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Citations de Akira Mizubayashi (490)


"Mais il est impossible, pensait Jacques, de revoir toutes les images d'Hélène, de tous les instants de ma vie avec elle pendant plus de soixante ans. Ça reviendrait à revivre toute une vie. Non, la vie n'est pas une revie...Au contraire, c'est perdu à jamais..."
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 10 janvier 1945
Sous-alimentés, ces prisonniers sont d’une maigreur effroyable. On dirait des squelettes habillés d’une peau défraîchie, rongée, en plus, de plaies suintantes un peu partout… Leur vision est insoutenable. Est-ce qu’on a le droit de traiter ainsi des êtres humains, même s’il s’agit d’ennemis qui osent s’opposer à la noble et vertueuse intention de notre Prince impérial ? Ce sont des hommes comme nous. Ils sont nés sous un autre ciel, dans un autre pays, dans une autre culture, dans une autre langue, sous d’autres mœurs, mais ils respirent comme nous, ils ont des sentiments comme nous, ils pensent comme nous ; comme nous, ils portent en eux tout un monde d’idées, d’émotions, de sensibilités… De cela, je ne peux douter… 
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Une mélodie simple, touchante, lancinante, transparente comme un ruisseau de larmes, commença à couler sur les cordes du premier violon.
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Ainsi, les deux êtres se perdirent de vue, se séparèrent sans même se donner l'occasion de se dire au revoir de vive voix, comme deux comètes chevelues, après s'être croisées quelque part dans la galaxie, s'éloignent l'une de l'autre et disparaissent finalement à jamais dans les ténèbres de l'univers.
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29 septembre 1945
J’ai vu dans le journal la photo de l’Empereur avec le général MacArthur. On en parle beaucoup. Ils sont l’un à côté de l’autre. La photo a été prise à l’ambassade des États-Unis. Cela veut dire que c’est l’Empereur qui est allé voir MacArthur… L’Empereur qui va voir quelqu’un ! C’est du jamais vu, ça ! Ce sont les autres qui vont le voir, normalement… L’Empereur, en smoking avec une cravate à rayures, droit comme un piquet devant l’appareil photographique, est un tout petit homme à côté du militaire américain géant. Celui-ci mesure peut-être vingt centimètres de plus ! Il est en tenue décontractée, sans cravate, les deux mains sur les hanches. On dirait que le dieu nippon est terrassé par un homme américain. Les gens de ce pays vont-ils continuer à croire que ce petit homme est un dieu, une divinité sur terre ? 
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Yu jouait les yeux fermés comme si la concentration intérieure détachée de tout l'univers environnant l'aidait à pénétrer le plus profondément possible dans la matière sonore.
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Le jour s’en va. Il commence à faire sombre. Je me sens seul, désemparé. Des sanglots me montent à la gorge. Une force noire, énorme m’écrase, projetant sur moi des ombres informes, oppressantes. Des gens passent dans la rue. Des soldats de la Police militaire, fusil sur l’épaule, patrouillent. Je ne vois pas un seul enfant autour de moi. Où est-ce qu’il est passé, papa ? Il va revenir ici ? Ou rentrera-t-il directement ? Je prends la rue qui va vers la maison. J’accélère mes pas… portant le violon détruit comme un animal mourant que je veux sauver à tout prix…
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Je considère que la musique, même si elle est issue d'une autre civilisation, d'un pays avec lequel on est en guerre, fait partie du patrimoine de l'humanité.
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Par la vertu d’une écriture créatrice d’un sentiment d’élévation, loin de toute coloration religieuse, Mozart a réussit à donner une substance réelle à l’idée de « bonheur de l’amour », comme il l’a fait d’une manière éblouissante au troisième acte pour la célébration du bonheur de la famille.
L’amour donc.
Mais pas l’amour-passion, qui s’use et qui ne se conserve que dans la mort (nous sommes loin de « Tristan et Isolde ! ») mais l’amour-compassion qui vous fait vivre dans l’autre, qui vous fait éprouver les joies de l’autre, qui vous fait subir les peines d’autrui, cet amour calme en deçà et au-delà des tourments connus des amants modernes, cet amour qui ignore l’attrait et la violence du nouveau et qui se renouvelle, se ressource dans la répétition, se réjouit purement et simplement de la présence de l’autre, me semble avoir trouvé sa place ici dans ce moment privilégié des « Noces » réservé à Suzanne.
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Que voit-on quand la mort vous arrive ? Que se passe-t-il au moment où la conscience chute dans l'abîme du néant ? Tous les morts le savent ; restent dans l'ignorance tous les vivants.
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En fait, il ne supporte pas l'armée... Il a fini par se détester... Il veut donc se fuir, s'éloigner de lui-même, du pays qui le fait exister tel qu'il se voit sous l'habit d'un soldat de l'empereur... C'est la raison pour laquelle il veut fuir sa propre langue... Fuir sa langue, c'est s'évader de son pays, d'une certaine manière... Il parle d'ailleurs de son envie de déserter... Mais il sait très bien que c'est impossible.
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Broyé sous le poids d’une hiérarchie militaire au sommet de laquelle est assis un prince divinisé, le petit soldat ne peut pas faire autrement que de se résigner à prendre enfin l’arme blanche d’une parfaite courbure géométrique. Il la tient maintenant avec ses deux mains. Une jubilation perverse affleure sur le visage du militaire qui observe le moindre geste du fantassin novice. Celui-ci se rapproche du condamné à mort agenouillé au seuil du gouffre, qui étouffe ses gémissements de peur dans l’imminence de son exécution. Le bidasse, effrayé, brandit le sabre, ferme ses yeux perlés de gouttes de sueur ; il tressaille. L’officier, triomphant, scrute son visage.
— Vas-y… ! Montre-moi que tu es un vrai Japonais, digne de l’armée de Sa Majesté impériale !
Tout à coup, une voix intérieure s’élève du fond des ténèbres : « Non, tu ne peux pas faire ça, tu ne dois pas… tu es un homme avant d’être un Japonais… Tu es nécessairement un homme, et ce n’est que par hasard que tu es japonais… Ta naissance est un pur hasard. Il n’y a pas de quoi être fier… Par contre, sois fier d’être un homme, un homme…  
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La musique glissait tout doucement sur le terrain de l'apaisement pour aboutir à une fin sereine où le violon ne cessait de monter de note en note vers l'infini disparaissant dans le silence...
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Le matin, la musique accompagnait Sen-nen dans le passage angoissant de la nuit au jour.
Le soir venu, elle l'aidait à accepter le monde du sommeil.
Pas un jour ne passait sans qu'il ne s'immergeât dans les eaux profondes de la musique s'élevant de la nuit précédente.
Pas une nuit ne s'achevait sans qu'il ne se laissât séduire par la clarté printanière de la musique surgissant de son être éveillé de la veille.
Souvent il se voyait debout sur un tapis volant et atterrissait doucement sur un immense disque 78 tours tournant à toute vitesse, tandis qu'il entendait les majestueux et ténébreux accords en ré majeur du premier mouvement du Concerto pour violon de Beethoven.
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Rei éprouva comme une brûlure d'estomac, une chaleur acide, à la fois intense et diffuse, qui vous monte à la gorge. Un énorme bloc d'émotions glacées se mettait à fondre peu à peu sous l'effet de cette chaleur intérieure dormante, semblable à celle d'un ours noir d'Amérique en somnolence hivernale, s'éveillant lentement, s'activant progressivement au fur et à mesure de l'arrivée tant attendue du printemps.
Le temps se défossilisait, recommençait à trembler.
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"_Il paraît que Casals à dit, dans un discours qu'il a prononcé à l'ONU à l'occasion de la remise de la médaille de la Paix, que les oiseaux en Catalogne chantaient "Peace, peace, peace...". Nous entendons en effet dans ce chant à la fois merveilleux et si profondément triste, sa douleur devant le spectacle des atrocités de la guerre et la force de sa prière pour la paix qui monte vers le ciel à l'image de l'envolée des oiseaux catalans. C'est magnifique., tout simplement. J'aimerais tant que ce chant résonne sur tous les chants de bataille, dans la tête des présidents qui commandent les armées, dans la conscience des soldats qui se livrent à des tueries aussi bien que dans le cœur de ceux qui tirent profit de l'industrie du commerce des armes...Ce chant, je voudrais le croire, c'est peut-être parce que je suis musicien, possède une puissance susceptible d'attirer l'attention de ceux qui sont capable de rentre en eux-mêmes dans le calme de leurs passions..."
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C'était un mort-vivant ou un vivant-mort ... Quelqu'un qui était mort une fois et qui continuait à vivre ... ou quelqu'un qui était vivant mais qui vivait comme un mort ...
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10 janvier 1945
Sous-alimentés, ces prisonniers sont d'une maigreur effroyable. On dirait des squelettes habillés d'une peau défraîchie, rongée, en plus, de plaies suintantes un peu partout… Leur vision est insoutenable. Est ce qu'on a le droit de traiter ainsi des êtres humains, même s'il s'agit d'ennemis qui osent s'opposer à la noble et vertueuse intention de notre prince impérial ?
(p.131-132)
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Il se rendait trop bien compte que tous les cœurs du monde, retirés dans leur solitude intranquille, étaient semblables à des monades impénétrables, repliées sur elles-mêmes ; qu'ils étaient finalement comme tous les corps du monde séparés les uns des autres, si douloureusement étrangers les uns aux autres.
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Ainsi se prolongeait leur conversation.
Le temps avançait en s’étirant ; il effaçait, en s’écoulant, la trace de son écoulement.
Dans un bistrot parisien, près de l’Opéra, blotti dans un pli de la ville immense, on voyait un homme et une femme occuper une petite table et parler, autour d’une pizza entamée, sans se sentir obligés de compter les heures.
Ils accueillaient en eux la présence bienveillante de l’autre et l’appréciaient comme un feu de bois qui vous réchauffe par un temps de grand froid.
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