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Citations de Bernard Quiriny (177)


Des messes noires ? A quels sacrifices se livrait-on dans ces catacombes, cependant qu’au-dessus dormaient les résidents ?
Il y avait aussi des graffitis sur les murs, potaches et orduriers.
M.Chautemps, une fois, trouva douze préservatifs usagés, signe qu’on avait pratiqué ici l’acte de chair en groupe.
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Un immeuble moderne, m’explique Braque, c’est une plage qu’on grignote. Fabriquer du béton nécessite en effet d’immenses quantités de sable qu’on prélève où il est, c’est-à-dire sur les plages. Celles-ci, du coup, disparaissent.
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[À propos d'une tribu dont les membres se crèvent les yeux à l'âge de 12 ans.]
Pour eux, le monde ne vaut pas d'être vu, et la cécité est une condition du bien-vivre; option métaphysique qui, après tout, n'est pas plus sotte qu'une autre.
[...]
Dans leur folie, ces gens sont au fond extralucides, qui ont tout compris de l'absurdité du monde. Ils savent qu'un vrai philosophe regarde d'abord au-dedans de lui, et que les yeux ne sont utiles aux hommes que pour pleurer.
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A un rédacteur en chef

Cher Christian,
Au sujet de mon article élogieux sur le roman de M***, que je t'ai envoyé la semaine dernière : je viens entre-temps de lire le livre, qui est archinul. Je voudrais du coup réécrire mon papier. Est-il encore temps ?
Amicalement,
H.
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Je connais bien les villages. Mais je ne me suis pas particulièrement inspiré de ceux que je fréquente. J’avais surtout envie d’écrire une comédie burlesque et rurale, à la Marcel Aymé ou à la Gabriel Chevallier, l’auteur de Clochemerle. Et l’intrigue ne pouvait marcher que sur un territoire réduit, aux frontières connues, qui puisse être séparé de ce qui l’entoure.
D’un point de vue idéologique, dit-il, ce roman, c’est un coup pour rien. Je n’ai rien à dire, débrouillez-vous avec ce qui est écrit.
Je pose des questions auxquelles il est important que je ne réponde pas. On peut me supposer les idées qu’on veut. Certains lecteurs m’ont félicité pour cette satire féroce de la relocalisation, d’autres se sont réjouis de me voir m’insurger contre les dérives de la mondialisation. Rien ne pouvait me faire plus plaisir.
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Un confrère de Strasbourg m’envoya Christiane D. pour des problèmes de mémoire. Selon sa fiche, Christiane, trente-huit ans, informaticienne, avait du mal à se repérer en société. Il lui arrivait de ne plus savoir qui elle était, ni qui étaient les gens autour d’elle. Elle mélangeait les noms de ses collègues, ne reconnaissait pas ses parents, il fallait tout lui répéter. Dans la rue, elle croisait des amis de vingt ans sans les remettre ; ces amis devaient lui expliquer qui ils étaient ; elle hochait la tête et s’excusait, horriblement gênée. Tout de suite, je compris que ce n’était pas un problème de mémoire. Christiane, au contraire, avait une excellente mémoire, elle se souvenait très bien des gens. Simplement, elle n’arrivait pas à corréler leur apparence physique avec leurs noms, comme s’il y avait du brouillage dans sa perception. (« Les patients du Dr Hampstadt – III »)
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Comme le dit le Pr Berg, de l’université de Fribourg : « On en est toujours au point mort, et il est stupéfiant de voir qu’en dépit de ses recherches intensives la communauté scientifique mondiale est impuissante. Rarement problème de santé aura suscité tant d’efforts pour si peu de résultats. » En attendant l’improbable explication, l’humanité se résigne à ne plus pouvoir faire l’amour en secret. Impossible d’intercaler un coït entre deux rendez-vous, ou de faire l’amour au bureau avant une réunion, sans paraître bleu devant les collègues, sachant de surcroît que le partenaire, s’il est dans la salle, sera identifié sur-le-champ. Certains prennent les choses avec bonhomie, et ne changent rien à leur comportement. Ils s’exhibent en public sans avoir débleui, ignorant les regards scandalisés des bien-pensants, soutenant que sortir de chez soi n’est pas un crime et affirmant que « ce n’est pas comme s’ils faisaient l’amour en public ». Toutefois, aux yeux d’autrui, il est aussi indécent de se promener bleu par les rues que de copuler ouvertement sur la place. Les mères de famille qui croisent un homme bleu cachent de leur main les yeux de leurs rejetons, et rougissent quand ceux-ci demandent en parlant fort pourquoi la peau du monsieur est ainsi colorée. Les passants pouffent, mais on trouve que ce serait au monsieur de rougir, s’il pouvait. (« Bleuir d’amour »)
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Les plus expéditifs invoquèrent la loi du talion : la petite Marion ayant été violée puis étranglée, il fallait infliger le même traitement au meurtrier. Jugée trop brutale, cette proposition fut repoussée, d'autant que personne ne se serait dévoué pour le viol.
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Urgences de Gould :
Autre scène vue : Gould dans un dîner se tortille sur sa chaise en serrant les mâchoires, visiblement mal à l'aise ; à la maîtresse de maison qui lui propose discrètement de le conduire à la salle de bains, il répond en chuchotant :
" N'auriez-vous pas plutôt une chambre, un crayon et une feuille blanche ?
Un poème me vient, que je ne retiendrai pas longtemps."
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On ne coucherait plus qu'entre gens du cru, sans pouvoir papillonner ailleurs ; aussi les paysannes rustiques, les villageoises replètes, les filles contrefaites qu'en séducteur habitué aux pimbêches parfumées il n'aurait jadis même pas regardées, nul doute qu'il leur trouverait bientôt des charmes insoupçonnés.
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Ses premiers romans, dans le genre policier, n'étaient pas trop mal fichus; on les oubliait quelques heures après la fin, mais tout de même pas en cours de lecture.Mais les suivants, qui tenaient davantage du drame social, s'oubliaient au fur et à mesure qu'on les lisait - "de l'oubli en flux tendu", comme dit Gould. A la page 3, on était incapable de dire ce qu'on avait lu à la page 2; à la page 4, on avait oublié la page 3; et ainsi de suite.
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Il tenta d'expliquer au chauffeur qu'il était mort la semaine précedente, mais l'autre se contenta de ricaner et le déposa à cinq kilomètres du village où il disait avoir été enterré. Jambier fit la fin du chemin à pied, en se demandant quoi raconter à sa femme.
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"C'est le groupe qui compte, pas les individus qui le composent"
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Dès le lendemain de la faillite, des fissures apparurent aux façades du Mayerling, ainsi que des infiltrations dans les toits-terrasses qui inondèrent les habitants du dernier étage. De coûteuses réfections seraient nécessaires.
L'ascenseur, aussi, tomba en panne ; il avait été installé par une filiale de CFR.
[...] Au rez-de-chaussée, on trouva dans le jardinet de Mme Meunier un bloc de béton énorme, tombé des étages. Si Mme Meunier l'avait reçu sur le crâne, elle serait morte.
Le rôle du gérant, grave question. Le bon déroulement de l'assemblée repose sur ses épaules. La plupart ne sont pas formés. Ils ont de vagues connaissances techniques et juridiques, mais ils ignorent l'essentiel : la psychologie des foules, l'art de diriger un débat. Au moindre désaccord entre les copropriétaires, ils sont dépassés. Comme les copropriétaires ne peuvent pas se taper trop dessus, pour les raisons indiquées ci-dessus, il se retournent contre le syndic, transformé en punching-ball collectif. Syndic est un métier de chien.
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Sébastien Rabuset, 28 ans, sans emploi. Selon mon voisin, le fait que nous ayons du courant électrique prouve que le monde existe toujours, car il faut bien que cette électricité vienne de quelque part. Je demande à voir.
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L'impatience de Pierre Gould est sans limites. Le jour où, jeune homme, il décida qu'il serait écrivain, il commença par rédiger une note testamentaire pour léguer ses futurs manuscrits à la Bibliothèque nationale. Le lendemain, il courait la ville pour trouver des traducteurs. Le troisième jour, il déposait deux cents titres à l'Institut national de la propriété intellectuelle. Le quatrième, il appelait des journalistes pour s'assurer de bonnes critiques. Et dix ans plus tard, bien sûr, il n'avait toujours pas écrit un mot.
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– Hélas, mon cher. Hélas. – Oui ? – Vous ne ressemblez qu’à vous-même.
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Tandis que ses frères et sœurs s'amusaient avec leur père, il prenait volontiers ses distances et me rejoignait sur mon banc; nous discutions. Causeries fort sérieuses, sur des sujets théoriques. Antoine aimait qu'on lui parle comme à un grand. Il m'écoutait en hochant la tête, tel un savant à qui l'on soumet un problème épineux, puis regardait au loin, méditatif et grave.[...]Je quittais le château au bout de quelques heures, sans avoir pu échanger le moindre mot sérieux avec le Baron, mais l'esprit tout rempli de mes bavardages philosophiques avec Antoine, qui ressemblait tant à son père que, à l'embonpoint et à la barbe près, j'avais l'impression d'avoir conversé longuement avec une version réduite, provisoire et grave de mon ami.
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C’est dans ces moments de suprême agacement que je l’aimais le plus, et que sa société m’était la plus délicieuse. Il le savait, et il en profitait. « Vous vous plaignez que je sois pénible, disait-il, mais vous vous ennuieriez, si je l’étais moins. » Il ajoutait : « C’est, je crois, l’une de mes missions sur cette Terre : mettre hors de soi mon entourage, et lui peser sur les nerfs. Je ne sais pas bien à quoi sert pareil don, mais ce n’est pas à moi d’en juger : j’accomplis la volonté de la nature qui me l’a donné, et je persévère dans mon être. Le jour où je n’énerverai plus personne, c’est que je ne serai plus à la hauteur de ma tâche ; je n’aurai plus alors qu’à me jeter au fleuve. En attendant, je vous tourmente, et c’est très bien. » Il tenait le même discours à sa femme, qui fulminait : « Dieu que vous êtes énervant, Archie ! » Il le prenait pour un compliment et répondait, tout content : « Merci ». On avait envie de l’étrangler, on l’aimait plus que jamais.
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Je demeurai stupide. Il m’expliqua tout.
- J’appelle dîners de têtes des dîners de sosies, sosies d’artistes ou d’écrivains, vivants ou morts – plus souvent morts. J’en ai eu l’idée à Cannes, quand je suis tombé dans la hall de l’hôtel sur un monsieur qui ressemblait à Freud – le Freud cigare de la photo, avec son gilet gris et sa chaîne de montre sortie du gousset. La ressemblance était telle que je n’ai pas pu m’empêcher de lui parler. Il s’est révélé un interlocuteur charmant et cultivé, quoique absolument rétif à la psychanalyse.
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