Citations de Antoine de Saint-Exupéry (3240)
Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde
Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c'est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries.
Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un exemplaire dans les millions et les millions d'étoiles, ça suffit pour qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se dit : "Ma fleur est là quelque part..." Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s'éteignaient !
Ça, c’est impressionnant, l’âge d’un homme ! Ça résume toute sa vie. Elle s’est faite lentement, la maturité qui est sienne. Elle s’est faite contre tant d’obstacles vaincus, contre tant de maladies graves guéries, contre tant de peines calmées, contre tant de désespoirs surmontés, contre tant de risques dont la plupart ont échappé à la conscience. Elle s’est faite à travers tant de désirs, tant d’espérances, tant de regrets, tant d’oublis, tant d’amour. Ça représente une belle cargaison d’expériences et de souvenirs, l’âge d’un homme ! Malgré les pièges, les cahots, les ornières, on a tant bien que mal continué d’avancer, cahin-caha, comme un bon tombereau. Et maintenant, grâce à une convergence obstinée de chances heureuses, on en est là. On a trente-sept ans. Et le bon tombereau, s’il plaît à Dieu, emportera plus loin encore sa cargaison de souvenirs. (p. 18, Chapitre 4).
J'ai vu des batteuse abandonnées. Des faucheuses-lieuses abandonnées. Dans les fossés des routes, des voitures en panne abandonnées. Des villages abandonnés. Telle fontaine d'un village vide laissait couler l'eau. L'eau pure se changeait en mare, elle qui avait tant coûté de soins aux hommes. Tout à coup une absurde image me vient. Celle des horloges en panne. De toutes les horloges en panne. Horloges des églises de village. Horloges de gare. Pendules de cheminée des maisons vides. Et, dans cette devanture d'horloger enfui, cet ossuaire de pendules mortes. La guerre… on ne remonte plus les pendules. On ne ramasse plus les betteraves. On ne répare plus les wagons. Et l'eau, qui était captée pour la soif ou pour le blanchissage des belles dentelles du dimanche des villageoises, se répand en mare devant l'église. Et l'on meurt en été…
204 - [Le Livre de Poche n° 21, p.10-11]
Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente.
Si la vie humaine n'a pas de prix, nous agissons toujours comme si quelque chose dépassait, en valeur, la vie humaine....Mais quoi ?
Je le sauve de la peur. ce n'est pas lui que j'attaquais, c'est, à travers lui, cette résistance qui paralyse les hommes devant l'inconnu. Si je l'écoute, si je le plains, si je prends au sérieux son aventure, il croira revenir d'un pays de mystère, et c'est du mystère seul que l'on a peur. Il faut que les hommes soient descendus dans ce puits sombre, et en remontent, et disent qu'ils n'ont rien rencontré. il faut que cet homme descende au coeur le plus intime de la nuit, dans son épaisseur, et sans même cette petite lampe de mineur, qui n'éclaire que les mains ou l'aile, mais écarte d'une largeur d'épaules l'inconnu.
Je n'ai alors rien su comprendre. J'aurais du la juger sur les actes et non sur les mots.
Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C'est un peu dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné.
Un silence aigu quand, la nuit, on retient son souffle pour entendre. un silence mélancolique, si l'on se souvient de qui l'on aime.
- Et à quoi te sert-il de posséder des étoiles ?
- ça me sert à être riche.
- Et à quoi te sert-il d'être riche ?
- A acheter d'autres étoiles, si quelqu'un en trouve.
"Celui-là, se dit le Petit Prince, il raisonne un peu comme un ivrogne.
— On n’est jamais content là où l’on est », dit l’aiguilleur.
Et gronda le tonnerre d’un troisième rapide illuminé.
« Ils poursuivent les premiers voyageurs ? demanda le petit prince.
— Ils ne poursuivent rien du tout, dit l’aiguilleur. Ils dorment là-dedans, ou bien ils bâillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres.
— Les enfants seuls savent ce qu’ils cherchent, fit le petit prince. Ils perdent du temps pour une poupée de chiffons, et elle devient très importante, et si on la leur enlève, ils pleurent...
— Ils ont de la chance », dit l’aiguilleur.
Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner, reprit le roi. L'autorité repose d'abord sur la raison. Si tu ordonnes à ton peuple d'aller se jeter à la mer, il fera la révolution. J'ai le droit d'exiger l'obéissance parce que mes ordres sont raisonnables.
Une fois pris dans l'événement, les hommes ne s'en effraient plus. Seul l'inconnu épouvante les hommes.
L'essentiel, nous ne savons pas le prévoir. Chacun de nous a connu les joies les plus chaudes là où rien ne les promettait.
Il faut autour de soi, pour exister, des réalités qui durent.
Je suis ravi, enchanté, aux anges et si je vous avais près de moi je serai au troisième ciel. Écrivez-moi bien souvent, vos lettres sont un peu de vous.
C'est véritablement utile parce que c'est joli.
Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais : « Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu’il préfère ? Est-ce qu’il collectionne les papillons ? » Elles vous demandent : « Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ? Combien pèse-t-il ? Combien gagne son père ? » Alors seulement elles croient le connaître.