AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ann Radcliffe (86)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Mystères d'Udolphe

Roman plaisant à lire, l'histoire est assez captivante et on attend sans cesse les dénouements. Radcliff joue sur les atmosphères tantôt très lugubres (Udolpho) tantôt bucoliques (La Vallée dans le Languedoc, la Toscane) tantôt festives et intrigantes (Toulouse,Venise). Un peu déçue cependant de n'avoir pas été bousculée par tous les événements se produisant au château. On m'avait peut-être sur-vendu le côté effrayant de ce roman ?
Commenter  J’apprécie          00
Les Mystères d'Udolphe



Le genre gothique est un moment de la littérature anglaise que l’on fait généralement commencer en 1764 avec Le château d’Otrante d’Horace Walpole et qui continue jusqu’en 1830 environ. Radcliffe est considérée comme la principale représentante de ce genre.

Dans une époque où l’on prenait son temps même dans la littérature, l’intrigue est longue à se mettre en place. Il faut dire qu’il ne s’agit pas d’une simple accumulation de faits angoissants mais d’une vraie histoire.

Émilie Saint Aubert est l’enfant chérie d’un père veuf, qui professe un amour de la nature, source selon lui de vertu contrairement aux relations sociales. Au cours de pérégrinations en compagnie de son père au sein des Pyrénées, elle rencontre un jeune homme qui partage son enthousiasme pour les paysages. Mais lorsque son père décède en la laissant sous la protection de sa sœur Mme Cheron, pourtant peu aimante, elle refuse de l’épouser en secret. Madame Cheron ayant elle-même bientôt épousé le sieur Montoni, Émilie doit se résoudre à les suivre d’abord à Venise puis dans le château d’Udolphe. Dans ce château les couloirs, salles, escaliers semblent sans fin et donnent une impression de labyrinthe qui participe à l’atmosphère angoissante, du moins angoissante pour le public de la fin 18ème. Si on ne frissonne pas vraiment, l’histoire est prenante et l’on espère qu’Émilie, digne jeune fille de son temps qui s’évanouit parfois, finira par trouver l’amour et le bonheur. Il m’est arrivé à de nombreuses reprises, comme je suppose beaucoup d’autres lecteurs, d’avoir envie de la secouer, de lui enjoindre de cesser de tendre l’autre joue. Son attitude est assez difficile à appréhender avec notre état d’esprit actuel, mais est-elle représentative dans sa gentillesse que je qualifierai d’excessive des femmes de son temps ? En fait l’histoire est sensée se passer fin 16ème mais cela n’est pas vraiment sensible, du moins pour moi.

Ainsi que dans des romans dits populaires tels que les Pardaillans, beaucoup de coïncidences semblent légèrement invraisemblantes. Mais si l’on accepte de se laisser emporter par ce récit de voyages, d’héritages, de mauvais traitements, de disparitions et de réapparitions mystérieuses, la présence opportune de tel ou tel personnage au moment adéquat paraitra tout à fait bienvenue.

Comme souvent les bandits sont de nationalité italienne, ce respect des stéréotypes m’a poussée à me demander pourquoi l’histoire se passe en partie en France et non en Angleterre à laquelle pourtant il me semble facile de rattacher l’idée de château hanté.

Il y a dans ce roman une claire critique de la société. La pureté de cœur et de mœurs ne pouvant exister qu’au contact de la nature.



Challenge ABC 2015-2016

Challenge Pavés 2015-2016

Défi 18ème

Commenter  J’apprécie          330
Les Mystères d'Udolphe

"Les mystères du château d'Udolphe" est un roman gothique écrit en 1794 par Ann Radcliffe et traduit en français en 1797 par Victorine de Chastenay.



Pour avoir perdu son père, la jeune héroïne Emilie est brutalement arrachée au paradis terrestre, constitué par la demeure familiale près de Toulouse où s'est épanouie son enfance, et séparée en même temps de l'homme qu'elle aime. Elle est confiée aux "bons soins" de sa tante, femme sèche et frivole qui contracte par orgueil un désastreux mariage qui les met toutes deux à la merci d'un être malfaisant et cruel. Les deux femmes sont isolées dans un château hanté des Appenins accolé à une montagne cernée par le brouillard.



Le style de la traduction est délicieux, dans la pure tradition du 18 ème siècle. Mais les trop nombreux rebondissements ont fini par me lasser. Tant d'aventures et de frénétiques agitations pour évoquer le huis-clos, le chantage et les secrets de famille m'ont paru superflues. J'aurais préféré plus de simplicité et moins de longueurs exprimant le désarroi de la jeune fille, dont on a compris dès le début l'atroce état de dépendance dans laquelle son sexe la plongeait ; Ann Radcliffe l'illustre de toutes les façons possible : naître femme n'était pas un sort enviable.



Ce roman envoûtant par le charme du style est un peu long : il aurait pu être élagué d'un bon tiers sans dommage. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un genre littéraire qui a ses amateurs et que je ne prétends pas remettre en cause.

Commenter  J’apprécie          163
Les Mystères d'Udolphe

Un véritable marathon de la littérature, Les Mystères d’Udolphe réservent des surprises au lecteur. J’ai tout de même eu beaucoup de mal à le finir, et je pense qu’un roman plus concis aurait été bénéfique pour l’intrigue. Mais il est vrai que les descriptions de paysages donnent vraiment de partir en vacances !

J’avais choisi ce livre pour y retrouver du fantastique, malgré les quelques critiques que j’avais déjà lues : beaucoup de pudeur (due à l’époque de la publication) et tout est rationalisé. Quelques éléments restent sans réponse et d’autres sont expliqués très tardivement.
Lien : http://biblio.anassete.org/?..
Commenter  J’apprécie          30
Les Mystères d'Udolphe

Roman gothique mythique, ce livre m'a un peu déçue par la longueur de ses descriptions et une certaine lenteur dans l'action. L'héroïne n'inspire pas toujours une grande empathie et l'intrigue sentimentale est un peu fade. Néanmoins ce livre présente quand même un grand intérêt puisqu'il est quasiment le premier du genre.
Commenter  J’apprécie          40
Les Mystères d'Udolphe

Ceci n'est pas un livre.



Éminent, redoutable et mystérieux ce «non-livre» peut s'apparenter à un tourbillon passionnant et passionné.



Ann Radcliffe arrive avec talent à emporter son lectorat en 1584 pour le faire pénétrer un univers singulier troublant de réalisme. Ici pas de «Famille Adams» ni d'«Edouard et de Bella» (pour reprendre des références «hyper» cultes), juste des frissons, des soupirs, des pensées et des ressentis... Elle démaquille le surnaturel, le met à nu, joue avec afin d'apporter aux lecteurs toutes les subtilités que ce monde angoissant d'invisibilité peut comporter. Enfin, elle le met en scène à travers un amour impossible et triste lequel vient saupoudrer de sa fine et tendre poussière les quelques ruines de la vie de l'héroïne.



Une belle preuve que l'écriture n'a nul besoin d'être surfaite pour provoquer des sentiments et des émotions ou pour créer un univers particulier. Le tout est de bien savoir s'approprier les mots et le sens de ce que l'on veut écrire. Une fois que cela est fait, alors on peut peut-être aboutir à un non-livre comme celui-ci.
Commenter  J’apprécie          400
Les Mystères d'Udolphe

Voici sans aucun doute l'épitomé du roman gothique. C'est en 1794 que sont publiés Les mystères d'Udolphe de la talentueuse Ann Radcliffe. A cette époque, elle n'est pas le premier auteur à se tourner vers des sources d'inspiration médiévale comme l'architecture religieuse, le classicisme, ainsi que le style Renaissance. Au XVIIIe siècle, l'Angleterre est fascinée par les vestiges issus de l'époque médiévale. le mouvement gothique est avant tout une esthétique qui prône la recherche de sensations ténébreuses, inquiétantes voire menaçantes: les châteaux en ruines, les vieux cloîtres, les monastères, les abbayes à l'abandon et les cimetières subjuguent les Anglais pour lesquels ils évoquent des catacombes, des passages secrets et des labyrinthes. le gothique éveille des sentiments tels que la mélancolie (au sens littéral du terme, c'est-à-dire des idées noires), l'anxiété, l'effroi et l'épouvante. Il s'inspire de poètes comme Milton et de son célèbre poème, Paradise Lost, lequel se caractérisait déjà par la noirceur de son thème. le surnaturel et l'onirisme occupent une place non négligeable dans les romans gothiques (les rêves prémonitoires, les maléfices ainsi que les amulettes et autres talismans sont très présents). Les Mystères d'Udophe est un roman qui abrite à lui seul la quintessence de l'esthétique gothique: au début de l'oeuvre, nous découvrons Émilie Saint Aubert, jeune héroïne ingénue et inexpérimentée cheminant aux côtés de son père. Au cours d'un voyage pour gagner le Roussillon, le père d'Émilie meurt, laissant sa fille orpheline. Elle est recueillie par sa tante, Mme Chéron (ce personnage aurait très bien pu servir de modèle à Charlotte Brontë pour concevoir le personnages de Mrs Reed, l'impitoyable tante de la narratrice dans Jane Eyre), femme orgueilleuse et malveillante. Commence alors un long calvaire pour Émilie qui ne se remet pas de la perte de son père, et qui doit céder aux caprices de sa tante qui ne manque jamais une occasion de la rudoyer. Un jour, Mme Chéron fait la connaissance d'un aristocrate italien, le signor Montoni dont elle s'entiche aussitôt, et qu'elle épouse en catimini. Émilie s'alarme de la décision inconsidérée de sa tante; ce mariage n'augure rien de bon à ses yeux. Quelques temps plus tard, Montoni prend la décision d'emmener sa femme ainsi qu'Émilie en Italie, dans son château d'Udolphe, au coeur des Apennins. Vous vous doutez que le récit va prendre une tournure inattendue et captivante; ce qui m'a le plus exalté dans la lecture de cet extraordinaire roman est le fait que le lecteur n'est jamais au bout de ses surprises: l'auteur parvient à créer un suspense et à nous donner des frissons avec un langage très minimaliste au sein duquel la menace est constamment latente, et néanmoins tangible: le château d'Udolphe, niché "le long d'un affreux précipice", est un endroit terrifiant abritant d'innombrables passages secrets, ainsi que des secrets fuligineux, à commencer par un tableau éternellement dissimulé par un voile. Il se caractérise par son architecture unique, de hautes tours pointues et de longs remparts. Lorsqu'on observe les rapports des personnages entre eux (notamment ceux de Montoni et de son épouse), on ne peut s'empêcher de remarquer quelque chose qui rappelle le marquis de Sade. Cependant, à la différence de ce dernier qui prend plaisir à malmener la vertu, Ann Radcliffe la fait triompher: en dépit des malheurs et des sévices qu'elle subit, Émilie trouve la force (virtus signifie force en latin) de faire front face aux pires infamies qui lui sont infligées. Sa peur, très contagieuse, gagne très vite le lecteur qui frémit avec elle. L'auteur ne recourt nullement à des images sanglantes ou à une violence explicite pour nous terrifier: en instaurant une atmosphère menaçante, froide et austère, elle fournit au lecteur ce qu'il recherchait: l'épouvante. On comprend pourquoi Jane Austen mentionne ce roman à plusieurs reprises dans l'excellent Northanger Abbey. Les Mystère d'Udolphe connurent un succès retentissant auprès de toutes les classes sociales en Angleterre (le roman gothique faisait l'unanimité dans l'Angleterre du XVIIIe siècle). La renommée de ce roman ne vieillit pas; il demeure une référence incontournable de la littérature gothique. Jamais une lecture ne m'aura donné tant de sueurs froides.
Commenter  J’apprécie          70
Les Mystères d'Udolphe

Les Mystères d'Udolphe sont un incontournable de l'univers de Jane Austen lorsque l'on a lu Northanger Abbey. Il fallait donc bien que je finisse par me plonger dans ces pages qui ont su faire trembler Catherine Morland, et que je découvre enfin ce que se cache sous le fameux voile noir. Ce fut chose faite grâce à l'aide d'Elodie qui accepta de le lire avec moi et dont vous retrouvez l'avis ci-après.



Emilie est une jeune femme naïve et douce, qui va se retrouver confiée à des gens peu scrupuleux, et en découleront ses nombreuses mésaventures...



C'est un livre agréable et facile à lire. Malgré le peu d'action et plus de 800 pages, j'avoue que je ne me suis pas ennuyée, ce qui n'en finit pas de m'étonner. Emilie est attachante malgré sa grande naïveté et même s'il est indéniable qu'en terme d'héroïne, il y a un avant et un après Jane Austen! En revanche, j'ai beaucoup plus de mal à m'attacher au héros. Le peu de dialogues semble rendre toutes les relations superficielles et ce n'est sûrement pas l'histoire d'amour qui m'aura passionée! Pour ce qui est des frissons, ils ne furent pas nombreux non plus. Le château d'Udolphe ne fait son entrée qu'après 300 pages environ et si l'on tremble un peu de ce que l'horrible Montoni sera capable de faire à Emilie, on ne croit pas vraiment à quoi que se soit de surnaturel, bien que les révélations finales soient fort intéressantes.



En bref: un livre plaisant mais sans plus et un héros et des fantômes qui manquent un peu de panache et de relief. Je le conseille malgré tout car il permet de mieux appréhender toutes les facettes de Northanger Abbey.



L'avis d'Elodie:





Que ferais-je sans Jane Austen ? C’est grâce à son livre Northanger Abbey que j’ai eu connaissance des Mystères d’Udolphe. Ce livre étant un classique et une valeur incontournable de la littérature anglaise, il ne m’en fallait pas plus pour le lire.



Malgré de très longues descriptions tout au long du roman je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. Au début l’héroïne m’exaspérait par ses pleurs et ses lamentations incessants mais l’évolution de son personnage m’a permis de l’apprécier. La relation amoureuse de cette jeune héroïne est superficielle et sans importance au départ mais elle connaît un changement qui m’a amenée à beaucoup estimer son "prétendant".



Ce roman gothique nous fait frissonner à plusieurs reprises et pendant ces passages il m’est impossible de lâcher mon livre mais ce côté n’est pas assez exploité à mon goût. Je conseille vivement cette lecture car malgré ce petit regret c’est un réel plaisir que d’avoir découvert Les Mystères d’Udolphe.


Lien : http://janeausten.hautetfort..
Commenter  J’apprécie          30
Les Mystères d'Udolphe

Je ne sais plus du tout pourquoi j’ai voulu lire ce livre. Je m’étais même inscrite à une lecture commune ( que je n’ai pas honorée dans les délais impartis ) mais impossible de me rappeler ce qui m’avait motivée à le faire. Ce n’est pas une critique trouvée sur la toile, et je vous arrête tout de suite, ce n’est pas non plus à cause du roman de Jane Austen dont je n’avais pas entendu parler jusque-là. Toujours est-il que me voilà avec ce bon gros pavé entre les mains et une légère appréhension car avant de commencer à en tourner les pages, j’ai lu en diagonale 2-3 avis par-ci par-là qui n’étaient pas très encourageants.

Ayant surmonté mes craintes et avalé les quelques 900 pages, je peux maintenant me féliciter de cette lecture venue d’on ne sait où et qui m’a vraiment enthousiasmée.

Tout ce que je savais de l’histoire avant d’entamer ma lecture était qu’il s’agissait d’une jeune fille et d’un château « hanté ». Je n’en attendais donc rien de particulier et je pense que c’est ce qui fait qu’on apprécie le roman ou non à la fin.



Ma première crainte était l’ennui. Nombre de lecteurs ont déploré le manque d’action et la présence de grosses longueurs.

J’avoue … Les 200 premières pages sont très longues et j’ai du m’accrocher. On a l’impression de piétiner, qu’il ne se passe rien, on attend un événement qui ne vient pas. Et pourtant, Ann Radcliffe tisse lentement sa toile, met en place ses personnages, prépare son intrigue. Quelques interrogations sont soulevées et les premiers mystères s’installent tout doucement, trop doucement pour donner un effet de suspense il est vrai. Néanmoins ces 200 premières pages sont nécessaires et indispensables à la suite du récit. Le lecteur mémorise quelques curiosités afin de savoir si l’auteur n’oubliera pas d’y revenir par la suite.

J’avoue… Il y a beaucoup de descriptions. Ce qui fera obligatoirement soupirer d’ennui ceux qui ne supportent pas qu’on puisse s’attarder pendant dix lignes sur la beauté d’un coucher de soleil dardant ses derniers rayons sur des sommets enneigés. Ann Radcliffe appréciait beaucoup la peinture et ses descriptions sont à l’image de cette passion. Pour ma part, je les ai trouvées magnifiques, j’en ai pris plein les yeux. Ann Radcliffe a un style très poétique qui donne un charme fou à ces paysages sauvages qu’elle dépeint si précisément. Il faut souligner que la nature est omniprésente dans le récit ( ce qui est caractéristique du genre gothique), les paysages ont toute leur place et ils sont extrêmement variés. Le lecteur voyage ainsi parmi les versants abrupts des Pyrénées, porte son regard sur la plaine de la Garonne, traverse les Alpes, vogue à bord des gondoles de Venise et s’achemine péniblement à travers les forêts des Apennins vers le triste et lugubre château d’Udolphe. Les descriptions dans ce roman participent donc par leur puissance d’évocation à l’ambiance du récit, forêts sombres et sinistres, gouffres béants et précipices, éclairs illuminant les remparts délabrés d’un vieux château gothique. Pour ma part, je me suis régalée.

Passé les 200 premières ( et longues) pages, Emilie fait son entrée au château d’Udolphe. A partir de cet instant, Les mystères d’Udolphe s’est transformé pour moi en véritable page-turner, je n’arrivais plus à lâcher mon livre, n’allant me coucher le soir que lorsque mes yeux n’en pouvaient plus. Le côté mystérieux prend de l’ampleur, Ann Radcliffe insère plusieurs éléments propres à créer un climat d’angoisse. Habitués des thrillers, serials-killers, romans d’horreur en tout genre, ne vous attendez pas à retrouver vos frayeurs habituelles, on en est très loin ! Notre société actuelle qui ne cache plus rien de l’horreur dont est capable l’être humain a tendance à rendre le lecteur un peu trop blasé et trop exigeant. Il faut bien avoir à l’esprit que Les mystères d’Udolphe a été écrit au XVIII ème siècle et qu’Ann Radcliffe a placé son action au XVI ème siècle, les sensibilités étaient alors fort différentes et on s’émouvait de peu. Néanmoins, ceux qui comme moi, restent bon public et frissonnent rien qu’à l’idée de se retrouver seul en pleine nuit dans une vieille bâtisse, théâtre d’évènements inhabituels, devraient trouver leur bonheur. D’autant plus que le suspense est entretenu tout du long. Quelle est donc cette forme humaine qui se promène la nuit sur les remparts ? Qu’est-ce qui se cache derrière le voile noir et qui fait trembler Emilie d’épouvante ? Qui est réellement celui qui la retient prisonnière et qu’attend-t-il d’elle ? Pourquoi des personnes disparaissent alors qu’elles passaient la nuit dans la chambre de la marquise, chambre condamnée depuis 20 ans ? Les questions s’accumulent et petit à petit les réponses viennent. Ces réponses pourront surprendre voire en décevoir quelques-uns. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup apprécié ces dénouements même si certains peuvent prêter à sourire ( non pas par le ridicule mais par l’humour ) et d’autres peuvent être jugés comme relevant de la facilité. J’ai trouvé que tout était cohérent, tout se tient et s’explique et surtout Ann Radcliffe n’a rien oublié. On obtient la solution à tous les mystères et bien que j’ai pu avoir parfois la puce à l’oreille, elle aura réussi à me berner quelques fois.



La suite sur le blog car j'ai été très inspirée :

http://booksandfruits.over-blog.com/article-les-mysteres-d-udolphe-ann-radcliffe-119463347.html
Lien : http://booksandfruits.over-b..
Commenter  J’apprécie          201
Les Mystères d'Udolphe

"Bonjour les Babélionautes! Avant tout, une bonne année à tous!



-T'es à peine à la bourre. On ne souhaite pas la bonne année fin février!



-Certes, mais je ne vous ai pas oubliés! bref, aujourd'hui, on va parler d'un roman gothique, Les mystères d'Udolphe, d'Ann Radcliffe.



-Alerte divulgâchis: vous allez vous ennuyer.



-Allons, Méchante! Moi, je me suis bien amusée!



-Forcément, t'as des goûts dénaturés!



-(soupir) Or donc la douce et vertueuse Emilie de Saint-Aubert perd ses parents et tombe sous la coupe de sa tante, une femme stupide et vaine. La tante épouse un Italien beau gosse ténébreux et inquiétant, M. Montoni. Ce monsieur les entraîne en Italie, jusque dans son château d'Udolphe!



Emilie parviendra-t-elle à fuir le cruel Montoni et à retrouver l'amour de sa vie, le chevalier Valancourt? D'où vient la musique dehors? La dame du portrait, c'est qui? Et sous le voile noir, c'est quoi? Où est Ludovico? Que de mystères dans ce roman!



Alors, la première chose que j'ai remarquée...



-...c'est sa longueur extrême et démesurée! Presque quinze heures il nous a fallu pour le finir! C'est long, c'est long, c'est beaucoup trop long! 'Faudrait faire comme pour les Chevalers du zodiaque: une version abrégée!



-Oh, moi, ça ne m'a pas déplu... la narration prend son temps, j'y ai vu l'occasion d'entrer en contact avec une autre manière de raconter des histoires...



-Bah si on ne s'y prend plus de cette façon, c'est qu'il y a une raison! Je n'en pouvais plus de ces tableaux sur les beautés de la nature, de la montagne, de Venise!



-Et sinon, ce que j'ai beaucoup aimé, c'est l'aspect roman psychologique...



-Quelle psychologie? Emilie passe son temps à pleurer et à se jeter sur diverses sortes de siège pour s'évanouir ou presque, c'en devient comique!



-Certes, mais si tu regardes bien, le roman est tout entier ou presque tourné vers l'intériorité des personnages! Emilie se réjouit, s'attriste, s'effraie, rêve, médite: j'aime beaucoup le travail accompli sur ses pensées et sentiments. Ils occupent une part considérable dans la narration: c'est cela que je voulais dire par "roman psychologique". Et puis, désolée, mais moi, les "quand je regarde l'horizon je pense à la vie" émeuvent mon petit coeur de midinette romantique du XIXe siècle.



Quant à Emilie elle-même, j'avoue qu'elle est devenue ma copine! J'aime ce personnage faible qui lutte en restant fidèle à lui-même: doux, intègre et inflexible en même temps.



-Pfeuh! Une victime éternelle et dépendante des hommes! Tu parles d'un modèle!



-Non, en effet, pas un modèle, mais...



-Attention, Déidamie! Si tu dis "remets-toi dans le contexte", je casse ton mug préféré, celui avec Chihiro dessus.



-Essaie de voir le texte avec les yeux d'une jeune femme de l'époque! Tu n'as aucun droit ou presque et tu tombes sur ce récit qui alimente cette position de victime dépendante... tu ne peux que te réjouir de trouver des hommes pour te sauver et adoucir ton sort par une jolie entente des coeurs et des sensibilités! Oui, tu peux être soumise aux lois divines et familiales et trouver le bonheur malgré tout.



-Donc en plus d'être niais, le message est puant. Merci Déidamie.



-Euuuh...



-Tu t'attendais pas à celle-là, hein?



-Beeen... non... oui... mais le texte est beau...



-Trop long! Ne lisez pas ce roman, vous risquez de décéder d'ennui!



-Si, lisez-le si vous en avez envie! Mais sachez qu'il est démodé et désuet, un peu comme Le Solitaire ou.. ou mieux, comme les romans que moque si fort Gustave Flaubert dans Madame Bovary. En le lisant, j'ai pensé "C'est donc ça, les messieurs qui pleurent comme des urnes? On y est, là, non?" Et oui, on y est. On touche un peu d'histoire de la littérature avec ce texte."
Commenter  J’apprécie          237
Les Mystères d'Udolphe

Quel plaisir de savoir, quand on a le temps, qu'on va pouvoir savourer les 800 pages d'un roman gothique anglais ! Encore imprégnée du Moine, j'avais envie de me replonger dans de sombres châteaux…







Emilie Saint-Aubert perd sa mère, puis son père. Elle est confiée à Mme Chéron, sa tante paternelle, seule famille qui lui reste. Cette femme aime l'argent et le paraître. Elle se marie avec l'Italien Montoni qui part avec elle et sa nièce dans le château d'Udolphe.



Emilie est amoureuse de Valancourt qu'elle a rencontré au début du roman lors d'un voyage en Languedoc avec son père. Le jeune chevalier est follement épris d'elle aussi. Mme Montoni ne veut pas qu'Emilie l'épouse car cela ne sert pas ses intérêts.



Loin de celui qu'elle aime, Emilie vit la peur au château : peur d'être mariée au comte de Morena, peur d'un tableau couvert d'un voile noir qu'elle soulève par curiosité, peur des bruits et de la musique qui s'élèvent à minuit passé… Retrouvera-t-elle Valancourt ? Pourra-t-elle sortir des griffes du terrible Montoni ?







J'ai élu « pages cultes » les pages 738 et 739 de ce livre (édition Folio). Je vais me forcer à les relire régulièrement. Dans la dernière partie du livre, le comte de Villefort engage Emilie à renoncer à Valancourt qui, d'après certains bruits, aurait versé dans le vice. Je trouve que son discours, bien assimilé, peut être un remède à l'amour. J'en retranscris quelques lignes :



« Ma chère Emilie, votre cœur a reçu un coup violent, vous croyez n'en jamais guérir. Vous cherchez à nourrir cette idée : l'habitude de la tristesse subjuguera la force de votre esprit et vous préparera pour l'avenir d'inutiles regrets. Dissipez votre illusion : éveillez-vous au sentiment de ce danger. (…) Je sais bien ce que vous sentez, mais je sais aussi que le temps affaiblira ce sentiment, à moins que vous ne le nourrissiez par la solitude et l'imagination. Le temps, en ce cas, peut en faire une habitude. »....







Ce que j'ai aimé dans ce live, c'est l'écriture du XVIIIème siècle et ce qui pourrait paraître à d'autres trop larmoyant. Il est vrai qu'Emilie s'évanouit et pleure beaucoup. Les passages de morale m'ont beaucoup plu pour m'en servir et me les appliquer.







En ce qui concerne le surnaturel, en revanche, rien avoir avec Le Moine, car il s'avère que chaque phénomène aura une explication rationnelle…












Lien : http://edencash.forumactif.o..
Commenter  J’apprécie          40
Les Mystères d'Udolphe

Les mystères d’Udolphe est un roman qui m’avait toujours intriguée : je voulais lire cet archétype des romans gothiques avant de découvrir Northanger Abbey de Jane Austen (puisque cette dernière a été fortement inspirée par sa compatriote). Et puis c’était peut-être la promesse d’histoires inquiétantes (voire terrifiantes ?), un genre que je côtoie peu. Et alors ? Est-ce que ça fait peur ?

Non.

Honnêtement ce n’était pas vraiment une surprise : le roman datant du XVIIIe siècle, je me doutais qu’il ferait pâle figure à côté des thrillers et films d’horreur contemporains. Mais le résumé était du style mensonger : « les tortures ne sont pas loin », vraiment ?, « quels sentiments éprouve la jeune fille pour son tuteur et geôlier ? » plus subversif que le roman, je vous préviens.



Pour tout de suite souligner le positif, Ann Radcliffe parvient de temps à autre à insuffler une atmosphère menaçante réussie, dotée d’une certaine ambiguïté. Au cœur des murs épais d’Udolphe, une légère angoisse monte. Entre la chambre à double entrée impossible à fermer d’Émilie, une lente intrusion nocturne à base de discrets bruits de serrures et d’ombres humanoïdes, un château peuplé d’hommes à la figure sauvage, une poursuite lubrique dans les couloirs… on se prend d’inquiétude pour la sécurité d’Émilie. (Certaines explications de texte poussent le vice – c’est le cas de le dire – encore plus loin, voyant des allusions dans des faits qui ne me seraient jamais venues à l’esprit.)

C’est aussi une histoire d’apparitions inexpliquées, de superstitions. Les protagonistes s’interrogent, entre crédulité et logique parfois fragilisée par des événements plus frappants que d’autres. De la musique dans la nuit, des voix surgies de nulle part, des présences silencieuses sur les remparts… la menace peut-être surnaturelle qui pèse sur les lieux peine à me faire frémir, je le reconnais volontiers. Nonobstant cet échec à m’inspirer des doutes et des craintes, ce que j’ai vraiment apprécié, c’est le traitement rationnel que réserve l’autrice à tous ces mystères. (Finalement, elle a également inspiré Scooby Doo !)



En revanche, là où le bât blesse vraiment, c’est le côté « tout ça pour ça » de ce roman de près de neuf cents pages. Outre des deus ex machina de toute beauté, la résolution des mystères n’est pas convaincante pour un sou. Des questions sans réponse apparaissent dès le début du roman et, pendant des centaines et des centaines de pages, ces questions sont rappelées à demi-mot sans ébauche de réponses. Ann Radcliffe, reine du teasing. En neuf cents pages, on a le temps d’imaginer les réponses, de jouer au jeu des énigmes et des indices. Sauf que la réalité m’était totalement inimaginable tant parfois elle était fade et – désolée – nulle. Je ne peux pas en dire davantage sans spoiler, mais je n’ai jamais vu des révélations tombées plus à plat…

De la même façon, une relation quelque peu trouble avec Montoni plane parfois, avec des non-dits, des allusions, des interrogations constantes liées à ses objectifs et ses volontés. Outre le fait que le tout reste très superficiel (bien plus que le résumé ne le laisse entendre), j’ai regretté l’aboutissement de ce pan de l’histoire qui laisse abasourdi tant il est soudain et sans conséquence.



Néanmoins, le roman n’est pas désagréable à lire. La langue est assez jubilatoire et inédite : assez désuète, on se régale des tournures parfois surprenantes. L’omniprésence de la nature m’a totalement séduite et les descriptions de la nature, des Pyrénées, des Apennins ou de la mer sont romantiques à souhait et joliment évocatrices dans leurs aspects les plus beaux ou les plus menaçants. Je me suis prise d’intérêt pour Émilie, livrée aux ambitions et aux manigances de sa famille, pour Annette (même si cette dernière ne sort guère du personnage de la domestique naïve et un peu simplette, j’ai trouvé sa propension à voir les bons côtés de la vie assez agréable et intelligente finalement). J’ai été à maintes reprises outrée face à l’insensibilité, la mauvaise foi, la cupidité, la mesquinerie de sa tante

Je ne vais pas nier que je me suis parfois amusée sans que ce soit volontaire de la part de l’autrice. Les litres de larmes et de pleurs versés par certaines et certains (mais surtout « la triste Émilie ») au fil des pages, conséquence inévitable d’une tristesse, d’une fatigue, d’une joie, d’un beau paysage, bref, d’une émotion quelconque. La disposition de l’époque à tomber en pâmoison laissant douter de leur réactivité face au danger, mais qui est néanmoins contredite par leur appétence pour les promenades nocturne dans des lieux inquiétants (le principe étant de ne pas sortir de sa chambre avant minuit). Enfin, la préface (lue après le roman puisqu’elle divulgâche allègrement comme toute préface qui se respecte…) m’a amusée en m’apprenant que, si Udolphe a stimulé de nombreux auteurs anglais et français, il a également inspiré des parodies comme ce roman de 1799 simplement intitulé La nuit anglaise, ou les Aventures jadis un peu extraordinaires, mais aujourd’hui toutes simples et très-communes, de M. Darnaud, marchand de la rue Saint-Denis, à Paris ; roman comme il y en a trop, traduit de l’arabe en iroquois, de l’iroquois en samoïède, du samoïède en hottentot, du hottentot en lapon, et du lapon en français, par le R. P. Spectroruini, moine indien, 2 vol. in-12 ; se trouve aussi dans les ruines de Palluzi, dans les caveaux de Sainte-Claire, à l’abbaye de Grasville, aux châteaux d’Udolphe, de Lindenberg, etc., en un mot dans tous les endroits où il y a des revenants, des moines, des bandits, des souterrains, et une tour de l’Ouest.



Roman mélancolique rempli d’événements étranges, Les mystères d’Udolphe souffre certes de longueurs, mais c’est sa fin, extrêmement décevante, qui lui cause le plus de mal. Ça reste néanmoins un classique que je ne regrette pas d’avoir lu pour ces descriptions montagneuses et champêtres et son atmosphère sombre.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
Commenter  J’apprécie          40
Les Mystères d'Udolphe

Sans surprise, c'est bel et bien Catherine Morland qui m'a donné envie de lire ce pavé de 900 pages, que j'ai dévoré en 4-5 jours !!!

Ann Radcliffe a tout de suite su m'emporter dans le Sud de la France (que je ne connais absolument pas) grâce à ses magnifiques descriptions. J'ai adoré également comment l'ambiance de Venise a été dépeinte. D'habitude, les descriptions à rallonge m'ennuient (d'ailleurs j'ai commencé à me lasser un peu des paysages italiens quand Emilie est envoyée hors d'Udolphe) mais j'étais littéralement happée par la plume brillante de l'auteure. Le seul reproche que je pourrais faire c'est que je n'arrivais pas à me situer dans le temps. C'est censé se passer à la fin du XVIe siècle mais je ne pouvais m'empêcher d'imaginer des costumes de la période Regency (trop d'Austen ?! ^^).

Quant à l'histoire en elle-même, moi qui suis allergique à toute forme de suspense à cause de mon impatience presque maladive, je n'ai pu la lâcher à tel point que j'ai englouti ce roman en si peu de soirées. Mon imagination était déjà excitée par le fameux voile noir avec "Northanger Abbey" mais je ne pouvais attendre d'apprendre qui est la ténébreuse Laurentina et qui est ce mystérieux jeune homme qui poursuit Emilie avec sa musique. Mais c'est mon côté fleur bleue qui a pris le dessus en espérant sans cesse la réunion de l'héroïne et du charmant Valancourt. En revanche, j'ai trouvé la conclusion un peu hâtive, où la nonne raconte le dénouement des multiples intrigues en si peu de pages alors qu'on a patienté pendant près de 800 pages. Mais cela ne m'empêche pas d'admirer le talent d'Ann Radcliffe qui a écrit un chef d'oeuvre passionnant et palpitant tout en restant dans son petit salon londonien !!!
Commenter  J’apprécie          20
Les Mystères d'Udolphe

voici une des pretresses du gothique, dont ce livre est sans doute, à mon sens son chef d'oeuvre : le suspens est à son comble et l'héroine dont la particularité est de s'évanouir à la moindre occasion s'inscrit réellement dans la tradition du gothisme.

Un bémol : 1000 pages tout de même à avaler, et les 200 premières pages un peu long à se mettre en route : pour qui a peur des pavés, c'est sur que l'appréhension est légitime!
Commenter  J’apprécie          20
Les Mystères d'Udolphe

Roman d'Ann Radcliffe.



1584. Émilie Saint-Aubert a grandi dans le refuge paisible d'un domaine de Gascogne, entourée des soins tendres et affectueux de parents aimants, au sein d'une nature sereine et généreuse. Tous les talents de l'enfant ont été developpés et Émilie présente toutes les grâces physiques et morales d'une jeune fille accomplie mais garde l'âme modeste. Dans les lieux paradisiaques qui entoure La Vallée, le château de son père, Émilie partage ses journées entre l'étude, la pratique du dessin ou de la musique et de longues promenades. Quand la maladie la prive d'abord de sa tendre mère puis de son père, Émilie se voir confiée aux soins abrupts de sa tante, Mme Chéron, femme acariâtre et sans tendresse. Cette dernière épouse un Italien, le signor Montoni dont la sombre réputation le précède et ne fait qu'augmenter à mesure que ses actes révèlent sa nature violente et perverse. "Il aimait le tumulte et la vie orageuse ; il était étranger à la pitié comme à la crainte. Son courage ressemblait à une férocité animale." (p. 481) Montoni entraîne à sa suite épouse et nièce par alliance en Italie, terre de violence où les condottieri sont légions. Dans son lugubre château d'Udolphe, gothique forteresse perdue dans les Apennins, il tient recluses les deux femmes avec pour dessein d'obtenir d'elles toutes sortes de fortunes et d'accords. Le dédale des couloirs et les chambres obscures fournissent à Émilie un nombre infini de terreurs et de craintes. Les portes dérobent de sombres horreurs et tous les recoins semblent abriter des spectres et des secrets sordides. Alors qu'Udolphe est attaqué, Émilie craint pour la vie de son amant, le jeune Valancourt, rencontré lors d'un voyage en Languedoc avec son père. Attachée au seul souvenir de l'élu de son coeur, elle préserve ses forces dans le dessein de le retrouver et de lui offrir et sa fortune et son coeur tout entier.



Ann Radcliffe sert un roman gothique de la meilleure facture. Tout est là pour susciter la terreur et les émois du lecteurs. Une longue mise en situation permet une connaissance intime de la jeune héroïne pour laquelle toute âme charitable ne peut concevoir que la plus grande pitié et frémir de la plus furieuse injustice à la vue des chagrins qui l'accablent. L'accumulation de ses malheurs est infinie, mais par un curieux effet d'accoutumance et de dépendance, la lectrice que je suis en voulait toujours plus, pour voir tout ce que la pauvre Émilie pouvait endurer, en versant comme il se doit des seaux de larmes et en se pâmant tous les sept paragraphes. Si je suis un peu ironique, c'est parce que je suis éberluée par la faiblesse des nerfs de la jeune fille, mais il semble qu'à l'époque il était de bon ton pour une femme de perdre ses esprits à la moindre contrariété ou frayeur... Petite digression: les malheurs d'Émilie m'ont rappelé ceux de la Justine de Sade, les sévices sexuels en moins. Dans les deux textes, les jeunes filles en fleur, parées de toutes les grâces possibles, sont précipitées dans des univers sombres et violents d'où seule la pureté de leur âme peut les tirer.



J'en reviens à la nature du roman gothique. Les personnages de noble nature s'opposent aux vilaines âmes qui n'entendent jamais la voix de la raison ou les plaintes éplorées des suppliantes. Les éléments mystérieux et terrifiants sont légions: voix venues de nulle part, lueurs nocturnes vacillantes, voiles noirs qui couvrent des tableaux horrifiques, ombres spectrales, portes vérouillées ou qui grincent, etc. La description du château d'Udolphe, la "gothique splendeur de son architecture, ses antiques murailles de pierre grise, [qui] en faisaient un objet imposant et sinistre." (p. 312), s'opposent aux charmes naturels et arcadiens de La Vallée, le berceau de l'enfance d'Émilie. Le locus amoenus de Lucrèce est revisité et déplacé en Gascogne. Tout s'oppose à la merveilleuse sérénité de La Vallée dont le nom annonce déjà toutes les beautés et les vertus. À la douceur de La Vallée, nature maîtrisée et domptée par l'homme, s'oppose la sauvagerie de la nature intouchée. Les voyages d'Émilie dans les Pyrénées, les Alpes et les Apennins la confrontent à la beauté féroce de paysages accidentés et inexplorés. Son esprit fragile et enflammé par une imagination féconde la pousse à se voir sans cesse dans les pires dangers et vouée aux périls les plus mortels.



Il se peint en filigrane de ce roman une acerbe critique de la société et des mondanités. La nature telle que la célèbrent Émilie et Blanche est le seul environnement où l'âme peut communier avec le Seigneur. Le vice des sociétés et leurs penchants dénaturés sont morbides pour l'esprit et le corps. Seule une âme forte et pure peut résister aux tentations et se défaire des néfastes habitudes de la ville. Le danger n'est pas que dans les montagnes reculées ou les châteaux isolés, il est tapi dans les relations douteuses qu'entretiennent les gens du monde. Les secrets que dissimule M. Saint-Aubert autour du portrait d'une autre femme et d'un manuscrit répondent au mystère qui entoure la disparition de la signora Laurentini, ancienne propriétaire d'Udolphe. Si l'on finit par comprendre que les deux histoires se rejoignent et que les coupables sont en fait les victimes, la conclusion des deux drames tend à réaffirmer que le monde, la politique et la vie en société ne sont que frivolités et dangers. La seule source de félicité ne peut se trouver que dans la paisible retraite du monde en un lieu protégé et au sein d'une compagnie choisie et limitée.



La musique est omniprésente au fil des pages. Émilie pince plus souvent qu'à son tour les cordes de son luth. De nombreux chants et mélodies mystérieux résonnent dans les bois qu'elle traverse. Le luth se fait la voix du coeur, des sentiments, des souvenirs et de la mélancolie. Le lyrisme est au rendez-vous, la suavité aussi. Tout cela concourt à accentuer l'horreur que véhiculent les éléments du roman gothique.



Comme dans toute structure manichéenne, il faut que les deux parties s'identifient rapidement. Il me semble que, dans ce roman plus que dans tout autre que j'ai lus, les caractères se lisent sur les visages. Les méchants ont la gueule de l'emploi, les gentils tout autant. Si les personnages principaux bénéficient de longues descriptions qui permettent de ne concevoir aucun doute sur leur naturel, les personnages secondaires sont plus rapidement esquissés, mais plus clairement également. Les domestiques ont tous un défaut majeur qui les qualifie mieux que de longs discours: Ludovico est fanfaron mais brave, Bernardin est sournois et donc traître, etc. Le plus bel exemple est pour moi Annette, la chambrière de Mme Chéron puis la suivante d'Émilie. La jeune personne allie à une crédulité sans fond une capacité de bavardage irrépressible. Certes de bonne nature, elle est incapable de tenir un secret : commère accomplie, elle est la gazette de tout ce à quoi Émilie n'assiste pas.



Le roman d'Ann Radcliffe est ce que je peux appeler une somme: près de 900 pages d'émois, de frayeurs et de questions. Tout se dénoue finalement et la morale de l'auteure est des plus pontifiantes. Voltaire l'a dit à peu de choses près avec le jardin de Candide.



J'ai particulièrement goûté ce texte, ses ressorts, ses détours. Il n'y a pas plus de fantastique que de surnaturel et c'est là tout le pouvoir du roman gothique: nous faire crier au loup alors que tout s'explique rationnellement. J'ai même découvert l'existence du feu de Saint-Elme. Je sors ravie de cette lecture qui ne m'a pas essoufflée un instant!
Commenter  J’apprécie          180
Les Mystères d'Udolphe

Alors certes, Les mystères d'Udolphe c'est quand même 868 pages dans un français un peu passé de mode (Ann Radcliff a publié ce texte en 1794), sans compter la préface, les notices et autres bibliographies sélectives, mais très honnêtement, j'ai vraiment pris mon pied, et j'étais heureuse de voir durer ce fantastique récit qui m'a captivée du début à la fin!



Si vous avez aimé Jane Eyre ou encore Orgueil et préjugés, il y a de très fortes chances que vous tombiez sous le charme de ce roman mystérieux et très romantique.

Lorsque Ann Radcliffe publie ce roman, il devient le top du roman frisson, le roman gothique dans la plus pure tradition: une jeune fille pure et douce, de bonne famille, va connaître bien des malheurs après le décès de ses parents. Placée sous la tutelle de sa tante vaniteuse, elle va être arrachée à son amour le chevalier Valancourt, et enfermée dans un château sombre et inquiétant du nouveau mari de sa tante, au milieu de montagnes italiennes.

Dans cette forteresse se trament des évènements très sombres, et le surnaturel n'est jamais loin puisque des esprits semblent hanter les lieux...



De l'action, du mystère, des secrets de famille, des rebondissements, un suspense constant, des passions enflammées, du romantisme, des frissons (même si ce qui pouvait sembler très effrayant à l'époque ne le semble plus tellement maintenant), c'est un vrai feuilleton comme on a du mal à en faire aujourd'hui, et en plus c'est écrit en très bon français pour une fois! On s'attache vite à notre héroïne la jeune Emilie, et on ne peut pas se résoudre à l'abandonner dans ses malheurs avant de l'en voir sortie!



Certes, tout ça peut paraître un peu manichéen, les gentils sont toujours gentils au fond, et les méchants sont toujours vraiment méchants, la bonne morale n'est jamais loin, mais il ne faut pas oublier que ces mots ont été écrits au 18e siècle ou c'était alors l'usage.



Ann Radcliffe a écrit là un chef-d'oeuvre, qui en plus de nous offrir une formidable aventure nous décrit de magnifiques paysages de notre bonne vieille France. Bref...n'ayez pas peur de vous plonger dans ce gros pavé, ça vaut vraiment le coup!



ps: Et c'est en Folio pour une dizaine d'euros, donc un rapport qualité/prix imbattable!
Commenter  J’apprécie          70
Les Mystères d'Udolphe

La lecture de ce roman est assez facile et n’ennuie pas un seul instant. Les nombreuses descriptions des paysages du sud de la France ainsi que de l’Italie, leur beauté et leur mystère accentués par le regard féminin du personnage principal, m’ont beaucoup plu et m’ont donné envie d’emprunter les mêmes chemins forestiers sombres et sinueux que l’héroïne. L’intrigue amoureuse, dépeinte par de brèves et délicates touches au début et à la fin du roman, m’a un peu fait penser à l’univers romantique de Jane Austen. On retrouve par exemple dans le personnage d’Émilie la même pureté, innocence et naïveté que chez Catherine Morland, héroïne du roman Northanger Abbey. Quant aux scènes prenant place dans le sombre et angoissant château d’Udolphe, elles m’ont bien plu également. Tout comme l’héroïne, on ne peut résister à l’envie de parcourir à la nuit tombée les obscurs corridors et tenter de percer le mystère de la demeure. Muni d’une simple bougie, on essaie tant bien que mal de chercher d’où provient cette triste mélodie s’élevant au cœur de la nuit.
Commenter  J’apprécie          40
Les Mystères d'Udolphe

800 pages magnifiques, connues pour leur suspens. Mais il n'y a pas que cela. Retenons surtout ce magnifique personnage d'Emilie, dont on se sent si proche. A lire, absolument !
Commenter  J’apprécie          10
Les Mystères d'Udolphe

J'ai lu ce livre de 900 pages en à peine trois jours, car il est très prenant. Même si j'ai trouvé certaines descriptions longuettes, et l'histoire d'amour absolument sans intérêt, voire même saoulante, l'intrigue m'a énormément plus et m'a tenu éveillé. J'ai eu des moments de frayeurs, j'ai même eu tendance parfois à me laisser transporter par les superstitions et à croire à des fantômes, des esprits maléfiques. Bon l'héroïne vit énormément de malheurs et semble ne pas pouvoir s'en sortir, on aurait un peu dit princesse sarah, tout lui tombe dessus d'un coup, entre la mort de son père, sa vie de soumission chez sa tante, puis ensuite enfermée dans le château, etc etc. On se demande même si elle va finir par s'en sortir. Tout cela est parsemé de découvertes angoissantes et effrayantes (et c'est bien sûr ce qui m'a le plus plu, parce que sans ça je n'aurais pas trouvé un grand intérêt au livre finalement). En tout cas cela m'a donné envie d'essayer d'autres Ann Radcliff, même si disons le je préfère Jane Austen (mais ce n'est pas le même style de roman).
Commenter  J’apprécie          00
Les Mystères d'Udolphe

A faire figurer parmi les chefs d'œuvre de la littérature, l'ai découvert grâce à la lecture de Pauline de DUMAS, que j'avais adoré.

Roman dit "gothique", me donne envie d'explorer l'auteure...



Merci pour ces super moments de lecture.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ann Radcliffe (719)Voir plus

Quiz Voir plus

Rhinocéros de Ionesco

Qui prononce la première réplique de l'oeuvre?

Jean
L'épicière
Bérenger
La serveuse

10 questions
290 lecteurs ont répondu
Thème : Eugène IonescoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}