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Critiques de Alain Damasio (1577)
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Les Furtifs

Je viens de terminer ce gros pavé de plus de 900 pages. D'emblée je ne suis pas un fan de SF. Mais on m'avait conseillé de lire ce livre. Ce que j'ai fait, assez rapidement, en fait le plus souvent en diagonale. Je n'ai pas adhéré du tout à l'écriture, que je trouve lourde, difficile à suivre et manquer de fluidité. Beaucoup de redondances. Et puis je me suis perdu à plusieurs reprises dans les personnages. Tous les mots inventés par l'auteur m'ont fatigué et les phrases matinées de néologismes, d'anglais, d'espagnol, d'argot... ont alourdi le récit, à mon sens inutilement.

En fait deux choses m'ont tenu en haleine et obligé à aller jusqu'au bout. L'intrigue et le thème de l'impossible liberté dans ce monde tracé et hyper connecté. L'intrigue principale est très bien construite autour de ce couple à la recherche de leur enfant, dans le monde de ces êtres hybrides, libres, qui échappent à la société. Les personnages sont réalistes et le monde environnant bien décrit.

Pour ce qui est du thème, je partage complètement le point de vue de l'auteur à propos de l'extrapolation de notre société ultra libérale. L'action se passe dans un futur proche où l'on reconnaît encore le notre et où l'on peut suivre les lignes de force qui nous portent sans en avoir l'air dans le monde décrit par l'auteur. Dans son monde, ultra violent, sécuritaire, tout est privatisé et le seul objectif pour l'être humain est celui de producteur/consommateur. Toute la technologie est orientée dans ce sens. Générer encore plus de profit. Au détriment des laissés pour compte qui végètent tant bien que mal dans les recoins perdus de cette société où l'individu, sous couvert de sécurité, doit être tracé et géolocalisé de près pour que les multinationales puissent lui vendre ses produits de force. On n'en très pas loin, non ? Le furtif est symboliquement celui qui échappe à cette société. C'est une belle trouvaille.

En résumé, un livre intéressant qui m'a fait réfléchir une fois de plus sur notre société et ma place dans celle-ci. Et en poussant un peu plus loin, le sens de ma vie dans une telle société.
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La Horde du Contrevent

Je cherchais un livre addictif.

Celui-là l'est littéralement dès 150 pages et la fête des Fréoles. Bien qu'au départ il faille installer le sujet, le verbe et le complément entre deux blasts et que l'accès aux noms des protagonistes renvoie au début du livre pour interpréter les signes leur correspondant.

La difficulté de lecture vient surtout du fait qu'il s'agisse d'un roman chorale et, vu la multitude des personnages, plus d'une vingtaine, le récit aurait pu perdre et abimer le lecteur bien avant les vents du Nordska.

Mais il n'en est rien.



Une petite réserve sur les propos récurrents sur les femmes, dignes d'une cour de collège, des bourrins Erg et Golgoth. J'ai trouvé que cela détonnait avec l'ensemble. Voilà c'est dit.

Sinon Damasio, qui joue sur tous les registres de langue de ses personnages, est saisissant avec sa faconde sur le vent, sur le mouvement et le vif qui semblent être des métaphores des périodes de la vie humaine.

J'ai été bluffé par la richesse des contenus.

Damasio maitrise de bout en bout un récit hâletant grâce à une documentation énooorme sur les divers contextes proposés. Explications mais pas tant de descriptions et les moments forts rendent le tout très dynamique, avec des épreuves dignes de la mythologie grecque: des douze travaux d'Hercule aux voyages d'Ulysse. C'est bien une odyssée qui ne souffre pas le coup de pompe qui attend le lecteur.

Le phrasé et la personnalité du troubadour Caracole m'ont particulièrement plu, avec une richesse de la langue et des jeux de mots intraduisibles dans une autre langue. Et puis la fin est à la hauteur.



Damasio oui-da m'a scié haut.

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La zone du dehors

- Hello Fils, aujourd'hui je vais te présenter un ouvrage de science-fiction contemporaine : « la zone du dehors » écrit par Damasio, un des rares écrivains français ayant une certaine notoriété. Ici c'est son premier ouvrage, sorti en 1998 et retravaillé par la suite lors de rééditions.

- Et ? Quel est le sujet ?

- Suite à une guerre sur terre, dont nous n'entendrons pas plus parler, un groupe d'hommes s'est installé sur un satellite de Saturne et a fondé Cerclon. Ils sont 7 millions au début de cette histoire. le sujet est avant tout politique au sens noble (vie de la polis). En effet cette société est démocratique au sens où chacun vote, elle offre à tout citoyen une vie confortable et la sécurité. La mobilité sociale est effective puisque tous les deux ans il y a le clastre où chacun va se voir attribuer un nouveau rang en fonction de sa productivité, de l'appréciation de son entourage et de son comportement. Ce rang est manifesté par un nom comprenant 1 lettre pour les dirigeants (A est le premier) et 5 lettres pour le bas de l'échelle sociale. de nombreuses décisions sont prises par des référendums et l'essentiel de la population est globalement satisfait de son sort.

- Par certains aspects cette société ressemble donc à la nôtre ?

- Oui, par la plupart à dire vrai puisque le but de Damasio est avant tout de critiquer avec virulence nos sociétés occidentales contemporaines.

- Qu'est ce qui lui déplaît ?

- Cet auteur, en s'inspirant de Nietzsche (ou plus exactement de Nietzsche relu par Deleuze) et de Foucault va proposer une critique radicale de nos sociétés à travers celle de Cerclon. Pour lui nos sociétés sont des sociétés de contrôle. le gouvernement mais aussi les multinationales, les technologies et les médias manipulent les individus et les opinions pour obtenir le consentement de chacun à une forme d'aliénation. L'individu devient normalisé et perd sa liberté. Il se soumet à une servitude volontaire, accepte une hiérarchie aliénante et finit anesthésié, paralysé dans une vie étriquée et triste. En ayant renoncé à une liberté effective en échange de la sécurité, d'un consumérisme de masse et d'une position sociale il finit en réalité seul et invertébré, malléable et éteint.

- Rien que cela ?! En même temps tu as dû adorer, toi qui ne cesses de critiquer l'abandon des libertés individuelles effectives, le marché de dupes qu'est le consumérisme de masse et le côté invasif et infantilisant de l'État lorsque, par exemple, il impose des étiquettes sur le tabac mais aussi sur les aliments gras. Je sais que tu revendiques le fait que chacun puisse faire ses choix et assumer ses risques en toute indépendance. Tu n'es pas non plus le dernier à dire que les sondages visent à manipuler l'opinion et que la démocratie masque souvent des rapports de forces et une grande brutalité, à déplorer l'absence d'initiative des individus et je pourrais poursuivre. Enfin je te sais passionné par Nietzsche, Deleuze voire Foucault. Damasio est donc ton auteur fétiche du moment ?

- Pas du tout ! À dire vrai j'ai lu ce livre car je n'avais pas aimé du tout « La horde du contrevent », adulé par tout un lectorat et ai aussi peu apprécié celui-ci, pour des raisons voisines.

- Ah ?

- Oui, mais j'en reviens à l'histoire dans un premier temps. Nous suivons un mouvement qui s'oppose à cette forme de consensus mou : la Volte. Il est dirigé par 5 personnes qui forment le Bosquet et que nous suivons durant tout l'ouvrage. Damasio fera d'ailleurs s'exprimer chacun, avec son style, ses préoccupations, sa voix propre durant le récit et c'est très agréable d'avoir des points de vue et un style différent selon la personne qui s'exprime. J'en profite pour dire que l'auteur a une très belle plume, un style soigné, une écriture inventive et organique. Les jeux de mots mais aussi de sonorité ou de sens sont en prime rarement gratuits et servent à rendre le propos à la fois clair et vivant. le personnage principal, car il y en a un, s'appelle Captp et enseigne la philosophie à l'université, ce qui permet à Damasio de le faire disserter et, donc, de développer ses points de vue. Différents lecteurs sont critiques quant à des passages qu'ils trouvent lents et théoriques, complexes parfois aussi, je ne suis pas de cet avis. Ils sont sans doute maladroits mais c'est une oeuvre de jeunesse et ils concourent à la clarté d'exposition de l'ensemble.

- Je comprends de moins en moins tes critiques.

- J'y arrive. Cette Volte va s'opposer aux dirigeants de Cerclon mais aussi à la population pour tenter de la secouer, de la pousser à évoluer, non à se révolter mais à pratiquer une « volition » et à vivre autrement, de façon plus libre. Pour se faire il y aura des actions de plus en plus violentes, des morts et une forme d'apologie d'actions brutales pouvant être associées à une forme de terrorisme. Même si cet ouvrage prétend réfléchir à la question cet auteur, dans la lignée de ses positionnements « anarchistes et à la gauche de toute gauche » (je cite Damasio) revendique clairement le fait que la fin justifie à peu près tous les moyens.

- Oui, tu apprécies peu cette forme de radicalité.

- C'est exact. Je considère que, si chacun doit pouvoir vivre comme il l'entend, cela vaut pour tous, justement, et que nul n'a à dire à autrui comment il doit vivre, encore moins en le tuant. La liberté individuelle peut et doit trouver d'autres voies d'expression. Mais, au-delà, je reproche à Damasio, d'avoir une lecture pauvre et caricaturale de Nietzsche, guère plus juste que celle que voulaient en avoir les nazis en leur temps. Ce philosophe défend bien par exemple la notion de surhomme ou la volonté de puissance mais il parle des idées et de la vie de l'esprit. Et il ne cache pas son mépris pour qui veut enrôler des disciples. Plus généralement les passages où Damasio expose ses idées ne valent guère plus qu'une médiocre dissertation de terminale. Vouloir en faire un écrivain intellectuel me semble abusif, au moins pour le second terme car, je le répète, il a une belle plume.

Au-delà de ce reproche quant à la maîtrise profonde des « grands noms », invoqués plus qu'évoqués, et qui ne sauraient, selon moi, servir de caution intellectuelle à ce roman je vois aussi deux autres points faibles principaux.

Le premier a été relevé par la critique de PdB et elle est que cet écrivain donne aux femmes un rôle de second plan. Elles sont en effet avant tout des objets sexuels ou des mères ou des repos du guerrier. Elles n'ont en tous les cas pas un statut équivalent à celui des hommes. C'est d'ailleurs surprenant pour cette mouvance politique, habituellement dénuée de sexisme. Dommage pour un modèle social se voulant idéal.

Le second, plus général, est que Damasio propose comme modèle alternatif à nos sociétés démocratiques, ici comme dans « La horde du contrevent » d'ailleurs, la constitution d'une micro société associant quelques individus différents et complémentaires qui luttent toujours contre un ennemi dont ils ont d'ailleurs besoin pour assurer leur cohésion. Ici c'est un pouvoir détesté, dans l'autre ouvrage c'est un vent omniprésent. Ce « modèle » repose aussi beaucoup sur la sexualité en dehors du combat, sur des amitiés et inimitiés et sur des liens sociaux forts entre un petit nombre de personnes. L'individu existe aussi avant tout dans l'acte, l'action et pas dans la réflexion. de ceci doit naître la joie, un feu, un « jouir ». C'est un peu court et donne largement l'impression que l'auteur, en réalité, peine à appréhender ce qu'il veut dénoncer à savoir les organisations collectives complexes unissant des millions d'individus et propose un retour à un modèle somme toute très proche d'une tribu idéalisée de chasseurs-cueilleurs confrontés à une nature hostile. Sans doute conscient de cette limite Damasio insiste, dans les sociétés se voulant porteuses de sens de la fin de l'ouvrage, sur l'importance de l'art, de la création, sur le fait de repousser les frontières, mais c'est peu convaincant. Son "modèle" ne semble à dire vrai pouvoir correspondre qu'à quelques mâles jeunes, avec des convictions anarchistes, un penchant pour l'action, la fête, le sexe, des relations sociales peu nombreuses et denses, affectionnant les rapports de force et l'adrénaline voire la violence et abhorrant l'autorité, le consensus et toute organisation où ils ne sont pas dominants... Cela ne fait pas une société mais représente au plus certaines aspirations d'un petit groupe de personnes. Faire société est justement réussir à faire coexister des êtres infiniment plus différents dans ce qu'ils sont mais aussi dans ce qu'ils aspirent à faire, à être, à vivre, à partager.

- Papa tu deviens bavard. Et si tu devais, pour une fois, proposer une synthèse en quelques lignes de cet ouvrage que dirais-tu ?

- Ce livre est l'oeuvre d'un individu de sexe masculin, fort jeune et marqué par un refus épidermique de la social-démocratie. Ces caractéristiques pèsent lourdement sur ce roman qui se veut une critique radicale de nos sociétés et peine à convaincre. C'est encore bien pire lorsque Damasio propose un modèle alternatif qui se voudrait à large portée ou tente de s'appuyer sur des philosophes qu'il caricature. En revanche la plume est belle et souvent inventive, les scènes d'action sont plaisantes et rythmées et l'ensemble se laisse découvrir sans déplaisir à condition de ne pas en attendre trop. Ce peut donc être une lecture agréable pour qui renonce à son esprit critique et se laisse charmer. Pour qui recherche en revanche une réelle réflexion sur ce type d'idées il faut lire Nietzsche, Deleuze Foucault mais aussi Harari ou Stiegler. le lien que j'indique pour conclure, tout en restant d'un accès facile, est bien plus concis, complet et riche qu'un ouvrage de Damasio. Ce peut être une bonne introduction pour une réflexion sur ces concepts.

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La Horde du Contrevent

"Diamand de contre ! En étai derrière, chaîné compact ! Ca suit ? Je sens du flotté dans la traîne ! Compact les gars ! Sec ! Goinfrez les trous, calez les appuis ! Ca breloque trop au rafalant, merde !"



Ça, c'est Golgoth, neuvième du nom, à la tête de sa Horde. Et quand Golgoth commande, même si on ne comprend pas tout, on s'exécute, on prend place dans le Pack, on la boucle et on contre. C'est donc ce que j'ai fait, à la suite des vingt-trois hordiers, emporté par la puissance hors-norme de cet Objet Littéraire Non-Identifié, complètement fou et unique en son genre.

Vent de face, cap sur l'Extrême-Amont.



C'est vrai, la lecture de ces 520 pages (que l'on compte à rebours !) et la quête quasi mystique qu'elles relatent ne sont pas de tout repos... Il faut surmonter quelques bizarreries syntaxiques et quelques concepts fumeux, puis affronter de fulgurantes bourrasques pour atteindre le Graal, mais Dieu que c'est bon ! Quelle énergie, quel bel équipage, quelle virtuosité d'écriture ! Et tant pis (ou tant mieux ?) si des paragraphes entiers échappent à notre entendement !

L'important c'est ce souffle, ce lien indéfectible qui soude les vingt-trois héros au point de n'en faire qu'un, leur façon d'appréhender l'invisible, de percevoir le "flux" de leur monde, sa complexité et sa poésie cachée...

Derrière chaque péripétie, chaque coup de sort qui contrarie la Horde, l'objectif ultime reste en effet de découvrir l'origine du vent. De remonter jusqu'à sa source et de percer les mystères de cette force impalpable et changeante. D'y voir autre chose qu'un "chaos mouvant, un brouhaha sifflé au hasard, un non-sens".

C'est à cette splendide énigme que se confronte ici Alain Damasio, et je ne suis pas prêt d'oublier cette folle a-vent-ure, ce contre ininterrompu, façon "mêlée du XV de France", ce corps à corps épique contre les éléments qui nous rappelle que parfois "le combat vaut par lui même, indépendamment du but".



Le style, ou plutôt les styles (puisque chaque hordeur a son phrasé), ont de quoi surprendre, tant l'auteur joue avec les mots d'une façon peu conventionnelle. le langage qu'il in-vent-e, tout en vitesse et en mouvement, contribue à plonger le lecteur dans un univers d'ondes et d'oscillations, qui vibre d'une atmosphère vraiment particulière !

Quoi de plus beau que d'écrire le vent, de codifier sa forme, sa musique, ses périodes, l'amplitude des salves, la nature des turbulences, le sillage de ses volutes ? C'est toute une science nouvelle qui nous est ici révélée, une mécanique des fluides révolutionnaire, transcrite en signes de ponctuation (l'alphabet du vent !) et empreinte de jolies métaphores évoquant les vertus cardinales de la volonté et la solidarité, ou encore le destin, le hasard, l'é-vent-ail des possibles...



J'ai cru lire que les (rares) détracteurs de la Horde du Contrevent jugent ce roman trop prétentieux, trop cérébral. J'affirme quant à moi qu'il fait appel à tout autre chose que notre intellect, qu'il se situe sur un autre plan, qu'il sollicite les sensations plus que la raison en débridant l'imaginaire.

Le vocabulaire crypté, parfois ardu à ingérer, peut effrayer les lecteurs trop terre-à-terre que nous sommes, nous qui n'avons jamais perçu un "vif", jamais plié sous un blast, ni vu le moindre chrone, ces êtres (?) ondulatoires et spectraux couverts de glyphes qui dérivent dans l'air, "ces présences sans visage ni morphe appropriable" qui peuplent l'Extrême-Amont. Nous qui n'avons comme seule expérience du contre que la remontée des quais du métro parisien, ligne 13 en heure de pointe ! ;-)

Heureusement, et c'est là le grand talent de Damasio, même sans tout comprendre (surtout, ne pas chercher à tout comprendre !) on se retrouve embarqué, transporté par le flux. Ne serait-ce pas un peu ça, l'Art ?



La Horde du Contrevent est donc de ces livres à part, qui comptent, qui ebouriffent durablement, et que même les girouettes dans mon genre n'oublieront pas de si tôt !

Epoustouflant, inclassable, furieusement novateur.

En un mot, grandiose.
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La Horde du Contrevent

Je n’ai pas du tout accroché à la Horde du Contrevent. Ça me désole un peu, surtout que je semble être une des rares voix discordantes dans le lot de commentaires positifs qu’a reçus le bouquin. Je voulais vraiment l’aimer, d’autant plus qu’il m’avait été chaudement recommandé. Je tiens à préciser que je ne l’ai pas détesté non plus. Le livre n’est pas sans qualité, l’histoire est très originale. Visiblement, l’auteur Alain Damasio l’a travaillée et retravaillée. Ça fait du bien de lire du fantasy qui présente autre chose qu’une lutte entre le Bien et le Mal ou bien un être maléfique qui désire étendre sa domination sur le monde. Pas d’elfes ni d’orcs, mais une magie (si on peut l’appeler ainsi) assez différente de ce qu’on a l’habitude de lire. Toute cette histoire de vents et de contrevents, de gens dont le métier consiste à utiliser cet élément, elle est très rafraichissante.



L’intrigue? Un groupe doit remonter l’aval pour trouver les trois dernières formes de vent. Une quête quasi mythique et presque impossible - dangereuse en tous cas – dans le genre « trouvons les origines du monde ». Ça m’a vraiment intrigué. Bien sur, le parcours est semé d'embûches, d'énigmes, de pièges, de trahisons. Le tout dans un univers unique et probablement riche mais que, toutefois, j'arrivais difficilement à visualiser.



Malheureusement, l’originalité n’est pas tout. Comme dans beaucoup d’œuvres de fantasy – et de science-fiction et d’horreur – les qualités littéraires ne sont pas toujours au rendez-vous. D’abord, selon moi, le style de l’auteur (descriptions minimalistes, récit centré sur l’action) est très ordinaire. J’ai l’impression qu’il veut compenser en utilisant un vocabulaire parfois trop recherché inutilement, pas toujours approprié aux situations ou aux personnages. Ensuite, l’idée de suivre une troupe de 23 protagonistes est audacieuse et ambitieuse. Malgré le petit index au début, il est difficile pour le lecteur de se faire une tête de plusieurs personnages. C’était trop d’un seul coup. Même si l’auteur ne met pas l’accent sur tous dès le début, le fait de savoir qu’ils sont là et qu’ils interagissent à l’occasion suffit à mélanger. Aussi, la psychologie des personnages n’est pas des plus étoffées. J’ai rarement vu un chef de mission tellement à la merci de ses émotions ! Et que dire du fait que la narration change de l’un à l’autre des personnages à chaque cinq pages ! Dans plusieurs cas, ce n’était pas nécessaire car je ne sentais pas la « voix » de plusieurs d’entre eux. Un autre protagoniste ou même une narration externe aurait tout autant convenu.



Je suis persuadé que cette mauvaise impression que je me suis fait du roman et qui m’a accompagné m’a fait loupé un tas de trucs intéressants qui auraient peut-être réussi à m’accrocher. Dommage. Doublement, car je me considère comme un lecteur averti. Peut-être dans quelques années j’essaierai de relire cette brique – près de mille pages, il y a de quoi désespérer certains lecteurs – ou d’autres romans de Damasio.
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Scarlett et Novak

Scarlett et Novak est une nouvelle que j’ai « lue » en audio, un roman à deux voix accompagnée d’une musique de fond amplifiant la tension tout au long du récit.



Novak est jeune, sportif, et complètement addict à son brightphone, c’est-à-dire un smartphone extrêmement plus smart qu’un smartphone.

Ce brightphone, c’est Scarlett, son IA; elle a une voix sexy, devine ses pensées, ses désirs, lui donne un tas d’infos spontanément ou répond du tac au tac à ses moindres questions. Scarlett est sa meilleure amie, un prolongement de lui-même, que dis-je, c’est lui-même, en plus intelligent.

Alors, lorsque deux agresseurs la lui volent, il se retrouve à nu, totalement dépourvu de tout, son adresse, son portefeuille, son guide…complètement perdu…ou pas ? Peut-il encore puiser dans ses propres ressources une force émanant de lui ?



Avec ce récit, Alain Damasio nous offre une interpellante nouvelle sur la nomophobie, cette peur panique de perdre son smartphone, la dépendance à celui-ci, le risque d’aliéner son intelligence, sa compréhension, son intuition, son esprit critique en se fiant à l’intelligence artificielle.

Ces dérives existent déjà et s’accentuent au fur et à mesure des progrès évoluant constamment et à une vitesse fulgurante.



Cette courte nouvelle m’a scotchée grâce aux voix d’Hector Emmanuel Gomez et de Florence Mazot, au suspense, à la musique de Mathias Delplanque,à la thématique.



Alain Damasio est un sacré conteur, il tente ici de nous délivrer grâce à une histoire à couper le souffle un message, à susciter notre réflexion, en s’abstenant d’être moralisateur.



Lecture audio sur l’application France Culture.



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Les Furtifs

2040, dans les smart cities bordant le Rhone, ces villes intelligentes volées aux habitants et où tous vos gestes sont pistés, subsistent des exclus, 'crochards' et 'vendiants', 'proferrants' enseignant à ceux qui ne peuvent se payer les écoles privées, groupes d'actions qui ont pris possession du ciel.



L'armée a missionné Arshavin et son commando pour capturer et utiliser un Furtif, genre d'écureuils si rapides qu'invisibles avec dans ce commando (côté joli mélo) Sahar et Lorca persuadés que la disparition de leur fille est liée aux furtifs.



Je kiffe grave la prose à Damasio, ça poétise chaud et coloré, ça invente sauvage, ça argote, ça raisonne vrai, ça fait smiler, c'est géant!

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La Horde du Contrevent

Cela faisait un moment que j’avais La Horde du Contrevent dans ma bibliothèque et c’est l’article enthousiasmant de Gaelle de Pause Earl Grey qui m’avait décidé à Le réintégrer dans ma PAL. Puis, au cours du Tag 12 livres à lire en 2017 , Le Tanuki , Plumes de lune et moi, avions émis le souhait de faire de ce roman, une Lecture commune pour le mois de mars. Malheureusement, il semblerait que nos ressentis se soient coordonnées car aucune d’entre nous n’a accroché. Les filles ont d’ailleurs été plus courageuses que moi car au moins, elles sont allées jusqu’au bout. Pour ma part, j’ai abandonné au bout de 170 pages…



D’habitude, à cet endroit, je fais toujours un résumé « maison » du roman et j’avoue que cette fois, l’exercice va s’avérer particulièrement difficile : je n’ai rien compris! En réalité, j’exagère un peu. La Horde du Contrevent est une équipe de 23 protagonistes ayant chacun une spécialité utile à l’expédition. Ils ont pour but essentiel de trouver l’origine du vent qui, dans leur univers, semble causer des dommages non négligeable allant jusqu’à la destruction de cités, si j’ai bien compris. Chaque personnage possède un signe particulier (de ponctuation) pour les départager et chaque paragraphe alterne leur point de vue.



Vous l’aurez compris dès mon introduction, le marqueur principal de ce roman est sa complexité. Certes, je le savais dès le départ grâce à Gaelle et je savais également qu’il fallait dépasser les cent premières pages pour avoir un premier aperçu du monde de la Horde du Contrevent. Excepté qu’au bout de 170 pages, l’univers développé par Alain Damasio était toujours aussi inintelligible et nébuleux pour moi. Cela a d’ailleurs été très frustrant.

Le nombre de personnages (23) n’aide pas non plus le lecteur néophyte à s’approprier le roman. Pour ma part, j’ai eu beaucoup de mal à les dissocier (faisant des allers-retours incessants entre la première page où ils sont présentés et le cours de mon récit) et avoir ainsi de l’empathie pour eux. A la limite, je me moquais complètement de leur sort.

Enfin, le style n’était pas désagréable ni dénué d’originalité mais il alourdissait considérablement l’ensemble.



En conclusion, la Horde du Contrevent a été un calvaire pour moi et pourtant, vous pouvez me croire, j’ai un bon niveau en SFFF. Certes, il s’agit d’un roman très créatif et original mais dont la complexité m’aura complètement dérouté et perdue. Pour vous faire une idée plus positive, je vous conseille, néanmoins, d’aller faire un tour sur les blogs de Gaelle et de Bouddicca.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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La Horde du Contrevent

Si un livre peut changer une vie…alors ce roman est l'un des rares qui fasse partie des lectures tellement précieuses qu'elles ont, en quelque sorte, chambouler ma petite existence. Comment un livre de fantasy peut changer le cours d'une vie ? Cela fait encore partie de mon petit tas de secret.

Ce qui importe, c'est d'affirmer que ce roman est époustouflant... le souffle continu d'Alain Damasio, l'élan de ce vent mystérieux est propre à couper la respiration du lecteur. Beau, unique, magnifique.

J'ai eu l'impression d'avoir affaire à un chant, une polyphonie dont chaque voix résonne encore en moi longtemps après avoir refermé ce livre.



Merci Alain Damasio pour la beauté dont vous m'avez comblée.





Sinon plus prosaïquement, amis lecteurs … ne faites pas comme moi, regardez le rabat de la couverture : Oui oui comme une imbécile, je n'avais pas compris que le nom des personnages avec le symbole qui leur correspondent étaient inscrits sur le rabat de la couverture… donc du coup, comme une débiloute de première catégorie, j'ai cherché - armée de mon crayon de papier -qui était qui ?… sur les 50 premières pages … Jme disais que c'était une sorte d'énigme… et je trouvais ça plutôt rigolo … GNEUUUU … Avant de me rendre compte que la liste était là SOUS MON NEZ …



Enfin, j voudrais saluer le concept du CD, si le roman est un chef-d'oeuvre, le CD qui l'accompagne est clairement raté … mais c'est pas grave, rien que d'avoir tenté le coup est en soi quelque chose de beau… Et ce n'est pas pour ça que j'enlèverai une étoile à la horde…



Je lui attribuerais toute la voie lactée, si c'était possible.







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La Horde du Contrevent

Donnez moi 700 pages à contrer ! Il m'en aura fallu du courage, de la sueur et des larmes. Mais je n'ai pas reculé et suis finalement parvenue après 4 mois d'effort au bout de cette oeuvre qui restera pour moi comme l'une des plus marquantes, grandioses parts de la SF que j'ai eu l'occasion de lire dans ma vie. Masochiste, me direz-vous ? Sans doute, un peu de crivetz pleine face assorti d'un petit choon bien poisseux me ferai plutôt acquiescer mais cette histoire prend aux tripes. Le style faut s'accrocher parce que c'est plus raide qu'une pente en Norska ! Les personnages au début, on s'y perd, mais leur phrasé est si reconnaissable qu'une fois intégré on s'y fait. Ca bouge et vous remue le vif en dedans ! Si vous aimez les vagues tant dans l'action et les épisodes qui enchaînent crue et décrue, les quêtes impossibles et vous faire des noeuds, au sens propre comme au figuré, serrez les rangs et lancez-vous, la 34 ! au bout, dans la Horde, contre le vent !
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La Horde du Contrevent

Oh la claque !

Je me suis pris une de ces gifles qui vous en déboîte douloureusement la mâchoire (parce qu'elle tombe très bas !), qui vous font virevolter une fois ou deux et qui vous font tomber si brutalement sur le derrière que vous vous en relevez jamais ; pas vraiment. Littérairement !

J'ai peiné. J'ai rampé. J'en ai essuyé une belle comme on dit dans le jargon. Parce que non, la horde ne se laisse pas apprivoiser comme ça. Vous devez mériter de tourner les pages à ses côtés. Vous accrocher et contrez avec eux par la simple volonté de l'esprit et la croyance pure que le voyage a un but.

Mais je suis tombée amoureuse de ce livre dès la première page. Dès la dédicace même.

Je ne peux pas dire que j'ai délecté chaque page, chaque mot. Pour être honnête j'ai même eu un mal fou à le lire. Parce qu'il faut accepter que tout n'est pas compréhensible, que tout n'est pas expliqué, faire face à la frustration, se coltiner le style délicieusement déjanté et sophistiqué, apprendre à se couper de la lecture pour vérifier qui sont les personnages... Il faut aussi faire le deuil de ce qui est expliqué au passé composé des pages après et faire avec.

Et puis quelle fin ! J'étais prête à tout : à ce que ça s'arrête brusquement, à ce que ça n'ait pas de sens, à ce que rien ne soit fait pour nous faire comprendre, à ce qu'il n'y ait rien à comprendre. Mais pas à ça. Et je crois que je ne pardonnerai jamais à La horde du contrevent de finir comme ça, avec cette symbolique si cruelle à un point que ça en devient viscéral.

Ce livre m'a presque fait devenir croyante.

Ce livre est à lire, à souffrir, et à vivre. C'est tout.
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La Horde du Contrevent

Sur la "fameuse" 4eme de couverture : Chef-d’œuvre , Expérience de lecture unique...livre- univers....Et bien j'ai pas trouvé mieux. Je n'ai pas le don comme Alain DAMASIO, "d'inventer" des mots, que tout le monde peut comprendre.



Même si le terme "chef- d’œuvre" me parait toujours excessif de la part d'un critique littéraire d'une maison d'édition, je m'imaginais passé un bon moment, certes. Mais "expérience de lecture unique" pour de l'excessif, c'était même trop...que dire du "concept " livre univers"....Heureusement que j'avais lu une critique sur Babelio, qui n'avait donné envie de le lire, sinon avec de tels éloges, je ne l'aurais peut être pas pris, et oui j'aime pas quand c'est "trop"...beau pour être vrai...



Eh bien rien n'est "trop" pour "qualifier" ce livre, si tenté de le faire, vous voulez vous y atteler .



Encordez vous à la horde, et contrairement à eux...laissez vous emporter, ne contrer pas, faite vibrer la corde de vos "vifs", jusqu'au bout des lignes de la bande de contre....et recommencez
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La Horde du Contrevent

Cela fait plusieurs années déjà que mes proches et des amis me parlent d’Alain Damasio. « Tu ne connais pas Damasio? Tu n’as pas lu La Horde du Contrevent? ».

Si j’ai beaucoup lu de Science-fiction dans les années 60, allant d’Asimov à Wells en passant par Bradbury, Clarke, Lovecraft, Van Vogt, etc…, c’est un genre que j’avais oublié, qui me semblait bien loin de mes préoccupations. Et puis, on m’a prêté Dick, Le Guin, et puis, il y a eu Babelio et toutes ces belles découvertes, et tous ces beaux commentaires qui font envie.



On m’a prêté d’abord La zone du dehors, bien appréciée, et puis, je me suis mis, avec une certaine crainte, je l’avoue (est-ce que ça va me plaire, est-ce que c’est si bien qu’on le dit?) à la lecture de ce mystérieux roman, dont je me faisais une vague idée, fausse quand j’y repense, bien loin de l’émotion et de l’émerveillement que j’ai ressenti.



Au lendemain d’avoir terminé ce livre, j’ai quelque difficulté à m’en extraire pour en faire un commentaire, encore imprégné de l’histoire et de tous ses personnages si attachants. Et quelque difficulté à faire une chronique, je suis encore “tout retourné” comme I’on dit.



Il est vrai qu’à ma décharge, 561 critiques m’ont précédé, dont celle, magnifique, de mon amie Babeliote Chrystèle, la bien-nommée Horde du Contrevent. Dont 337 5 étoiles, auxquelles je vais ajouter la modeste mienne.



Je ne vais donc pas ici résumer le récit, ni surtout pas en raconter la fin stupéfiante, quoique entrevue au décours de l’histoire.



Simplement dire que ce récit est plus qu’une épopée magnifique avec ses péripéties, ses rebondissements, ses combats physiques et littéraires, ses paysages troublants, cet autre monde, un peu médiéval mais pas que cela, ses personnages émouvants, attachants, ses énigmes aussi.

Plus encore qu’une quête initiatique dans l’adversité, la souffrance, vers un Extrême-Amont source des dernières formes du Vent.

Pour moi, je l’ai vécu comme une quête de sens de la vie, à travers le combat humain, la solidarité humaine, l’amour humain, quête absurde plus forte que la mort.

« La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d’homme. Il faut s’imaginer Sisyphe heureux. »



Évidemment, mon admiration va aussi à la construction du récit, la puissance évocatrice, les différentes voix, même si quatre (Sov, Pietro, Golgotha, Oroshi) prédominent, la numérotation des pages, un détail, et ceci malgré une écriture souvent brutale et éruptive qui n’est pas ma préférée, et parfois quelques difficultés à détricoter les énigmes des vifs.



En conclusion, un livre, époust-soufflant, comme dirait Caracole, livre que l’on m’a prêté, mais dont je vais acheter un exemplaire pour prendre le temps de le relire., et le savourer.



« La terre est bleue comme une orange

Jamais une erreur les mots ne mentent pas »



Non, les mots ne mentent pas, et vive la belle fiction!
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Scarlett et Novak

Alors, sincèrement, je ne sais pas vraiment quoi dire à propos de ce très très court roman, si ce n’est, peut-être, que je ne suis pas convaincue. Je comprends que la brièveté peut contribuer à l’efficacité d’un texte, mais là, tout de même, c’est trop rapide, à l’image de cette course poursuite subie par le personnage principal. Je comprends aussi le message – la critique d’une société hyperconnectée et de ses dérives – mais il est accompagné, me semble-t-il, par tout un tas de maladresses qui nuisent à plus ou moins grande échelle au propos. Alors, oui, Scarlett et Novak peut permettre d’ouvrir une discussion intéressante sur l’usage des nouvelles technologies et l’omniprésence du digital mais ce n’est pas exactement, ou du moins uniquement, ce que l’on attend d’un roman. J’ai bien envie de le faire lire à quelques-uns de mes élèves, pour avoir leur avis, mais j’en suis gênée en même temps. Je crois que je vais d'abord le relire ou écouter la lecture faite par Hector Manuel et Florence Mazot sur France Culture…


Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Les Furtifs

Et voilà . Même si j'ai ralenti ma lecture sur la fin parce que je ne voulais pas le quitter , j'ai refermé ce livre et les voix de Tiska , Sahar , Saskia, Lorca  ...se sont tues . Ou peut être pas . Peut être sont ils là , autour de moi , dans les angles de la pièce , là où mon œil ne peut les saisir …

C'est peu dire que j'ai aimé ce livre . C'est juste un « ovni » . On lit , on imagine , on visualise, on entends la musique , les voix , on participe , on rit , on pleure , on a peur , on est galvanisés . On réfléchit aussi ..Beaucoup et à plein de choses . J'ai savouré l'écriture , la manière de rendre vivants et réel chaque personnage , la richesse de la langue, la poésie qui s'en dégage mais aussi son coté militant , inventif .

C'est un livre à lire et à relire , encore et encore , pour en découvrir ou redécouvrir toute la richesse de ce qu'il contient .
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La zone du dehors

Science-fiction à saveur philosophique sur un satellite de Saturne.



Après des catastrophes et des guerres terriennes, des populations ont trouvé refuge à Cerclon, une ville où tout est bien réglé. Les gens sont évalués annuellement et, selon leur performance, on leur donne un nouveau nom. Le président aura la lettre A et les derniers auront un nom de cinq lettres commençant par QZ.



Le héros possède un nom à quatre lettres, CAPT, qui lui valent le surnom de capitaine. Il fait partie des meneurs de la Volte, un groupe qui veut un changement social. On ne cherche pas la Ré-volution, ni même l’È-volution, seulement la « volution », le mouvement. On veut sortir du cadre, avoir la liberté d’explorer la zone du dehors, bouger, créer et jouir de la vie. Mais le système résiste et les affrontements sont inévitables…



CAPT est aussi un professeur d’université, il aime le discours et la réflexion philosophique. Il abreuve donc généreusement le lecteur de longues pages de ses enseignements. C’est un peu lassant à mon avis et c’est bien dommage, car ce monde inventé par Damasio est complexe, cohérent et foisonnant d’imagination. De plus, l’écriture est de qualité et l’histoire, pleine de rebondissements.



Un excellent roman, si on lui pardonne ses quelques longueurs.

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La Horde du Contrevent

Il vous est peut-être déjà arrivé, sur une plage, silhouette penchée en avant, de contrer un violent furvent, sauf que vous n'avez pas à mener la 34è horde à la découverte de l'extrême amont, ni à vos côtés une Coriolis, une jolie fréole ou une aéro-maîtresse pour enflammer votre coeur, ni le Caracole troubadour pour apaiser votre désespoir au milieu de la flaque,ni à vos trousse une poignée de dangereux poursuiveurs et autre Corroyeur venus de Norska et prêts à tout pour faire échouer la horde.



Avec Damasio découvrez toutes les formes de vent et apprenez à apprécier les nuances entre une zéfirine, un slamino ou une vibrule.



Appâté par une enflammée critique Babelio, j'ai d'abord déchanté en découvrant que ce livre faisait partie des 'fantasy' et autres 'SF' que je snobbe habituellement sans doute à tort car j'ai rapidement été envouté par cette histoire si bien racontée, une constance dans l'intensité du récit et la beauté de l'écriture, de la poésie dans la musicalité du phrasé (même les tirades de Golgoth, si si...), une créativité impressionnante, tous ces aéro-termes délicieux mais pas toujours faciles à traduire et c'est dommage car les japonais devraient adorer;-)



Merveilleux hommage à tous les explorateurs!

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La Horde du Contrevent

On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même...

C'est aussi ce qu'a du se dire Caracole, le Troubadour de la 23ème Horde...

Ainsi qui d'autre que lui pouvait en quelque mots narrer l'histoire de sa communauté ? :



" Il était une fois un pays de vaste étendue où rien ne tenait plus en place. Un vent féroce y soufflait le jour et la nuit, entêtant et unique, de l'est vers l'ouest, faiblissant certain soir, mais ne cessant jamais. Les collines y étaient poussées dans le dos, les rochers dérivaient lentement, même le soleil avait du mal à s'arrimer au ciel. Une terre où le linge séchait vite croyez-moi, avec des villages partout, dans tous les creux épargnés et des hélices qui tournaient à l'arrière des maisons. Sur cette terre vivaient trois tribus : La plus frivole faisait de la voile, la plus grande s'abritait dans des villages enclos et la plus stupide tentait, très fièrement, de remonter le vent jusqu'à sa source. "



Ainsi rencontre-t-on la 23ème incarnation de la tribu la plus stupide. Progresser à contre-courant. Marcher. Marcher " en contre ", toujours face à ce vent qui coule de l'Extrême-Amont vers l'Extrême-Aval. Affronter ces parfois féroces lacis les pieds plantés dans le sol. Faire face. Mais ne pas faire face seul. Faire face en horde.

Choisis dés l'enfance. Entrainés qui à chasser pour subvenir aux besoins de tous, qui à sentir les inflexions du moindre souffle d'air, qui à tracer la route, qui à rendre compte du périple de ces vingt-trois voyageurs.. Une étrange communauté tendue vers cette quête fabuleuse : Atteindre l'inaccessible Extrême-Aval ; Là où né le souffle.

Un périple à l'échelle de plusieurs décennies, à cheminer ensembles, crée un lien particulier,privilégié, plus qu'un groupe, bien mieux qu'une équipe, proche d'une famille : Une Horde.



La 23ème Horde est en route. Menée par le meilleur Traceur : Le 10ème Golgoth. Guidée par la meilleure aéromaitresse : Orochi Melicerte. Défendue par le meilleur combattant-protecteur : Erg Machaon...

Avec près de trois années d'avance sur ses prédécesseur, la 23ème trace au plus droit, prend tout les risques, relève tout les défis. Elle ne contourne pas les vaste étendues liquides, elle les traverse à la nage. Elle gagne ses droits de passages à la puissance de ses contres ou la répartie de son Troubadour. On dit qu'ils sont la meilleure chance de d'atteindre ce point mythique où naissent les vents, terre de tout les rêves, de tous les espoirs. Bien plus que par leur prouesse physique, par la force de leur volonté.



Comme dit son Scribe Sov Strochnis : " Nous sommes partis d'Aberlaas, Extrême-Aval, il y a vingt-sept ans maintenant. Nous avions onze ans. Et nous ne nous sommes jamais retourné."

Faites donc une partie de la route avec eux... Mais je vous préviens, commence ici la plus difficile. Mais la récompense est à portée de main... Ce sont les meilleurs...



Damasio vous agrippe à la ceinture et vous mousquetonne à sa bande de Don Quichotte, qui font face au vent plutôt qu'aux moulins. Il va vous obliger à produire quelques efforts. Suivre le point de vue de chaque personnage, c'est comprendre que sa parole commence par le symbole qui lui est associé. C'est à ce prix que vous rentrerez dans la Horde. Prenez vos précautions avant d'ouvrir ce livre. Certains passages sont si intenses que vous serez liés à ses pages.



Mais le prix est honnête pour vivre leurs joies, affronter leurs peines et peut-être atteindre l'Extrême-Amont...



Une quête qui fait plus que se lire. Une aventure qui se vit.
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Aucun souvenir assez solide

J'ai une relation amour/haine avec Alain Damasio. D'un côté, il écrit de la SF plutôt chouette, c'est un anar et puis... Quelle plume!



D'un autre, tous ses écrits tournent autour de la technophobie et on a l'impression d'avoir rapidement fait le tour. Plutôt que de dénoncer l'utilisation d'une technologie sous le capitalisme, il préfère souvent dénoncer la technologie elle-même. Et rendu à un certain stade, on a l'impression que ce voudrait a Damasio, en fait, c'est un retour à la terre, aux familles nucléaires et aux rôles de genre traditionnels. Sa façon d'écrire les personnages féminins n'aide pas à se débarrasser de cette impression. Elles alternent entre le rôle de la succube et celle de la Barbie.



Et ses héros? Des hommes géniaux coincés dans une foule trop idiote pour eux.



Certaines nouvelles de ce recueil sont simplement géniales de par leur usage de la langue et de la typographie. Il est là, pour moi, le grand Damasio. Quand il le langage est partie prenante de l'histoire.



Les Hauts&#xNaN Parleurs&#xNaN en particulier, une histoire où le simple fait de parler implique de payer des droits d'auteurs à ceux à qui les mots"appartiennent". Les gens tentent donc d'utiliser des néologismes constants pour se sauver de l'argent.



J'ai aussi adoré So Phare Away, un truc de vieux tenanciers de phare dans un enfer climatique, où les marrées d'asphalte submergent très littéralement le texte au fil de la lecture.

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La Horde du Contrevent

Quand j’ai commencé ce billet, j’ai failli écrire « Un roman fleuve », ce n’est pas faux mais c’est plutôt un « roman tornade » car le vent est bien le personnage principal de ce pavé de 700 pages (en poche).



Alain Damasio laisse la parole à tour de rôle aux 23 membres de la Horde du Contrevent. Certains personnages reviennent plus souvent comme Sov le scribe (son rôle dans la horde est de noter tout ce qui a trait à l’expédition de cette 34 ème horde), Coriolis la Cro (chargé avec deux autres de trouver de la nourriture), Caracole le troubadour (amuseur public), le Prince Pietro Della Rocca, Oroshi Melicerte l’aéromaîtresse (spécialiste en vents)



Les autres membres principaux sont : Golgoth, le chef ou traceur, tourmenté par la mort de son frère aîné quand il avait 6 ans, Steppe, Arval l’éclaireur, Callirhoé la feuleuse (chargée d’alimenter le feu)



Cette horde a pour mission de rejoindre l’Extrème-Amont pour découvrir la cause de ce vent qui existe sur cette planète qui n’est pas nommée. Pour situer la Horde est partie de l’Extrème-Aval, une trentaine d’années avant le début de ce récit.



Quelle épopée fantastique !! Un mois après cette lecture, j’y pense encore souvent et repense avec émotion à ces 23 hommes et femmes qui tentent l’impossible. De nombreuses péripéties (une Fontaine étrange, une Flaque dangereuse, des méduses qui volent dans le ciel, des hallucinations et toujours ce vent qu’il faut contrer…..)



La langue est très inventive (néologismes, mots valises, exercices oulipiens) et m’a ravie. Ces hommes et femmes parlent du vent avec des signes de ponctuations, rencontrent des éoles (humains vivant sur des bateaux (à voiles et sur roues les bateaux donc des chars à voile ;-)).



Enfin après un séjour dans une ville répondant au nom d’Alticio, ils rencontreront les survivants de la 33ème horde (leurs parents)

Ils traverseront des déserts, des lacs, des montagnes….toujours à pied en tirant leur chariot. Un roman magnifique sur la solidarité, le dépassement de soi, l’amitié…..





Au début ce livre est difficile à lire (car chaque personnage parle à son tour et il y a juste un signe en début de paragraphe pour savoir qui parle)



En conclusion : Je suis encore tout ébouriffée de ce roman. Un livre qui peut marquer longtemps.




Lien : http://lajumentverte.wordpre..
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