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Critiques de Arthur de Gobineau (22)
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Scaramouche

Arthur de Gobineau fait partie de ces auteurs du XIXème siècle qui ne sont pas passés à la postérité, sans doute parce qu'ils n'ont pas publié leurs romans en feuilletons, sans doute également parce qu'ils n'étaient pas dotés du talent de Victor Hugo. Toutefois, la plume est très belle, le rythme impeccable et le sens du comique d'un bon niveau.



Ce roman se découpe en trois chapitres comme autant d'actes d'une farce à l'italienne mettant en scène Matteo - alias Scaramouche -, jeune homme de naissance obscure qui quitte son foyer peu accueillant pour s'en aller par les chemins de sa belle Italie natale. Sa première rencontre avec une troupe de comédiens dell'Arte sera décisive et scellera son destin : il sera acteur et prendra le rôle sémillant de Scaramouche.



De Venise à Naples, en passant par Florence et Rome, dans le faste du XVIIIème siècle et avec la légèreté d'un divertissement de Vivaldi, les aventures de Scaramouche se déroulent derrière les masques des mystérieux dominos, sous les jupes des patriciennes et dans les auberges où les acteurs sans le sou s'embusquent pour échapper à leurs créanciers.



Un roman léger et enlevé, qui surprend jusqu'au dénouement, animé par le verbe vif et plein d'ironie de son auteur méconnu.





Challenge XIXème siècle 2018
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Mademoiselle Irnois

L'histoire se déroule sous l'Empire. Mademoiselle Irnois est la fille d'un très riche bourgeois de Paris. Elle est malade et paralysée et passe son temps à la fenêtre de sa chambre, dans la contemplation d'un jeune ouvrier qui vit dans une mansarde de l'autre côté de la cour de son immeuble. Un beau jour son père reçoit pour elle une demande en mariage inattendue. ● La nouvelle, publiée en 1847, est contée d'un ton allègre avec une ironie constante. On pense parfois au conte philosophique du XVIIIe siècle. Une lecture plaisante.
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La danseuse de Shamakha

Premier des récits publiés dans le recueil des Nouvelles asiatiques, La danseuse de Shamakha est une œuvre plaisante à lire, alliant exotisme et passion, d'un romantisme un peu suranné. En effet, rien de très novateur dans cette histoire tragique d'amour maudit et de résistance à l'ennemi colonisateur (les Russes). On pense à Une vieille maîtresse (le charme indéfinissable de Omm-Djéhane), à Colomba (l'esprit de vengeance qui ne tarit pas), voire à Jacopo Ortis (le patriotisme qui ne trouve pas sa voie), bref, on pense à beaucoup d'autres œuvres déjà écrites auparavant.



Cependant, une touche d'originalité réside en l'alternance d'une ironie mordante dans la première partie de la nouvelle et l'installation du tragique dans la seconde. Une autre consiste dans le regard de Gobineau sur les peuples du Caucase. Bien qu'empreint d'un exotisme un peu exalté, on y trouve aussi une certaine bienveillance, une attention à ce que doivent endurer les peuples qui, partout, dans le monde, sont soumis, voire éradiqués, par les grandes puissances. Bizarrement, on est loin de l'idée qui a principalement été diffusée (à tort ou à raison, je ne le sais pas, n'ayant pas lu son fameux essai) à propos de Gobineau, à savoir celle d'un homme foncièrement raciste.
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Essai sur l'inégalité des races humaines

Un titre pas très heureux et même pas du tout « correct » dans nos sociétés policées au consensus précautionneux, mais cependant quel talent que celui du comte de Gobineau ! Quel talent et surtout quelle ouverture sur le monde, quelle connaissance et quel amour des peuples « différents » du sien ! On oublie un peu facilement que l’extrême-droite d’alors s’était démarquée de ce proche de Tocqueville, voyageur excentrique et aristocrate, un peu trop éloigné de la ligne bleue des Vosges à son goût !

Alors, pas de fausse pudeur : « L’essai sur l’inégalité des races humaines » est un ouvrage à relire et à apprécier, un voyage plein de poésie et de connaissance qui nous entraîne généreusement aux confins et aux origines des peuples et des terres lointaines !

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Essai sur l'inégalité des races humaines

A contrario de certains lecteurs qui écrivent en parlant de l'auteur :"quel amour des peuples « différents » du sien !", je vous laisse faire votre opinion en citant les propos de Gobineau :"Race noire : La variété mélanienne [à pigment de peau foncé] est la plus humble et gît au bas de l’échelle. Le caractère d’animalité empreint dans la forme de son bassin lui impose sa destinée, dès l’instant de la conception. Elle ne sortira jamais du cercle intellectuel le plus restreint. " Texte à lire pour connaitre le fondement de la pensée raciste.
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Scaramouche





Illustre inconnu en ce qui me concerne, Arthur de Gobineau (1816 - 1882) est un romancier à lire, et, surtout à découvrir avec curiosité.



Publié en 1843, le Scaramouche d'Arthur de Gobineau retrace les aventures d'une troupe de théâtre ambulante, spécialisée dans la Commedia dell'arte, à travers l'Italie du XVIIIème siècle.



Si l'on apprécie les romans et autres œuvres littéraires au style suranné et désuet, ce roman est tout à fait pour vous. En effet, la détente, l'humour, le sourire sont au rendez-vous grâce à cette "farce" amoureuse retraçant une galerie de portraits tous aussi "jubilatoire" les uns des autres.



Les mots et autres jeux d'esprits sont parfois un peu gros, les scènes peut-être par moment "grotesques". Mais qu'importe !!!! Le principal est que l'on s'amuse, que l'on respire la joie de vivre en suivant les péripéties et autres mésaventures des divers "acteurs" évoluant au fil des pages.



Sous la plume d'A. de Gobineau, les personnages sont plein de vie, joyeux malgré les aléas de la vie qu'ils peuvent rencontrer. Ils sont également dynamiques, naïfs, parfois "roublard", mais, ils restent malgré tout gentils, sympathiques tout en étant prêts à rendre service aux autres.



En effectuant quelques recherches sur Google, on retrouve la trace d'un autre roman intitulé Scaramouche. Celui-ci fut écrit et publié en 1922 par un romancier anglais nommé Rafael Sabatini (1878 - 1960). Ce Scaramouche serait librement inspiré de la vie du véritable Scaramouche de Forli (1400 - vers 1450). Il s'agit d'un roman de cape et d'épée.



Le film du réalisateur George Sidney (1952) avec Stewart Granger dans le rôle titre est une adaptation du récit de Rafael Sabatini.



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Nouvelles Asiatiques - Gobineau et l'Orient

L'œuvre de Gobineau (1816-1882) est atypique. À la suite de la parution en 1853 de son "Essai sur l'inégalité des races humaines", Arthur-Joseph de Gobineau est considéré par certains comme le fondateur de l'aryanisme, à l'origine de l'idéologie nazie basée sur l'inégalité des "races" et la prétendue supériorité de ce que l'on appelle aujourd'hui l'homme occidental (ou en d'autres termes l'aryen). Pourtant, à la lecture de ses "Nouvelles asiatiques", on se trouve en face d'un observateur intelligent et surtout infiniment respectueux des mœurs et coutumes des peuples du Proche et du Moyen-Orient. Grand voyageur, diplomate en poste à Téhéran où il fut ministre plénipotentiaire, Gobineau a rencontré de nombreuses personnalités politiques et religieuses et étudié les coutumes des peuples musulmans du Proche et du Moyen Orient, dont il parlait couramment les langues. Les "Nouvelles asiatiques" sont donc l'œuvre d'un érudit, qui parle de ce qu'il a vu par lui-même ou appris de nombreux témoignages, mais également d'un conteur hors-pair. Injustement méconnue, étouffée qu'elle a été par l'exploitation à des fins politiques de ses écrits théoriques, l'œuvre romanesque de Gobineau mérite d'être appréciée pour sa vision romantique de l'Orient. On ne s'ennuie guère à la lecture de ces six nouvelles, toutes d'excellente facture, mais j'ai bien ri à la lecture de "La guerre des Turcomans" et ai pleuré à chaudes larmes sur "Les amants de Kandahar".
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Nouvelles Asiatiques - Gobineau et l'Orient

Six longues nouvelles ayant pour cadre et point commun l’Asie. C’est d’ailleurs le seul point commun de ces six textes. Certaines se placent du point de vue d’Européens qui voyagent dans ces contrées, d’autres ont pour seuls personnages les Asiatiques eux-mêmes, l’auteur se met donc dans leur peau. Les territoires parcourus sont aussi très vastes et divers : la partie asiatique de l’empire russe, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan….L’Orient en somme, mais pas l’Extrême Orient. L’islam est présent dans la plupart des textes sous une forme ou une autre.

Les textes sont très divers : des quasi contes, comme des récits presque réalistes et pleins d’ironie. Mais à chaque fois le dépaysement est garanti.



Le point de vue de l’auteur sur les pays qu’il décrit est très original : il se permet l’ironie aussi bien sur les pays asiatiques (la corruption, l’inefficacité…) que sur les pays européen, en opposition. D’une certaine façon, la comparaison des deux fait ressortir des défauts et les qualités de chacun, sans qu’on ait la sensation que l’auteur penche d’un côté plus que d’un autre. Sauf peut être que la magie et le rêve sont plus présents en Asie, c’est le véritable voyage, que peu de voyageurs (et surtout pas les touristes) sont capables de faire. Nous suivons des histoires d’amour passionnées, des rêves de grandeur, des récits drolatiques, le tout avec un humour toujours présent, même s’il n’empêche pas une bienveillance et une sympathie pour les personnages.



Un vrai voyage, dans l’espace et les cultures, tracé d’une plume alerte et élégante. Parfait pour les tristes mois d’hiver sans soleil.

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Les Religions Et Les Philosophies Dans L'As..

Gobineau... Eh oui, eh oui ! Qui ne fut pas du tout le méchant personnage que l'on croit. Bien au contraire. C'est pour cela que je m'applique à en réhabiliter la mémoire, dans la modeste mesure de mes possibilités. (Mais je regrette que Todorov, qui l'a pourtant bien analysé, ne soit pas entièrement de mon avis.)



Cet essai, en particulier, est un peu pédant, très érudit au demeurant, mais il montre comment la Perse a toujours été un pays d'hérésies religieuses, dans une certaine continuité qui va de Zoroastre à Mani... au chi'isme. Je suis ravi d'en voir plusieurs éditions toutes nouvelles.
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Nouvelles du comte de gobineau

Ensemble disparate de nouvelles, la première est le voyage d'un jeune homme fat au Canada, la deuxième est une histoire de rivalité amoureuse mère fille, la troisième est une sombre histoire de vengeance vénitienne, puis on s'envole vers l'orientalisme, très à la mode à l'époque. Les théories de Gobineau sur les races apparaissent très peu. La qualité des nouvelles est plutôt bonne, bien qu'elles soient parfois un peu convenues. Le style est classique.
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La danseuse de Shamakha

Des soldats, le Caucase, une danseuse envoûtante et mystérieuse : cela résume cette nouvelle du comte de Gobineau, faisant partie de la série des Nouvelles asiatiques.

Shamakha est une ville d'Azerbaïdjan.

Gobineau s'est inspiré de ses voyages, et en profite pour glisser une petite critique des pays qui oppriment les autres peuples.



J'ai trouvé l'écriture assez vieillotte, ça a rendu ma lecture fastidieuse. Je me suis ennuyée et avais hâte de terminer la lecture.
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Nouvelles Asiatiques - Gobineau et l'Orient

Ce petit recueil un peu obscur nous plonge dans le temps des colonies à travers le regard d'un auteur on ne peut plus problématique. Arthur de Gobineau est en effet la personnalité du XIXème siècle à déboulonner par excellence puisqu'il a écrit un Essai sur l'inégalité des races humaines dans lequel du beau monde a puisé bien des idées, des nazis aux suprémacistes blancs.



Au final, ce que raconte Gobineau sur les perses, les afghans, les italiens, les russes, les iraniens ou les turcs ne diffère en rien des discours que peuvent tenir les étudiants Erasmus ou les touristes qui vont se dépayser « chez l'habitant ». « Tels gens font ceci comme cela alors que nous, les français, on fait cela comme ceci ». Alors effectivement, et dans les deux cas, les spécificités et les caractères individuels sont plus ou moins niés, mais Arthur de Gobineau, au moins, a travaillé et vécu des années aux côtés des populations qu'il décrit avant qu'elles ne soient complétement acculturées.



L'auteur de l'Essai sur l'inégalité des races humaines transparait surtout quand il parle des « bâtards » ou de ce que Barrès aurait appelé les « déracinés », ces gens qui n'ont pas de culture, pas d'éducation solide, pas de tempérament ou de hautes aspirations sinon leur instinct de survie. Pas de terre, pas d'Ancêtres, lui-même en somme, qui a grandi entre un père absent et une mère volage et qui a déménagé durant toute sa jeunesse.



L'appareil critique de Jean Gaulmier est très qualitatif et donne vraiment une vision large et juste de cette oeuvre : très instruit et passionné, il nous présente l'auteur comme un artiste raté, un homme déçu tant au niveau affectif que professionnel, tant au niveau individuel que politique, d'où son pessimisme et sa misanthropie, d'où son ironie mordante, aussi. Il remet les pendules à l'heure quant à l'Essai sur l'inégalité des races humaines en montrant qu'à l'instar de Jules Michelet, de Lamennais ou de Victor Hugo, Gobineau a voulu délivrer avec ce livre une vision divinatoire et poétique de la destinée humaine, rappelant bien qu'il n'avait là aucune prétention « scientifique » et qu'en somme, ceux qui s'en sont inspirés par la suite y auraient vu ce qu'ils voulaient y voir.

Le but était de montrer que toutes les civilisations, toutes les sociétés humaines sont appelées à s'avilir par le métissage, dans un esprit décadentiste et nostalgique d'une sorte de virginité primordiale des peuples (j'avais lu Décadence fin de siècle de Michel Winock, je ne me souviens plus s'il y parlait d'Arthur de Gobineau mais j'y ai repensé en lisant la préface de Jean Gaulmier). Gobineau n'encense donc pas les occidentaux ou les « Blancs », jugeant à l'inverse leur chute comme plus avancée, plus « entamée » que celles de certains peuples décrits dans ces Nouvelles. D'où les discours parfois franchement anticolonialistes et non-interventionnistes bien sentis.



Jean Gaulmier ne présente pas les Nouvelles asiatiques comme un chef d'oeuvre ni Arthur de Gobineau comme un génie, il en relève les incohérences, les défauts d'écriture et les lacunes, mais reconnaît aussi un art du récit, une capacité à intriguer le lecteur et à l'engager dans ses histoires. Car en effet, pour ce qui est de l'action, ces six nouvelles semblent très réussies. On est happé par ces personnages hauts en couleurs et toutes ces scènes marquantes, cette succession effrénée de lieux et de scènes où Gobineau insert ici-et-là des petits détails saillants, des faits et gestes, témoins de son sens de l'observation et de ses nombreux voyages. Qu'ils soient simplement amusants ou signes de la bêtise humaine, ils laissent transparaître le ton désabusé d'un auteur blasé, doté d'un véritable sens de l'humour mais pas pour autant dénué d'une certaine empathie pour ses semblables.



Ces histoires rocambolesques sont ponctuées de passages romantiques, avec des personnages frappés par des sentiments et des émotions intenses et les exprimant avec emphase. Les personnages féminins, notamment, sont très attachants et touchants.



Pour résumer et comme le rappelle bien Jean Gaulmier à la fin de sa préface, ces nouvelles ont un véritable style oral ; il faut s'imaginer Gobineau nous réciter ses histoires à voix haute, comme des contes, une nuit de camp à côté d'un bon feu, et tout prend d'emblée une autre dimension, une autre saveur.



Il y a donc un côté « doudou » comme on dirait aujourd'hui, Gobineau ayant sans doute réussi à retranscrire ce qu'a représenté l'Orient/l'Asie à ses yeux : un refuge où il a passé les meilleurs moments de sa vie et qu'il regrette alors qu'il écrit ses nouvelles dans une Suède qui lui paraît hostile. Nous aussi, dans notre France du XXIème siècle où tout peut parfois sembler pourri, on peut rêver à ce vieil Orient fantasmé à travers les souvenirs de voyages romancés d'Arthur de Gobineau, dégouté par ses contemporains et ses compatriotes.



Je recommande vivement l'introduction de Jean Gaulmier, je ne sais pas si elle est intégrée dans les éditions plus récentes mais elle est vraiment claire et très instructive en plus d'être bien écrite
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Mademoiselle Irnois

Adélaïde suivi de Mlle Irnois /Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882)

L’année même où il sortit de l’Académie Militaire, Frédéric Rothbanner fut remarqué par la comtesse Élisabeth de Hermannsburg à la sortie d’un théâtre. À vingt deux ans, Frédéric était un garçon charmant, poli, élégant et spirituel et les jardins d’Armide où régnait la comtesse eurent vite fait de séduire le jeune homme malgré les treize années qu’elle avait de plus que lui, trois lustres qui auraient pu effeuiller sa beauté. Mais il n’en était rien et ils devinrent amants quelques temps avant que le mari ne décède.

Pour mettre fin à une irrégularité notoire de leur position, Élisabeth invita quelques temps après Frédéric à l’épouser. La différence d’âge et sa situation pécuniaire semblaient être la cause d’une certaine hésitation de la part du jeune homme qui voyait dans ces raisons des éléments susceptibles d’inviter les gens à la glose. De plus la comtesse était protestante et lui catholique. Élisabeth eut vite fait d’abjurer sa religion et revint à la charge.

C’est alors que la conversation entre les deux contendants se tendit quand la comtesse fit savoir au jeune homme qu’elle n’ignorait pas qu’il avait une liaison avec sa fille, mineure de seize ans, la belle Adélaïde, une taille de reine blonde éblouissante. Adélaïde sans ambages annonça à sa mère que Frédéric allait lui demander sa main. La mère de répondre aussitôt que Frédéric lui appartenait et allait l’épouser. Quant à sa fille elle voulut l’envoyer au couvent.

Frédéric est alors confronté au dilemme quand Élisabeth lui demande ce qu’il décide et il craint le déshonneur. Doucement et habilement la comtesse le convainc lui pardonnant ses écarts. Adélaïde est envoyée chez sa tante et Frédéric épouse Élisabeth.

Élisabeth, subtile stratège, soupçonne Frédéric aux absences prolongées de la tromper encore avec Adélaïde, amazone déchainée, qu’elle rapatrie à la maison. Ayant gagné la première manche en épousant le beau jeune homme, elle vient de perdre la seconde et souhaite reprendre la main en agissant avec douceur et séduction avec Frédéric le pantin qui se voit l’objet d’attentions passionnées et de déclaration brûlantes de la part du petit monstre qu’est Adélaïde. Frédéric cherche à fuir l’enchanteresse, mais l’espace domestique n’est pas extensible à l’infini ! Il pourrait prévenir la comtesse mais ne le fait pas et finit par être passionnément épris de l’ange des ténèbres.

Une conversation tendue entre la mère, qui n’est pas aveugle et qui de guerre lasse est prête à abandonner son époux amant, et la fille a pour conséquence de laisser la main à Adélaïde, mais Frédéric curieusement lui conseille alors de chercher un mari. Les séducteurs qui courtisent la jeune fille ne manquent pas pour rendre jaloux Frédéric. Un jeu cruel s’instaure entre Adélaïde et Rothbanner pendant qu’Élisabeth ne cesse de les chercher durant la journée pour les retrouver au diner tranquilles comme si de rien n’était. Séparation et raccommodements se succèdent entre les deux amants sans que Mme Rothbanner ne se décourage. Jusqu’au jour où les deux femmes n’en pouvant plus de s’épier, se rendent compte qu’elle éprouve le même mépris à l’encontre de Frédéric, qui assez lâchement est prêt à capituler face aux deux femelles. Qui à la fin aura la partie belle ? Une curieuse nouvelle qui voit le triomphe du lâche qui parvient à conserver deux femmes au risque du mépris, et dont la seule force est sa faiblesse. Mais pour combien de temps ?

La seconde nouvelle se déroule sous l’Empire. M. Pierre André Irnois est riche, très riche. Spéculateur avisé, il a fait de bonnes affaires, difficilement au début puis dans des conditions obscures ensuite. Il vit dans une opulence bourgeoise et décide prendre femme, une demoiselle Maigrelut, fille d’un spéculateur comme lui. La demoiselle Maigrelut a deux sœurs qui souhaitant rester vielles filles font alors partie de la maisonnée et deviennent les compagnes de la solitude de M. Irnois qui n’a pas d’amis et n’en veut pas.

Une enfant nait dans la famille et Emmelina est son prénom. Elle est adorée de la famille mais elle est handicapée physique, naine et légèrement bossue. Adorée et servie par la bonne Jeanne, Emmelina, pauvre créature, vient à avoir dix sept ans. Habituellement silencieuse, sans esprit et maladive, elle semble depuis peu avoir les joues plus roses et sa tristesse a pris un nouveau ton lorsqu’elle regarde, assise dans son fauteuil, vers la mansarde du cinquième d’en face.

La fortune de M. Irnois fait des envieux et un certain comte Cabarot a entendu parler d’un richard appelé Irnois qui a une fille non mariée. Il ne sait rien sur elle mais par contre il soupçonne la dot d’être assez conséquente. Il s’est juste enquis de savoir si d’autres céladons seraient sur les rangs. Cabarot par personne interposée annonce sa visite à la famille en précisant son but. M. Irnois et fou de rage, il veut garder sa fille adorée. Arrivant dans son plus beau carrick, le comte Cabarot fait son numéro de séduction avant même d’avoir aperçu Emmelina. Deux surprises attendent la famille réunie et le comte Cabarot : la réaction d’Emmelina en voyant le comte et celle du comte en voyant Emmelina. Je n‘en dis pas plus…

Une nouvelle qui montre que c’est la force de l’amour qui peut faire entrer dans la condition humaine. Emmelina, pauvre extatique vivant en recluse, infirme ignorante des noces qu’on lui prépare, finira pour un amour étrange et ignoré par quitter ce monde.

Dans ces deux nouvelles admirables, le style ironique, plaisant et travaillé de Gobineau est teinté d’un humour constant même dans les situations qui pourraient tourner au mélodrame. De deux manières différentes, l’auteur illustre sa conception de l’amour, cette « maladie terrible » que les Grecs qualifiaient de sacrée, divine et incompréhensible.

Longtemps connu et mal connu pour son seul Essai sur l’inégalité des races humaines, Gobineau est un des romanciers les plus singuliers du XIXe siècle.

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Nouvelles Asiatiques - Gobineau et l'Orient

Depuis son fameux Essai sur l'inégalité des races humaines, Gobineau est attaché à la renommée infamante de "père du racisme". Destin des plus injustes, outrage dont on pourrait croire que seule une postérité non-lectrice et chargée de préjugés (et de peu de capacité de mise en contexte sémantique du titre du fameux Essai) eût su l'affubler... Mais non! Déjà de son vivant, cet "orientaliste" (autre terme à remettre en contexte sans connotations péjoratives) grand voyageur, fin connaisseur d'une demie-douzaine de langues orientales, "connaissant à la perfection les paysages, les êtres et les moeurs dont il parle" dut subir de telles calomnies; et s'en défendit.

Car quelle était sa thèse si controversée, au fond? Que les civilisations ou ethnies (ça se disait "race" à son époque, et la connotation que l'on connaît ne remonte qu'à après le fascisme) sont diverses ("inégales", encore sans les connotations de jugement de valeur qui furent encore un fruit malheureux du colonialisme) et non comparables entre elles: en particulier non comparables en termes d'une ligne droite unique où les uns seraient plus arriérés et les autres plus avancés, dans un destin évolutif unique et positiviste (le mythe du progrès du XIXe siècle). Aujourd'hui, en anthropologie, cela est monnaie courante, même si Lévi-Strass a dû se battre contre ceux qui encore croyaient pouvoir comparer les Aborigènes avec des Européens de l'Age du Bronze... (Si j'évoque Lévi-Strauss, ce n'est pas un hasard, car c'est bien lui qui, dans Race et Histoire, autre essai qu'il faut lire avant de ou au lieu de polémiquer !, prend les défenses de Gobineau en termes de sa modernité!)

Mais du vivant de Gobineau, l'idéologie consensuelle était au contraire cet "universalisme" (noter cette étymologie criminelle: "un sens unique"...!), ce positivisme, ce sentiment paternaliste de l'Homme Blanc; et de là au "fardeau civilisateur", bien sûr, le pas était court... et dramatiquement réel - cf. les décennies de guerres de l'empire victorien en Afghanistan et d'autres exactions de l'empire tzariste en Asie centrale, notamment au Caucase et en Bactriane! -.

Venons-en à ces Nouvelles, donc. Issues du livre plus scientifique Trois ans en Asie, ce sont six nouvelles qui ont pour cadre le pays des Tcherkesses (Caucase) et surtout l'Afghanistan. Elles sont pleines de finesse, d'érudition, d'humour, et surtout d'une empathie psychologique qui rend totalement incroyable l'accusation de racisme. Car, contrairement à ceux qu'il appelle "les moralistes", Gobineau "amant de l'imprévu" et "avide d'émotions", est authentiquement respectueux, voire admiratif des "races" qu'il décrit...! Encore une leçon sur le fait qu'il ne faut être identique (ni même vouloir rapprocher l'autre de soi) pour être aimant...

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Mademoiselle Irnois - Adélaïde

Adélaïde suivi de Mlle Irnois /Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882)

L’année même où il sortit de l’Académie Militaire, Frédéric Rothbanner fut remarqué par la comtesse Élisabeth de Hermannsburg à la sortie d’un théâtre. À vingt deux ans, Frédéric était un garçon charmant, poli, élégant et spirituel et les jardins d’Armide où régnait la comtesse eurent vite fait de séduire le jeune homme malgré les treize années qu’elle avait de plus que lui, trois lustres qui auraient pu effeuiller sa beauté. Mais il n’en était rien et ils devinrent amants quelques temps avant que le mari ne décède.

Pour mettre fin à une irrégularité notoire de leur position, Élisabeth invita quelques temps après Frédéric à l’épouser. La différence d’âge et sa situation pécuniaire semblaient être la cause d’une certaine hésitation de la part du jeune homme qui voyait dans ces raisons des éléments susceptibles d’inviter les gens à la glose. De plus la comtesse était protestante et lui catholique. Élisabeth eut vite fait d’abjurer sa religion et revint à la charge.

C’est alors que la conversation entre les deux contendants se tendit quand la comtesse fit savoir au jeune homme qu’elle n’ignorait pas qu’il avait une liaison avec sa fille, mineure de seize ans, la belle Adélaïde, une taille de reine blonde éblouissante. Adélaïde sans ambages annonça à sa mère que Frédéric allait lui demander sa main. La mère de répondre aussitôt que Frédéric lui appartenait et allait l’épouser. Quant à sa fille elle voulut l’envoyer au couvent.

Frédéric est alors confronté au dilemme quand Élisabeth lui demande ce qu’il décide et il craint le déshonneur. Doucement et habilement la comtesse le convainc lui pardonnant ses écarts. Adélaïde est envoyée chez sa tante et Frédéric épouse Élisabeth.

Élisabeth, subtile stratège, soupçonne Frédéric aux absences prolongées de la tromper encore avec Adélaïde, amazone déchainée, qu’elle rapatrie à la maison. Ayant gagné la première manche en épousant le beau jeune homme, elle vient de perdre la seconde et souhaite reprendre la main en agissant avec douceur et séduction avec Frédéric le pantin qui se voit l’objet d’attentions passionnées et de déclaration brûlantes de la part du petit monstre qu’est Adélaïde. Frédéric cherche à fuir l’enchanteresse, mais l’espace domestique n’est pas extensible à l’infini ! Il pourrait prévenir la comtesse mais ne le fait pas et finit par être passionnément épris de l’ange des ténèbres.

Une conversation tendue entre la mère, qui n’est pas aveugle et qui de guerre lasse est prête à abandonner son époux amant, et la fille a pour conséquence de laisser la main à Adélaïde, mais Frédéric curieusement lui conseille alors de chercher un mari. Les séducteurs qui courtisent la jeune fille ne manquent pas pour rendre jaloux Frédéric. Un jeu cruel s’instaure entre Adélaïde et Rothbanner pendant qu’Élisabeth ne cesse de les chercher durant la journée pour les retrouver au diner tranquilles comme si de rien n’était. Séparation et raccommodements se succèdent entre les deux amants sans que Mme Rothbanner ne se décourage. Jusqu’au jour où les deux femmes n’en pouvant plus de s’épier, se rendent compte qu’elle éprouve le même mépris à l’encontre de Frédéric, qui assez lâchement est prêt à capituler face aux deux femelles. Qui à la fin aura la partie belle ? Une curieuse nouvelle qui voit le triomphe du lâche qui parvient à conserver deux femmes au risque du mépris, et dont la seule force est sa faiblesse. Mais pour combien de temps ?

La seconde nouvelle se déroule sous l’Empire. M. Pierre André Irnois est riche, très riche. Spéculateur avisé, il a fait de bonnes affaires, difficilement au début puis dans des conditions obscures ensuite. Il vit dans une opulence bourgeoise et décide prendre femme, une demoiselle Maigrelut, fille d’un spéculateur comme lui. La demoiselle Maigrelut a deux sœurs qui souhaitant rester vielles filles font alors partie de la maisonnée et deviennent les compagnes de la solitude de M. Irnois qui n’a pas d’amis et n’en veut pas.

Une enfant nait dans la famille et Emmelina est son prénom. Elle est adorée de la famille mais elle est handicapée physique, naine et légèrement bossue. Adorée et servie par la bonne Jeanne, Emmelina, pauvre créature, vient à avoir dix sept ans. Habituellement silencieuse, sans esprit et maladive, elle semble depuis peu avoir les joues plus roses et sa tristesse a pris un nouveau ton lorsqu’elle regarde, assise dans son fauteuil, vers la mansarde du cinquième d’en face.

La fortune de M. Irnois fait des envieux et un certain comte Cabarot a entendu parler d’un richard appelé Irnois qui a une fille non mariée. Il ne sait rien sur elle mais par contre il soupçonne la dot d’être assez conséquente. Il s’est juste enquis de savoir si d’autres céladons seraient sur les rangs. Cabarot par personne interposée annonce sa visite à la famille en précisant son but. M. Irnois et fou de rage, il veut garder sa fille adorée. Arrivant dans son plus beau carrick, le comte Cabarot fait son numéro de séduction avant même d’avoir aperçu Emmelina. Deux surprises attendent la famille réunie et le comte Cabarot : la réaction d’Emmelina en voyant le comte et celle du comte en voyant Emmelina. Je n‘en dis pas plus…

Une nouvelle qui montre que c’est la force de l’amour qui peut faire entrer dans la condition humaine. Emmelina, pauvre extatique vivant en recluse, infirme ignorante des noces qu’on lui prépare, finira pour un amour étrange et ignoré par quitter ce monde.

Dans ces deux nouvelles admirables, le style ironique, plaisant et travaillé de Gobineau est teinté d’un humour constant même dans les situations qui pourraient tourner au mélodrame. De deux manières différentes, l’auteur illustre sa conception de l’amour, cette « maladie terrible » que les Grecs qualifiaient de sacrée, divine et incompréhensible.

Longtemps connu et mal connu pour son seul Essai sur l’inégalité des races humaines, Gobineau est un des romanciers les plus singuliers du XIXe siècle.

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Mademoiselle Irnois - Adélaïde

Adélaïde suivi de Mlle Irnois /Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882)

L’année même où il sortit de l’Académie Militaire, Frédéric Rothbanner fut remarqué par la comtesse Élisabeth de Hermannsburg à la sortie d’un théâtre. À vingt deux ans, Frédéric était un garçon charmant, poli, élégant et spirituel et les jardins d’Armide où régnait la comtesse eurent vite fait de séduire le jeune homme malgré les treize années qu’elle avait de plus que lui, trois lustres qui auraient pu effeuiller sa beauté. Mais il n’en était rien et ils devinrent amants quelques temps avant que le mari ne décède.

Pour mettre fin à une irrégularité notoire de leur position, Élisabeth invita quelques temps après Frédéric à l’épouser. La différence d’âge et sa situation pécuniaire semblaient être la cause d’une certaine hésitation de la part du jeune homme qui voyait dans ces raisons des éléments susceptibles d’inviter les gens à la glose. De plus la comtesse était protestante et lui catholique. Élisabeth eut vite fait d’abjurer sa religion et revint à la charge.

C’est alors que la conversation entre les deux contendants se tendit quand la comtesse fit savoir au jeune homme qu’elle n’ignorait pas qu’il avait une liaison avec sa fille, mineure de seize ans, la belle Adélaïde, une taille de reine blonde éblouissante. Adélaïde sans ambages annonça à sa mère que Frédéric allait lui demander sa main. La mère de répondre aussitôt que Frédéric lui appartenait et allait l’épouser. Quant à sa fille elle voulut l’envoyer au couvent.

Frédéric est alors confronté au dilemme quand Élisabeth lui demande ce qu’il décide et il craint le déshonneur. Doucement et habilement la comtesse le convainc lui pardonnant ses écarts. Adélaïde est envoyée chez sa tante et Frédéric épouse Élisabeth.

Élisabeth, subtile stratège, soupçonne Frédéric aux absences prolongées de la tromper encore avec Adélaïde, amazone déchainée, qu’elle rapatrie à la maison. Ayant gagné la première manche en épousant le beau jeune homme, elle vient de perdre la seconde et souhaite reprendre la main en agissant avec douceur et séduction avec Frédéric le pantin qui se voit l’objet d’attentions passionnées et de déclaration brûlantes de la part du petit monstre qu’est Adélaïde. Frédéric cherche à fuir l’enchanteresse, mais l’espace domestique n’est pas extensible à l’infini ! Il pourrait prévenir la comtesse mais ne le fait pas et finit par être passionnément épris de l’ange des ténèbres.

Une conversation tendue entre la mère, qui n’est pas aveugle et qui de guerre lasse est prête à abandonner son époux amant, et la fille a pour conséquence de laisser la main à Adélaïde, mais Frédéric curieusement lui conseille alors de chercher un mari. Les séducteurs qui courtisent la jeune fille ne manquent pas pour rendre jaloux Frédéric. Un jeu cruel s’instaure entre Adélaïde et Rothbanner pendant qu’Élisabeth ne cesse de les chercher durant la journée pour les retrouver au diner tranquilles comme si de rien n’était. Séparation et raccommodements se succèdent entre les deux amants sans que Mme Rothbanner ne se décourage. Jusqu’au jour où les deux femmes n’en pouvant plus de s’épier, se rendent compte qu’elle éprouve le même mépris à l’encontre de Frédéric, qui assez lâchement est prêt à capituler face aux deux femelles. Qui à la fin aura la partie belle ? Une curieuse nouvelle qui voit le triomphe du lâche qui parvient à conserver deux femmes au risque du mépris, et dont la seule force est sa faiblesse. Mais pour combien de temps ?

La seconde nouvelle se déroule sous l’Empire. M. Pierre André Irnois est riche, très riche. Spéculateur avisé, il a fait de bonnes affaires, difficilement au début puis dans des conditions obscures ensuite. Il vit dans une opulence bourgeoise et décide prendre femme, une demoiselle Maigrelut, fille d’un spéculateur comme lui. La demoiselle Maigrelut a deux sœurs qui souhaitant rester vielles filles font alors partie de la maisonnée et deviennent les compagnes de la solitude de M. Irnois qui n’a pas d’amis et n’en veut pas.

Une enfant nait dans la famille et Emmelina est son prénom. Elle est adorée de la famille mais elle est handicapée physique, naine et légèrement bossue. Adorée et servie par la bonne Jeanne, Emmelina, pauvre créature, vient à avoir dix sept ans. Habituellement silencieuse, sans esprit et maladive, elle semble depuis peu avoir les joues plus roses et sa tristesse a pris un nouveau ton lorsqu’elle regarde, assise dans son fauteuil, vers la mansarde du cinquième d’en face.

La fortune de M. Irnois fait des envieux et un certain comte Cabarot a entendu parler d’un richard appelé Irnois qui a une fille non mariée. Il ne sait rien sur elle mais par contre il soupçonne la dot d’être assez conséquente. Il s’est juste enquis de savoir si d’autres céladons seraient sur les rangs. Cabarot par personne interposée annonce sa visite à la famille en précisant son but. M. Irnois et fou de rage, il veut garder sa fille adorée. Arrivant dans son plus beau carrick, le comte Cabarot fait son numéro de séduction avant même d’avoir aperçu Emmelina. Deux surprises attendent la famille réunie et le comte Cabarot : la réaction d’Emmelina en voyant le comte et celle du comte en voyant Emmelina. Je n‘en dis pas plus…

Une nouvelle qui montre que c’est la force de l’amour qui peut faire entrer dans la condition humaine. Emmelina, pauvre extatique vivant en recluse, infirme ignorante des noces qu’on lui prépare, finira pour un amour étrange et ignoré par quitter ce monde.

Dans ces deux nouvelles admirables, le style ironique, plaisant et travaillé de Gobineau est teinté d’un humour constant même dans les situations qui pourraient tourner au mélodrame. De deux manières différentes, l’auteur illustre sa conception de l’amour, cette « maladie terrible » que les Grecs qualifiaient de sacrée, divine et incompréhensible.

Longtemps connu et mal connu pour son seul Essai sur l’inégalité des races humaines, Gobineau est un des romanciers les plus singuliers du XIXe siècle.

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Adelaïde

Adélaïde suivi de Mlle Irnois /Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882)

L’année même où il sortit de l’Académie Militaire, Frédéric Rothbanner fut remarqué par la comtesse Élisabeth de Hermannsburg à la sortie d’un théâtre. À vingt deux ans, Frédéric était un garçon charmant, poli, élégant et spirituel et les jardins d’Armide où régnait la comtesse eurent vite fait de séduire le jeune homme malgré les treize années qu’elle avait de plus que lui, trois lustres qui auraient pu effeuiller sa beauté. Mais il n’en était rien et ils devinrent amants quelques temps avant que le mari ne décède.

Pour mettre fin à une irrégularité notoire de leur position, Élisabeth invita quelques temps après Frédéric à l’épouser. La différence d’âge et sa situation pécuniaire semblaient être la cause d’une certaine hésitation de la part du jeune homme qui voyait dans ces raisons des éléments susceptibles d’inviter les gens à la glose. De plus la comtesse était protestante et lui catholique. Élisabeth eut vite fait d’abjurer sa religion et revint à la charge.

C’est alors que la conversation entre les deux contendants se tendit quand la comtesse fit savoir au jeune homme qu’elle n’ignorait pas qu’il avait une liaison avec sa fille, mineure de seize ans, la belle Adélaïde, une taille de reine blonde éblouissante. Adélaïde sans ambages annonça à sa mère que Frédéric allait lui demander sa main. La mère de répondre aussitôt que Frédéric lui appartenait et allait l’épouser. Quant à sa fille elle voulut l’envoyer au couvent.

Frédéric est alors confronté au dilemme quand Élisabeth lui demande ce qu’il décide et il craint le déshonneur. Doucement et habilement la comtesse le convainc lui pardonnant ses écarts. Adélaïde est envoyée chez sa tante et Frédéric épouse Élisabeth.

Élisabeth, subtile stratège, soupçonne Frédéric aux absences prolongées de la tromper encore avec Adélaïde, amazone déchainée, qu’elle rapatrie à la maison. Ayant gagné la première manche en épousant le beau jeune homme, elle vient de perdre la seconde et souhaite reprendre la main en agissant avec douceur et séduction avec Frédéric le pantin qui se voit l’objet d’attentions passionnées et de déclaration brûlantes de la part du petit monstre qu’est Adélaïde. Frédéric cherche à fuir l’enchanteresse, mais l’espace domestique n’est pas extensible à l’infini ! Il pourrait prévenir la comtesse mais ne le fait pas et finit par être passionnément épris de l’ange des ténèbres.

Une conversation tendue entre la mère, qui n’est pas aveugle et qui de guerre lasse est prête à abandonner son époux amant, et la fille a pour conséquence de laisser la main à Adélaïde, mais Frédéric curieusement lui conseille alors de chercher un mari. Les séducteurs qui courtisent la jeune fille ne manquent pas pour rendre jaloux Frédéric. Un jeu cruel s’instaure entre Adélaïde et Rothbanner pendant qu’Élisabeth ne cesse de les chercher durant la journée pour les retrouver au diner tranquilles comme si de rien n’était. Séparation et raccommodements se succèdent entre les deux amants sans que Mme Rothbanner ne se décourage. Jusqu’au jour où les deux femmes n’en pouvant plus de s’épier, se rendent compte qu’elle éprouve le même mépris à l’encontre de Frédéric, qui assez lâchement est prêt à capituler face aux deux femelles. Qui à la fin aura la partie belle ? Une curieuse nouvelle qui voit le triomphe du lâche qui parvient à conserver deux femmes au risque du mépris, et dont la seule force est sa faiblesse. Mais pour combien de temps ?

La seconde nouvelle se déroule sous l’Empire. M. Pierre André Irnois est riche, très riche. Spéculateur avisé, il a fait de bonnes affaires, difficilement au début puis dans des conditions obscures ensuite. Il vit dans une opulence bourgeoise et décide prendre femme, une demoiselle Maigrelut, fille d’un spéculateur comme lui. La demoiselle Maigrelut a deux sœurs qui souhaitant rester vielles filles font alors partie de la maisonnée et deviennent les compagnes de la solitude de M. Irnois qui n’a pas d’amis et n’en veut pas.

Une enfant nait dans la famille et Emmelina est son prénom. Elle est adorée de la famille mais elle est handicapée physique, naine et légèrement bossue. Adorée et servie par la bonne Jeanne, Emmelina, pauvre créature, vient à avoir dix sept ans. Habituellement silencieuse, sans esprit et maladive, elle semble depuis peu avoir les joues plus roses et sa tristesse a pris un nouveau ton lorsqu’elle regarde, assise dans son fauteuil, vers la mansarde du cinquième d’en face.

La fortune de M. Irnois fait des envieux et un certain comte Cabarot a entendu parler d’un richard appelé Irnois qui a une fille non mariée. Il ne sait rien sur elle mais par contre il soupçonne la dot d’être assez conséquente. Il s’est juste enquis de savoir si d’autres céladons seraient sur les rangs. Cabarot par personne interposée annonce sa visite à la famille en précisant son but. M. Irnois et fou de rage, il veut garder sa fille adorée. Arrivant dans son plus beau carrick, le comte Cabarot fait son numéro de séduction avant même d’avoir aperçu Emmelina. Deux surprises attendent la famille réunie et le comte Cabarot : la réaction d’Emmelina en voyant le comte et celle du comte en voyant Emmelina. Je n‘en dis pas plus…

Une nouvelle qui montre que c’est la force de l’amour qui peut faire entrer dans la condition humaine. Emmelina, pauvre extatique vivant en recluse, infirme ignorante des noces qu’on lui prépare, finira pour un amour étrange et ignoré par quitter ce monde.

Dans ces deux nouvelles admirables, le style ironique, plaisant et travaillé de Gobineau est teinté d’un humour constant même dans les situations qui pourraient tourner au mélodrame. De deux manières différentes, l’auteur illustre sa conception de l’amour, cette « maladie terrible » que les Grecs qualifiaient de sacrée, divine et incompréhensible.

Longtemps connu et mal connu pour son seul Essai sur l’inégalité des races humaines, Gobineau est un des romanciers les plus singuliers du XIXe siècle.

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Nouvelles Asiatiques - Gobineau et l'Orient

le style de Monsieur le Comte de Gobineau est parfois boursouflé d'une espèce de morgue qui peut irriter le lecteur, mais quelle puissance tragique, en particulier dans la première nouvelle "La danseuse de Samakha. "

Des trois personnages principaux, les deux militaires et la danseuse , elle l'emporte de loin en force de caractère, en détermination. Et elle n'hésite pas à jouer du couteau quand un obstacle se dresse sur sa route.

Sa famille a été massacrée par les Russes alors qu'elle était enfant. Patiemment elle attend l'heure de la vengeance, mais l'officier à qui elle rappelle leur commune origine et dont elle sollicite l'aide, après des déclarations enflammées, se dégonfle lamentablement.

Hélas, Gobineau n'a pas su pour la fin de son récit, garder cette tension dramatique. L'histoire se termine comme un mélo sentimental de la Belle Epoque.

Les exactions d'une armée de Russes envers un peuple qu'ils cherchent à soumettre ne peut manquer de nous rappeler une certaine actualité .
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Études Critiques (1844-1848)

Ces Etudes critiques concernent plusieurs auteurs que je vais citer plus loin, mais je n'aurai lu que les pages sur Honoré de Balzac.



La lecture de ces pages a été une grande déception, à peine 26 pages sans aucun élément nouveau à découvrir ni aucun paragraphe intéressant. Il faut dire que cette étude critique sur l’oeuvre d’Honoré de Balzac est entreprise par un contemporain (et concurrent?) au début de la période si prolifique d’un pauvre Balzac poursuivi par ses créanciers en tout poil. C’était l’apogée de la période feuilletonesque où l’écrivain noircissait du papier tous les soirs afin de pouvoir subsister.



Monsieur de Gobineau le juge sévèrement et sa critique manque singulièrement de pertinence et de considération pour l’oeuvre immense laissée par Balzac dont on dit qu’il a construit une cathédrale avec sa Comédie Humaine.



Voici ce que dit de Gobineau sur le roman feuilleton..."le roman-feuilleton joue donc, en quelque sorte, le rôle d’un abécédaire perfectionné et orné d’images en taille douce. Il viendra un jour peut-être où l’éducation s’achèvera; alors ces livres élémentaires seront rejetés avec mépris; on ne déplorera plus leurs défauts, parce qu’on n’aura plus besoin de leurs qualités, et ils auront rempli leur office qui était d’initier doucement au monde des idées une foule jusque-là profane".



Et sur la Comédie Humaine…"cette Comédie Humaine comme il la nomme, ce drame à cent actes divers, souvent au-dessous du médiocre, n’en a pas moins des richesses inouïes, des peintures du plus grand prix, des études de caractère comme on n’en trouve point ailleurs".



Il ne ménage personne Monsieur de Gobineau..."s’il est tel écrivain, comme M. Dumas par exemple, dont les compositions se ressentent uniquement de l’action d’un public assez peu lettré, il en est tel autre, comme M. de Balzac, qui, pour satisfaire à une production démesurée, gâte tout à plaisir des facultés déjà bien classées dans l’estime générale et qui, trouvant moins de lecteurs sans doute que M. Sue, est cependant en position de s’interdire de trop fâcheuses complaisances".



"On conviendra qu’un pareil amphigouri est difficile à supporter de toute autre personne que de Mlle Madelon Gorgibus, et M. de Balzac a dépassé de beaucoup trop loin la manière, déjà suffisamment précieuse, dans laquelle il écrit jadis le Lys dans la Vallée. Et tout est à l’avenant chez l’auteur, personne n’est épargné".



Qui sait aujourd’hui qui fut Monsieur Arthur de Gobineau ? Qui se targue de connaitre son oeuvre ? Vous aurez trouvé les réponses tout seul, sans besoin d’aller se renseigner nulle part car Honoré de Balzac est une gloire pour la postérité qui n’a pas besoin d’être claironnée.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Essai sur l'inégalité des races humaines

Alors avant le texte de l'auteur lui même on a droit à une préface de plusieurs pages où on essaie de convaincre le futur lecteur que ; " oui bon c'est vrai le titre de son essai peut choquer mais tout de même faut pas exagéré c'est un grand penseur il n'est pas vraiment raciste ce brave Gobineau. "

On a pas dû lire la même oeuvre alors, parce que certains passage m'ont profondément choqué comme celui où il déclare que les noirs ne peuvent produire que du laid.

Après Gobineau n'est pas non plus dépourvu de culture et d'intelligence et c'est là qu'il en est encore plus effrayant.
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