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Critiques de David Vann (1617)
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Un poisson sur la lune

Jim, un calibre .44 Magnum dans la poche. Jim, le père de David. Jim, fatigué, lassé, usé par la vie. Une putain de vie, alors il a bien le droit d’avoir son flingue sur lui. Pour être toujours prêt. Le canon froid et métallique dans la bouche, sur la tempe, sous le menton. Sentir cette tension. L’objet de cette attention : le suicide. D’un père, d’un proche.



Jim souffre, intérieurement d’abord. Mais il arrive à exprimer à minima ce malaise qui campe en lui depuis trop longtemps. On pourrait croire à un début, celui de la conscience et de la prise en charge, psychiatre et médicaments pour soulager la peine, un soutien familial. Pourtant, il ne cesse de clamer qu’il veut en finir, qu’il va en finir. Une balle dans le magnum et l’explosion finale.



David Vann réussit à mêler fiction et réalité, dans cette histoire familiale, une odyssée mortuaire entre la Californie et l’Alaska, les derniers jours de son père. C’est puissant, c’est intense, c’est puissamment triste. On connait tous l’issue d’un tel drame. J’aime David Vann parce qu’il ne me ménage pas, parce qu’il met des mots sur mes maux. Il y a des livres tristes comme il y a des vies tristes.



Le brouillard qui s’engouffre dans la plaine, s’immisce dans la tête. Les étoiles au loin. Une lune bleue qui se dévoile à peine et semble se cacher de mon regard. Je lève les yeux, à chaque fois, je me dis que c’est la dernière fois que je la vois, trop de souvenirs derrière moi. Il y a des évidences comme ça, dans la vie, comme celle de pointer un calibre dans la bouche.
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Désolations

Observez bien le titre ... Désolations (au pluriel ).

Et de désolations, il sera question. de multiples désolations, d'échecs, de couples qui vont mal, de gens au bord de la dépression ou qui s'enfoncent gentiment dans la folie, aidés en cela par la météo pas vraiment clémente et par un isolement difficile à supporter.



On est en Alaska, Irene et Gary ont beau habiter au bord d'un lac, Gary s'est mis dans la tête de se construire une cabane en rondins sur une île , où il a acheté un terrain. Le problème , c'est qu'il veut s'y mettre tout de suite, au mépris des conditions climatiques, au mépris de la fatique de sa femme, au mépris de ce qu'elle veut, elle. Et elle, elle n'en veut pas de la cabane .

Seule leur fille Rhoda se doute que ça ne va pas trop dans le couple, seule , elle s'inquiéte. Et pourtant elle devrait aussi se préoccuper de son couple, car le frère de Rhoda a fait la connaissance d'un petit couple de touristes, et la fille est une vraie bombe.

Dans cet espèce de bout du monde qu'est l'Alaska, le problème c'est le choix... Est-on en couple parce qu'on aime, ou est-on en couple parce que c'est la seule personne de disponible ?

L'autre problème de l'Alaska, c'est le temps frigorifique.

Le froid qui pénétre vos vêtements, qui infiltrent les pages de votre livre (malgré votre plaid !), l'eau glacée qui s'infiltre sous vos vêtements, vos extrêmités qui gélent, le vent qui souffle, l'isolement , les portables qui ne captent pas.

Et les mecs qui pétent les plombs à l'aube de la quarantaine ou la cinquantaine . Et les personnages au bord de la folie. Et les traumatismes des parents dont on hérite bien malgré soi et qu'on reproduit...



Terrible... mais beau (littérairement parlant ).
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Aquarium

Caitlin est une petite fille de 12 ans, qui vit seule avec sa mère à Seattle. Elles partent tôt le matin et rentrent tard le soir. En attendant le retour de sa mère, Caitlin passe son temps à l'aquarium où elle admire les poissons. C'est sa passion et tout dans son quotidien la ramène à ce monde. Plusieurs jours de suite elle rencontre un vieil homme, à qui elle parle et qui lui promet de l'emmener voir des espèces magnifiques au Mexique. Il veut rencontrer sa mère... Mais rien ne va se passer comme Caitlin l'imagine. Cet homme n'est pas un inconnu, il est même plus que lié à sa mère, pour le meilleur mais surtout pour le pire...

David Vann nous a habitué aux romans noirs et suffocants. Il nous a habitué aux grands espaces cruels et angoissants et c'est bien la seule chose qui change dans cette dernière histoire. Nous ne sommes pas dans une nature hostile mais la peur et les émotions fortes sont au rendez-vous. L'être humain peut il dépasser une haine profonde pour l'un de ses congénères quand elle l'a détruit quelques années plus tôt ? L'amour peut il réparer les blessures ? L'enfance peut elle être douce ? Pas dans le monde de David Vann... Pour notre plus grand plaisir !!!!!
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Sukkwan Island

L’homme aime les femmes, il est dentiste sur une base américaine alaskienne jusqu'au départ pour Ketchikan, une petite ville proche du Canada, puis la séparation avec sa famille provoquée par son infidélité chronique. Il aime aussi la chasse et la pêche. D’ailleurs tous les ans il emmène son fils David pêcher des saumons, il lui offre même un jour de passer une année en sa compagnie en Alaska. Une proposition refusée par l’adolescent de treize ans qui lui fera porter la culpabilité du suicide de son père, James Vann, quinze jours plus tard.



C’est ce traumatisme que David Vann a voulu surmonter en écrivant Sukkwan island. Un récit dont la gestation a duré dix ans pour trouver un moyen acceptable de le faire, une mise en perspective qui passe par l’inversion des rôles du père et du fils, une réattribution de la culpabilité au père. Aujourd’hui David Vann se dit guéri, il a pu dépasser sa tragédie en accédant au statut d'écrivain avec cette œuvre aboutie.

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La contrée obscure

David Vann est un grand romancier américain que vous connaissez peut-être déjà depuis le succès de Sukkwan Island. Maître du « nature writing« , il nous revient cette année avec une œuvre plus ambitieuse. La Contrée obscure explore les origines de l’Amérique et nous démontre avec brio l’extrême violence de la colonisation des « native Americans« . Une façon aussi pour lui de rendre hommage à ses origines Cherokees.

L’expédition du conquistador Hernando De Soto sur le territoire de La Florida est entièrement vraie. L’auteur n’en a changé que la fin. Mais ce n’est pas tant la véracité des faits qui nous intéresse ici que le la construction du personnage principal du livre : grandiloquent, totalement imbu de lui-même et obsédé par l’appât d’un or introuvable, sa mégalomanie l’aveugle au point de le rendre ridicule. Une sorte de Don Quichotte massacreur qui justifie sa mission sanguinaire par la grâce de Dieu.

Le problème est qu’il ne sait pas que le territoire que lui a offert le roi d’Espagne n’est en réalité qu’un immense marécage. Alternant les chapitres du côté des Espagnols et des légendes Cherokees qui animent ces lieux, David Vann réussit la prouesse de nous conter une épopée sanglante avec beauté, intégrité mais aussi avec humour. Naviguant entre ubuesque et horreur, la richesse de cette terre est une culture et une spiritualité que les conquérants aveuglés par l’appât du gain auront tôt fait de détruire.

Un livre captivant dont le sujet reste toujours à méditer. Un roman important de cette rentrée !
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Sukkwan Island

Jim, un homme qui a vécu une succession d’échecs personnels, emmène son fils Roy, treize ans, sur une île du sud-est de l’Alaska, Sukkwan Island, dans le but d’y vivre en autarcie pendant une année en affrontant les éléments hostiles. L’existence y sera encore plus difficile qu’il ne l’avait anticipé et au milieu de cette nature déchaînée, un drame va avoir lieu. ● Si l’histoire est très sombre, ce roman ne manque pas d’intérêt. Bien que la première partie soit un peu trop longue, tout en mettant en place les éléments indispensables pour la suite avec une lente montée de l’angoisse chez le lecteur et une présentation progressive de Jim et de ses multiples problèmes, la seconde tient en haleine et les pages se tournent toutes seules. Toute l’histoire se déroule à travers la conscience de Jim, si bien que, même si le récit n’est pas à la première personne, on se demande parfois ce qu’il a vraiment vécu, vu qu’il ne présente pas un profil psychologique très sain et qu’il doute lui-même de ce qui s’est passé. Mais de toute façon, rien ni personne ne permet à Jim d’échapper à son malheur : la noirceur est omniprésente. On se rend compte que dans ces espaces quasi-infinis on peut vivre une sorte d’enfermement à deux ou bien tout seul. La fin de la première partie est très inattendue et la fin du livre, abrupte, l’est encore davantage.
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Sukkwan Island

Je savais en ouvrant Sukwan Island que j'allais lire une histoire dure mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit aussi dure et violente.

Un père et son fils se retrouvent seuls sur une île en Alaska. Le père est dépressif et ne le cache pas à son fils qui en souffre et vit la détresse de son père au quotidien. Il se sent alors le devoir de le protéger, de l'aider,de le surveiller, de le seconder et de le soutenir. Toutefois leur relation manque de chaleur , il y a peu de paroles, pas ou peu de contacts physiques, la communication entre eux est difficile.

L'atmosphère est pesante dans ce paysage hostile qui tient un rôle important au point d'en devenir presque un personnage .

On redoute donc dans ce climat rude le drame, on sait qu'il va y en avoir un, la quatrième de couverture nous prévient et beaucoup d'indices tout au long des pages le confirment mais j'ai été sous le choc devant LE drame auquel je ne m'attendais pas.

Ce livre est dur, sombre mais j'ai vécu intensément cet isolement en Alaska.
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Impurs

Voici un ouvrage oppressant, noir, qui nous saute au visage avec violence dont on ressort abasourdi, K.O.

L'auteur met en scène une histoire familiale qui se referme comme un piège cruel sous le soleil suffocant de Californie.

Les personnages : Galen ,21 ans, jeune homme solitaire qui se réfugie dans la méditation.

Puceau, intelligent et lucide, il se cherche, très loin de la réalité, imprévisible, obsédé par son sexe, adepte des croyances New- Age.

Étouffé par l'amour de sa mère, avec laquelle il vit, leur existence est rythmée par les visites dérangeantes de sa tante et de sa cousine aguicheuse , et par celles qu'ils rendent à sa riche grand- mére dont la mémoire flanche....

Les rancoeurs accumulées, les obsessions de Galen, les provocations sexuelles de Jennifer, sa cousine, la chaleur poisseuse ne tarderont pas à amener ce beau monde au bord de l'explosion....

Ce huit- clos sous un soleil brûlant, une grande maison perdue au milieu des noyers est à la fois effrayant et aussi brillant que les autres ouvrages de l'auteur.

Nous assistons sans conteste au déploiement de la folie humaine.

L' écrivain n'élude ni n'édulcore rien.

Il excelle à mettre en scène des relations familiales torturées, enracinées dans les non- dits, la violence et la haine.

Dès les premières pages, le récit est pesant, lourd, dense, d'une densité brûlante...

L'ambiance est malsaine, les situations crispées, les dialogues n'apportent aucune légèreté .

Au fil des pages, des mini- drames se nouent.

Que dire de cet amour - haine?

Qu'espérer devant tant de pessimisme, de désespérance ?

Un livre puissant, dur, intense sur la solitude, la violence, l'incompréhension .

Que dire de la tension sexuelle, la fascination et la jalousie morbide entre les cousins?

Un ouvrage éprouvant , déstabilisant, anxiogène, qui m'a mise mal à l'aise.Un huit- clos torturé et abject, détestable et horrible sans lueur d'espoir .

Un enfermement de désaxés qui vire au cauchemar, un récit poisseux à l'air irrespirable, terrifiant et envoûtant dont le lecteur ne peut se détacher, dont on ne sort pas indemne.....



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Goat Mountain (BD)

Nord de la Californie, en cet automne 1978, le fiston, aujourd'hui âgé de 11 ans, est dorénavant assez grand, d'après les lois familiales, pour accompagner son grand-père, son père et un ami de ce dernier à la chasse et tuer son premier cerf. Ils se rendent en voiture dans la concession forestière familiale, Goat Mountain. Une route parfois difficile d'accès, suite aux éboulements dus aux fortes pluies. Après un bizutage qui a mis en rogne le fiston et fait éclater de rire les trois hommes, le fiston est définitivement prêt et n'aspire qu'à tuer. Arrivé à la barrière qui donne accès au domaine, l'ami remarque aussitôt un braconnier qui ne se cache même pas. Le père propose alors à son fils de regarder avec son fusil. Une 300 magnum, une arme pour abattre des ours, en main, l'œil rivé dans le viseur, celui-ci observe le braconnier à travers la lunette, place sa main sur la gâchette... et tire ! C'est la stupéfaction. Les hommes ne comprennent pas pourquoi il a fait ça, qui plus est, sans montrer le moindre remord...



Cet album, adaptation éponyme du roman de David Vann, nous entraine sur les terres de Goat Mountain où une partie de chasse vire au drame. Pour sa première partie de chasse, le fiston, pour devenir un homme, doit tuer, dépecer et manger le cœur d'un cerf. Comment expliquer alors que celui-ci, dont on ignore le prénom, tire, presque de sang-froid et sans l'ombre d'un remord ou de culpabilité, sur un braconnier qui se trouvait sur les terres familiales ? Dès lors, un sentiment de malaise, de sidération et d'incompréhension s'installe, allant jusqu'à diviser les trois hommes quant à la conduite à adopter. Se taire et cacher le cadavre ? Prévenir les autorités ? Profondément sombre, dans une ambiance de plus en plus tendue, cet album traite, de manière originale, divers thèmes tels que les rites familiaux, la place au sein d'une famille, la violence sous-jacente, la morale, la résilience, les armes à feu... Ce huis clos au cœur des montagnes met, finalement, en évidence, cette violence, presque innée, enfouie en chaque homme, renforcée par ce dénouement inattendu et sans concession. Graphiquement, l'ambiance oppressante, malaisante, est parfaitement rendue par ces nuances de gris, agrémentées ici et là d'une seule couleur.



Un récit noir sur la nature humaine...
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Sukkwan Island

Un père divorcé décide d'emmener son fils de treize ans dans une cabane isolée en Alaska,pour y vivre une année entière... Il s'agit d'un livre de nature writing : un genre littéraire qui se passe essentiellement dans la nature en dehors de toute civilisation.

J'aime bien les bouquins de " nature writing". Ça nous apprend à survivre dans la nature sauvage et en cas de catastrophe planétaire, c'est bien utile !

Ainsi j'ai lu le " Manuel de survie à l'usage des jeunes filles". C'est vrai que je ne suis ni jeune ni une fille mais bon, c'est une introduction épatante pour le survivaliste débutant. Puis "Promenons-nous dans les bois " : un retour à la nature dans les montagnes américaines et ça de me promener bucoliquement dans les bois pour survivre, ça me convient tout à fait.

J'ai compris dans ces livres, que pour survivre avec son compte de protéines, il fallait s'adonner à la chasse ou à la pêche. Alors moi la chasse, non et non, plutôt devenir végan mais la pêche pourquoi pas... J'aime bien tous ces pêcheurs pacifiques qui font mourir délicatement les poissons en les sortant de l'eau. Les poissons, ils ne crient même pas quand ils meurent et ils n'ont pas de sang qui dégouline, c'est plutôt cool !

Alors je me suis acheté quelques bouquins sur la pêche : " Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche", moi aussi je suis à fond pour rester zen. Puis " La pêche à la ligne ou la philosophie du bonheur ", que demander de plus ! J'ai poursuivi avec " Danse avec les truites", "Même les truites ont du vague à l'âme", "Sexe, mort et pêche à la mouche "," Peindre, pêcher et laisser mourir ".

Enfin comme ça, en cas d'effondrement de la civilisation, de cataclysme planétaire et de retour à la barbarie généralisée, je pourrai survivre peinard en bouffant du poisson à toutes les sauces !

En ce qui concerne " Sukkwan Island" , c'est un excellent nature writing avec un superbe portrait de papa. A offrir en cadeau à la fête des pères....

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Komodo

Impossible pour moi de rejoindre les critiques élogieuses de ce roman qui mélange plusieurs thèmes, sans les faire jamais aboutir, autour d'une femme, quadragénaire, mal dans sa vie, sa tête, son sexe, pas même capable d'apprécier quelques jours dans l'île paradisiaque de Komodo, en Indonésie, à plonger pour observer les poissons et les coraux.



Son histoire personnelle est d'une banalité totale, elle est mère de deux jumeaux qui la tyrannisent, engendrés par un mari qui la trompe probablement, soeur d'un frère auquel elle ne pardonne pas d'avoir divorcé de sa meilleure amie, fille d'une mère assez inconsciente, très énervante pour elle et pour le lecteur aussi.



Mère et fille rejoignent le fils à Komodo qui tente à la cinquantaine d'obtenir un diplôme de moniteur de plongée. La soeur agresse sans cesse le frère à propos de son divorce, la mère tente de calmer le jeu, la fille drague un jeune français sans être capable de conclure.



De conclusion, d'ailleurs, ne pas en rechercher au terme de ce livre qui se termine sur le retour de l'héroïne au bercail, à ses enfants tyranniques. D'ailleurs, à ce stade, elle cesse de raconter elle-même son histoire, laissant la parole à un narrateur inconnu qui va solder en quelques pages son existence misérable.



Il reste de belles descriptions de la faune aquatique de Komodo, une bonne scène d'action en plongée générant un certain suspense, pour le reste rien de transcendant.
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Sukkwan Island

Parce que, jusqu'ici, il a raté tout ce qu'il a entrepris dans sa vie - mariage, paternité, travail - Jim s'en va passer une année dans une cabane sommairement aménagée sur une île isolée et inhabitée : Sukkwand Island, au sud de l'Alaska. Là, il espère faire le point sur sa triste existence, et, au terme de cette année d'exil, revenir avec le sentiment d'avoir enfin mené à bien quelque chose sur cette terre. Mais Jim n'est pas parti seul. Roy, son fils de 13 ans l'accompagne. Peut-être cette expérience partagée saura-t-elle les rapprocher ? Très vite pourtant, la relation entre père et fils va connaître de sérieuses difficultés, dues en grande partie à la fragilité émotionnelle du premier. Alors que l'hiver quasi polaire approche, Jim, pour la plus grande crainte de Roy, ne semble pas être tout à fait à la hauteur de ce qui les attend. Cette virée en Alaska tourne au cauchemar.



Sukkwan Island est un véritable tour de force et échafaude intrigue et suspens dans un magnifique huit clos... en pleine nature.



L'écriture est simple et irréprochable, le ton juste, du début à la fin.



David Vann sait créer la surprise, nous traîner dans les pensées des personnages, haletant entre espoir et dégoût au fil des pages. Il nous livre un roman que l'on ne peut lire que d'une traite, un roman qui coupe le souffle au sens propre comme au sens figuré.



Émouvant et dérangeant, débordant d'émotions complexes, je parie que ce livre vous laissera des traces.



Sukkwand Island est le premier roman de David Vann. Un auteur américain à suivre !
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Un poisson sur la lune

Dans la famille Vann, je demande Jim, le père.



Un paternel qui, très tôt, décidera de tirer sa révérence, plongeant son tout jeune fiston dans un abîme de douleur et de culpabilisation.



Pour exorciser, David écrit.

Souvent.

Sur un sujet qu'il maîtrise mieux que tout autre, sa famille.

Et plus particulièrement son père et les raisons qui le poussèrent à commettre l'irréparable.



Un poisson sur la lune se veut introspectif par procuration.

En effet, difficile, pour Vann, de se mettre dans la peau de son géniteur et d'appréhender le fil de ses pensées les quelques jours qui précédèrent le drame.



Puissamment triste ou tristement puissant, c'est vous qui voyez.

Bouleversant, dérangeant, secouant, c'est vous qui ressentez.



Jim est déjà passé de l'autre côté. Présent physiquement mais déjà aux abonnés absents.

Un monolithe de douleur et de ressentiment qu'aucun membre de sa famille ne saura dévier de sa trajectoire funèbre.



D'une force et d'une beauté peu commune, ce récit interroge sur le sens de la vie.

Visiblement interdit pour un Jim qui fait ici sa tournée d'adieu tout en dressant le portrait sans concession d'un homme qui possédait le monde et qui a tout foiré.



Un récit crépusculaire et pourtant incroyablement lyrique.

D'une puissance évocatrice phénoménale, David ressuscite le père, le temps d'un court récit.

Cet homme passé du côté obscur et pourtant capable de délivrer une charge émotionnelle hors norme.



Un poisson sur la lune, oubliez la pêche à l'euphorie, vous rentreriez brocouille...
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Impurs

Il n'y a pas grand-chose à raconter du roman « Impurs » de David Vann, car il n'y a pratiquement pas d'histoire. Tout le livre tourne autour de cinq personnages et des relations qu'ils entretiennent.

Galen est un jeune homme de 22 ans, enfermé dans une petite propriété et qui n'a qu'un seul désir : s'échapper et poursuivre ses études à l'université. Grand masturbateur devant l'éternel, tant spirituel que phallique, il s'évade dans des lectures new-âge et des méditations au cours desquelles il pense par l'esprit, s'extraire d'une réalité qu'il méprise, belle utopie. Sa mère, Suzie-Q, dirige tout. Elle lui voue un amour filial à la limite de l'inceste. Elle possède le chéquier qui donne accès à la fortune de la grand-mère. Celle-ci a été placée dans une maison de retraite afin qu'elle ne gêne personne, d'autant qu'elle ne se souvient de rien, et surtout pas qu'elle est riche. Satellisées à la périphérie de ce petit monde glauque, Helen la tante de Galen et soeur de Suzie, et sa fille, Jennifer, 17 ans et nymphomane, qui n'a qu'un désir : jouer avec Galen à « cousin, cousine, on s'touche la bobine ».

David Vann met cette belle brochette de personnages dans son shaker, secoue pendant de longues pages et nous fait goutter le résultat peu probant. Les 50 dernières pages sont une véritable escroquerie car si l'auteur a voulu reproduire la spirale qui mène à la folie pure, c'est raté, ça n'a d'effet qu'un long ennui.

Heureusement que l'écriture fluide et élaborée de l'auteur sauve l'ensemble.

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Sukkwan Island

A la lecture des premiers mots, on sent la tragédie annoncée...

Car dès lors qu'ils posent un pied sur Sukkwen island, Roy, 13 ans, et son père, Jim, la quarantaine, semblent voués au malheur.

Enveloppés et cernés par cette nature sauvage qui semble être une menace avec ses ours, sa forêt exubérante et sa météo capricieuse, Jim et son fils vont essayer de vivre un an, isolés de tout, sur cette petite ile perdue en Alaska, avec pour seul lien avec le reste du monde, un hydravion qui viendra tous les 2-3 mois.

L'aventure, périlleuse, s'avèrerait réalisable avec de l'expérience, ou un solide bon sens. Mais le père de Roy, qui possède un peu d'expérience, n'est par contre, pas vraiment bien équipé niveau bon sens...

Ce livre, est écrit en 2 parties bien distinctes ; le point de vue de Roy, le fils, dans un premier temps, puis la voix du père, Jim, en deuxième partie. C'est un livre troublant, choquant, où chaque mot est pesé, et pèse son poids... C'est un récit à deux voix, deux âges, deux fonctionnements, si différents et pourtant tellement similaires.

L'écriture de David Vann est simple, directe, mais poétique. Elle a quelque chose de naturel, d'évident, tout en étant dense et profonde.

On ne ressort pas indemne de cette lecture.

David Vann a 48 ans. Il a mis 10 ans pour écrire ce livre. Il est lui-même né en Alaska et a aussi vécu sur une petite ile dans son enfance.

J'ai lu ce livre en 3 jours, le lâchant parfois pour respirer, car il me semblait que je retenais mon souffle... Et j'ai eu hâte d'arriver à la fin, pour abréger mes souffrances et celles des personnages...

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Désolations

Une région de l’Alaska. Le temps de prendre une retraite bien méritée est venu pour Irène et Gary. Une retraite sereine et reposante ? Pas si sûr…



Gary a décidé qu’ils allaient s’installer sur un îlot d’un lac glaciaire, sur les rives duquel ils ont vécu toutes ces années, dans une cabane qu’il va construire de ses propres mains. Le projet n’enthousiasme guère Irène. Il la rebute plutôt. Mais elle est déterminée à l’accompagner dans ce projet fou. A tort ou à raison, elle pense que Gary s’apprête à la quitter. Et Irène n’est pas du genre à lui offrir une trop belle occasion de la rejeter sous un prétexte fallacieux…



Après le terrible Sukkwan Island, David Vann nous propose ici une réflexion sur l’usure liée au temps qui passe en forme de métaphore sur le couple. Outre le couple Irène-Gary, on a les couples formés par leurs deux enfants, un garçon et une fille, tous deux en couple, ainsi que des relations ou amis. Des couples d’âges différents à des stades différents pour une vision globale.



Si la plume de David Vann m’a une fois de plus séduit, je suis un peu resté sur ma faim. Ayant adoré et dévoré Sukkwan Island, tout au long de ma lecture, j’ai attendu fébrilement ce climax que je sentais venir et qui, j’en étais persuadé, allait tout bouleverser et tout remettre en question. J’ai attendu, attendu et il a fini par arriver mais à la toute fin du roman quand je ne l’espérais plus vraiment. Et le pire, c’est qu’il ne m’a absolument pas surpris tant je l’ai trouvé prévisible !



Désolations et légère déception donc…


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Impurs

1985, dans la Vallée centrale de Californie : à 22 ans, Galen vit encore chez sa mère. Au motif de difficultés financières, celle-ci a toujours refusé de lui payer l’université. Pour Galen, cela signifie surtout que sa mère refuse de le voir partir. « Elle avait fait de lui une sorte d’époux, lui, son fils. Elle avait chassé sa propre mère, sa sœur et sa nièce, et il ne restait plus qu’eux deux, et chaque jour il avait le sentiment qu’il ne pourrait supporter un jour de plus, mais chaque jour il restait. » (p. 12) Leurs journées sont rythmées par les thés sous les arbres et les visites à la maison de retraite où est internée la grand-mère de Galen.



Galen voudrait être un nouveau prophète bouddhiste. Il se sent comme une vieille âme et il rêve de détachement et d’illumination. Mais comment y parvenir avec sa mère qui se rappelle sans cesse à lui ? « Sa mère, une perturbation constante, une déchirure dans le tissu de l’espace et du temps. Aucune paix possible quand elle était dans les parages. » (p. 70) Et il y a aussi sa tante Helen, obsédée par l’héritage de la grand-mère et par d’anciennes rancœurs familiales, et sa cousine Jennifer, belle adolescente perverse et cruelle. Un bref séjour dans la cabane familiale va redistribuer les cartes : la tension brûlante explose et tous les non-dits cèdent enfin devant la haine et la colère.



Dès la première page, David Vann installe le malaise. Dès le titre, même. Tous les pantins de cette farce grotesque et brutale sont impurs, chacun à leur manière. Mais ils sont en fait simplement humains. Et il n’y a que Galen pour vouloir dépasser ces attachements vulgaires : pour lui, sexe, nourriture et argent sont autant de perversions obsédantes dont il doit apprendre à se défaire pour accéder enfin à la révélation. Vivant dans un vertige constant, il enchaîne les méditations, jusqu’à ce que ça ne suffise plus à lui offrir le détachement auquel il aspire. « Tout ce qu’il voulait atteindre était juste hors de sa portée, invariablement. » (p. 208) Comme dans les autres romans de David Vann, la fin sera brutale, inévitablement, comme l’annonce la pelle prophétique sur la première de couverture.



Après Sukkwan Island et Désolations où il avait exploré les tourments glacés de l’âme humaine dans des décors froids et désolés, David Vann signe ici une incursion dans la fournaise des haines familiales sous un soleil dévastateur. Cette histoire est haletante : je n’ai pas pu décrocher de ces pages et de cette écriture incisive et mordante. Sans aucune concession, l’auteur peint l’entrée dans la folie d’un jeune homme torturé. Impurs est magistral, sans merci. À lire avec le cœur bien accroché.

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Sukkwan Island

Je me réjouissais de lire ce livre après quelques chaudes recommandations. Et pourtant, il ne restera probablement pas très longtemps dans ma mémoire car j'aurai malheureusement trouvé peu de choses à me mettre sous la dent avec cet ouvrage...



Bien que l'histoire et les thématiques abordées soient intéressantes, l'écriture ne m'aura pas emballé, la plume demeurant assez simple, bien plus axée sur le descriptif des actions ou des paysages que sur les émotions et la psychologie des personnages (bien trop peu développée à mon goût, bien que se résumant pourtant à deux personnages pour l'essentiel du livre). Et même dans ce registre où l'on peut généralement reconnaitre la capacité des auteurs nord-américains à dépeindre les grands espaces qui les entourent, je ne suis pas parvenu à m'immerger dans ces paysages comme j'ai pu le faire avec Jeu Blanc (Richard Wagamese) ou Dans la forêt (Jean Hegland) pour ne citer qu'eux.



Dès les premières pages de ce roman, je me suis senti confronté à une suite sans fin d'événements peu cohérents (un homme a priori dépressif, ayant trompé sa femme, qui décide de tout quitter et d'embarquer son fils de 13 ans durant une année entière sur une île déserte au large de l'Alaska sans même que l'ex-épouse ou l'établissement scolaire n'y apporte une réelle opposition ; une préparation quasi inexistante à ce mode de vie à la limite de la survie, sur une île inconnue et éloignés de tout ; un père au comportement dichotomique, qui fuit, revient, repart, laisse passer les secours quand il peut être secouru ; une forêt brûlée qui se refroidit en un jour ; son comportement durant toute la seconde partie du livre et j'en passe).



A cette absence de vibrations et d'émotions ressenties à travers la plume et la psychologie des personnages viendra s'ajouter, à mon grand malheur, une fin qui tombera pour moi à l'eau (sans mauvais jeu de mots).



Pour citer l'auteur, page 135 de la version du 10e anniversaire de publication en langue française, j'aurais presque envie de dire : « Vas au diable. Tout ça n'a aucun sens, putain ».



A la lecture de la postface rédigée par David Vann lui-même, on apprend que ce roman présente une part autobiographique ou grandement inspirée par la vie de l'auteur. Je comprends alors que ce livre a été rédigé comme une thérapie personnelle. Malheureusement, je resterai hermétique (une fois de plus) à ce genre de livre très « personnel », aussi tragique que puisse être l’histoire.
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L'obscure clarté de l'air

Le livre commence fort avec la fuite de Médée de Colchide. A bord de l'Argo, avec l'équipage de Jason, elle navigue toutes voiles dehors, jetant les morceaux du cadavre de son frère qu'elle a fraichement découpé pour ralentir la traque que son père leur a lancé, celui-ci ramassant les restes de son fils flottant sur la mer. Pour ceux qui connaissent l'histoire de Médée, celle-ci n'est pas entièrement relatée dans l'ouvrage, elle s'arrête à sa fuite vers Athènes et n'évoque pas le passage de sa vie avec le roi Egée.



David Vann occulte également les aventures de Janson en royaume de Colchide, les épreuves qu'il doit accomplir et la manière dont il subtilise la toison d'or à Eétès le roi et père de Médée, ainsi que l'aide que Médée lui procure pour vaincre les maléfices auxquels il est confronté. le focus est donc fait sur Médée, Jason étant relayé au second plan. le portrait qui est fait de lui n'est pas très relisant (pleutre, sans ambition, soumis, sans reconnaissance, infidèle etc...). On notera que sa description se fera tout au long du livre à travers le regard de Médée. Je ne l'avais jamais auparavant imaginé sous ce jour (c'est quand même le chef des Argonautes!).



Avec ce livre, David Vann donne une nouvelle dimension à l'histoire de Médée, lui amputant sa poésie tragique et une partie de sa "pureté". Cependant il lui propose en échange de la couleur (malgré le sombreté du texte), des odeurs, un décor méditerranéen empli de peuplades sauvages. Avec David Vann Médée se rapproche de nous, elle est une femme nouvelle, on la perçoit sous un autre jour, plus contemporain. Il adopte un style haché et des phrases courtes qui ajoutent de la percutions et de la tension au texte. Les scènes sont détaillées et nous immergent dans un monde dans lequel les croyances sont reines et la peur l'instrument principal du pouvoir.

Icône de la femme déterminée, insoumise, résistante face à la puissance masculine écrasante, Médée affiche clairement son mépris pour le pouvoir en place, moquant les moutons qui le suivent. Elle est la révoltée, celle qui se dresse contre la bêtise et la tyrannie. On conviendra bien sûr que le tableau clinique de cette femme est particulièrement préoccupant, mais on ne fait pas de bonnes tragédies sans personnalités extrêmes...



Pour finir je dirai que cette lecture m'a permis de renouer avec un vieille passion un peu délaissée sur laquelle un nouveau regard m'est apporté. J'ai vraiment été embarqué par l'auteur dans l'enfilade des évènements tragiques si magistralement décrits. J'ai aimé Médée, je dois l'avouer, dans sa folie, dans son entièreté, dans son indéfectible détermination. J'ai été écoeuré à vomir sur le pont du navire et effrayé devant sa cruauté. Vous l'aurez compris, David Vann m'a touché de différentes manières par sa façon d'aborder le sujet. Après avoir rendu le livre à la médiathèque, et je n'ai pu m'empêcher d'aller le commander pour l'ajouter sur mon étagère.
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L'obscure clarté de l'air

David Vann a choisi de revisiter le mythe de Médée par une approche historique. Son livre se déroule donc à l'époque réelle de Médée (~ -1250 av. JC) et, pour cela, David Vann s'est appuyé sur les dernières découvertes archéologiques "dans un souci de réalisme constant". Et c'est quelque chose qu'il faut bien garder en tête pendant la lecture. Car si Jason et ses argonautes viennent d'un peuple primitif plus ou moins évolué qui côtoie la civilisation égyptienne, Médée, elle, est issue d'un peuple "barbare" et bien plus violent. Au final, David Vann nous offre un face à face de l'évolution, assorti d'une réflexion sur la condition féminine et le corps des femmes.

La lecture de ce livre n'est pas facile et, si on oublie qui est Médée et d'où elle vient, son comportement peut heurter fortement notre sens moral d'aujourd'hui. Mais c'est aussi le genre de livre qui prend toute sa mesure plus tard, quand on l'a refermé, qui nous taraude l'esprit, fermente et qui enfle, enfle... et nous fait réfléchir. À mon avis, c'est le meilleur livre de David Vann et un coup de coeur pour moi mais il risque de déplaire à beaucoup de monde.
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