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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai trouvé extrêmement émouvant de lire des poèmes écrits et publiés pendant la période de la Deuxième guerre mondiale, dans une France coupée en deux, alors qu'il fallait passer entre les mailles de la censure.
Ces poèmes sont très émouvants parce qu'ils témoignent du quotidien de la guerre, dans des images relativement accessibles, des mots qui peuvent paraître simples, mais le tout pour un effet efficace et puissant.
Ces poèmes témoignent des multiples dimensions de l'horreur vécue, des sentiments éprouvés, de la honte ressentie, de l'abattement mais aussi de l'espoir, de la privation de liberté, des pensées ferventes et des hommages aux révoltés, aux résistants, aux déporté.es.
J'imagine les émotions ressenties par les lecteurs de l'époque, la communion d'esprit et de coeur qui pouvait en naître, ainsi que la force de continuer.

Pour ceux qui douteraient de « l'utilité » de la poésie.
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J'ai été étonné de voir que ce recueil de poèmes écrits pendant la Seconde Guerre mondiale par Paul Eluard, avec le célèbre « Liberté », ne fut pas plus populaire sur babelio.com. La réédition par Les Editions de Minuit en 2012 pourra peut-être combler ce manque. L'ambiance de Paris occupée, le climat délétère et la haine, souvent contenue, parfois explosive, des humiliés, transpire de ses poèmes. Mais Eluard sait aussi figurer la passivité égoïste ou la lâcheté générale de ses compatriotes. Usant de mots simples, de formules aux abords anodins, qui nous font parfois croire à une trop évidente « facilité » de ces poèmes, Paul Eluard a montré, comme un autre grand poète de ces tristes temps, René Char, que la poésie est aussi une remarquable force de résistance.
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Le contexte (1942) de l'écriture laisse présupposé au lecteur la dominante lexicale. La guerre y est partout, décrite avec son lot d'assujetissements, de soumissions et d'injustices. Les mots sont durs, violents, comme des charges envers l'ennemi nazi. Eluard évoque Auschwitz dans le poème Les vendeurs d'indulgence.
Appel à la vengeance, aux combats, à la résistance pour sauver les plus faibles. Appel à la lutte pour reconquérir la liberté.

En fin de recueil, le poème intitulé: Couvre-feu

Que voulez-vous la porte était gardée
Que voulez-vous nous étions enfermés
Que voulez-vous la rue était barrée
Que voulez-vous la ville était matée
Que voulez-vous elle était affamée
Que voulez-vous nous étions désarmés
Que voulez-vous la nuit était tombée
Que vouliez-vous nous nous sommes aimés.

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ÉLUARD poète de la Résistance, rien n'est aussi vrai qu'en terminant la lecture de ce recueil de poèmes. Ce livre fait partie à lui seul de l'Histoire. En effet, sont présents ici les poèmes rédigés par l'auteur durant la seconde guerre mondiale (et même avant, nous y reviendrons), poèmes sortis clandestinement et sous pseudonymes.

Le recueil s'ouvre après le très bref et percutant « Avis » sur trois courts poèmes originellement parus dans un recueil de poésie paru sous l'occupation, « L'honneur des poètes » aux Éditions de Minuit clandestines en 1943, aux côtés d'une vingtaine de poètes. Sont proposés aussi les poèmes d'ÉLUARD contenus dans le recueil de titres d'auteurs compilés, « Europe », toujours chez Minuit clandestin, mai 1944. « Les sept poèmes d'amour en guerre » édités clandestinement dans le Cantal tout d'abord en 1943 sont ici reproduits, avant de laisser place à plusieurs poèmes de la Résistance, écrits et parfois non publiés entre 1944 et 1945.

Le recueil « Poésie et vérité » complète le volume, 17 poèmes (dont le célèbre « liberté ») écrits en 1942 et premièrement publiés la même année clandestinement aux Éditions de la Main à la Plume ainsi qu'à Alger aux Éditions de la Revue Fontaine.

Incursion d'ÉLUARD lui-même pour quelques éclaircissements sur les poèmes choisis et leur condition d‘écriture, puis le volume se referme sur trois poèmes inspirés par la guerre d'Espagne et écrits entre 1936 et 1938, donc chronologiquement les premiers du présent volume.

Ce « Rendez-vous allemand » est tout d'abord paru en 1944 aux Éditions de Minuit, mais la version proposée ici, que Minuit a par ailleurs rééditée en poche double fin 2018, est apparue en 1945, augmentée de celle de 1944, toujours chez Minuit.

Maintenant que nous voici dans le bain, place à l‘écriture : ces poèmes sont d'allure très offensive et ne manient pas spécialement la langue de bois. Ils sont à la fois dénonciateurs et emplis d'espoirs, dans un esprit maquisard et combatif, que ce soit ceux écrits durant la seconde guerre mondiale ou durant la guerre d'Espagne, parfois aux côtés de PICASSO pour ces derniers. le style de ces poèmes peut paraître classique, mais le contenu, excusez-moi, mais c'est de la dynamite ! Surgis de l'ombre, ils accrochent et entachent les uniformes allemands ou franquistes sans douceur, c'est de la haute volée méchamment acérée.

Et puis il y a la figure de Paris, du Paris occupé :

« Paris a froid Paris a faim
Paris ne mange plus de marrons dans la rue
Paris a mis de vieux vêtements de vieille
Paris dort tout debout sans air dans le métro
Plus de malheur encore est imposé aux pauvres »

Place est faite aux héros tombés, les Gabriel PERI, les colonel FABIEN, qui ont perdu la vie pour défendre leur pays contre l'occupant nazi. Les poèmes longs enchaînent les courts et percutants, les images sont fortes et se passent de commentaires :

« Habillés de vert
Habillés de gris
La veste trop courte
Le manteau trop long
La croix de travers
Grands de leurs fusils
Courts de leurs couteaux
Fiers de leurs espions
Forts de leurs bourreaux
Et gros de chagrin
Armés jusqu'à terre
Armés jusqu'en terre »

Inutile de vous en tartiner des pages, c'est dans la solitude et l'isolement qu'il faut lire, apprécier puis admirer ces poèmes d'une grande pureté, écrits de la plume d'un humaniste, dissident et courageux, téméraire même, l'un de ces poètes qui marquent par leur coeur pur et leur art aiguisé. Inutile aussi de préciser qu'ils sonnent comme d'une actualité encore brûlante et qu'ils m'ont bouleversé. Je vous laisse les découvrir patiemment, lentement, pour mieux vous en imprégner.

Et, alors que j'écris ces quelques lignes de mirliton réchauffées et de ce fait presque impudiques, je réalise que vous avez sans doute déjà pris connaissance depuis fort longtemps de ce présent recueil, et que mes petites phrases font plutôt figure de plat préparé en barquette plastique puisque, bien avant moi, vous avez été envoûté.e.s par l'écriture et l'atmosphère d'ÉLUARD. Mais au cas où, recevez cette chronique comme une piqûre de rappel, et le fait que la dernière réédition à ce jour soit récente et à bas prix, cette piqûre tend sans doute à voyager dans les temps futurs, le contraire serait criant d'injustice.

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