Citations de Anton Tchekhov (1344)
Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas.
DIADINE : Il est plaisant de voir auprès de soi une beauté corporelle, mais combien plus plaisant de voir une beauté spirituelle.
Acte IV, Scène 3.
Au-dessus de la clôture blanchoyaient gaiement des croix et des monuments, jouant à cache-cache dans la verdure des cerisiers et se transformant en taches blanches à mesure qu’on s’éloignait. Iégorouchka se rappela que, lorsque les cerisiers étaient en fleur, ces taches blanches se mêlaient aux fleurs des cerisiers en une mer de blancheur, et qu’au temps du mûrissage les monuments et les croix étaient semés de points rouge sang.
Sergueï Alekséïtch Dybkine a mal aux dents.
Selon les femmes d'expérience et les dentistes moscovites, il existe trois espèces de maux de dents : les maux de dents dus aux rhumatismes, aux nerfs, à la carie ; mais il vous suffirait de jeter un coup d'oeil à la physionomie de l'infortuné Dybkine pour vous assurer que son mal de dents n'appartient à aucune de ces espèces. Le diable lui-même avec ses diablotins semble installé dans sa dent et y travailler des ongles, des crocs et des cornes. La tête du malheureux éclate, il a une vrille dans l'oreille, ses yeux n'y voient que du vert, son nez est griffé de l'intérieur. Il tient à deux mains sa joue droite, court de long en large et hurle comme un écorché...
Une bande de lumière qui s’était furtivement approchée par-derrière fila par-dessus la calèche et les chevaux, s’élança à la rencontre des autres bandes, et soudain toute la vaste steppe rejeta la pénombre matinale, sourit et brilla de rosée.
Vous êtes encore jeune, vigoureux et j'ai trente-cinq ans ; j'ai le droit de vous donner des conseils. N'épousez ni juives, ni névropathes, ni bas-bleus ; choisissez un être ordinaire, gris, sans couleurs voyantes, sans babillages superflus : bref, organisez votre vie de la façon la plus convenue. Plus le fond sera gris et terne, mieux cela vaudra. Mon cher, ne faites pas tout seul la guerre à la multitude ; ne vous battez pas contre les moulins ; n'essayez pas d'enfoncer les murailles avec votre front [...]. Enfermez-vous dans votre coquille, et faites le petit devoir que Dieu vous a donné... C'est plus confortable, plus honnête et plus sain. Voyez la vie que j'ai menée... comme elle est exténuante ! À un point !... Que d'erreurs, que d'injustices, que d'inepties !
Jugeant des autres d'après lui-même, il se méfiait de ce qu'il voyait et supposait toujours que, sous le voile du secret comme sous celui de la nuit, chacun dissimule sa vraie vie, celle qui présente le plus grand intérêt. Toute existence personnelle repose sur un secret et c'est peut-être en partie pour cela que tout homme de bonne éducation se montre si susceptible lorsqu'il s'agit de faire respecter son secret personnel.
« L’homme est doué de raison et de force créatrice pour augmenter ce qui lui est donné, mais, jusqu’à présent, il n’a pas créé ; il a détruit. Il y a de moins en moins de forêts. Le gibier a disparu. Le climat est gâté, et chaque jour la terre devient de plus en plus pauvre et laide. »
IRINA :
Où ? Où s’est en allé tout cela ? Où ? Oh, mon Dieu, mon Dieu ! J’ai tout oublié, tout ! Tout s’embrouille dans ma tête. Je ne sais même plus
comment on dit « fenêtre », ou « plafond » en italien. J’oublie, j’oublie chaque jour davantage, et la vie passe, elle ne reviendra jamais, et jamais,
jamais nous n’irons à Moscou ! Je vois bien que nous ne partirons pas.
OLGA :
Ma chérie, ma chérie...
IRINA :
Oh ! que je suis malheureuse ! Je ne peux plus travailler, je ne veux plus travailler... Assez, assez ! Après le télégraphe c’est le conseil municipal, et je déteste, je méprise tout ce qu’on me fait faire. J’aurai bientôt vingt-quatre ans, il y a longtemps que je travaille, mon cerveau s’est desséché, j’ai maigri, enlaidi, vieilli, et rien, rien, aucune satisfaction, et le temps passe, et il me semble que je m’éloigne de plus en plus de la vie véritable et belle, que je m’approche d’un abîme...
La nature humaine est imparfaite, il serait donc étrange de ne voir sur terre que des justes. Quant à penser que la littérature a pour devoir de dénicher le "bon grain" au milieu d'un tas de vauriens, c'est nier la littérature elle-même. Si la littérature est considérée comme un art, c'est parce qu'elle dépeint la vie telle qu'elle est effectivement. Sa finalité, c'est l'indéniable, l'intègre vérité.
« Si un jour tu as besoin de ma vie, viens et prends là »
Il faut croire que la haine n'est pas aussi sujette à l'oubli que l'amour.
ZINOTCHKA
KHROUCHTCHOV : On peut couper les bois par nécessité, mais il est grand temps de cesser de les détruire. Toutes les forêts russes craquent sous la hache, des milliards d'arbres périssent, les retraites des bêtes et des oiseaux sont dévastées, les rivières s'ensablent et s'assèchent, de magnifiques paysages disparaissent sans retour.
Acte I, Scène 7.
Il n'est rien que l'histoire ne consacre pas.
Qu'ils étaient heureux, Bouddha, Mahomet, Shakespeare de n'avoir pas de bons parents ni de docteurs pour soigner leurs extases ou leurs inspirations ! dit Kovrine. Si Mahomet avait soigné ses nerfs au bromure, s'il n'avait travaillé que deux heures par jour et s'était mis au régime lacté, cet homme remarquable n'aurait pas laissé plus de traces que son chien. Par les bons soins des docteurs et de braves parents, l'humanité finira par s'abrutir, la médiocrité sera considérée comme le génie, et la civilisation sera perdue. Si seulement vous saviez comme je vous suis reconnaissant ! lança-t-il avec dépit.
Petit on m'a montré si peu de tendresse, qu'aujourd'hui, devenu adulte, je prends les manifestations de tendresse comme quelque chose d'inhabituel.
Anton Tchekhov
IVANOV : Zinaïda Savichna, j'ai une prière à vous faire...
ZINAÏDA SAVICHNA : Que voulez-vous, Nikolaï Alekséïevitch ?
IVANOV : L'échéance de mes billets tombe après-demain ; vous m'obligeriez beaucoup si vous m'accordiez un délai ou me permettiez d'ajouter les intérêts au capital. Je n'ai pour l'instant aucun argent...
ZINAÏDA SAVICHNA : Nikolaï Alekséïevitch, est-ce possible ! Quelle manière est-ce là ? Non, au nom de Dieu, n'y songez pas ! Ne me tourmentez pas, malheureuse que je suis.
IVANOV : Pardon, pardon...
ZINAÏDA SAVICHNA : Oh ! saints du paradis, comme il m'a bouleversée ! Je tremble toute... j'en tremble...
Ce que c'est que la vie... La vie humaine est comme une fleur épanouie dans les champs ; survient un bouc qui la happe — et plus de fleur...
FIODOR IVANOVITCH : La femme ne peut être l'amie d'un homme que dans les conditions suivantes : d'abord, connaissance, ensuite, maîtresse, et, pour finir, amie.
Acte II, Scène 7.
– Tu as dit : "la vérité éternelle" ?... Mais la vérité éternelle est-elle accessible et utile aux hommes, alors qu’il n’existe pas de vie éternelle ?
– Il y a une vie éternelle, affirma le moine.
– Tu crois à l’immortalité des hommes ?...
– Oui, certes ! Un grand, un brillant avenir vous attend, vous autres hommes. Et plus il y aura sur la terre de gens pareils à toi, plus vite se réalisera cet avenir. Sans vous, – serviteurs du premier principe, qui vivez de façon libre et consciente, – l’humanité eût fait fiasco. En se développant de façon naturelle, elle eût longtemps attendu la fin de sa vie terrestre. Mais vous la conduirez, avec une avance de quelques milliers d’années, dans le royaume de l’éternelle vérité. C’est là votre grand mérite. Vous incarnez la bénédiction de Dieu qui repose sur les hommes.
– Et quel est le but de la vie éternelle ? demanda Kovrine.