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Critiques de Alain Damasio (1577)
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La zone du dehors

Je n'ai jamais aimé les gens préfabriqués(*).

C'est un livre détonant, antisystème, aux idées anars, qui se situe en 2084. L'humanité s'est déplacée autour de Saturne. Et, 100 ans après celle d'Orwell, elle est toujours privée de liberté.

La zone du dehors est un endroit aux limites du périphérique où il n'y a pas de caméras. C'est là que se retrouvent les êtres épris de justice et surtout de liberté. Ce ne sont pas des êtres conformes.



Tous les habitants, que l'on forme, ont leur identité basée sur un ordre alphabétique qui résulte d'un classement annuel par des pairs. Ce classement donne des droits et des privilèges. Le président s'appelle donc A et le dernier des 7 millions d'habitants quelque chose comme ZZOPIYG. Les plus mal classés vivent dans une zone radioactive. Les plus aisés ont plus d'oxygène, plus de confort et ils ont surtout le pouvoir.

Mais une opposition souterraine de dresse, commettant des attentats aveugles ... On trouvera dans ce livre alors une résonance particulière par rapport à l'actualité récente. C'est un choc de lecture. Un malaise.

J'ai cependant adhéré à la réflexion de Damasio sur la privation rampante des libertés. Rien que pour cela, il vaut le détour.



(*) extrait d'une chanson de Trust

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La Horde du Contrevent

Tout au long de mes pérégrinations sur Babelio, j’avais vu briller ce titre d’une lueur mystérieuse et attirante. Je parle du récit extraordinaire d’Alain Damasio, "La Horde du Contrevent"



Parce qu’Alain Damasio, doté d’une grande virtuosité, donne la parole à 23 narrateurs en les différenciant par 23 styles d’expression différente et par un symbole typographique de leur identité. Heureux que nous sommes, misérables lecteurs, Gallimard a enrichi son Folio d'un marque-page avec les symboles des 23 membres de la troupe.

Parce que l’auteur invente pour le roman un vocabulaire et un système complexe de notation du vent en utilisant les signes de ponctuation pour en décrire rythme et variations.

Parce que l'exigence littéraire d’Alain Damasio rebute le lecteur par l’austérité, la complexité des termes techniques, les néologismes, les symboles typographiques, les ellipses, les joutes verbales, les palindromes, seuls quelques valeureux lecteurs arriveront au bout du récit.



Ce livre n’est que du vent….oui ! Il nous entraine dans une quête absurde : remonter jusqu'à l’origine, en découvrir la source c.à.d. "L’Extrême-Amont", C’est le but ultime de cette odyssée pédestre des Hordes successives, partir conquérir une terre balayée d’amont vers l’aval par des vents de face violents, dépasser des villages dévastés par des furvents, ces tempêtes incroyables qui ne laissent que survivants sans abri et sans ressources.



Aberlaas, la capitale est à l’Extrême-Aval. L’Amont est connu jusqu’à un certain point. Depuis huit siècles, les Hordes, malgré une préparation rigoureuse, quittent l’Aval durant leur enfance et marchent pendant des années vers l’Amont, meurent ou disparaissent avant d’en avoir atteint le bord. Elles progressent d'ouest en est, le long d'une longue bande de terre, seule région habitable entre des zones recouvertes de glaces. Le long de cet axe Amont-Aval se dressent des villages et des cités où vivent des Abrités (habitants des villes) et des Obliques (pirates) et des Fréoles (utilisateurs de machines qui naviguent à contrevent).



Le récit s’applique à nous conter la 34e Horde, menée par son Traceur, le 9e Golgoth qui entraîne dans son sillage, 22 autres conquérants ayant chacun leur spécialité : scribe, aéromaîtresse, troubadour, feuleuse, botaniste, prince, protecteur, sourcière, fauconnier , etc ... Ils s’organisent, tous différents mais tous unis, forment une Horde autonome et solidaire pour avancer et contrer le vent. La Bande de contre s'écrit également en descriptions inconnues, fer, pack et croc, ce qui participe à en façonner un personnage à part entière. Depuis 28 ans, elle est caressée, sculptée, façonnée par tout ce qu’Eole peut transporter en air, poussière, sable et autres éléments.



« La Horde du Contrevent » est le type de roman qui fait peur lorsqu’on commence à le lire.

La lecture est ardue, brute, additionnée d’une pagination inversée , de glyphes qui oblige le lecteur à contrer, virer, s’arc bouter à la lecture et devenir, malgré lui, l’un de ses membres.



Le récit n’est que mouvance, changeant du scribe au troubadour, du traceur à l'aéromaitre, du prince à la feuleuse... Une collection de voix illustrant toutes les caractéristiques de la Horde, additionné d'un vocabulaire spécifique à cet univers avec lois, coutumes, code d’honneur, patrimoine, espoirs et idéaux. Une expérience complète car le lecteur entre dans les pensées de chacun des membres que constitue cette formation d’élite, personnages attachants et charismatiques.

Le lecteur sera souvent dépassé par tout ce qui touche au vent puisque le principal souci de la Horde est de réussir à en comprendre les 9 différentes formes ainsi que le vif et ses propriétés, les sortilèges des chrones, facteurs fantastiques du livre.



Un roman difficile à lire et l'un des plus fascinants. « La Horde du Contrevent » ne peut pas se raconter, il ne peut que se lire. Car il est sans conteste l'un des récits les plus extravagants que vous lirez, l'une des aventures les plus humaines, les plus épiques, les plus vibrantes que vous vivrez. Et de finalement comprendre que l’important n’est pas la destination, c’est le voyage.

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Les Furtifs

Quelle expérience intense que la lecture de ce roman ! L'impression d'avoir entre les mains un livre organique, qui respire, vibre, souffle, palpite, et qui nous communique son flux ; l'incroyable pouvoir des mots de Damasio.

On est en 2041, dans l'antique ville d'Orange "libérée" en 2028 -c'est à dire privatisée et rachetée par... Orange, après sa faillite et le désengagement de l'Etat. La ville est une smart-city qui ferait rêver n'importe quel adepte de la start-up nation, peuplée d'habitants catégorisés selon leur forfait-citoyen : privilège, premium ou standard -les autres étant invités à vivre ailleurs. On suit Lorca, ancien sociologue communard reconverti en chasseur de furtifs, séparé de sa femme Sahar, proferrante dans les quartiers démunis depuis la faillite de l'Education nationale. Leur couple a explosé lorsque leur petite fille, Tishka, a disparu. Mais au fait, qu'est-ce donc qu'un furtif ?

C'est ici que la poésie la plus explosive d'Alain Damasio s'harmonise avec l'anticipation la plus crue. L'auteur invente une nouvelle espèce, une forme de vie d'une beauté absolue que l'oeil humain ne peut pas voir -sous peine de la céramiser (la réduire en poterie) : le furtif. Evidemment, une telle découverte ne peut pas échapper à l'armée, qui a tout intérêt à découvrir le secret de ce pouvoir extraordinaire qu'est la liberté de fuir toute tentative de détection et de traçage.

Sur 900 pages, on suit donc la quête de Lorca et de son équipe de chasseurs, leurs questionnements et remises en question. Impossible d'en dévoiler davantage, si ce n'est que l'on croisera une foule de personnages bizarros, des insurgés épris de liberté dans une société flippante de connectivité, d'intelligence artificielle et de virtualité.

La smart-city imaginée par Damasio me paraît terriblement proche de ce qui nous attend, et j'ai pris plaisir à cette démonstration implacable de l'emprise du néolibéralisme sur notre environnement, notre existence et notre esprit. Heureusement, il y a la beauté transcendante des furtifs -et je me surprends à espérer qu'ils existent vraiment, juste pour rendre la vie plus supportable. Enfin, il y a le style Damasio, qui joue avec les mots et les sons, invente une nouvelle langue et de nouveaux signes, et c'est un enchantement à lire ! J'avais l'impression que mon esprit s'ouvrait et se déployait davantage, au fur et à mesure que je tournais les pages et découvrais une nouvelle poésie-fantaisie des mots et une nouvelle conception du monde, un peu à l'instar des personnages.

Seul bémol : l'histoire d'amour entre Lorca et Sahar, et celle de leur amour fou pour Tishka, qui donnent un petit coup de mou au roman dans son deuxième tiers. Du moins, mon âme endurcie y a été moins sensible.

Ca reste néanmoins un livre incroyable de force et d'inventivité, de beauté et de poésie, de folie, de liberté, d'émotion et d'intelligence. Eblouissant.
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La Horde du Contrevent

Ce fût un merveilleux voyage que cette lecture. Ce livre ne ressemble en rien à ce que j'ai déjà pu lire. Il est captivant, envoûtant, hypnotisant, mais surtout déstabilisant. Surtout en ce qui concerne le choix narratif, celui de prendre le parti de faire parler les différents personnages tour à tour, dans un style qui leur est propre, en les introduisant par des symboles. J’ai eu peur que ce choix indispose ma lecture, me tanne, me mêle, me perde. Mais au contraire, les premières pages passées, on s’y fait et on se dit que c’est un choix judicieux, un petit plus au bouquin. Et au final, j'ai tout aimé : l'histoire, le décor, les dialogues, la qualité d'écriture, les personnages, la tournure dramatique à certains moment. Je l'ai lu à petite dose, parce que j'avais envie de faire durer le plaisir... 10 jours, à gratter les pages par-ci par -là, entre d'autres bouquins... Parce que je ne voulais pas que ça se termine. Un voyage fantastique, fabuleux. Du jamais lu, et du jamais vu. Un livre qui nous amène là où nous n’avons jamais été. Un livre complexe, mais simple à la fois. Un livre dur, mais doux. Sincèrement, une lecture qui en vaut la peine que je recommande très fortement. Un petit bijou, un véritable chef d’œuvre !!!
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La Horde du Contrevent

__• Ur Rivek Dar (Rodaveur - Chrono-Maître)



La Horde, je la suis depuis que j'ai l'âge de manger du crivetz en solo. J'ai été formé à cela : poursuivre leur trace, à l'écart, invisible. Hors d'eux



Puis lâcher du chrone sous leurs pas en veux-tu en voilà. Pourrir leur progression.



Les garder en ligne de mire à l'horizon pentu. Pelote d'individus, amas de chair, têtes d'épingles au loin.



La Pragma m'a enlevé enfant à mes parents, me faisant passer pour mort. Un accident dans un puits abandonné qu'ils ont dit.

- "Impossible de remonter le corps dans ce boyau trop étroit chère madame..."



L'accident bête.



J'avais 5 ans. Enfermé dans une de leurs é(c)oles dans un recoin borgne d'Aberlaas. Ecouter en silence de vieux mecs ridés et crevassés comme des troncs de pin à la main leste et pesante qui nous lattaient la gueule à la moindre erreur d'inattention. A la moindre faiblesse.



Apprendre "la rodave" en nous écrasant la tête dans le sol. En nous laissant cuire des heures en plein soleil sur le ventre, pour "devenir invu et travailler notre camoulage".



Ah pour ça...on en a bouffé du sol. Certains sont restés collés même. Canés les mômes. Impossibles à relever de la gangue de terre et des débris qu'une stèche nous avait craché sur le dos pendant des heures. Séchés jusqu'à l'os. Clamsés.



De belles années qui te bourrinent un caractère de dur à fuir. Puis le départ. Dans mon couloir, en retrait de la 34ème. 11 ans et de la poussière.



Toujours les voir devant. Sentir au loin l'odeur de cul rance de leurs crocs puants. J'oublierai jamais.



Arrêter de respirer. Se fondre dans la latérite. Latéral. S'enterrer vif.



Éviter ce con d'Arval Redhamaj, leur éclaireur qui court partout à renifler des pistes, à sentir de la merde de gorce et à la pétrir à pleine pogne pour dire l'heure qu'il est. Surnommé la Lueur mais pas vraiment une lumière. Epuisant le type.



Un matin, alors que je réussisais à prendre la couleur de la veine calcaire où je m'étais stagné en observation depuis 6 heures, je l'ai pas vu arriver. Surgi de derrière une butte de buis il est venu se planter là. Sur moi. Sa semelle dans la bouche.



Pas bouger Ur.



Rigidifie.



Colmate.



Il est reparti comme il est venu. Sans me voir ni me sentir. La trace de sa grole en travers de mon visage fit ma fierté durant quelques jours.



Je ne vais pas m'étaler. Je l'ai trop fait durant des dix d'ans dans la sciure de leur sillage pour aimer en dire trop.



Ce que j'ai vu de ces gars et de ces femmes durant tout ce temps à les pister...à les grapiner du matin au soir, je ne pourrais pas vous l'expliquer tellement c'est grand.



J'étais sensé les détester, les gerber, leur souhaiter la malemort. On m'avait appris cela, ou plutôt on me l'avait enfoncé dans l'os creux à coup de bâton ferré.



Mais j'ai pas pu. J'ai fait mon blot : leur joncher la piste d'aquals dans la flaque. Leur péter du psychrone sur le coin du visage dès que j'en avais sous la main.



Mais plus le temps passait, moins j'étais haingeux. Je faisais ça recta, mécano. Sans affect.



L'épuisement, l'écroulement physique et moral que je ressentais parfois de mon côté - alors que je progressais en reptant comme nous l'avions appris - je le comparais à leur contre. Je soupesais.



Cette folie de pack. de les voir ainsi rester verticaux face à du blaast...j'ai commencé à les respecter. Vraiment.



J'ai appris à les connaître, tous. A les apprécier, de loin. Serpent d'homme à la peau craquelée à force de ramper derrière eux. Homme de la Pure suite.



Ce qu'on dit d'eux est verak. Ils sont d'une trempe jamais atteinte. Un arroi féroce.



Je suis passé près de certains de leurs cadavres avec respect. Recrachés là par le malheur, le manque de chatte. Avalés, doublés par le devoir de la trace qui n'attend pas.



Je les ai laissé avant Norska. J'en pouvais plus et j'avais foiré la mission de toute façon. Il ne me reste plus désormais qu'à attendre le tueur que l'Hordre a dû envoyer pour me vaporiser et me faire terre. Je ne me débattrais même pas.



Tout ça pour vous dire que la légende mérite amplement d'être écrite et lue. J'espère qu'un témoin saura leur rendre justice si Sov Strochnis, le scribe de la Horde devait finir raclé avant l'Extrême Amont.



Par le vent Borgne !!! Ne restez pas plantés là et rentrez dans le pack.



Serrez en diamant et en avant Hordiers ! Bloooc !

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La Horde du Contrevent

La horde du contrevent est une œuvre puissante, forte, qui transporte le lecteur, le remue, touche le cœur autant que l'esprit. Etant encore sous le choc de ma lecture, je vais avoir un peu de mal à organiser mes pensées, ma petite critique sera sans doute désordonnée.



Les romans très foisonnants tout en restant cohérents sont rares. Et de ce point de vue La horde du contrevent est un prodige. Le fond et la forme sont indissociables, se nourrissent l'un de l'autre. Le monde créé par Damasio, pourtant à mille lieues du notre, semble presque familier tant il prend vie, notamment grâce à la langue de l'auteur. Damasio joue avec les mots ; il les tord, les assemble, les transforme, en fabrique. Mais l'écriture ne parait jamais artificielle, elle est fluide, coule de source. L'auteur créé un langage qu'on comprend instinctivement, dont on n'est jamais exclu.



Je craignais un peu que l'alternance de points de vue donne un côté brouillon, dissonant. Au contraire, cette symphonie de voix est totalement harmonieuse. On passe d'une voix à l'autre avec aisance. Ce choix de narration est très cohérent. Il est naturel que le récit soit composé de plusieurs voix, la horde étant faite d'individus uniques liés entre eux jusqu'à devenir une entité polymorphe.Chaque protagoniste a une personnalité bien dessinée. Chacun a son style, son phrasé. La langue de Caracole a une verve poétique fanfaronne. Celle de Golgoth est crue, agressive, grossière (mais non dénuée d'une certaine poésie). Sov a la langue du conteur, simple et pleine d'émotion. Celle d'Oroshi est précise, savante.

Si certains personnages sont moins fouillés, prennent moins la parole, c'est aussi qu'ils sont plus effacés au sein de la Horde. Les personnages très forts prennent plus de place, plus de voix. Mais comment ne pas s'effacer devant l'aura fantasque de Caracole, la force brute et obstinée de Golgoth, l'élégance érudite d'Oroshi, la sensibilité de Sov, la noblesse et la droiture de Pietro. Cela n'empêche pas les autres personnages d'exister avec intensité. Aoi, Erg, Coriolis, les jumeaux, Steppe... ils sont tous inoubliables. Dès le début, on est au cœur de ce groupe d'hommes et de femmes, dont l'éthique, le code d'honneur fait des samouraïs d'un autre monde. Le récit est très immersif. On vit avec eux, on vibre avec eux, on souffre avec eux, on aime avec eux.

Les accalmies qui succèdent aux péripéties les plus palpitantes ne sont jamais ennuyeuses. Elles sont l'occasion de reprendre notre souffle, de partager un peu l'intimité des personnages. Ce ne sont pas des cassures de rythme mais des ralentissements de tempo.



Dans l'univers de La horde du contrevent, les vents deviennent des personnages, presque des dieux, avec leurs caractères propres. Damasio, dessine un panthéon mythologique, un Olympe peuplé de divinités, tour à tour créatrices et destructrices, à la fois à l'origine de la vie et porteuses de mort.

Dans ce monde où le mouvement et la vitesse sont des éléments aussi tangibles que l'eau, l'air ou la terre, la maîtrise des vents et du temps deviennent des qualités, des compétences.



L'écriture originale, musicale, très forte de Damasio n'est pas un artifice. La langue est au cœur du récit. La parole, les mots détiennent un pouvoir, une force intrinsèque. Les mots ont en eux le pouvoir de vie et le pouvoir de mort. Un terrible danger peut naître du souffle émis par l'articulation d'un mot. Un poète peut aussi se révéler un combattant aussi redoutable que le plus endurci des guerriers. Le talent de Damasio culmine lors d'une mémorable joute oratoire. Les protagonistes de ce duel, comme des chevaliers sont assistés de leurs écuyers (scribes) et portent des attaques (de mots). Lors de cette joute, Damasio démontre son brio, son panache littéraire. Il jongle avec les mots et les sons, il est un acrobate de la langue (de la même étoffe que son personnage Caracole).



Bien sûr sous le roman palpitant, derrière l'aventure addictive, il y a une grande richesse thématique, beaucoup de références, notamment philosophiques. Etant très ignorante en cette matière, je ne les ai pas identifiées, à part bien sur la référence aux 3 métamorphoses de Nietzsche.



Un livre à relire, débarrassé de l'impatience de découvrir le destin des héros, pour pouvoir s'attarder sur la richesse littéraire, thématique, philosophique de l’œuvre.



Même ce qui me paraissait être le seul point "faible", le seul élément de style factice, la numérotation inversée, prend tout son sens dans un final étourdissant, à la fois sublime et abominable, désespérant et enthousiasmant. Un dénouement qui m'a achevée, me laissant orpheline avec un sentiment de vide à l'idée de quitter ce monde mais le cœur empli de l'enivrante beauté d'une œuvre dont le vif résonnera en moi pour très longtemps.
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La Horde du Contrevent

Jointoyé, grenaille, le furvent, ruelles axiales, pisé, Oroshi, censément, glyphes, chrones, antéchrones, haingeux, percutesouffle, trancheur à l’hélice, feuleuse, autours, kictant, effet Lascini, latérite, blaast, schnee, buron, tosser, chapka, bush, spinifex, aéromaître, hordaille, confabuler à l’encan, turbule, rafalant, boo, drakkair, haïk, babéole, serval, slamino, etc.



2 dialogues au hasard : - Toi ouais : tu vas te faire dépuceler ma jolie…

- Et après on joue à chat-volant ?



8 premières pages où j’ai l’impression de ne plus savoir lire. Stop ! Chef-d’œuvre à ce qu’il paraît ? bon ben pas par moi.

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La Horde du Contrevent

Voilà un livre qui restera dans mes annales personnelles, quel souffle! De cette lecture, je ne voudrais parler que de mon ressenti et laisser de côté la trame du roman. Ecrire que dès les premières pages, j'ai été aspirée dans l'univers rude et venteux de Damasio, que j'ai marché coûte que coûte auprès d'Oroshi, Sov, et Pietro, mes amis, mes compagnons, à un pas derrière Golgoth la Bête à écouter les fantaisies sérieuses de ce fabuleux Caracole, et que j'ai surtout découvert de nouvelles dimensions jusqu'ici inimaginées, autant physiques que psychiques qui me font voir ce qui m'entoure sous un autre jour.



L'univers, l'écriture, la mise en page, l'épopée de la horde, les personnages, tout absolument tout m'a happée, et je quitte avec beaucoup de peine ces héros de l'absurde...

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La Horde du Contrevent

J'avoue que je ne l'ai pas terminé... Oui je n'aime pas devoir faire ce constat mais je l'ai abandonné. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé.

J'ai hésité à publier une critique, même aussi courte que celle-ci, mais je pense être allé assez loin dans la lecture pour avoir acquéri une certaine légitimité de jugement.



Donc j'ai trouvé le style absolument pompeux à souhait, de même que l'intrigue progresse très (trop) lentement, et le changement de personnage incessant rend le tout juste indigeste.

Plus on avance dans le récit, et moins on cherche finalement à comprendre tout ce qu'on lit, à essayer de comprendre les personnages et à s'attacher à eux. Au final, on arrive à un stade où on se moque totalement de ce qui est en train de se passer... Et là on se demande juste à quoi bon poursuivre la lecture d'un pareil pavé, que l'auteur s'est efforcé de compléxifier inutilement et à outrance.



J'ai beau lire les centaines d'avis positifs, je demeure dans l'incompréhension totale d'un tel engouement. Autant j'ai déjà lu bon nombre de livres moyens, peu intéressants, fades, mais celui-ci je le qualifierais juste de insupportable et profondèment chiant.... Je félicite ceux qui partagent mon ressenti et qui sont parvenus tout de même à achever cet ouvrage.
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La Horde du Contrevent

Alors, par où commencer ?



Dans La Horde du Contrevent, vous devrez oublier tout ce que vous savez, jusqu'à votre vocabulaire, vous serez perdus au début, puis vous plongerez la tête la première dans ce monde si différent du notre.



Dans ce monde, fait d'une bande de terre orientée ouest-est encadrée par des terres stériles et glacées au nord et au sud, le vent balaye tout depuis l'Extrême-aval, jusqu'à l'Extrême-amont. Le but de la Horde, contrer ces vents, parfois très violents, jusqu'à l'Extrême-amont pour découvrir toutes les formes du vent et pour découvrir la source de celui-ci. Cette Horde est la 34ème et jusqu'ici, à la connaissance de chacun, personne n'a réussi à rejoindre cet Extrême-amont mythique.



Ce roman de science-fiction nous emmène vraiment dans un monde inédit. La première rencontre avec ce monde est même un peu rude, on ne comprend pas toujours tout, même les mots nous sont parfois inconnus, on n'a pas de repère, les personnages sont très nombreux, en bref, il faut s'accrocher pour passer les premières pages de cette rencontre pour pouvoir réussir à plonger dans ce roman riche d'une imagination incroyable.



Nous suivons les 22 des personnages qui composent la Horde, mais majoritairement un peu moins d'une dizaine d'entre-eux. Cependant, même si au départ le suivi est difficile car chaque personnage est annoncé par le glyphe qui le représente, on s'attache vite à ces personnages tous si différents les uns des autres, si profonds, si riches, certains forts en caractère, d'autres beaucoup plus modérés. Du point de vue des personnages, il n'y a rien à dire, ils sont vraiment très bien construits.



Du point de vue de l'histoire, maintenant, je ne sais pas trop quoi en penser, et c'est d'ailleurs ce qui a fait baisser la note que j'ai attribuée à cette lecture. C'est un long roman (700 pages) et on s'attend vraiment à quelque chose d'exceptionnel. En ce qui me concerne, j'ai plus ou moins deviner la fin 300 pages avant celle-ci, donc en y arrivant, je me suis dit "tout ça pour ça", ce qui n'est pas une très bonne manière de finir un roman. Alors certes, la fin était plus complexe que ce que j'avais anticipé mais l'idée générale était là, et j'ai trouvé ça fort dommage, j'aurais aimé être surprise, me dire "alors ça, je ne m'y attendais pas".



Du point de vue de la lecture, même si elle n'est pas toujours évidente et qu'il vaut mieux être au calme pour se plonger vraiment dedans, l'univers est tellement riche et original, qu'il nous emmène complètement avec lui. On veut savoir ce qui va se passer, on veut savoir ce que va devenir la Horde et ce qu'elle va découvrir.



Donc, au final, pour moi, même si cette lecture n'est pas un coup de cœur, elle est tout de même une belle découverte, et j'ai vraiment aimé me plonger à chaque fois dans cet univers.
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La Horde du Contrevent

“Furvent, ceux qui vont mûrir te saluent!”



Cela faisait un moment que j'avais envie de lire ce livre qui selon la 4ème page de couverture “est déjà un classique des littératures de l'imaginaire.”



Ah bon?



D'un côté j'ai bien aimé la trame de fond : on suit l'histoire de la 34ème Horde dans sa quête pour trouver la source du vent. Les 23 personnages sont intéressants... sauf Golgoth (impossible de ne pas penser à Goldorak!!). Quel homme détestable.



J'ai bien aimé aussi l'alternance des narrateurs (d'ailleurs merci à Gallimard pour le pratique marque-page) mais il faut un certain temps pour associer les signes aux personnages (leurs tatouages respectifs). Les changements de style ne sont pas toujours évidents à détecter sauf pour Golgoth (injurieux, grossier, obscène, …) ou Erg ou encore Caracole.



Une fois passé la flaque de Lapsane Certains passages sont assez poignants (retrouvailles avec les parents entre-autres) et il y a caché dans le texte quelques perles de réflexion sur le sens de la vie.



La numérotation inversée des pages est originale est bien à propos. Ce que j'ai trouvé moins original c'est le nombre incalculable de mots-valises. Cela commence avec le titre : contrevent n'est pas à prendre ici au premier degré : c'est un mot-valise. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est : Ok pour le titre mais pour tout le bouquin...



J'en viens donc au coeur de ce qui ne m'a pas plus du tout : le style de l'auteur. Entre les mots-valises, les mots inventés et les termes “géolométéorologiques” je me suis un peu perdue. Il y avait des phrases qui étaient totalement incompréhensibles. Bref, cela a rendu la lecture lourde et pénible (en ce qui me concerne).



Quelques questions restent en suspens : qu'est-ce le vif exactement ? Je n'ai pas bien compris. Et cette histoire de chrones... impossible de m'en représenter un. À quoi cela peut bien ressembler un chrone ? Dans une des descriptions j'ai pensé au vaisseau spatial (en plus petit bien entendu) du film "Premier contact" (D. Villeneuve, 2016) et puis je me suis dit que non. Dans l'ensemble j'ai eu un peu de mal à me représenter les scènes... c'était étrange.



Bref, avis mitigé.



Challenge pavés 2016-2017
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Aucun souvenir assez solide

Avec seulement deux romans, Alain Damasio s'est imposé en l'espace de quelques années comme un auteur majeur sur la scène française, et pas seulement parmi les lecteurs de littérature de l'imaginaire. Mais outre « La Horde contrevent » et « La Zone du Dehors », Damasio est également l'auteur d'un certain nombre de nouvelles regroupées dans un recueil intitulé « Aucun souvenir assez solide », republié cet été en poche chez Folio SF. Science-fiction, fantasy, essai philosophique..., on serait bien en peine d'accoler une quelconque étiquette à la plupart des textes présents au sommaire de cet ouvrage qui fait figure de véritable ovni littéraire. Autant l'avouer d'emblée, si les précédents écrits de l'auteur possédaient déjà un certain degré de complexité, le niveau ne fait ici qu'augmenter à tel point que, sans un bon bagage philosophique, il devient parfois difficile de bien saisir où veut en venir l'auteur, sans parler d'appréhender toutes les subtilités des notions abordées ou des univers et personnages créés. A ma grande honte et  frustration j'ai ainsi eu le sentiment de passer à côté de certaines nouvelles, notamment « El Levir et le Livre », consacrée à la vie d'un scribe en quête du livre ultime, ou encore « Sam va mieux », texte se déroulant dans un décor post-apocalyptique et mettant en scène un personnage ravagé par la solitude. Deux textes qui dégagent une grande force mais dont je ne suis pas parvenue à véritablement m'imprégner.



La plupart des nouvelles se lisent malgré tout avec beaucoup d'intérêt et traitent de sujets d'actualité chers à Damasio : l'uniformisation de nos sociétés occidentales, la course à la sécurité, l'hypocrisie et le cynisme des politiques... Le texte qui m'a le plus touché est celui chargé d'ouvrir le bal, « Les Hauts Parleurs », et le fait qu'il soit clairement affilié à « La Zone du Dehors » n'y est évidemment pas étranger. On y découvre un monde où la totalité du lexique a été privatisé par l'état ou de grandes entreprises et où les seuls résistants se trouvent être des marginaux vivant au ban de la société et se jouant des mots avec une virtuosité et un enthousiasme incroyables. « Annah à travers la Harpe » est également une nouvelle chargée d'émotion puisqu'elle met en scène un père qui entreprend un voyage spirituel afin de ramener sa petite fille dont on comprend au fur et à mesure la raison du décès. Les deux autres textes qui m'ont le plus marquée se déroulent tous deux dans un cadre urbain très particulier : dans « C@PTCH@ » le décor est une ville qui dématérialise les enfants qui la traversent, un phénomène tragique mais hypnotique et qui fait par conséquent le bonheur des caméras, tandis que dans « So phare away » Damasio nous dépeint une cité de phares où la lumière est devenue un véritable langage bien que dangereusement menacé.



Si les deux précédents romans de l'auteur ne vous en avaient pas convaincu, « Aucun souvenir assez solide » est bien la preuve que Damasio est un auteur exigent qui entend avant tout faire travailler les méninges de ses lecteurs. Le recueil n'est toutefois pas, selon moi, le meilleur moyen de découvrir son œuvre et reste donc réservé aux fans ayant déjà lu ses précédents romans. (A noter que la version Folio SF comprend une postface revenant sur chacune des nouvelles et renseignant sur les nombreuses influences de l'auteur).
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Scarlett et Novak

Cours, Novak ! Cours !

Où te presses-tu donc ? Aurais-tu rendez-vous avec ta belle ? Aurais-tu un train à prendre ? Un rendez-vous à ne pas manquer ?

Tu fuis ? Et qui donc fuis-tu ainsi au point que tu vas battre ton propre record personnel de vitesse de pointe ?

Deux lascars te suivent… Scarlett, la voix douce, féminine, apaisante de ton brightphone a identifié tes deux poursuivants : Boris Bershov et Davor Suker… Pas de nationalité connue, pas de profession répertoriée, pas de profils archivés… Tout ce que l’Intelligence Artificielle trouve sur eux, c’est qu’ils consultent beaucoup de sites pornographiques… gays. Alors, cours ! Ne t’arrête pas !



Critique :



Thriller ? Je trouve le terme un peu pompeux pour une nouvelle car « Scarlett et Novak », ce n’est rien de plus qu’une nouvelle. Bien écrite, certes, avec un début très haletant, un univers très bien construit et une fin quelque peu moralisatrice.



Alain Damasio attire l’attention sur un monde de plus en plus connecté où le virtuel l’emporte sans doute beaucoup trop sur la réalité, où toute notre vie dépend d’un engin, genre montre connectée, mais alors là, vraiment hyper connectée, qui est reliée à une mémoire genre cloud où tout est enregistré. Sans elle, vous n’êtes plus rien ! Vous ne savez plus où vous devez vous rendre, où vous vous trouvez, avec qui vous avez rendez-vous, pas même comment entrer chez vous !



Ce monde piloté par l’AI que nous vantent, notamment, les GAFA pourrait bien devenir une monstruosité car, une fois nos données effacées, nous ne sommes plus rien…



Dommage que ce très court récit soit imprimé sur un papier aussi désagréable au toucher et qui donne l’impression de très mal vieillir…

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La Horde du Contrevent

Comment faire une critique sur un tel livre, une critique qui réussira à exprimer ce que j'ai ressenti à la lecture de cette histoire ?

Je commence par dire que c'est un livre qui se mérite. Il est assez difficile à aborder parce qu'Alain Damasio a créé son propre langage, avec des mots dérivés de notre propre langue, comme si elle avait évolué sur quelques siècles. Et puis il y a plusieurs narrateurs, chacun avec son propre phrasé et désigné par un signe (autant dire que le marque page fourni avec le livre est absolument indispensable). Le tout rend la lecture assez difficile, il faut pouvoir lâcher prise et accepter de ne pas tout comprendre au premier abord. Mais çà donne aussi beaucoup de richesse et d'originalité au roman.

Si on s'est accroché, alors on est récompensé par un livre exceptionnel et original qui nous fait vibrer. Quant à la fin, l'auteur avait émaillé son histoire d'indices, donc difficile d'aller ailleurs.

Un très grand livre
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La Horde du Contrevent

"- Messeigneurs de la Frime, bonsoir ! Puisque nous nous connaissons, pour beaucoup, laissez-moi écourter la chamarre et assourdir les violons ! Sur ce gradin en face de vous, rasés de frais, la mèche en vrille et la chemise en vrac, est placée tout à trac – en guenille pour les meilleurs, pour les autres en haillons – la poussière du désert, ou pour mieux dire : sa coagulation… Ils sont l'orage marcheur ! Ils sont la foudre lente ! Ils sont de l'horizon les vingt-trois éclats de verre, les copeaux bleus et les tessons – j'annonce et vous présente, hirondelles et damoiseaux, nobles éologues et porte-drapeaux, la légende de cette terre : la Horde du Contrevent !"

Ils sont donc vingt-trois, chacun et chacune avec son rôle et son titre, et forment la trente-quatrième horde du Contrevent, parcourant la planète de l'extrême amont à l'extrême aval, pour découvrir l'origine du vent. Voilà trente ans qu'ils "contrent", qu'ils avancent avec le vent en face, laissant un petit peu d'eux à chacun de leur pas (ils n'ont pas le droit d'utiliser des appareils utilisant la force du vent pour avancer dans leur quête), et s'ils passent le col de la Norska, haut-fait jamais réalisé, ils entreront dans la légende. Ils deviendront une légende.



Voilà un livre déjà énormément commenté, et je ne vais pas faire dans l'originalité. Je fais partie de ceux qui ont aimé, adoré, qui ont lutté contre le vent, petite 24ème non invitée de la horde, avide d'écouter les mots d'esprit de Caracole, de courir légère comme l'air avec Arval l'éclaireur, d'échanger avec Oroshi sur les mystères du monde, de combattre en trois dimensions avec Erg, et de créer du feu quelles que soient les conditions comme Callirohé. Et puis bien sûr, de suivre jusqu'au bout de ce monde-là le Golgoth !

Alain Damasio m'a plongée dès les premières lignes dans un monde régi par le vent, avec en face un furvent à décorner la horde, dans un "contre" auquel je ne comprenais rien, excepté l'urgence pour les personnages personnifiés par des symboles de faire ce qu'on leur disait de faire dans les plus brefs délais ! Après, j'ai commencé à apprendre le vocabulaire de cet univers, ses codes, ses sociétés, ses légendes, son fonctionnement, et je me suis habituée aux 23 héros de ce gros pavé (même si, et c'est parfois dommage, on passe son temps plus fréquemment avec certains qu'avec d'autres !).

Je pourrais faire un certain nombre de reproche à ce livre : il y a des maladresses, certains personnages sont stéréotypés, des questions restent sans réponses, et la fin, à mon humble avis, est un peu bâclée.

Mais ça faisait vraiment longtemps que je n'avais pas été aussi transportée par un livre de SF, que je n'avais lu un livre aussi ambitieux, que ce soit par son sujet, son environnement (la création d'un monde avec ses codes, sa géographie, etc…), le procédé narratif (ce sont les membres de la horde qui prennent parole tour à tour), la création d'un langage basé sur les vents, sa longueur… En plus de présenter une épopée à la fois poétique et créative, c'est une œuvre hautement symbolique (la représentation des membres de la horde par exemple, mais aussi le principe de numérotation à l'envers…). A contre-courant des derniers ouvrages "adolescents", pardon, pour jeunes adultes, que l'on trouve si fréquemment, Damasio nous fait part d'une philosophie toute personnelle, élevant cet ouvrage à quelque chose de plus intellectuel. J'ai d'ailleurs, trop pressée d'arriver au terme de l'histoire et de savoir où cette quête allait me mener, fait un peu l'impasse sur cette partie un peu plus "philosophique" et symbolique. Ce qui implique qu'il va me falloir acheter le livre en question et le relire bientôt… Youpi !!!

Un grand merci à ma jolie nièce selena_974 pour m'avoir conseillé et prêté cette Horde du contrevent (et son indispensable marque-page pour se repérer dans les personnages, leur fonction et leur représentation !).

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La zone du dehors

Lecture de pleine nuit jusqu'à ce que la fatigue l'emporte à 6h du matin, lecture sidérante et dévorante, lecture de rage, happée, captivée... Lecture de veille, de réveil, dans tous les sens du terme.

Après le bouleversement de La Horde du contrevent, je repoussais celle-ci, craignant la fin de l'idylle, la déception, le désamour qui parfois nous éloignent, irrémédiablement, d'un auteur adoré ; heureusement, il n'en fut rien.



Les hommes de la Volte sont-ils les enfants ou les ancêtres de ceux de la Horde? Ils sont en tout cas leurs frères, frères surhumains que Nietzsche, dont la flamme court tout au long cette dystopie, appelait de ses voeux, frères trop humains où chacun se reconnaîtra, interrogeant ses failles, ses fulgurances, ce qui fonde son humanité : "Aucun destin n'est inéluctable, l'arborescence des possibles nous tisse le sang aux poignets".



Interrogeant aussi, et c'est une différence majeure avec La Horde du Contrevent, notre société post-moderne et son devenir, la tyrannie de nos démocraties molles qui endorment nos révoltes ( "nous n'avons jamais été aussi proches de ce que j'estime être le summum du pouvoir : une aliénation optimum sous les apparences d'une liberté totale"), la frontière fragile qui transforme la résistance en terrorisme, la tension entre morale et liberté, idéal et efficacité, la volonté de puissance.



Ce n'est pas un livre qui se donne facilement, ni qui se donne à tous. La lecture est ardue, lecture de combat qui se heurte à la chair incomparable d'une écriture ambitieuse, et doit la saisir, s'y heurter, l'escalader, s'y éprouver :

"Un! L'homme en vie, vitaliste, aux aguets

tout en explosion, frication,

ressenti, éprouve et épreuve."



Roman de paroles, de circulation de la parole, à l'image des concertos des Voltés, c'est aussi un roman d'action et de tension dramatique, de suspens efficace, de lutte armée, de trahison, de résistance.



L'univers est somptueux, on y retrouve les éléments chers à Damasio qui construisent aussi celui de La Horde : la matérialité et l'énergie, la métamorphose, l'élan et la friction, à travers un langue qui sans cesse elle aussi se transforme, éprouve ses limites, les dépasse, expérimente, saisit et dynamite, s'y frotte, explose; la langue d'un poète tout autant que celle d'un romancier :



"Leur voix articulait de la roche et du sable, et dans leur frottement sourd montaient des animaux mythiques, méduses s'immisçant flottantes à travers les rideaux d'ammoniac ou tigres pourpres entraperçus dans les brumes du Dehors [...]"



"Change l'ordre du monde... plutôt que tes désirs... Tes désirs sont désordres..."






Lien : http://solasubnocte.blogspot..
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Les Furtifs

Je n'aime pas faire ça... s'agissant de critiquer l'oeuvre et le travail des autres, j'ai toujours pris soin de m'astreindre à la bienveillance, l'indulgence et la constructivité. Mais là j'ai été confrontée à une lecture si pénible et à une écriture si prétentieuse que cela a fini par me mettre en colère...

J'ai achevé Les Furtifs hier, pourtant commencé en novembre. Un roman acheté parce qu'il était difficile, pour une fan de SF /anticipation, de ne pas le lire (et parce que j'avais plutôt bien accroché à la Horde). Je l'ai entamé, puis très vite mis de côté, puis repris, puis à nouveau abandonné... Tantôt une lueur d'espoir : l'histoire va enfin pouvoir avancer, les personnages s'épaissir! Mais non, tout s'effondre à nouveau, ou plutôt s'enlise, dans des mots, des quantités de mots, dont l'utilité est bien souvent contestable.

à tous les fans de Damasio : je ne remets pas en cause son talent, sa plume. Mais là j'ai trouvé cette écriture si narcissique, comme une autocélébration permanente, une grammaire arrogante, démonstratrice, tapageuse, que mon envie de finir cette histoire trop longue s'est évaporée au fil des pages. Alors je l'ai fini, parce que je n'aime pas laisser un roman en chantier. Mais quelle déception... Mon seul bonheur fut de le refermer. Et vite l'oublier. Désolé, je n'ai pas l'habitude d'écrire cela : à fuir!
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La Horde du Contrevent

Que dire qui n'ait pas encore été dit ?! Je ne me serais jamais dirigée vers ce roman si on ne me l'avait pas conseillé. Mais quelle découverte !

Vous plongerez dans un monde inconnu, vous arriverez sur une planète balayée par les vents et vous rencontrerez une horde dont la mission est de remonter jusqu'à l'origine du vent. En ouvrant ce roman il faut accepter de ne pas comprendre, de lire les premières pages en ayant l'impression d'être face à un vocabulaire inconnu qui nous fait avancer page après page dans le brouillard. Mais peu à peu tout s'éclaire, on situe chaque personnage, on s'habitue aux termes, on s'attache à ce monde et l'on commence à aimer, souffrir, pleurer avec cette horde.

L'écriture magnifique et poétique vous portera sans problème jusqu'à la page 0 de ce livre (oui car le livre commence à la page 700 et se termine à la page 0) et vous le fermerez avec difficulté !
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Aucun souvenir assez solide

Ce livre m'ayant été offert et recommandé par quelqu'un qui compte vraiment pour moi, je l'ai abordé avec envie et beaucoup de plaisir anticipé.

De plus l'auteur est quelqu'un que Systar, en quatrième de couverture, qualifie d'auteur exigeant, écrivant dans une langue poétique et neuve.

Il est, paraît-il, encensé par la critique, par le public et couronné d'un succès mérité.

Pourtant longuement, obstinément, j'ai tenté de pénétrer au coeur de cette dizaine de nouvelles.

Je n'ai été happé par aucun des textes.

De guerre lasse, un à un, par manque d'intérêt, je les ai abandonnés.

Rebuté par un style pauvre qui se cache maladroitement derrière un vocabulaire hermétique et inventé, je me suis enlisé au seuil d'intrigues qui ne me paraissaient pas valoir la peine de l'effort demandé.

Je me suis alors reporté au postface de Systar intitulé "Portraits de Damasio en aéroplane" pour tenter d'y trouver une nouvelle motivation, un nouveau souffle pour une lecture recommencée.

Qu'en dire si ce n'est que grandiloquence n'est pas science et que bavardage n'est pas fiction.

Et que ce postface m'a fait sourire à plus d'un de ses détours ...

Dieu me savonne ! Que j'aime la bonne science-fiction, je n'en ai pas trouvée là !

Au final, "Aucun souvenir assez solide" ne m'en laissera aucun ...

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Les Furtifs

2040. La planète a bien changé en 17 ans . L'état, les communautés locales sont en faillite et les entreprises privées se substituent à la communauté . Avec tous les déboires que l'on peut imaginer . C'est le retour de la plèbe . Les villes sont sectorisées et les manants ne peuvent plus trop côtoyer les nantis .

La société rêvée des ultra riches.

Notre héros, séparé de sa femme depuis le décès de leur petite, est obnubilé par la recherche de sa fille . Il pense qu'elle a suivi des furtifs (ne me demandez pas ce que c'est) , se forme pour chasser les susdits furtifs et réussit l'examen.



Voilà, je voudrais bien vous en dire plus, mais j'ai arrêté , page 180, mais il y en a plus de 500 derrière.

C'est un livre politique de façon incontestable et l'évolution de la société proposée est malheureusement possible.

Par exemple, au JO 2024, seuls les VIP pourront consommer de l'alcool pendant les épreuves . Quel scandale , de qui se fout on ? Mais tout va bien , de toutes les façons, le seul billet que l'on m'a proposé ce sont les qualifs de ball trap à Châteauroux pour 80 € la place ... populaire les jeux , peut être même plus que la banque ...

Je m'égare .

Bon ,; c'est la chasse au premier furtif qui m'a assommé. 40 pages de traque avec un vocabulaire novateur , ça m'a tué.

C'est sans doute très bien cependant.
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