Citations de David Foenkinos (5693)
"Les bonnes idées viennent la nuit pendant que les mauvaises idées dorment."
Étonnant comme parfois on prend des résolutions , on dit que tout sera ainsi dorénavant, et il suffit d'un mouvement infime des lèvres pour casser l'assurance d'une certitude qui paraissait éternelle.
Voilà à peu près ce qu'il aurait aimé dire. Mais c'est ainsi : on a toujours cinq minutes de retard sur nos conversations amoureuses.
Rien n'était tragique. Il savait qu'il existait des navettes entre l'ïle de la souffrance, celle de l'oubli, et celle, plus lointaine encore, de l'espoir.
"C'est très violent de se sentir exclu de la douleur de l'autre ; alors qu'on veut la partager."
Peut-on se soigner en se confiant à un tableau ? On parle bien d’art-thérapie, de créer pour exprimer son malaise, pour se comprendre à travers les intuitions de l’inspiration. Mais c’était différent. Pour Antoine, la contemplation de la beauté était un pansement sur la laideur. Il en avait toujours été ainsi. Quand il se sentait mal, il allait se promener dans un musée. Le merveilleux demeurait la meilleure arme contre la fragilité.
La vie est une machine à explorer notre insensibilité. On survit si bien aux morts. C'est toujours étrange de se dire que l'on peut continuer à avancer, même amputés de nos amours. Les jours nouveaux arrivaient, et je leur disais bonjour.
Dans son li, il sut qu'il ne serait pas capable de s'endormir : comment aller vers le rêve quand on vient de le quitter ?
1930.
Charlotte est devenue une adolescente.
Les gens aiment à dire qu'elle est dans son monde.
Être dans son monde, cela engendre quoi ?
La rêverie, et la poésie sûrement.
Mais aussi un étrange mélange de dégoût et de béatitude.
Charlotte peut sourire et souffrir en même temps.
Elle avançait vers lui... elle était si belle... de cette beauté à mettre des points de suspension partout...
Les humains traversaient l’histoire avec une nonchalance croissante ; l’excès d’informations en toute chose aboutissait à une diminution sidérante de la capacité à s’enthousiasmer. C’était frappant avec les enfants ; ils considéraient comme acquis de voir un dessin animé, ils l’accueillaient souvent de manière blasée ; et, plus encore, ils pouvaient passer à autre chose en pleine histoire, sans sacraliser le moment. Avant, les enfants attendaient un dessin animé toute la journée avant de ressentir une intensité inouïe au moment où il était diffusé à la télévision. La disponibilité permanente de toute chose avait donc conduit à une baisse de la libido curieuse. Alors on repérait les passionnés, ici ou là, comme des chevaliers d’un autre temps.
Nous sommes allés chez Ikea, et nous nous sommes disputés chez Ikea. Dans ce grand magasin, ils devraient embaucher un conseiller conjugal. Car s'il existe un endroit où le coeur des couples se révèle, c'est bien là. Je me demande même si tous ces meubles à construire ne sont pas qu'un grand prétexte pour semer la zizanie sentimentale. [...] Alice hésitait, et pire que tout : me demandait mon avis. Je n'avais aucun avis ici, j'étais lobotomisé. J'étais prêt à dire oui à tout, à acheter ces lampes qui ressemblent à des pissotières géantes, à monter des étagères jusqu'à la fin des temps. "Oh c'est insupportable d'être ici avec toi. Tu verrais comme tu tires la gueule !" (p. 82-83)
La douleur, c'est peut-être ça : une façon permanente d'être déraciné de l'immédiat.
Le comportement de sa femme est de plus en plus instable.
Il constate chez elle des instants d'absence.
On la dirait parfois en vacance d'elle-même.
Il se dit qu'elle est rêveuse.
On cherche souvent de jolies raisons aux étrangetés des autres.
Il ne faut rien attendre de moi.
Est-ce que tu m'entends ?
Charlotte hoche doucement la tête.
Si l'on me brusque, je ne peux rien donner.
Je ne supporte pas l'idée d'être attendu quelque part,
la liberté est le slogan des survivants. (p.91)
Plus on est célèbre, plus le monde semble posséder un avis sur votre passé. Chacun y va de son nouvel indice, de sa révélation scabreuse ou lumineuse ; la moindre personne à qui vous avez tendu une fois un bol de chips lors d’un apéritif hésite à écrire une thèse sur vous.
"[...] le plus dur dans une relation, c'est de partager le silence."
- [...] Les écrivains sont dingues, tout le monde le sait. Et ceux qui ne sont pas publiés, ça doit être encore pire.
il ouvrit enfin la porte de son appartement; et trouva son salon bien trop petit par rapport à son envie de vivre.
La vie humaine se résume peut-être à ça, une incessante expérimentation de la désillusion, pour aboutir avec plus ou moins de succès à une gestion des douleurs.