Après un premier tome bancal souffrant de nombreuses maladresses tant au niveau de l'intrigue que de la construction de l'univers et des personnages, Sam Sykes parvient ici à redresser un peu la barre. Sans aller jusqu'à parler de grande réussite, « La couronne du chaos » se révèle en tout cas bien plus agréable à lire que le précédent volume. L'accent est cette fois clairement mis sur le développement et l'évolution des cinq protagonistes, tous plus différents et tourmentés les uns que les autres. Lenk, leader hanté par une voix intérieure le poussant au meurtre, reste le personnage le plus travaillé et le plus nuancé du livre, mais les autres commencent à gagner eux aussi en profondeur. Certains peinent malgré tout à s'attirer les faveurs du lecteur : Kataria est trop vulgaire et trop sauvage, l'homme dragon Gariath trop « bourrin », la guérisseuse Asper trop naïve et donneuse de leçons, etc... Les petites chamailleries et autres mesquineries qui pouvaient rapidement devenir agaçantes dans le tome précédent se font cependant plus rares et plus justifiées, à tel point que les scènes d'interaction entre les membres du groupe passent des plus ennuyeuses aux plus réussies du roman. Les dialogues sonnent également un peu mieux : moins puérils et plus mordants. On retrouve également l'un des rares points forts du premier opus, à savoir un bestiaire bien développé : serpents de mer géants, requins à trois têtes, hommes-lézards..., voilà un domaine dans lequel l'auteur se révèle plus inspiré.
Mais ne nous emballons pas, le roman reste malgré tout d'un niveau relativement moyen. On regrette par exemple de ne toujours pas avoir d'aperçu plus vaste de l'univers de l'auteur. Car si le lecteur a cette fois l'occasion de visiter brièvement d'autres recoins du monde par le biais de nouveaux personnages, l'essentiel de l'action se déroule encore une fois … sur une île déserte ! (et autant vous prévenir tout de suite : ce sera la même chose dans le prochain tome...) Le roman souffre également toujours de problèmes de rythmes, l'action à proprement parler ne débutant que dans le dernier tiers tandis que le reste est essentiellement consacré au cheminement intérieur des protagonistes. L'initiative n'est pas dénuée d'intérêt (et je n'ai généralement rien contre un peu d'introspection), malheureusement les tourments intérieurs des personnages ont la fâcheuse tendance à tourner en rond. Gariath rumine encore et toujours sur la perte de sa famille, Denaos sur son absence de morale, Kataria sur ses sentiments pour un humain, Lenk sur la voix dans sa tête... et à part de l’auto apitoiement il n'en sort rien de bien constructif. L'intrigue générale n'avance quant à elle que très peu par rapport à la fin du premier volume, même si on constate que l'auteur fait effectivement quelques efforts pour tenter de la complexifier.
Avec « La couronne du chaos », Sam Sykes signe un second tome plus réussi que le précédent sans pour autant réussir à gommer les principaux défauts signalés dans le premier volume. Et la suite ne fera malheureusement pas pencher la balance du bon côté...
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La Couronne du Chaos illustre une fantasy débordante d’imagination et c’est tant mieux car, l’un dans l’autre, l’histoire principale n’a pas énormément évolué.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
-Par les dieux, marmonna-t-elle. Qu'est ce qui ne va pas chez lui ?
-C'est une question rhétorique ?
-Tu n'as pas vérifié ? (Elle se tourna vers lui, horrifiée.) Tu ne lui as pas demandé ?
-Je ne suis pas guérisseur, railla la fripouille. Je ne pouvais pas veiller sur vous deux et lui n'a pas de poitrine. J'ai procédé par élimination.
-Comme c'est charmant. J'imagine que puisque je suis réveillée... (Elle voulut se redresser, puis s'arrêta en prenant soudain conscience de sa joue douloureuse. Elle grimaça en portant la main à sa mâchoire.) Mon visage me fait mal.
-Ouais, grommela-t-il. Je t'ai frappée. Je t'ai déjà vu le faire. Je pensais que c'était un procédé médical classique.
-On frappe les gens qui sont sous le choc, idiot.
-J'étais quelque peu abasourdi pour ma part.
A ceux qui aiment les histoires qui se terminent bien, avec de nobles héros au sens moral irréprochable préservant l'humanité de la destruction, je vous propose de refermer ce journal sur-le-champ, si jamais vous avez trébuché dessus longtemps après que quelqu'un l'a arraché à mon cadavre. Ici, pas de grande quête, pas de communion avec les dieux, pas d'union entre les peuples face à l'adversité et pas de noble sang versé. Il est seulement question d'argent. Et de moi. Après tout, c'est ça l'aventure !
Sword & Laser : Hangout with Sam Sykes