Il apparaît ainsi que, sans un cœur qui compatit à autrui, on n'est pas humain; sans un cœur qui éprouve la honte, on n'est pas humain; sans un cœur empreint de modestie et de déférence, on n'est pas humain; sans un cœur qui distingue le vrai du faux, on n'est pas humain. Un cœur qui compatit est le germe du sens de l'humain; un cœur qui éprouve la honte est le germe du sens du juste; un cœur empreint de modestie et de déférence est le germe du sens rituel; un cœur qui distingue le vrai du faux est le germe du discernement. L'homme possède en lui ces quatre germes, de la même façon qu'il possède quatre membres. Posséder ces quatre germes et se dire incapable [de les développer], c'est se faire tort à soi-même ; en dire son prince incapable, c'est faire tort à son prince.
Quiconque, possédant en lui les quatre germes, saura les développer au maximum, sera comme le feu qui prend ou la source qui jaillit. Fût-il seulement capable de les développer qu'il pourrait se voir confier le monde ; en fût-il incapable qu'il ne saurait même pas servir son père et sa mère.
Kongduzi demande : " Les hommes sont tous également hommes, mais alors que certains sont de grands hommes, d'autres sont petits, pourquoi ? "
Réponse de Mencius : " Ceux qui s'en remettent à leur part la plus grande en sortent grandis, ceux qui s'en remettent à leur part la plus petite s'en retrouvent diminués.
- Les hommes étant tous également hommes, pourquoi certains choissent-ils la part la plus grande alors que d'autres choisissent la plus petite ?
- Les organes sensoriels n'ont pas la faculté de penser et se laissent obnubiler par les choses extérieures. Étant de simples choses en contact avec d'autres choses, les sens ne font que se laisser attirer par elles. L'organe qu'est le cœur/esprit a la faculté de penser. S'il pense, il pourra comprendre les choses; mais s'il ne pense pas, il ne pourra pas les comprendre. Voilà ce dont le Ciel nous a dotés. Pour peu que nous commencions par mettre sur pied ce qu'il y a de grand en nous, le petit ne saurait l'emporter. Il n'en faut pas plus pour devenir un grand homme.
C'est un qi immense et vigoureux. S'il est nourri de droiture sans subir de dommage, il emplit tout l'espace entre Ciel et Terre. C'est le qi par lequel sont mis en adéquation le sens moral et le Dao, faute de quoi il dépérit. Il naît de la pratique cumulative du sens moral et non d'actes ponctuels. Pour peu que le comportement ne soit pas en accord avec le cœur, il dépérit.
Si [le qi] est nourri par la droiture sans être affecté d'aucune une manière, il remplira tout l'espace entre Ciel et Terre.
L'homme peut être amené à faire le mal,
mais alors sa nature subit violence.