on apprend la longueur du rayon ce chemin trop parcouru
Et l’on connaît bientôt la surface
Du globe tout mesuré inspecté arpenté vieux sentier
Tout battu

Alors la pauvre tâche
De pousser le périmètre à sa limite
Dans l’espoir à la surface du globe d’une fissure,
Dans l’espoir et d’un éclatement des bornes
Par quoi retrouver libre l’air et la lumière.

Hélas tantôt désespoir
L’élan de l’entier rayon devenu
Ce point mort sur la surface.

Tel un homme
Sur le chemin trop court par la crainte du port
Raccourcit l’enjambée et s’attarde à venir
Il me faut devenir subtil
Afin de, divisant à l’infini l’infime distance
De la corde à l’arc,
Créer par ingéniosité un espace analogue à l’Au-delà
Et trouver dans ce réduit matière
Pour vivre et l’art.
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Un Mort Demande A Boire.

Un mort demande à boire
Le puits n’a plus tant d’eau qu’on le croirait
Qui portera réponse au mort
La fontaine dit mon onde n’est pas pour lui.

Or voilà toutes ses servantes en branle
Chacune avec un vase à chacune sa source
Pour apaiser la soif du maître
Un mort qui demande à boire.

Celle-ci cueille au fond du jardin nocturne
Le pollen suave qui sourd des fleurs
Dans la chaleur qui s’attarde à l’enveloppement de la nuit
Elle développe cette chair devant lui

Mais le mort a soif encore et demande à boire

Celle-là cueille par l’argent des prés lunaires
Les corolles que ferma la fraîcheur du soir
Elle en fait un bouquet bien gonflé
Une tendre lourdeur fraîche à la bouche
Et s’empresse au maître pour l’offrir

Mais le mort a soif et demande à boire

Alors la troisième et première des trois soeurs
S’empresse elle aussi dans les champs
Pendant que surgit au ciel d’orient
La claire menace de l’aurore
Elle ramasse au filet de son tablier d’or
Les gouttes lumineuses de la rosée matinale
En emplit une coupe et l’offre au maître

Mais il a soif encore et demande à boire.

Alors le matin parait dans sa gloire
Et répand comme un vent la lumière sur la vallée
Et le mort pulvérisé
Le mort percé de rayons comme une brume
S’évapore et meurt
Et son souvenir même a quitté la terre.
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Spectacle De La Danse.

Mes enfants vous dansez mal
Il faut dire qu’il est difficile de danser ici
Dans ce manque d’air
Ici sans espace qui est toute la danse.

Vous ne savez pas jouer avec l’espace
Et vous y jouez
Sans chaînes
Pauvres enfants qui ne pouvez pas jouer.

Comment voulez-vous danser j’ai vu les murs
La ville coupe le regard au début
Coupe à l’épaule le regard manchot
Avant même une inflexion rythmique
Avant, sa course et repos au loin
Son épanouissement au loin du paysage
Avant la fleur du regard alliage au ciel
Mariage au ciel du regard
Infinis rencontrés heurt
Des merveilleux.

La danse est seconde mesure et second départ
Elle prend possession du monde
Après la première victoire
Du regard

Qui lui ne laisse pas de trace en l’espace
- Moins que l’oiseau même et son sillage
Que même la chanson et son invisible passage
Remuement imperceptible de l’air -
Accolade, lui, par l’immatériel

Au plus près de l’immuable transparence
Comme un reflet dans l’onde au paysage
Qu’on n’a pas vu tomber dans la rivière

Or la danse est paraphrase de la vision
Le chemin retrouvé qu’ont perdu les yeux dans le but
Un attardement arabesque à reconstruire
Depuis sa source l’enveloppement de la séduction.
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Videos de Hector de Saint-Denys Garneau (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hector de Saint-Denys Garneau
Saint-Denys GARNEAU – Biographie : 1912-1943 (FILM, 1960) Un film de Louis Portugais, écrit par Anne Hébert, produit par l’Office national du film du Canada.
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