Dans la continuité du très convaincant
La formule de dieu et de sa suite
La clé de Salomon, l'auteur, après s'être penché sur les mystères qui gravitent autour de la physique quantique, s'attaque cette fois-ci à un autre mythe de l'histoire mondiale :
Christophe Colomb.
Pour cela, il convie le personnage récurrent de ses romans, Tomás Noronha, en sa qualité de paléo-graphe et de crypto-analyste, à poursuivre des recherches censées clore une controverse historio-graphique ancienne pour le compte de la mystérieuse Fondation pour l'histoire des Amériques : le 22 avril 1500, l'explorateur portugais Pedro Álvares Cabral a-t-il découvert le Brésil par accident ou n'a-t-il fait qu'officialiser une découverte intervenue en amont à l'initiative de la royauté portu-gaise ? le commencement d'une enquête qui conduira Noronha à s'intéresser toujours plus à l'histoire et l'identité véritables de Colomb.
Suite au décès soudain et brutal de son confrère et historien, le professeur Toscano, chargé de résoudre cette affaire pour le compte de la Fondation précitée, le jeune professeur est à son tour sollicité afin d'éclaircir les lanternes de ceux qui s'intéressent avec force aux interrogations qui en-tourent la découverte du Brésil.
La veuve de Toscano va faciliter ses démarches en lui donnant accès aux documents de son défunt mari, secrètement conservés dans un coffre et que ce dernier a pris soin de coder afin d'en limiter l'accès. Qu'avait donc découvert le vieux professeur au point d'avoir recours à un tel arsenal de protection ? Une énigme à l'origine de bien d'autres qui participent à la construction de la trame historique et orientent le lecteur là où sa quête mène le héros : qui est
Christophe Colomb et quel a été son rôle quant à l'évolution des nations portugaise et espagnole ? Et si la dernière partie de l'ouvrage s'emploie à répondre avec objectivité à ces interrogations, l'auteur confronte son per-sonnage à un jeu de piste qui, s'il parvient à tenir en haleine sur la longueur, n'est pas sans déplorer quelques maladresses. Pour exemple, un imbroglio peu convaincant, pour un homme du calibre de Noronha, autour de la personnalité du philosophe
Michel Foucault et de l'ouvrage d'
Umberto Ecole Pendule de Foucault, faisant sur ce point s'auto-juger le héros (p. 221) : « Comment avait-il pu être aussi stupide ? […] Imbécile ». Néanmoins, l'efficacité de l'intrigue se renforce à chaque nou-veau chapitre sur fond de navigation maritime et de grandes découvertes tenues secrètes, de complotisme tant au niveau de la monarchie portugaise d'antan que des rois catholiques d'Espagne, de références à l'ordre des Templiers ainsi qu'aux kabbalistes juifs…
Et puis l'apparition d'histoires dans l'histoire avec la rencontre entre Tomás et une irrésistible étu-diante suédoise qui va pimenter son existence au point de briser le couple qu'il forme avec Cons-tance, la mère de leur fille commune prénommée Margarida dont l'issue tragique contribuera à réorienter leur existence vers la voie de la raison, si ce n'est de la sagesse.
Codex 632 : le Secret de
Christophe Colomb s'inscrit dans la lignée des thrillers historiques, dont les références témoignent d'un travail de documentation et d'érudition pointu de la part de Dos San-tos. Et si la partie romanesque n'est pas exempte de lourdeurs, l'ensemble se lit avec ce plaisir qui allie à la fois le fait de découvrir, d'en apprendre et de résoudre.