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EAN : 9782265116429
432 pages
Fleuve Editions (19/10/2017)
3.63/5   62 notes
Résumé :
1965. Une vague de chaleur déferle sur le Queens, banlieue ouvrière de New York, et plonge ses habitants dans un état léthargique. Un matin ordinaire, Ruth Malone, mère célibataire aux allures de star hollywoodienne, constate la disparition de ses deux enfants.
Peu après, le corps de la petite Cindy est retrouvé abandonné sur un chantier, son doudou encore à la main. Lorsque, quelques jours plus tard, la dépouille de son fils, Frankie Jr, est découverte dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a peu de temps, j'ai lu plusieurs ouvrages traitant de True Crime, Maura Murray a disparu de James Renner, le Dahlia noir et Reporter Criminel de James Ellroy. J'adore ce style littéraire qui allie faits réels et "fiction" dans sa forme. Ce genre d'ouvrage est souvent réalisé par un journaliste qui raconte au lecteur sa propre enquête sur un crime en général irrésolu à ce jour. On peut parler de cold cases. Parfois l'auteur choisit de se placer au centre de l'enquête, comme James Renner avec Maura Murray, parfois il donne au livre la saveur d'un roman avec une fiction développée autour de faits avérés, comme dans le Dahlia Noir. C'est ce parti pris qu'a choisi Emma Flint pour son premier roman, dans lequel elle évoque une affaire qui a défrayé la chronique à New York en 1965, l'affaire Alice Crimmins. C'est de ce roman, dans lequel elle a décidé de re-nommer le personnage central, dont je vous parle aujourd'hui, La face cachée de Ruth Malone.

« Elle décida de laisser filer, pour cette fois, et emporta son café dans la salle de bains. Vérifia son maquillage. Se remit du rouge à lèvres. Elle ignorait que c'était la dernière fois qu'elle aurait la liberté de le faire. La dernière fois que son visage n'appartiendrait qu'à elle-même. » p. 22


Ruth Malone est une jeune femme dont l'attitude est condamnée de tous dans l'Amérique des sixties. Mère de deux enfants de quatre et cinq ans, Cindy et Frankie, elle a quitté Franck, un époux gentil et responsable l'année précédente et travaille comme serveuse dans des bars de nuit. Elle accumule certains excès, a des amants mais semble malgré tout une maman aimante. Très belle femme, elle attise la convoitise aussi bien des hommes que de ses voisines et à part ses très rares amis, tout le monde la regarde avec animosité.

C'est l'été 1965, une vague de chaleur terrible s'abat sur la côte Est des États-Unis, et c'est dans cette ambiance surchauffée que va se produire un drame. Un soir comme les autres, Ruth couche ses enfants en milieu de soirée, la nuit se déroule sans particularité, mais au matin, Ruth constate que ses deux enfants ont disparu. Dans leur chambre, fermée de l'extérieur par un verrou, plus aucune trace d'eux, c'est la panique. Et malheureusement, la petite Cindy sera retrouvée assassinée dans un terrain vague quelques heures plus tard. Il faudra plusieurs semaines de recherches supplémentaires pour retrouver le corps de son grand frère dans un état qui ne permettra pas de déterminer les causes de son décès.

« ENLÈVEMENT D'UN GARÇON DE 5 ANS DANS LE QUEENS
DES HÉLICOPTÈRES SE JOIGNENT AUX RECHERCHES
Par Peter Wonicke, correspondant permanent » p. 103

Confrontée au pire, la vie de la mère de famille est passée au crible par la police, qui, dans une société patriarcale au possible, est vite influencée par les racontars. L'inspecteur Devlin, en charge de l'enquête, se fait un devoir de prouver la culpabilité de Ruth, qui semble en effet être impliquée dans la mort de ses deux enfants. A contrario, Pete Wonicke, jeune journaliste correspondant du journal le Herald décide de mener une contre enquête, du moins une enquête plus impartiale, afin de faire la lumière sur les faits avérés. Pour cela, il tente une investigation de terrain en allant rencontrer tous les protagonistes de cette affaire…

« C'était là l'image d'elle qu'il avait portée avec lui pendant un moment. le sang. de la répulsion pour sa propre personne. Une absence totale de tendresse. » p. 194

C'est une évocation passionnante de l'affaire Crimmins qu'a réalisé ici Emma Flint. À travers cette version romancée des faits, racontés en grande partie par Pete Wonicke, l'auteur permet au lecteur de progresser au coeur d'une enquête et d'un procès qui avaient été largement influencées par les commérages il y a maintenant 55 ans. Un nouveau portrait d'Alice Crimmins est dressé à travers celui de Ruth Malone et un éclairage plus neutre est proposé sur une résolution de ce double meurtre mystérieux. Il est aussi mis en lumière qu'un parti pris peut être validé sur des preuves minuscules, dans un sens ou dans un autre, ou encore sur l'interprétation subjectives de réactions inattendues des suspects.

« le soir du 13 juillet, j'ai donné à manger du veau à mes enfants. du veau, des haricots verts en boîte, et du lait. Je suis allée les voir à minuit, et ils dormaient. C'est la dernière fois que je les ai vus et ils étaient en vie. Ils allaient bien. Exactement comme je l'ai déjà raconté, inspecteur. » p.201

Je ne sais pas vraiment quelle est la part de fiction dans cette histoire racontée à la manière du Dahlia Noir mais je me suis laissée emporter sans me poser de question par le fil de l'écriture d'Emma Flint. Atmosphère sombre à souhait, pudeur des personnages, débauche plus ou moins contrôlée, verni social propre à cette époque, tout est fourni dans ce livre pour que le lecteur réalise une immersion dans le Queens d'après-guerre. J'ai été dans le doute jusqu'au bout de l'intrigue dont les personnages ne cessent d'osciller sur un fil tendu, et c'est ce qui les rends à la fois antipathique et accrocheurs.


Cette lecture me confirme une fois de plus que j'ai une affection particulière pour le True Crime à qui la plume parfaitement maîtrisée d'Emma Flint fait honneur. La face cachée de Ruth Malone est un roman qui reste discret dans sa diffusion et pourtant il mérite d'être lu par les amateurs de romans noirs qui s'y retrouveront forcément. Pas de suspense à tout rompre mais une enquête passionnante en l'hommage des deux enfants Crimmins dont la mémoire s'étiole doucement...
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Une histoire banale, me direz-vous. Avons-nous lu le même roman ?, vous répondrais-je. La face cachée de Ruth Malone attendait dans ma Pile à Lire depuis sa sortie, et je m'y suis lancée sans savoir où j'allais, car je ne lis pas les résumés. Grand bien m'en prit, parce que la surprise a été encore plus authentique ! Je ne m'attendais pas à tomber sur un polar situé en 1965, et si j'avais lu le résumé, sans doute aurais-je été plus réticente à tenter l'aventure. Grossière erreur.

Emma Flint nous pousse dans les bras et les pensées d'une inconnue dont on devine qu'elle va être notre guide, mais aussi le centre d'une tragédie macabre qui commence avec la disparition de ses enfants. le récit a l'air en effet banal aux premiers abords ; encore une histoire d'enlèvement, se dit-on, encore toute la faute rejetée sur la femme, encore, toujours, et les longueurs, me direz-vous. Mais la façade disparaît assez vite.

Ce n'est pas l'histoire d'une enquête haletante, c'est la chute lente et inéluctable de Ruth Malone, une mère de famille hors de son temps, fidèle à elle-même, avec son propre caractère, et surtout, c'est une femme traitée avec profondeur par Emma Flint, qui ne nous livre pas d'action, mais de la tension, une fois passé l'introduction et la première moitié du roman. le tout pour un final auquel on ne peut pas rester indifférent ; que de révolte, le sang qui bouillonne tandis qu'on prend conscience de la tragédie, et de la nature destructrice dont l'Humain peut faire preuve. Vifs et tranchants, les derniers chapitres resteront en tête pour un petit moment !

Alors, La face cachée de Ruth Malone, pas si banal que ça ? La première partie ressemble à tant d'autres romans, tant d'autres histoires vraies, mais la deuxième partie va en effet nous emmener ailleurs, et pas sûr qu'on sache rester calme alors qu'on assiste à la chute de Ruth… Une fois de plus, plongée grinçante dans l'univers injuste et fourbe de… la presse, oui ! La police, encore plus ! N'oublions pas, nous sommes en 1965, et pourtant, les choses ne changent pas tellement entre cette période et aujourd'hui. L'auteure nous plonge la tête dans une culture étatsunienne puritaine et hypocrite, où toute sortie de la norme est considérée comme un crime. Et c'est Ruth qui en est la victime, ou la coupable, selon le point de vue des personnages. Habilement mis en scène par la plume, par ailleurs.

Antipathique, c'est le mot parfait pour décrire la bande de flics que l'on voit passer au long des pages, Devlin en premier. Des êtres acharnés, qui ne cherchent que le coupable idéal, mais est-ce le véritable coupable ? Pete, le petit journaliste qui m'irritait au début, et que je finis par voir sous un autre jour, en même temps qu'il évolue. À vrai dire, il y a peu de personnages dans ce roman, et il faut le dire clairement : la seule personne qui suscite à la fois intérêt et empathie est bien Ruth Malone elle-même, pour les réactions qu'elle a, en public comme en privé, et l'image que les autres ont d'elle. C'est sur elle que l'on se concentre, tantôt attristé de ce qui lui arrive, tantôt pris de doute sur ce qu'elle peut raconter.

Il y a là la critique juste et profonde d'un système révoltant modelé sur les apparences et les jugements, où chaque pas qui sort du chemin défini est considéré comme un signe de dysfonctionnement, quelque chose de louche. La face cachée de Ruth Malone est inspiré de faits réels, que je vous laisse fouiller de vous-même si vous en avez la curiosité. Tout ce calvaire qui dure a existé en partie, et Emma Flint, bien qu'elle tricote une histoire romancée autour du vrai, sait rendre l'atmosphère pesante, comme s'il n'y avait pas de sortie. Pas de sortie de secours dans ce monde que l'on vomit. Nous comme Ruth sommes obligés de marcher dans cette époque qui ne laisse aucune chance, le tout porté par les mots de la plume.

On commence sur les bases d'une histoire réelle qui est aussi, hélas, banale si l'on jette un coup d'oeil à la rubrique faits divers des journaux, et que l'on voit une disparition d'enfants, mais ces bases vues et revues évoluent vers quelque chose que l'on attendait pas, ce qui fait son charme. D'abord thriller psychologique avec Ruth, puis enquête policière avec Devlin, mais aussi avec des airs de polar journalistique avec Pete, La face cachée de Ruth Malone ne conte pas que la disparition de deux enfants ; elle raconte aussi la descente aux enfers d'une femme hors de son temps, désespérément seule et profondément humaine. Jusqu'où la solitude peut mener ? Médée aux temps modernes !

Pas un coup de coeur, il y avait quand même des longueurs que j'ai eu du mal à digérer dans la première partie, cependant, une très bonne lecture avec une fin qui reste en travers de la gorge, et qui laisse un goût amer ! À lire au plus vite, si vous ne l'avez pas déjà fait !
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"La Face cachée de Ruth Malone", un polar qui allie subtilement le drame à la psychologie et où on découvre le combat de Pete, jeune journaliste, qui se retrouve mêlé personnellement et professionnellement à "l'affaire des deux enfants disparus de Ruth Malone", cette mère de famille si singulière du Queens des années 60.

L'auteure use efficacement de sa plume pour rendre ce personnage principal à la fois attachant et détestable. Ruth Malone nous renvoie tantôt l'image d'une mère modèle, aimante, dévastée intérieurement par la perte de ses deux enfants ; tantôt l'image d'une femme ingrate, manipulatrice et insensible. On ressent de l'empathie face à ses difficultés or l'instant d'après ses actions deviennent paradoxalement opposées à ce que l'on vient de lire et notre compassion d'alors se transforme en incompréhension. Au fil des pages, le doute s'installe : qui est cette femme, maman le jour et serveuse la nuit, qui vient de perdre ses deux enfants dans des circonstances tragiques ? Une "pin-up" en manque d'affection ou une mère fraîchement séparée du père qui tente de subvenir aux besoins de ses enfants ?

Les personnages que l'on rencontre tout au long du roman (amis, témoins, famille, enquêteurs etc.) renforcent l'intrigue en laissant des indices, des témoignages qui permettent aux lecteurs de se poser comme acteurs du récit, de partager les sentiments ressentis par les protagonistes, leur vécu.
Mais cette empathie est-elle suffisante ? Ne sommes nous pas tous victimes, un jour ou l'autre, des préjugés ? N'avons nous jamais déduit de conclusion hâtive sur une personne ou au contraire n'avons nous jamais été manipulés par un être en apparence innocent ?

Malgré quelques lenteurs et quelques redondances qui alourdissent le récit, cette fiction, inspirée de faits réels, est une belle forme de plaidoyer contre les apparences et les préjugés. Elle invite le lecteur au coeur d'un sujet éternellement d'actualité, au travers d'un personnage principal parfaitement maîtrisé par l'écriture fluide d'Emma Flint.

En conclusion, si vous préférez les romans psychologiques et les drames familiaux aux thrillers sanglants, si vous aimez être empli de doutes et surpris par le dénouement, je vous conseille ce roman fiction qui se rapproche admirablement bien de la réalité.
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C'est un roman très noir, d'une ambiance étouffante traitant d'un sujet grave : un infanticide.
L'action, basée sur des faits réels, se passe à New York, en été ce qui rajoute à la touffeur et au milieu des années soixante.
Un jeune journaliste Pete ne croit pas à la responsabilité du suspect principal et va tenter de trouver la faille dans l'enquête menée par des flics machos à la probité douteuse. La psychologie de Ruth disséquée me semble-t-il au-delà du nécessaire, ne retire rien à l'ambigüité de cette mère séparée, serveuse de bar la nuit et aux liaisons hasardeuses mais rémunératrices.
Pete n'en ressortira pas indemne, il perdra son travail, son argent, hanté par son amour muet pour Ruth.
La narration de cette intrigue ne m'a pas vraiment convaincue mais je retiens l'ambiance bien rendue de cette époque, avec sa morale rétrograde et ses clichés sur les femmes.
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1965. Une jeune femme de vingt-six ans, Ruth Malone, ouvre la porte de la chambre de ses enfants. Mais le lit est vide. Elle se précipite dehors, fait le tour du quartier. Ce n'est pas la première fois que Frankie Jr et Cindy sortent en douce. Mais cette fois-ci, ils sont introuvables. Elle rentre, appelle son ex-mari Frank. Où sont les enfants ? Il n'en sait rien. Annonce son arrivée. En attendant, Ruth Malone va dans la salle de bains. Et comme chaque matin, elle se maquille, elle peint son visage déjà fatigué, poudre, rimmel, rouge à lèvres. Elle enfile ses vêtements, un chemisier trop décolleté, une jupe trop ajustée. Une silhouette trop pin-up pour une honnête mère de famille.

Frank arrive. Lui verse du cognac dans son café, appelle la police. C'est le sergent Devlin, et son acolyte, Quinn, qui vont être chargés de l'enquête. L'appartement est sale, la cuisine mal rangée, la salle à manger déborde de linges empilés sur les chaises, les jouets des enfants sont éparpillés. Ruth n'est pas bonne ménagère. Et la poubelle regorge de cadavres de bouteilles d'alcools. Les parents se disputaient la garde des enfants. le sergent Devlin a le nez creux, Ruth est suspecte. Mère célibataire. Femme divorcée.

Ruth est d'autant plus suspecte qu'elle travaille la nuit, laissant ses enfants seuls dans l'appartement. Qu'elle travaille dans des bars, où elle aguiche les hommes, avec sa silhouette de femme. Des hommes qu'elle ramène chez elle. Aux yeux de tous. Un comportement qui ne sied pas à une bonne mère. Ni à une mère du tout. Scandaleuse Ruth Malone.

On retrouve le corps des deux enfants. L'enquête ne se concentre dès lors que sur la malheureuse Ruth. Cette salope ne pleure pas, elle refuse de paraître brisée aux yeux de tous. le comportement de cette femme hurle sa culpabilité. Elle ne se comporte pas comme une mère éplorée, ni cris, ni pleurs, une apparence toujours soignée, presque provocatrice. Ruth Malone se serait-elle débarrassée de ses enfants qui l'empêchent de vivre librement sa vie de femme ? Les enquêteurs et les journalistes interrogent les voisins et les voisines. La jalousie, l'envie, la bêtise se chargent de dresser son portrait. L'opinion publique la condamne.

Seul un journaliste, Pete Wonicke, va finir par prendre son parti. Pete est jeune, il veut se faire un nom rapidement dans l'univers de la presse écrite. Cette affaire d'infanticides peut lui mettre le pied à l'étriller. A travers son personnage, c'est la collusion entre le monde journalistique et policier qu'Emma Flint met en avant. Dans un premier temps, Pete se met en chemise avec le sergent Devlin, s'engage à flatter le travail policier. Jeune, et peut-être influençable, il suit les recommandations de ses aînés : proposer une histoire qui touche les cordes sensibles du lecteur, quitte à ne reporter aucun véritable fait, les pauvres enfants innocents assassinés, l'ombre de la femme de mauvaise vie. Mais au plus Pete suit les traces de Ruth, au plus son désir augmente. le désir de la femme finit par rejoindre le désir de vérité. Et tant pis s'il sacrifie sa place et son avenir pour y parvenir.

La face cachée de Ruth Malone est un polar qui explore la psychologie de ses personnages avec une certaine finesse et met en relief les mécanismes sexistes et le patriarcat triomphant au sein de la société des années 60 qui dictent les bons ou mauvais comportements attendus chez une femme et condamnent sur les apparences. Ici, pas d'intrigues aux rebondissements multiples, nous suivons le déroulé logique de l'enquête qui part dès le départ sur le postulat de la culpabilité de Ruth Malone où le moindre indice, le moindre détail seront interprétés en défaveur de la femme.

J'ai apprécié le portrait que peint Emma Flint de Ruth Malone. Une femme encore jeune, qui refuse, consciemment ou non, de se soumettre aux attentes masculines prônée par la société. Il y a beaucoup de force, et tout autant de faiblesse et de fragilité, qui émanent de ce personnage féminin qui se confronte presque uniquement, au cours du roman, à des figures masculines, comme pour mieux marqué la solitude d'une femme dans un monde dominé par les hommes.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
C’était terminé. Pour la première fois de la journée, elle pouvait contempler son visage en entier. Alors, elle était Ruth.
Aujourd’hui, elle est une des vingt femmes qui frissonnent dans une pièce carrelée, blotties sous les minces filets d’eau tiède. Vingt petits morceaux de savon vert bon marché. Vingt maigres serviettes sur vingt crochets rouillés.
Ici, elle ferme les yeux, refoule l’écho des cris, des chants, des jurons. Elle fait comme si elle était seule, et se concentre pour se laver. Elle ne se sent jamais assez propre. la première semaine, elle a demandé une brosse à ongles. Elle plonge les poils dans le savon, s’acharne à recueillir les éclats verts visqueux, à les transformer en une fine couche de mousse entre sa paume et la brosse. Et puis elle frotte, comme quand on lui récurait le visage à l’école des religieuses, jusqu’à ce que la peau lui brûle. Elle ferme les yeux et se revoit telle qu’elle était alors – treize ans, minuscule ; la poitrine plate ; le cheveu terne ; la peau du visage comme un film gras, couverte de boutons rouges et blancs. l ’eau lui cingle la peau de la même façon qu’à l’époque, elle respire les mêmes odeurs d’eau de Javel et de vapeur. Elle ne se souvient plus très bien de l’endroit où elle se trouve, et sait que cela n’a guère d’importance.
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Et de toute façon, l’enquête n’est pas une excuse. Le public, le patron, quand ils voient un type avec une chemise froissée ou mal rasé, ils perdent confiance. Sa femme ou sa mère ne prend pas bien soin de lui ? Ça veut dire que c’est un foyer négligé. Un flic même pas capable de faire régner l’ordre chez lui, comment va-t-il pouvoir gérer l’enquête, comment va-t-il résoudre ça ? Voilà ce que pensent les gens. Il faut sans arrêt réfléchir de la façon dont les autres réfléchissent.
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Elle se dépouillait de ses vêtements de la veille, et se lavait dans le minuscule lavabo : les mains, le visage, sous les bras, sous les seins, entre les jambes. Quelquefois, elle percevait sa propre odeur – cet effluve âcre et jaune qu’elle considère toujours comme lui appartenant en propre – et qui l’embarrassait terriblement les jours où elle ne se réveillait pas seule.
T’es comme une chienne en chaleur, hein, chérie ?
Elle se frottait l’entrejambe de toutes ses forces avec le gant de toilette bleu et rêche, au point de se faire mal. Elle se séchait en poussant du talon de la main le long de sa cuisse, et l’espace d’une seconde, celle-ci paraissait ferme avant de retomber et de retrouver son aspect familier de peau d’orange.
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— Les lecteurs veulent trois choses, Wonicke, déclara-t-il en les énumérant sur ses doigts. Ils veulent voir l’argent, ou l’absence d’argent. Se sentir envieux, ou supérieurs.
Un autre doigt dressé.
— Ils veulent du sexe. Il y a toujours une nana sexy. Ou bien qu’on peut transformer en quelque chose de sexy. Il y a toujours un angle qu’on peut utiliser.
Un troisième doigt.
— Et toutes les histoires ont besoin d’un méchant. Il faut de la peur dans chaque histoire.
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Et chaque jour, tandis qu’elle pousse le chariot le long de chaque étage, jette un œil à travers chaque porte et dit bonjour aux femmes dont elle sait qu’elles lui répondront, elle pense à ce dernier matin. Elle a appris à ne pas penser au petit déjeuner, mais cela, elle ne peut pas s’empêcher de s’en souvenir. Les silhouettes recroquevillées sur les lits, en train de somnoler ou de lire, suivant les lignes de leurs doigts, ne manquent jamais de le lui rappeler.
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