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Critiques de Alex Taylor (II) (133)
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Le sang ne suffit pas

Quel incipit ! Rarement lu un démarrage de roman aussi brutal et effarant.

1748 dans l'hiver glacial des Cumberland Mountains en Virginie, un homme et une femme sont retranchés dans une cabane branlante assaillie par une ourse que la faim a tiré de son hibernation. Lui est un errant accompagné d'un dogue prodigieux, il vient de tuer le propriétaire de la cabane qui lui refusait le refuge, il semble fuir ou chercher quelque chose. Elle est au bord de l'accouchement mais affiche une vitalité et un charisme surprenant.



Telle est l'Amérique des pionniers que nous raconte Alex Taylor dans ce western radical à l'humanisme désespéré. Tout pousse les hommes dans leurs retranchements les plus extrêmes, ravalés au rang d'animaux comme les autres. La volonté d'y survivre se transforme en rage pour ne pas mourir de faim ou de froid, pour ne pas être dévoré par une meute de loup ou un ours. Mais la folie des hommes est la plus dangereuse des épreuves, plus terrible que celles imposées par la nature, qu'elle vienne des Indiens Shawnees qui sentent que la colonisation européenne naissante précipitera leur chute, ou des colons eux-mêmes.



Cette épopée féroce est éprouvante, la violence crue est omniprésente, tenant aussi bien du drame shakespearien que de la tragédie biblique. Dans cette Amérique des origines, les bébés sont des offrandes aux Shawnees pour gagner quelques mois de survie ; des frères s'entretuent pour l'amour d'une femme qui pourrait apporter la rédemption ; on ose franchir des tabous comme celui du cannibalisme sans aucun remord ou barrière morale.



La noirceur est peut-être parfois un peu forcée mais il en reste des images et des scènes dingues, très cinématographiques comme la séquence époustouflante de l'attaque de la colonie par les Shawnees avec la statue féminine en bronze transformée en canon, arrivant comme un veau d'or apportant l'espoir, vain forcément.



Si ce roman est aussi puissant, c'est parce que les images qu'ils convoquent naissent d'une prose brillante et habitée qui dit tout de la solitude des hommes qui avancent aveugles vers un destin en forme d'impasse. Les personnages principaux pourraient tous être caricaturaux, mais avec cette écriture-là qui les présente, les décrit et les accompagne, ils sont juste formidables de complexité et surprenants par la révélation de leur moi profond.



Et pourtant, ce conte furieux se clôt avec, enfin, une lueur, un répit, une promesse d'un pays de Canaan pour ceux qui auront survécu à l'apocalypse. La fin est sublime.
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Le sang ne suffit pas

En plein hiver 1748, lorsque, après des mois d’errance dans les montagnes enneigées de l’Ouest de la Virginie, Reathel parvient à bout de force à proximité d’une cabane isolée, il n’hésite pas à tuer l’habitant des lieux qui lui refuse l’hospitalité. Il découvre alors à l’intérieur, dans des conditions guère plus brillantes que les siennes, une jeune sang-mêlé, Della, sur le point d’accoucher. La jeune femme refuse de regagner le village le plus proche, qui s’est engagé, comme tous les ans, à livrer un nourrisson à la tribu Shawnee voisine, comme tribut au précaire maintien de la paix…





Dès les premiers mots, le lecteur est pris à la gorge par la sauvagerie de cette contrée perdue et de ses rares habitants, misérables colons en déshérence aux prises avec les conditions les plus extrêmes, et que la faim, le froid, la maladie et les attaques diverses, indiennes ou animales, font tomber comme des mouches. Réduits à un état quasi bestial par la seule obsession de leur survie, habitués à tuer comme ils respirent et à user sans vergogne de tous les expédients, ils ont depuis longtemps jeté moralité et tabous aux orties, dans une lutte enragée qui ne fait que reculer une issue désespérément inéluctable. Dès lors, chaque page ne fait qu’emmener le lecteur dans un nouveau paroxysme de tension et de brutalité, jusqu’au spectaculaire bouquet presque final de l’attaque des Shawnees et de l’inventive tentative de défense des assiégés à l’aide d’un canon curieusement improvisé…





Si cette violence sans fard, éprouvante et presque outrée, nous fait pénétrer dans des sphères souvent dérangeantes, le puissant souffle épique du récit, l’étonnant réalisme des personnages croqués dans toute leur complexité, le magnétisme du nature-writing et le lyrisme maîtrisé de la plume parfaitement restitué par la traduction, font de cette lecture une aventure aussi captivante qu’impressionnante.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le Verger de Marbre

Un incroyable tour de force !

C'est ce qu'annonce le bandeau sur la couverture et ma foi je suis tout à fait d'accord. J'ai découvert Alex Taylor avec son deuxième livre que j'avais bien apprécié (Le sang ne suffit pas), et mon sentiment est que le "Verger de marbre" est encore meilleur.

Beam Sheetmire, dix-sept ans, vient de tuer l'homme qui l'avait agressé... Je vous laisse découvrir la suite du quatrième de couverture, pour le reste l'auteur va nous servir un scénario parfait sur tous les plans.

L'ambiance pour commencer, une Amérique "rurale" et brutale, un western moderne avec sheriff et bandits, un caïd redouté de tous, un bar qui fait penser aux saloons de la conquête de l'Ouest.

Un contexte sulfureux, des secrets sordides et des rancoeurs plus ou moins cachées, un véritable puzzle qui prend lentement forme.

Des personnages rudes et antipathiques, sales et méchants, menteurs ou dissimulateurs, armés et potentiellement dangereux...

J'ai particulièrement apprécié cette progression subtile et précise, tout part d'un "fait divers" sordide et classique, les conséquences vont nous offrir un enchaînement implacable, une spirale infernale où le destin semble n'en faire qu'à sa tête jusqu'à une conclusion étonnante.

J'aime ces histoires sans fioritures inutiles, sans facilités et effets superflus, une histoire carrée et brute de fonderie, parfaitement cohérente et crédible.

Cette Amérique en dehors du temps et du progrès est décidément sur une autre planète, toujours aussi dépaysante et inquiétante.

Probablement ce qui la rend si fascinante en fait.
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Le sang ne suffit pas

L'Amérique de 1748 est celle des tous premiers colons, la survie y est précaire et le danger omniprésent, surtout aux frontières des mondes hostiles où cohabitent tant bien que mal (souvent mal en fait) indiens, anglais, allemands ou français.

Pour avoir lu et apprécié "Louisiana" de Michel Peyramaure, je me souviens aussi que ces premiers colons étaient principalement des repris de justice et des prostituées encadrés par des soldats dont la mission était de coloniser le nouveau monde.

Des gens durs au mal, brutaux et souvent immoraux dont la principale qualité tenait essentiellement de l'aptitude à la survie.

Tout ceci est une large digression et je vais la justifier pour la raison que, au moment de donner mon avis je me rend compte qu'il sera difficile de ne pas spolier. Si le scénario est captivant, l'histoire par contre est assez courte.

C'est une histoire qui va nous captiver par son contexte et son ambiance, mais surtout par la personnalité dérangeante de la quasi totalité de ses acteurs dont la morale pourrait se résumer à "vivre et laisser mourir" (mais sans la musique).

En fait, même la nature et les animaux concourent au climat délétère permanent, et j'allais oublier de dire que c'est aussi le plein hiver, ça commence à faire beaucoup d'ingrédients pour une histoire résolument dramatique et brutale, bon, vous n'y couperez pas, ça va être le cas.

J'ai aimé le style, assez direct sans être minimaliste, le découpage des scènes, le rythme, rien à dire, c'est très bon.

Le scénario tient la route, on rentre très vite dans le vif du sujet et tout va s'enchaîner de façon passionnante et cohérente sans temps mort, j'ai de plus apprécié la conclusion de l'histoire.

Une très bonne lecture, je n'ai pas vu défiler les pages, un critère en ce qui me concerne.
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Le Verger de Marbre

Dans le Kentucky rural, Beam Sheetmire remplace parfois son père, Clem, au ferry qui traverse la Gasping River d'une rive à l'autre. Ce soir-là, aux commandes du bateau, accosté sur l'embarcadère, un homme lui demande de traverser, même s'il n'a pas les 5 dollars nécessaires. Arrogant et sûr de lui, il tente d'engager la conversation qui aboutit vite à un échange tendu. Alors que l'homme tente plus ou moins la caisse, Beam le frappe à la tête avec une grosse clé à griffe. Paniqué, il s'enfuit et va chercher son père qui n'a d'autre choix que de plonger le corps sans vie dans l'eau. C'est alors qu'il conseille fortement à son fils de quitter cet endroit au plus vite. Car, ce que ne sait pas encore le jeune garçon, c'est qu'il vient de tuer le fils de Loat Duncan, un homme d'affaires puissant et sans vergogne...





Il a plutôt intérêt à fuir ce jeune Beam Sheetmire s'il ne veut pas finir six pieds sous terre. Lors de ses errances, au milieu d'une nature proliférante, il va croiser sur sa route des personnages insolites, sans savoir que non seulement Loat Duncan le recherche mais aussi le shérif, sans savoir qu'en tuant cet homme sur le ferry, ce sont des secrets de famille qu'il va déterrer. Alex Taylor nous plonge dans une fuite sanglante, jonchée de cadavres, et au cœur de secrets familiaux pleins de fureur. Ce roman, profondément sombre, nous emmène en pleine campagne où la misère, l'alcool et les croyances sont de mise. À la tête de cette petite communauté, Loat Duncan, un homme puissant et louche avec qui tout le monde semble avoir signé un pacte. Dans Le verger de marbre, qui n'est autre que le cimetière, on y croisera des salauds, des estropiés, des revanchards, des laissé-pour-compte. L'auteur décrit avec précision la nature omniprésente, ponctue son roman de dialogues ciselés et nous plonge dans une atmosphère lourde, ténébreuse et pesante.

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Le sang ne suffit pas

1748, dans les Cumberland Mountains. Reathel, qui voyage depuis des jours dans le froid et la neige, qui n'a rien mangé depuis trois jours, est soulagé de tomber sur une petite cabane, de laquelle s'échappait une fine banderole de fumée. Mais l'Allemand qui lui ouvre la porte ne l'invite guère à se réchauffer, bien au contraire. Bien que celui-ci soit armé, Reathel tente de rentrer. Une dispute. Un coup de feu. Et le dogue féroce, qui accompagne Reathel, attaque l'Allemand à la gorge, mettant fin à ses jours. C'est alors que le jeune homme découvre dans un coin une jeune squaw de sang-mêlé, sur le point d'accoucher. Della et son compagnon ont fui Fort Bannock, une communauté affamée et encerclée par les Shawnees qui empêchent tout ravitaillement tant que le bébé que porte la jeune femme ne leur sera pas offert. Les deux frères Autry, Bertram et Elijah, sont donc envoyés pour aller récupérer l'enfant...



Que de noirceur dans ce décor de montagnes pourtant enneigées... Au cœur de l'hiver glacial de 1748, la population de Fort Bannock, affaiblie, commence à se déchirer ; les Shawnees, à force de défaites, ont perdu de leur bravoure ; deux frères vont se disputer une femme ; un voyageur, accompagné de son chien, va semer la mort sur sa route ; un commerçant français amoral et terrifiant. Immanquablement des rencontres dangereuses quand elles ne sont pas sanglantes. Des personnages d'une force rare qui habitent ce roman à la fois glaçant et puissant. Glaçant de par cette noirceur et cette violence, voire férocité, omniprésentes. Puissant de par cette immersion dans cette nature sauvage et dans cette période, de par cette rage qui habite chaque personnage, de par cette plume magnifique et rare et ses dialogues percutants.

Dérangeant certes mais effroyablement beau...



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Le Verger de Marbre

Pendant la lecture de ce roman , j'avais deux couleurs en tête : Noir , très noir et Vert .

Noir parce que l'histoire est très sombre et qu'il n'y a vraisemblablement aucune porte de sortie pour des personnages coincés dans ce Kentucky comme dans une prison naturelle . On est dans un trou paumé , dans la cambrousse la plus définitive .

Et au milieu coule la Gasping River.

Et un soir, Beam remplace son père afin de conduire le ferry d'une rive à l'autre. Ce soir-là, un seul passager qu'il va devoir tuer car cet homme veut piquer la caisse . Son père, Clem lui donne un peu d'argent et lui dit de fuir car le cadavre n'est autre que le fils du caïd local, Loat . Et Beam va avoir Loat, ses hommes et le shérif à ses trousses , ainsi qu'un certain nombre de secrets prêts à éclater .

C'est sombre, les personnes qu'il va croiser sont, au mieux pauvres et fracassées par la vie et au pire,comme je ne pouvais l'imaginer .

C'est sombre , les femmes de ce roman sont souvent putes et soumises .

Mais j'ai survécu à cette descente aux enfers parce que ce livre est plein de chlorophylle . Alex Taylor habite la région du Kentucky et visiblement, il en est amoureux fou ; et il l'arpente, il randonne , il se promène . Maîtrisant la faune et la flore sur le bout de ses doigts tachés d'encre , il nous enchante par la poésie de quelques noms d'espèces d'oiseaux, d'arbres et de plantes qui illuminent le coté sombre de ce roman . Il y en a que je ne connaissais pas , et ça m'a plu !

Alors voilà ! Juste pour le plaisir, laissez-vous bercer par la poésie des noms : tiarelle, érables, mimosas , sumacs, asiminiers , robiniers , salsepareille, amarante, pacaniers ,ginseng, sanguinaires, ormes, raisin d'Amérique , mousses , moustiques, guêpes, vautours et autres réjouissances ....

Un roman immensément sombre et vert , porté par une écriture brillante .
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Le sang ne suffit pas

Alex Taylor, c'est une nature généralement aussi hostile que le propos qui l'anime.



Le sang n'y suffit pas n'y déroge point.

En même temps, avec un titre pareil...



Les Shawnees, lu comme ça, perso, me vendent du rêve.

J'y vois un peuple fier, ombrageux, soucieux des traditions séculaires.

Puis je découvre, ébaubi, que pour maintenir une paix de papier avec leurs colons - et là d'évoquer l'habitant d'une colonie, bien évidemment - de voisins, cette nation indienne n'hésite pas à ordonner qu'on leur livrasse un nouveau-né (bonjour l'ambiance à la teuf des riverains !).

Pouf pouf ce se-ra ce-lui de De-lla !

To be continued...



Légèrement moins enthousiaste qu'à la lecture du verger de marbre pour d'obscures raisons, je referme ce livre avec le sentiment prégnant d'être légèrement passé à côté. À sa droite, pour être précis.

Pourtant, moult ingrédients que j'affectionne tout particulièrement parsèment généreusement ce récit.

La violence, la mort, le sang versé par containers entiers, bref, autant d'éléments qui me feront toujours louper le prix Nobel de la paix d'un chouïa.



Alex Taylor fait dans la chasse à la femme, ce qui nous change agréablement de ce coquinou de Zaroff, tout en évoquant un monde qui s'éteint peu à peu.

La trame est haletante, le déroulé férocement ancré dans un instinct de survie fort louable.

Les personnages détonent, tout comme leurs flingues qu'ils usent à l'envi.

Les animals ne sont pas en reste avec un gros toutou increvable et une ourse un brin rancunière.

Cela n'a pas suffi à sortir de ce récit aussi guilleret que je le fus à la découverte des résultats du bachot, sixième tentative du nom.



Alex Taylor écrit bien.

Alex Taylor écrit peu sur le développement personnel autre que celui recherché dans l'extermination d'autrui.

Alex Taylor vaut cependant le détour.
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Le sang ne suffit pas

Sordide. Si je devais utiliser un seul mot pour décrire ce livre ce serait celui-ci. Tout le long de ma lecture je me suis retrouvée confrontée à une humanité malsaine. Toutes les situations sont gérées dans l’horreur, le sadisme et le sang. Si bien que je n’étais même plus surprise de l’issue de chaque situation ça ne pouvait être que le pire scénario ou un truc encore pire que je n’avais pas imaginé. Rien pour tempérer cette avalanche d’atrocités. Même pas un peu d’humour noir ou grinçant.

Je me suis retrouvée aux prises avec des personnages plus antipathiques les uns que les autres. Leur personnalité est insaisissable de même que leur psychologie qui pour moi est complètement ratée. Ils sont tous pareils : cruels, endurcis par une vie à la dure jusqu’à en devenir dépourvus de toute émotion, de toute compassion. Ou alors ils sont tous frappa dingues. Je n’ai pas réussi à me décider. Toujours est-il qua ça fait beaucoup de profils similaires au mètre carré. D’autant que ce n’est pas un profil des plus courants. On sombre ans le too much, le glauque, le pas crédible. Quand tout le monde est gentil c’est louche mais l’inverse est vrai aussi. Un peu trop manichéen pour moi. Même les « gentils » sont imbuvables enfin façon de parler parce que dans le livre parfois… ben si… vous avez bien compris.



Le sang justement parlons-en. Parfois le rapport entre le titre d’un livre et son contenu m’échappe. Ici c’est un véritable fil rouge (sans mauvais jeu de mot). Le sang lien génétique, offrande, source de vie, source de mort, le sang versé, le prix du sang, le sang qui explique tout, justifie, le sang qui fait sens… de ce point le vue l’auteur est très fort car il y a un vrai champ lexical autour de cette idée et toute l’histoire est construite autour de la notion de sang de manière subtile. Une belle prouesse car il n’a pas cédé à la facilité.

L’autre point positif de ce livre c’est la plume. L’auteur écrit de manière très poétique, c’est d’une beauté âpre et sauvage, exempt d’enjolivures et de sophistication agaçante. Une simplicité qui requiert du talent et qui me séduit complètement. Mais il sait aussi écrire de manière crue et parfois me concernant c’est tombé complètement à plat. C’eut été différent si cette trivialité avait été mise au service de l’humour ou d’une certaine tension dans le récit mais elle m’a semblée gratuite ou alors quelque chose m’a échappé.



Je vais nager à contre-courant, le livre étant très bien noté et certains copains l’ayant adoré mais toute cette cruauté m’est apparue gratuite et tellement poussée à l’extrême que ç’en est devenu grotesque et dénué de sens. La fin apporte une lueur d’espoir qui est presque de trop car vu comme l’auteur y est allé et bien j’aurais trouvé ça plus logique qu’il assassine tout espoir de bonheur et d’avenir. C’est presque une trahison.



Alors pourquoi elle a mis quand même 3 étoiles la dame me direz vous ? Et bien pour la plume et le culot. Sans cette plume j’aurais mis 2 étoiles maximum mais voilà je suis allée jusqu’au mot fin portée par cette plume malgré le fond. Je n’ai pas aimé celui-ci mais je sens que je pourrais en aimé un autre. Ah oui j’ai failli oublier : âmes sensibles s’abstenir. Vraiment !



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Le Verger de Marbre

Cours, Beam, cours !!



Alors que Forrest galopait, comme ça, pour le plaisir, Beam, lui, n'aspire qu'à sauver sa peau. Plus terre à terre mais tout aussi louable.

Faut dire qu'il a fauté, le jeune Beam.

Trucider quelqu'un, bon, on fait tous des bêtises.

Lorsqu'il s'agit du fils de Loat Duncan, désormais aussi vif qu'un paresseux comateux à deux pattes, plus qu'une seule échappatoire, la fuite, rapido.



J'avoue m'y être perdu dans ce verger.

Pas un gros entrain de base.

Le sentiment cotonneux d'avancer, tant bien que mal, avec l'espoir ténu que ça veuille bien décoller pour de bon.

Le déclic survint assez rapidement.

Vous dire pourquoi, je ne saurais.

Ce que je sais, c'est ce besoin impérieux d'y retourner histoire de démêler les multiples écheveaux que constituent ce ténébreux roman à la noirceur d'une nuit sans lune.



La Gasping River, là où tout commence et tout finit.

Une nature omniprésente comme cadre historique, je prends régulièrement.

Mais mère nature, s'il ne s'y passe pas grand chose, ça va un moment.

Ici, les personnages sont à l'aune de la trame, hors norme.

Cherchez pas une once de normalité, ça fait bien longtemps qu'elle s'est tirée.

Dans le coin, on est pas accro au cassage de neurone.

Ce que tu veux, tu le prends.

La femme d'un autre, le pouvoir, la vengeance, la tangente, peu importe, c'est ici et maintenant.



Vous aimez le billard à trois bandes ?

Vous allez adorer le Verger de Marbre.

Des rebondissements comme s'il en pleuvait.

Des personnalités extravagantes à la violence démesurée.

Un contexte rural omniprésent qui vous donnerait presque envie de siffloter tout du long l'air du banjo dans Deliverance.

Un canevas au déroulé implacable.

Et cette p****n d'ambiance plombante, métallique, aussi poisseuse que le goudron fraîchement posé qui vous colle aux semelles.



Le Verger d'Alex Taylor ne vous laissera pas de marbre, sur la tête de mon pôv' paresseux, enfin ce qu'il en reste...
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Le sang ne suffit pas

Très beau roman noir écrit avec un talent dont la puissance dévastatrice apparaît quasiment à chaque page, tant dans les dialogues, que dans les descriptions ou le travail d'élaboration des personnalités nombreuses dont les méandres de l'âme, les souffrances, les volontés de vivre ou de mourir sont approfondies par l'auteur avec une progression superbement dosée qui va rendre attachants au lecteur un, deux, trois personnages, ou plus, détestables quelques autres selon sa perception.



C'est d'abord un formidable roman nature sauvage, hivernale, terrible, magnifiquement et douloureusement mise en scène, avec la puissance sauvage des éléments, pluie, froid, neige, tempête et celle des animaux, dantesque avec l'ours dont le lecteur respirera l'haleine, terrifiante avec les loups dont les mâchoires ne claquent pas dans le vide, fidèle et à la fois dangereuse avec le chien, plus paisible avec les chevaux et les mulets.



Une action quasi western, située en 1748, dans l'ouest de la Virginie, à une période où les indiens Shawnees, pressentant leur destinée inéluctable, vont déclencher une attaque suicidaire et destructrice à la fois contre les blancs.



Dans ce roman, on saigne, on pleure, on a faim, peur, on tue, on découpe, on pourfend, on ampute, on dévore comme des bêtes ce qui peut tomber sous la dent, colombe crue avec un scène extraordinaire depuis la capture jusqu'à la mastication du coeur chaud dégoulinant de sang, et même la chair humaine que certains n'hésiteront pas à consommer pour survivre.



Car c'est essentiellement un roman de survie au coeur duquel l'auteur a eu la riche idée de placer un bébé, enjeu de tous les affrontements et d'ailleurs peut-il survivre dans cet univers si hostile, alors qu'un enfantement rude et presque bestial vient de le lancer dans le froid et l'adversité?



Alex Taylor a multiplié les personnages et leurs interactions qui ajoutent à l'intérêt de l'histoire. Emergent bien sûr la femme, Della et son bébé qu'elle n'a pas nommé, n'imaginant même pas une quelconque espérance de vie pour ce petit corps fragile qu'elle va s'obstiner à allaiter et tenter de protéger. D'autres héros majeurs, Reathel, qui porte au hasard sa souffrance passée, venu chercher la mort et protégeant la vie, durement, dans le sang qui coule à flots tout au long de ce texte, animal ou humain le plus souvent. Un autre héros, le docteur, personnage complexe, présenté par Alex Taylor sous des jours différents, lui aussi partagé entre la mort imminente et la survie à tout prix. Deux frères, les Autry, limités dans leurs cerveaux tendus vers un profit financier inutile dans cette nature où l'argent n'a plus de valeur, un pasteur indigne, un Français tout autant, que le cannibalisme satisfait tant bien que mal, avide lui aussi d'accumuler de pseudos richesses. Et un grand chef indien, Black Tooth, au nom évocateur de toute la noirceur portée par ce texte, apte, lui, à réfléchir, analyser, pris dans les rets de ses croyances, lucide néanmoins sur la chute de son peuple.



Et la nature que l'auteur rend présente, pesante, hostile à chaque page, avec des descriptions soignées, telle celle de la tempête de glace et ses conséquences sur les arbres les plus solides. Ils sont là les arbres, "vivants piliers" de ce roman, chênes, hêtres, pins, buissons et les hommes aussi bien que les animaux se faufilent tant bien que mal parmi ces géants qui les sécurisent un peu. Le feu n'est pas en reste, toujours allumé par l'homme, indispensable à la survie, mais aussi au pouvoir de destruction sans limite lorsqu'il n'est plus maîtrisé.



Le sang ne suffit pas est un très beau roman, d'angoisse, de peur, de sauvagerie, de mort, de sentiments nobles ou abjects, un texte structuré, dont la densité se renouvelle à chaque page, porteur de désespoir avec une lueur d'espérance pour quelques-uns.
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Le Verger de Marbre

Au beau milieu du Kentucky rural, là où la Gasping River déploie son cours , le jeune Beam Sheetmire , 17ans a fauté gravement , il vient de tuer avec une clé à griffe le passager qui tentait de le dévaliser , le soir où il remplaçait son père , qui conduit ordinairement le ferry, parcourant la rivière dans les deux sens .



Las ! Sa victime est Paul, le fils du puissant homme d’affaires local , Loat Duncan, le pire des assassins sans foi ni loi, sans pitié .....toujours accompagné de ses chiens menaçants ,..



Le culte du mal hante ce SUD où la violence implacable , la misère, l’alcool, les croyances et les superstitions se côtoient .....

Vite ,vite Beam se sauve , une fuite éperdue , une vraie errance dans la forêt et ailleurs .....où l’on croise des salauds , des personnages dissimulateurs, des menteurs sentant le souffre des femmes qui peuvent aimer et en même temps se prostituer et porter les enfants d’autres hommes ....



On découvre des hommes armés joueurs et sales au propre comme au figuré, antipathiques , trafiquants d’argent sale , femmes soumises ou tapineuses , agriculteurs et mineurs scabreux , déracinés et épaves, ,alcooliques , estropiés , des aigris et des rancuniers ...



Cela sent la rancune cachée , les secrets oubliés , sordides , le contexte est sulfureux , brûlant, l’histoire est cohérente , brute , sombre , les chapitres courts , bien construits .

La nature omniprésente est magnifiée : mimosas,sumacs, érables ,pins , falaises de calcaire , collines couvertes de champs de maïs et de soja , l’ambiance noire épaisse comme du goudron , les personnes fracassées ..



Un thriller littéraire à l’écriture magnifique , aux fulgurances poétiques , aux images incandescentes à la beauté authentique .....

Une vraie réussite à la LANGUE brillante , hypnotique , j’avais beaucoup aimé «  Le sang ne suffit pas » du même auteur .... découvert grâce à Marina .

J’ai récidivé en cherchant à la médiathèque...

Quel talent cet Alex Taylor ! Un vrai tour de force !

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Le Verger de Marbre

Beam aide son père qui tient un ferry sur la Gasping river. Ce soir là, c'est Beam qui est aux commandes. La nuit est tombée, il n'y a personne . Un homme arrive et lui demande de traverser, mais il lui cherche des noises sur le ferry et tente de lui voler la caisse. Beam sort de ses gongs et lui assène un coup sur la tête qui l'envoie directement ad patres. Son père lui conseille de s'enfuir car il vient de tuer le fils de Loat Duncan, le caïd local. C'est le début d'une longue fuite pour Beam qui va avoir beaucoup de monde à ses trousses. Dans sa fuite, Beam va rencontrer tout un florilège de personnages extravagants, sombres , désabusés, antipathiques, prêts à tout, des épaves qui vivent d'expedients . Il y a des prostituées, un tenancier de bordel, un routier en costume, le caïd, ses sbires et ses chiens , le shérif. Et tout ce petit monde va s'entretuer allègrement... Vieilles rancunes, règlements de comptes, secrets bien gardés, dessein personnel...

J'avais adoré la galerie de portraits dans "le sang ne suffit pas" roman écrit après celui-là mais que j'avais lu avant et dans le"verger de marbre " l'auteur nous régale aussi de ses portraits de personnages si finement détaillés si originals. Il décrit aussi à merveille la nature avec une plume magnifique et poétique. Les humains ont l'âme noire, ils sont cruels, et la nature est verdoyante , diverse et magnifiée sous la plume de l'auteur.

Alex Taylor avec ce roman réinvente le western. Un western new age.Il nous plonge avec délectation dans cette Amérique sombre, menaçante mais si inspirante.
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Le sang ne suffit pas

Si le deuxième livre est souvent l’exercice de vérité d’un jeune auteur, alors Alex Taylor l’a réussi haut la main avec Le sang ne suffit pas, traduit par Anatole Pons-Remaux. Quatre (trop) longues années après Le verger de marbre, il revient avec un livre magistral et puissant, qui prend immédiatement place parmi mes lectures US de référence et confirme Taylor comme un très grand auteur de noir.



Un premier chapitre fulgurant, tendu et violent nous place immédiatement dans l’ambiance : 1748, les Cumberland Mountains dans l’ouest de la Virginie, « terre sinistre et ancestrale, sertie dans le bijou insensible de l’hiver », terre historique des cinq tribus de Shawnees qui tentent d’y rester chez eux tandis que les soldats français et anglais y guerroient et que les colons de tous horizons s’y fourvoient. La mort est partout, et pour ceux que le froid et le gel n’ont pas encore tués, les ours ou les loups s’en chargeront. Ou la faim. Ou l’autre. Celui qui vient, celui qui a intégré qu’entre tuer ou être tué, la frontière est toujours ténue.



Pour calmer les velléités guerrières du chef shawnee Black Tooth, l’enfant à naître de la métisse Della lui a été promis mais avant d’accoucher, la belle s’est enfuie. La chasse peut commencer. À ses trousses, les frères Elijah et Beltram, puis le français Simon Cheese. Et sur sa route, protecteur inattendu, Reathel et son molosse. Tout est réuni pour que « le sang coule en abondance, mais ce n’est pas encore assez. Le sang ne suffit pas ! ». Fin du pitch.



Équilibriste du style, Taylor est à l’aise dans tous les domaines : le cynisme réaliste, froid et immoral, lorsqu’il décrit les travers causés par la faim, l’envie et la violence gratuite ; le descriptif cinématographique avec des scènes d’anthologie lors de la bataille du fortin, la caverne du français ou le camp indien ; le dark nature writing quand le territoire et son climat sont à la fois magnifiés et repoussants. Un style qui en deux livres seulement, semble déjà reconnaissable au premier chapitre…



Le sang ne suffit pas est le livre des contrastes dans lequel Taylor multiplie les oppositions. Au froid mortel omniprésent, il oppose la chaleur des entrailles fumantes d’un cheval, d’un pigeon ou d’une accouchée. À la mort qui n’épargnera pas grand monde, il oppose la vie du jeune bébé qui traverse le livre. Aux dieux des indiens ou à celui des colons qui planent au-dessus du carnage, il oppose la seule foi qui vaille là-bas, celle de la survie et du lendemain. Âmes sensibles, s’abstenir. Adeptes du noir le plus sombre, accourir !



Écrire une telle histoire en tout juste 300 pages est un tour de force, c’est dire si le style est grand, si le style est puissant, si chaque mot est à sa place. Le sang ne suffit pas est un grand livre. C’est dit.
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Le sang ne suffit pas

Je ferai court, beaucoup a été dit déjà :

je remercie chaleureusement mon amie Marina qui m'a fait acheter ce récit incroyablement sauvage, mêlant harmonieusement histoire et roman d'aventures , style western, où après un démarrage brutal , aussi rapide , féroce , hallucinant qu'excellent l'auteur nous plonge au coeur de l'hiver 1748, dans les montagnes enneigées de l'ouest de la Virginie ,où le froid et la faim peuvent tuer —-les ours sortent de leur tanière ——les hommes ne vont pas tarder à s'entre- déchirer.



Colons qui progressent vers l'ouest et indiens en lutte. Délicate cohabitation. .

Se croiseront : un voyageur affamé, une femme mi- amérindienne sur le point d'accoucher , des colons à sa poursuite pour vendre le bébé aux Shawnees en guise de paix.



Âpre, noir , féroce , à couper le souffle, aux scènes cruelles, sanglantes , hyper - réalistes où l'on sent l'odeur puissante de la terre humide ——du sang chaud , dans une neige aveuglante , le relent atroce des cadavres ——-odeur qui glace , fait grincer les mâchoires, donne froid dans le dos.



Une écriture puissante, crue , visuelle——, au sein de l'horreur la beauté se fraie parfois un chemin éblouissant , unique , fragile ——même si l'on lit des choses affreuses !

«  Sous un ciel éperdu de couleurs —— des boursouflures cramoisies de froid striées de veines de cobalt —- l'ourse émergea de la forêt dans une neige aveuglante [ ——- ] la pestilence obscène et bouillonnante du sang, »



La certitude de la mort et du désespoir procure une force impitoyable, en quelque sorte libératoire pour l'homme!

Un roman brutal , magistral aussi fascinant que choquant ! Une prose brillante ! Pas de pitié !

Du grand Gallmeister je crois !

Merci Marina !



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Le Verger de Marbre

Une foule d'ivrognes et de prostituées s'est rassemblée derrière le bar de Daryl pour assister à un spectacle peu commun. Un routier vêtu d'un costume trois pièces enfourche un bouc qu'il a préalablement endormi, lui taille les côtes à l'aide d'un long couteau incurvé et après une minute de fouille extrait un des reins de l'animal. Tout autour, les spectateurs s'excitent et s'égosillent. Cette scène symbolise la tragédie (en grec : chant du bouc) qui se déroule dans ce comté du Kentucky. Les habitants sont marqués par une fatalité qui est à la fois sociale, familiale et géographique. Il leur est impossible de fuir. Un des personnages compare la région à un lazaret : « Les arbres noircis par l'hiver, les collines dévalant vers les plaines détrempées – des cellules où les âmes des patients étaient embourbées de ténèbres, où les démunis et les laissés-pour-compte se retrouvaient en quarantaine. C'était une prison. »

Tout couve dans un équilibre instable pendant de nombreuses années quand un événement va déclencher le mécanisme intraitable du destin : un simple coup de clé à griffe. Beam a donné un simple coup sur le sommet du crâne d'un voyageur qui tentait de dérober la caisse du ferry. Mais il va découvrir que l'homme qui gît à ses pieds est bien loin d'être un inconnu. Et cette mort va déclencher un flot de violences sans commune mesure. La tragédie peut débuter.

Alex Taylor parvient à marier la tragédie classique au roman noir. L'ambiance est sombre dans cette campagne meurtrie par l'exploitation de gisements, les personnages sont marquants (Derma, Daryl, Loat et le routier qui n'est jamais nommé et qui fait figure de "bête" apocalyptique), la violence est livrée crue, et le tout servi par une écriture fluide et travaillée. L'auteur donne une grande importance à la l'observation de la nature, aux arbres (cèdres, pacaniers, robiniers, etc) et aux oiseaux qui sont porteurs de présages. C'est du polar et de la vraie littérature, c'est beau ,c'est fort, et je vous le recommande vivement.

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Le Verger de Marbre

Ce que j’ai ressenti:…Le polar en lumière, la lumière du polar…



« -Voyez vous on ne peut jamais prévoir ce que le monde va vous jeter dessus. J’aime être prêt à toute éventualité. »



Le Verger de Marbre est la lumière noire qui éclairera votre rentrée littéraire! Un de ses grands romans dont on ne se remet pas tout à fait tellement, il est intense…Une de ses magnifiques écritures qui vous submergent, et vous met des papillons dans les yeux durant votre lecture…Une de ces histoires qui ne peuvent pas, décemment, s’évaporer…



« On peut pas disparaître dans une ville. (Il agita une main vers la nuit et toute son immensité.) Mais par ici, un type peut juste…s’évaporer. »



Ce n’est pas tant le destin de ce Beam qui vous bouscule, mais c’est l’excellent cadre dans lequel l’auteur dépeint cette cavale aux milles dangers qui vous arrache les viscères…On est immédiatement assailli d’un étrange malaise, qui vous mènera jusqu’au bas fond d’une ville, où la misère sociale déboite les relations, où la violence a plus de force qu’une simple main tendue, où la jeunesse n’a que peu de perspective d’avenir. Chaque situation mène plus profond dans le tourbillon des abîmes, et ce n’est pas parce que vous dormirez, que le reste du monde ne va pas continuer sa danse folle…Beam va l’apprendre à ses dépens…



Il ne savait pas que les ennuis pouvaient réellement poursuivre un homme, mais ça semblait être le cas avec lui, chacun de ses mouvements le plongeant d’autant plus profond dans les sables mouvants des calamités et de la déchéance. Il pensa tout à coup à ce qu’avait affirmé l’inconnu du ferry, que la rivière n’avait pas de fond. A présent, il se demandait si les ennuis avaient un fond, et s’il le trouverait un jour.



J’ai adoré la double de dose de noirceur avec sa robe de poésie. Il a « un je-ne-sais-quoi » qui rend la lecture particulière, l’impression de tenir un trésor de mots, un coffre fort enfoui pour tous lecteurs avides d’émotions et de qualités littéraires. La traversée dans cet étrange enfer se fait en tiraillements intérieurs, mais elle s’accompagne d’une beauté lyrique qui nous ébloui d’autant plus. J’ai lu et relu certains passages, tant je m’imprégnais de cette cambrousse rurale américaine, et de sa douce voix hypnotique, quel voyage!!!Même le titre devient une évidence et d’une implacable vérité et apporte sa touche d’intemporalité à ce récit. Une merveille à lire, à ressentir!



Des spasmes de clair de lune traversaient la cime des arbres.



J’aime ce genre de polar noir, car il contient assez de puissance pour vous marquer au fer rouge, mais là où celui ci se distingue, c’est dans l’habile lumière de son écriture. Touchée en plein cœur par ses mystères qui se dévoilent dans le sang, il restera une des lectures les plus marquantes de cette année pour moi. Un grand roman que je ne saurai trop vous conseiller lors de sa sortie le 18 aout! Jetez vous dessus si vous le croisez!!!!Coup de cœur !!!!



On pourrait dire ça parce que ça donnerait l’impression que les choses rentrent dans des cases. Mais ce serait négliger la vérité authentique.

-Et c’est quoi cette vérité?

-Le seul genre de vérité qu’il y ait jamais eu. Je parle du fait que le cœur est un mystère.


Lien : https://fairystelphique.word..
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Le sang ne suffit pas

Nous sommes en 1748, en Virginie, l'hiver est particulièrement rude . La situation est tendue entre les colons et les indiens, ces derniers perdent de plus en plus de terrain et réalisent qu 'ils perdent la guerre. Ils sont prêts à tout et défendent âprement leur terre. . Ils exigent que les colons leur offrent un bébé en offrande. Le bébé tiré au sort, est à naître et sa mère Della s' enfuie dans la nature. Les deux frères Elijah et Bertram partent à sa poursuite pour ramener la mère et l'enfant, diligentés par le médecin du fort . Mais une ourse énorme et affamée, rode, tue et dévore tout ce qu'elle rencontre sur son passage. Pendant ce temps, Della réfugiée dans une cabane, a accouché, aidée par Reathel un homme qui errait dans la nature, flanqué d'un dogue énorme et féroce. Tout ce beau monde va s'entretuer. De leur côté, les indiens, mécontents, coupent toutes les voies de ravitaillement aux colons qui se font massacrer dès qu'ils sortent. Dans le fort, la famine se fait sentir et les premiers cas de choléra se déclarent. Les colons sont confrontés à la vindicte des indiens et à un hiver rigoureux et glacial.

Alex Taylor livre un roman d'aventure dans le style des grands romans de Jack London. L' auteur dans une prose brillante et lyrique , animée d'un souffle épique, décrit des scènes d'une sauvagerie extrême , dantesques et apocalyptiques où des êtres humains s'affrontent sans pitié. Les conditions de vie des colons sont épouvantables et rendent les êtres barbares. Le récit est d'une noirceur absolue et le lecteur n'est pas épargné par les détails les plus choquants. Dans cette nature hostile et impitoyable , les colons sont prêts à tout pour manger et sauver leur peau.Tuer est bien souvent, le seul moyen de rester en vie et manger devient une nécessité vitale et urgente qui ôte aux hommes leur restant d'humanité.

A. Taylor met en scène toute une galerie de personnages plus épiques et cocasses les uns que les autres pour le plus grand plaisir du lecteur.

Ce roman m'a embarquée et il est vrai qu'il secoue et bouscule les codes. Je viens d'acheter le roman précédent "le verger de marbre" pour voir s'il est du même acabit.



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Le sang ne suffit pas

S’il y a un endroit où il ne fait pas bon vivre en cette année 1748, c’est bien à Bannock dans le Montana. Pionniers de la première heure, Reathel, Elijah, Bertram, Della ne vous diront pas le contraire. Il y fait un froid piquant et les indiens shawnees y sont menaçants, en quête du bébé de Della que le docteur Integer Cratbee, chef du village, leurs a promis, pour éviter pillages et attaques. Mais il n’est pas toujours facile de tenir ses promesses...

Car Della n’est pas prête à abandonner son enfant. Elle s’enfuit et se retrouve rapidement poursuivie par Elijah et Bertram, 2 frères colons, connus (et reconnus), pour leurs talents de pisteurs...

C’est un roman d’une grande dureté que propose L’auteur, où, si le sang ne suffit pas, il ne manque pas 😰

Famine, violence, animaux sauvages, torture, guerre fratricide, rien n’est épargné aux différents protagonistes (et au lecteur !). Aucun tabou n’est insurmontable quand la peur et la faim rôdent. C’est cru, abrupte, indicible. Heureusement, l’écriture, très descriptive, lyrique parfois, adoucit le propos. Et les nombreux rebondissements font de ce récit de nature writing un excellent western, passionnant et instructif (parfois trop ; il y a des choses que l’on préfère ignorer quelquefois), que l’on ne peut s’empêcher de dévorer.

Un excellent roman donc et un auteur au top. Je vais m’empresser d’ajouter le verger de marbre, premier texte d’Alex Taylor, dans ma très (trop) longue PAL.
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Le Verger de Marbre

Ils ne sont pas très frais les fruits de ce verger de marbre… Plutôt blets ; limite rances… Très noirs en tout cas. Mais c’est bien bon !



Car ce premier livre d’Alex Taylor - qui trouve toute sa place parmi les Neonoir de Gallmeister - est une délicieuse réussite, tant dans son style que dans son intrigue d’un bout à l’autre de ses 270 pages, dont aucune n’est superflue.



Au cœur du Kentucky, le long de la Gasping River, il suffirait de presque rien pour que l’équilibre apparent régentant la vie de certains de ses habitants ne se brise. Ce presque rien c’est un ferry que Beam pilote pour faire traverser la rivière, c’est un passager insolite d’un soir, c’est un début d’altercation, c’est un geste qui devient un coup, puis une chute, puis un mort. Tout cet équilibre va alors basculer dans le chaos le plus absolu.



C’est le début d’une longue fuite, d’une traque, d’une chasse à l’homme, dont les étapes sont des meurtres, viols voire mutilations… comme autant d’étapes successives d’une descente aux enfers que rien ne semble plus pouvoir arrêter. Mais qui chasse qui ? Qui est finalement chassé ? Pas le passé manifestement, qui resurgit et s’invite pour fracasser une histoire qui semblait tellement simple et binaire au début.



Au-delà de l’incontestable maîtrise du genre validée par ce thriller au déroulé remarquablement ficelé, il faut souligner le talent d’Alex Taylor à y ajouter trois autres réussites : celle du style, fluide, alternant entre la prose descriptive et narrative douce, imagée et souvent poétique, et des dialogues vifs, secs comme un shot de whiskey et crus quand il le faut sans jamais confiner à la vulgarité gratuite. Celle de l’amoureuse description de ce Kentucky où il vit, de ces paysages de monts, de falaises et de plaines cultivées, prenant place dans le cercle fermé des nature writers américains contemporains au talent éprouvé. Et enfin celle du sens, qui ajoute une dose de réflexion – sans imposer de conclusion - à son intrigue. Réflexions sur le destin (certains diront la destinée), la nécessité de vivre encore quand il n’y a plus qu’à mourir, sur ce qu’est ou n’est pas la famille dans ces profondes contrées US, sur la vengeance et ses bienfaits évolutifs, sur la vision que l’Homme a de sa vie au fur et à mesure que les événements la font évoluer ou la détruisent. Au début du livre, Beam se retrouve au cimetière, allongé sur le marbre de ce verger fascinant. Il y est également à la fin du livre. Mais il est mort depuis longtemps. Sans le savoir…



À l’image du « Saloon… » de Larry McMurtry, Le verger de marbre est un western moderne et en même temps, hors du temps. Tous les ingrédients et personnages du western y sont présents. Mais aucun ne s’y comporte de manière conformiste ou attendue.



C’est la grande réussite d’Alex Taylor, et c’est une vraie belle révélation de cette rentrée littéraire 2016 !



Un grand merci à Gallmeister et à Léa pour cet envoi avant parution !

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