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Citations de Anton Tchekhov (1344)


Près de notre voiture, accoudé au garde-fou de la plate-forme, un contrôleur debout sur le quai, regardait dans la direction de la jeune beauté et son visage ravagé par l’alcool, flasque, odieusement repu, harassé par les nuits sans sommeil et les cahots des wagons, exprimait l’attendrissement et une profonde tristesse comme s’il eût vu dans la jeune fille sa jeunesse, son bonheur, sa sobriété, sa pureté, sa femme et ses enfants, comme s’il se fût repenti et eût senti de tout son être qu’elle ne lui appartenait pas et qu’avec sa vieillesse prématurée, sa gaucherie et sa figure grasse, il était aussi loin du banal bonheur des hommes, des voyageurs que du ciel.
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Une femme fin de siècle – j’entends une femme jeune et riche, bien entendu - doit être indépendante, intelligente, élégante, cultivée, hardie et un peu dépravée. Dépravée avec mesure, un peu, parce que, convenez-en, la satiété est déjà lassitude.
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Une expérience renouvelée et véritablement amère lui avait appris depuis longtemps que si toute liaison met au début dans la vie une diversité bien agréable et se présente comme une aventure charmante et sans contrainte, elle est appelée à devenir, pour un honnête homme, surtout lorsqu’il s’agit d’un Moscovite, hésitant et indécis, un véritable problème, extraordinairement compliqué et qu’il en résulte au bout du compte une situation pénible. Mais chaque fois qu’il rencontrait une femme séduisante, on eût dit que cette expérience s’effaçait de sa mémoire, il se sentait l’envie de vivre et tout lui paraissait alors très simple et très divertissant.
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-Faites que nous voyions dans notre sommeil comment sera notre mère la Terre dans deux cent mille ans.
-Dans deux cent mille ans, il n'y aura plus rien. C'est facile.
-Eh bien, que l'on nous montre ce rien.
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Trainant, malgré moi, de ville d’eaux en ville d’eaux, je me convainquais sans cesse davantage combien les gens riches et florissants vivent de manière inconfortable et chiche, combien leur imagination est veule et débile, leurs goûts et leurs désirs timorés. Et combien plus heureux sont ces touristes, jeunes et vieux, qui, faute d’argent pour vivre à l’hôtel, se logent n’importe où, jouissent de la vue de la mer du haut des montagnes, couchés dans l’herbe verte, vont à pied, voient de près les bois, les villages, observent les coutumes du pays, entendent ses chansons, s’éprennent de ses femmes …
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P.75 : Et est-ce une famille ? Des nullités ! S’ils mouraient aujourd’hui, demain personne ne s’apercevrait de leur absence.
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P. 43 : N’ayant rien trouvé d’autre que de lâcher un vieux démon à mon adresse, il s’en va boire de la bière et manger dans quelque mauvais restaurant, puis rentrer de coucher.
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Il arrive parfois qu’un rayon de soleil se glisse dans la sombre cellule d’un ermite plongé dans la prière ou qu’un oiseau se pose sur sa fenêtre et se mette à chanter; l’austère ermite sourit malgré lui et du fond de sa poitrine, sous la masse d’afflictions qu’engendrent les péchés du monde, jaillit soudain, comme de sous une pierre, un ruisseau de joie paisible, innocente.
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Micha ne s’imaginait sa future femme que grande, grosse, imposante et dévote, avec une démarche de paonne et immanquablement, un long châle sur les épaules, or Macha était maigre, mince, sanglée dans un corset trotte-menu, mais surtout elle était trop séduisante et, par moments, lui plaisait beaucoup, ce qui à son avis, ne convenait pas au mariage mais uniquement en d’autres circonstances.
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Plus sa beauté passait et repassait devant mes yeux, plus vive devenait ma tristesse. J’avais pitié de moi, d’elle, de l’Ukrainien qui la suivait tristement du regard chaque fois qu’elle courait vers les chariots à travers le nuage de balle. Était-ce envie de sa beauté ou regret qu’elle ne fût pas mienne et ne dût jamais l’être, d’être un étranger pour elle ou bien sentiment confus que sa rare beauté était fortuite, inutile et passagère comme toute chose en ce monde, ou encore peut-être ma tristesse était-elle ce sentiment particulier qu’éveille en l’homme la contemplation de la vraie beauté ? Dieu seul le sait.
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L’appartement n°46 n’avait pas de vestibule, on entrait de plain-pied dans la cuisine. D’ordinaire, dans les logements d’ouvriers et d’artisans, cela sent le vernis, le goudron, le cuir, la fumée selon le métier de l’occupant ; mais ceux des nobles et des fonctionnaires ruinés se reconnaissent à une sorte d’odeur aigre et rance.
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Tu as oublié que si l'on n'agit pas, les convictions, c'est lettre morte. [Maria Vassilievna, à son fils]
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Des pas précipités accompagnés d'un froufrou se firent entendre dans l'atelier. Donc "elle" n'était plus là. Olga avait envie de crier de toutes ses forces, de frapper le peintre à la tête avec un objet pesant et de s'en aller, mais elle n'y voyait plus à travers ses larmes, elle succombait sous le poids de sa propre honte, elle sentait qu'elle n'était plus ni Olga, ni peintre, mais un petit moucheron.
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- Tu es un homme intelligent, un cœur noble, Dymov, lui disait-elle, mais tu as un défaut capital. Tu ne t’intéresses pas du tout à l’art. Tu nies et la musique et la peinture
- Je ne les comprends pas, disait-il humblement. Je me suis occupé toute ma vie de sciences naturelles et de médecine, et je n’ai pas eu le temps de m’intéresser aux arts.
- Mais c’est épouvantable, Dymov !
- Pourquoi donc ? Les gens que tu connais ignorent les sciences naturelles et la médecine, pourtant tu ne le leur reproches pas. Chacun sa partie. Je ne comprends pas les paysages, les opéras, mais je me dis ceci : si des gens intelligents leur consacrent toute leur vie et que d’autres gens intelligents dépensent pour eux des sommes énormes, c’est qu’ils sont nécessaires. Je ne les comprends pas, mais ne pas comprendre n’est pas nier.
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Qui ne sait distinguer un être humain d’un bichon ne doit pas s’occuper de bienfaisance. Je vous assure, entre un homme et un bichon il y a une grande différence !
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Je suis prêt à jurer que Macha était une vraie beauté, mais je ne suis pas à même de le prouver. Il arrive que des nuages s’amoncellent à l’horizon et que le soleil qu’ils cachent les teinte, et avec eux le ciel, de toutes les couleurs de la création : rouge, orange, doré, lilas, vieux rose, l’un ressemble à un moine, un autre à un poisson, le troisième à un Turc en turban. L’incendie a envahi le tiers du ciel, brille sur la croix d’une église et sur les vitres d’un manoir, se reflète dans la rivière et les flaques d’eau, palpite dans les arbres ; loin, bien loin sur le fond du couchant, un vol de canards sauvages gagne à tire-d’aile son havre nocturne… Et le pâtre qui pousse son troupeau, l’arpenteur dont le cabriolet franchit la digue, les maitres en promenade, tous, ils regardent le couchant et tous jusqu’au dernier le trouvent prodigieusement beau, sans que nul ne sache ou puisse dire en quoi consiste sa beauté.
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Bien sûr une femme est une femme et un homme un homme, mais les choses sont-elles aussi simples de notre temps qu'avant le déluge, et moi, qui suis un homme cultivé, dois-je expliquer le vif attrait que j'éprouve pour une femme par la seule différence de forme de son corp et du mien ? Ah, que ce serait affreux ! Je veux penser que, dans sa lutte avec la nature, le génie humain a aussi lutté avec l'amour physique comme avec un ennemi et que s'il ne l'a pas vaincu, il a du moins réussi à le couvrir d'un voile d'illusions de fraternité et d'amour ; et, pour moi du moins, ce n'est pas une simple fonction de mon organisme animal, comme chez le chien ou la grenouille, mais un amour véritable et chacune de mes étreintes est spiritualisée par un élan du cœur et le respect de la femme. Effectivement, le dégoût de 'instinct animal a été cultivé pendant des siècles, pendant des centaines de générations, il m'a été transmis par le sang et est une partie constitutive de mon être, et si je poétise l'amour, n'est-ce pas, de nos jours, aussi naturel et inévitable que le fait d'avoir des oreilles immobiles et de ne pas être couvert de poils ? C'est là, je crois, l'opinion de la majorité des gens cultivés, car, de nos jours, l'absence, en amour, d'un élément moral et poétique est considérée comme une marque d'atavisme ; on dit que c'est un symptôme de dégénérescence, et, en beaucoup de cas, de folie. Il est vrai qu'en poétisant l'amour nous supposons chez l'être aimé des qualités que souvent il ne possède pas, bien sûr, et que c'est pour nous une source d'erreurs et de souffrances constantes. Mais, à mon avis, mieux vaut qu'il en soit ainsi, c'est-à-dire mieux vaut souffrir que se consoler en proclamant qu'une femme est une femme et un homme un homme.
Ariane
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Jugeant des autres d'après lui-même, il se méfiait de ce qu'il voyait et supposait toujours que, sous le voile du secret comme sous celui de la nuit, chacun dissimule sa vraie vie, celle qui présente le plus grand intérêt. Tout existence personnelle repose sur un secret et c'est peut-être en partie pour cela que tout homme de bonne éducation se montre si susceptible lorsqu'il s'agit de faire respecter son secret personnel.
La dame au petit chien
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Cette soif de puissance et de succès personnels, cette perpétuelle orientation de la pensée dans la même direction rendent froid.
Ariane
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Les amis de villégiature ne sont charmants qu'à la campagne et en été, mais en ville, et l'hiver, ils perdent la moitié de leur agrément. Quand on leur offre le thé , à la ville, on a l'impression qu'ils portent des redingotes empruntées et qu'ils remuent trop souvent leur cuillère dans leur thé.
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Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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