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Citations de Augusto Roa Bastos (26)


L’homme a deux naissances. L’une quand il vient au monde, l’autre quand il meurt... Il meurt mais il reste vivant dans les autres, s’il a été loyal envers son prochain. Et, si au cours de sa vie, il sait s’oublier lui-même, la terre mange son corps mais pas son souvenir...
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L’eau palpite dans le bas ventre de la colline, dans la fourche des deux chemins qui conduisent au champ de bataille. Dans la pénombre de l’aube, elle ressemble à une vulve d’une infinie douceur, qu’ourle le duvet de végétation aquatique en fermentation sous les larges taches de moisissures, d’une odeur que l’on dirait sexuelle.
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Le miroir le plus fidèle et le plus honorable est sans doute la haine de l’autre ; on se voit reflété tel que l’on est dans ce métal froid et implacable. Mais nous n’avons pas tous la chance de pouvoir compter sur le miroir de la haine désintéressée et honnête.
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Quand on ne peut déjà plus rien faire on écrit. C'est la seule façon de se prouver qu'on existe encore dans la fixité mortuaire de l'écriture.
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Dans ce voyage, les mois et les années ne comptent pas, ni les lieues et les déceptions, ni les jours naturels ou artificiels. Une seule journée ne peut suffire pour atteindre la fin d'un voyage infini. La moitié de la nuit est trop longue. Cinq siècles sont trop courts pour savoir si nous sommes arrivés.
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L'encre des mémoires intimes et des autobiographies tourne plus vite que le lait.
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Le hasard est mon allié ,mon complice.
Je sais aussi qu'il est mon ennemi mortel.Il joue avec moi en employant les moyens les plus rusés et les plus étranges.Je vis sous son signe et c'est surement sous son signe que je rendrai mon dernier soupir
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Il ne faut pas tolérer la colère, pour justifiée qu'elle paraisse. Cultiver de l'animosité contre quelqu'un, c'est au fond autoriser que ce quelqu'un domine nos pensées et nos sentiments. A chaque instant. C'est un manque de souveraineté. Une sacrée idiotie.
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Origine de l’écriture : le Point. Unité infime. De même que les unités de langue écrite ou parlée sont à leur tour de petites langues. […] Le Pouvoir Absolu est pareillement fait de petits pouvoirs. Je puis faire par les autres ce qu’ils ne peuvent faire par eux-mêmes. Je puis dire aux autres ce que je ne puis me dire à moi. Les autres sont des lunettes grâce auxquelles nous lisons dans nos propres esprits.
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Oui, c'est cela la vie, si loin qu'on regarde le passé, l'avenir, ou même le présent aveugle. Une flamme têtue qui brûle dans les os, cette nécessité d'aller un peu plus loin qu'il n'est possible, de résister jusqu'à la fin, de franchir une ligne, une limite, de durer encore, au-delà de tout désespoir et de toute résignation.
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J'étais tout petit alors. Mon témoignage n'est qu'à moitié fiable. Et aujourd'hui, en rédigeant ces souvenirs, je sens bien qu'à l'innocence et aux étonnements de mon enfance viennent se mêler mes trahisons et mes manquements d'homme , les morts répétées de ma vie. Je fais peut-être davantage que revivre ces souvenirs : je les expie.
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La vie est faites de dettes impayées. De promesses jamais réalisées.
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[Paris] :
Aujourd'hui les immigrés du monde entier y pullulent. Une véritable infection. On y trouve des arnaqueurs de haute et basse volée, des braqueurs de banque, des ravisseurs frénétiques et féroces de femmes et d'enfants. On y trouve des hommes politiques suffisamment nuls pour pouvoir aspirer aux plus hautes fonctions. Et qui y parviennent presque tous sans grand effort. On y trouve enfin... Mais tout n'a-t-il pas déjà été dit par Balzac voici plus d'un siècle ?
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Ah! S'il n'y avait pas toujours eu cet horrible malaise, j'aurais passé ma vie enfermé dans une grande pièce emplie d'échos. Et non dans ce trou d'égout. Sans rien faire d'autre que d'écouter le silence longtemps accumulé. Une grande pendule. Ecouter. S'assoupir. Non les bruits de l'esprit malade, traqué. Les flatulences intestinales. Entendre le tic tac de la pendule. Suivre des yeux ce va-et-vient qui passe du blanc au noir. Voir les poids de plomb descendre de plus en plus bas, et finalement me lever de la chaise. Je remonte les poids une fois par semaine.
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L'idiotie est sans limites, surtout lorsqu'elle avance en titubant par les étroits couloirs de l'esprit humain.
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Les malheurs d'autrui, je les ressentais comme miens lorsque je les écrivais.Il n'en existait pas d'autres.
Je trouvais magnifique et terrible de faire entrer les souffrances des autres dans les paroles que je traçais jusqu'à ce qu'elles deviennent les maux dont on souffre soi-même. Exprimer le malheur au moment même où il se produit.
L'odeur douloureuse de la mémoire.
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Dire ou écrire quelque chose n’a pas le moindre sens. Agir, oui, a un sens. Le plus trivial claquement des lèvres du dernier des mûlatres qui travaillent dans les chantiers navals, dans les carrières de granit, dans les mines de chaux, dans les fabriques de poudre a plus de sens que le langage scriptural et littéraire. [...] Un geste, le mouvement d’un œil, un crachat dans la main avant d’empoigner à nouveau l’herminette, voilà qui signifie quelque chose de très concret, de très réel! Quelle signification peut en revanche avoir l’écriture quand par définition elle ne possède pas le même sens que le parler quotidiens des gens ordinaires.
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Les mots tristes n'existent pas, en guarani : ils sortent comme s'ils venaient d'être inventés, sans avoir le temps de vieillir. Pour dire "le sommeil sera long", elle avait dit : "Jho'ata che'ari keranà pukù...", ce qui suggérait un sommeil à poings fermés, plein d'une douceur infinie, d'images joyeuses, avec une mouche qui chatouille le nez du dormeur.
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Le train faisait grincer et osciller le long pont de bois. Des milliers d'âmes gémissaient dans les madriers pourris.
Il était là depuis plus d'un demi-siècle, au-dessus de l'énorme fosse ouverte par l'explosion du train chargé de bombes pendant le soulèvement agraire de l'an 1912.
Le pont ne tenait que par la certitude presque miraculeuse qu'il ne s'écroulerait que le lendemain. Et ainsi de suite, un jour suivant l'autre.
Il n'est pas de foi plus forte que la certitude de l'impossible.
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Le vol est ce qui peut arriver de mieux à la parole écrite, car elle est toujours ouverte pour que chacun s'en serve à sa guise. Elle n'est la propriété d'aucun auteur. Elle est là pour ça, pour être prise par le premier qui passe. Sans la parole volée, personne n'aurait pu se faire entendre de personne. Aucun livre n'aurait pu être écrit.
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