AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Claude Michelet (189)


En février 1917, la température tomba à moins 20°, paralysa les hommes, les chevaux, la guerre même.
Courte trêve qui déboucha sur l'immonde boucherie du Chemin des Dames et du plateau de Craonne. A compter de ces jours, ni Pierre-Edouard ni ses camarades ne se flattèrent d'avoir eu, en début de guerre, un colonel nommé Nivelle.
P301
Commenter  J’apprécie          440
- Comprends-moi, insista l'abbé Feix, ton petit est un brillant sujet, un bon garçon bien honnête, tu n'as pas le droit de gâcher ses dons. Souviens-toi de la parabole des talents, Dieu te demandera un jour ce que tu as fait de ton fils !
p59
Commenter  J’apprécie          421
Léonie Vialhe s'éteignit paisiblement à l'âge de soixante-dix-neuf ans, le mardi 28 avril 1914. Étant donné l'état végétatif dans lequel elle s'était engourdie depuis des années, les soins constants qu'elle réclamait, sa mort fut accueillie comme une libération par Marguerite et par Berthe. En revanche, et pour soulagé qu'il fût, lui aussi, Jean-Edouard fut marqué par la disparition de l'ultime lien qui le rattachait encore à sa jeunesse. Dorénavant, qu'il le veuille ou non, il était le plus âgé de la famille, il devenait l'ancêtre, celui qui, en bonne logique, serait le prochain à partir...
Vivante, sa mère avait été pour lui comme un gage de sécurité, une assurance, irrationnelle bien sûr, mais quand même solide ; un rempart contre sa propre vieillesse. Ses cinquante-quatre ans lui semblaient légers tant qu'il pouvait les comparer aux soixante-dix-neuf ans de sa mère. Elle partie, il les trouva soudain plus lourds. Et le fait de savoir que vingt-cinq ans le séparaient de sa mère n'était pas un réconfort. C'était si vite passé, un quart de siècle, si vite rempli !
P246
Commenter  J’apprécie          411
Mais si tout sembla retrouver un cours normal, si l'on s'efforça même d'en revenir aux vieilles habitudes d'avant guerre, nul ne fut dupe. Tout le monde savait que les moeurs, les mentalités, le climat général avaient changé dans de telles proportions qu'il était rigoureusement impossible de reprendre la vie telle qu'on l'avait laissée au 1er août 1914...
Avec la guerre, ce n'étaient pas seulement un million trois cent mille hommes qui étaient morts, c'était toute une époque, un siècle même. Cela se décelait à mille détails flagrants, et chaque jour qui passait apportait la preuve qu'une ère nouvelle était en train de naître.
p325
Commenter  J’apprécie          340
Les chanceux sont ceux qui arrivent à tout...
Les malchanceux sont ceux à qui tout arrive.

Eugène Labiche

(page 7)
Commenter  J’apprécie          330
Chaque feu a sa vie propre, une vie que toute la famille entretient. C’est bien pour cela qu’ils sont si longs à éteindre, ces petits foyers qui chauffent à peine mais qui éclairent un coin de campagne.
Commenter  J’apprécie          330
Quand toute la famille fut attablée, il servit la soupe comme à l'accoutumée et commença à manger. C'est après avoir fait chabrol, bu la dernière goutte de son bouillon mêlé de vin et essuyé sa moustache d'un revers de bras, que son énorme main s'abattit sur l'épaule de Louise et l'immobilisa, tandis que l'autre, large ouverte, toute luisante et bourrelée de cals, s'écrasa sur sa joue.
p116
Commenter  J’apprécie          310
Tu es belle, j'aime tes rides et je les connais toutes, elles sont tes décorations à toi. Celle-là, dit-il en caressant un petit sillon à la commissure des lèvres, c'est la première, elle date de 17, quand je suis reparti au front, et ma blessure de 18 l'a creusée un peu plus. Celles-là, ce sont celles des enfants, des soucis qu'ils t'ont donnés. Là, murmura-t-il en posant son doigt au milieu du front, c'est celle de Paul, la plus profonde...
Commenter  J’apprécie          290
C'est parce que je doute que je cherche, que je me bats, que je me force à avancer toujours un peu plus loin, que j'essaie de faire un pas de plus alors que mes pieds sont de plus en plus lourds et ma fatigue de plus en plus pesante. Mais je chercherai et agirai ainsi tant qu'il me restera un souffle de vie et le courage de m'en servir pour aller de l'avant et, peut-être, comprendre enfin...
(dernière page)
Commenter  J’apprécie          290
Ainsi à ce jour, Saint-Libéral qui, soixante-dix ans plus tôt, regroupait presque 1100 habitants n’en totalisait plus que 322. Déjà, malgré les protestations et les interventions de Jacques – toujours conseiller général – l’administration avait prévenu que le bureau de poste serait fermé dès janvier 1969.
Commenter  J’apprécie          260
Hurler oui, parler non.
Hurler comme une folle, sans retenue, parce que ça soulage un peu et surtout parce qu'on ne peut pas faire autrement.
Parce que l'eau infâme de la baignoire vous étouffe, vous noie, fait exploser dans votre crâne des milliers d'étoiles qui vous lacèrent le cerveau, pendant que l'eau, pleine de vomissures et de sang, s'insinue dans vos poumons, les corrode, les écrase.
Hurler enfin, hurler toujours, mais ne pas parler, jamais, ne rien dire.
Faire de chaque minute gagnée un siècle de victoire, de chaque seconde à se mordre les lèvres un combat remporté (...).
Mais se taire, se taire absolument, toujours, jusqu'au bout, jusqu'à la fin.
Et se prouver ainsi, et leur prouver à eux, qu'on est la plus forte, la plus solide, la meilleure. Et que jamais ils ne parviendront à briser ce mur, cette muette citadelle dont les cris ne sont que silence.
Commenter  J’apprécie          220
Allez, viens, mon petit, tu ne trouveras plus rien ici, sauf du désespoir, et lui, une fois qu'il a pris la part qui lui revient, il faut se garder de lui en donner plus, c'est un tueur
(page 28 edition pocket)
Commenter  J’apprécie          210
Et malheur à ceux et à celles surpris en train de distribuer un tract séditieux, ou un journal clandestin, par un confrère de bureau ou de commerce, trop heureux de se débarrasser à bon compte d'un concurrent . Même les épouses trompées et les maris cocus y allèrent de leurs lettres de dénonciation et de délation. Car, en ces temps immondes, les affiches fleurissaient qui proposaient jusqu'à un million de francs de récompense à quiconque désignerait tel ou tel présumé terroriste.
Commenter  J’apprécie          180
C'est toujours par les enseignants que se transmettent les idées et les doctrines, les bonnes, celles pour lesquelles nous luttons et les nocives qu'il est un devoir d'éradiquer par tous les moyens.
Commenter  J’apprécie          180
Il se rappela soudain que Jacques l'avait prévenu, la veille, qu’on allait changer d'heure. Il n'avait rien compris à ce que lui avait expliqué son fils, mais avait annoncé que, de toute façon, le soleil et lui n’avaient rien à foutre de ce que décidaient les abrutis de Parisiens !
- Changer d'heure ? Avait-il lancé, et puis quoi encore ? Ils pourraient demander à la lune de se lever à l'ouest tant qu ils y sont, ces ânes ! Ne compte pas sur moi pour me plier à cette couillonnade !
Commenter  J’apprécie          170
... nous n'avons pas le droit au découragement et, si parfois Dieu nous y laisse succomber, c'est pour mieux nous aider à le combattre et à le vaincre.
(page 14 edition Pocket)
Commenter  J’apprécie          170
Le rural est viscéralement indépendant.
Commenter  J’apprécie          160
Ils abandonnèrent le chemin encaissé et l’abri de ses ronces épaisses. Le vent d’est leur sauta au visage, griffa leurs joues et cingla leurs jambes nues ; des larmes froides et piquantes perlèrent entre leurs paupières plissées.
Commenter  J’apprécie          160
Il pouvait avoir dans les soixante ans. Trapu mais solide, il avait un visage mangé par les rides. Mais pas de mauvaises rides, pas de celles qui se forment à coup de colère. Non, les siennes s'étaient gravées à cause des sourires qui fleurissaient les lèvres, depuis toujours semblait-t-il. Les yeux bleus brûlaient de bonté, et lorsque, par exception, le père Garnac s'emportait, son regard se faisait triste, comme s'il regrettait.
Commenter  J’apprécie          122
Ça faisait des années qu'ils ne se disaient plus bonjour. Ce n'était ni par méchanceté ni par rancune. Pour lui, il assimilait Louise à son horizon, elle était à lui et il l'aimait au même titre que sa terre, ses bêtes. Il l'aimait vraiment, à sa manière, mais personne n'aurait idée de dire bonjour à un arbre, même s'il est beau ! Pour elle, c'était différent. L'amour qu'elle ressentait était un curieux mélange fait de crainte, d'estime, d'admiration, de souvenirs aussi. Craintive de nature, elle avait peur de passer pour mijaurée et de se faire rabrouer pour un bonjour, qui, en définitive, n'en valait pas la peine. Ni l'un ni l'autre ne se plaignaient de cet état de choses. Peut-être ne s'en rendaient-ils même pas compte.
Commenter  J’apprécie          122



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Claude Michelet Voir plus


{* *} .._..