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EAN : 9782259215039
256 pages
Plon (08/01/2015)
3.6/5   10 notes
Résumé :
Après le best-seller L'Amande, Nejdma conte l'initiation sensuelle d'un jeune Arabe à Paris, qui s'achèvera dans la fureur et les larmes.

Pour la troisième fois, Nedjma s'empare du thème tabou par excellence dans le monde arabe : le sexe. Après L'Amande, un récit qui restera dans l'histoire de la littérature comme le premier roman érotique écrit par une femme arabe, après La traversée des sens, qui retrace le parcours érotique d'une jeune musulmane, o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« C'est quoi aimer, mon pauvre ? Rien. Ce qui compte, c'est jouir. » (page 136)
Lui, Karim, étudiant puceau puis journaliste dont la bite - l'autrice qui à un moment se réfère « Au jardin parfumé » (manuel d'érotologie) de Cheikh Nefzaoui aurait pu faire l'effort de nous gratifier des multiples noms attribués aux attributs sexuels féminins et masculins recensés dans ce manuel, on se contente de bite et de con – tourneboule les sens des femmes françaises qui gravitent autour de lui, comme si les bites arabes échappaient à la variabilité dimensionnelle de cet appendice érectile plus souvent flasque que turgescent. « On n'entre jamais dans le monde des femmes. On tourne autour, c'est tout. » (page 52) Lui, Karim, finit par être tourneboulé par Malika qui lui balance : « Arrête avec tes mots, ta poésie tourne à vide, parce que c'est celle-là même qui, chez tes frères, enferme les femmes derrière les murs. Vos femmes ? Vous les aimez à condition qu'elles n'aiment que vous, qu'elles ne voient que vous ; quelles ne baisent qu'avec vous ! Vous volez leur âme en les berçant avec de stupides promesses. Vous les aimez à condition qu'elles n'existent pas. Et moi, je veux exister. Compris, l'Arabe ! Quelqu'un t'a déjà dit que tu ne sais pas faire l'amour ? Tu baises, tu baises, mais, en fin de compte, t'es toujours puceau. » (page 159)
Elle, Badra, berbère (l'antique distinction qui repose sur du vide entre la femme berbère libre et non voilée et la femme arabe asservie aux mâles et voilée) dans un village de l'Atlas, après un passage prostitutionnel à Tanger et des moments saphiques, buvant de l'armagnac, vivant en marge tout en étant dedans. Elle, Badra, plus âgée que lui, Karim, s'exprime en italique et indiquera à lui, Karim, le chemin de l'amour. « Tu voulais l'impressionner par tes prouesses sexuelles et tu n'entendais pas la seule chose qu'elle voulait te dire, qu'une femme n'est pas un corps, qu'une femme n'est pas qu'un cul. C'est une éternité, h'bibi, une éternité ! Et moi, je crois comme elle que la vraie défaite des Arabes, c'est de n'avoir pas su aimer convenablement leurs femmes. Aimer sans posséder. Aimer et laisser libre. Aimer et écouter leur corps, leur souffle, le désir qui éclot sous leur peau, leur silence. C'est ça qui lui fut insoutenable devant les images de Bagdad, ville-femme criblée de missiles et de bombes !
Vois-tu, Karim, la sainteté n'est pas de mourir kamikaze, c'est de se coucher sur le corps de Malika, d'écouter battre son coeur et le tien dans l'interférence du monde. C'est de prier, si tu en as envie, et de remercier Dieu pour la goutte d'eau et la bête dans le pâturage, pour la graine qui nourrit et l'aube qui se lève. Mais c'est mensonge et parjure de croire aimer en voulant ressusciter les gloires d'antan. Et c'est blasphémer que de penser échapper au tragique de sa condition en invoquant des versets ! » (page 196)
Ce type de texte malgré les faiblesses d'écriture (érotisme cru tangentant la pornographie molle – ici, au-delà de la dose de sexe minimale drainant le non-lecteur vers un livre) reste salvateur mais le lectorat atteint est-il le lectorat concerné ? Nedjma est dans la caracole au sens chevalin du terme avec des piques acérées à visée « philosophique » qui forment de petites ondulations dans le sable rapidement aplanies par le chergui.
Enfin la translittération de l'arabe en caractères latins me semble aléatoire, chez moi au Tadla, « dibb » avec un seul « b » est un loup, l'ours se disant « dobb ».
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Une telle intensité dans l'écriture. le sexe devient une prière. L'amour, une religion.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Tu voulais l’impressionner par tes prouesses sexuelles et tu n’entendais pas la seule chose qu’elle voulait te dire, qu’une femme n’est pas un corps, qu’une femme n’est pas qu’un cul. C’est une éternité, h’bibi, une éternité ! Et moi, je crois comme elle que la vraie défaite des Arabes, c’est de n’avoir pas su aimer convenablement leurs femmes. Aimer sans posséder. Aimer et laisser libre. Aimer et écouter leur corps, leur souffle, le désir qui éclot sous leur peau, leur silence. C’est ça qui lui fut insoutenable devant les images de Bagdad, ville-femme criblée de missiles et de bombes ! Vois-tu, Karim, la sainteté n’est pas de mourir kamikaze, c’est de se coucher sur le corps de Malika, d’écouter battre son cœur et le tien dans l’interférence du monde. C’est de prier, si tu en as envie, et de remercier Dieu pour la goutte d’eau et la bête dans le pâturage, pour la graine qui nourrit et l’aube qui se lève. Mais c’est mensonge et parjure de croire aimer en voulant ressusciter les gloires d’antan. Et c’est blasphémer que de penser échapper au tragique de sa condition en invoquant des versets !
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Depuis que j’ai installé la parabole sur le toit, j’ai découvert la faune humaine que le destin a mise sur mon chemin comme autant d’embûches ou panneaux d’indication. Comparée à la vie qui se déroule et s’écoule en pisse et pus à chaque coin de rue, la télévision m’a paru insipide et contrefaite.
J’ai fait bon cœur contre mauvaise fortune et je me suis forcée à voir encore et j’en fus édifiée : toujours la même procession invraisemblable où tout le monde ressemble à tout le monde, fardés et déguisés, souriants, cabotins, faussement indignés, outrageusement faux-culs, se trouvant intelligents, se jugeant compétents, mouches du coche prises dans la toile d’une gigantesque araignée, tel Janus, à deux visages, l’un s’appelant Argent, l’autre Pouvoir, rapaces refaits au bistouri, immortels devisant gaiement de la fin du monde, bibelots de plateaux télévisés qu’on pourrait vider dans la première poubelle rencontrée.

La télévision n’a fait que me livrer la merde du monde emballée dans du papier crépon, enguirlandée de fil argenté.
J’ai arrêté de zapper et me suis branchée définitivement sur les chaînes françaises, croyant avoir trouvé ma station, mon rang, mon rôle et ma partition. Peut-être aussi la patrie de l’Immigré.
Au lieu de quoi, j’ai vu rouge et j’ai envoyé valdinguer le Modigliani que Driss chérissait et que j’ai appris à aimer par la force de l’habitude. Il a fallu que ce soit la France qui me sorte de mes gonds. J’avais tout supporté de ses France 2, 3, RFO, LCI, Canal+ sans broncher, mais quand j’ai vu comment ils traitaient les Arabes, je suis devenue folle de rage.
J’ai beau vivre dans le trou du cul de la terre, je comprends assez le français pour me rebiffer quand des Français prétendent me prendre de haut et me traiter en essuie-pieds.
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Tu es un fabulateur, qui vit l’amour en décalage de dix siècles, tu es archaïque, ce n’est pas parce que tu as baisé mille nanas que tu vas m’impressionner. Arrête avec tes mots, ta poésie tourne à vide, parce que c’est celle-là même qui, chez tes frères, enferme les femmes derrière les murs. Vos femmes ? Vous les aimez à condition qu’elles n’aiment que vous, qu’elles ne voient que vous, qu’elles ne baisent qu’avec vous ! Vous volez leur âme en les berçant avec de stupides promesses. Vous les aimez à condition qu’elles n’existent pas. Et moi, je veux exister.
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Sous les doigts de mon amant, je devenais une harpe, un lotus flottant, une étoile parmi d’autres. Driss faisait des miracles sur ma peau, un immense brasier d’amour où je me tenais debout, à ses côtés, à crier : « Dehors les hypocrites ! Dehors les bigots qui préfèrent les marabouts aux prophètes, les transes aux prières et les incantations aux versets ! Dehors les boucs et les imams aux pieds fourchus ! Bienvenue à Dieu, aux blés et aux oliviers. Bienvenue aux cœurs transis d’amour et aux culs purifiés à l’eau bénite des étoiles ! »
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Et tu sais quoi, Imchouk ? C’est peut-être mieux ainsi. Car tes femmes à la chair aussi blanche que tes neiges éternelles ont donné à l’Arabe ces enfants à l’âme infinie et droite qui ont bâti des savoirs que les Roumis se sont attribués, des villes qui filent en calligraphies codées. Tu as même fait Mexico et cette Amérique que les Roumis disent latine alors qu’elle n’est qu’andalouse et dont il suffit de regarder le fer forgé, les jets d’eau et les patios, dont il suffit de goûter le pain et les femmes, dont il suffit d’entendre les lamentos pour se convaincre qu’elle est toi, multipliée et bigarrée, foisonnante et métissée, si lointaine et si cousine, fruit d’un autre temps et d’un autre monde, mais aussi têtue que tes mules au poil hérissé.
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