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Critiques de Fabrice Lardreau (52)
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Le lieu essentiel

“La montagne,....ne se confond pas avec un sport ou un « hobby ». Elle l’accompagne comme une terre de vérité, un lieu-refuge où l’on se sent enfin soi-même.” . Le « l’ » d’accompagne de la citation est Philippe Claudel, homme aux mille facettes et mille passions qui nous révèle ici un autre pan de sa personnalité, répondant aux questions de Fabrice Lardreau, écrivain et journaliste à La Montagne & Alpinisme. Claudel y ajoute vers la fin quelques textes avec commentaires, reliant montagne et littérature, qui l’ont touché, de Shelleys, d’A.Daudet, de Mario Rigoni Stern et de Ludwig Hohl.

Sa première image de la montagne remonte à son enfance. Une image littéraire, celle de la chèvre de Monsieur Seguin d’A.Daudet, qui malgré sa situation douillette dans la chévrerie, ressent l’appel de la montagne, hantée par le désir de l’ailleurs et de l’infini.

Adolescent timide, Claudel n’osant s’y aventurer, faute de moyens, une phrase simple de la réponse à la lettre qu’il ose envoyer à l’alpiniste René Desmaison , le lance à vie, à l’assaut des cimes, aussi bien au sens propre que figuré, “Quand on désire vraiment quelque chose, on peut y arriver.”........

Celles ou ceux qui ont lu et apprécié «  Les Huit Montagnes » de Cognetti, y retrouveront l’amour de la montagne, cette tentation de retrouver une forme de simplicité essentielle pour redéfinir ce que nous sommes et quels sont nos vrais besoins vitaux.



Le récit fluide d’”un fou de montagne”, qui se lit avec plaisir et intérêt.



“L’alpiniste et l’écrivain, des conquérants de l’inutile ? Tous deux se rejoignent dans ce lieu essentiel, empreint de passion et d’humilité.”

Fabrice Lardreau
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La Ville Rousse

Fabrice Lardreau voit la vie en roux, c’est peu de le dire. A la fois couleur de la beauté, de la sensualité, voire de la sexualité mais aussi de l’ensauvagement, le roux nous enveloppe de ces différentes tonalités, depuis les reflets auburn flamboyants jusqu’au morne et monochrome sépia, dans ce livre étonnant que nous pouvons qualifier de fable.



« Le ciel abandonne sa grisaille, adoptant une teinte rubigineuse qui imprègne les toitures, les façades des immeubles et la chevelure des lutéciens : la plupart d’entre nous avons des reflets auburn. Nous n’y prêtons plus attention, du reste, cette couleur étant devenue naturelle. Nous habitons la cité sépia, ensevelie sous la rouille, prisonnière d’un collier de feu ».



Une fable prenant tour à tour des allures de polar, de thriller politique, de récit écologique, de satire sociale, de conte fantastique rappelant immédiatement la métamorphose de Kafka. Voire de roman d’anticipation, grand remplacement et grand effondrement planant en effet en filigrane. Et c’est là que le bât blesse, ce petit livre, en voulant traiter de trop de thématiques, même instillées à faible dose, en dilue son message. Comme si ce livre n’avait pas réussi à trouver son genre, hésitant. C’est dommage car je l’ai trouvé agréable à lire et ce fut globalement une assez bonne surprise.



Le livre commence tambour battant avec un homme sous la douche pris au piège alors que deux tueurs l’attendent sur le palier de son appartement… Patrick Amiot, se remémore alors ce qui a bien pu le mener jusqu'à cette situation désespérée. Dans une ville appelée Lutetia (il s’agit tout simplement de Paris dans un avenir plus ou moins lointain), Christian Maupertuis dirige une multinationale chargée de la construction du Grand Métro. En homme d’affaires avisé, il balaie tout ce qui entrave ses projets et n’hésite pas à s’allouer les services d’un tueur à gages pour supprimer tout obstacle à l’expansion de son empire, du militant écologiste au défenseur des droits de l’homme.

Solitaire et désabusé, cynique avec la société et les femmes rencontrées, Patrick Amiot, qui a été l’ami d’enfance de Christian Maupertuis, exécute cette mission sans états d’âme et en toute impunité. Jusqu’au jour où les renards envahissent la ville, ensauvagent les habitants et paralysent le chantier. Objet de tous les fantasmes, objet de haine et de convoitise, cristallisant les peurs et les passions, la bête rousse provoque une véritable guerre urbaine. La capitale devient un terrain de chasse, le théâtre d’un affrontement social où l’homme et l’animal se confondent jusqu’à s’intervertir. Le renard a réveillé chez les citadins leur part sauvage dont la ville les avait castrés, anesthésiés.



« On évoquait d’abord une mutation comportementale : ses liens s’étaient resserrés avec l’homme, qui avait commis l’erreur de le nourrir, de le caresser, l’intronisant animal de compagnie, Goupil n’avait plus peur de notre espèce, déchue de son statut vertical. Désormais sans crainte, il nous voyait comme des égaux et, qui sait, dans un avenir proche, peut-être comme des rivaux…Il n’hésiterait plus à se mesurer à nous, adversaire courant les rues et les souterrains, engageant une guerre des espèces à l’issue incertaine. A ce conflit larvé s’ajoutait la menace invisible : l’eau courante et la chaine alimentaire, affirmait-on, étaient souillées par des maladies que répandait Le Roux ».



J’ai trouvé intéressante la façon dont l’ensauvagement progresse dans la ville, suite tout d’abord à de petites nuisances sans gravité mais qui vont s’accumulant, puis suite à des attaques de renard. Ce processus d’ensauvagement alors enclenché est bien décrit, depuis la simple méfiance en passant par la volonté de déplacer l’animal, puis de l’exterminer jusqu’à la métamorphose. Le plus sauvage n’étant pas forcément celui que nous croyons. Intéressantes aussi les digressions sur le renard et notamment sa place dans la littérature, l’auteur, du moins Patrick Amiot dans le récit, prenant même la liberté de déclarer niaise l’histoire du petit Prince…



Quant à la rousseur évoquée en tout début de chronique, elle reste uniquement à but esthétique, instillant cependant une certaine ambiance étonnamment féline. C’est un aspect du livre, pourtant éminemment secondaire, qui m’a plu.



Une fable qui n’a pas réussi à trouver son genre, survolant de ce fait trop de thèmes, néanmoins bien écrite et même agréable à lire, sur le thème de l’ensauvagement, voilà un livre que je n’aurais pas lu sans masse critique. Je remercie donc chaleureusement Babélio et les éditions Artaud poche pour l'envoi de ce roman reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.



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Le lieu essentiel

Un livre à lire par tous les inconditionnels de l’écrivain. Philippe Claudel fait partie du Top 10 des écrivains qui me sont chers.

Le lieu essentiel édité par Arthaud dans sa collection Versant intime dirigée par Fabrice Landreau est, en partie, un dialogue entre celui-ci et Philippe Claudel.

La lecture de « Le lieu essentiel » m’a révélé des facettes méconnues de Philippe Claudel ; je l’appréciais beaucoup, je l’apprécie encore plus.

Ci-après un mot de l’auteur repris sur la 4ème de couverture :



« Ce qui me plaît dans la montagne

comme dans l’écriture, c’est de me trouver

confronté à quelque chose qui me dépasse,

de façon humaine, et d’essayer d’y trouver ma voie,

que ce soit sur une paroi ou dans un roman. »

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La Ville Rousse

Deux tueurs sur le palier, Patrick Amiot, pris au piège sous sa douche et dans son appartement, se remémore ce qui a bien pu le mener jusqu'à cette situation désespérée ...

Qu'a-t-il pu donc bien se passer pour qu'on en arrive là ?

Pour que Paris ne soit plus Paris mais Lutetia, pour que l'ado qu'il était devienne ce tueur cynique et froid, et pour que les renards envahissent la ville ...

"La ville rousse" est un roman policier de Fabrice Lardreau, paru en 2020 aux éditions "Juilliard", et en 2022 dans sa version poche aux éditions "Arthaud".

C'est un roman policier, mais un roman policier teinté d'anticipation, de social, de fantastique même et d'écologie.

C'est un mélange finement accommodé à petites doses.

Patrick Amyot, le personnage principal qui partage la vedette avec l'ami Goupil, est aussi le narrateur puisque le récit est déroulé à la première personne du singulier.

Patrick Amyot n'est ni sympathique, ni attachant.

Par conséquent c'est l'originalité de son histoire qui accroche principalement la lectrice ou le lecteur.

Et, ce livre est bien écrit et bien construit.

L'intérêt est soutenu par une intrigue intelligente et crédible.

La lecture ne s'essouffle à aucun moment durant ces quelques 156 pages noircies par des tribulations cyniques et quelque peu amorales.

Le roman démarre de façon un peu déconcertante.

Patrick a liquidé sans vergogne Edouard Emonnet, l'écologue de la Cie pour laquelle il bosse.

Il a raccompagné jusqu'à son lit la veuve éplorée ...

Ce roman est aussi et surtout un roman d'ambiance.

Il est cerné d'une fine atmosphère d'apocalypse et du grand effondrement sur lequel plane l'ombre menaçante de maître Renard.

Il arpente désormais le monde en propriétaire.

Et, puis enfin quelqu'un a osé dire que "le petit prince" est une niaiserie détestable !

Si, si, c'est ici, écrit à la 100ème page.

Bien sûr, cette appréciation venant d'un assassin sans vergogne, ni morale, du fait, en perd un peu de sa puissance et de sa crédibilité.

Mais bon, c'est dit, c'est dit !

Merci à l'auteur, Fabrice Lardreau, pour ce bon et mystérieux moment de lecture.

Merci aux éditions "Arthaud" pour ce petit plaisir en poche.

Merci à la Masse Critique qui, une fois de plus, a joué la bonne carte avec ce livre à découvrir ...

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Le lieu essentiel

Fabrice Lardreau dresse, depuis une douzaine d'années, le portrait de personnalités des arts, des lettres, du cinéma, des sciences ou du voyage, en essayant de découvrir quelle importance la montagne a dans leur vie et comment elle l'influence.

Il a décidé de lancer cette collection joliment intitulée "Versant intime" dans laquelle il prolonge son travail en deux parties : une interview suivie d'une sélection de textes choisis et commentés par l'interviewé, morceaux de littérature de montagne importants pour lui.

C'est à travers "Le lieu essentiel" que je découvre la passion de Philippe Claudel pour la montagne, passion que j'ignorais totalement. Et vu la façon dont il en parle, pleine d'humilité, et ce qu'il en raconte, c'est un véritable amateur, au sens noble du mot.

J'ai pris un immense plaisir à parcourir ce livre dans lequel Philippe Claudel partage pêle-mêle des réflexions très personnelles : des souvenirs d'enfance, des alpinistes qui l'ont fasciné, des livres de montagne qui ont une importance particulière pour lui.

Le lieu essentiel m'a beaucoup touchée.

Tout d'abord parce que l'on sent tout au long du texte un véritable amour pour la montagne, un amour fou, un amour pur, l'amour désintéressé du vrai connaisseur. La passionnée que je suis ne peux qu'adhérer et prendre un immense plaisir à cette lecture avec laquelle je suis souvent rentrée en résonance.

Et puis, j'ai rencontré tout au long du livre un grand nombre de points communs avec l'auteur.

Quand Philippe Claudel parle de la chèvre de monsieur Seguin d'Alphonse Daudet, je retrouve ce qui m'avait tant plu dans cette histoire lorsque j'étais enfant. L'auteur a parfaitement exprimé ce que je ressentais et que j'étais incapable de formuler. C'est assez troublant de lire les mots d'un autre et de penser : "Mais voilà, c'est ça ! C'est exactement ça !"

Plus encore.

Quand Philippe Claudel parle des cueillettes de myrtilles de son enfance, je me rappelle les miennes qui m'enchantaient tant et pour lesquelles j'aurais pu marcher des heures.

Quand Philippe Claudel évoque le "plaisir simple et puissant à marcher sur des sentiers de randonnée", je songe à celui que j'éprouve en marchant en montagne l'été.

Quand Philippe Claudel cite les grands alpinistes dont les récits l'ont "nourri", je retrouve mes lectures.

Tant de similitudes, c'est plutôt déconcertant, et cela a rendu cette lecture très spéciale.

Je n'ai ni le niveau littéraire, ni le niveau d'alpinisme de Philippe Claudel, qui a de très belles courses à son actif, mais suis enchantée de me découvrir tant de points communs avec lui. Et ravie d'avoir lu sous sa plume de si belles réflexions.

Pour qui aime la montagne, ce livre est un régal.

À ceux qui ne la connaissent pas bien, il pourra donner envie de partir à sa rencontre. Ce n'est pas compliqué, pas besoin de s'attaquer à l'Everest ! Un "simple" sentier de randonnée peut procurer d'immenses plaisirs, l'auteur l'exprime très bien dans son livre.

Un grand merci à Babelio et son opération Masse critique, ainsi qu'aux éditions Arthaud pour ce livre passionnant, qui est de plus un très bel objet à la couverture particulièrement réussie.

Je termine l'écriture de ce petit billet lundi 26 mars 2018 et ne peux m'empêcher de rajouter ce qui suit.

Oui, la montagne est bien ce lieu essentiel dans lequel j'aime me ressourcer. Ce lieu dans lequel, hors de l'agitation frénétique de notre monde, je peux véritablement penser. Et Dieu sait si c'est indispensable en ces temps sombres où un "humain" est capable d'en égorger froidement un autre tandis qu'une vieille femme est tuée avec pour seul motif son appartenance à une religion.
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Le lieu essentiel

Si vous aimez Philippe Claudel, vous devriez aimer ce livre. Si vous aimez la montagne, vous devriez probablement aimé ce livre. Si comme moi vous aimez Philippe Claudel et la montagne, vous devriez vraiment adorer ce livre !



Publié chez Arthaud, dans la collection Versant Intime, dans une jolie édition à la couverture à effet carton recyclé, ce livre d’entretiens avec le journaliste à La Montagne & Alpinisme Fabrice Lardreau est un pur régal.



Philippe Claudel y évoque sa relation à la montagne depuis son enfance, l’influence des destinations de vacances d’abord et de ses nombreuses lectures montagnardes enfin. Côtoyer les sommets, un rêve de gosse devenu réalité pour un adulte toujours passionné.



« Je me souviens très bien de ces heures de lecture, dans cette salle peu éclairée, qui sentait la cire, le bois lavé et aussi la poussière. Ce décor balzacien disparaissait. J'étais immédiatement, par la magie du verbe des auteurs de montagne, transporté dans un univers de glaciers et de parois tourmentés. Je respirais l'air des cimes. J'éprouvais la fatigue et la joie. »



De sa lecture tout gosse de La Chèvre de M. Seguin d’Alphonse Daudet à Glace, neige et roc de Gaston Rébuffat en passant par les Premiers de Cordée de Frisson-Roche, les livres de Primo Levi ou de Mario Rigoni Stern, on découvre sa passion à travers le prisme de ses lectures alpines.



Des correspondances se font jour, comme une évidence, entre alpinisme et écriture, montagne et littérature…



Je vous laisse imaginer le sourire sur mes lèvres en découvrant qu’il a lui aussi rêvé de montagnes à travers ses lectures d’Heidi. D’un coup, je me suis senti moins seul ! ;)



« Je me souviens que je retrouvais dans Heidi - dont l'auteur, Johanna Spiry, n'est pas autrichienne mais suisse - les impressions que me procuraient ces brèves vacances répétées. J'ai lu et relu ces romans pour enfants jusqu'à l'âge de quinze ou seize ans. Je n'avais pas du tout honte de lire ce genre de livres : ces histoires se passaient en montagne. Ils étaient pour moi des prétextes à quantité de réminiscences et des tremplins pour mes rêveries. »



Si je suis bien loin d’être un alpiniste chevronné, ce livre m’a replongé dans certaines de mes lectures d’enfance et dans quelques randonnées mémorables durant mes échappées savoyardes, les bouquetins s’en souviennent encore ! La beauté inouïe des paysages, leur diversité à chaque détour de sentiers, les moments de doutes, la sensation de dépassement de soi, la satisfaction de la mission accomplie, j’ai tout retrouvé dans ces quelques pages…



En fin d’ouvrages, plusieurs textes issus de lectures montagnardes dont je retiendrai surtout les quelques vers magnifiques d’un poème consacré au « Mont Blanc » issu d’un ouvrage intitulé Histoire d’un voyage de six semaines cosigné par une certaine Mary Shelley et de son époux Percy.



Une soudaine envie de tutoyer les sommets ? Partez donc à la découverte du Lieu essentiel de Philippe Claudel !





Merci à Babelio et aux Éditions Arthaud !


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Le lieu essentiel

Ravie d'avoir déniché ce petit volume d'entretiens d'un auteur que j'apprécie tout particulièrement !



Un dialogue où Philippe Claudel nous dit avec ferveur sa passion de la

montagne, comment elle est née tout d'abord dans les livres... à

commencer par "La Chèvre de Monsieur Seguin"..., "Premier de Cordée"

de Frison-Roche, etc. et plus tard Dino Buzzati, Primo Levi, et tous les

écrits de Mario Rigoni Stern... ainsi que l'auteur suisse-allemand, Ludwig Hohl, avec son roman, "Ascension" (1975)...



De très belles analogies entre entre la montagne et l'écriture !!...



"(...) la montagne entretient de nombreuses analogies avec l'écriture : " Ce qui me plaît dans la montagne comme dans l'écriture, c'est de me trouver confronté à quelque chose qui me dépasse, de façon humaine, et d'essayer d'y trouver ma voie, que ce soit sur une paroi ou dans un roman." L'alpiniste et l'écrivain, des conquérants de l'inutile ?

Tous deux se rejoignent dans ce lieu essentiel, empreint de passion et d'humilité.------[Fabrice LARDREAU p. 8]



Il nous décrit aussi l'abondance de ses courses en montagne, à travers

la France mais aussi le monde...leur beauté, leurs difficultés, les rencontres, camaraderies créées lors de ces échappées vers les sommets ...



Je me presse de rédiger ces quelques brèves impressions sur ce très

intéressant volume, pour son auteur mais aussi pour cette collection

qui m'était inconnue, souhaitant offrir des textes de grandes figures

des Lettres, des Arts, Sciences & du Voyage, passionnés par la montagne

et plus largement par la nature !!



Ensuite je transmettrai et offrirai cet ouvrage à un ami jurassien, vrai

montagneux convaincu, amoureux des sommets... qui devrait s'enchanter de ces entretiens où la Montagne et la Littérature sont

les noyaux de ces lignes!



"Aller au refuge, y dormir, et aller en montagne plus généralement, c'est tenter de retrouver une forme de simplicité essentielle. Redéfinir ce que nous sommes, quels sont nos besoins vitaux. Quel bonheur d'être encore des lieux où les réseaux de téléphonie ne passent pas. J'apprécie cette coupure. Cet au-delà. Je suis conscient en disant cela peut-être décalé ou nostalgique, mais j'assume cette nostalgie. Une fois encore, je plaque sur le réel l'image décantée de mes lectures. J'ai toujours essayé de retrouver dans les refuges où j'ai dormi l'image archétypale du refuge littéraire découverte dans tant de livres." (p. 46-47)



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P.S : voir le lien pour le contenu de cette nouvelle collection, qui ne

comporte pour l'instant que deux titres: Michel Butor et Philippe

Claudel...

https://www.arthaud.fr/Catalogue/versant-intime













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Le Carrefour invisible - Une chronique Fran..

Dans cet essai paru aux éditions Plein Jour, Fabrice Lardreau entend étudier les Français. Pas de n'importe quels Français mais ces Français que l'on appelle "moyens" qui peuplent la "vraie" France et dont raffolent les hommes politiques, car loin de Paris et des préoccupations futiles des "bobos-hipsters". Fabrice Lardreau a décidé de voir exactement de quelle France il s'agit quand on parle de cette France-là. Ne se revendique-t-il pas "moyen" lui-aussi ? Mais qui est-il exactement et quel est donc ce peuple qui est aussi le sien ?



L'auteur s'est rendu dans un village qui a une grande importance à ses yeux, le village de Bruère-Allichamps qui non seulement est le centre exact de la France selon plusieurs mesures (toutes sujettes à caution mais peu importe) mais qui est également au coeur du film l'Argent de poche de François Truffaut, un film qui le fascine depuis de longues années. C'est que située ainsi au carrefour de la France et de son propre imaginaire de Français moyen, ce village lui permettra peut-être de révéler son identité profonde et comprendre exactement ce que l'on entend quand on parle des Français.



On découvre dans ce livre, à travers l’enquête et les interviews de l’auteur, la parole et la vie de ces habitants, à chaque fois mis en relation avec la propre vie de l’auteur. C’est peut-être un parti pris qui ne sera pas compris par tous les lecteurs mais il me semble évident que parler d’un objet culturel, politique ou sociologique implique de parler de soi. Comment comprendre quoi que ce soit si on ne le réfléchit pas à la lumière de sa propre expérience, ses propres visions ou illusions ? Si parler des autres revient de toute manière souvent à parler de soi, à parler des autres à travers ses propres yeux, ses propres expériences, ses propres insuffisances à véritablement comprendre l’autre, la dimension autobiographique est souvent absente ou disons cachée des essais qui peuplent les librairies. L’objectivité recherchée est pourtant bien illusoire. Dans ce livre, on comprend dès la deuxième page que Fabrice Lardreau ne sera pas seulement l’enquêteur mais également l’objet de son enquête.



Une enquête qui prend plusieurs formes. L’auteur explore une certaine France mythologique à travers le film L’argent de poche de Truffaut dont l’action commence dans ce village ( Les films issus ou sur un pays ne sont-ils pas des éléments de cohésion nationale, de fabrique d’une certaine société, dans le sens où ils fabriquent une mythologie commune) ; une France politique avec une analyse de l’auteur des résultats de plusieurs votes de la commune ; une France géographique avec une étude des différents lieux qui font la vie des habitants : le café du village -dont les propriétaires sont interrogés, le restaurant, les places importantes ; une France sociale aussi. Les habitudes des habitants, leurs relations le rapport des uns et des autres est ainsi disséqué, avec toujours, sur le côté cette mise en relation avec les propres habitudes de l’auteur, ses propres souvenirs. Le tout avec humour souvent et nostalgie parfois.



C’est au final un essai passionnant d’un auteur curieux qui permet, loin des phantasmes et des certitudes des politiciens, d’appréhender le cœur de la France et des Français. A travers le portrait de ce village et, en creux, de cet auteur, c’est toute une vie qui se dévoile. C’est une vision, celle de l’auteur, donc. Peut-être en avez-vous une autre mais vous vous retrouverez certainement quelque part au milieu de ce carrefour invisible.
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Le lieu essentiel

Le livre " le Lieu Essentiel" de Philippe Claudel rassemble les entretiens de l'écrivain avec Fabrice Lardreau. Au centre de leurs échanges il y a l'essentiel, l'essentiel pour Claudel c'est la montagne, une présence de pierres, inerte pour un homme de science, vivante, envoûtante même pour l'alpiniste.



Mais que faire là-haut, comme perché au-dessus des hommes, contaminé par un virus, une passion, une addiction, ou poussé par l'appel insensé comme celui qui ronge la vie de la chèvre de Monsieur Seguin. Il faut avoir franchi les paliers de la démesure, pour commencer à percevoir les étoiles de midi, l’âme grisée par l'ivresse des cimes.





Philippe Claudel n'a jamais rencontré René Demaison, comme tous les grimpeurs il a abandonné la PA (Pierre Allain), pour la mythique RD, capable de faire tenir un grimpeur sur un gratton de 3 mm, comme sur le fil d'un rasoir.



Je déguste ces pages, comme si elle racontait ma propre histoire, tous ces noms, Rébuffat, Bonatti, Frison-Roche, je les ai caressés plus tard dans les livres, et notamment celui de Lionel terray « Les Vainqueurs de l'Inutile », dans lequel je plonge encore avec saveur.



Mon itinéraire d'escalade allait s'achever à 18 ans, au sommet des Ecrins, avec notre prof de français Pierre Gillet, après une belle diagonale derrière l'immense Paul Keller. Nous étions 10 bacheliers, autour de Pierre, dont Bertrand futur guide, qui réussira en solo la Croix de Fer ( https://www.dailymotion.com/video/x6uioc ).



Dans le récit de Philippe Claudel, j'ai toutefois un regret, il manque un regard, pour évoquer Gary Hemming, si proche de Demaison, et le héros de l'Annapurna Louis Lachenal, ou Armand Charlet le beau-père de Pierre Gillet, grand pionnier de l'alpinisme chamoniard.





Le dépassement de soi, selon Philippe Claudel, à travers le parcours initiatique que constitue la conquête d'un sommet vertigineux, est la grande vertu d'humilité, que nous enseigne la montagne. « Trouver la voie que ce soit sur une paroi ou dans un roman, procède d'une seule éthique, faire de la vie, l' essentiel ce que Bachelard appelle page 12 cette fameuse contemplation monarchique du monde.



Le conte d'Alphonse Daudet, en dit peut-être plus que tout autre parole, vivre la liberté, et accomplir ses rêves est plus important que tout autre chose, la mort inévitable de doit pas être un frein à notre liberté. "L'idéal de vie, c'est le monde vu d'en haut, au sommet, tout est grand, large, infini. Un infini enivrant que seule la mort est à même de borner", P117.



Les vainqueurs de l'inutile sont aussi les apôtres de l'indispensable, les vainqueurs du " Lieu Essentiel".



C'est un hymne à la vie que je salue avec bonheur, et un grand merci à masse critique de ce choix.

A lire aussi, pour prolonger cette féérie, de Jean-Claude Charlet de Fils en Aiguilles (éd A-O )

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La Ville Rousse

Arrive parfois dans nos mains un OLNI (objet littéraire non identifié). C'est dans cette catégorie que je range cette "Ville rousse" de Fabrice Lardreau aux Éditions Arthaud, reçu dans le cadre d'une masse critique (merci !!!).



Un petit livre de poche qui emprunte avec brio à de nombreux registres, du polar à l'humour noir, du thriller à la chronique sociale, du fantastique à la dystopie ... L'auteur nous promène dans un Lutetia quelque peu cauchemardesque, si lointain et si proche à la fois. On y parle de Grand Métro, de multinationales qui ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins, d'un espace de la ville qui se scinde entre privilégiés et refoulés. Toute ressemblance avec des faits ayant existé ...



Et puis un beau jour, le dérèglement arrive ... Goupil s'invite dans le monde des hommes, comme si la nature reprenait ses droits ... tant et si bien que l'Homme revient lui-même à l'état sauvage. Qu'il laisse libre cours à ses plus bas instincts, abandonnant toute convenance sociale, toute règle.



Un regard sur notre humanité donc, avec une vraie interrogation philosophique, sans apporter de réponse toute faite. On reste dans le domaine du roman. Mais de ceux qui interpellent.



Un regard sur l'homme, aussi. Christian Maupertuis, archétype du patron cannibale. Patrick Amiot, l'employé désabusé, mais dont on se sent finalement si proche. Dans ses faiblesses, ses renoncements, ses interrogations. Et finalement, on se surprend plusieurs fois, au cours de la lecture, à interroger notre propre rapport à l'autre, à la société, à la culpabilité, à la nature. Le tout sans en avoir l'air, et c'est une autre des multiples qualités de cet OLNI.
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La Ville Rousse

Lorsque Patrick Amiot retrouve Maupertuis avec qui il était à l’école, ce dernier l’embauche dans sa multinationale pour un travail bien particulier. En habitué des projets grandioses, des construction démesurées, Maupertuis construit le Grand Metro d’une ville importante nommée Lutetia et qui ressemble fortement à notre capitale française.

Oui mais voilà, la ville devient rousse, comme ces goupils qui l’envahissent, la nuit. On pense à la chanson de Reggiani « Les loups sont entrés dans Paris ». La menace est là, même si certains défendent ces mignons rouquins. Leur invasion ne fait pas l’affaire de Maupertuis qui voit ces sales bêtes envahir les tunnels du futur métro et menacer les ouvriers. C’est là que Patrick Amiot déploie ses compétences en devenant le prédateur des renards et son cynisme est total. Tout en massacrant sans état d’âme le goupil envahisseur, il flatte et embobine l’écologue amoureux du rouquin et chargé de trouver une solution alternative au problème

Avec le nombre toujours croissant de ces carnivores qui font des dégâts considérables, la ville devient rousse et vit au rythme du renard qui s’est imposé grâce à sa ruse et son adaptabilité.

L’histoire va s’accélérer et partir en vrille pour le plus grand plaisir du lecteur.

Cette dystopie teintée d’humour noir est réjouissante tout en menant la réflexion sur la cohabitation urbaine entre l’homme et l’animal sauvage.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Arthaud poche pour cette découverte

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La Ville Rousse

Quand les renards arrivent en ville, celle-ci se teinte de roux. Cette incursion animale en zone urbaine ensauvage les cœurs, diffuse des ondes de choc, et c'est la guerre urbaine qui s'impose.

La ville, c'est Lutetia. Christian Maupertuis est aux manettes pour construire le Grand Métro. Un cacique, qui met tout en oeuvre pour protéger son chantier. Sans scrupule. Un sale type, mon avis et celui des militants écologistes, comme ceux que traquent son ami d'enfance, sous ses ordres, Patrick Amiot, qui a la charge de stopper net toute entrave à ses projets, au moyen de ce doux mélange de testostérone et de poudre à canon qui clôt les clapets.



Nous ne sommes pas bien loin de notre réalité.



Un mélange des genres dans ce roman social, policier/fable écolo qui laisse des traces indéniablement, suscite le débat, ouvre l'esprit, donne des idées.

À quand un capitalisme plus féminin ? Plus réfléchi ? Plus sobre ? Comment changer l'Homme, le diriger vers le chemin de la raison, de la solidarité ?

Solidarité et innovation ne sont pas incompatibles. Si ?

Ah ... j'oubliais, la justice comme chef d'orchestre, cela va de soi ;-)



Cependant une lecture qui se mérite. Elle part un peu dans tous les sens. La plume est de qualité, les sujets sont forts. Mais la concentration est de mise pour éviter la déroute.



Merci à Babelio, aux éditions Arthaud poche pour cette lecture, certes en demi teinte mais nécessaire et diablement intéressante.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Un certain Petrovitch

Patrick Platon Pétrovitch, terne banlieusard, est chef-comptable dans une fédération sportive. Plus comptable que chef, il se découvre un jour un talent certain pour la fermeté. Son assistante, Mme Humbert, accomplit enfin son travail et ses voisins si bruyants mettent la sourdine. C’est le début de l’ère pétrovitchienne ! De cette soudaine poussée d’autorité, Pétrovitch déduit qu’il est un super-héros et qu’il doit protéger Paris. Deux exploits plus tard, le voilà devenu la coqueluche des magazines, de l’entreprise et des voisins. Et il a attiré l’attention de la jolie Sonia, sa collègue du service communication. Mais ce que personne ne sait, c’est que Patrick Platon Pétrovitch traverse l’Atlantique toutes les nuits pour rejoindre l’académie des super-héros à New York. Il appartient à la promotion Spiderman et apprend à maîtriser ses pouvoirs d’homme-araignée. Pas toujours facile de mener une vie secrète…

Le Pétrovitch d’avant Spiderman est un héros du monde ordinaire. Ce n’est même pas un anti-héros : il s’incarne juste parfaitement dans la médiocrité qu’il a choisi. « Je dois l’avouer, j’apprécie la routine. J’y puise un plaisir, une jubilation rassurante et mélancolique. Contrairement aux idées reçues, aux clichés souvent hâtivement répandus, la rigueur est une grande aventure : elle ménage, à l’instar de toute partition, de tout programme musical ambitieux, des micro-variations. » (p. 101) Friant de petits exploits, il jubile à chaque victoire minuscule. Mais endosser le costume d’un super-héros, c’est autrement plus lourd. Si une affiche de cinéma dûment positionnée peut changer une vie, rien ne garantit qu’elle la change pour le meilleur.

Ponctué de nombreuses références à Nicolas Gogol et à sa nouvelle Le Manteau, ce roman dépeint la quête d’un homme : il a trouvé le but de son existence, mais il lui reste à l’accomplir. Mais cet homme mou qui se relève et trouve grâce à ses propres yeux et à ceux des autres peut-il vraiment changer de destin ? « Comme quoi, des fantômes de Gogol aux épaules de Spiderman, de l’Empire russe à la Grosse Pomme, il n’y a qu’un pas. » (p. 31) Comme toutes les ambitions tardives, le rêve de Pétrovitch grossit trop vite et ne peut manquer d’imploser. Entre humour à la sauce pince-sans-rire et digressions en tout genre, je ne me suis pas ennuyée avec Un certain Pétrovitch. Si vous cherchez un roman rationnel et tranquille, passez votre chemin. Ici il faut s’accrocher à sa cape !

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La Ville Rousse

Dans un monde où Paris a repris le nom de Lutetia, Patrick Amiot est chargé de missions pour une grande société de travaux publics. Ses missions: déblayer le terrain, aplanir les difficultés, supprimer les ennuis... quels que soient les moyens à mettre en oeuvre.

Aujourd'hui, enfermé dans son appartement, ses successeurs aux aguets devant la porte, il se remémore comment tout cela a dérapé. Ce sont les renards qui, en envahissant la ville, ont créé les premiers problèmes dont Patrick n'est pas parvenu à bout...



Voilà une dystopie étonnante qui mélange plusieurs genres tout au long du récit. Il y a bien entendu un fond écologiste mais sans aucune chute morale. C'est surtout un humour noir grinçant, servi par une belle plume, que je retiendrai.

Le personnage de Patrick, homme désabusé au possible, est bien construit tout au long des événements dont il se remémore pour en arriver à l'homme du dernier chapitre.

Les renards sont partout, tout le temps, sans qu'il n'y ait vraiment de moments qui leur soit consacrés. C'était vraiment un roman surprenant et difficile à raconter que j'ai découvert grâce à une masse critique spéciale. Que Babelio et les éditions Arthaud soient remerciés pour la découverte d'un auteur dont l'écriture m'a happée.
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La Ville Rousse

Le roman du renard urbain.



Polar noir, social, et fable écologique, mêlé de cynisme, de questionnement sur le futur de nos milieux de vie.



L’homme et l’animal face à face, qui est qui ? « En roux et noir, j’exilerai ma peur…en roux et noir, mes luttes mes faiblesses… »



L’histoire se déroule dans une ville nommée Lutetia. Le projet de construction du Grand Métro, chantier d’envergure, semble compromis par des circonstances aux tons gris, vert et roux…



C’est Goupil qui donne le ton… Quand on arrive en viiiille… Et quand le Renard arrive en ville, ensauvagement et affrontement en perspective.



« D’habitude, le renard est plutôt méfiant, farouche, il a peur de l’homme ».



L’homme étant un loup pour l’homme, certains sont aux portes de chez Patrick Amiot, solitaire désabusé, peu scrupuleux chargé de missions particulières auprès de La Compagnie, entreprise en bâtiments dirigée par un homme d’affaires richissime, Christian Maupertuis, sans état d’âme et ne lésinant sur aucun moyen…

Alors traquenard ou traque au renard ?



Faune fauve, proies et prédateurs, ironie sarcastique. Intrigant et diffusant une ambiance malaisante.



« Le Roux surpassait tout le monde, dans mon esprit, y compris le loup (…) Comment le formuler ? »



Atmosphère en « roux » libres pour ce roman découvert grâce à une masse critique privilégiée, très en dehors de sentiers battus. Alors merci beaucoup à Babelio et aux éditions Arthaud poche.



Le genre n’a pas forcément ma préférence, mais le rythme est intéressant ainsi que les sujets abordés, l’ensemble ayant capté mon attention pour une lecture fluide.

J’ai toutefois eu beaucoup de mal avec la taille de la police d’écriture, trop petit !!! Un détail, mais qui m’a fait peiner.



Par ailleurs, j’ai repensé, à la fin de ma lecture, aux animaux que l’on a pu voir durant le confinement dans les villes du monde entier, l’espace urbain extérieur alors vidé de toute présence humaine.

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Le lieu essentiel

J'ai tendance à me ruer sur tous les nouveaux textes de Philippe Claudel. Mais devant cette œuvre, il faut un peu de retenue. On n'aborde pas un versant escarpé en sandales. Et on n'aborde pas ces entretiens au pas de course. On voudrait se presser que l'on serait retenu, happé par l'exaltation ressentie par Philippe Claudel. On est aussi frappé par l'humilité dont il fait preuve devant les cimes et leurs figures héroïques.



C'est avec admiration qu'il parle des auteurs des hauteurs, ceux qui ont mis leurs pas et leur plume dans des traces de neige fraiche et sur des sentiers pierreux. « Aller au refuge, y dormir, et aller en montagne plus généralement, c'est tenter de retrouver une forme de simplicité essentielle. Redéfinir ce que nous sommes, quels sont nos besoins vitaux. [...] J'ai toujours essayé de retrouver dans les refuges où j'ai dormi l'image archétypale du refuge littéraire découverte dans tant de livres. » (p. 46 &47) Et c'est avec joie et fierté qu'il fait découvrir la montagne à des proches. C'est un cadeau double : offrir et partager ces paysages vertigineux.



Évidemment, impossible de ne pas trouver de similitudes entre l'écriture et l'alpinisme. « J'ai toujours établi un parallèle entre le fait de grimper et celui d'écrire. Ce qui me plaît dans la montagne comme dans l'écriture, c'est de me trouver confronté à quelque chose qui me dépasse, de façon humaine, et d'essayer d'y trouver ma voie, que ce soit sur une paroi ou dans un roman. » (p. 67) Ce faisant, pour moi qui ne pratique pas les hauteurs, Philippe Claudel est un guide dans les chemins qu'il trace dans la littérature contemporaine. Ce sont des voies exigeantes où l'émotion donne le vertige. Souvent, grisée par la beauté des mots de cet auteur, je voudrais ne jamais en revenir. Douce hypoxie littéraire...



Ces entretiens se savourent comme des confidences tant l'on sent que Philippe Claudel se livre et se dévoile quand il parle de la montagne. Le lieu essentiel, c'est celui où l'on ne se dissimule pas, ni aux autres ni à soi-même. « Je me trouve au diapason de moi-même. Elle me donne le la. » (p. 76) L'ouvrage s'achève sur quelques textes choisis où la montagne est plus qu'un élément du décor : elle en est la justification.



Fabrice Lardreau est l'auteur des excellents Nord absolu et Un certain Petrovitch.
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La Ville Rousse

La Ville rousse de Fabrice Lardreau ( Arthaud poche - 157 pages )



En lisant ce livre, j'ai découvert que l'auteur avait manipulé ses lecteurs. En effet, ce roman est à mon avis une dystopie.



Quand les renards envahissent Lutétia (Paris) j'ai vite imaginé que ces renards pouvaient s'appeler autrement.



Je vous laisse deviner les autres éléments du roman.



La pollution rousse sur Lutétia (Paris) je l'ai vu de mes propres yeux en arrivant de province.



Les premières pages lues, j'avais de la peine à poursuivre car les personnages ne m'accrochaient nullement.



Puis j'ai analysé le message de l'écrivain et j'ai comparé le Paris d'aujourd'hui avec ses travaux, sa pollution et sa faune dans certains quartiers, avec le Paris de mon enfance.



Pauvre renard qui depuis si longtemps est dénigré, il est pourtant bien utile.



En refermant ce bouquin qu'une amie m'avait prêté il me reste une impression bizarre, un goût amer.



Est ce une vision future, une mise en garde ou un gentil délire ? Qu'en pensez vous ?



Bonne lecture



Mireine
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La Ville Rousse

Tout d’abord je remercie chaleureusement les éditions Arthaud ainsi que Babelio pour l’envoi du livre. Ensuite je voudrais remercier l’auteur pour ce petit roman, qui m’a fait voyager à Lutetia, ville qui s’apparente grandement à Paris par ses lieux et à Londres pour son invasion de renards, ce livre a été une belle découverte, une pause dans mes lectures très noires du moment.

Lutetia donc, est une ville fictive où règne une multinationale : la Compagnie, chargée de la construction du Grand Métro. Christian Maupertuis la dirige d’une main de fer, n’hésitant pas à faire appel à des tueurs à gages pour mener à bien son projet. Goupil quand a lui provoque une guerre urbaine. Le sujet du livre est l’Homme face à lui-même, son animalité est toujours existante dans le monde de Lutecia… et la nôtre. Ne dit-on pas « requin » pour un grand chef d’entreprise ? C’est ce qu’est Christian, un requin dans un monde de goupils.

La fin brute m’a déçu en revanche, la narration met du temps à arriver et j’aurais aimé une finalité dans le même ton mais c’est avant tout ces facettes écologique et sociale qui m’ont le plus touché. J’ai aussi aimé que Fabrice Lardreau ne donne pas dans la leçon de morale.



« Le dénouement est pour le moins décevant, inattendu, mais soyons sport, ne cédons pas à l’amertume. » (Chapitre 1).



Oups, j’allais partir sans vous parler des personnages, je trouve que l’œuvre est totalement ancrée dans le contemporain, de part ses sujets mais aussi par ses protagonistes. Christian lui n’hésite pas une seconde à l’idée de couler des tonnes de bétons dans la ville, à la saccager, à l’éventrer tandis que Goupil lui, désabusé au début, n’hésitera pas à se battre pour des principes plus globaux. Les deux sont personnages principaux ont une éthique différente, et c’est cette lutte qui rend le livre bon selon moi.



En bref, c’est un roman engagé où s’affronte deux classes sociales, le rythme lent du début ne doit pas vous arrêter, promis après ça devient plus intense. La fresque sociale et écologique s’ancre dans le réel en très peu de pages, mais l’auteur prend tout de même le temps de développer. Dans l’ensemble ça m’a plu et m’a amené à réfléchir sur notre mode de vie.

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La Ville Rousse

Un moment un peu hors du temps avec cette fable dystopique...



Fabrice Lardreau sait manier le suspense et joue habilement sur plusieurs temporalités. Et dans chacune d'elle, il sème des graines dont on a hâte de connaître l'issue. C'est la raison pour laquelle j'avais le sentiment de ne pas tellement comprendre un certain nombre de choses au début. Mais, ça n'était pas moi, c'était en réalité voulu. Pas mal joué !



Le narrateur, anti-héros par excellence, était sombre, d'un cynisme presque malaisant, d'une cruauté dérangeante. Vraiment très antipathique ! On ne peut pas dire, de manière générale, que c'est une lecture plaisante, on en sort même un peu bizarre... Elle est également assez accrocheuse et fait réfléchir (comme bon nombre de dystopie), cela est sûr.



De l'écologie jusqu'à l'urbanisme, du"gavage" des multinationales avec exploitation des ouvriers (entre-autres) jusqu'à la folie humaine ; il y a de quoi faire.



Merci aux Editions Arthaud et à cette masse critique privilégiée !
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La Ville Rousse

Je remercie Babélio et les éditions Artaud poche pour l’envoi de ce roman reçu dans le cadre d’une masse critique privilégiée.

Maupertuis dirige d’une main de fer sa multinationale et il compte bien réaliser un projet de grande envergure : la construction du Grand Métro dans Lutétia. Ses retrouvailles avec Patrick Amiot, un camarade de lycée, lui ont permis de s’entourer d’hommes de mains prêts à tout pour supprimer les obstacles à ses projets…

Et nombreux sont les encombres : l’arrivée d’une nuée rousse sur la ville, puis celle de ces goupils aux allures fascinantes. C’est finalement une invasion qui menace la réalisation des projets gigantesques de Maupertuis. Le cynisme du PDG et de son acolyte en dit long sur notre société…et le premier chapitre nous laisse entendre que la menace peut se retourner contre le maillon faible au sein du même camp !

Un roman inclassable entre dystopie, polar et fantastique, truffé de belles descriptions de Lutétia, une ville du futur qui nous évoque un Paris contemporain. L’écriture originale et soignée de Fabrice Lardeau m’a plu.

L’auteur nous offre une réflexion intéressante sur l’homme et sa place dans le monde grâce à la dimension dystopique du roman. C’est aussi une fable où l’homme oscille entre rationalité et animalité. J’ai particulièrement aimé l’évocation de ces hommes d’affaires embauchés comme « nettoyeurs », redoutables prédateurs la nuit et cadres supérieurs accomplis le jour. Une autre version de Dr Jekill & Hyde.

Je ressors tout de même mitigée de cette lecture à l’atmosphère étouffante car le récit m’a semblé manquer d’unité, j’ai eu l’impression de naviguer entre de belles pages sans y trouver tout à fait mon compte. Par ailleurs, le choix des petits caractères dans une page dense rend la lecture pénible pour les yeux fatigués, dommage !

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