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Citations de Bernard Quiriny (177)


Le Baron se tut, puis ajouta, péremptoire: " Si la nature avait voulu que nous parlions et mangions tout à la fois, elle nous aurait donné deux bouches."
Sur quoi, il attaqua son steak.
(page 113)
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Le Baron avait toujours mille idées de livres à écrire, mais n’écrivait jamais rien. « Je suis très fort pour inventer des sujets, dit-il, activité facile qui ne requiert qu’une illumination. Comme ces illuminations me viennent toutes seules, mon mérite est nul. Hélas, je suis incapable ensuite de me mettre au travail. Je manque d’esprit de suite. À moins que je ne sois trop exigeant : j’ai peur que le résultat soit différent du projet et je préfère renoncer. »
(page 77)
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Souvent le Baron m’énervait. Il avait tant de tics, de manies, de lubies. Il me faisait tant de mystères, prenait un tel plaisir à me faire mariner et tourner en bourrique, se comportait si souvent avec moi comme un maître avec un élève, ou Socrate avec un disciple, ou encore un prestidigitateur avec un spectateur ! Or je ne voulais ni être son élève, ni son disciple, ni son spectateur.
(page 107)
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J’ai lu les socialistes, les libéraux, les conservateurs et les réactionnaires. Je veux dire, lu à fond, en remontant aux principes et en suivant les raisonnements jusqu’au bout. Eh bien ! Les socialistes, je trouve qu’ils ont raison. Les libéraux aussi. Les conservateurs également, et les réactionnaires. Tout le monde. Si je laisse mes intuitions de côté et que j’examine loyalement leur point de vue, je tombe toujours sur ce qu’il y a chez eux de logique et d’exact, et je m’y range. Du coup, je tiens des propos inconciliables entre eux, suivant l’auteur que j’ai lu récemment.
(page 63)
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Sans le sommeil, nous deviendrions fous ; je ne parle pas des conséquences physiques de la privation, mais de psychologie pure. Eh bien ! L’insomnie, c’est le bouleversement de cet équilibre ; la rupture de la trêve ; l’invasion de la vie dans la zone où elle n’a pas droit de cité. Notre existence terrestre est une lutte quotidienne entre le sommeil et la vie.
(page 123)
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Le Baron s’astreignait parfois, toute une journée durant, à ne s’exprimer que par questions. Il appelait cela les « journées interrogatives ». Comme il ne prévenait pas ses interlocuteurs, ces derniers pouvaient trouver la chose surprenante ou penser qu’il se payait leur tête. Mais ils étaient en même temps charmés parce que le Baron, avec ses questions, donnait l’impression qu’il s’intéressait à eux, et qu’il les mettait en valeur.
(page 67)
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p 93
Deux temps se font concurrence en nous : le temps social, imposé, le même pour tous ; et le temps intime, imaginaire, qui nous est propre. Le premier est fragmenté en unités minuscules qui condamnent à papillonner (on trouve chez Montherlant l’expression «  vie déchiquetée », dans « Va jouer avec cette poussière » p 151) ; le second est continu, propice à la méditation. On le redécouvre quand on a de la liberté, qu’on ne pense plus à regarder sa montre, qu’on ne s’oblige plus à suivre les rites sociaux (lire le journal, attraper un bus, voir du monde). On vit selon soi, et on est surpris alors par les accélérations et les ralentissements du temps, qui semble ne plus couler normalement, plié qu’il est aux périodes aléatoires de notre imagination.
(…) Le temps libre — c’est-à-dire libéré — est, après le silence et l’ennui, la troisième condition pour écrire : « Ce qui empêche de travailler, c’est notre servilité à la division arbitraire du temps en jour et en heures, dont l’antique et héréditaire accoutumance influe sur nous. Lutter pour détruire en soi l’idée nuisible du temps » ( Régnier, cahiers inédits p 169)
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C’était un homme d’âge indéfinissable entre cinquante et soixante ans, bien habillé, un peu replet, très gentleman farmer, avec une épaisse barbe grise. Ses cheveux ébouriffés n’avaient pas dû voir un peigne depuis longtemps. Il marchait avec une canne, une belle canne en bois noir, avec un pommeau d’argent.
Il était très grand ; debout, il avait quelque chose d’un ogre.
(page 11)
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Bernard Quiriny
Le jour où on rééditera Régnier, il faudra commencer par les Histoires incertaines. Le fantastique connaît ces temps-ci un petit retour en grâce, qui s’explique peut-être par les mêmes raisons que sa vogue au XIXe siècle – dégoût du matérialisme, envie de réenchanter le monde, etc.
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Les employés à le voir s’ennuyer dans son bureau, une cigarette entre les doigts, avaient été saisis d’une sorte d’épouvante ; ils avaient spontanément attribué à son inactivité une signification paradoxale : celle qu’il était en vérité très actif. Moins il en faisait, plus ils se convainquaient qu’il préparait en fait un énorme coup, qui ridiculiserait leurs propres efforts. Ils redoublaient donc d’ardeur à la tâche, et leur productivité bondissait.
(page 90)
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Miyazawa mentait comme il respirait – presque mieux, d'ailleurs, compte tenu de son asthme.
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"N'oublie pas que chaque minute qui passe, c'est une minute de ta vie."
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- Jadis, remarqua M. Lefebvre, les noms des architectes étaient gravés en gros sur les façades. Coutume abandonnée : ils n'assument plus.
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Les Yapous sont une société de poètes-nés, qui ont inventé le surréalisme avant l'heure et font des cadavres exquis chaque fois qu'ils ouvrent la bouche. Tandis que nous autres Occidentaux, avec nos contes et nos poèmes, tentons de rendre du mystère à notre monde désenchanté, eux baignent naturellement dans l'invention littéraire - probablement ne s'en rendent-ils d'ailleurs pas compte, puisqu'ils ont toujours vécu comme ça.
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Prenez un sadique, qui cingle un masochiste. Le masochiste aime être cinglé. Où est alors le plaisir du sadique, s'il donne à sa victime ce qu'elle demande ? S'il y a pour l'un joie de recevoir, il ne peux plus y avoir pour l'autre plaisir d'infliger.
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Une assemblée générale de copropriétaires, quel spectacle passionnant! C’est un chaudron, une arène, un ring où l’on règle ses comptes, publiquement, avec tous ses voisins qu’on déteste; mais il faut continuer de cohabiter ensuite avec eux, d’où la difficulté: frapper fort pour soulager son cœur, mais pas trop, pour éviter la guerre. C’est aussi une épreuve de stratégie. Il faut passer des alliances diverses, en fonction des sujets; tel voisin insupportable sur le chapitre du bruit peut se révéler un partenaire précieux dans une coalition visant à faire obstacle à telle autre décision.
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La plupart des gens n'ont au fond aucune raison d'être malheureux, pensait-il; ils ne le sont que parce qu'ils regardent au loin, apprenant ce qu'ils ne devraient pas savoir. Une cause du malaise contemporain était le ressentiment et l'envie qu'inspirait aux humbles le spectacle télévisé de la richesse et du luxe.
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A un rédacteur en chef

Cher Christian,
Au sujet de mon article élogieux sur le roman de M***, que je t'ai envoyé la semaine dernière: je viens entre-temps de lire le livre, qui est archinul. Je voudrais du coup récrire mon papier. Est-il encore temps?
Amicalement.
H.
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Pierre Gould écrivit un roman intitulé" Histoire d'un dormeur" qui était selon lui le lipogramme le plus contraignant du monde : il s'était interdit toutes les lettres de l'alphabet, sauf le z. Cela donnait : "Zzzzz, zzzz,zzzz" et ainsi de suite sur trois cents pages
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Les aiguilles

[...]
Comme elle est habile ! C'est merveille de la voir à l'ouvrage. Ses bonnets multicolores sont magnifiques, ses pulls sont des tableaux. Tous les enfants par ici l'hiver arborent ses écharpes, sans savoir qu'avec nous la vieille fait aussi passer les anges, et que les outils qui ont tricoté leurs chandails leur ont évité bien des petits frères.
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