Critiques de David B. (260)
Pierre-François décide de changer de nom et de se faire appeler Fafou. Cette bande dessinée est remplie d’actes symboliques aux proportions inimaginables, c’est fort, violent, le traitement noir et blanc accentue encore cette ambiance de tensions. David doit se construire sur la maladie de son frère, la perte de repère des parents, il évoque de nouvelles références littéraires et son œuvre toute entière prend ici un sens, un sens de révolte, de colère. On quitte peu à peu le monde de l’enfance, ce n’est pas qu’un témoignage autobiographique, c’est aussi une oeuvre initiatique qui est d’autant plus forte qu’elle est vraie. La notion de “mondes fantastiques” des littératures de l’imaginaire prend ici une nouvelle dimension, je n’ouvrirai plus un livre de fantastique de la même manière. 4ème tome de cette BD qui ne faiblis pas, bien au contraire. Une petite citation pour vous mettre dans l’ambiance : “Et j’ai envie de tuer le monde entier”
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Jean-Christophe semble se détacher du monde de plus en plus. Mais à travers sa folie, il entraine toute la famille, avec ses parents qui cherchent une voie chez les gourous, médiums et charlatans en tout genres. Cet album sonne comme une danse macabre, fantastique, pleine de morts, il est question de réincarnation, de discussion avec les esprits. David se construit sa propre défense dans ce monde fantastique et sombre. Une défense faite de dessins, de héros dessinés, de guerriers, mais les squelettes, fantômes et dragons envahissent les les pages, en noir et blanc. Le graphisme est superbe, expressif, fantastique et sobre à la fois, le trait est épais, tout en noir et blanc, sans nuances, les contrastes agressifs, David B. joue avec les échelles, les éléments de décoration, à la manière des illustrations médiévales, comme de lugubres enluminures. “L'ascension du haut mal” porte bien son nom, tout va crescendo, grandiose, impressionnant, voire carrément apocalyptique, une apocalypse trop lourde à digérer pour un enfant de 12 ans. L'histoire est malheureusement si réelle que l'impact en est encore plus fort. C'est une oeuvre majestueuse et ô combien douloureuse. En tout cas, c'est à lire absolument ! (si vous n'avez pas trop le cafard en ce moment)
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On retrouve David et son frère dans ce deuxième volet autobiographique. On suit leur périple dans les communautés macrobiotiques. David se détache peu à peu des préoccupations des adultes, jusqu'à se construire une armure, au sens propre comme au figuré. Il découvre l'hypocrisie de ces adultes, leur crédulité... Je trouve cette immersion dans la réalité à travers un monde fantastique vraiment très impressionnante.
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J'avais été habitué dans mes lecture de l’œuvre de David B. à quelque chose qui se rapproche plus du conte. Ce roman graphique est en fait une autobiographie où ressort en particulier la présence de ce frère épileptique, d'où le titre « Le Haut Mal ». Mais on découvre l'origine de son goût pour les scènes de batailles chevaleresques, l'histoire héroïque, à travers son enfance, avec toutes ses dérives d'alors, fascination de la guerre, de l'héroïsme, de la force et de la puissance (Michel Strogoff, Gengis Khan, et jusqu'à Hitler...). Et on suit son évolution à travers ses questionnements, la première guerre mondiale avec son grand-père maternel, la seconde guerre avec l'autre grand-père, la guerre d'Algérie, le racisme, et puis d'un autre côté, la maladie de son grand frère, les charlatans qui essaie de profiter de la crédulité de ses parents... Les illustrations sont en noir et blanc, uniquement en aplats, fortement contrasté, avec un côté naïf qui dérive vers le fantastique, reprenant le style d'anciennes gravures et enluminures, historiques, religieuses ou carrément mystiques. Les sujets graves sont abordé comme il a pu les concevoir dans son enfance, avec un détachement naïf, parfois maladroit et c'est de là que naît la grandeur de cette œuvre, impressionnante, tragique. J'ai adoré le décalage entre l'illustration fantastique et le texte plus prosaïque, j'ai adoré ce voyage initiatique raconté avec les yeux de l'enfant qui rêve de héros, ce jeu de contraste entre le monde idéalisé et le monde réel. J'avoue avoir été surpris et secoué par cette lecture, vraiment très forte, très marquante.
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David B. est ici au scénario et Christophe Blain au dessin. J'ai été très emballé par le dessin sans encrage, les couleurs vives, lumineuses, comme traitées au pastel, et l'histoire est assez extravagante. Les objets, traverses de chemin de fer, armoires, fourches, broc, vaisselle... se révoltent contre les humains, rébellion provoqué par de la magie indienne. J'ai aimé le duo de héros, le journaliste un peu dandy, mais qui n'a pas peur d'user de la gâchette, et le grand indien taciturne, qui ne parle jamais. Le mélange western et magie fonctionne bien, il est vrai, parfaitement servi par le graphisme et la couleur. Je me suis laissé emporté par cette folie épique, meurtrière et fantastique.
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David B raconte sa vie familiale marquée principalement par l'épilepsie de son frère.. Par là ses parents vont chercher des remèdes médicaux ou paramédicaux.
On sent beaucoup de peu et d'empathie pour son frère de la part de l'auteur, baigné par des références comme Mc Orlan et adepte des illustrations de guerre ou plus ou moins cauchemardesques.
Un chef d'oeuvre à mon sens de richesse, de sensibilité et un objet graphique magnifique.
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Ce deuxième tome m'a laissé aussi perplexe que le premier.Un scénario pas mauvais mais il manque clairement quelque chose pour se prendre plus d'affection pour les personnages et leur itinéraire.Du coup assez faible et frustrant. Pas fan du dessin de Micol non plus.
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super saga (3 tomes) où j'ai appris plein de trucs ; dont le 1er contact de l'Amérique avec la zone du Moyen-Orient :
la piraterie que les 1ers bateaux USA (suite à leur indépendance) ont eu à régler avec la Libye, la Tunisie et le Maroc : les américains, sûrs d'eux, n'ont pas voulu transiger comme les Européens et se sont donc engagés sur le terrain de la guerre (leur 1er guerre à l'extérieur, c'est contre des musulmans ...) ;
et comme ils ne connaissaient pas leurs ennemis (car trop loin de leur territoire), les américains se sont pris leur 1ère défaite !...
Bien connaître son ennemi avant le combattre a été la leçon / morale de cet rencontre ...
Et ça dure comme ça depuis 1792 ;)
Je conseille donc la lecture de ces 3 T. pour ceux et celles qui veulent mieux comprendre les relations internationales dans la zone
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L'histoire pour que l'on puisse la comprendre. Belle démarche, mais vu le bazar des politiques décrites et les nombreux conflits en résultant j'ai été un peu déçu, ça va trop vite, trop superficiel. Le premier tome était déjà limite. Toutefois vu le manque d'ouvrage didactiques sur ces sujets je ne peux pas trop cracher dans la soupe
Une réédition complétée serait la bienvenue.
Au final c'est tout de même fort recommandable pour comprendre enfin comment on a pu en arriver à ce monde de guerre, de fureur et de terreur. Beau bilan sanglant pour les empires du monde.
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6e tome et fin de l'histoire.
De nouveau, Jean-Christophe est assez secondaire dans ce récit qui se centre surtout sur l'âge adulte de David et sur les conséquences quotidiennes qu'a la maladie de son frère sur sa propre vie.
C'est triste et noir mais au final, on y trouve de très beaux passages sur les liens fraternels et familiaux.
Ce tome est l'apothéose de ce récit qui est magistral et puissant d'un bout à l'autre.
La couverture présente un fond uniforme, plus rien n'est visible dans la profondeur du noir qui finit, évidemment, par tout engloutir.
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Leonora est une sorte de Don Quichotte au féminin, qui part à la quête du Graal. L'histoire se passe au XIVe siècle. C'est une quête initiatique, racontée comme un vieux comte fantastique, avec des géants, des animaux qui parlent, le diable, un loup, des sorcières, des saints, des chevaliers, des morts, des fantômes... Le graphisme est un peu naïf, le trait sec, les couleurs en bichromie, un noir et un bleu froid et renforcent cet aspect vieux comte, chanson de geste, on est pas du tout dans le domaine de l'Héroic Fantasy. C'est ce que j'aime chez David B. qui par ce choix, nous embarque vers une atmosphère poétique et envoutante
Je constate que même servi par un autre graphisme que le sien, pour lequel j'ai de l'admiration, le résultat reste de haute tenue. Le dessin de Pauline Martin est très différent, il lui est propre, et pourtant très fidèle à l'esprit de David B.
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Au départ, il y a un dessin que j'aime, mêlant expressionnisme allemand (Otto Dix, les couleurs saturées) à l'ambiance surréaliste, avec des histoires de fantômes et de machines infernales. Jan Van Meer est un ethnoloque et espion à la solde des français pendant la première guerre mondiale, il est chargé de retrouver l'ingénieur Hellequin, savant fou ayant inventé le canon à rêves, les barbelés vampires, les hommes de terre et autres armes farfelues...
C'est une histoire de guerre, d'espionnage qui se mêle à une histoire complètement surréaliste, délirante et grave, sombre et poétique.
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Avec ce 5e tome, nous plongeons encore plus bas dans la maladie et le chagrin. Maintenant, tout espoir est définitivement perdu et la violence fait son entrée dans la famille.
La situation est de plus en plus difficile à maitriser et Jean-Christophe ne cesse de descendre de plus en plus bas dans le mal-être.
La couverture reflète l'histoire : même les monstres qui composent le noir commence à disparaitre et ceux qui sont présents sont armés de couteaux... il n'y a de moins en moins d'explication au désespoir et aux ténèbres, ils prennent juste de plus en plus de place.
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La couverture parle d'elle même : plus aucun espoir...toute la surface est à présent recouverte de maux/monstres/démons.
Comme le dit Pierre-François devenu David : "Maintenant je sais qu'il ne guérira plus". Tout le monde dans la famille le comprend et on sent, dans ce tome, que même les plus déterminés, comme la mère, baissent tout doucement les bras.
De nouveau je suis touchée par la franchise de David B...
J'aime aussi beaucoup les trois compagnons qu'il s'est choisi : le diable, un mort et un chat magique, qui évoluent avec lui, derrière lui, et qui, parfois, répondent à sa place.
Le dessin est toujours impeccable et intelligent.
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En mal de solutions, la famille de Pierre-François se tourne maintenant vers le spirituel et le paranormal. Ils se lancent corps et âme dans la quête d'un l'espoir qui devient de plus en plus mince...un peu comme le jaune de la couverture du livre. Les démons/maladies/maux noirs recouvrent une grande partie de la surface ne laissant plus qu'un mince espace de clarté.
Dans ce tome, on peut remarquer que Jean-Christophe est devenu presque secondaire...sa détresse et son mal sont devenu la maladie de toute la famille. Cette BD est un chef d'oeuvre de psychologie et de symbolisme.
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Le temps passe et Jean Christophe se retrouve sans Maitre N. qui lui faisait tant de bien.
Les crises reviennent et Jean-Christophe s'enfonce de plus en plus dans la maladie. Perdus, les parents se tournent de plus en plus vers le macro-biotique.
Dans ce tome, nous continuons de suivre le difficile calvaire de Jean-Christophe et de toute sa famille. Je trouve admirable la franchise avec laquelle David B. raconte son histoire : sans faux-semblants et sans pudibonderie.
Il continue également à nous parler de ses aïeux. La mort de son grand-père était racontée de façon touchante et j'ai vraiment apprécié la métamorphose qui s'opère afin que celui-ci devienne un des "fantômes" si chers à David B.
Juste encore un mot sur la couverture qui est utilisée de façon très intelligente : si on la compare à celle du tome précédent, on peut constater que les démons (les maladies) en noir sur fond jaune, occupent une partie plus importante de la surface...les maux grandissent et l'espoir diminue. Tout est dit...
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Ce livre contient trois légendes mêlant le fantastique aux faits historiques réels. La première, Le Prophète Voilé, se passe en perse, entre l'Iran et l'Irak, au VIIIe siècle, les deux suivantes en Bohème au XIVe siècle sous fond de guerre de religion. Le dessin s'inspire d'enluminures médiévales, les personnages sont un peu grossiers, simples, et les éléments décoratifs et frises foisonnent. Le graphisme contribue parfaitement à créer cette atmosphère magique et terrifiante où réalité et fantastique se cotoient (Jan Žižka a réellement existé). Cette lecture me donne vraiment envie de continuer à découvrir l’œuvre de David B.
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L'histoire est extraite du recueil de nouvelles de Pierre Mac Orlan « Chroniques des jours désespérés », édité en 1919. Deux autres de ces nouvelles sont reprises par Riff Reb's dans « Hommes à la mer ». J'ai préféré cette adaptation à celle de Riff Reb's.
Le dessin de David B rappelle un peu le dessin de Pierre Péron (illustrateur brestois, qui a travaillé directement avec Pierre Mac Orlan), avec ses personnages un peu dégingandé, leurs larges sourires, le trait épais, les grandes surfaces de noir, ce qui m'a fait ressortir des mes étagères le livre de Pierre Péron « La peau de Bouc ». Je ne suis pas certain que David B s'en soit inspiré, mais pour moi, c'est un plus, pour des raisons sentimentales, j'aime se style en apparence naïf et, en réalité, plutôt surréaliste. L'esprit de Jacques Prévert, ami de Pierre Mac Orlan, n'est pas loin.
David B nous propose des images d'une grande richesse, partant dans des délires surréalistes comme celles du navire qui navigue sous l'eau parmi les poissons, de la rencontre avec le kraken, des représentations de la mer déchainée ou encore de la description des vivant par les pirates maudits et les couleurs créent une atmosphère et une ambiance en parfaite harmonie avec l'histoire.
Car c'est une histoire de pirates, celle du hollandais volant condamné à naviguer sur les mers pour l'éternité dans la mort. C'est raconté comme une légende morbide, ou poésie et tendresse se mêlent à la cruauté et à la violence, une histoire de rédemption, assez classique, mais qui, grâce à l'accord parfait des illustrations, prend une dimension merveilleuse, épique et majestueuse, tout en restant amusante et divertissante.
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