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Citations de Claire Etcherelli (65)


"Tu verras, un jour commencera la vraie vie, disait-il souvent. Le principal, c'est d'y arriver intact."
Qu'était-ce, la vraie vie ? Plus d'agitation ? La galerie des portraits humains plus fournie autour de nous ? Qu'est-ce que cela changerait ? À quoi saurait-on que la vraie vie commençait ?
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« Sur le Pont National, à la vue de l'eau, je pense aux cadavres qu'elle charrie. Corps que l'on jette certaines nuits de grosse rafle, dans l'ivresse de la haine ; corps de faibles qui ont trop parlé et que la mort punit. Insolite en cet endroit, l'Auberge du Régal regarde passer les routiers que n'arrête aucun feu rouge. »

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La vraie vie aura duré neuf mois.
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Entre lui et nous, il y avait tout un océan de différence. Il ne donnait pas à l'expression « manquer d'argent » le même sens que nous. C'était pour lui se priver de cinéma, au pire d'essence pour sa voiture. Chez nous, c'était vital parce qu'il n'y avait personne devant ni derrière nous. Que Lucien restât trois semaines, deux mois sans travailler, ce serait l'asphyxie. Nous n'étions plus chez la grand-mère. « On trouve toujours dix mille francs », disait Henri. Nous ne pouvions les trouver qu'au bas d'une feuille de paye.
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Là, dans ce plat paysage, avait fini l'aventure de sa vie. Vie manquée, mort dérisoire. Les jeunes héros du siècle mouraient au volant dans le fracas de leurs bolides et lui se tuait sur un solex. Il ne resterait donc de sa fin qu'une image caricaturale, sans romantisme aucun. Lui aussi avait voulu être dans le coup ; il avait cru que Paris gronderait, Paris n'avait qu'éternué. Il n'y avait plus de Lucien qu'en nous-même qui l'avions aimé.
- Et alors ? aurait-il dit de sa voix caustique. Et après ?
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- Ils l'ont embarqué mardi soir, au métro.
- Ah oui ?
- Oui, c'est tout.
Bien sûr, c'est tout. L'un est pris, l'autre vient qui le remplace. "La révolution est un bulldozer. Elle passe..."
Et je revoyais le geste.
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Il courait quelque chose à travers la chaîne, quelque chose d'épais, de chaud, de rassurant qui nous reliait les uns aux autres, que Gilles baptisait la fraternité ouvrière. Cet enthousiasme et ces élans connurent leur chant du cygne le 28 mai.
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Toutes les mains claquèrent, scandant les mots que Mustapha du haut de sa voiture lançait dans le soleil. Il y avait dans l'atelier 76 un cercle d'hommes qui tapaient en chantant, les yeux presque blancs, roulant la tête. Ce n'était plus un jeu, c'était au sens pur du mot, une détente, une revanche sur les gestes rétrécis de la chaîne, sur son rythme étriqué. Les Français mettaient un point d'honneur à ne pas s'approcher. Quelque-uns, pourtant, qu'étonnait ce délire, regardaient et riaient. J'aperçus Lucien. Il était descendu lui aussi. Il ne fumait pas, il écoutait, il entendait. Lui goûtait cette musique née comme un fleuve d'une mince et morne note traînée, tremblée, hésitante, saccadée, chevrotante : la corde lâchée du gambri (...) Sans doute, s'il l'eût osé, il serait entré dans le rythme précipité des mains. Elles frappaient la tôle à l'avant et à l'arrière de la voiture, énorme tambour métallique où de longs doigts de bronze glissaient couvraient la voix de Mustapha, s'arrêtaient quand le garçon tel un muezzin, scandait le "elbi el-bi" traînards de toutes les plaintes arabes.
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Il nous surprit comme un sourire inattendu sur un visage morne. Les nuages lentement déchirés, le soleil parut enfin. les regards suivaient chaque faille avec espoir ? Ce 18 mars... A midi, nous ouvrîmes tous les carreaux. A une heure, nous retrouvâmes les voitures chaudes. L'air était doux. Il donnait envie d'être aspiré la bouche ouverte. Les hommes retroussaient leurs manches. Entre chaque portière, un visage brun surgissait dans la clarté. Cela se fit doucement. Quelqu'un d'abord dans le haut de la chaîne, frappant la tôle avec un outil, puis un autre frappant de ses mains, les paumes sur la ferraille chaude, le soleil sur les chromes, mille soleils dans la voiture, des cils baissés quand la lumière les atteignait. Les gestes devenaient plus mous. On vissait et tapait, on vissait peu et tapait davantage.
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Et quelque fois dans ces caricatures de l'humanité, dans ces corps souffrants, mutilés par la misère, dans ces pièces noires, froides, entre le linge sale et le linge qui sèche, l'un de ces déchets portaient en lui, par miracle ou par hasard, la lueur, la flamme, la lumière qui le ferait souffrir davantage. L'esprit soufflait là comme ailleurs, l'intelligence se développait ou mourait, écrasée.
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- Si le bicot n'existait pas, on inventerait quelqu'un d'autre. Comprenez, face à l'Arabe, ils s'affirment. Ajoutez l'ignorance, l'inculture, la peur, de ce qui ne vous ressemble pas, la guerre par là-dessus...
p. 241
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Gêne de ces instants où se matérialise un changement de l'existence. Charnières grinçantes, la porte tourne, je vais passer le seuil derrière moi,Milie vulnérable. Et sa fragilité me donne la mesure de mes forces intactes. (...)
Le goût savoureux de la solitude je n'y crois guère. Ce pain-là se mastique avec des larmes rentrées, j'en ai mangé,je veux l'oublier.(p.9)
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Avoir du temps. Saveur oubliée. Saveur jamais connue,rectifie Milie sinon par accroc,les convalescences.Avoir du temps,avoir du temps.Nous nous décrivons l'une à l'autre cet avoir du temps.(p.64)
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Tout en parlant, il appuyait l'orifice de son arme sur le ventre d Arezki. L'autre, du bout des doigts tira sur l élastique et le slip descendit. Quand tu es arrivé en France, comment étais-tu habillé ? Tu avais pas ton turban ? Avec des poux dessus ? Tu es bien ici, tu manges, tu te paies de belles chemises, tu plaies aux femmes. Tiens le voilà ton pantalon.
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Le papier le plus précieux, le laissez-passer, le sauf conduit c'était la fiche de paye. Sans elle restait close la porte noire du fourgon. Sans elle commençait le long supplice de l interrogation, des coups, et le renvoi vers le douar d origine, en réalité centre de triage où l'on triait si bien que nombre de suspects n'en sortirent jamais.
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O lacs assoupis, sentiers fleuris, sous-bois pleins de fougères, champs de blé où la bien-aimée attend, plus dorée que l'or des épis, ruisseaux que l'on suit à deux. Vieux rêves enfouis, enterrés, mais pas morts. Voici mon partage : la Porte des Lilas, la descente vers le Pré Saint-Gervais, avec, à l'horizon, les fumées mourantes des usines qui s'assoupissent, la steppe banlieusarde desséchée par le froid et l'air vicié, le boulevard quasi désert où les voitures frôlent le trottoir, et, près de moi, cet homme avec lequel, pour la troisième fois, je vogue, comme si le paradis nous attendait au bout.
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La vie - ma vie - se décomposait en quatre temps, les quatre saisons, qui modifiaient quelques gestes de cette gymnastique bien réglée. Mais cet automne-là, avec l'étrangère détestée, fut le plus malheureux de ma vie. Il fut aussi, mais je ne le savais pas, le dernier avant que s'ébranlât, à petits tours de roues, la charrette qui nous mènerait par des chemins détournés sur la pente où notre existence s'accélèrerait jusqu'au tonneau final.
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O lacs assoupis, sentiers fleuris, sous-bois pleines de fougères, champs de blé où ma bienaimée attend, plus dorée que l'or des épis, ruisseaux que l'on suit à deux. Vieux rêves enfouis, enterrés, mais pas morts. Voici mon partage: la Porte des Lilas, la décente vers le Pré Saint-germain...
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Le retour commence des voitures vers les cités. Elles ont des fleurs à la fenêtre arrière. Des fleurs de printemps qui vont tremper dans l’eau fraîche d’un vase.
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Elle s'est clouée au mur de son esprit comme un papillon rare. Et, prisonnière de l'image, elle ne se montre à lui que prête à jouer ce rôle. Elle se lève la nuit pour défaire son visage ; elle se lève au petit jour pour le préparer.
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