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Citations de Alexandre Jardin (942)


Renard avait toujours été frappé par la médiocrité du commerce qu’établissent les hommes et les femmes sous nos latitudes. On le sait, la vie amoureuse jouit en Europe d’une place secondaire, occupés que nous sommes à accomplir des tâches qui nous semblent inévitables et qui nous détériorent. Aux yeux de Renard, une civilisation n’était développée qu’à proportion de sa capacité à donner carrière à une vie sentimentale de qualité ; pour lui, vivre c’était l’aventure d’aimer une femme ou un homme. Or, de toute évidence, l’orientation principale de notre culture n’était pas celle-là !
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Mes dernières hésitations s'étaient dissipées le matin même lorsque j'avais découvert dans ma chevelure plusieurs cheveux blancs. Ce second coup de semonce m'avait talonné. Il était temps de rompre avec mon quotidien réglé. Je voulais VIVRE avant qu'on ne m'allonge sous une dalle de marbre dans le cimetière où reposaient déjà mes parents.
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quel plus joli parfum une femme peut-eelle porter que celui de la peau de son amant ?
il n'y a pas d'autre mort que l'absence d'amour
celui qui se perd dans sa passion a moins perdu que celui qui a perdu sa passion
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"Mon père se moquait de mon goût pour les sentiments indéfectibles et me rappelait souvent, avec des regards par lesquels il me narguait, que j'étais son fils et que je n'échapperais pas aux gènes qu'il m'avait légués. Ma mère était moins franche ; mais ses remarques ne manquaient pas d'éloquence. Il lui arivait de temps à autre de s'adresser à Laure en faisant précéder la phrase principale de subordonnées telles que « Si Alexandre te quitte » ou « Si un jour tu trompes Alexandre », ne mettant le « Si » que pour ne pas me heurter et en l'articulant avec une nuance qui lui ôtait tout sens conditionnel. En dépit de sa bonne volonté, elle ne concevait pas qu'une passion pût se soutenir tout au long d'une existence.
Moi si."

"Je voulais désespérément croire en l'éternité des mouvements du coeur, au triomphe de l'amour sur les atteintes du temps. Il y avait en moi un jeune homme romantique qui aurait souhaité n'éprouver que des sentiments inusables, un jeune homme qui vomissait les moeurs de ses parents.
Voilà pourquoi à dix-neuf ans, je m'étais juré de ne jamais regarder qu'une seule femme. Laure avait su me séduire à ce moment-là. Ce serait donc elle mon épouse, jusqu'à ce que mort s'ensuive ; et au diable mes instincts.

Fanfan savait simplifier la vie. Elle était affranchie des préoccupations qui brident la plupart des êtres humains. La liberté qu'elle s'octroyait à chaque instant me fascinait. (...)

A l'écouter, l'Everest semblait un talus, les noeuds paraissaient destinés à être dénoués et l'argent n'était un problème que pour ceux à qui elle en devait. Fanfan n'avait pas peur de ses peurs. Sa liberté intérieure me fascinait et m'affolait. Devant elle, j'éprouvais l'envie de me délester moi aussi de mes craintes et de vivre enfin à plein régime. Mais cette aspiration m'inquiétait. Pourtant, Fanfan avait raison. Il faut oublier le conditionnel, aimait-elle répéter.
Elle était curieuse et gourmande de tout, avide de s'utiliser, dévorée par une impérieuse nécessité de réinventer le septième art. La vitalité jaillissait des pores de sa peau.

Ce matin-là, je tombai amoureux de ses défauts. Elle était menteuse mais ne mentait que pour embellir la réalité. Elle avait l'insolence qui fait rire. A la fois culottée, orgueilleuse et férocement jalouse de ceux qui réussissaient plus vite qu'elle, Fanfan échappait à tout ridicule en ne dissimulant aucun de ses travers. Voleuse, elle ne dérobait de l'argent ou du matériel que pour pratiquer son art. Fanfan était de ces êtres qui ne pèchent que gaiement et dont les mauvais penchants ont une grâce particulière. Libre par nature, elle osait être elle-même avec désinvolture."
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Soudain, j'ai peur. Pour la première fois de ma vie, j'accepte de perdre pied en écrivant. En livrant mon âme à ce récit qui se présente à moi comme un saut dans le vide. Un déboîtement à haut risque. Un exercice de trahison de ma lignée, une volte-face qui m'interdit sans doute d'être un jour enterré auprès des miens. Quel homme surgira, malgré moi, en assumant ce livre de vérités qui n'ont cessé de me ronger l'âme ?
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La province a toujours fait de l'ombre aux ambitieux.
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Nous eûmes beaucoup d'enfants, je devins écrivain et, contre toute attente, nous fûmes très heureux.
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Le jour même, Camille fit revenir la Tulipe d'Angleterre sous un faux prétexte. Le téléphone communique trop mal les vraies nouvelles. Imperfection d'un appareil qui oublie les regards et ne transmet que les paroles.
Quand la Tulipe pénétra dans la Maison, sa mère se tenait au bout du vestibule. Elle pensa si fort qu'il comprit tout de suite que la Providence venait de lui confisquer son adolescence. A l'intérieur de cette maison silencieuse tout lui disait d'oublier ses quinze ans.
(...). Des mots instinctifs sortirent du fond d'elle-même, de sa solitude :
- Tu es maintenant le chef de famille.
Paroles de plomb qui tombèrent sur les frêles épaules de la Tulipe et assassinèrent le petit garçon qui se prélassait encore en lui. D'un coup, la Tulipe porta le deuil de son père et de son enfance.
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Pour préserver l'estime de soi, l'homme peut se raconter n'importe quoi.
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"Il n'est pas tolérable qu'en sa présence vous décrochiez le téléphone dès qu'on vous sonne ; le premier venu semble prioritaire sur celui que vous dites adorer ! De même, je vous somme d'arrêter de lire le soir dans votre lit ; ce lieu n'est pas celui où il convient de s'abstraire mais bien celui où vous devriez rechercher le plaisir de lui en donner. (...) S'opposer à l'autre dans ses aspirations essentielles est un crime, ne pas jouir de le faire jouir en est un autre. (...) Une passion véritable est fille de l'imagination ; elle ne peut se dispenser d'invention, de rebondissements qui donnent aux sentiments ce parfum de roman qui ensorcelle. "
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J'avais trop mal pour être triste.
J'ai même ri abondamment, pour ligaturer mon chagrin
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«  Aimons- nous des êtres réels , ou bien l’opinion que nous nous faisons d’eux ? …
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Un jour, un roi voisin donna un bal pour son fils. Avec le grand mage du royaume, il décida d'inviter toutes les demoiselles alentour. Les deux méchantes sœurs reçurent des robes de rêve. Mais pour qu'elle n'aille pas au bal, ces chipies s'amusèrent à enfermer Cendrillon à double tour.
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Comme on voit mieux Paris à seize ans au bras d'une femme!
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Oui, j’étais bien le fils de cet homme que mes frères et moi appelions autrefois le Zubial : c’était son nom de père, comme d’autres ont un nom de scène. Il fut inventé par Emmanuel, mon frère aîné, et repris par la fratrie. Le surnom est chez les Jardin une habitude, un tic tribal, tant il nous a toujours paru nécessaire de donner un nom qui soit vraiment propre aux individus singuliers de notre famille.
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Ça veut dire que vous allez en chier, mes chéris ! Et que nous ne sommes rien sans les femmes. Croyez-moi, on ne rencontre leurs attentes que pour devenir soi en y répondant.
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Au fond les couples meurent de silence. L'usure du temps n'est qu'un alibi.
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Les adultes évitent toujours de dire ce qu'ils ressentent. Ils croient que si on est amoureux, on doit deviner les besoins de l'autre sans qu'il en parle ! Et que l'amour c'est ça ! Une devinette ! Ce système est assez efficace pour ne pas se comprendre et en vouloir ensuite à l'autre !
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1972 : Apparition des premières incitations fiscales à la fidélité passionnée et au cocufiage. De fait, les tièdes se trouvent désormais plus lourdement taxés…
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D'expérience familiale, je sais donc que pour faire fonctionner un régime scélérat il est indispensable d’obtenir la confiance des gens très bien sous tous rapports. C’est là peut-être ce qu'il y a de plus diabolique : les collabos ne furent pas diaboliques ; à l'exception de quelques éliminationnistes hallucinés. Aussi intolérable que cela puisse sembler aujourd'hui, le personnel de Vichy ruissela d'une guimauve de bons sentiments, très éloignée de la corruption morale que nous leur prêtons pour nous rassurer. Jean (Dujardin) était par exemple, aussi allergique qu’un Xavier Vallat à un Français qui aurait manqué à sa parole ; et capable de tous les sacrifices quand il s’agissait de l'honneur. Le mal, pour faire sa besogne, eut besoin de valeurs élevées, d’honnêteté et d’abnégation. Si l'on désire brûler une synagogue, il suffit de rameuter une poignée de canailles sans foi ni loi ; mais pour pratiquer un antisémitisme d'État, il est impératif de mobiliser des gens très bien, dotés de vertus morales solides. Les détraqués, les sadiques et les pervers professionnels ne sont pas assez nombreux. Ni suffisamment efficaces. L’exceptionnel, dans le crime de masse, suppose le renfort de la normalité. Le pire exigea la mise en place de croyances patriotardes et sacrificielles sincères propres à dissoudre la culpabilité. La criminalité de masse reste par définition le fait d’hommes éminemment moraux. Pour tuer beaucoup et discriminer sans remords, il faut une éthique. (Page 23-25)
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Alexandre Jardin

Né à Neuilly-sur-Seine en ...

1955
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