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Citations de Akiyuki Nosaka (71)


La nuit venue, les grenouilles-taureaux coassaient dans le réservoir d’eau tout proche, et de part et d’autre du flot vigoureux qui s’en écoulait, parmi l’herbe drue, c’étaient des scintillements de lucioles juchées chacune au bout d’une feuille, il suffisait de tendre la main pour faire monter les petites lumières le long des doigts, « Regarde ! Essaie de la prendre ! », il en fit tomber une sur la paume de Setsuko, mais elle ferma si fort son poing qu’elle l’écrasa, une odeur âcre qui vous picotait les narines lui restait au creux de la main, au milieu des ténèbres lisses du mois de juin, à Nishinomiya certes, mais au pied de la montagne, où les bombardements on s’en souciait peu, comme du malheur des autres.
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Pour Toshio, l’Amérique, ce sont les hijiki d’Amérique, la neige tombée en plein été sur des ruines calcinées, les fesses musclées des soldats prises dans l’étoffe satinée de leur pantalon, la large main tendue pour un « Squeeze ! », du chewing-gum pour sept jours de ration de riz, « Hav’a good time », la photo de McArthur debout à côté de l’empereur qui ne lui arrive qu’à l’épaule .....p.115
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Mais déjà la faim n’était plus, la soif n’était plus, la tête pendait lourdement sur la poitrine, « Pouah, c’est dégueulasse», « P’têt ben qu’il est mort », « Quelle honte, laisser traîner ça dans la gare alors qu’les Américains peuvent arriver d’une minute à l’autre», ses oreilles qui seules tenaient encore à la vie pouvaient distinguer toute une variété de bruits, la nuit, quand tout retournait subitement au silence : des geta* résonnant dans le hall, le grondement du train passant au-dessus de sa tête, des pas s’élançant soudainement, la voix d’un petit gosse : « Mamaaan !», ou celle d’un homme, là tout près de lui, qui parle entre ses dents, le bruit des seaux d’eau déversés à toute volée par les employés de la gare, « Quel jour qu’c’est aujourd’hui ?», oui, quel jour ça pouvait-y bien être, combien d’temps qu’il était là ? dans une lueur de conscience il vit le sol en béton juste sous ses yeux, sans pour autant s’apercevoir qu’il gisait sur le côté dans une posture identique à celle qu’il avait quand il était assis, le corps plié en deux, les yeux obstinément fixés sur la fine couche de poussière qui, à la surface du sol, frémissait au rythme de sa faible respiration, et se demandant seulement « quel jour qu’y peut être, quel jour qu’c’est ?», Seita expira…

*Sortes de socques en bois.
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D’après ce que j’ai pu voir aux bains, la gamine est encore pucelle. – ça, y’a aucun doute là-d’ssus. – Quand on est seule au monde, qu’on a encore sa fleur, et qu’en plus on est jolie comme elle l’est… - Seize printemps, l’âge où la fleur s’éveille…
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A dix-neuf heures, ils se retrouvent dans le hall de l’hôtel N… ; déjà gris, Toshio s’excite, il est bien le seul : « Prenez donc les deux filles, si le cœur vous en dit ! Je vous abandonne ma part. Croyez-moi, mon vieux, c’est des Number one girl, qu’on nous amène… Du caviar ! You know… ? Des cavernes de caviar ! » Higgins ne semble pas comprendre, « Leur xxx, you know ? it’s like caviar… ! » Toshio ajoute pour être précis : « Vous voyez ?... Le ‘piège à poulpe’ ! » Cette fois, Higgins qui a pigé éclate de rire : « Ah, je croyais qu’ici on appelait ça la ‘moule’ »…
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Depuis les tendrons de douze, treize printemps, au duvet encore à peine apparent jusqu’aux vieilles routières de maison, en passant par les lisses comme des œufs et les velues comme des ourses, sans oublier les théâtreuses sur le retour et les nonnes dépravées en rupture de vœux, il avait goûté avec les unes et les autres à toute la palette des voluptés que le corps féminin peut offrir, moyennant quoi, à la longue, il s’était retrouvé avec des reins vidés, or ce jouisseur invétéré demeurait encore sur sa faim et à peine vit-il Tomi que, l’air concupiscent, il la serra contre lui, le membre déjà saillant, aux dimensions d’un avant-bras qui surprirent l’entremetteuse elle-même, puis, soulagé, se retira en laissant une vulve distendue : « eh bien, dites donc, c’est que vous me l’avez vilainement arrangée ! – Et mon cul ? N’importe comment, elle doit finir sous les pissenlits et nourrir les vers, pas vrai ? C’est égal, même une moule de trépassée, ça vous a du bon ! « lança-t-il insolemment avant de disparaître.
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Les Higgings finiront bien par s'en aller, mais même partis, il y aura toujours un américain qui siégera au fond de moi, et cet américain, mon américain à moi, continuera chaque fois qu'il le peut à me trainer par le bout du nez en me faisant hurler : " Give me chemins-gum !", " Kyoû-Kyoû. ". Une allergie incurable aux Ricains.
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Ces os blancs : ceux de la petite sœur de Seita, Setsuko, morte le 22 août au fond de la tranchée d'un abri antiaérien dans le quartier de Manchitani à Nishinomiya, d'une inflammation aiguë des intestins, si l'on en croit du moins la version officielle, car en réalité, percluse de tous ses membres à l'âge de quatre ans, c'était comme dans un profond sommeil qu'elle avait quitté ce monde, de la même manière que son frère en somme : dépérissement du à la nutrition.
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… à peine eut-il bondi vers l’entrée de la maison qu’il fut submergé par le fracas des bombes s’écrasant au sol puis, la première vague passée, il y eut cette illusion que le silence tout d’un coup était revenu, cependant que les B 29 n’en finissaient pas de pousser leurs mugissements oppressants.
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[...] avec un geste d'agacement l'employé agita la boîte à bonbons, qui émit un cliquetis, et quand, avec l'élan du base-balleur, il la lança en face de la gare, vers un coin obscur déjà envahi par l'herbe drue de l'été, au milieu des décombres laissés par l'incendie, le couvercle sauta sous le choc, une poudre blanche s'échappa, trois petits fragments d'os roulèrent, surprenant les vingt ou trente lucioles cachées dans les herbes, qui s'égaillèrent affolées en une nuée de scintillements avant de se calmer.
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La petite communauté qui vivait en dépendance de la mine Kazura connut son heure de prospérité puis de décadence, ce qui semble inévitable en ce monde voué à l'impermanence où tout change avec le temps qui s'écoule.

La Vigne des morts sur le col des dieux décharnés
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A en juger par la manière dont nos animaux meurent, j'ai le sentiment que la différence entre les hommes et les bêtes réside dans leur relation à la mort plutôt que dans le fait que les premiers disposent de la parole et des outils, et s'entretuent de façon absurde.
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Tard dans la nuit tout était consumé, il ne s'y retrouvait pas dans la nuit pour ramasser les ossements, aussi n'insista-t- il pas et se coucha-t-il à côté du trou; tout autour c'était une nuée incalculable de lucioles mais il ne fit même pas un geste pour en prendre dans sa main... Comme ça elle se sentirait quand mêms moins seule, Setsuko...puisqu'y avait des lucioles avec.....
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Cet étudiant , au visage tendu, adressant un jour dans le tramway bondé la parole à deux soldats près de lui..."What do you think of Japan ?", l'un haussa les épaules et l'autre lui répondit en le regardant dans le blanc des yeux ;"Half good , half bad " , le garçon acquiesça d'un air aussi sérieux que si on venait de lui asséner un axiome philosophique , avant de saisir la tablette de chewing-gum que lui tendait le premier, de la rouler comme une cigarette entre ses doigts et de se l'engouffrer dans la bouche .Tous les passagers , dévorés d"envie , suivaient son manège sans rien en perdre...Mais pourquoi donc les soldats Américains éprouvaient -ils ce besoin de distribuer leurs cigarettes et leurs chewing-gums au premier venu ? Par peur d'être chez leur ennemi de la veille ? Etait-ce de la pitié pour des estomacs vides ? C'est pourtant pas le chewing-gum qui calme un ventre .
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Les animaux, dit-on, sentent venir la fin avec sérénité, ils se dissimulent pour mourir en sorte de ne pas laisser leur cadavre à la vue de tous.
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- L'humanisme, oui, est-ce que c'est pas ça, faire semblant d'aider les gens et en réalité se démerder pour s'en trouver bien soi-même ?
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La nuit venue, les grenouilles taureaux coassaient dans le réservoir d'eau tout proche, et de part et d'autre du flot vigoureux qui s'en écoulait, parmi l'herbe drue, c'était des scintillement de lucioles juchées chacune au bout d'une feuille, il suffisait de tendre la main pour faire monter les petites lumières le long des doigts, " regarde ! Essaie de la prendre ! " il en fit tomber une sur la paume de Setsuko, mais elle ferma le poing si fort qu'elle l'écrasa, une odeur âcre qui vous picotait les narines lui restait au creux de la main, au milieu des ténèbres lissés du mois de juin, à Nishinomiya certes, mais au pieds de la montagne, où les bombardement on s'en souciait peu, comme du malheur des autres.
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Quand on y réfléchit, mais c’est une forme de service qu’on leur rend à elles aussi, puisque, de toute façon, la religion prétend qu’une fille qui n’a jamais connu d’homme ne peut pas gagner le Paradis. » La Nature ayant pourvu les femmes d’un sexe pour donner du plaisir aux hommes et pour puiser leur propre jouissance, une vulve demeurée close ne peut qu’être chargée de rancœur, c’est en quelque sorte faire œuvre pie que de l’en soulager un tant soit peu…
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"Mais pourquoi donc les soldats américains éprouvaient-ils le besoin de distribuer leurs cigarettes et leurs chewing-gum aux premiers venus ? Par peur d'être chez les ennemis de la veille ? Etait-ce de la pitié pour des estomacs vides ? C'est pourtant pas le chewing-gum qui calme le ventre." (p. 88)
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"Dans le titre du récit, Nosaka a donné au mot "lucioles" une graphie originale signifiant littéralement : feu qui tombe goutte à goutte."(p 20)
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