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EAN : 9782072880315
256 pages
Gallimard (03/01/2020)
3.36/5   260 notes
Résumé :
«Autrefois, j’avais un ami. Je l’ai rencontré il y a bien longtemps, par un jour d’hiver, sautant de sa voiture et grimpant quatre à quatre les marches du lycée Franklin. C’est le souvenir le plus vivace que j’aie de lui, une impression inégalable d’éclat et de beauté. Figé sur les marches, rempli d’admiration et de honte, j’étais égaré dans ma condition de "nouveau", égaré en moi-même. Il m’a sauvé – des autres, de ma propre jeunesse. Des années plus tard, alors qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (78) Voir plus Ajouter une critique
3,36

sur 260 notes
Cela démarre par des pages limpides et lumineuses emplies de mélancolie et de sensualité. Celle du narrateur qui se remémore son adolescence difficile, traversée par l'aura d'un être solaire qui sera son seul ami, son premier amour ( platonique ) aussi : Ethan, star du lycée, sportif accompli, beau et blond comme Redford dans Nos plus belles années.

C'est cet être parfait qui est accusé vingt ans plus tard d'avoir violé et tué une jeune fille de 16 ans. Inconcevable pour le narrateur , devenu journaliste, qui part enquêter au fin fond du Colorado, à Drysden pour prouver l'innocence d'Ethan. S'en suis une première partie, à énigme, classique mais avec une tonalité douce et étrange qui flotte au fil des pages.

Petit à petit se révèle une petite ville métaphore de l'Amérique profonde qui voue un culte à la virilité, à la norme, aux apparences, qui hait les déviants, les différents, au point de légitimer la violence. Petit à petit, se révèle le passé du narrateur, un passé qui remonte, empreint de souffrances et douleurs, et qui forcément biaise la recherche de vérité.

A mi-chemin, Fabrice Humbert fait basculer l'enquête vers une quasi dystopie ultra réaliste. le récit se complexifie, frise par moment l'hermétisme car il devient de plus en plus en exigeant qui sollicite l'intelligence du lecteur et sa capacité à réfléchir de façon large sur notre société. Et si Ethan et sa victime supposée n'étaient que des personnages ? Et si nous nous nous étions changés tous en personnages ? Des personnages de fiction à l'ère de la dématérialisation accélérée derrière nos écrans.

L'auteur s'interroge sur la vérité, sur l'identité à notre époque pourrie par les fake news et l'omniprésence des réseaux sociaux. Pas un hasard si le roman s'ouvre sur les écrans géants de Times Square qui renvoient l'image du supposé criminel en fuite.

Ce changement de braquet du récit est passionnant, l'auteur développant sa thèse à coup de références intelligemment disséminées ( Hitchcock, Hewingway, Welles, Garcia Marquez )

C'est aussi très déstabilisant aussi car on perd le fil de l'enquête avec une mise en abyme qui en devient vertigineuse, avec des décalages de plus en plus décalés. Les bots qui envoient des messages, les fermes de clics, les logiciels de retouche indétectables ... et si la jeune fille américaine assassinée n'existait même pas ? Est-on coupable de quelque chose qui ne s'est pas passé ? Le dénouement, abrupt, m'a laissé, tout de même, un goût d'inachevé. J'avais sans doute envie, très scolairement, de mieux comprendre. Je n'ai pas tout compris. Il faudra que je m'y plonge à nouveau. Le matériau littéraire est riche et le mérite/

J'ai donc refermé le livre avec beaucoup plus de questionnements que de réponses, et je pense que c'était le but de l'auteur que de nous livrer ainsi un roman exigeant, éminemment contemporain, prenant sans cesse le lecteur à contrepied, incapable de démêler le vrai du faux jusqu'à la paranoïa. le titre prend tout son sens dans cette réflexion pertinente sur l'illusion de nos vies.
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La fiction ne dépasse pas la réalité. La réalité est une fiction.
Alors que notre quotidien nous donne l'impression d'être en ce moment les figurants impuissants d'un film catastrophe, la lecture du dernier roman de Fabrice Humbert nous plonge dans un polar métaphysique qui interroge la frontière virtuelle qui sépare sans droits de douane la vérité et la fiction.
Ce n'est pas par hasard que l'auteur transporte son récit aux Etats Unis dont notre représentation est formatée par les films, séries et reportages que nous engloutissons comme les menus King Size d'un Fast Food.
Adam Vollmann, journaliste de bureau plus que de terrain, découvre sur les écrans géants de Time Square le visage d'Ethan Shaw, l'ancienne star de son lycée, avec lequel il avait noué, puis emmêlé, une amitié particulière vingt ans auparavant. L'homme est devenu un fugitif, recherché par tout un pays, accusé d'avoir violé et tué une jeune Mexicaine de 15 ans.
Vollmann décide d'enquêter et de revenir à Drysden dans le Colorado, morne bourgade peu accueillante où il a passé une adolescence difficile, recroquevillée et solitaire. Sur place, les versions contradictoires se multiplient, la ville semble gouverner par la rumeur et le mensonge. Nulle trace du fantôme d'Ethan Shaw.
Côté ambiance, c'est comme si Philip K Dick et David Lynch avaient partagé un joint. le journaliste ne parvient plus à démêler le vrai du faux et chaque rencontre lui donne un peu plus l'impression de se heurter à un scénario cadenassé.
Le récit intègre les souvenirs de cette enfance douloureuse, cloîtrés dans la mémoire du journaliste et qui descendent du grenier, lors de retrouvailles avec certains lieux ou d'anciennes connaissances.
L'auteur multiplie également les digressions passionnantes sans nuire au rythme du roman. Il évoque par exemple la question du son au cinéma. Il suffit d'avoir déjà pris un vrai coup de poing pour savoir que le son entendu dans un film ne correspond à aucune réalité. Mon nez pourrait en témoigner. de même, le bruit véritable d'une explosion d'obus n'a encore jamais été diffusée car il ne correspond pas aux attentes des spectateurs. « Il s'agit d'imitations d'illusions ».
Depuis « l'Origine de la Violence », tous les romans de cet écrivain évoquent également la question de l'identité. La victime ne semble être qu'un nom. Ethan Shaw ne projette que la caricature fuyante du sportif populaire dans son lycée. Un personnage volontairement inabouti. le journaliste a changé d'identité quand il avait quitté Drysden. Fabrice Humbert écrit-il sous un nom de plume ?
J'avoue avoir été impressionné par la richesse de ce roman qui mêle sociologie et psychologie, suspense et manipulation. Griotte sur le pudding, c'est très bien écrit. Seule la fin m'a laissé un peu sur ma faim. On devient gourmand devant de telles friandises.
Imaginez les personnages de Twin Peaks dans les décors du Truman show…
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"Le monde n'existe pas", titre mystérieux, pour un livre qui ne l'est pas moins.

Un bled étasunien, un meurtre, un coupable désigné, un journaliste enquêteur de retour au pays, voilà réunis les ingrédients classiques d'un vrai polar à l'américaine.

Mais sous couvert d'énigme policière, Fabrice Humbert en réalité propose une habile réflexion sur notre perception du monde face au pouvoir de l'image et de la mise en scène. Comme une métaphore de notre conscience collective saturée d'apparences et de fictions, le fil de l'enquête voit ainsi mensonges et vérités se mêler, dans une torsion vertigineuse de la frontière entre illusion et réalité.

Roman complexe et singulier, "Le monde n'existe pas" te permettra d'employer à bon escient ce qu'il te reste de temps de cerveau disponible. C'est toujours ça de gagné.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Un roman des plus intrigants. Adam, journaliste, découvre avec stupeur que le héros de ses années lycée, Ethan, est accusé du viol et du meurtre d'une jeune fille de 16 ans, Carla (et qu'il est en fuite...). Stupéfait, il décide de retourner dans la petite ville de son adolescence (où sa vie ne fut pas des plus faciles) pour prouver l'innocence de son ami. Mais il est parfois difficile de se confronter à son passé...Après une première partie très nostalgique (et assez conventionnelle), l'auteur propose une seconde partie beaucoup plus introspective, un peu brumeuse, ambiance Twin Peaks. Dans ce second temps, Adam s'interroge beaucoup sur la réalité de ce qu'il découvre et de ce que les médias racontent. Quel est la part de vérité dans les récits des uns et des autres ? Ethan est il coupable ? Carla existe t-elle vraiment ? Beaucoup de questions sont posées au fil des pages, peu seront explicitées dans une fin des plus ouvertes. En effet, l'intérêt de l'histoire n'est pas dans l'enquête policière, mais dans les questions qu'elle amène Adam (et le lecteur) à se poser.
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La fin de le monde n'existe pas a interloqué beaucoup de lecteurs. Elle est pourtant assez "logique" à partir du moment où l'on est amené à se poser de vrais questions sur la fiabilité du narrateur, voire même sur son état mental, de plus en plus sujet à caution, au fil de l'intrigue. Celle-ci ne semble d'ailleurs qu'une sorte de prétexte, avec l'utilisation voyante de certains codes du thriller, pour engager une vaste réflexion sur notre société moderne, marquée par la manipulation à grande échelle (selon l'auteur), à l'aide de récits savamment concoctés pour cacher le fait qu'ils ne sont que des Fake News, alimentés notamment par les réseaux sociaux, version contemporaine et pernicieuse des rumeurs d'antan. le livre de Fabrice Humbert balance entre essai sociologique et roman noir, avec question identitaire de ses deux personnages principaux, celui qui raconte et celui qui est fantasmé (la remarque est valable pour les autres protagonistes du roman, y compris la jeune fille assassinée). Fabrice Humbert ne se prive pas d'un nombre incalculable de digressions, qui rendent l'ouvrage encore plus erratique, pour ne pas dire aléatoire, alors que le recours à de nombreux flashbacks contribue déjà à son éparpillement. Il y a aussi quelque chose d'artificiel dans l'Amérique que décrit l'auteur, ou de fabriqué si l'on préfère, qui concourt à une possible lassitude du lecteur, au fil de pages qui expriment de manière schématique une ambiance de plus en plus paranoïaque. L'ambition de le monde n'existe pas est grande mais ni l'écriture en elle-même ni l'architecture du récit ne montrent une vraie maîtrise pour répondre à cette prétention affichée.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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critiques presse (4)
LeSoir
27 août 2021
Commence un thriller vertigineux qui prend à contre-pied la fonction «synthèse» de nos cerveaux.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Bibliobs
26 février 2020
Le monde n’existe pas » est un page-turner métaphysique plein de rebondissements, où l’auteur de « l’Origine de la violence » et de « Comment vivre en héros » tourne une fois encore, désespérément, sans avoir peur des grands mots, autour des racines du mal.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
25 février 2020
Le roman de Fabrice Humbert est un bon thriller. Chaque étape l’amène à donner un coup de gomme sur la silhouette des protagonistes. Cette obstination, résolument solitaire avec laquelle le narrateur étudie, se cultive, cherche à adhérer au monde sans refermer tout à fait ses livres, est sans aucun doute celle de l’écrivain lui-même.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
23 janvier 2020
Avec ce texte, l’auteur nous emporte dans une histoire où l’on ne sait plus où donner de la tête. Est-ce vrai? Est-ce faux? Le lecteur se retrouve secoué dans un tourbillon. Autant l’annoncer tout de suite: Fabrice Humbert a composé un roman virtuose.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
En Amérique, la politique est un divertissement. Les présidents sont des acteurs à la retraite, des présentateurs d’émissions de télé-réalité et, lorsqu’ils ne le sont pas, c’est qu’ils ont passé trop de temps à jouer des rôles dans la vie pour le faire devant une caméra. En revanche, rien n’est plus politique que le divertissement. Depuis cinquante ans, Hollywood a plus fait pour la puissance américaine que tous les présidents réunis. Cela je l’ai suivi. J’y ai été attentif. J’ai tenté d’embrasser la nébuleuse fictionnelle et idéologique. J’ai regardé les présidents de fiction. J’ai regardé les extraterrestres, les animaux, les hold-up, les super-héros, les uchronies, les dystopies, les utopies, les comédies, les mièvreries, les dinosaures et les apocalypses, et partout j’y ai vu de la politique. J’ai su que la réalité n’existait plus et que tous nous étions emportés par le fleuve furieux et doux de la fiction, qui s’emparait de nos vies, de nos consciences, de nos espoirs et de nos rêves comme un tyran mielleux, travaillant à notre bonheur, pourvoyant à notre sécurité, prévoyant et assurant nos besoins, facilitant nos plaisirs, nous ôtant entièrement le trouble de penser et la peine de vivre.
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(...) je me demande comment on arrive encore à écrire des livres originaux dans ce pays (sauf si la seule vraie originalité vient de la convention, comme le disait Sarah). Un site [américain] précise justement que toutes les conventions narratives doivent être utilisées : intrigue, personnage, décor, climax et dénouement. Et que les détails doivent être soigneusement choisis pour soutenir ou embellir l'histoire.
Je change de langue : passant sur des sites allemands, je trouve des études universitaires sur la chanson de geste ou Walter Benjamin que j'abandonne aussitôt. Sur les sites français, des cours pour le bac me proposent des analyses basiques de narration. En dix minutes, la différence des approches entre les trois cultures est évidente. Les Américains proposent de faire, les Français de commenter, les Allemands de philosopher. On dirait une caricature.
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Je prétends que tout ce que nous vivons est un livre ou un film. En tout cas une fiction, recomposée ou non. Le film en cours s'intitulait Retour à Drysden. Je logeais dans un décor de film policier. La route qui serpentait dans les montagnes était celle de Shining. Comme dans le film de Kubrick, une caméra dans un hélicoptère avait filmé le trajet de la voiture. Drysden n'existait pas. Le monde n'existe pas. Le monde est une histoire pleine de bruit et de fureur.
(page 66)
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Mon portable est devant moi : un objet luisant à la coque sombre, l'écran bleu scintillant d'applications colorées. Posé à plat sur le bureau, il emporte avec lui des univers encastrés, des profondeurs multiples. En ce petit objet se logent des mondes et il me semble... qu'une menace perce dans son éclat. Je sens une présence. L'idée est paranoïaque, mais je sais que la réalité est devenue paranoïaque et vibrante. Je le sais comme tout le monde... : l'individu a offert son âme aux réseaux.
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De même qu’un coup de poing au cinéma n’a rien du son d’un vrai coup, l’environnement sonore est une réinvention. Le bruit véritable d’une explosion d’obus n’a encore jamais été entendu au cinéma, parce qu’il ne correspond pas aux attentes des spectateurs : les explosions d’obus sont en fait des éclatements de bidons vides parce que l’écho de leur vacarme épouvantable est plus évocateur que l’explosion sourde d’un obus. De sorte que des sons que nous croyons reconnaître n’ont jamais existé dans la réalité. Ils ne sont que des imitations d’illusions.
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Videos de Fabrice Humbert (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fabrice Humbert
Le temps passe vite... Nous sommes déjà à plus de la moitié des présentations de la sélection du Prix Filigranes.Cette semaine, Fabrice Humbert, auteur du roman "Le monde n'existe pas" vous a laissé un message. Lui aussi a relevé le défi : présenter son roman en moins de 60 secondes ! Voici le résultat ! @Gallimard
«Autrefois, j'avais un ami. Je l'ai rencontré il y a bien longtemps, par un jour d'hiver, sautant de sa voiture et grimpant quatre à quatre les marches du lycée Franklin. C'est le souvenir le plus vivace que j'aie de lui, une impression inégalable d'éclat et de beauté. Figé sur les marches, rempli d'admiration et de honte, j'étais égaré dans ma condition de "nouveau", égaré en moi-même. Il m'a sauvé – des autres, de ma propre jeunesse. Des années plus tard, alors que cet homme était devenu une image détestée, j'ai tenté de le sauver. J'aurais aimé qu'on sache qui il était vraiment.»
Lorsque Adam Vollmann, journaliste au New Yorker, voit s'afficher un soir sur les écrans de Times Square le portrait d'un homme recherché de tous, il le reconnaît aussitôt : il s'agit d'Ethan Shaw. le bel Ethan, qui vingt ans auparavant était la star du lycée et son seul ami, est accusé d'avoir violé et tué une jeune Mexicaine. Refusant de croire à sa culpabilité, Adam retourne à Drysden, où ils se sont connus, pour mener l'enquête. Mais à mesure qu'il se confronte au passé, toutes ses certitudes vacillent… Roman haletant et réflexion virtuose sur la puissance du récit, le monde n'existe pas interroge jusqu'au vertige une société aveuglée par le mensonge, où réalité et fiction ne font qu'un.
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