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Citations de Fabrice Humbert (361)


Un être en guerre, pour moi, c’est un homme pour qui la défaite a déjà eu lieu. La défaite de tout ce qui peut nous rendre humains mais aussi la défaite du bonheur.
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Dans la vie, le problème, c’est de se réinventer. De devenir un autre être. D’autant que lorsqu’on cherche à se réinventer, le vrai travail se produit, celui de la perpétuation, la puissante force qui pousse à être toujours soi-même, de sorte que les métamorphoses se nouent et se dénouent pour arriver au terrible constat : nous sommes toujours nous-mêmes mais plus profondément.
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Toute société, en ses origines, est dirigée par des voleurs et des criminels, qui s’imposent dans un monde sans loi, et ce n’est qu’ensuite, par le gauchissement de l’épopée et de la mémoire, que les criminels deviennent de grands hommes. Les seigneurs du Moyen Age furent des pilleurs sauvages, comme l’avaient été les premiers Grecs et les premiers Romains. De même que les millionnaires du XIXe siècle américain furent des bandits érigeant leur fortune d’acier et de pétrole dans le vol et le chantage avant de se refaire une morale dans de belles fondations artistiques et citoyennes dont leurs descendants s’enorgueillissent, Lev appartint à une époque sauvage où les criminels et les voleurs arrachèrent les meilleurs morceaux de la dépouille impériale.
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Les camps de concentration sont l'enfer réalisé parce que le terrible mélange d'un ordre de fer et des plus affreuses pulsions humaines a fait surgir sur la terre tout ce que des représentations séculaires avaient imaginé. Les camps sont l'Homme. Entrer dans un camp, c'est pénétrer dans un délire glacé, dénué de toute autre signification que la destruction, la souffrance et la mort.
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Durant mon adolescence, le mot "juif" est soudain devenu important, sans raison, comme si j'avais pu prévoir qu'un jour, ma vie serait consacrée à l'élucidation d'une page d'histoire familiale dans un camp de concentration. Preuve à l'appui de ce pouvoir prophétique que certains, comme Hugo, attribuent à l'écriture , et auquel je crois assez, simplement parce que ce labeur minutieux, tous les sens rivés à la page, fait monter des vagues secrètes; révèle des domaines cachés, déterminants et amenés à paraître au grand jour.
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Les héros ne sont peut-être tels que parce qu'ils ont commis une faute qu'ils passent toute leur vie à réparer.
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Je prétends que tout ce que nous vivons est un livre ou un film. En tout cas une fiction, recomposée ou non. Le film en cours s'intitulait Retour à Drysden. Je logeais dans un décor de film policier. La route qui serpentait dans les montagnes était celle de Shining. Comme dans le film de Kubrick, une caméra dans un hélicoptère avait filmé le trajet de la voiture. Drysden n'existait pas. Le monde n'existe pas. Le monde est une histoire pleine de bruit et de fureur.
(page 66)
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La fiction est la réalité et la réalité est la fiction. La confusion, inévitable, mène au malheur. Ou peut-être à une autre forme d'humanité
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(...) je me demande comment on arrive encore à écrire des livres originaux dans ce pays (sauf si la seule vraie originalité vient de la convention, comme le disait Sarah). Un site [américain] précise justement que toutes les conventions narratives doivent être utilisées : intrigue, personnage, décor, climax et dénouement. Et que les détails doivent être soigneusement choisis pour soutenir ou embellir l'histoire.
Je change de langue : passant sur des sites allemands, je trouve des études universitaires sur la chanson de geste ou Walter Benjamin que j'abandonne aussitôt. Sur les sites français, des cours pour le bac me proposent des analyses basiques de narration. En dix minutes, la différence des approches entre les trois cultures est évidente. Les Américains proposent de faire, les Français de commenter, les Allemands de philosopher. On dirait une caricature.
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Et aussitôt le tweet a été commenté par des millions d’autres tweets, analysé à la radio et à la télé, répercuté par l’immense et folle caisse de résonnance du monde. L’épuisante société du bavardage.
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Et en même temps, les réseaux [sociaux] révèlent le besoin de chacun d'exprimer son individualité, il y a dans le hurlement une affirmation d'existence qui est celle de notre époque. Dans des sociétés capitalistes fondées sur le désir et sa frustration, à l'intérieur d'une mondialisation rassemblant sur une même scène des milliards d'êtres qui se découvrent interchangeables, liés par des mêmes conditions d'existence, vivant au fond les mêmes situations, chacun hurle qu'il existe. Et il y a une sorte de beauté tragique puisque contradictoire dans cette espèce de fourmilière dont chaque fourmi entend exister. Les divisions de notre époque en sont aussi la conséquence. La quête d'égalité qu'on lit partout, égalité sociale, sexuelle, raciale, est une lutte pour la reconnaissance de chacun à exister en lui-même.
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Le passé n'a d'autre destin que de s'anéantir dans l'invisible.
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Moscou avait été au centre du bouleversement. La ville morne, étouffée de torpeur, pétrifiée, avait explosé, pour le meilleur et pour le pire. Une ville moderne et lumineuse vibrait désormais, parfois rattrapée par le silence et l’immobilité des grandes avenues monumentales, avec une sorte de froideur glacée qui rappelait la grisaille soviétique. D’énormes fortunes immobilières s’étaient constituées, grâce aux accords avec l’état et la municipalité, dont le résultat était cette métropole moderne, à la fois dérangeante, parce qu’elle secouait les vies et les mémoires des habitants de l’ancienne Moscou, et excitante, parce qu’elle était la ville de l’argent et des plaisirs.
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Ce n’était pas qu’il n’aimait plus sa femme, pas du tout, c’était simplement – et tragiquement – qu’il était trop enfermé en lui-même pour communiquer ses sentiments et les montrer. On ne s’érige pas en statue sans dommage – le tragique de Lev était d’avoir perdu le contact avec le monde et même s’il y avait gagné un destin, sa défaite en tant qu’homme était irrémédiable.
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Tristan disait souvent que rien ne serait arrivé sans la boxe. Mais, à vrai dire, rien ne serait arrivé sans la gare du Nord non plus. Et rien non plus s’il n’avait pas eu un père communiste. Mais il est vrai que la boxe était un bon début.
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En Amérique, la politique est un divertissement. Les présidents sont des acteurs à la retraite, des présentateurs d’émissions de télé-réalité et, lorsqu’ils ne le sont pas, c’est qu’ils ont passé trop de temps à jouer des rôles dans la vie pour le faire devant une caméra. En revanche, rien n’est plus politique que le divertissement. Depuis cinquante ans, Hollywood a plus fait pour la puissance américaine que tous les présidents réunis. Cela je l’ai suivi. J’y ai été attentif. J’ai tenté d’embrasser la nébuleuse fictionnelle et idéologique. J’ai regardé les présidents de fiction. J’ai regardé les extraterrestres, les animaux, les hold-up, les super-héros, les uchronies, les dystopies, les utopies, les comédies, les mièvreries, les dinosaures et les apocalypses, et partout j’y ai vu de la politique. J’ai su que la réalité n’existait plus et que tous nous étions emportés par le fleuve furieux et doux de la fiction, qui s’emparait de nos vies, de nos consciences, de nos espoirs et de nos rêves comme un tyran mielleux, travaillant à notre bonheur, pourvoyant à notre sécurité, prévoyant et assurant nos besoins, facilitant nos plaisirs, nous ôtant entièrement le trouble de penser et la peine de vivre.
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Mon portable est devant moi : un objet luisant à la coque sombre, l'écran bleu scintillant d'applications colorées. Posé à plat sur le bureau, il emporte avec lui des univers encastrés, des profondeurs multiples. En ce petit objet se logent des mondes et il me semble... qu'une menace perce dans son éclat. Je sens une présence. L'idée est paranoïaque, mais je sais que la réalité est devenue paranoïaque et vibrante. Je le sais comme tout le monde... : l'individu a offert son âme aux réseaux.
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Toute société, en ses origines, est dirigée par des voleurs et des criminels, qui s'imposent dans un monde sans loi, et ce n'est qu'ensuite, par le gauchissement de l'épopée et de la mémoire, que les criminels deviennent de grands hommes. Les seigneurs du Moyen-Âge furent des pilleurs sauvages, comme l'avaient été les premiers Grecs et les premiers Romains. De même que les millionnaires du XIXe siècle américain furent des bandits érigeant leur fortune d'acier et de pétrole dans le vol et le chantage avant de se refaire une morale dans de belles fondations artistiques et citoyennes dont leurs descendants s'enorgueillissent, Lev appartient à une époque sauvage où les criminels et les voleurs arrachèrent les meilleurs morceaux de la dépouille impériale.
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Là-bas, haché par la pluie, se dressait le grand portail du camp, comme une mâchoire, comme la grande gueule par laquelle les déportés s’étaient engouffrés. Le camp avait ouvert sa gueule pour que les rats tombent dedans, un à un, en un lent massacre. Et ils étaient tombés, tous. Les corps étaient partout. Les soldats croyaient les avoir emportés mais on pouvait tous les voir. Les morts se tenaient là, à chaque mètre, en traces irréelles, et lui-même ferait bientôt partie de ces corps enlevés et gisants.
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Le silence est plus lourd a porter que la revelation.
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