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Critiques de Boris Pasternak (107)
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Le Docteur Jivago

Je lis le roman de Pasternak pour la deuxième fois et comme la première fois sans enthousiasme. Pourtant j’aime la Russie, le peuple russe et son histoire.

Pourquoi cette retenue ?

Je trouve le récit alambiqué. Il y a trop de personnages. Pasternak force le destin, le cours des événements afin que les protagonistes se rencontrent et le récit perd en crédibilité. Il traine en longueur sur la description des paysages, du temps qu’il fait : il neige beaucoup en Russie et le froid y est très mordant , il s’englue dans les états d’âme de ses personnages. Ah, cette fameuse âme russe ! Encore faut-il en saisir la quintessence et Pasternak ne m’a pas aidé à mieux l’appréhender.

Finalement ce Jivago est un looser de la révolution bolchévique. L’Oblamov des années 20. Il préfère subir les événements plutôt que d’y prendre part. Il est aussi un looser de la vie puisqu’il finit par abandonner d’abord sa femme partie en exil, et son grand amour, la très belle Lara, qui part avec Komarovski, lui qu’elle a tenté d’assassiner et qui en dernier lieu lui sauve la vie! Contrairement à Tchekov Jivago est un médecin prosateur raté, un peu à l’image de son créateur, Pasternak qui n’est pas à mes yeux un poète russe majeur. Maïakovski , son ami, lui l’est. Mandelstam aussi. Sans évoquer Akhmatova.

En résumé et pour ne pas faire trop long ce livre n’est pas à mes yeux un livre majeur de la littérature mondiale. Certes on lui a décerné le prix Nobel de la littérature en 1958, mais n’oublions pas que monde était en pleine guerre froide et qu’on mettait par la même le parti communiste de l’Union Soviétique dans l’embarras. A sa défense la lecture du Docteur Jivago à le mérite de nous plonger dans l’histoire de la Russie du début du vingtième siècle et de nous faire prendre conscience, si besoin en est, du chaos engendré par la révolution bolchévique.

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Correspondance à trois : Eté 1926

Cette correspondance était improbable, elle ne dura que quatre mois, et encore plus improbable, elle fut conservée malgré toutes les vicissitudes du XXème siècle ! Pasternak écrit depuis Moscou, Marina Tsvetaieva depuis la France où elle a émigré, quant à Rilke il est en Suisse, malade (il meurt en décembre 1926), Rilke ne connaissait pratiquement pas Pasternak et n’a jamais rencontré Marina Tsvetaieva.

Cette correspondance éblouissante entre trois grands poètes est à lire absolument. Rien de quotidien, de terre à terre, de purs échanges intellectuels et poétiques, l’enthousiasme de Marina Tsvetaieva, la solitude et la mélancolie de Rilke, la fascination de Pasternak, initiateur de cette correspondance, …
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Correspondance à trois : Eté 1926

Encore un chef d'oeuvre de partage poétique et pensées philosophiques au sujet de l'art d'écrire, vivre sa passion, aimer... Les trois protagonistes échangent et nous gratifient d'une littérature sensible et sensée. Un pur plaisir!
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Le Docteur Jivago

Romans d'amour à tiroirs à trouver et ouvrir au fil des pages défilant.

Romance à suivre avec passion et curiosité.
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Le Docteur Jivago

Qu'ajouter à ce qui a pu être déjà écrit depuis plusieurs décennies sur ce roman fleuve? Nous parcourons la Russie avec Iouri Jivago, de 1905 aux années 30. La guerre de Crimée; la Révolution de 1917, la guerre civile qui s'ensuit, les arrestations sont autant de trames de ce roman. Boris Pasternak y ajoute des réflexions personnelles semble-t-il sur la pensée de l'époque.
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Le Docteur Jivago

C’est toujours la même chose. Il suffit que j’ouvre un roman russe et, en moins de vingt pages, je suis emmêlé dans une multitude de personnages dont je n’arrive pas à déterminer qui est qui, leur noms se ressemblant comme un slave ressemble à une autre slave. Les truc-évitch et les chose-ovna m’embrouillent suffisamment pour que je me perde ensuite dans un organigramme familial où l’arrière petit neveu, fils de la tante par alliance du grand-père, est marié avec la cousine germaine qui aime en secret le filleul de l’oncle du demi-frère. Parfois, vers la fin du roman, j’arrive parfois à démêler l’écheveau tarabiscoté de ces relations aussi touffues qu’un labyrinthe qui ne mène nulle part. Dans le cas présent, ça se complique encore par l’octroi sans réserve de pseudonymes, noms de guerre forcément. Car l’action se déroule autour des années 1917-1919 en Russie orientale, la Sibérie en un mot. Autant dire un endroit et une période où je n’aurais pas aimé y passer mes vacances.

Du Docteur Jivago, j’ai le souvenir d’une chanson (Lara’s Theme) composée par le papa de Jean Michel Jarre mais pas la moindre réminiscence de l’intrigue - à part une belle, puissante et, forcément, tragique histoire d’amour. A la lecture du roman, cette romance est noyée sous d’innombrables considérations. Ca foisonne de partout. Hormis le fait que « Jivago » est un formidable témoignage des premiers mois de la Révolution d’Octobre, de la guerre entre Rouges et Blancs, de la confusion qui régnait dans une Russie malmenée entre deux totalitarismes et des conditions de vie déplorables (famine, exil voulu ou forcé, camps, guerre civile), Boris Pasternak s’en donne à cœur joie dans toutes les directions possibles.

C’est quasiment un précis de politique appliquée, un ouvrage d’ethnologie et de sociologie mais aussi s’élançant vers de de profondes réflexions théologiques et philosophiques sans oublier les sentiments humains. Ainsi on ne peut être d’accord avec l’idée que la jalousie ne s’applique qu’aux rivaux pour lesquels on éprouve du mépris. On ne peut être jaloux d’un concurrent qui jouit de notre admiration. Les rapports entre Jivago et Strelnikov, l’un amant l’autre mari officiel de Lara sont éloquents. Reste d’amples descriptions de ce far-west, pardon, far-east aux envolées lyriques qui donnent de l’espace au récit, comme un paysage s’ouvre parfois entre les montagnes pour dégager une vue portant au-delà de l’horizon.

Bien entendu, de tels débordements ne s’avalent pas d’un trait. On est quelquefois perdu, désorienté et parfaitement enfoui sous le déferlement de tant d’idées, égarés dans des scènes fortes qui s’enchainent sans temps mort, d’autant que Pasternak ne s’embarrasse pas trop à faire du lien entre les différentes scènes. On passe parfois du coq à l’âne. Ainsi, je n’ai pas compris l’épilogue, situé vingt ans plus tard, au cœur d’une autre guerre. Mais j’y travaille. Je ressortirai ce roman-fleuve d’ici un an ou deux… En préambule à une autre signature incontournable : Soljenitsyne.

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Le Docteur Jivago

Dès le départ, j'ai senti que ça allait être compliqué. Avec 10 pages à la demi heure et un arbre généalogique dans mon cerveau pour comprendre qui est qui des 363728 personnages aux noms imprononçables.. les 660 pages au texte très serré s'annonçaient mal.



Le roman retrace le parcours de plusieurs personnages sur la première moitié du 20e siècle. Il commence par la révolution russe de 1905, puis la 1ere Guerre Mondiale, puis la révolution de 1917 et la guerre civile qui s'en est suivie. Il se poursuite jusqu'en 1950, après la 2e guerre mondiale.



Véritable opposition au régime soviétique quand il est sorti, ce livre a été interdit par les autorités pendant un certain temps.

​L'histoire de la Russie a cette époque est particulièrement riche mais pour le coup, ce roman m'a carrément ennuyée. L'analyse politique est passionnante mais elle ne suffit pas à nous faire passer un agréable moment.



Il y a énormément de personnages et ils ne sont pas particulièrement sympathiques. Le Dr Jivago est assez mou, pas attachant et pas intéressant. Les évènements historiques ne sont pas suffisamment expliqués à mon goût. Nous suivons les personnages de façon très factuelles, sans émotions et sans explications sur le contexte politique et historique. Ceux qui ne connaissent pas l'histoire de la Russie n'auront aucun élément d'explication sur le pourquoi du comment.



Ajoutez à cela un style complexe, assez lourd et une écriture en taille 5 très serrée, et c'est l'indigestion.
Lien : https://www.cinquantedeuxliv..
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Le Docteur Jivago

La Révolution russe en long en large et en travers par divers protagonistes locaux et en 600 pages. L'histoire est très riche, détaillée et pleine d'informations sur les villes, les paysages, les difficultés, les moyens de survie de la population, les angoisses, les chaos d'une révolution. Le docteur Jivago reste un classique à ne pas oublier de lire, qui plus est, est intéressant pour l'actualité
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Le Docteur Jivago

Attention : roman mythique !



Le prétexte : 2 couples et 3 histoires d’amour pris dans les fracas de l’Histoire et leurs horreurs physiques et politiques.



Le propos : une critique sans concession de l’idéologie bolchevique, de la Révolution d’Octobre 1917 et des violences inouïes qui ont suivi, commises « au nom du peuple » et de l’effacement obligatoire de l’individu dans un collectif qui le dépasse.



Pasternak, fondamentalement auteur de poésie, a mis toute sa vie à écrire cet unique roman, dans lequel il met tout ce qu’il pense du régime soviétique.

Jivago c’est lui, ses idées sont les siennes.



Déjà ostracisé de longue date pour ses positions critiques et « subversives », rescapé des purges staliniennes qui ont décimé son cercle d’amis poètes, Pasternak voit logiquement son manuscrit interdit par le pouvoir.



Voulant absolument faire vivre ce texte dans lequel il a mis toute son âme et son existence, il va alors prendre une décision inouïe: organiser la sortie clandestine du manuscrit pour tenter de le faire publier en Europe de l’Ouest. Ce genre d’acte est alors considéré comme de la haute trahison en URSS et a toujours valu la mort à ses prédécesseurs qui l’ont tenté.

« Je vous invite à mon exécution. » C’est ce qu’il dira à l’intermédiaire italien à qui il confie le texte.



Malgré les pressions considérables et les manipulations du pouvoir soviétique, le roman est finalement publié en 1957 en Italie et dans de nombreux autres pays. Il sera un succès immédiat.



Dans le même temps, l’acharnement de l’URSS à vouloir empêcher cette parution attire l’attention de la CIA, qui voit alors en ce livre un potentiel outil de déstabilisation dans le contexte de Guerre Froide. L’agence prend alors la décision de faire une édition en langue russe qui sera distribuée clandestinement. Elle circulera sous le manteau à travers l’URSS pendant 30 ans, jusqu’à son autorisation officielle en 1988.



Pasternak reçoit le Prix Nobel de littérature en 1958. Le pouvoir soviétique l'obligera à le refuser et déchaînera encore plus la violence à son encontre.

Il en meurt probablement épuisé 2 ans plus tard. Son amante et la fille de celle-ci feront les frais d’une vengeance posthume, déportées plusieurs années.



"Comme dit le dicton russe: même les bons troupeaux ont une brebis galeuse.

La brebis galeuse de notre société soviétique est Pasternak qui a accouché de cette 'œuvre' diffamatoire.

Il a craché au visage notre peuple. Même un porc ne chie pas là où il mange et dort.

Si on compare Pasternak à un porc, un porc n'aurait jamais fait ce qu'il a fait. Il a chié là où il a mangé."

Vladimir Semitchastny



Le passionnant documentaire « Le dossier Docteur Jivago » (Arte, 2019) retrace toute cette histoire. Il est encore disponible en visionnage payant.



Sur un plan purement littéraire :



C’est de la russe. Ça tient au corps et aide à passer les grands froids. Mais Pasternak est avant tout un poète et la poésie est présente partout dans l'écriture. C'est admirablement bien écrit, sur toute la longueur.



Avant de se lancer, il est indispensable de réviser ses bases sur la Révolutions Russe et la Guerre Civile qui s’ensuivit sous peine de perdre le fil des événements.



Par ailleurs, il y a de très nombreux personnages, surtout au début, dont les destins parallèles se croisent et se mêlent progressivement, sans que ces derniers ne se connaissent forcément ou n’en aient même conscience. Il faut donc s’accrocher pour naviguer dans cette immense toile d’araignée sans y rester collé.



D’autant plus que les personnages sont tous nommés tour à tour et indifféremment selon les 4 ou 5 possibilités qu’offrent la langue et l’usage russes, ce qui est très déstabilisant au début pour des non-initiés.

Une lecture formidable donc, mais ambitieuse. Mieux vaut l’appréhender avec du temps devant soi pour s’y plonger vraiment. Y aller par trop petits bouts serait en-effet l’assurance de ne pas rentrer dedans et de ne pas aller au bout.



Le film de David Lean (1965) reste encore à ce jour un des plus grands succès de l’histoire du cinéma. Même s’il respecte globalement la trame du roman, il est impossible de restituer une telle densité littéraire, historique et politique dans un film, même de 3h.



On a donc l’impression assez désagréable d’aller d’extrait en extrait, dans une sorte de Reader’s Digest en image, avec quelques moments « Petite maison dans la prairie » au milieu et d’inévitables notes mélo qui jurent un peu.



Le format à la mode actuel des séries permettrait peut-être une adaptation beaucoup plus fidèle.



Un immense roman, tant par ce qu’il est en tant que roman que par sa portée politique et historique.
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Correspondance : Varlam Chalamov / Boris Pa..

Correspondance entre Chalamov et Pasternak qui a pour sujet souvent la poésie, la Russie de l'époque, l'Art, le sens donné à leur oeuvre ainsi que leurs opinions sur les écrivains contemporains.

Assez riche t le choix de lettres semble pertinent. Riche de références.
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Le Docteur Jivago

Relecture du célèbre roman de Pasternak dans la nouvelle traduction de Hélène Henry. Dans sa préface, celle-ci rappelle le destin compliqué du roman. Rédigé entre 1946 et 1955, il fut refusé par les revues et éditeurs soviétiques (le contenu et la forme ne correspondait en rien au réalisme soviétique en vigueur à l'époque). Il a d'abord été publié dans une traduction italienne en 1957, puis dans une traduction française en 1958 (dont j'ai un des exemplaires qui a appartenu à mon grand-père russe, qui vivait en France depuis 1921). Ce n'est qu'en 1988 que le livre sera publié en Russie.

Avant de lire la première fois le roman, j'avais déjà vu plusieurs fois le film de David Lean (1965) avec Omar Sharif, Julie Christie (couple dont on peut reconnaître la silhouette dessinée par la fumée de la locomotive sur la nouvelle couverture de l'édition Gallimard). Assurément, les images du train de Strelnikov fonçant à travers la Sibérie, celle de Jivago arrivant épuisé au domicile de Lara et la fin dans le tramway de Moscou sont restées ancrées dans ma mémoire. Se plonger dans le roman de Pasternak, c'est d'abord retrouver les grands romans russes du dix-neuvième siècle, avec toute leur galerie de personnages (avec prénom, diminutif et patronyme). "Le docteur Jivago" est à la fois une fresque historique et sociale (qui débute en 1905 et se déroule en grande partie pendant la guerre civile), un roman d'amour et un roman d'idées dans lequel Pasternak développe ses principes esthétiques ou philosophiques. Jivago, sorte de double de Pasternak, traverse tous les évènements dramatiques de ces années-là, mais sans vraiment y participer en s'engageant volontairement (il est d'ailleurs dénué de toute volonté lui dit Lara, tout en admirant en lui son intelligence). Le roman raconte ces destins individuels ballotés par la grande Histoire et qui se croisent dans l'immense espace de la Russie à la faveur du hasard, comme les lignes de chemin de fer se croisent à une fourche pour se séparer ensuite.

En ce qui concerne le style de Pasternak, si j'ai apprécié certains passages très poétiques (notamment un à propos d'un sorbier et d'autres où ce sont les arbres qui regardent par les fenêtres), je suis restée indifférente aux passages trop lyriques. Il ne fait aucun doute que des motivations politiques sont entrées dans l'attribution du prix Nobel à Pasternak en 1958, en pleine guerre froide.

S'il ne fait pas partie de mes lectures russes préférées, "Le docteur Jivago" est néanmoins un roman incontournable à lire pour qui s'intéresse à la culture russe.

PS : j'ai grandement apprécié la qualité du papier fin de la nouvelle édition de Gallimard (surtout en comparaison de mon vieil exemplaire de l'édition de 1958, qui a , c'est le moins qu'on puisse dire vécu.

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Le Docteur Jivago

"The great misfortune, the root of all the evil to come, was the loss of faith in the value of personal opinions. People imagined that it was out of date to follow their own moral sense, that they must all sing the same tune in chorus, and live by other people's notions, the notions which were being crammed down everybody's throat." Sounds like North America in 2024, but it isn't. It is Lara speaking to Yuri about the sate of Russia in the early days of the Soviet Union. A quote from Boris Pasternak's brlliant Doctor Zhivago. It's a story of change, of revolution, of love, and of course the horrors of war. Russian classics are not in short supply. I'm tempted to believe that part of America's constant dislike and perceived fear of all things Russian is partially due to the importance of intellectuals in that country in comparison to the disdain for which they are often held in the USA - Pasternak's characters discussing poverty and the roots of pre-revolutionary unrest: "It is always a sign of mediocrity in people when they herd together....The truth is only sought by individuals, and they break with those who do not love it enough." Doctor Zhivago takes us through the chaos and confusion of a time when Russians were attempting to throw off the yoke of the Czar, and replace it with something new. An initial revolution in 1905 brought a bit of hope, that was only too quickly dashed. In 1917, and throughout the civil war that followed, the ground was layed for something new, however, like many new plans put into place quickly, the kinks and weaknesses were not always sorted out. Pasternak descrbes this time in both beautiful and terrifying language.
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Le Docteur Jivago

Cette épopée couvre le début du XXème Siècle et ses bouleversements dans cet immense pays qu’était déjà la Russie et Boris Pasternak, poète reconnu mais en disgrâce à la fin des années quarante, fait cohabiter dans ce grand roman épique la petite histoire du couple que forment Lara et Iouri, avec la Grande.

On entend bien dans les réflexions de Jivago, les propres désillusions de l’auteur quant à tous les espoirs qu’avaient suscités les idéaux menant à la révolution de 1905 puis à celle de 1917. Comme le laisse entendre les propos de Jivago p 332 à son interlocuteur qui, lui, parle de nécessité historique : "...j’ai été d’humeur très révolutionnaire, mais j’en suis venu à penser qu’on arrive à rien par la violence. On ne mène au bien que par le bien…", voilà des paroles proches du message des Evangiles. D’ailleurs l'interprétation des textes sacrés tient une place prépondérante dans les dialogues et les réflexions des personnages.



Tout au long de la lecture du Dr Jivago, on ne peut que souscrire à cette pensée à propos de la poésie de Pouchkine p 358-59 : " Comme s’ils faisaient irruption par la fenêtre, la lumière et l’air du dehors, le bruit de la vie, les choses, les substances sont entrés dans le poème. Les objets du monde extérieur, ceux de la vie quotidienne, les noms communs, se pressant et se bousculant, ont pris possession du vers, boutant dehors les parties du discours moins précises. Et, en lisière du poème, se dresse la colonne des rimes : des objets, des objets et encore des objets."

Ce qu’on a coutume d'appeler l’âme slave, avec la place prépondérante qu’occupe la poésie s’exprime entre autre dans la description que fait Pasternak des paysages comme p 445 où, tout en décrivant " le temps le plus affreux qui soit ", la suite n’est pas sans émouvoir tant la musicalité dans la narration enchante le lecteur : " L’averse fumait en glissant sans les imprégner sur les aiguilles vernies des conifères, comme sur une toile cirée. Les fils télégraphiques s’emperlaient de gouttes de pluie. Elles se pressaient l’une contre l’autre sans jamais tomber."



N'oublions pas que cette saga traverse une période troublée où les divisions de classes sont abolies, où toutes sortes de personnages se croisent et la gouaille du peuple donne aux dialogues un aspect truculent ce qui rend le récit très vivant. Là encore, je veux souligner la rigueur et le soin apportés au travail de traduction.



C’est de la bouche de Larissa, à propos de son époux Pacha que Pasternak nous livre un constat désenchanté de son époque p 502 : " Cette aberration collective s’était répandue partout, elle collait à tout. Tout se soumit à elle. Notre foyer ne résista pas à ce fléau. Il fut ébranlé. Au lieu de la vivacité insouciante qui y avait toujours régné, une stupide nuance d’emphase se glissa jusque dans nos conversations, une obligation à faire l’intéressant, à disserter sur des thèmes universels de commande. Un homme aussi fin, aussi exigeant que Pacha, capable entre tous de faire la différence, sans erreur, entre l’essence et l’apparence, pouvait-il passer à côté de cette imposture subreptice et ne pas la remarquer ? " . Malheureusement, il faut croire qu’il fut loin d’être le seul, et pas qu’à l’aube du XXème Siècle, au regard de l’Histoire…



C’est bien évidemment de la poésie qui va clore ce grand roman, 25 poèmes dont la plupart évoquent les saisons.

Alors lire ou relire cette œuvre magistrale dans cette nouvelle traduction, je ne peux que vous y encourager !






Lien : https://cequejendis.fr/2023/..
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Le Docteur Jivago

Le roman raconte l’histoire de Iouri Jivago, médecin et poète russe.

Son enfance, la mort de sa mère, puis ses études de médecine, ses amis, son mariage, ses amours, ses enfants… durant la révolution russe de 1917 et la Seconde Guerre mondiale.

De nombreux personnages (appelés selon différents noms), des liens plus ou moins évidents entre ces personnages, des destins croisés échelonnent le roman.



Avis :

Un roman fleuve qui s’inspire d’une histoire d’amour impossible pour dépeindre les turpitudes politiques et économiques de la Russie devenue URSS.

Pas étonnant que le roman ait été censuré par le régime bolchevique !

Réhabilité depuis, il fait désormais partie du programme scolaire russe.

Pasternak reçoit le prix Nobel de littérature en 1958, un an après la publication du roman et en dépit de la censure soviétique.
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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Essai d'autobiographie

Tout est dit dans la présentation de l'éditeur : Ce livre est une autobiographie spirituelle. Pasternak s'attache à raconter les circonstances qui ont éveillé sa vocation de poète et d'écrivain. Il retrace l'histoire des influences et des amitiés : de Tolstoï à Rilke, d'Alexandre Blok à Maïakovski et Essenine.



J'ai bien aimé comment il parle de la musique avant de parler des écrivains. J'ai bien aimé les descriptions de ce monde d'artistes d'avant 1914. Son père a peint Verhaeren, Pasternak l'a rencontré ! Et j'ai bien aimé ce qu'il dit sur Rilke.



Mais il n'aborde pas les évènements historiques du pays, guerre de 1914 (il est réformé à cause d'une blessure d'enfance, jambe cassée et restée plus courte que l'autre) ni la révolution de 1917.



L'écriture est assez décevante. Le style est presque scolaire, simpliste, aucun effort de narration.
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Quinze Lettres de Marina Tsvetaieva à Boris P..

Un livre comme un écrin pour cet amour épistolaire et absolu. Deux rencontres, l'une fugace dans une rue de Moscou avant la révolution, l'autre décevante des décennies plus tard. 15 lettres de Marina Tsvetaeva dans ce livre (édité par la précieuse maison Clémence Hiver)précieux, recouvert de papier cristal, fragile et crissant comme ses mots . "Ceci n'est pas une déclaration d'amour, mais une déclaration de destin." (14 février 1925, lettre d'annonce de la naissance de son fils, conçu avec son mari mais "Votre moi est en mon fils" écrit-elle à Pasternak "Il fut Boris, tant que personne ne l'a su... Ce fils , je me le suis commandé.")

"J'ai fait de mon âme ma maison, jamais de ma maison-mon âme. Je suis absente de ma vie, je ne suis pas à la maison. Une âme dans une maison - une âme-à-la-maison, pour moi c'est l'inconcevable, c'est justement ce que je ne conçois pas."
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Ecrits autobiographiques - Le Docteur Jivag..

Ce grand roman politico-historique est un plongeon dans le grand bain de l'Histoire russe ! On comprend assez rapidement la raison pour laquelle il a dans un premier temps été victime de la censure étatique...

Car, les personnages font ils l'histoire où l'Histoire crée-t-elle les personnages de ce magnifique roman?

Afin de ne pas trop en dire, je resterais floue sur l'histoire intime des personnages qui nous permettent d'appréhender et de vivre pleinement le chaos de la vie dans la Russie du début du 20ème siècle. Les révolutionnaires désertent Moscou, le vainqueur d'aujourd'hui sera sans doute le vaincu de demain. Le pouvoir est instable et rend la vie compliquée sur fond de famine, de condition climatique désastreuse, de délation et d'arrestations abudives. Pasternak nous depeint les conditions de vie du vrai peuple russe, sans fard ni biais. Le blizzard souffle dans la toundra, les trains déposent les soldats sur les fronts, la misère est partout. En 1905, la famine et le typhus font rage!

J'ai adoré ce livre... dur... vrai... des individus en quête d'eux-mêmes dans un pays en souffrance.

Et si parfois les noms et surnoms russes sont nombreux et compliqués, cela fait aussi partie du plaisir de découvrir cette littérature si différente !

A lire sans modération !
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Le Docteur Jivago

Jivago = jiva qui signifie vie ou vivant en russe.



Le succès de ce roman réside dans ce qui permet à un être humain de lutter contre l'emprise de la pulsion de mort, de lutter contre la haine. Il se délivre du désespoir, de l'angoisse de la guerre par ses poèmes et par l'amour.



Ce docteur vie son espace intérieure grâce à sa dimension poétique d'écrivain et ne renonce jamais aux sentiments amoureux, affectifs, familiaux, même écrasés par des idéologies totalitaires.

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Le Docteur Jivago

J'avais hâte de lire ce livre dont j'avais entendu dire tant de bien. Mais je n'ai pas été tout à fait séduite et ce dès les premières lignes. L'intrigue est pourtant intéressante, les personnages uniques avec une véritable personnalité. Je les qualifierais même d'inoubliables tant l'auteur a su faire de chacun d'eux une individualité.



Les premiers chapitres posent les jalons de l'histoire. Chacun d'eux introduit de nouveaux personnages, devenus si nombreux au bout de quelques pages que j'ai finalement créé un répertoire détaillé dans lequel j’ai listé progressivement les noms, professions, origines de chacun d'entre eux ainsi que les liens qu'ils entretiennent les uns avec les autres. Cela m'a paru d'autant plus utile que certains personnages réapparaissent au milieu ou à la fin du livre.



Cette lecture désormais achevée et avec quelques jours de recul, j'en viens à considérer la complexité de cet ouvrage comme le reflet de la vie même. Les rencontres entre les hommes et la foule d'êtres qui les entourent, leur destinée, les hasards qui jalonnent le quotidien, sont restitués au gré des pages. J'aime ce passage où les personnages se croisent sans encore se connaître : Lara et Pacha sont dans leur chambre. Pacha a posé une bougie devant la fenêtre parce que Lara aime l'ambiance créée par ce genre d'éclairage. Au-même moment, loura passe dans la rue ; il « remarqua un œil noir dans la couche de givre qui couvrait l'une des fenêtres. A travers cet œil luisait la flamme d'une bougie, qui paraissait jeter dans la rue un regard conscient, comme si elle surveillait les passants et guettait quelqu'un. » Ou encore plus loin : « Tous étaient là, réunis, côte à côte ; les uns ne se reconnurent pas, les autres ne s'étaient jamais connus ; certaines voies du destin restèrent à jamais cachées, d'autres, pour se révéler, devaient attendre une nouvelle occasion, une nouvelle rencontre. » La destinée est incarnée par l'auteur lui-même. L'écrivain crée une connivence avec le lecteur en abordant la question de la création au cours du récit. Il se présente comme un dieu omnipotent qui organise, sous les yeux du lecteur, auxquels il donne ici des indices de sa présence, la vie des personnages.



Cet ouvrage est aussi une ode à l'amour de deux êtres qui se sont aimés comme on respire. La vie de loura Andrievitch Jivago est à l'image de ce qu'il dégage aux yeux de Lara : « un souffle de liberté et de détachement ». On peut même dire qu'il est inclassable et en cela il incarne une qualité essentielle aux yeux de l'auteur : « l'appartenance à un type, c'est la mort de l'homme, sa condamnation. » Lara est sans doute la seule à l'avoir aussi bien compris. Peut-être parce qu'elle incarne avant tout l'amante, l'amour : « Oh, comme il l'aimait ! Comme elle était belle ! C’était la beauté de ses pensées, de ses rêves, celle dont il avait besoin !» Alors qu'une tout autre image de Tonia apparaît dans les rêves du docteur : « Voici Tonia qui marche dans la plaine sous la tempête de neige, avec Sachenka dans ses bras » Mais Iouri « oublie toujours qu'il a deux enfants !» Tonia est davantage l'incarnation de la maternité, Lara celle de l'amour. Amour qu'il vit avec une certaine culpabilité ; il lui donne de la fièvre et lui fait faire des cauchemars. On ne peut oublier la dernière lettre de Tonia où elle clame son amour et ces mots emplis de souffrance : « Tout le malheur vient de ce que je t'aime et de ce que tu ne m'aimes pas. Je m'efforce de trouver la raison de cette condamnation, d'en saisir le sens ». A la fin de la lecture, Iouri « s'écroula sur le divan sans connaissance. » « Où sont les autres ? » se demande-t-il à propos de son beau-père et du personnel de la maison. « Oh ! II vaut mieux ne pas se poser de questions, ne pas penser, ne pas approfondir. » Il me rappelle quelque part en cela Anna Karenine qui, elle aussi, avait quitté sa famille et abandonné son fils pour vivre un grand amour.



Mais, en fin de compte, l'éclatement de la famille est à l'image de l'histoire que vivent les personnages, l’histoire que vit la Russie, où la révolution bolchévique et la guerre civile ont tout fait éclaté, où les hiérarchies ne comptent plus. Les gens fuient, meurent, n'ont plus rien à manger, tout est sens dessus dessous, et dans ce chaos, seul l'amour donne encore du sens à la vie. C'est l'histoire qui va réunir une première fois les personnages. Lara est devenue infirmière pour partir à la recherche de son mari sur le front tandis que le docteur a été enrôlé en tant que médecin militaire. Ils se sépareront pour rejoindre leur famille. C'est encore l'histoire qui va les rapprocher puis les séparer définitivement. Et c'est justement en vertu de cela que l'Union des écrivains soviétiques refusera de publier l'ouvrage de Boris Pasternak ; ils y voyaient une critique du régime socialiste. Comme Iouri et Lara refusent de sacrifier leur amour à la révolution au point que leurs sentiments en viennent à faire concurrence à l'idéal politique, le pouvoir soviétique a accusé l'auteur de nourrir une vision contre-révolutionnaire.



Et cet amour est d'autant plus touchant qu'il recèle une part d'autobiographie puisque Lara est inspirée du dernier amour de l'auteur, Olga lvinskaia. Elle sera envoyée à deux reprises au goulag pour faire pression sur Boris Pasternak où elle perdra l'enfant qu'elle attendait de lui.



On dénote pourtant dans ce roman une dimension plus universelle que franchement politique. En tant que poète, l'auteur met souvent en relation ce que vivent les personnages avec la nature par le biais de figures de styles, de parallèles et d'images : « ils s'aimaient parce que tout autour d'eux le voulait ». Ils avaient le « sentiment bienheureux qu'ils aidaient eux aussi à façonner la beauté du monde ». Tout prend une dimension universelle jusqu'à la révolution même que tous les êtres humains pourraient connaitre : « Elle s'est réveillée, notre petite mère la Russie, elle ne tient plus en place, elle va et vient sans se lasser, elle parle, parle, sans se lasser. Et ce ne sont pas les hommes seulement. Les étoiles et les arbres se sont réunis et bavardent, les fleurs de nuit philosophent et les maisons de pierre tiennent des meetings. » « La moitié de l'ouvrage a été faite par la guerre, le reste par la révolution. La guerre a été un arrêt artificiel de la vie, comme si on pouvait accorder des sursis à l 'existence, quelle folie et La révolution a jailli malgré nous, comme un soupir trop longtemps retenu. Chaque homme est revenu à la vie, une nouvelle naissance, tout le monde est transformé, retourné. On pourrait croire que chacun a subi deux révolutions : la sienne, individuelle, et celle de tous. Il me semble que le socialisme est une mer dans laquelle, comme des ruisseaux, doivent se jeter toutes ces révolutions particulières, personnelles, un océan de vie, d'indépendance. »

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Le Docteur Jivago

un des rares romans que je n'ai jamais terminé
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