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Citations de Beata Umubyeyi Mairesse (289)


A l'âge où nous aurions dû les sentir s'emballer
Pour un sourire un frôlement un mot d'amour
Nous avons appris l'art de défaire nos coeurs
Comme un lourd bagage après un long voyage
Prendre le temps de laver repasser ranger les souvenirs
Jeter les plus abîmés fruits fanés frelatés

Ouvrage de couture d'une jeune fille épuisée
Chaque nuit repriser les rêves d'une vie déchiquetée
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[...]
Euphrasie, Iphigénie, Epiphanie
Ce sont les prénoms que l'on donnait
Autrefois aux jeunes filles de chez moi

Les miliciens de Karubanda
N'en ont retenu qu'un
Tutsi
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S'il te plait vois entends mais ne dis rien
C'est à moi de tisser mon récit
Ne fais pas comme les autres
Qui prennent leur nombril pour un chas
Par lequel je devrais passer
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Leur quotidien est celui de la mort. Il y a, aux côtés des missionnaires, un médecin, italien lui aussi, qui tente tant bien que mal de soigner ceux qui trouvent refuge à l'orphelinat, blessés par les machettes des miliciens. Costa le décrit hurlant de désespoir parce qu'il a perdu un enfant par manque de matériel de base : « On ne peut pas perdre un enfant pour un tuyau qui coûte 50 centimes ! »
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Si les groupes hutu et tutsi avaient bien toujours existé, le premier étant celui des agriculteurs et le second celui des éleveurs, ils avaient en commun la même langue, la même culture et la même religion et vivaient ensemble sur tout le territoire national.
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Ce mot devrait tout résumer, et bien souvent d'ailleurs, dans la langue de ceux qui l'entourent maintenant, dans le récit minimaliste qu'ils font d'elle pour présenter la nouvelle élève, la petite réfugiée, il suffit, accolé à celui de son pays, à imposer un silence. Un vide de gêne et de compassion dans lequel il n'y a pas de place pour dérouler le passé dans sa complexité. Elle comprend ainsi que sur cette terre d'opulence et de paix il lui faut aussi apprendre à se taire. Pour elle qui jusqu'alors rêvait de devenir journaliste, la liberté d'expression peut certes être une réalité, mais circonscrite. "Rwanda" et "génocide", les deux mots prennent toute la place, le premier semble même pouvoir se passer de l'autre. Dans l'esprit des Français, qui ne l'avaient pour la plupart jamais entendu jusqu'à ce qu'il s'immisce dans leurs journaux, ce mot "Rwanda" est devenu synonyme d'horreur, de violence. Il sous-entend aussi "massacres interethniques", "sauvagerie tribale", "machette". Tout se mélange. On a pris l'habitude de simplifier quand il s'agit de l'Afrique. Le Rwanda est la preuve s'il en est que cette image caricaturale, résumée depuis le temps des colonies par l'expression conradienne de "cœur des ténèbres", peut encore être utilisée, sans scrupules. L'Afrique aura beau se défaire de certains de ses démons, il y aura toujours cette part de ténèbres qui resurgira, l'apartheid est vaincu, certes, mais en même temps, regardez donc le Rwanda.
Chez ces gens-là, c'est comme ça. Ça l'a toujours été.
Personne ne veut entendre les rares voix qui rappellent que l'ethnicisation de la société rwandaise est une construction coloniale. Ils s'entretuent depuis la nuit des temps, n'est-ce pas.
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Ce que l'exil a fait d'eux. Le médecin devenu aide-soignant, le mathématicien conduisant un taxi, le mécanicien faisant la plonge, et le silence devenait la loi. Sauf au bar-pays où on buvait sa chiche paye le samedi en refaisant la révolution pour une capitale où on ne retournerai sans doute jamais même si on se l'était promis, à la retraite on irait. En attendant ici, profil bas. Les enfants iront à l'école de la France. On les voyait peu. Letravail pour les gens comme eux c'était trop tôt ou trop tard, et à force de labeur, envoyer aussi de l'argent au pays, le temps passé, les enfants avaient grandi, le corps était fourbu, les rêves enterrés.
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Dans la rue, tant de visages, de corps comme le sien. Être entouré exclusivement de Noirs, elle n'avait jamais connu cela ni même n'en avait rêvé et donc n'a pu s'y préparer. Elle a senti aujourd'hui que les regards glissaient sur elle, non par indifférence mais avec un naturel déroutant. Comme si elle avait fait partie du décor, avec ses cheveux crépus et sa robe en coton fleuri sans manches, cintrée à la taille . Elle a vu tant de jeunes filles dans les rues de Kigali aujourd'hui qui auraient pu être le modèle du photographe.
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"Ça ne ressemble pas à ce que je m'étais imaginé de l'Afrique ."
Est-ce ça cette familière étrangeté qui l' habite depuis qu'elle a posé le pied sur le tarmac de l'aéroport de Kigali ? "Évidemment que c'est différent. Le regard occidental à diffusé un tel cliché sur le continent : la saleté, la pauvreté, la sécheresse et la surpopulation. Le monde croit que l'Afrique est un unique pays au cœur des ténèbres qui grouille de demandeurs d'asile en attente d'une barque ! »
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Je dis : "Nous avons élevé nos enfants comme les petits Français que nous espérions qu'ils deviendraient, aux yeux de tous, avons complètement coupé les liens avec le Sénégal et l'Algérie. Nous avons voulu tellement y croire."
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Sur la colline, les maisons avaient été brûlées en 1959. Elle eut la confirmation que sa famille était tutsi ce jour même où Claver lui apprit que tout le monde avait fui à l'étranger lors des premiers pogroms.
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Son séjour en Europe lui avait fait voir la totalité du fait colonial, comprendre pourquoi la petite Belgique avait eu besoin de s'asseoir sur un immense empire pour s'imposer aux yeux du monde blanc, comprendre pourquoi l'existence même des mulâtres déstabilisait l'idéologie raciste qui fondait ce même empire colonial. Comprendre mais pas excuser.
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Elle mit ses mains à contribution pour nous raconter les forêts du Cameroun qui étaient immenses, du vert à perte de vue, avec des arbres centenaires, une grande forêt primaire d'où s'échappait parfois une fine fumée, ce qui voulait dire qu'il y avait des chasseurs quelque part qui avaient attrapé du gibier et le faisaient rôtir.
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Wééé, elle me fait pas envie ta réussite, maman, ta Lafrance là c'est un beau mirage. Les tatas l'ont bien compris, elles se sont cassées bien loin pour accomplir leur destin. Et tonton lui c'est comme papa ils savent tous les deux que le seul créneau vraiment viable est dans la niche communautaire ! Professeur islamologiste et pompe funambuliste pour macchabées musulmans. Ils ne prennent la place de personne, on leur fout la paix parce qu'ils ne sont pas barbus, et voilà ! Mais toi, tu as voulu faire comme si de rien n'était, en mode abracadabra ma couleur n'est pas là ! Ben voilà où ça t'a menée. Ils ont fait de toi une bouffonne, maman !
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Tes grand-pères sont venus dans ce pays de leur plein gré, c'étaient des hommes libres et décolonisés qui ont quitté l'Algérie et le Sénégal pour chercher une meilleure vie. On leur a donné leur chance ici, non ? Ils ont pu travailler jusqu'à la fin de leur vie et tous leurs enfants ont été scolarisés gratuitement, tu m'entends, gratuitement grâce à l'école publique française. Mes sœurs, mon frère et moi avons tous minimum bac + 5. Lafrance - et en disant cela je réalisais que resurgissait le mot de mon enfance, comme une prière ou une comptine qui serait restée tapie dans ma mémoire toutes ces années - nous a donné notre chance. On a tous réussi, bien mieux que si nos pères étaient restés au bled. Tes histoires de colonisation et d'esclavage, c'est du passé, il faut pardonner sinon on ne va jamais avancer. Il faut tourner la page.
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C'est dans des instants comme ceux-là que je réalisais que j'étais une bien jeune thérapeute, qu'il me faudrait encore pratiquer beaucoup cet art délicat d'accueillir les cœurs que les gens vous posaient sans ménagement dans ma main, nus et palpitants.
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- Je sais, même si ça ne doit toucher qu'un petit pourcentage des personnes accueillies dans les institutions, cette réalité risque de bouleverser fondamentalement notre travail. En même temps, tu vois bien que les Français pur beurre désertent de plus en plus les métiers de soin aux personnes âgées. Ça ne paie pas assez, c'est trop dur, alors c'est peut-être aussi une chance que les nouveaux professionnels soient eux-mêmes immigrés. Non ? Dans d'autres pays européens déjà, en Belgique et aux Pays-Bas par exemple, les associations Alzheimer ont lancé des initiatives qui permettent de recourir à des personnes ressources de même langue et de même culture que les personnes malades ou leur famille. Alors je suppose que les gens comme ta mère et moi devons un peu être des sortes de pionnières.
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On n'a plus le temps de leur parler à nos mamies. Et ils osent nous faire chier avec leurs tableaux inutiles de démarche qualité. La belle affaire !
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Quand on demande que les malades ou les gens en congé soient remplacés elle nous dit quoi la directrice ?
Qu'il n'y a pas d'argent. Pendant ce temps-là leur tas d'or gonfle à la vitesse grand V dans un paradis fiscal. Elle est là la vérité les filles.
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On eut dit qu'elle y voyait le business de la silver economy à démonter.
"La vieillesse, je vous le dis les filles, c'est la nouvelle ruée vers l'or.
Le problème c'est qu'ici, ils investissent surtout dans la façade. A force, les fleurs dans le vase à l'entrée seront changées plus souvent que les protections des résidents. Ils te font plein de photos de rêve pour attirer le client mais nous on bosse comme des esclaves.
Tu as vu ce qu'ils ont fait à cette pauvre Paola ? Tu peux plus payer, tu dégages ! Et les photos d'elle sur la plaquette de l'Ehpad, ils les lui ont payées peut-être ? Que dalle !
On bosse pour des multinationales cotées en bourse, des fonds de pension qui vendent et achètent les lits comme le blé. Pour eux il n'y a pas de gens ici, juste des lits. Tu vois l'image ? Des biens meublés..."
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