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Critiques de Erik Larson (259)
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Lusitania 1915, la dernière traversée

Nous sommes en pleine Première Guerre mondiale et les Allemands cherchent à couler systématiquement tous les bateaux anglais qui circulent sur les mers. Le Kaiser a même approuvé le fait de couler des paquebots remplis de civils anglais. Déjà des U-Bootes rôdent à la recherche de proies. A peu près au même moment, une unité des services secrets anglais est capable de décoder les messages qui sont envoyés entre les sous-marins allemands et leurs officiers supérieurs restés à terre. Mais pour ne pas éventer ce fait, cette fameuse unité ne prévient pas les paquebots civils des dangers qu’ils courent. Le 1er mai 1915, Le Lusitania – paquebot britannique- quitte New-York pour Liverpool. A son bord des passagers anglais mais aussi américains, certains savent que des sous-marins allemands peuvent croiser leur chemin. Le capitaine Turner est au courant aussi mais il pense que le Lusitania ne risque rien. Le voyage se déroule sans problèmes jusqu’à ce que, pas loin de Liverpool, le Lusitania croise le U-Boote 20… Une seule torpille est lancée mais deux explosions sont entendues, le bateau est touché. En vingt minutes, il coule ! A son bord, il y avait près de 2000 personnes, un peu plus de 700 ont survécu dont le capitaine Turner. Ce naufrage a provoqué la colère de l’opinion américaine car il y avait de nombreux américains à bord ; dès lors, l’Allemagne sera considérée comme une nation sans pitié et l’idée de s’engager dans la guerre auprès des français et des britanniques va faire son chemin. Il faut attendre 1917 pour les USA déclarent la guerre à l’Allemagne.



L’ouvrage d’Erik Larson se lit comme un roman à suspense. On sait que le Lusitania va couler, on assiste à tous ces petits événements qui vont amener à la tragédie. On pense souvent au Titanic , le naufrage le plus emblématique, mais il y en a d’autres bien plus tragiques comme le Lusitania en 1915 ou le Gustloff en 1945.



Challenge Multi-défis 2023

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La splendeur et l'infamie

Churchill me fascine. Et je ne suis pas la seule. Les historiens, les romanciers, le cinéma, la télé continuent d’explorer la vie de l’homme politique britannique (et prix Nobel de littérature). Certains biographes consacrent des années et des volumes à un examen microscopique de ce parcours hors normes. Erik Larson fait un choix différent. Il se concentre sur une seule année (mai 1940 – mai 1941), sa première année en tant que Premier Ministre. Il va regarder la grande histoire à travers le prisme de l’intime, raconter un an de moments charnières pour le monde à travers le regard du cercle proche du Vieux Lion, dresser un portrait terriblement humain de l’homme public et au final proposer un docu fiction totalement addictif.



Quand Churchill arrive au 10 Downing Street, il est très populaire auprès de ses concitoyens mais mal perçu par la classe politique. On le dit imprévisible, peu fiable.

Sur la scène internationale, Hitler a envahi la Hollande et la Belgique. La Pologne et la Tchécoslovaquie sont déjà tombées, l'évacuation de Dunkerque se profile et la reddition de la France semble difficile à éviter. Au cours des douze mois suivants, Hitler mènera une campagne de bombardements incessante sur Londres, tuant 45 000 Britanniques.

Churchill va maintenir la cohésion de son pays et tenter de persuader le président Roosevelt que la Grande-Bretagne est un digne allié, prête à se battre jusqu'au bout.



On retrouve bien évidemment dans ce document le Churchill qui nous est familier (le fumeur de cigare, le maitre orateur, le malin, le belliqueux). Mais Larson nous montre aussi un autre Churchill, celui qui laisse paraitre ses émotions sans honte, un homme avec une absence totale de vanité personnelle, avec un sens du devoir exacerbé, conscient que quelque chose de plus grand que lui est en train de se jouer.



En s'appuyant sur des journaux intimes, des documents d'archives originaux et des rapports de renseignement autrefois secrets, l’auteur offre un nouveau regard sur l'année la plus sombre de Londres à travers l'expérience quotidienne de Churchill et de sa famille : sa femme, Clementine ; leur plus jeune fille, Mary, qui s'irrite contre la protection de ses parents en temps de guerre ; leur fils, Randolph, et sa belle et malheureuse épouse, Pamela ; l'amant de Pamela, un fringant émissaire américain ; et ses très proches conseillers vers qui il se tourne dans les moments les plus difficiles. Invitant le lecteur à des réunions top secrètes comme à des repas de famille, Larson nous montre comment Churchill a enseigné au peuple britannique « l’art d’être intrépide », comment il enhardi une petite nation à embrasser son heure de gloire, tout en essayant de persuader les USA d’entrer en guerre. Et quand on voit l'homme d'État grimper sur le toit du 10 Downing Street pour regarder les bombes tomber sur Londres, on comprend la frustration du Führer face à la puissance symbolique de la résistance obstinée d’un homme et de tout un peuple. Il sera plus qu'un leader politique, il sera l’inspiration de sa nation et du monde libre. Mon intérêt pour Churchill sort encore grandi de cette lecture passionnante.



« La splendeur et l’infamie » est un beau pavé qui se lit avec la même avidité qu’un roman à suspens où saga familiale et complot politique se mélangeraient. L’auteur arrive à rendre haletante une histoire dont on connait déjà la fin. Juste génial.



Traduit par Hubert Tézenas
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Dans le jardin de la bête

Nous sommes à six mois de la gouvernance de Hitler à la chancellerie allemande, le nazisme est à ses début, il est encore dans sa phase théorique ou idéologique, il est encore en train de corrompre les consciences, de présenter cette vision panoramique du monde juif qui envahit la classe dominante du monde, de joindre les antisémites à leur cause ou simplement d'en créer, l'heure est encore aux débats, aux confrontations d'idées avec quelque peu des cas isolés perpétrés par les membres de SS et de SA déjà mis en place par le fiévreux chancelier, c'est dans cette atmosphère de crise idéologique que Roosevelt peine à trouver un ambassadeur des États-Unis auprès de l'Allemagne, tous les diplomates à qui il fait la proposition déclinent l'offre, ça sent déjà mauvais dans ce pays, finalement c'est un modeste universitaire qui va souscrire à cette offre, William E Dodd. Le nouvel ambassadeur et sa famille arrivent en Allemagne dans l'espoir que le vent de cette crise idéologique passera par un simple revers de mains mais ils se rendront bien plus que la bête dans le jardin est pire que le mot apocalypse...
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Le diable dans la ville blanche

Je ne sais pas si je suis bon public ou si j'ai de la chance dans mes choix de lectures en ce moment, mais voilà encore un livre qui m'a beaucoup plu.

Je ne parlerais pas de "coup de cœur" car les événements qui nous sont relatés sont assez terrifiants, mais cette lecture est quand même une excellente découverte.



Au début, j'avoue avoir été légèrement déconcertée. Je ne comprenais pas trop le rapport entre la vie de Daniel Burnham (l'architecte de l'Exposition universelle colombienne de Chicago) et H.H. Holmes (l'un des premiers serial-killers américains) mais, petit à petit, j'ai compris pourquoi l'histoire de ces deux hommes nous est relatée en alternance.

Plus d'une fois, en effet, Erik Larson oppose "La Ville blanche" à "La Ville noire". La Ville blanche est le nom qui fut donné à l'Exposition universelle car les bâtiments construits pas les architectes ont été construits selon un modèle très classique et peints en blanc crème. Pendant sa durée, l'Exposition a symbolisé les "bons côtés" de Chicago : son esprit d'entreprise, sa ténacité, sa capacité à d'améliorer.

La Ville noire, par contre, est tout ce qui entoure l'Expo ; c'est la ville de Chicago dans ce qu'elle a de plus laid, de plus sombre et de plus inquiétant : les abattoirs, la fumée, les ruelles sombres et malodorantes, les disparitions inexpliquées de milliers de personnes chaque année.

Et justement, Burnham et Holmes incarnent ces deux facettes de la ville, l'architecte étant le créateur de la ville blanche et le meurtrier en série profitant de l'anonymat de Chicago pour commettre ses méfaits. D’ailleurs, l’ouverture de l’Exposition promettant d’attirer une certaine foule à Chicago, Holmes va en profiter et transformer son immeuble en hôtel où il espère attirer des touristes Tout cela permet de comprendre les liens entre le meurtrier et l’Exposition universelle colombienne et ce titre de « Diable dans la ville blanche ».

Du coup, l’alternance des chapitres se comprend, elle aussi, beaucoup mieux. Et l’on profite beaucoup plus des explications concernant la construction de cette Exposition universelle et la carrière des différents architectes y ayant participé.

Au fil des chapitres, j’ai d’ailleurs commencé à apprécier de plus en plus ces passages sur l’Expo. On nous y explique les difficultés rencontrées lors de sa construction, les problèmes socio-économiques de l’Amérique de l’époque (faillites nombreuses, émergence des syndicats, travailleurs en grève…) et les doutes des différents architectes, craignant de ne pas avoir terminé leurs conceptions respectives pour l’inauguration de l’Expo. On sent qu’un véritable vent de modernité commence à souffler sur Chicago. De nouvelles techniques de construction sont mises en place, la première « grande roue » est créée, de nouvelles saveurs sont proposées aux visiteurs de l’Exposition (premiers chewing-gums, Shredded Wheat…)

Les chapitres consacrés à Holmes sont tout aussi fascinants, mais pour d’autres raisons. Comment a-t-il fait pour passer inaperçu pendant autant d’années, pour commettre ses méfaits en toute impunité ? La fascination qu’il exerce sur les personnes avec lesquelles il interagit n’explique pas tout, son intelligence non plus.

Finalement, « Le Diable dans la ville blanche » est un roman qui nous parle d’une époque éblouissante ou les hommes étaient capables du pire comme du meilleur. Et, heureusement, les « méchants » ne sont pas toujours gagnants…
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Dans le jardin de la bête

En dépit de quelques longueurs en début de roman, de passages un peu fastidieux consacrés à la description par le menu des petites rivalités et mesquineries au sein de la diplomatie américaine, j' ai grandement apprécié cette lecture qui réussit à rendre palpable cette tension croissante propre à la montée du national socialisme hitlérien. Il faut dire que l' auteur nous livre là un cours magistral, complet car hyper documenté -- une vingtaine de pages consacrées à la seule bibliographie - et passionnant sur la genèse de cette période sombre de l' histoire récente.J' y ai en outre appris une foule de détails édifiants qui, à mon souvenir, ne figuraient pas dans mes manuels d' Histoire au lycée.Une lecture fort instructive , en définitive et inquiètante quand on constate, comme l' embassadeur( et avant tout historien) Dodd , que les tragédies de l' Histoire ont une fâcheuse tendance à se répéter , en particulier sous le scénario suivant : crise économique --repli identitaire -- mise à l' index de boucs émissaires choisis parmi les minorités -- émergence des extrêmes -- réduction des libertés élémentaires --......dictature. Merci à Babelio et aux éditions du cherche midi pour cette lecture.
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Dans le jardin de la bête

J'ai énormément lu sur cette époque entre les 2 guerres mondiales et je dois avouer que ce livre est le plus abouti qu'il soit sur la monté du pouvoir du nazisme.



Ce livre à réveillé en moi de la colère et de la consternation également.



D'une part parce qu'il est évident, et que dans ce livre transparaît clairement, que le nazisme aurait ou être étouffé dans l'œuf. Nous n'aurions pas connu ces 55 millions de morts.



Mais non, les autres pays et notamment les USA en l'espèce étaient bien trop préoccupés à savoir si l'Allemagne continuerait à rembourser sa dette vis à vis d'eux qu'ils pouvaient bien laisser faire, l'argent avaient bien plus d'importance que les vies humaines et les valeurs démocratiques. Malheureusement c est toujours le cas aujourd'hui...



Aussi, de nombreux fonctionnaires, très confortablement installés dans leurs bureaux à Washington préféraient décrédibiliser et se moquer de l'ambassadeur en place à Berlin les alertant sur le danger pour l'humanité que présentait le régime. Lui qui vivait et voyait la terreur qui régnait dans ce pays. Tous ceci dans le seul but de leur carrière personnelle et dans les intérêts financiers qu'ils pouvaient en tirer.



Bref, ces gens sont sans équivoque aussi responsables que le régime lui même. L'absence de réaction est affligeant.

Ces heures sombres auraient pu largement être évitées et ce livre ne fait que le constater.







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Lusitania 1915, la dernière traversée

Lusitania est une lecture tout bonnement passionnante. L’écriture n’est pas cinématographique mais dense, et pourtant, en tant que lectrice, j’ai eu la sensation d’assister à l’action en direct.

Non seulement l’étude bibliographique est conséquente, mais elle est retravaillée et synthétisée au bon niveau pour dresser un panorama clair et complet de ce qui est arrivé au Lusitania :

- Le contexte géopolitique, la guerre de 14-18 avec des enjeux stratégiques menant à des jeux de dupes entre grandes puissances.

- Le contexte sociétal : qui permet d’expliquer, comment et pourquoi, en temps de guerre et alors même que l’Allemagne avait déclaré l’Atlantique zone de guerre, le Lusitania a effectué une traversée de l’Atlantique qui s’avérait hasardeuse.

Les nombreux personnages clés, certains d’entre eux passagers, le capitaine, mais également des décideurs politiques – et notamment le président Wilson ainsi que Winston Churchill, guident le lecteur dans ce qui aurait pu être un dédale indigeste de régurgitations bibliographiques.

Un petit bémol à cette lecture : l’auteur tente parfois des artifices d’écritures (et si le départ n’avait pas été retardé, et si le navire n’avait pas modifié sa trajectoire, et si…) qui n’apporte rien. Car même si l’on connait l’issue malheureuse de cette traversée, Lusitania se lit comme un roman à suspens.

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Dans le jardin de la bête

Depuis très longtemps je lis autour de la Seconde Guerre mondiale, que ce soit des biographies, des romans ou des essais historiques.

Dans ses « voyages dans le Reich » Oliver Lubrich avait évoqué le témoignage d’une fille d’ambassadeur qui avait attisé ma curiosité.

Le livre d’Erik Larson a été la façon parfait d’en savoir un peu plus sur les débuts du nazisme et surtout sur le regard porté sur le phénomène par les américains.

1933 William Dodd est nommé ambassadeur à Berlin, il y restera jusqu’en 1937. Il n’est pas du tout issu de la classe politique dirigeante, c’est un universitaire tranquille, historien de formation, sa parfaite connaissance de la langue allemande à joué en sa faveur mais disons le il devient diplomate par hasard et au pire moment.

Il part à Berlin avec sa femme, son fils et sa fille Martha, une belle jeune femme de 28 ans.

Le livre d’Erik Larson va nous restituer l’ambiance qui règne alors dans l’entourage de Roosevelt où l’antisémitisme n’est pas absent. Il va nous brosser un tableau qui s’assombrit au fil du temps des relations entre le personnel de l’ambassade américaine et les dignitaires nazis.

L’évolution va être lente pour William Dodd, tout d’abord sceptique quant aux exactions allemandes il reste d’une neutralité et même d’une grande bienveillance envers les nazis.

Il a beaucoup de mal à croire aux rapports qui s’accumulent sur sa table de travail.

Martha, elle, est totalement séduite par ce nouveau régime, elle s’affiche en compagnie de Rudolph Diels alors chef de la Gestapo.



Ce gros livre se lit comme un roman policier, on a peine à croire à l’aveuglement dont on sait pourtant aujourd’hui toute la réalité.

Au crédit de William Dodd mettons que ses yeux se désillent après la Nuit des longs couteaux, ses messages à la Maison Blanche sont de plus en plus pressants et de moins en moins complaisants. Il alerte sur les intentions d’Hitler de sans doute se débarrasser de tous les juifs.

Roosvelt et le gouvernement américain font la sourde oreille et acceptent sous la pression des allemands de rappeler l'ambassadeur.



Erik Larson a réussi un excellent livre basé sur un important travail de recherche. Les notes envoyées par l’ambassadeur, le journal tenu par Martha ont été largement utilisés. Il parvient à nous faire pénétrer au plus près de ceux qui auraient pu encore à ce moment là éviter le pire à l'Europe.

Le contraste est saisissant entre William Dodd, homme de principes, droit, qui peu à peu perd ses illusions, et sa fille qui papillonne d’amants en amants jusqu’à tomber dans les bras d’un espion soviétique.

L’atmosphère du Berlin de cette époque est parfaitement restitué, de l’insécurité régnant dans les rues, de la peur qui monte même parmi l’élite, à la vie trépidante et joyeuse des des nazis en place.



C’est un livre passionnant et utile que je vais ranger aux côtés de celui d’Oliver Lubrich et d’Erika Mann.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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La splendeur et l'infamie

A l'été 1940, la Grande Bretagne est le seul pays européen à résister à la machine de guerre nazie.



Hitler, après avoir tenté de négocier avec ce pays, va déclencher à partir de juillet 1940 des campagnes de bombardements, sur plusieurs mois, qui vont faire un grand nombre de victimes.



La population britannique va faire preuve d'un courage et d'une endurance admirables.

A cela s'ajoute la pénurie alimentaire, l'absence de chauffage.

Bien sûr la population éprouva de la douleur, de la colère...mais aussi de la solidarité, de l'humour...cet humour britannique si réputé.

Et puis, il y a le soutien total de la population pour son premier ministre, Winston Churchill. Celui qui fut le seul chef d'Etat d'Europe qui a tenu tête à Hitler et à sa politique d'une inhumanité sans limite.

Dès la fin des années trente, il a été l'un des très rares hommes politiques britanniques ne se berçant pas d'illusions optimistes sur les vues d'Hitler, dès l'arrivée au pouvoir de celui-ci en 1933.

D'ailleurs, les politiciens britanniques qui furent très "mous" avec l'Allemagne firent preuve de méfiance à son égard lorsqu'il devint Premier Ministre en mai 1940, y compris le roi lui-même.



Churchill sut insuffler, à ce moment le plus tragique de l'histoire anglaise, et disons le, du monde démocratique, la ténacité, le courage de continuer une lutte âpre, cruelle, mais essentielle pour l'avenir du genre humain.

Il s'impliqua avec patience, ardeur dans de difficiles négociations avec Roosevelt pour l'obtention d'une aide matérielle américaine, et surtout pour l'entrée en guerre des Etats-Unis contre l'Allemagne nazie.



Comment ne pas éprouver d'admiration pour un homme de 66 ans, affaibli par son embonpoint, mais qui va trouver la force physique et morale pour être un acteur majeur de la lutte contre le nazisme ?



Cet ouvrage, c'est le souffle de l'Histoire. Et c'est le talent de l'auteur de nous immerger dans ce drame, aux côtés de Churchill au 10 Downing Street, de nous faire partager sa douleur pour son peuple martyrisé et son espérance en la victoire et la paix.



Lorsqu'il parcourait les ruines des agglomérations bombardées par la Luftwaffe, plusieurs témoins de son entourage le virent les larmes aux yeux.



Parallèlement aux évènements tragiques de l'Histoire, Erik Larson nous parle de la vie de famille de Churchill, avec ses joies et ses peines.

Ses collaborateurs font aussi l'objet de lignes émouvantes, et ce qu'ils soient ministres ou secrétaires.



Ce récit est colossal par sa densité, l'intensité dramatique des faits relatés et l'émotion que l'auteur transmet à ses lecteurs.



Un seul conseil : LISEZ CE LIVRE !
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Dans le jardin de la bête

William E. Dodd, ambassadeur des États-Unis à Berlin de 1933 à 1937, était aux premières loges lors de la montée du nazisme en Allemagne. Surnommé « la Cassandre des diplomates américains » après son mandat, Dodd a assisté, impuissant et sans recours de Washington, aux détentions arbitraires, à la persécution quotidienne des Juifs, aux exactions des Sturmtruppen de la SA dirigés par Ernst Röhm, à la Nuit des longs couteaux à la fin de juin 1934 et à la prise de pouvoir par Hitler à la mort du président Hindenburg. La diplomatie a ses limites face au totalitarisme et Dodd aura tenu jusqu'à ce que F. D. Roosevelt se voit contraint, par des pressions internes, de le remplacer.

Dans le jardin de la bête est un récit historique de grande valeur, basé, entre autres, sur la correspondance échangée entre les hauts fonctionnaires américains, sur certains témoignages des acteurs de l'époque, tels Rudolph Diels, directeur de la Gestapo et Martha Dodd, la fille de l'ambassadeur et sur les travaux de l'historien Ian Kershaw. Cette période bouleversante de l'histoire moderne a été traitée de diverses façons mais Erik Larson se démarque par le biais qu'il a donné à son ouvrage et la vivacité de son écriture. Et si on connaît l'issue désastreuse des événements, ceux-ci, racontés au jour le jour, donnent encore froid dans le dos. À lire absolument pour une vision plus globale de la Seconde Guerre mondiale.
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Dans le jardin de la bête

Ce livre est un document romancé. Donc une histoire vraie.

Je reconnais que l'auteur a fourni une somme de travail inouïe pour rassembler tout ce matériau pour écrire son livre. Les événements sont ce qu'ils sont et on ne peut pas juger là dessus, par contre, on peut donner son avis sur l'écriture.

Je pense que l'auteur s'est laissé dépassé par la tonne d'informations qu'il avait et qu'il n'a pas su faire le tri. du coup, le lecteur est assommé par des détails sans importance et des descriptions à n'en plus finir, tout en aplanissant les émotions des personnages. Dommage car cela m'a empêchée d'entrer vraiment d'en l'histoire et de m'immerger dans cette vie d'avant guerre.

Bref déçue malgré le travail de titan qu'a du être l'écriture de ce livre.



Pioche de Aout 2020 choisie par Milllie
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Dans le jardin de la bête

Non mais quel fouillis ! L'idée est riche : les relations diplomatiques au lendemain de l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Ceci à travers les regards de l'ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne, William E. Dodd, envoyé par Roosevelt à Berlin dès 1933, et de sa fille adulte Martha.



Le contexte historique est évidemment passionnant, on apprend beaucoup sur la montée du nazisme, mais aussi sur le décalage entre le ressenti des émissaires étrangers sur place et l'image alarmante véhiculée hors les frontières par les médias (américains notamment) dès 1933.



La précision du récit est journalistique, l'auteur a manifestement accompli un travail de fourmi, il dresse des portraits très minutieux d'un contexte socio-politique, de l'élite dirigeante, du quotidien et de la mission d'un homme partagé entre ses principes et ce qu'il entrevoit peu à peu.



Hélas, Larson noie son lecteur dans des anecdotes, avec une foultitude de personnages, relatant notamment les multiples liaisons de Martha. Le tout avec pléthore de renvois en fin d'ouvrage, plusieurs par pages, donc plusieurs centaines au total... Les propos intéressants sont dilués, présentés de manière redondante.



Pitié, allons à l'essentiel ! Vive le synthétique, qui n'exclurait pas un exposé complet. Indigestion totale, abandon après 250 pages (sur 650 en comptant les annexes, 530 sans), malgré ma résolution de terminer ce dernier document de l'aventure ELLE, et bien que j'aie entrecoupé cette lecture avec des ouvrages plus abordables.



Restera ma mauvaise conscience : n'ai-je pas loupé des passages vraiment intéressants ?
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Dans le jardin de la bête

Me voilà enfin arrivée au terme du gros pavé d'Erik Larson, sur les débuts du nazisme vu par les yeux de Dodd, l'iconoclaste ambassadeur américain à Berlin de l'époque. Somme inclasssable, travail de titan, Dans le jardin de la bête surprend, déroute souvent, tombe des mains parfois, tant la forme est surprenante, à mi-chemin entre le thriller haletant et la thèse d'histoire. Pourtant, une fois dépassées ces premières impressions, le bouquin est captivant de bout en bout.



Sur une période étonnamment courte, qui court pour l'essentiel de l'été 1933 à la Nuit des Longs Couteaux (la période 1934-1937 est traitée de manière plus elliptique en fin d'ouvrage), le lecteur assiste, aussi impuissant que le germanophile Dodd, à la montée en puissance d'Hitler et à la mise en pas (Gleichschaltung), aussi insidieuse que brutale, de la société allemande, qui se réalise avec une rapidité stupéfiante (bien qu'on en connaisse l'histoire et l'issue).



L'ouvrage de Larson fourmille de portraits passionnants, dans une galerie qui démontre bien la complexité d'une époque dont les enjeux ne sont pas immédiatement lisibles aux acteurs. On est ainsi tour à tour soufflé par la lucidité du consul Messersmih, révolté par l'aveuglement des Etats européens, étonné de la naïveté de Dodd, choqué par les opinions de sa volage fille Martha, admiratif devant la prise de conscience progressive de la famille, qui ira jusqu'à une attitude de résistance face au nazisme, touché par les désillusions et les déceptions, y compris au sein du camp nazi.



Deux intérêts majeurs à cet ouvrage.



D'abord, le travail de l'écrivain, impressionnant, avec un appareil critique digne d'un travail de recherche universitaire, où tous les éléments historiques sont avérés et sourcés, y compris dans les moindres détails (ameublement de la résidence de l'ambassadeur, menus de réception, emplois du temps des membres de la famille, histoires d'amour de Martha, correspondances, conversations ...). Le travail de fourmi, d'une patience folle, soigné et fouillé à l'extrême, force indubitablement l'admiration même s'il donne parfois le tournis.



"Mais sous la surface, l'Allemagne subissait une révolution rapide et radicale qui pénétrait au coeur de l'étoffe de la vie quotidienne. Elle s'était produite silencieusement, et, pour la majeure partie, à l'abri des regards superficiels."



Ensuite, Dans le jardin de la bête constitue un document irremplaçable sur la construction du système nazi dans les premières années, vu à la fois de l'intérieur et de l'extérieur dans le monde protégé des diplomates étrangers, en redonnant toute son importance à la Nuit des Longs Couteaux, l'un de ces moments où l'histoire bascule.



Dès 1933, de fait, tous les éléments sont en place ou presque : la censure, le contrôle de la société et des individus, qui va croissant, son verrouillage par la terreur (le n°7 de la Prinz-Albrecht-strasse, siège de la Gestapo, fait déjà trembler d'effroi les Berlinois en 1934), les camps, les rivalités internes de pouvoir entre les Nazis, la persécution des Juifs. Le soupçon et l'angoisse s'insinuent progressivement, jusqu'à culminer en "un maëlstrom de tension et de peur" (voir le récit de la Nuit des longs couteaux, entre terreur, incrédulité et paranoïa).



Une étude de climat, en somme, que je n'avais jusqu'à présent entrevu que dans des romans d'époque, ceux de Fallada par exemple (que l'on croise d'ailleurs dans le livre), par exemple avec Seul dans Berlin ; un intérêt pour les débuts du régime qui fait écho à celui porté à sa fin extrême dans le très bon roman de Birkefeld et Hachmeister, Deux dans Berlin. Qui plus est, l'étude fine des enjeux de pouvoir entremêlés (SA/SS, Göring / Himmler, Hitler / Hindenburg, ambassadeur / département d'Etat américain etc.) est fascinante d'intérêt et de complexité.



Une plongée vertigineuse et terrifiante dans l'univers nazi, une vraie réussite, dont on ne sort pas indemne !
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Dans le jardin de la bête

Ce roman est en quelque sorte un "thriller" historique.Erik Larson reconstitue ,grâce à une documentation très complète,la première année de résidence à Berlin de William E Dodd (ambassadeur américain) et de sa famille ,en 1933.

Hitler,de simple chancelier,devient un tyran absolu,l'Europe et l'Amérique fermant les yeux sur les massacres perpétrés sous prétexte de ne pas interférer dans les affaires d'une nation étrangère.Les 2 fils rouges de l'histoire sont le père et la fille qui ,à travers un cheminement différent,vont ouvrir les yeux sur l'enfer du nazisme,alors que chacun aimait l'Allemagne_le père grâce à de bons souvenirs du passé,la fille par le biais de la vie que ses amants nazis lui font vivre_.

Un roman palpitant qui m'a permis de réaliser que je ne savais rien de la montée du nazisme malgré tout ce que j'avais déjà lu.
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Une histoire vraie

Une histoire vraie, c’est le compte-rendu d’heure en heure de la trajectoire d’un des plus meurtriers ouragans à avoir touché le territoire américain. Le 8 septembre 1900, l’île de Galveston au Texas, dans le golfe du Mexique, en subissait les assauts furieux. La tempête avait pris de la force depuis son passage sur Cuba et le US Weather Bureau, souvent dénigré dans le passé pour ses prévisions hasardeuses et inexactes, a complètement failli à sa tâche, refusant même d’écouter les avertissements des météorologues cubains, experts en ce domaine.

C’est ce qu’on apprend dans ce récit historique, en plus d’une foule de détails compilés minutieusement par l’auteur. Erik Larson a compulsé de multiples archives, scruté nombre de photographies et consulté des experts afin de dérouler le plus exactement possible le fil des événements ayant mené à cette catastrophe naturelle qu’on aurait dû voir venir. Huit mille personnes ont péri dans la destruction de leurs maisons, d’abord inondées et ensuite démembrées, les survivants se raccrochant aux débris, impuissants à sauver ceux et celles qui sombraient irrémédiablement.

Le récit donne froid dans le dos, mais je l’ai parcouru fébrilement, mesurant toute la misère humaine face à la nature qui se déchaîne.

J’avais beaucoup aimé Dans le jardin de la bête du même auteur et je compte bien lire La splendeur et l’infamie qui attend depuis trop longtemps dans ma PAL.



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La splendeur et l'infamie

Loin des biographies officielles et des études savantes, ce livre sert l'Histoire de la plus belle des manières parce qu'elle la place à hauteur d'homme.

A partir du 10 mai 1940, date de la nomination du bouillant Winston Churchill au poste de Premier Ministre à la place du "munichois" et trop mou Chamberlain, l'auteur met le projecteur sur une année de "larmes, de sang et de sueur" pour une Angleterre martyrisée par les assauts répétés et meurtriers de la Luftwaffe.

Sa méthode : regarder le passé sous un angle inédit qui mêle la vie quotidienne, les relations intimes et les décisions stratégiques dans le cœur du réacteur en fusion que furent conjointement le 10, Downing Street et la résidence Chequers où Churchill poursuivait le week-end ses travaux, consultations, rencontres.

Erik Larson nous offre une vision originale, loin des poncifs, et donne une dimension humaine à l'action opiniâtre de l'indomptable Premier Ministre, à sa capacité à fédérer les énergies et à encourager et soutenir la résistance de tout un peuple qui démontrera, dans ces moments dramatiques, sa formidable résilience.

Ce livre s'appuie sur un énorme travail de recherche documentaire tant dans les archives officielles que dans les journaux personnels tenus par des membres du cercle rapproché, voire familial de Churchill. C'est ce qui en fait toute la saveur. L'Histoire, telle qu'on aimerait plus souvent la lire, pour mieux l'appréhender et en comprendre les enjeux. Ce petit bout de la lorgnette qu'explore Erik Larson ouvre de grands horizons.
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Le diable dans la ville blanche



La 4ème de couverture m’a attirée vers cet « historico-thriller » ! Toute la partie Exposition Universelle est très bien documentée et l’auteur a su donner vie au déroulement, de l’idée à la réalisation, de cette immense foire qui faisait évoluer Chicago d’une ville quasi anonyme, triste et sale, la ville noire, à une ville attirant toutes les nations et toutes les personnalités du monde « éclairé » de la fin du XIXème, la ville blanche !



Extrait : « L'Exposition est en grande partie conçue par l'architecte et directeur des travaux Daniel Burnham et le paysagiste Frederick Law Olmsted. Elle est conçue pour suivre les principes conceptionnels des beaux-arts, à savoir les principes d'architecture classique européenne basés sur la symétrie et l'équilibre ».



L’affluence d’hommes et de femmes à la recherche de travail et d’une vie meilleure, a permis à l’un des plus grands tueurs en série, de passer inaperçu et lui laisser tout loisir d’assassiner près de 200 personnes avec pignon sur rue !



Polygame, il escroque les assurances en payant des assurances-vie à ses employés dont il est bénéficiaire. Il sera connu sous le nom de Docteur Henry Howard Holmes.



Après l’exposition, Frank Geyer, inspecteur à Philadelphie, va remonter la piste du tueur jusqu’en dehors de l’Illinois, alors qu’Holmes est écroué pour escroquerie à l’assurance.



Les Expositions Universelles m’ont toujours fascinée tant elles étaient démesurées avec leurs bâtiments pour en faire quelque chose d’exceptionnelle et une vitrine du savoir-faire des pays modernes alors en plein développement industriel et commercial.



La construction de l’exposition de 1893 ayant amené des milliers de personnes à Chicago, Erik Larson n’a eu aucun mal à développer la vie de Holmes dans ce contexte, car sans toutes ces personnes qui s’étaient déplacées, jamais il n’aurait pu ni en tuer autant, ni passer inaperçu !

Je sais que certains lecteurs trouvent que la partie exposition tient trop de place mais les décisions et les agissements de H.H.Holmes sont dépendants de cette exposition et je trouve excellent d’avoir fait vivre ces deux idées de la ville en parallèle : la blanche et la noire !



CHALLENGE MULTI-DEFIS 2020

CHALLENGE PAVES 2020

CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020

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Dans le jardin de la bête

En 1933, par un concours de circonstances, Wiliam E. Dodd se voit proposer le poste d'ambassadeur américain à Berlin par le présent Roosevelt lui-même. Au départ réticent, il accepte finalement la proposition bien qu'il ne soit pas préparé à ce genre de poste puisqu'il est historien. A l'époque, vu des Etats unis, l'Allemagne n'est un problème que pour sa dette envers les États-Unis suite à la défaite lors de la Grande Guerre. Ils ignorent alors ce qu'il se prépare, si bien que Dodd se lance comme ambition d'avoir une conversation avec Hitler, histoire de solutionner son problème avec les juifs.



Sa femme, sa fille et son fils l'accompagnent alors à Berlin. Martha, sa fille, enchaîne les soirées mondaines et rencontrent de hauts fonctionnaires nazis.



Au départ enjoués par cette nouvelle vie, leur vision des choses va vite être retournée par les déclarations antisémites répétées et les actes de violence en tout genre.



Toute cette histoire est vraie. L'auteur s'est basé sur des journaux intimes de Dodd, l'ambassadeur des Etats-unis et de sa fille Martha, mais également sur des discours, des courriers et des notes de haute personnalité. On assiste alors à de grands évènements comme le procès de l'incendie du reichtag (avec l‘intervention de Dimitrov face à Göring qui perd pied), la nuit des longs couteaux, etc… le livre est très bien documenté à ce sujet.



Tout cela se décrit bien sûr dans une ambiance très noire, glaciale. Et bizarrement, il y a quand même 2/3 anecdotes bien drôles comme par exemple celle du bison de Göring qui ne veut pas sortir de son enclos quand il le demande…



Ce livre se lit facilement si tant est qu'on soit un minimum intéressé par l'Histoire de l'époque, si on possède une connaissance de base, comme connaître qui était Göring, Goebbels, Himmler,… On se perd facilement dans tous les personnages du livre, même si l'auteur rappelle de temps en temps la fonction de la personne. J'ai pris des notes au début du livre histoire de m'y retrouver.


Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Dans le jardin de la bête

Imaginez que vous êtes professeur à l'université de Chicago, professeur d'histoire qui plus est, d'origine modeste, guère riche et sans poids politique, et que le Président Roosevelt en personne vous propose le poste d'Ambassadeur à Berlin. Alléchant, non ? Sauf que nous sommes en juillet 1933 et que William Dodd, sa femme, sa fille Martha et son fils Bill, s'apprêtent à vivre la période la plus mouvementée de leur vie.



Voilà un récit historique de plus sur cette période que j'affectionne particulièrement, cherchant inlassablement à comprendre, dans ces livres et dans des romans comme ceux de Philipp Kerr, comment l'europe entière et les Etats-Unis ont pu être assez naïfs pour croire que le régime nazi ne pourrait pas perdurer plus de quelques mois, et en conséquence, ne rien tenter pour arrêter Hitler.



Je ne referais pas un cours d'histoire en guise de chronique, je me contenterai donc de souligner les éléments qui me semblent les plus intéressants. Intéressants dans la mesure où certains faits sont peu connus du grand public ou rarement traités en littérature. Ici, l'auteur est américain et décrit le quotidien d'un universitaire américain catapulté au poste d'Ambassadeur en une période fort troublée. Nous avons à la fois un témoignage direct d'une personne qui a vécu les événements au coeur de Berlin, suffisamment lucide pour se rendre compte (au bout d'un certain temps) de la puissance vénéneuse du Chancelier allemand, et pourtant légèrement déformé par les propres préjugés de Dodd (tenant à sa culture et à sa nationalité), un portrait sans ambiguité de l'élite américaine elle aussi gangrenée par un antisémitisme plus ou moins clairement exprimé ou avoué.



Il faut lire les comptes rendus de conversation entre les supérieurs de Dodd, le secrétaire d'Etat et divers hommes politiques constatant sans honte que la situation en Allemagne fut provoquée par les Juifs eux-mêmes, ces derniers s'étant accaparés les meilleurs postes de la vie publique à Berlin !! Les clichés sur les Juifs, véhiculés par les Allemands, étaient repris aux USA, y compris par une large partie de la population !



Au fil du récit, on assiste, médusé, à l'enchaînement d'événements de première importance et parallèlement au décalage produit par la vie quotidienne de Dodd. Pendant plusieurs mois, celui-ci s'acharne à souligner à ses supérieurs le train de vie excessif du personnel de l'Ambassade, alors que lui-même se déplace le plus souvent à pied et utilise encore sa propre voiture ramenée des USA. Cela peut paraître anecdotique, mais cela révèle un profond manque de clairvoyance. Au contraire, George Messersmith, le consul général Américain, clamait que que "le nouvel Ambassadeur devrait être un homme doté d'un caractère bien trempé, capable de faire valoir les intérêts et la puissance des Etats-Unis, car la puissance était tout ce que Hitler et ses sbires comprenaient". Plutôt raté... De même, Dodd minimisait le plus souvent possible les agressions dont étaient victimes les expatriés américains pour ne pas envenimer les relations entre les USA et l'Allemagne qui devait rembourser une dette colossale à ces derniers.



Sa fille Martha, autre personnage important de ce récit, multipliait les flirts aussi bien avec ses compatriotes, qu'avec des dignitaires nazis (il faut lire ses souvenirs à propos de sa relation avec Rudolf Diels, alors à la tête de la Gestapo !) et vivait avec les mêmes oeillères que son père (elle avouait elle-même être "un peu" antisémite). Il lui fallut un grand laps de temps et un événement particulier pour réaliser, enfin, la nature monstrueuse des lois et règles qui régissaient la vie des juifs. Avant cela, il y eut les nombreuses soirées, réceptions et dîners passés par la famille Dodd à côtoyer les grands noms du régime nazi et entre autres, Goring. Larson raconte d'ailleurs un épisode aussi surréaliste qu'effrayant, lorsque Goring organise une cérémonie visant à transférer, en grande pompe, chez lui la dépouille de sa défunte épouse.



C'est donc un récit historique, sobre et fourmillant de détails, qui éclaire la vie à Berlin dans les années 30 sous un angle nouveau, plus terre à terre et presque détaché, car les protagonistes qui furent les témoins (Larson a puisé dans les journaux intimes et mémoires de la famille Dodd) de ces événements n'avaient pas réellement conscience de ce qui se jouait à l'époque. Ils le comprirent trop tardivement. Et cette vision tronquée du régime nazi explique probablement pourquoi les autres puissances, et surtout le gouvernement américain, ne surent prendre les mesures nécessaires pour endiguer ce fléau quand il en était encore temps.



Sans vouloir juger les Dodd, j'avoue que ma sympathie va instinctivement à George Messersmith, plutôt qu'à ce modeste Ambassadeur qui m'a laissée plus d'une fois perplexe au fil des pages.



Ce livre est en tout cas un témoignage passionnant sur les événements des années 33 à 37.



Traduction de Edith Ochs.



Grand merci à babelio pour ce Masse Critique !



PS : les droits d'adaptation ciné ont été achetés par Tom Hanks.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Une histoire vraie

Le seul livre que j’avais lu de l’auteur est Dans le Jardin de la Bête, qui est un tout autre univers que l’histoire de ce roman mais avec un point commun il est basé sur des faits réels.

On est en 1900 à Galveston, ville située au Texas dans le Golfe du Mexique, avec Isaac Cline météorologue en chef. Le récit se déroule en plusieurs étapes. Il y a d’abord l’histoire sur la naissance du service météorologie , les différents phénomènes météo, les outils et moyens utilisés, avec des explications parfois un peu technique. Certains passages sont un peu rébarbatifs mais aussi très intéressants. Puis la catastrophe en elle-même le 8 septembre 1900. Et enfin l’après catastrophe.

Il y a un grand travail de recherche, d’investigations, de documentation de la part de l’auteur pour nous apporter les témoignages. Il suffit de voir à la fin de l’ouvrage l’étendue des sources utilisées.

L’auteur a su me plonger dans l’ambiance d’une ville américaine au début du 20ème siècle. Il met aussi l’accent sur le côté humain, et notamment sur l’orgueil des Hommes voulant et s’être cru capable de maîtriser la nature.

L’écriture est précise. Au fil des pages on sent l’intensité montée jusqu’au moment de la catastrophe : un ouragan des plus meurtrier de l’histoire américaine. Une réaction en chaîne d’erreurs, de méconnaissances, et d’orgueil.

Un livre qui me sort de mes lectures habituelles et qui a été très intéressante. Un livre construit comme un thriller.

Merci à Babelio pour cette belle découverte.
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