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Critiques de Agota Kristof (357)
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Le grand cahier

Ce court roman est tout à fait étonnant ! Agota Kristof, hongroise exilée en Suisse, faisait partie des auteurs que j'avais très envie de découvrir, et j'ai profité d'une visite à la bibliothèque municipale pour emprunter "Le Grand Cahier", premier tome d'une trilogie consacrée aux jumeaux Klaus et Lucas. Je n'ai pas été déçue, puisque j'ai découvert une oeuvre d'une force insoupçonnée, simple en apparence, mais au contenu particulièrement glaçant.



Ames sensibles, s'abstenir ! Il s'agit d'un roman très dur et sans concession. L'auteur a pris le parti de relater des faits bruts, dans un style dépourvu de toute émotion. Les deux enfants se soumettent mutuellement à de terribles épreuves, se rendent parfois coupables des pires méfaits envers autrui, mais ne portent aucun jugement de valeur sur leurs actes. Leur récit semble presque anodin, les phrases courtes et le vocabulaire simple contrastant avec la dureté du propos. On est frappé par le détachement avec lequel les jumeaux racontent leur enfance meurtrie, qui bascule parfois dans l'horreur la plus complète, avec la guerre, les bombardements et les déportations en arrière-plan.



Agota Kristof dresse le terrible portrait de deux enfants cruels et malfaisants, imperméables à tout sentiment humain, qui se blindent contre les horreurs de ce monde en s'infligeant l'un à l'autre les pires souffrances. Ils se préparent ainsi à surmonter la douleur, ce qui se révélera particulièrement utile lorsqu'ils se verront torturés par un officier à l'occasion d'un interrogatoire "musclé". Remarquablement intelligents, les jumeaux font preuve d'une maturité effrayante, et n'ont rien à envier à leur Grand-Mère en termes de monstruosité (j'ai parfois songé aux charmants petits blondinets du Village des Damnés). Complices en toutes circonstances, ils n'hésitent pas à recourir à la violence lorsque cela leur semble juste, et se montrent en revanche étrangement disciplinés lorsqu'il s'agit de parfaire une éducation académique à leurs yeux encore trop fragmentaire.



De surprenants personnages, donc, qui symbolisent parfaitement les maux de leur époque. Leur inhumanité peut être imputée à des conditions de vie difficiles, ainsi qu'au poids d'un environnement universellement violent. La nourriture se fait rare, et chacun lutte pour sa survie, dans un pays sans nom dont on suppose qu'il pourrait s'agir de la Hongrie. La guerre est synonyme de déracinement, de séparation, et le comportement des jumeaux ne fait que refléter de façon extrême les dérives d'un monde devenu incontrôlable. Le roman laisse entrevoir en filigrane les ombres macabres des nombreux destins brisés par le conflit mondial, et aborde de façon remarquablement subtile des thèmes comme le viol, l'exil ou la torture.



J'ai été totalement absorbée par ma lecture jusqu'au dénouement, terrible, qui clôt magnifiquement cette oeuvre poignante, qui fut pour moi une vraie révélation. Je lirai bien sûr dès que possible "La Preuve" et "Le Troisième Mensonge", les deux autres volumes de la trilogie.





Brillant et saisissant. Coup de coeur !
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La preuve

Voilà la suite de Le grand cahier, d'Agota Kristof, soit le deuxième sur les trois tomes.

On y retrouve Lucas, l'un des jumeaux et l'on va suivre sa vie sans son frère qui a passé la frontière. Lucas va continuer son chemin seul, on suit sa vie, ses rencontres et sa façon toujours originale de trouver des solutions aux problèmes comme le faisaient les jumeaux.

On se rend compte à quel point les jumeaux ne faisaient qu'un. Mais Lucas n'est pas une moitié, il est un lui aussi.

Son frère ne semble pas lui manquer et l'on commence à se demander s'il a jamais existé.



Le doute est partout, et l'auteur a un don incroyable pour nous perdre, nous amener tour à tour dans une certitude qui devient tout à coup illusion.

C'est déroutant et légèrement addictif.
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Le grand cahier

C'est la guerre. Une mère quitte la grande ville avec ses jumeaux direction la petite ville où vit sa mère . Elle y laisse les garçons. La grand-mère , surnommée la sorcière , ne les accueille pas avec le sourire, c'est le moins que l'on puisse dire ! Alors ces fils de chienne vont faire bloc, s'adapter, résister, apprendre comment survivre, prêts à tout et à encore plus .

Agota Kristof a émigré de Hongrie, trouvé asile en Suisse et nous offre ici son premier roman directement écrit en français. Roman d'un apprentissage dont le monde se serait bien passé. L'écriture est sèche, rapide, les mots claquent comme des gifles ou des balles. Une lecture dont je ne suis pas sortie indemne loin de là mais qui ne peut s'arrêter au premier volet de cette trilogie dite des jumeaux.
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Le grand cahier

Premier volet :

La guerre, une mère qui confie ses jumeaux à sa maman à qui elle n'a pas donné signe de vie pendant des années. Forcément, bonne-maman ne la reçoit pas bien mais elle va garder ses petits-enfants qu'elle n'a jamais vus.

La grand-mère appelle les jumeaux par le doux nom de fils de chienne. Le ton est donné, livre très cru, rien ne nous est épargné.

A la toute fin de ce petit livre, l'un des jumeaux passe la frontière et l'autre retourne chez la mère-grand qui a trépassé.

Je n'en écris pas plus car nombreux sont ceux qui ont déjà fait leur critique.

Pour les lectrices et lecteurs qui veulent poursuivre l'aventure, le deuxième volet est : La Preuve.



Lu en novembre 2019 / Points - Prix : 6,50€.
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Le troisième mensonge

Dans la dernière partie, le lecteur retrouve Claus, mais nous voilà avec une nouvelle version de l’histoire de l’un des frères dans la première partie, puis de l’autre dans la seconde, avec le retour de la première personne, du singulier, cette fois. Quelle et la bonne version ? Qui est Lucas, qui est Claus ? Sont-ils vraiment deux ? Le lecteur ne sait plus que croire. Ce qui paraissait certain disparaît, Agota Kristof mène le lecteur par le bout du nez, tout est faux depuis le début, comme on s’en doutait depuis la fin du deuxième volume. Il y a du vrai, et du faux, dans ce qu’on a lu jusque là, mais comment démêler. Le lecteur croit devenir fou en cherchant à savoir qui est Lucas, qui est Claus/Klaus, qui parle, qui est le narrateur de ce qu’on lit, mais aussi de que l’on a lu précédemment ? De quoi se sentir mal à l’aise tant l’auteur joue de tout cela, et l’autre histoire qui se dessine, que le lecteur décrypte au fil de ses recoupements, même s’il n’est jamais tout à fait sûr d’avoir tous les éléments en main, est celle d’une tragédie familiale qui a fait exploser la famille de Claus et Lucas, qui les a séparés quand ce sont ajoutés les traumatismes de la guerre. Ce sont deux existences fracassées pour lesquelles le lecteur ne peut qu’éprouver l’empathie que le premier volume était si loin de susciter. C’est bluffant, déroutant, dérangeant, et tout à fait génial !
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Le grand cahier

Premier livre de cet auteur qui me passe entre les mains, recommandé par un ami, et je ne regrette pas cette découverte. Ce premier tome de la trilogie est l'histoire des jumeaux, abandonnés par leur mère pendant la guerre. Ils sont recueillis par leur grand-mère qui les élève à la dure. Les jumeaux trouvent des solutions ingénieuses pour résoudre tous les problèmes qu'ils rencontrent. Ils s'instruisent sans aller à l'école, s'endurcissent et apprennent à se défendre par toutes sortes d'exercices. Ils sont à l'école de la vie et j'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture sobre de Agota Kristof qui ajoute à cette histoire le détachement qui permet aux enfants de survivre.

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Le troisième mensonge

Et bien ce troisième opus ne répond à rien et répond à tout. Désormais c'est Claus enfin plutôt Klaus qui prend la plume. Lui le frère disparu raconte, se raconte ou tente de se raconter..... Vous n'y comprenez rien, c'est normal. Le troisième mensonge, la conclusion de cette trilogie est une aventure littéraire. L'auteure monte et démonte tout ce qu'elle a bâti. Qui est Lucas, qui est Carl, qui est Karl, quel est l'origine de leurs vies.



Alors on est baladé, perdu, on perd toutes les explications que l'on avait patiemment échafaudées, mais il y a "La chose", celle qui est la cause de tout, peut-être.... Oui peut-être car finalement seule Agota Kristof, qui à l'image de Klaus et Lucas, cherche à épurer l'histoire pour n'en garder finalement que la substance essentielle, l'oppression, l'occupation, la guerre, le mal et l'isolement.



Dans ce final il faut vous préparer, l'auteure reconstruit puis démolit, chacun se fera son histoire, croira détenir la vérité mais il n'y a pas une vérité ou la vérité est faite de mensonges, mis un à un comme on construit une maison qui repose désormais sur des fondations qui ne sont que ce que l'auteure a voulu qu'elles soient.



C'est un exercice de style périlleux, dangereux car le moindre écart peut faire écrouler l'édifice. Alors certes, j'ai eu des moments de perte de sens, d'incompréhension, je naviguais entre passé, présent, imaginaire et réalité mais c'est une expérience dont je me souviendrais longtemps et je comprends désormais pourquoi lors de ma première lecture j'en ai gardé un souvenir à la fois de mal-être, de noirceur mais aussi d'originalité.



"Je lui réponds que j'essaie d'écrire des histoires vraies mais, à un moment donné, l'histoire devient insupportable par sa vérité même, alors je suis obligé de la changer. Je lui dis que j'essaie de raconter mon histoire, mais que je ne le peux pas, je n'en ai pas le courage, elle me fait trop mal. Alors, j'embellis tout et je décris les choses non comme elles se sont passées, mais j'aurais voulu qu'elles se soient passées. (p14)"
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La preuve

Second volet de la trilogie des jumeaux

Enfin des prénoms apparaissent, les personnages ont du coup l'air plus humain, bien que ce soit relatif. La guerre touche à sa fin.

Lucas vit dans la ferme de sa grand mère sans son frère.

La lecture de cette deuxième partie est moins éprouvante mais elle reste froide. En effet, le personnage de Lucas semble tirer un peu vers le psychopathe. Ses relations avec les autres sont toujours aussi particulières, il a sa propre façon de penser : sans émotion, très terre à terre.

Pourtant on le voit s'attacher à une femme et à un enfant. Tout est extrême chez Lucas : ses relations, ses réactions.

Les personnages secondaires sont plus développés, Peter et Victor en particulier, les personnages féminins sont plus doux que leur grand mère (ça ce n'était pas difficile), ils tentent d'apporter une touche de sensibilité et d'humanite à Lucas ? En même temps leurs histoires personnelles sont tristes et cruelles car en lien avec les actes subis pendant la guerre.

La fin du roman me laisse perplexe, je ne m'attendais à cette situation. Mais cela m'a donné envie d'aller jusqu'au bout de la trilogie.
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Le grand cahier

Quelque part en Europe, dans un pays qui ressemble beaucoup à la Hongrie ou à la Pologne, à une époque où résonnait le bruit des bottes et où s'élevaient dans l'air des relents de fumées nauséabondes... Là grandissent 2 frères jumeaux, laissés aux bons soins d'une grand-mère sans foi ni loi.

Et pour eux, c'est comme grandir aux côtés d'une hyène : ils devront faire face ou mourir.

Alors ils vont s'endurcir en s'infligeant eux-mêmes des épreuves très dures : l'exercice du silence, l'exercice des coups, de l'immobilité, du jeûne, ect... allant crescendo dans la difficulté physique et morale.

Les 2 frères relateront dans leur grand cahier chaque fait d'importance, et uniquement les faits.

Ils agissent aussi comme un seul homme, et avec bon sens, faisant preuve parfois de cruauté, mais jamais gratuitement. Ce qui leur permettra de survivre à cette guerre puis à l'arrivée des "libérateurs", ceux qui arrivent avec leurs tanks et leur esprit de réquisition populaire... Car à n'en pas douter, on assiste là à l'arrivée des troupes communistes... Un tyran en remplace un autre.

Mais l'entité jumelle arrivera-t-elle à conserver son intégrité jusqu'au bout dans ce chaos ?

Un livre troublant, sauvage, brut, sans fioriture. Une auteure à suivre...

Livre adapté récemment au cinéma par Janos Szasz.

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L'analphabète

Onze chapitres courts, denses, d’autant plus émouvants qu’ils sont pudiques, onze chapitres qui permettent d’appréhender la trace inoubliable de l’enfance, l’exil à la fois hors d’un pas et d’une langue, l’ennui, la force de l’écriture. Agota Kristof se souvient de sa découverte précoce de la lecture et de l’écriture en Hongrie, l’écriture qui sera la seule barrière au chagrin lorsqu’elle sera placée dans un internat public o elle est séparée de sa famille et où elle éprouve le froid et la faim. Elle raconte le passage hors de Hongrie en 1956 avec son mari et une petite fille de quelques mois, les seuls bagages que le couple emporte sont les affaires du bébé et un sac de dictionnaires. Arrivés en Suisse, ils sont répartis dans le pays, on leur offre un logement, un travail (où là aussi la monotonie des jours est « compensée » par l’écriture de poèmes), mais rien ne peut combler le vide de l’exil, la « perte » de la langue maternelle et le choix d’écrire en français, la langue apprise.



J’ai vraiment été très touchée par cette histoire écrite avec pudeur mais sans détours, dans un style direct que l’on retrouve dans les fictions de l’autrice. J’avais envie de noter beaucoup de choses au fil des pages ! J’ai souri au tout début : je me suis tellement reconnue dans le fait de lire au lieu de faire des choses jugées plus utiles. (Je précise que cela ne m’a jamais été reproché par ma mère, merci à elle !)
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Le grand cahier

Encore un roman sur l’enfance innocente écrasée par la guerre. Oh les pôôvres petits !!!! Vont-ils réussir à survivre dans ce monde si cruel qui leur vole la naïveté de leur jeunesse ? Oh que oui ils vont survivre. Justement parce qu’ils n’ont pas de cœur, enfin pas comme tout le monde. Accrochez-vous à vos pages, car vous allez rentrer dans l’esprit de 2 enfants pas du tout recommandables. Ils sont effrayants par la froideur de leur raisonnement, la détermination de leurs décisions. Ils ne sont ni machiavéliques, ni charmeurs, ni calculateurs. Ils sont calmes, déterminés. Ils s’auto-éduquent pour être à la hauteur de la cruauté du monde. Parce que là ils ne sont franchement pas très bien tombés. Leur mère qui les largue sous prétexte de guerre, chez une grand-mère qui a le profil parfait de la sorcière. Le voisinage un peu (très dérangé) avec une voisine portée sur la chose, et pourquoi pas en mode zoophilie. C’est peu banal. En plus elle est moche et répugnante. Plus que la plus moche des filles que vous ayez jamais croisée. Il y a aussi le curé qui ne dit pas non à tripoter sous les jupes, le soldat et la servante à tripoter dans les pantalons des garçons. Bref, tout le monde est porté sur la chose, mais on est dans le côté le plus obscur du romantisme…

Et ils se débrouillent pourtant les deux salopards !! Sans même y laisser une plume, ni leur âme. Si tenté qu’ils en aient une. Plein de gens meurent autour d’eux. Plein de gens ont faim ou froid autour d’eux, mais eux s’en sortent.

C’est un roman vraiment comme un uppercut. Une arridité sentimentale presque dérangeante. L’entrée dans l’esprit des jumeaux qui fonctionne comme un seul être est aussi assez malaisant.

Mais c’est fait avec une grande précision, jusqu’au bout. Parfois les auteurs décrivent l’innommable en le suggérant. Là on a projecteur en plein dessus et on ne peut pas passer à côté…



Alors faut-il le lire ? Oui !!! Je lirai les suivants, car c’est une trilogie, mais je vais faire une pause entre deux, parce que c’est vraiment choc. Parfois les auteurs décrivent l’innommable en le suggérant. Là on a projecteur en plein dessus et on ne peut pas passer à côté…

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Le grand cahier

Nous… C’est par ce mot que débute "Le grand cahier", un récit à quatre mains que nous livrent Klaus et Lucas, deux jumeaux préadolescents en temps de guerre. Pour échapper aux bombardements qui pilonnent la ville, les garçons sont confiés par leur mère à une vieille femme vivant à la campagne. Cette vieille femme, c’est leur grand-mère, même si les villageois la considèrent davantage comme une sorcière. Chez elle, les deux garçons vont rapidement apprendre à travailler dur, à endurer les coups, à s’adapter surtout, à leur manière, dans cet environnement nouveau et cette vie nouvelle marquée par les conflits et les restrictions.



L’histoire se déroule quelque part en Europe de l’est, probablement en Hongrie puisqu’Agota Kristof y est née avant de fuir ce pays vers l’âge de vingt-et-un ans. Elle a écrit ce roman en français, la langue de son exil. Le style est simple et lapidaire. Après tout, ce sont deux enfants qui écrivent dans ce grand cahier. L’école ayant fermé, les jumeaux décident de poursuivre seuls leur éducation. Dans les travaux d’écriture qu’ils s’imposent eux-mêmes, ils décrivent le monde en s’interdisant tout jugement de valeur pour ne rapporter que la crudité des faits. Ils s’imposent aussi des exercices. Exercices d’endurcissement du corps et de l’esprit, de mendicité, de cécité et de surdité… de cruauté même. L’un et l’autre ne font qu’un, ils se suffisent à eux-mêmes, et dans le creuset de cette unicité ils vont se forger un caractère et une identité d’une monstrueuse froideur. Dans ce monde déserté par les émotions et la morale, les deux garçons se feront leur propre éducation, en réalité un reniement de leur humanité. Cette déshumanisation est à l’image de ce que la guerre et le totalitarisme peuvent infliger ; mais ce qui peut paraître intolérable et incompréhensible dans cette histoire, c’est que ce processus est volontaire, mené sur eux-mêmes par deux êtres censés normalement porter l’innocence.



"Le grand cahier" est un récit d’une incommensurable froideur qui n’épargne au lecteur aucune déviance ni aucune forme de cruauté. Mais il y a quelque chose d’admirable dans la manière dont cette froideur et cette cruauté sont décrites, qui n’est pas lié à la langue minimaliste, mais à la révélation d’un atavisme peut-être commun à tous, et qui peut pousser les êtres jusqu’aux pires extrémités pour leur épargner la souffrance.

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Le grand cahier

Le grand cahier, premier tome de la trilogie " des jumeaux" écrit par une auteur hongroise (1935-2011) qui a reçu le prix du Livre européen en 1987.



Deux enfants sont confiés par leur mère à leur grand-mère, surnommée la sorcière, dans une petite ville (d'un pays jamais nommé), car dans la grande ville, la guerre fait rage.

Séjour initiatique auprès de cette parente acariâtre mais surtout de par leurs propres expériences qui ne sont pas toujours de leur âge.



Ils vont se révéler fort intelligents, filous, meurtriers mais que ne faut-il pas faire en temps de guerre pour survivre.



Un récit à hauteur d'enfants, souvent cruels, des dialogues parfois orduriers pour des enfants qu'on laisse à la fin de ce tome des deux côtés d'une frontière et pour la première fois de leur vie, séparés.
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Le troisième mensonge

Troisième volet de la trilogie des jumeaux.

Cette fois, c'est Claus qui parle, celui qui a passé la frontière.

Mais ici, Agota Kristof nous perd complètement.

On ne sait plus qui est qui, s'il y a eu des jumeaux ou si tout n'était qu'illusion.

Les conséquences de la guerre ? De toutes les horreurs vécues par les hommes, les femmes et les enfants ?

Les viols, les violences faites aux enfants, les maltraitances de toutes sortes font partie du quotidien d'un monde complètement déjanté. On se trouve face à l'irresponsabilité totale des adultes, et dans un régime politique totalitaire, où la liberté reste la quête absolue.

Dans un pays qui a connu la guerre, qu'en est-il de celui qui reste, qu'en est-il de celui qui s'enfuit ?

Les jumeaux ont ils existé ou pas ? Qu'en est-il du drame familial ?

J'avoue avoir été un peu perdue dans l'histoire, mais peut-être la lecture doit se faire à plusieurs niveaux et mérite dy revenir plusieurs fois. Il y a de nombreux sens au delà du sens.
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Le grand cahier

Un roman étrange et cruel ; et violent, pervers, obscène, cynique, immoral... mais d'une manière si extrême et avec une plume si précise, si tranchante, si sèche et tellement maîtrisée, que cela en devient presque surréaliste et, je dois l'avouer, assez amusant.

Le décor est une ville sans nom, dans un pays sans nom, pendant une guerre sans nom, avec des occupants et des occupés qui parlent diverses langues qui ne sont pas désignées clairement non plus, et qui n'ont eux aussi que des appellations utilitaires ou descriptives (le libraire, le cordonnier, la servante, la grand-mère, la cousine...) ou moqueuse ("Bec-de-Lièvre", notamment). Bien sûr, on devine, entre les descriptions de convois de déportés qui traversent la ville et en se basant sur l'origine hongroise de l'auteur et sa naissance dans les années 1930, qu'il doit s'agir de la seconde guerre mondiale. Mais rien ne vient jamais le confirmer.

Pour autant l'étrangeté ne vient pas seulement de cet univers privé de repères et la violence n'est pas uniquement provoqué par ce conflit armé, avec ses occupants, ses bombardements, ses convois militaires. La source principale d'étrangeté est constituée par les deux personnages centraux : deux garçons, deux enfants (mais sans âge précis), deux jumeaux indissociables. Et tellement indissociables que la narration est faite à la première personne du pluriel. Étonnant et pourtant bien réel. Mais comment un narrateur peut-il dire "nous pensons que..." ? Est-il possible que deux être distincts aient-une pensée commune ? Sont-ils alors vraiment distincts ? Apparemment oui, puisque les autres personnages les considèrent toujours comme étant deux... Grand mystère (et pas des moindres) de ce roman.

Autres caractéristiques remarquables de ces garçons, ce sont leur intelligence et leur froideur, que l'on retrouve toutes deux dans leur manière de s'instruire : instruction de l'esprit, dans les domaines les plus variés et notamment l'apprentissage accéléré des langues des différentes armées qui passent par là, pour occuper ou libérer le pays, mais aussi dressage du corps, pour se former à endurer douleurs, mépris, faim...

Si froids et intelligents, les jumeaux apparaissent alors non seulement étranges, mais aussi totalement hors normes et presque terrifiants. A tel point qu'ils parviennent peu à peu à dominer et diriger qui ils veulent, sans que rien ne les fassent plier. Et il mènent ainsi leur barque, au milieu d'autres personnages qui ne sont pas en reste question brutalité, perversité ou égoïsme. Une barque qui avance allègrement, nous emportant avec elle jusqu'au point final... en nous donnant l'envie de continuer à la suivre dans les deux romans qui forment la suite de celui-ci.
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Le grand cahier

Un livre très court, une écriture cynique, un ton très dur, des passages horribles où on s'arrête de lire et on se dit "non c'est pas possible." On ne veut tout simplement pas y croire..

Mais on continue de lire, on reste plongé dans cette époque sordide (pas si éloignée de la nôtre..) et même si c'est choquant, et même si ça fait mal, on s'habitue et on en veut encore.

On ne peut pas rester indifférent face à ce genre de récit, et c'est avec un grand sentiment de malaise qu'on tourne la toute dernière page.

A lire au moins une fois dans sa vie!
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Le grand cahier

Lu il y a plusieurs années, j’ai eu envie de me replonger dans cette œuvre afin de pouvoir avoir en tête la trilogie complète. Parce que je m’étais arrêté à la lecture de ce premier tome. Étrangement, j’en avais gardé que peu de souvenir. Nous retrouvons des jumeaux, dans la petite ville jamais nommée. Période de guerre. Les jumeaux sont confiés à leur grand-mère vraiment pas gentille avec eux. Ils devront faire l’apprentissage de la vie dans un contexte très dur. Les jumeaux s’imposent toutes sortes de privations et de douleurs pour s’endurcir. Ils deviennent vite insensibles, méchants, impassibles. Aussi froids que ce contexte qui les entoure. Kristof se sert également de cette froideur pour l’écriture. Elle est complètement détachée de ses personnages, rendant un sentiment de malaise pour le lecteur. Du pur génie. Malgré quelques scènes très dures à lire, j’ai lu ce roman d’un coup, impatiente de savoir ce qu’il arrivera des personnages. Et puis, la fin surprend et donne envie de se plonger direct dans le tome 2.
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La preuve

La deuxième partie de la trilogie des jumeaux par Agota Kristof. Dans le premier tome " Le grand cahier ", nous découvrions des jumeaux abandonnés par leur mère à la campagne chez une grand-mère qui ne voulait pas d'eux. Le récit se déroulait dans un pays indéterminé ravagé par la guerre. Nous suivions l'évolution des jumeaux qui n'avaient aucune règle, étaient livrés à eux même et s'avéraient dépourvus de morale. Que sont devenus les jumeaux en grandissant ? N'éprouvent-ils toujours aucun sentiment ? Distinguent-ils le bien du mal ? Ce deuxième tome nous apporte en partie la réponse. Un écrit toujours simple et dur qui m'invite à dévorer au plus vite la troisième partie.
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L'analphabète

Un court texte d'une grande dame de la littérature!

Auteure hongroise devenue auteure romande d'adoption après son arrivée à Neuchâtel.



Un récit autobiographique qui contraste avec "Le grand cahier".

J'ai aimé découvrir quelques bribes de sa vie, de sa passion pour la lecture et l'écriture, ainsi que ses soucis liés à son voyage, son déracinement.

Un beau moment de lecture.
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Le grand cahier

Publié en 1986, le grand cahier qui est le premier tome de « Trilogie des jumeaux » sera un livre inoubliable, car unique, dérangeant, intriguant.

Tandis que la guerre sévit, une femme dépose ses jumeaux chez sa mère. Celle-ci les accueille en les traitant de Fils de Chienne. Ils feront eux-mêmes leur éducation campagnarde par des exercices pour résister à la dureté de la vie et de la guerre qu’ils consignent dans un cahier. Ce sont des exercices de chaleur, de froid, de jeûne, d’endurcissement du corps, d’endurcissement de l’esprit, d’immobilité,etc. Comme ils disent : Au bout d’un certain temps, nous ne sentons effectivement plus rien. C’est quelqu’un d’autre qui se brûle, qui se coupe, qui souffre.

Certains passages peuvent choquer comme Bec-de-lièvre qui a un rapport sexuel avec un chien ou les jumeaux qui pissent, à sa demande, sur la tête d'un officier homosexuel.

Dans l’écriture d’Agota Kristof il n’y a ni sentiment, ni analyse. Et c’est ce qui fait, je pense, l’originalité et la force de ce roman. Elle le dit si bien dans un paragraphe, je cite : Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues il vaut mieux éviter leur emploi et s'en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c'est-à-dire à la description fidèle des faits.

J’ai commandé la suite et j’attends avec impatience de savoir ce que vont devenir ces deux petits montres attendrissants.

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