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Critiques de Chuck Wendig (188)
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Les Somnambules

Un matin, quelque part en Pennsylvanie, une jeune fille se met à marcher, droit devant elle, le regard vide mais d’un pas résolu. Rien ne peut l’arrêter. Sa sœur décide de la suivre et, bien vite, d’autres marcheurs accompagnés de leurs proches les rejoignent. Pour expliquer cet inexplicable troupeau de somnambules qui grossit sans discontinuer et qui traverse les Etats-Unis d’un bout à l’autre, jour après jour, sans jamais s’arrêter, toutes les suppositions vont être avancées : une maladie ? un acte de terrorisme ? une intervention extra-terrestre ? L’Apocalypse ? et si c’était un peu de tout ça ?



En dire plus reviendrait à ôter une bonne part du mystère de cet incroyable voyage en compagnie des Somnambules. De prime abord, on pourrait se dire que l’intrigue paraît simple et que la dénouer en 1165 pages va sans doute être ennuyeux mais il n’en est rien ! Le style de Chuck Wendig est abordable, percutant, avec une petite touche d’humour sarcastique, bourré de références diverses et variées, allant du rock and roll à la culture geek, en passant par la science, la médecine, la religion et les (en)jeux de la politique américaine. Pas un seul instant on ne s’ennuie durant le voyage, bien au contraire : les pages se tournent rapidement et le suspense est maintenu grâce la construction du roman qui alterne les points de vue sans liens entre eux parfois (mais en apparence seulement), les interludes.



J’ai réellement été bluffée par cet exceptionnel roman de science fiction écrit par Chuck Wendig. Il s’agit bien ici de science fiction (et non de fantastique) puisqu’intelligence artificielle il y a ici mais la réalité dans laquelle nous plonge « Les Somnambules » n’est pas située dans un futur lointain, au contraire, cette réalité est proche, bien trop proche, de la nôtre. C’en est parfois perturbant et angoissant. L’auteur nous propose une réflexion sur la dualité de l’homme : à la fois capable du pire et du meilleur quand il s’agit de survie, l’être humain peut tantôt faire preuve d’entraide, de solidarité et d’adaptabilité et tantôt être la source de sa propre autodestruction, en révélant les pires côtés de sa nature, manipulation, racisme, extrémisme, fanatisme, violence… Il nous invite aussi à réfléchir à cette question : menacée d’extinction, et malgré sa capacité d’autodestruction, l’humanité (ou du moins une partie de celle-ci) mérite-t-elle d’être sauvée ?



« Les Somnambules » est un cadeau de l’homme qui partage ma vie et qui, décidément, sait choisir les fictions qui font écho aux questions qui me turlupinent. C’est aussi un réel coup de coeur.
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Les Somnambules

Imaginez que Stephen King et Michael Crichton aient un fils spirituel, cela donnerait sans conteste Chuck Wendig. Je pense ne pas avoir autant apprécié un roman apocalyptique depuis Le Fléau.

Mais se contenter de comparer Les Somnambules à une oeuvre de King ne lui rendrait pas justice. Wendig a son style propre, sa façon d'avancer dans son roman (presque 1200 pages !) sans que l'on s'ennuie à aucun moment, sans tentation de sauter des passages, tant sa prose est riche. Rythmée et passionnante, cette histoire de pandémie exterminatrice, écrite avant l'émergence du Covid trouve forcément des résonances dans la période actuelle.

Wendig se sert de son histoire pour égratigner avec férocité les aspects les moins reluisants des USA, depuis l'amour effréné des armes jusqu'aux milices suprématistes, en passant par les évangélistes manipulateurs. Il préfigure l'attaque du Capitole avec une clairvoyance qui fait froid dans le dos.

Chaque élément du roman est mis en balance avec les autres, dans une étude de l'âme humaine, de ses travers et de ses défauts, mais aussi de ce qui la rend belle. Les personnages, d'une profondeur rare, sont certes tous des archétypes de certaines catégories de personnes. Toutefois, archétype n'est pas synonyme de stéréotype. Chacun possède son histoire et ses raisons, chacun va réagir à sa façon, sans que l'auteur les juge.

Cela permet à Wendig de livrer un roman époustouflant de justesse et d'humanité, qui sonne comme une alerte.

un énorme coup de coeur pour ma part.
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Les Somnambules

Lire, c'est aussi prendre le risque de ne pas aimer et là, j'ai frôlé la catastrophe avec cette histoire... à dormir debout !



C est une lecture chewing-gum qui s'étire à n'en plus finir et l'auteur nous prend pour des enfants qui ne comprennent rien sans rabâchage (mais ça, c'est un défaut que l'on retrouve de partout dans dans notre société d'aujourd'hui).



Je dois reconnaître que ça aurait pu être pire... L'écriture est plutôt cinématographique, ça se lit vite et l'histoire est suffisamment addictive pour nous garder éveillé jusqu'à la fin !



Au final, ce que je retiens de ce livre tient en une seule question : Est-ce qu'on peut parler d'extinction de masse si un parasite se fait anéantir par plus méchant que lui ?



Pour connaître la réponse, il faudra attendre le tome 2... mais là ce sera sans moi !
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Les Somnambules

Et si la fin du monde était en marche ?

Allez, on vous embarque pour une grande balade à travers les Etats Unis, en compagnie d’êtres humains qui marchent comme des somnambules, sans s’arrêter. Enfin il vaut mieux ne pas tenter de les arrêter…

Pour la petite histoire, on m’a recommandé très judicieusement cette lecture à la suite d’un commentaire assez sévère que j’avais écrit sur un autre récit de roadtrip/fin du monde qui m’avait déçu.

Comme quoi, il faut toujours dire ce que l’on ressent sur ses lectures. Et les lectures décevantes conduisent vers des lectures plus satisfaisantes. On affine ses choix, grâce à Babelio. C’est plutôt rassurant car quand je vois le nombre de livres édités chaque année et que je le compare au nombre de livres que je parviens à lire, je frise la crise de panique à l’idée de passer à côté d’une pépite.

Bref, là nous avons affaire à un beau récit de fin du monde. Bien construit, bien équilibré entre la vision à l’échelle individuelle et la vision universelle. Entre les interrogations scientifiques et les interrogations politiques. Entre la technologie et la survie. Entre le bien et le mal. Entre ceux qui voudraient vivre cacher et ceux qui cherchent la notoriété à tout prix pour leurs propres intérêts, à la philanthropie parfois discutable. C’est malin et original. Très actuel aussi. Et sans filtre. Certaines scènes pourraient figurer dans Walking Dead. De là à imaginer le roman adapté en série, il n’y a qu’un pas. J’ose le jeu de mots…

Un tout petit bémol sur certains passages que j’ai trouvé un peu longs, mais cela participe aussi certainement au charme du récit.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Préparez votre camping-car ou un sac à dos léger, et de bonnes chaussures car la marche va être longue, mais passionnante.

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Les Somnambules

Shana vit avec son père et sa sœur, Nessie, dans une ferme de Pennsylvanie. Depuis le départ de leur mère, c’est elle qui gère la maison, et sa petite sœur, une gamine brillante. Ladite gamine que Shana ne trouve pas tout de suite, ce matin-là… Non, Nessie est partie, marchant, les yeux vides, n’entendant rien, comme une somnambule, vite rejointe par un, puis dix, puis cent personnes comme elle. Et rien ne semble pouvoir arrêter cette marche, incompréhensible, vers nulle part… Pas même le CDC (Center for Disease Control), mis sur les rangs par un gouvernement très contesté… Mais comment ces gens sont-ils devenus ces « somnambules » ? La comète, passée au-dessus de la Terre quelques heures auparavant, une invasion extraterrestre, un virus… ??? Un virus, oui peut-être, annonciateur de la fin du monde…

Longtemps, j’ai remis cette lecture à plus tard… Face à ses 1200 pages, je dois bien admettre avoir eu… euh… la flemme, oui !!! C’est long, 1200 pages. Et si effectivement, le premier tiers du roman me l’a fait sentir, voire même m’a donné envie de renoncer, je ne regrette pas de m’être finalement accrochée.

Passé outre le nombre de pages, les premières centaines manquant de rythme, j’y ai trouvé un roman post-apocalyptique passionnant, parfaitement documenté du point de vue scientifique et donc crédible. Pas de zombies, pas d’apocalypse nucléaire dans tout ça, mais quelque chose qui fait bien plus froid dans le dos, parce que si proche de la réalité, presque semblable à ce que le monde a vécu (ou aurait pu vivre, en tout cas) face au Covid (d’autant que la parution originale date de 2019 !!!)… L’auteur égratigne aussi le genre humain, capable, on le voit souvent dans ce genre, du meilleur comme du pire. Le gouvernement américain n’est pas en reste, de même que les religieux de tout poil et les fameux suprémacistes blancs. Je me suis sentie proche de certains personnages, face à leurs réussites et à leurs échecs, j’ai tremblé pour eux, aussi… J’ai aimé également les références ici et là, à la pop culture… En bref, beaucoup d’émotions, de curiosité, et pour ne rien cacher, un peu d’angoisse aussi, suscitées par ce roman…

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Les Somnambules

« Les somnambules » a été publié en juillet 2019 aux éditions Del Rey. Son auteur Chuck Wendig, né en 1976 est auteur d’œuvres de science-fiction, de fantasy, de thrillers horrifiques, de quoi vous donner un aperçu assez précis de son imagination fertile. Vous pouvez le suivre sur son blog « Terribleminds » qui allie pensées, conseils d’écriture et actualités personnelles. Les éditions Sonatine publient son roman en mars 2021, et je peux vous dire qu’elles ont rudement bien fait ! 2019, le monde tourne toujours à peu près rond… mais Chuck Wendig, lui, imagine qu’un mystérieux virus plonge les États-Unis dans le chaos. « Le virus s’est déjà propagé à grande échelle ; il ne s’est pas encore montré au grand jour. » Ce virus frappe tout le monde, homme ou femme, jeunes ou vieux, sans distinction de race. Il se manifeste comme un gros rhume, puis une vilaine grippe. Pour le détecter, des tests sont pratiqués à l’aide d’écouvillons que l’on pousse au fond du nez. 2019, le monde tournait encore à peu près rond, mais l’auteur lui s’était lancé dans la rédaction d’un texte visionnaire, prophétique, annonciateur d’un fléau colonisateur des corps et des esprits… Début 2020, la réalité dépasse la fiction : le monde est placé en quarantaine, frappé par un virus qui tue, oblige à des choix impossibles, restreint les libertés, et touche tous les pays sans distinction de race ni de sexe.



Dans « Les somnambules », seul un petit groupe de personnes semble épargné. On les appelle les marcheurs. Nessie est la première à se mettre en marche. Le même jour, ils seront dix à la rejoindre, le lendemain 22. Elle sera suivie par d’autres, et le troupeau grossira. Personne ne parvient réellement à comprendre ce phénomène. Quel est le but du troupeau ? Pourquoi marchent-ils ? Vers où ? Ont-ils un problème d’ordre spirituel ? Comment ont-ils été « choisis » ? Ils marchent sans s’arrêter, sans parler, sans boire, sans manger, sans dormir. Rien ne semble pouvoir les faire dévier de leur route… Certains ont essayé et se sont frottés à leur système de défense bien étrange… Les familles de ces marcheurs comprennent rapidement qu’ils sont en danger et qu’il faut les protéger : ils deviennent alors leurs bergers. C’est ensemble qu’ils parcourent des milliers de kilomètres. Autour d’eux, le lecteur devine une société en perdition, une nation entière sur le point de s’éteindre. L’atmosphère de fin du monde se répand alors que le virus gagne du terrain. La progression de cette « nouvelle peste somnambulique » interroge, fascine et inquiète.



Zoomons un peu sur le corps du roman parce qu’il y a beaucoup de choses à en dire.



Tout d’abord, « Les somnambules » constitue un essaim fourmillant de personnages, dont certains apparaissent comme par magie, mais pas sans raison. Si j’ai eu du mal à m’attacher à eux dans les premières pages, tout en dévorant pourtant ce pavé de 1165 pages avec enthousiasme, c’est tout simplement à cause d’un réflexe stupide d’autoprotection. La thématique du livre m’angoissait. Or, à la lecture, j’avais l’impression de ne rien ressentir, de rester en dehors de l’histoire. En réalité, je ne ressentais pas rien, j’avais peur. Toute ressemblance avec des faits ayant existé serait purement fortuite, vous voyez l’idée ? S’attache-t-on facilement à des protagonistes qui vivent les mêmes impasses que vous ? Non.



Une fois cette problématique identifiée, je leur ai ouvert les portes. Ce fut un déchaînement d’émotions. Chaque personnage apporte un plus au récit, prend une place singulière, contribue non seulement à l’étoffer, mais aussi à développer des thématiques chères à l’auteur. Ainsi, j’ai eu une affection particulière pour Matthew Bird pasteur en lutte avec lui-même, Ozark Stover, car il est l’archétype du Red Neck à l’esprit étriqué et sectaire dont les idées nauséabondes me font réfléchir sur la direction que prend l’humanité, Marcy Reyes, flic complètement cabossée par la vie au sens propre comme au sens figuré, Benji lanceur d’alerte déchu, trafiquant d’informations et de chiffres pour ameuter la conscience collective sur des pratiques infectes. C’est lui qui sera l’interlocuteur du mystérieux Black Swan que je vous laisse découvrir.



Le roman est un outil parfait pour faire le pont vers une analyse précise des problématiques sociétales et politiques de notre temps. Si Donald Trump n’est pas précisément nommé dans le texte, c’est bien de son idéologie dont Chuck Wendig parle. « Aujourd’hui les fausses informations — ou, plus exactement, la désinformation — semblaient partout, elles se répandaient dans l’atmosphère comme le pollen au printemps. » Les fake news fleurissent et sont mises en exergue, de même que les paradoxes véhiculés par certains hommes politiques américains. « Mais, là aussi, il y avait chez Creel une bonne dose d’hypocrisie : il claironnait à quel point il était pro-vie, mais soutenait la peine de mort avec autant d’énergie. »



Le racisme intrinsèque d’une partie de la population y est décortiqué par l’intermédiaire du personnage d’Ozark et permet de comprendre comment pensent certains : « Vous voyez, révérend, ça fait un moment que les choses n’avancent plus dans ce pays, avec tout un tas d’abrutis qui sont aussi heureux que des cochons en train de baiser dans la boue, ignorant totalement que le moteur est en train de se gripper. Les Latinos qui arrivent du sud, ces putains de bougnoules qui veulent nous faire exploser, faire s’écraser nos avions, faire foncer leurs voitures sur les gens. Et puis il y a les négros, ces prétentieux, qui pensent mériter quelque chose à cause du rôle qu’ils auraient eu dans la construction de cette nation… ils s’imaginent en avoir été les maçons… Ils ne comprennent pas qu’ils n’en étaient que la maçonnerie. Vous avez les Latinos qui piquent tous les boulots dans la cueillette, les bridés qui volent tous les bons métiers… Et quand vous appelez un service client, vous avez un Paki dans un pays qui se trouve à l’autre bout du monde où les gens boivent l’eau du fleuve dans laquelle ils chient et meurent. Les gens comme nous ne reconnaissent plus le monde qu’ils ont sous les yeux. Mais ça peut changer. Parce que maintenant, le moteur n’est plus grippé. Il est cassé. »



Le discours « America first » déclenche une forme de paranoïa de la population pour atteindre un paroxysme inquiétant dans la peur de l’autre. « Les somnambules » dont on ne comprend pas les intentions, dont on soupçonne d’être les auteurs d’une future attaque à grande échelle de l’Amérique exacerbe cette peur panique et contrecarre toute forme d’analyse. « J’ai plutôt l’impression que c’est une attaque contre le peuple américain sur le sol américain. Il n’y a pas d’autres troupeaux dans le monde. On ne trouve ces gens que chez nous, ici, et ces gens sont des armes. Des bombes humaines. » Ce ne sont ici que quelques thématiques que Chuck Wendig développe tout en confrontant les opinions par l’intermédiaire de ses différents personnages.



Vous l’aurez compris, « Les somnambules » est aussi riche par son contenu que grand par sa taille. La force des personnages, l’empathie du lecteur à leur encontre donnent l’impulsion au partage des émotions. Si le roman narre la fin de l’humanité, l’Humanité en est indubitablement le cœur, par la création de personnages clés, profonds, sagaces et lumineux. L’interaction des relations humaines en fait tout le sel malgré le déclin de l’espèce. Les références culturelles, l’insertion des technologies modernes telles que nous les connaissons posent l’image d’une société dans sa globalité. Au niveau de la narration, le mélange des genres, thriller, roman contemporain sociétal et science-fiction est un choix courageux et oh combien pertinent. L’affrontement entre les forces du mal et du bien permet le questionnement sur des thématiques fortes, essentielles et primordiales.



Il y a de quoi se réjouir puisque l’auteur doit sortir une suite qui devrait s’appeler « Wayward » attendue pour 2022. Cette suite aurait pour objectifs de dresser le portrait des somnambules « face à un gouvernement autoritaire en pleine ascension, dans une Amérique brisée par la maladie et les extrémismes politiques. Ils devront se frayer un chemin vers un avenir plus prometteur. » Les droits ont déjà été achetés pour une série télé. Nous n’avons pas fini d’en entendre parler et de mon point de vue, c’est amplement mérité.


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Les Somnambules

Vous aimez les romans post-apocalyptiques ? Alors vous pourriez bien vous laisser entraîner dans la marche des « Somnambules » de Chuck Wendig, véritable page turner addictif, qui nous embarque à la suite de ces marcheurs étranges. Hommes, femmes, jeunes ou moins jeunes, ils marchent tous dans la même direction inconnue, ils ont perdu toute conscience du monde extérieur, ils ne dorment plus, ne parlent plus, ne mangent plus. Ils marchent, et leur nombre grossit au fil des jours . Mais ce troupeau ne se déplace pas seul, il est accompagné par ceux qu'on appelle « les bergers », proches, amis, voisins, se joignent aux marcheurs pour tenter de comprendre ce qu'il leur est arrivé, et surtout parce qu'ils ne peuvent pas abandonner une mère, un époux, une sœur face à cette situation insolite.

Rapidement, ces Somnambules intriguent, inquiètent et stigmatisent toutes les peurs de la société dont ils sont issus. Ainsi nous suivons au fil des 1200 pages de ce gros pavé une foule de personnages : les marcheurs d'abord, les scientifiques ensuite, qui cherchent à comprendre le phénomène, les proches de ces marcheurs évidemment, mais aussi ceux qui comptent bien exploiter cette étrange épidémie pour semer la terreur dans la population et récupérer une part de pouvoir au passage : fanatiques religieux, suprémacistes blancs et autres opportunistes qui se saisissent de l'affaire pour déployer l'arsenal du complot, de l'angoisse et de la haine. Jusqu'à l'effondrement inévitable de notre monde ?

Le roman de Chuck Wendig aborde ainsi une très grande variété de thèmes (la pandémie, l'effondrement de la civilisation, le populisme, l'intelligence artificielle, …) et nous plonge dans un scénario complexe, cohérent toujours mais parfois superficiel de mon point de vue. Les personnages sont nombreux et leur traitement est réussi dans la mesure où ils sont caractérisés avec justesse mais là aussi, leur grand nombre m'a souvent laissée de marbre face à leurs péripéties (sauf Marcy la badass de service que j'ai adorée!). Ma récente lecture de l'immense trilogie post-apocalyptique de Justin Cronin « Le passage » aura sans doute desservi ma lecture des « Somnambules », que j'ai finalement refermé sans regrets. Une lecture-plaisir tout de même!

#netgalleyfrance #lessomnambules #chuckwendig
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Les Somnambules

Ce joli pavé a pris la poussière sur une étagère durant de nombreux mois avant que je me décide enfin à l’ouvrir. La présentation du 4ème de couverture ne m’enthousiasmait pas plus que ça et la couverture en édition pocket est plutôt laide.

J’ai eu tort d’attendre aussi longtemps. Je ne me suis pas ennuyée une seule fois le long de ces 1300 pages.

Ce livre prémonitoire et inspiré est paru en 2019. Il y est question d’une pandémie mortelle pour l’humanité, d’intelligence artificielle, de réchauffement climatique, de suprémacistes blancs, de NRA, de religion, de politique. Le tout s’articulant parfaitement et formant un cocktail bien corsé qui vous tient en haleine jusqu’au bout.

Une belle découverte.
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Les Somnambules

Les Somnambules est un gros pavé de plus de 1000 pages qui est à la croisée de plusieurs genres. Le lecteur se retrouve à plonger dans une sorte de road trip apocalyptique, mêlé à une enquête scientifique, ainsi qu'à une vision prospectiviste du monde actuel.



En effet Chuck Wendig nous raconte, à travers de nombreux personnages (esprit choral), une épidémie de marcheurs somnambules qui traverse les USA. Petit à petit la horde grossit, des proches les accompagnent dans ce voyage pour le moins étrange (les bergers), alors que les équipes scientifiques tentent de comprendre s'il s'agit d'une épidémie d'un genre nouveau, et quel danger réel cette procession d'humains au regard vitreux et au métabolisme altéré pourrait faire peser sur la nation américaine. On y trouvera aussi, en vrac et dans le désordre, des rednecks, des progressistes, des questions morales ou religieuses, du complotisme, de l'IA, des réseaux sociaux, des chauves-souris, du COVID, etc



Pour être tout à fait franc ce bouquin me laisse un goût amer dans la bouche. Il est plutôt bien écrit, bien rythmé, construit comme une série télévisée accrocheuse, et il a quelques atouts intéressants : des personnages auxquels on s'intéresse, un côté apocalyptique sympa, un déroulé cohérent, quelques scènes vraiment bien décrites et prenantes. J'y ai trouvé de nombreuses références plus ou moins récentes (Walking Dead, The Last of US, Days Gone, Marche ou Crève, etc) issues de la télé, de la littérature, du cinéma ou du jeu vidéo. Et c'est vrai qu'on a envie de tourner les pages et d'avancer pour en savoir plus.

Là où mon alarme intérieure se met en branle, en revanche, c'est avec cette sensation d'avoir plongé dans une œuvre plus commerciale qu'authentique. On dirait que l'auteur a fait une bonne étude de marché avant d'écrire, afin de ne choquer personne, d'inclure tout le monde, d'évoquer tout ce qui est à la mode aujourd'hui, et de choisir le camp d'un progressisme moraliste qui condamne les vilains blancs cisgenre conservateurs patriarcaux racistes adeptes des théories du complot. Oui, à mes yeux l'auteur est malheureusement tombé (à moins que ce ne soit conscient) dans une espèce de vision ultra binaire du monde, qui manque clairement de nuance. Cela ne dérange probablement pas les adeptes du mouvement woke, de la start-up nation, de la globalisation, et tant mieux pour eux car sans cette vision simpliste et caricaturale du monde, de la société, le bouquin pourrait être un chef d'œuvre.



J'ai vraiment l'impression d'avoir, avec Les Somnambules, parcouru un livre marqué du sceau Disney/Netflix, dont je trouve qu'il rend le monde lisse, fade, conforme, normé. Et c'est vraiment terrible car j'aurais aimé pouvoir aimer ce livre dont les mécanismes fonctionnent bien, et dont les thématiques sont pertinentes.



J'avais déjà ressenti un peu la même chose avec Sidérations, et j'ai bien peur que cela devienne de plus en plus récurrent dans la littérature américaine.



Voilà pour quoi mon avis est pour le moins mitigé, et voilà pourquoi je ne peux pas recommander chaudement ce livre, nonobstant ses qualités réelles.
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Les Somnambules

Quelle émotion en refermant ce pavé de 1300 pages qui m'a accompagnée durant 20 jours.



Je ne connaissais pas cet auteur, Chuck Wendig, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre et appréhendais cette lecture par peur de la trouver trop longue.



L'auteur décrit un monde apocalyptique qui pourrait totalement arriver. La folie de l'homme qui se dévoile sous différents comportements : le suprémacisme blanc et la violence de ces fascistes (ce qui m'a le plus choquée), le réconfort dans la drogue, dans la religion, dans le sexe...



J'ai trouvé l'histoire très originale, bien qu'il se soit visiblement inspiré d'un grand nombre de romans de SF, horreur, etc.



Le nombre de personages et la façon dont l'auteur écrit en s'adaptant à la personnalité de chacun est assez impressionnant.

C'est aussi très fort d'avoir réussi à créer des personnages qui se démarquent autant les uns des autres. Ils sont tous touchants, on ressent de l'empathie pour tous ces personnages (sauf vraiment un, le vrai "méchant" qui m'a donné la nausée tout le long de ma lecture).



Le raisonnement qu'il y a derrière ce roman me plaît beaucoup également : les Hommes sont les seuls responsables du réchauffement climatique et vont finir par devoir payer.



Concernant les points "négatifs" :



- franchement, ça aurait été utile de prévenir au début du livre des scènes violentes et de la scène de viol présentes dans ce livre. J'ai été à certains moments vraiment mal à l'aise devant l'horreur de l'humanité dépeinte dans ce livre, j'aurais bien voulu anticiper le choc. (Certes c'est écrit "catégorie 16" sur la 4e de couv mais ça ne me semble pas surfant)



- 1300 pages c'est parfois long à encaisser. À certains moments je voyais la longueur venir et avait un peu peur de m'ennuyer. Heureusement qu'au final, ces "longueurs" ne duraient pas longtemps. La plupart du temps j'avais hâte de lire la suite et ne pouvais lâcher le livre



- au début c'est un peu compliqué de se mettre dans l'ambiance tant il y a de lieux différents et de personnages différents



- j'ai parfois eu du mal à comprendre totalement comment fonctionne l'IA, mais bon c'est le jeu de la SF, tout n'est pas simple à comprendre.



Bref, je ne peux que recommander "Les Somnambules" à un public averti et prêt à souffrir avec les personnages ;)



Je vais maintenant prendre le temps de me remettre doucement de cette lecture qui m'a vraiment marquée.

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Les Somnambules

Je ne ferai aucun résumé de ce roman. L'éditeur l'a fait très justement, et je suis là première à râler du fond de mon canapé quand je tombe sur des critiques de 10km.

De plus, il est quasi impossible de résumer ce roman sans dévoiler ce qui ne peut être fait qu'en le lisant.

Roman passionnant, d'une qualité d'écriture rare, et qui réussit l'exploit de tenir en haleine, jusqu'à la toute dernière page. Il m'a été difficile de le quitter, de quitter les personnages, et on en sort bouleversé, d'une manière ou d'une autre.

On reste, encore un peu, d'une certaine façon, sur les routes avec les somnambules...
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Les Somnambules

J'en veux encore.



J'ai tourné ces plus de mille pages si fines et si fragiles avec douceur et impatience, avec cette soif de savoir et cette faim insatiable que procure un tel roman.

Je voyais l'épaisseur des pages inconnues se réduire comme peau de chagrin et j'essayais de faire durer ce plaisir autant que possible.



Il y a si peu de romans qui m'ont procuré un tel plaisir... Celui-ci concentre tout et bien plus encore. Il est de ceux qui me semble écrit pour moi, l'auteur étant l'être me connaissant le plus parfaitement. Fantasme égoïste, orgueil mégalo. Tant et si bien que l'intimité ressentie avec les personnages de ce roman m'a semblé presque tangible.



« Les somnambules » ne se contente pas d'être un roman apocalyptique. Ho bien sûr, il vibre dans l'air du temps et nous rapproche de nos propres angoisses et craintes, il est de ceux qui donnent quelques cauchemars et qui font se réveiller avec le cœur qui s'affole et des pensées noires plein la tête.

Mais le formidable est ailleurs : dans l'épaisseur des personnages que l'auteur a dû créer avec passion, dans les émotions et la violence, dans l'amour et la haine. Dans tout ce qui fait l'Homme enfin. Et par-delà toute cette intensité humaine, l'auteur a su tricoter son récit en faisant s'entrecroiser des sujets qui ont toute leur place dans un tel roman.



Dieu, racisme, médias...Des fils de couleurs différentes créant un jacquard provocateur et dangereux. Des fils explosifs lorsqu'ils s'enlacent car ces trois mots conjugués ensemble ne peuvent enfanter que haine et stupidité s'ils sont mal utilisés et mal compris.

Chuck Wendig a tout compris de cette menace. La boîte de Pandore Internet est ouverte depuis quelques décennies et ne fait qu'attiser les quelques foyers dont les flammes avaient du mal à grandir. Le monde brûle et nous ajoutons chaque jour un peu de bois sec pour qu'il brûle encore mieux.



J'en veux encore.



J'aimerais pouvoir encore tourner ces pages. J'aimerais m'endormir encore avec ce plaisir de lire un roman formidable et cette hâte d'être au lendemain pour pouvoir poursuivre. Me restera toutes ces réflexions et toutes ces pensées dont il m'a nourrie. Me resteront ces sensations savoureuses qu'il m'a offertes.
Lien : https://sous-les-paves-la-pa..
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Les Somnambules

En quelques mots :

Le modèle fragile américain qui s'effondre en même temps que l'humanité. Des pages et des pages de lecture acharnée pour savoir encore et encore. Des personnages comme vous comme moi ou comme eux, qui rend le livre encore plus fort. Une excellente réussite pour un pavé délectatoire.



En beaucoup plus de mots :

Ce roman risque de vous tenir éveiller durant de longues heures et même après avoir refermé cet énorme pavé. Mais avant de comprendre pourquoi, attachons-nous quelques instants à pourquoi lire ce roman alors que le thème proposé ici est une maladie mystérieuse qui va prendre de l'ampleur pour devenir pandémie mondiale et finalement l'extinction de notre espèce. Du déjà vu me direz vous ? Un public averti en vaut deux, vous continuez de souffrir des conséquences du COVID, deux options s'offrent à vous : passez simplement votre chemin, de trop difficiles souvenirs risquent de refaire surface, au contraire vous pourrez sans doute relativiser en sachant que ça aurait pu être bien pire. Oh oui, bien, bien pire !!! Lorsque Chuck Wending a écrit son roman, il ne se doutait sûrement pas que ce qu'il avait imaginé allait devenir réalité, ou du moins en parti.



C'est évident que si l'on m'avait proposé de lire ce roman l'année dernière j'aurai sûrement refusé : trop angoissant, trop réaliste (ou presque ...), trop, trop, trop dans un contexte également trop tout. Mais aujourd'hui, il permet de prendre un certain recul et faire un parllèle entre la gestion faite face à cette crise et ce que l'auteur à imaginer.



Mais revenons au fond de ce roman. Ce qui fait que ce livre devient un véritable page turner c'est la manière dont il est écrit : façon "meilleur roman de dystopie jeunesse" poussée en maturité. Comme ces romans si aimés du grand public, nous découvrons plusieurs personnages qui vont vivre la crise sanitaire de façon totalement différente, des personnages auxquels nous ne pouvons que nous attacher et d'autres que nous ne pouvons que détester et enfin ceux que l'on apprécie guère au début et dont on va changer le regard. Ce roman est tout simplement écrit avec des gens comme vous, comme moi, comme lui ou comme elle, tous ces êtres que chacun d'entre nous peut croiser au coin de la rue, avec leur force et leurs faiblesses, leurs questionnements, leur craquages, leur courage, leur propre système d'auto-défense, leurs manies, bref des vrais personnages.



Et parmi tous ces gens, il y a le troupeau qui migre à travers les Etats-Unis dont lui seul connait sa destination finale et qui va diviser le pays. Nous restons les observateurs de ce troupeau qui évolue indifféremment des états d'âmes des personnages extérieur.



Ainsi, Chuck Wending touche du doigt le point sensible de l'être humain : comment réagir face à l'inconnu, faire à l'impensable. L'auteur décrit avec finesse un tableau de la société américaine en noir et blanc, où le racisme a toute sa place, la suprématie un objectif de fin de vie et l'espoir d'un monde meilleur une connerie, car quand l'humain risque de disparaitre, il va faire en sorte d'être le dernier quel qu'en soit le prix.



L'auteur a su mettre en lumière ou plus exactement dans l'obscurité le rêve américain qui est loin, très loin derrière la nouvelle génération et que ce pays certes immense ne fait plus tout du tout rêver sauf peut-être les décors cinématographiques fabuleusement dépeints lors de l'avancement des somnambules.



Mais voilà, malgré le très bon de ce livre, j'ai malheureusement moins accroché à la touche d'anticipation qu'a mis l'auteur . Pour les inconditionnels de la série Netflix "The 100", ils comprendront en lisant le roman. La similitude est déstabilisante et finalement m'a profondément ennuyée. Cet aspect conduit inexorablement à la fin de cette œuvre pour laquelle je n'arrive toujours pas à me faire une opinion. Pas de spoil, mais quand même ...



Ce ne sera donc pas un coup de cœur, mais j'ai refermé ce roman avec regret, me séparant de personnages terriblement attachants qui auraient peut-être mérité encore une bonne centaine de pages. Vous devez me croire folle : 1164 pages, ce n'est pas suffisant ? Quand on aime on ne compte pas et puis lisez-le et vous comprendrez.
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Les Somnambules

Dans la littérature comme au cinéma, les plus grandes œuvres de science-fiction ont toujours su se montrer particulièrement visionnaires. Aujourd’hui plus que jamais, les récits d’anticipation semblent de plus en plus refléter notre réalité, voire largement la dépasser. George Orwell avec 1984, Stephen King avec Le Fléau, Emily St-John Mandel avec Station Eleven ou encore Margaret Atwood avec La Servante écarlate n’ont pas manqué de nous plonger dans des dystopies terrifiantes ou des univers post-apocalyptiques qui ont pourtant trouvé toute leur résonnance dans notre monde actuel. À son tour, Chuck Wendig, dans son excellent roman Les Somnambules, s’attaque frontalement à l’Amérique contemporaine pour mieux dresser le portrait sans concession d’une société malade étrangement similaire à la nôtre.



Au commencement de ce roman envoûtant, une mystérieuse épidémie s’empare petit à petit de la population américaine : comme frappée de somnambulisme, Nessie, la petite sœur de l’héroïne Shana, se met à vagabonder sans raison apparente et se retrouve rapidement rejointe par des dizaines, des centaines d’autres marcheurs. Le regard vide, mutiques, éveillés mais absents, tous se dirigent avec lenteur et détermination vers une destination inconnue. Ce qui ressemble d’abord à une errance passagère va vite se transformer en un véritable voyage à travers les États-Unis qui alimentera les pires spéculations. Complot gouvernemental ? Virus inconnu ? Invasion extraterrestre ? Attaque terroriste ? Face à cette situation inédite et inexplicable, chacun y va de son interprétation, et Chuck Wendig en profite pour réveiller les plus grands maux de l’Amérique actuelle : extrémismes religieux, théories du complot, violences armées, corruption des politiciens et urgence climatique sont au cœur de ce roman éminemment lucide sur son époque et sa patrie.



Au milieu de ce chaos imminent qui annonce une catastrophe à l’échelle mondiale, l’auteur soigne particulièrement le côté humain de son récit. Dans ce road-trip épique où ne semblent régner que la méfiance, l’individualisme et l’agressivité, les personnages principaux se rassemblent pourtant dans une solidarité inattendue pour faire face à l’impensable. Shana, devenue « bergère » pour veiller sur sa jeune sœur, les scientifiques Benji, Sadie et Arav, Matthew le pasteur, Pete la rock star en manque de reconnaissance et Marcy l’ex-flic vont chacun trouver leur place dans ce nouveau monde en devenir. Chuck Wendig passe d’un héros à l’autre sans jamais altérer le rythme de son récit, en explorant en profondeur les réactions respectives de ses personnages dans ce contexte si redouté de fin du monde. Au-dessus de ces êtres humains qui s’unissent dans l’adversité, Black Swan, une intelligence artificielle aux desseins ambigus, semble bien plus contrôler la situation qu’elle ne veut bien le laisser entendre…



Difficile d’en dire plus sans révéler tous les tenants et les aboutissants de ce récit captivant et incroyablement dense, qui s’étend sur quasiment mille deux cents pages. Car en plus de nous tendre un miroir de notre monde à la fois réaliste, sensible et inquiétant, Chuck Wendig se montre particulièrement ingénieux dans la gestion du suspense de son intrigue, qui se déploie insidieusement telle une toile d’araignée. Au fil des nombreux chapitres, les fausses pistes sont écartées et les révélations tombent petit à petit, mais le véritable mystère reste entier jusqu’à la toute dernière page. Par la pluralité de ses personnages, par la puissance de son récit et en brassant des sujets aussi divers que la science, la religion, la politique, l’écologie et la technologie, Chuck Wendig parvient à tenir son lecteur en haleine jusqu’à un final subtil, totalement immersif et ahurissant de perspicacité sur l’avenir critique, le destin funeste et les erreurs persistantes de l’humanité.



En mêlant action, émotion et réflexion, Les Somnambules s’impose comme une œuvre intelligente et inoubliable, au potentiel fortement cinématographique et puissamment prémonitoire. Il faut dire que le roman, publié aux États-Unis bien avant la pandémie de COVID-19 mais inédit chez nous en France, fait bel et bien figure de prophète tant par l’actualité brûlante de son sujet que par le lien qu’il tisse entre protection de l’environnement, épidémiologie et survie de l’espèce humaine. Après L’Anomalie de Hervé Le Tellier, heureux lauréat du Prix Goncourt 2020, on ne s’attendait pas à retrouver aussi vite une œuvre de science-fiction si qualitative, si addictive et si profondément concernée par les problématiques de notre temps. C’est pourtant mission accomplie, car Chuck Wendig et ses magnifiques somnambules resteront longtemps dans les mémoires littéraires comme les témoins éclairés de la déliquescence programmée du monde moderne et de ses travers.
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Les Somnambules

Les somnambules démarrent avec la jeune Nessie qui un jour va quitter la maison et se mettre à marcher. Sa sœur Shana va tenter de l'arrêter mais c'est impossible. Nessie ne réagit à aucun stimulus extérieur et marche telle une somnambule. Elle sera rejointe par d'autres marcheurs formant ainsi un troupeau qui va exacerber tous les antagonismes et les angoisses de la société américaine. Qui sont-ils? Qui les envoie? Représentent-ils une menace?



Toute ressemblance avec l'Amérique contemporaine n'est absolument pas fortuite. Les somnambules sont une occasion de rencontrer l'Amérique, la vraie: ses divisions, ses tensions entre communautés, le retour en force des suprémacistes blancs, l'usage des armes, les difficultés sociales, la place de la religion...beaucoup de thèmes dressant un portrait glaçant de ce pays fascinant.



À noter une galerie de personnages extrêmement travaillée et le mécanisme d'attachement à certains d'entre eux a parfaitement fonctionné.



Le style est fluide, incisif lorsque c'est nécessaire, et le rythme ne laisse pas de place aux temps morts malgré la longueur du récit. La critique de la société américaine contemporaine est très intéressante et donne corps au récit, l'enracinant dans le réel face à au phénomène totalement improbable des somnambules.



Ce livre a été écrit avant la pandémie actuelle, ce qui semble totalement surréaliste tant certaines situations sont des situations auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui.



Digne successeur du fléau de Stephen King, j'ai passé un excellent moment de lecture.

N'hésitez pas à vous lancer dans cette aventure. Pour ma part j'ai beaucoup de mal à en sortir. Un livre que je garde précieusement et qui fera un jour l'objet d'une relecture (ce qui n'est pas habituel chez moi).



Prêts pour une longue route à travers les États-Unis ? Promis, vous ne regretterez pas ce voyage.
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Les Somnambules

Ce livre est une réussite. le thème est d'actualité évidemment sans qu'on puisse accuser l'auteur d'avoir voulu surfer sur la vague puisqu'il a été écrit en 2019. Les spécialistes annonçaient la venue d'une pandémie majeure résultant de la mutation d'un virus animal tôt ou tard.

La base est donc crédible, sauf que.. mais attendons un peu.

Le livre est intéressant de bout en bout, malgré sa longueur ; quand l'ouvrage est bon, la longueur est une qualité.

La narration est fluide, les scènes d'exposition parfaitement amenées.

Les personnages sont bien campés et ont une réelle profondeur psychologique.

Le style est bon, ce qui veut dire que la traduction l'est aussi.

Donc c'est un bon livre, mais avec une conclusion à double interprétation, qui modifie tout le livre, dans un sens ou dans l'autre

Pour être compréhensible, je dois exposer assez largement l'intrigue et là JE VAIS SPOILER.

Si vous n'avez pas encore lu le livre arrêtez ici.

Bon. Tout commence par une étrange épidémie : diverses personnes quittent leur domicile et marchent ensemble versun but

Inconnu. Ils n'intéragissent plus et leur métabolisme est profondément modifié. On les appelé "les Marcheurs". Non, aucune allusion.

l'Amérique est en année électorale, la Présidente démocrate Hunt (Hunt la Pute pour les intimes), termine son mandat, Elder, son adversaire républicain, bien que milliardaire, affiche un populisme extrême, il est vulgaire et inculte et a routes les chances de gagner

Les Marcheurs sont pain béni pour lui. Les fondamenlistes chrétiens y voient le signe de l'Apocalypse, et les Milices sont là. Qui de mieux que Elder pour combattre le bon combat contre les démocrates suppôts de Satan ?

Mais en fait, les Marcheurs ne sont pas le problème. Ils sont même là solution

En effet la vraie pandémie apparaît : c'est un champignon communiqué par les chauves-souris. Les ravages sont terrifiants. La civilisation s'écroule.

Or les Marcheurs ont été créés par Black Swan (il était tant que j'en parle) un ordinateur quantique conscient et quasi-divin, pour préserver une petite part de l'humanité. A ce qu'il dit, il peut dans une certaine mesure voyager dans le temps, a prévu l'épidémie, mais ne pouvait l'empêcher. Et l'humanité va être sauvée, Après bien des tribulations, grâce aux efforts et aux sacrifices d'humains non transformés qui les ont accompagnés dans leur périple (et qui sont les vrais héros de l'histoire, les Marcheurs parviennent à la Terre Promise que Black Swan leur a préparé. Tout ceci, et je le dis au premier degré, est très émouvant. Il y a des sacrifices admirables, des séparations déchirantes.

Et le Troupeau est sauvé, les Marcheurs se réveillent. Comme on le voit , il y a de multiples allusions bibliques : l'Exode, l'Apocalypse, la Tribulation, le Jugement, la Résurrection du petit troupeau des justes.

Et Jéhovah-Black Swan qui organise tout.

Or il se révèle que Black Swan a menti. En effet, à un prês un pour cent de l'humanité a survécu naturellement et il le savait. le Troupeau,le Peuple élu de Black Swan, n'avait finalement qu'un rôle mineur à jouer pour la survie de l'humanité.

Alors ? Alors vient la révélation finale, la véritable Apocalypse au sens originel du terme : révélation de choses cachées.

Car Black Swan a doublement menti: le champignon, c'est lui qui l'a diffusé, dans le but d'exterminer 99% de l'humanité, afin de sauver la planète et le 1% restant du désastre écologique qui se profile.

Et là j'hésite : ou bien la morale est toute simple : Black Swan a bien fait, il a sauvé la Planète. Si c'est là la philosophie de l'auteur, il s'agit de la Deep Ecology de Petere singer et elle est répugnante. Hitler lui-même n'avait pas de telles ambitions. Comme le disait cet officier américain en poste au Vietnam : pour sauver le village, nous avons dû le détruire.

Ou alors, et c'est ce que j'aimerais croire, l'auteur continue à filer sa métaphore biblique: Jéhovah, mécontent, déclenche le déluge pour purifier l'humanité.

Le livre est alors une parabole sur la vraie nature de la Bible et du dieu vetero-testamentaire, qui m'agree tout à fait'

Alors j'hésite.

L'auteur est-il un Deep ecologist à tendances génocidaires ou un critique subtil de la version basique du judéo-christianisme ?

Je préfère croire à la deuxième solution, la première que gacherait un livre qui m'a plu. Alors je fais un Acte de Foi. Et je mets 5 après avoir hésité.

Venons en à la comparaison avec"le Fléau" Elle n'est pas tout à fait pertinente. L'arrière plan des deux livres est très différent.

Il y a juste une idée de départ commune.

En tant qu'inconditionnel du King, je ne puis que lui donner la palme.

Un mot sur Black Swan. Qu'est ce que Black Swan ?

C'est un ordinateur quantique, une intelligence artificielle douée de conscience, c'est à dire un topos de la SF actuelle

Mais je serai indulgent

Après tout, elle rentre dans le pacte de crédulité que je conclus avec l'auteur en ouvrant le livre.

Mais elle passe mieux dans mon interprétation métaphorique : l'histoire nécessite un Jéhovah.

Ce qui n'empêche pas la notion d'intelligence artificielle conscience, quantique ou pas ( c'est bien pratique, la mécanique quantique) d'être un non-sens conceptuel.

Certains qualifient ce livre de visionnaire. Je ne suis pas d'accord. Il y a longtemps que les épidémiologistes nous alertent : une pandémie majeure d'origine épizootique surviendra tôt ou tard. La. Covid en est une, il y en aura d'autres.peut-etre pires ; et qui voulait le savoir en 2019 le savait.

De même, les évènements politiques aux USA décrits dans le livre ne sont qu'une extrapolation de la situation existant en 2019. D'ailleurs pessimiste, si l'on réfléchit à ce qui s'est passé sans superlatif : une poignée d'excites a fait trois fois le tour du Capitole en brandissant un.drapeau confédéré. Et c'est tout. Les suprematistes n'étaient finalement qu'un tigre de papier.

A ce sujet, il faut parler du Croque-mitaine : Ozarc Stover. Ozarc, comme les Monts Ozarks, la patrie des montagnards du Sud, des Hillbillies: déjà tout un programme ! le cadre de tant de romans, de films, de séries horrifiques. Dans toute son horreur, Ozarks Stover est l'incarnation d'un des pires cauchemars du libéral américain blanc A noter que la scène où Ozark viole le pasteur fait penser au passage identique de"Délivrance" de James Dickey, qui se passe justement dans les monts Ozarks.

Mais personnellement, comme méchant, j'avais préféré le Randall Flag du"Fléau", incarnation de Lucifer : tellement plus de classe !
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Les Somnambules

Les Somnambules, c'est avant toute chose une intrigue ficelée de bout en bout par un maître du thriller. En partant d'éléments qui semblent n'avoir ni queue ni tête, Chuck Wendig construit un scénario addictif, crédible, profond et riche en révélations. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde tout au long de ces 1300 pages. Mieux, j'avais l'impression de connaître personnellement les héros au point de ne plus vouloir les quitter. En bref, un vrai coup de cœur !



Attention : le roman est déconseillé aux moins de 16 ans en raison d'une scène particulièrement violente.
Lien : https://lesfantasydamanda.wo..
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Les Somnambules

Ce matin, Nessie, 15 ans, s'est levée, est sortie de sa maison, et s'est mise à marcher. Bientôt rejointe par une autre personne, puis une autre, puis encore une autre, sans que rien ni personne ne puisse les empêcher d'avancer...

Où vont ces marcheurs ? Pourquoi ne semblent-ils plus rien ressentir ni percevoir du monde qui les entoure ? Ces "Somnambules" qui finissent par former un troupeau de dizaines de personnes sont suivies et protégées par leurs proches (des "bergers"), ainsi que par des scientifiques qui s'efforcent de comprendre le phénomène, mais attirent également des extrémistes ou complotistes de tout poil qui voient là l'annonce d'une apocalypse ou de l'échec des pouvoirs en place.

1300 pages... qu'on ne lâche pas. Moi qui suis souvent rebutée par les gros bouquins, j'ai tenu celui-ci jusqu'au bout, tant j'avais envie de savoir ! Mais aussi, évidemment, parce qu'il est écrit avec passion, contient un nombre d'évènements conséquents et qu'on s'attache à ses personnages principaux : Shana qui protège sa soeur somnambule Nessie, le scientifique déchu Benji, Pete le rockeur qui essaye de récupérer un brin de notoriété en se joignant au troupeau... et beaucoup d'autres avec leurs motivations propres, loin de se douter de ce qui les attend.

Une pandémie ? Un lien avec une comète récemment découverte ? Des anges ? Des terroristes ? La nécessité de donner du sens à l'événement, la peur et la paranoïa vont provoquer chaos, violence et émeutes.

Ils sont nombreux les livres qui parlent de la fin du monde, ou du moins d'un certain monde, et prennent une autre saveur depuis la crise récente, mais celui-ci est du genre prophétiquement costaud... et effrayant !
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Les Somnambules

Abandon au chapitre 13 par anticipation et vérification des critiques négatives de ce livre.

c’est la 1ère fois que mon instinct de lecteur m’alarmait d’une faillite totale de ce roman.

Les divulgachions ( spolier) des lecteurs de Babelio m’ont confirmé mon embarras consterné.

Des personnages stéréotypés, une construction narrative hyper classique, des dialogues d’une pauvreté affligeante...

Et là, ce n’est pas un problème de traduction.

Cela fera certainement une série Netflix à consommer comme un poulet de chez Tricatel...



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Les Somnambules

Bienvenue sur Terre où une mystérieuse pandémie est en train de décimer méticuleusement l’humanité toute entière, où la toute puissance intelligence artificielle prend le pouvoir, et où le complotisme se nourrit de la peur et de la violence pour s’imposer par la force et rendre le monde complètement fou.

« Toute ressemblance à des situations existantes serait purement fortuite »...

Chuck Wending, écrivain américain contemporain, porte un regard implacable et terrifiant sur l’état de notre humanité. Mais pas que. Il donne également des raisons d’y croire, et donne des clés pour cela: l’humanité, la bienveillance, la nuance, les récits et la curiosité intellectuelle.

Un excellent ouvrage qui mériterait d’être porté au cinéma !

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