Citations de Chimamanda Ngozi Adichie (1000)
Certains me demandent : « Pourquoi employer le mot féministe? Pourquoi ne pas vous contenter de dire que vous croyez profondément aux droits de l'homme, ou quelque chose comme ça?» Parce que ce serait malhonnête. Le féminisme fait à l'évidence partie intégrante des droits de l'homme, mais se limiter à cette vague expression des droits de l'homme serait nier le problème particulier du genre. Ce serait une manière d'affirmer que les femmes n'ont pas souffert d'exclusion pendant des siècles. Ce serait mettre en doute le fait que ce problème ne concerne que les femmes. Qu'il ne s'agit pas de la condition humaine mais de la condition féminine.
Les épaisseurs de perte donnent le sentiment que la vie est mince comme du papier. (p. 96)
Si la vieille rengaine « l’esclavage est un truc du passé » refait surface, demandez à votre ami de mentionner qu’une quantité de Blancs continuent à hériter de l’argent que leurs familles ont gagné il y a un siècle. Si cet héritage perdure, pourquoi pas l’héritage de l’esclavage ?
Beaucoup de soldats étaient déguisés, mais ils les repéraient grâce à leurs bottes.
_ Quoi ? demanda Kainene en se penchant en avant.
_ Leurs bottes. Madu jeta un coup d'œil sur ses chaussures.
_ Tu sais que nous autres soldats nous portons des bottes en permanence, alors ils examinaient les pieds des hommes un par un et chaque fois qu'ils trouvaient un Ibo qui avaient les pieds propres et pas craquelés par l'Harmattan, ils l'amenaient et l'abattaient.
Nous enfermons les garçons dans une toute petite cage appelée "virilité". Nous leur apprenons qu'il ne faut pas avoir peur, ni être faible. Nous leur demandons de cacher ce qu'ils sont vraiment et d'être des "hommes durs".
La culture ne crée pas les gens. Les gens créent la culture. S'il est vrai que notre culture ne reconnaît pas l'humanité pleine et entière des femmes, nous pouvons et devons l'y introduire.
Éduque-la à la différence. Fais de la différence une chose ordinaire. Apprends-lui à ne pas attacher d'importance à la différence.
Je me souviens d’un homme qui m’a dit un jour que les règles ressemblaient à de la merde. De la merde sacrée alors, lui ai-je répondu, parce que sans les règles tu ne serais pas là.
Montre-lui que les femmes blanches et minces sont belles,
et que les femmes qui ne sont ni blanches ni minces sont belles.
Quand l'égalité est réelle, la rancœur n'existe pas.
- Qui a introduit le racisme dans le monde ? reprit Odenigbo.
- Je ne vois pas où tu veux en venir, dit Kainene.
- C'est l'homme blanc qui a introduit le racisme dans le monde. Il s'en est servi comme base de conquête. Il est toujours plus facile de vaincre un peuple plus humain.
- Alors, quand nous vaincrons les Nigérians, ça voudra dire que nous serons devenus moins humains ?
....sur la façon dont les stéréotypes appauvrissent et limitent nos idées....
La véritable tragédie de notre monde postcolonial, ce n'est pas qu'on n'ait pas demandé à la majorité des gens s'ils voulaient de ce monde nouveau ou pas ; c'est plutôt qu'on n'a pas donné à la majorité des gens les outils pour appréhender ce monde nouveau. (p.126)
Il y a des gens, écrivit - elle une fois, qui pensent que nous ne pouvons pas nous gouverner nous - mêmes parce que les rares fois où nous avons essayé, nous avons échoué, comme si tous ceux qui se gouvernent par eux-mêmes aujourd'hui y étaient arrivés du premier coup. C'est comme si on disait à un bébé à quatre pattes qui essaie de se lever pour marcher, puis retombe sur son derrière, de rester où il est. Comme si les adultes qui lui passent devant n ' avaient pas tous commencé à quatre pattes!
" Les tyrans continuent de régner parce que les faibles n’ont pas la force de résister"
Il écrit sur le monde qui garda le silence pendant que les Biafrais mouraient. Il avance que les Britanniques sont à l'origine de ce silence. Les armes et les conseils
que la Grande-Bretagne donnait au Nigeria déterminaient la position des autres pays. Le Biafra appartenait à la « sphère d'intérêt de la Grande-Bretagne ». Au Canada, le Premier ministre lança ironiquement : « Où est le Biafra ? » L'Union soviétique envoyait des techniciens et des avions au Nigeria, ravie de cette occasion d'influencer l'Afrique sans offenser l'Amérique ni la Grande-Bretagne. Et l'Afrique du Sud et la Rhodésie, fortes de leurs politiques de suprématie blanche, jubilaient de cette preuve supplémentaire que les gouvernements dirigés par des Noirs sont voués à l'échec.
La Chine communiste dénonça l'impérialisme anglo-américano-soviétique, mais ne fit pas grand-chose d'autre pour soutenir le Biafra. Les Français vendirent quelques armes au Biafra, mais ne lui accordèrent pas la reconnaissance dont il avait tant besoin. Et de nombreux pays d'Afrique noire craignirent qu'un Biafra indépendant ne déclenche d'autres sécessions, et soutinrent donc le Nigeria.
« Nous étions au début de la saison des pluies et les frangipaniers plantés près de l’enceinte emplissaient déjà la cour du parfum douceâtre de leurs fleurs.
Une haie de bougainvilliers violettes , taillée au cordeau comme un buffet, séparait les arbres noueux de l’allée .Plus près de la maison , d’éclatants buissons d’hibiscus s’étiraient l’un vers l’autre en s’effleurant , comme pour échanger leurs pétales » ....
Dans l'histoire de l'humanité, la colère a très souvent amené des changements positifs. Et puis, je ne ressens pas uniquement de la colère. Je ressens aussi de l'espoir parce que je crois profondément que les êtres humains peuvent changer et s'améliorer.
D'après un journaliste, (il fallait) éviter à tout prix de me présenter de la sorte (comme féministe) car les féministes sont malheureuses, faute de trouver un mari.
Cela m'a incitée à me présenter comme une Féministe Heureuse.
Puis une universitaire nigériane m'a expliqué que le féminisme ne faisait pas partie de notre culture, que le féminisme n'était pas africain, et que c'était sous l'influence des livres occidentaux que je me présentais comme féministe.
(...) puisque le féminisme n'était pas africain, j'ai décidé de me présenter comme une Féministe Africaine Heureuse.
C'est alors qu'un de mes proches amis m'a fait remarquer que me présenter comme féministe était synonyme de haine des hommes. J'ai donc décidé d'être désormais une Féministe Africaine Heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes.
Ifemelu lui montra la couverture du roman. Elle n'avait pas envie d'engager une conversation. Surtout avec Kelsey. Elle reconnaissait chez elle, le nationalisme des Américains libéraux qui critiquaient copieusement l'Amérique mais n'aimaient pas que vous en fassiez autant; ils s'attendaient à ce que vous gardiez le silence, soyez reconnaissant, et vous rappelaient en permanence à quel point l'Amérique était supérieure à l'endroit, quel qu'il soit, d'où vous veniez.