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Critiques de Fabrice Lardreau (52)
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La Ville Rousse

Avec le projet du Grand Métro, la ville de Lutétia devient un immense chantier. Dans cette métropole qui avait opté pour une végétalisation massive, ces travaux titanesques visent à transformer la capitale et sa périphérie en une « Ville-Monde » réservée aux privilégiés.

Alors, doucement, un par un, comme les loups dans la chanson de Serge Reggiani, LES RENARDS SONT ENTRÉS DANS LUTÉTIA.

Et tandis que LE BÉTON BOUFFAIT L'PAYSAGE

IL EN VINT DES MILLE ET DES CENTS

FAIRE CAROUSS', LIESSE ET BOMBANCE

DANS CE FOUTU PAYS DE FRANCE.

Patrick Amiot est engagé comme « chasseur urbain » par son ami d'enfance Christian Maupertuis, PDG de la Compagnie, une multinationale de construction en charge des travaux.

Mais au lieu de RETROUVER L'AMOUR ET LA FRATERNITÉ, les hommes aux commandes, dans un objectif de Grand remplacement, rejettent hors du Grand Lutétia, les classes populaires au profit des classes favorisées.

Un conte futuriste qui parle de renards mais pas que … et qui, comme on peut s'en douter, ne se termine pas aussi bien que le texte d'Albert Vidalie.

Drôle et percutant, ce court roman fait froid dans le dos. Fabrice Lardreau nous invite à réfléchir au déséquilibre que crée l'élitisme, en nous rappelant que, sans comptes à rendre et sans détracteurs, c'est la porte ouverte à toutes les immoralités.

Un boulevard pour les renards ….

Une histoire intelligente et visionnaire comme je les aime et un roman que je recommande vivement.



Merci à Babelio et aux éditions Arthaud Poche pour cette masse critique privilégiée.
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Nord absolu

« Bienvenue à Medisën, ville archipel, cité lacustre » (p. 11) et siège du pouvoir d’un pays qui glisse lentement vers la dictature. Des lois nouvelles régissent la chasse, les tenues vestimentaires, l’immigration et la liberté de circuler. « Le nouveau régime a-t-il aussi l’ambition de remodeler la Terre ? Le centre de plusieurs villes du pays, dont l’architecture était jugée d’influence norda, a été totalement rasée et reconstruit selon les normes : la cité est notre reflet. » (p. 113) Le pouvoir fait la part belle à la nature, mais pourchasse sans répit les terroristes nordas issus d’une ancienne colonie. Avec des principes comme l’épuration, le contrôle de l’énergie et la propagande, le pays court après un idéal, celui de renouer avec l’Âge d’Or. « La guerre au métissage est la clé de voûte du système : c’est en se mélangeant que les êtres, les œuvres ou les sociétés déclinent. Ce qui vaut pour l’humain ou l’écosystème s’applique à la musique, à la peinture et à la littérature. Retrouver la pureté originelle, le monde d’avant, voici le problème et la solution, disent-ils. » (p. 62)

C’est à Medisën, dans cette capitale au-delà du cercle polaire, que vivent Paul Janüs et Philip Niels. Le premier est fasciné par un candidat aux présidentielles, l’outsider Stalitlën qui prône une tolérance zéro envers les terroristes et l’immigration norda. Le second part à la recherche de son voisin disparu et parcourt le pays sur les traces d’un éventuel complot national. Alors que Paul Janüs semble avoir toutes les raisons d’embrasser la dictature en marche, Philip Niels, pourtant « héros d’un jour, symbole de la Nation » (p. 23), se secoue de sa torpeur et prend conscience des abus que commet le pouvoir. « Les gouvernements qui s’en prennent aux immigrés et, peu à peu, dans l’hypocrisie la plus totale, sous prétexte de leur « couper l’herbe sous le pied » disent-ils, d’éviter l’avènement d’une dictature, imitent les extrémistes. » (p. 38)

En marge du récit se dessine la culture et la rébellion norda. Le statut des Nordas est flou : « Notre pays a toujours hésité entre une politique d’assimilation et semi-autonomie à l’égard de la République du Nord. » (p. 69) Les Nordas se regroupent autour d’une religion et d’un traité intitulé Nord absolu. Et c’est leur évocation qui révèle un hiatus : dans les pages où le lecteur suit Paul, les Nordas sont encore intégrés dans la société, mais dans celles consacrées à Philip, ils sont stigmatisés et persécutés. C’est finalement quand Paul et Philip se rencontrent qu’éclate le sens complet du roman et que le temps se remet à courir.

Le nord absolu est en principe ce point physique que pointent toutes les boussoles et qu’elles ne peuvent indiquer si elles l’ont rejoint. Ici le nord absolu participe de la mise en scène des confins humains et politiques. Après ce point d’acmé n’est possible que le retour en arrière, la dégringolade. Fabrice Lardreau réfléchit sur ce qui pousse l’homme à adhérer à un régime dictatorial, à se fermer à l’autre dans un réflexe de méfiance exacerbée et à brandir sa lâcheté comme seule bouée de sauvetage.

Le récit balance entre Paul et Philip : alors que le second est le narrateur de son périple, le premier semble n’être qu’un pion que l’on promène dans tous les sens et même à rebours. Et il y a cette voix narrative anonyme jusqu’à la toute fin du roman, voix qui s’adresse au lecteur et qui semble toujours avoir un coup d’avance. Le lecteur est-il dupé ? Pas vraiment puisque l’auteur distille au fil des pages les clés du récit.

Riche en échos et références (Stalitlën/Staline ou Janüs/Janus antique), le roman de Fabrice Lardreau couronne un mouvement littéraire dystopique encore trop timide en France. Fable politique, écologique et sociale, Nord absolu fait froid dans le dos et interroge sur l’engagement humain, mais sans donner de solution. Dans La zone du dehors, Alain Damasio faisait dire à de ses personnages « Pour moi, le peuple a le pouvoir qu'il mérite et n'a pas d'excuses. » (p. 280) Fabrice Lardreau propose un excellent récit aux accents similaires tout aussi inquiétants.

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Nord absolu

Nombreux sont les souvenirs que Fabrice Lardreau agite dans « Nord absolu », son dernier roman, à paraître dans le sillage de la rentrée littéraire d’automne 2009. Peu drôles, les souvenirs : dans un Etat imaginaire, un leader populiste fort bien nommé Stalitlën est en passe d’être élu président, les élections battent leur plein, la foule manifeste dans la rue, et c’est dans ce cadre que sera scellé le destin de Paul Janüs, présenté comme le personnage principal du roman, et celui de Philip Niels… également présenté comme le personnage principal du roman.







Seule la fin du roman permet de comprendre pleinement pourquoi tout commence et s’achève sur le ton d’un cicérone qui parle à un groupe de touristes. En début de lecture, cependant, c’est une solution commode pour accrocher le lecteur en l’interpellant (usage du « vous ») et lui présenter un pays que, par la force des choses, il ne connaît pas. Cela permet par ailleurs à l’auteur de réaliser un travelling avant, commençant par une vue d’ensemble de la ville de Medisën et aboutissant, sur un ton plus classique écrit à la troisième personne, sur les personnages de Jane et Paul Janüs, bloqués par un contrôle de police.







Paul Janüs ? Un personnage bien nommé ! Tout au long du récit, il cultive une ambivalence certaine, une personnalité à deux visages, à l’instar de la divinité romaine. Fondamentalement, il est favorable au candidat Stalitlën – contrairement à Jane, sa compagne de vie. Il s’engage par ailleurs, sans enthousiasme, à parrainer une fille norda – alors que les Nordas, peuple du nord à la société spécifique (religion, culture, population jeune, tout cela présenté dans un collage très théorique), sont, dans la rhétorique du leader populiste, l’ennemi à éliminer. Choisir son camp ? Comme tant de gens de nos jours, il n’en aura pas la force, ou trop tard : c’est le destin qui le rabattra dans le camp de Stalitlën.







Stalitlën porte lui aussi un nom qui suggère au moins deux personnalités. Certes, nous avons affaire à un leader populiste démagogue, désireux de contrôler les arts comme certains de ses modèles, et la campagne électorale en cours, telle que dépeinte par l’auteur, fait penser à celle tenue en France en 2002. Mais le romancier est bien trop fin pour se prêter à un jeu aussi sommaire. Le nom de Stalitlën est suffisamment transparent pour montrer qu’en politique, les extrêmes sont de tous bords. Et ce qu’on lit en filigrane, c’est qu’il arrive que les candidats les moins fréquentables arrivent à la présidence par les voies les plus démocratiques qui soient – que cette démocratie soit réelle ou de façade.







Deux ? On l’a compris, ce roman se nourrit de dualités, de doubles fonds, de jeux entre apparences et réalités. Encore un élément, de structure celui-ci : « Nord absolu » est constitué comme un roman à deux voix alternées, Paul Janüs occupant le devant de la scène des chapitres impairs alors que Philip Niels, héros de la nation, enquête sur son voisin disparu dans les chapitres pairs, écrits à la première personne, dans une ambiance légèrement différente. Deux voix, donc deux histoires… Quel est le fin mot de l’affaire ? Rendez-vous à la fin d’un récit dense qui offre un excellent moment de lecture et parvient à poser, mine de rien, quelques questions sur le monde d’hier et d’aujourd’hui. Cela, et ce n’est pas la moindre des qualités de l’auteur, sans porter de jugement.


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La Ville Rousse

Je remercie Babelio et les éditions Arthaud pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.

Livre à multiples facettes, qui n'a pas choisi son genre. On est entre un polar, une dystopie, un roman écologique, un conte... Parce que le Renard est utilisé par l'auteur à de multiples fins. Il est à la fois prédateur et proie, l'homme devient progressivement prédateur et proie lui aussi. Dans une guerre de classes, dans un monde irrespirable, qui pue de plus en plus. Dans un Paris qui se cherche une ambition supérieure, Lutétia...

Le livre est aussi un questionnement sur ce qui déclenche l'horreur, ce qui transforme un individu, ce qui modifie une trajectoire.

L'écriture ne regorge pas de métaphores ou d'effets de style, elle est plutôt neutre, mais ce n'est pas du tout mal écrit non plus.

De ce livre, je ne peux pas faire fi de la filiation avec Rhinocéros de Ionesco, avec l'Aveuglement de Saramago, d'une certaine façon aussi la Peste de Camus... Et de tout livre inquiétant quand à la moralité et folie de l'humain.

L'esthétique rousse du goupil est un artifice relativement bien exploité par l'auteur. Mais elle n'est que secondaire. C'est pour mettre de la forme. Dans un texte qui semble à la fois partir dans tous les sens et en même temps qui ne semble pas sans maîtrise.

Seul son auteur le sait.

Le lecteur appréciera peut-être, mais ce n'est pas certain. Et me concernant, j'oublierai relativement vite cette lecture, qui n'a pas été assez loin dans ses ambitions.

Concernant l'objet matériel, je regrette très fort la taille bien trop petite des caractères, tout le monde n'a plus un oeil de lynx... Et tout me monde n'a pas envie d'employer un.e loup.e. A bon entendeur.
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Contretemps

Il est, parfois, difficile de comprendre les raisons pour lesquelles un bouquin est passé sous les radars du succès...



Contretemps possède, à mon sens, toutes les qualités d'un roman réussi...mystère, action, écriture ciselée.



J'ai passé un beau moment hors du temps...me rêvant visiter ces époques riches de découvertes et d'inconnus.



Me voilà revenu en cette bonne vieille année 2021...

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La Ville Rousse

Tout d'abord je remercie les éditions Arthaud et Babelio sans lesquels je n'aurais pas connu ce roman bien construit, porté par une écriture de qualité.

On vit les probables dernières heures du narrateur. Suivies de l'évocation du passé avec des chapitres nettement délimités.

Je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt, voulant connaître la suite des événements.

Au final, le personnage marquant est le premier renard apparu et son cheminement jusqu'à la grande ville, Lutetia. L'auteur fait montre d'anthropomorphisme tant il est vrai que l'animal semble obéir à une force supérieure qui le guide.

Comme Christian Maupertuis, au faîte de sa puissance dans sa multinationale, Goupil multiplie sa descendance et ses facultés d'invasion et de perturbation.

J'ai vu dans ce roman la caricature des extrêmes dans la société actuelle et en ai apprécié l'humour.
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Nord absolu

"Nord absolu" est un roman de littérature blanche qui louche un peu sur l'anticipation. Dans une République nordique dictatoriale, deux destins parallèles, ceux de Niels et de Paul. Paul est un citoyen lambda, progressiste sans conviction ; Niels est un héros du nouveau régime. Ces deux destins se rejoignent d'une manière inattendue. Dans un cadre qui évoque irrésistiblement la France post Algérie française, nous voyons comment une dictature peut s'installer paisiblement, sans révolution, avec l'assentiment tacite des "braves gens".
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Le Carrefour invisible - Une chronique Fran..

L’œil de Fabrice Lardreau est attiré par le détail. À onze ans, il est au cinéma avec sa mère pour voir « L’argent de poche » de François Truffaut. La première scène – avant le générique – l’intrigue. Il ne cessera de penser à cette petite fille avec sa carte postale en plein centre de la France. Quarante ans plus trad, il se dirige vers cette terre inconnue qu’est le Berry, à Bruère-Allichamps précisément, le cœur de la France ; même si des autres calculs le situe en divers lieux. L’écrivain journaliste va interroger les gens du village, humer cet endroit vallonné – bien loin du plat pays qu’il imaginait – pour y dresser une enquête sociétale au-delà des clichés. Car l’histoire de cette France du milieu est le carrefour d’une histoire française.



Le tournage de cette scène et François Truffaut prennent une large place dans cet essai aux côtés des habitants de Bruère et des souvenirs d’enfance de l’auteur. Cette dizaine de personnes interrogées est un échantillon représentatif des français moyens (sans aucune connotation péjorative) auxquels s’ajoutent quelques traits caractéristiques du Berrichon comme la simplicité, l’absence d’orgueil mal placé et la prudence.



Le lecteur fait donc la connaissance du maire Patrick Ciajolo (en 2016), de Madeleine Gilbert, la mémoire vivante de la commune, de Nicole et Didier du café central, Christine de l’agence postale, de Nicole… qui racontent leurs parcours respectifs et donnent leurs impressions sur cette vie villageoise où tout se sait, circule mais où il fait bon vivre par rapport aux grandes villes. Même si tous constatent le délitement du lien social, l’homogénéisation des territoires et la tendance cité-dortoir avec les nouveaux arrivants.



Ce cœur de la France a une longue histoire et Fabrice Lardreau nous apporte en apéritif des éléments pour que chacun puisse prolonger ensuite la dégustation sur place. À commencer par la fameuse colonne du centre de la France remontant au temps de l’empereur Caracalla jusqu’à sa position actuelle décidée en 1799 par le duc de Béthune Charost, un bienfaiteur de l’humanité et qui appartient à la grande histoire du château de Meillant situé à quelques kilomètres de Bruère. Autour, le prieuré d'Allichamps, l’abbaye de Noirlac, le domaine de Châteaufer et la ville de Saint-Amand-Montrond où le Grand Condé a laissé d’innombrables empreintes. Une région confrontée aux nombreuses guerres et qui se souvient, entre autre, des nombreux réfugiés espagnols envoyés sur ces terres.



Selon l’une de ses habitantes, Christine, on n’arrive pas dans le Berry par hasard… Et si tous les chemins menaient à Bruère-Allichamps ?
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La Ville Rousse

Merci à Babelio et aux éditions Arthaud Poche pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée.



Début du roman : deux hommes viennent sonner chez Patrick, qui garde le silence pour ne pas leur ouvrir... que lui veulent-ils ? Que signifie cette atmosphère menaçante ?... L'action se déroule dans une ville imaginaire, Lutetia, derrière laquelle on reconnaît sans mal ce que pourrait devenir Paris dans un avenir plus ou moins proche.



Le narrateur, Patrick, est chargé de mission à la Compagnie. Il a en charge la sécurité et la surveillance du chantier de constructions d'édifices à but bien particulier : y faire disparaître les "importuns". Le PDG de la Compagnie, Christian Maupertuis, est un ami de Patrick depuis l'adolescence. Quelques mois après le début des travaux initiés par la Compagnie pour la construction du Grand Métro, un nuage de particules rousses apparaît au dessus de la ville, visible tous les jours aux alentours de 11h et colorant tous les bâtiments et le paysage urbain d'une teinte rousse.



Par ailleurs, un attentat terroriste d'une ampleur inouïe provoque l'effondrement du périphérique. Dès lors, la nature reprend vite ses droits et des renards investissent la ville, se multipliant de manière exponentielle. D'abord sous le charme des goupils, les habitants prennent peu à peu conscience des fléaux qui les menacent...



Difficile de classer ce récit dans un genre : fable, dystopie, policier... C'est ce qui m'a déconcertée tout au long de ma lecture. Le récit m'a fait penser par moments à Matin Brun de Pavloff, par l'évocation d'un régime autoritaire et l'ambiance apocalyptique. J'ai cependant eu du mal à me retrouver dans la construction de ce roman.

Cette édition poche est à réserver aux lecteurs dotés d'une bonne vue, les caractères étant vraiment petits.
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Psychisme ascensionnel

Si vous êtes un fan d' Etienne Klein (comme moi) ce titre est fait pour vous.

L'auteur dévoile sa personne (pas son intimité, ce n'est pas Voici ou Voilà).

Au delà de son actuelle voix (si radiophonique), il dévoile ses expériences sportives jusqu'à l'alpinisme.

Ces échanges sont à la gloire de cette pratique (que je ne connais pas).

Avec humilité, il parle des grands alpinistes, aux destins plus ou moins festifs (euphémisme).

Découvrez l'homme qui si cache derrière le docteur en physique des microparticules et autres bosons.

Son clin d'œil pour Michel Serres est un bijou de bienfaisance (Quel regret, pour moi, de ne pas l'avoir rencontré).

Au fait, si vous êtes fan de grimpettes (rien de péjoratif dans mes propos), vous y trouverez aussi votre content.

Livresquement votre.
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La Ville Rousse

Une histoire qui aurait pu se dérouler en Méssenie avec l’envoi par Dionysos d’un nouveau renard de Teumesse pour remettre un peu d’animalité dans le désordre humain. Ou bien au Japon avec une sorte de « Kitsune » et ses pouvoirs magiques. Mais elle se passe dans une grande ville qui a pour nom une connotation romaine, Lutecia. Toute ressemblance avec l’antique Lutetia et l’actuel Grand Paris serait évidemment une pure coïncidence… Mais cette Ville Rousse a tout d’une tragédie grecque sur fond de dystopie.



Christian Maupertuis est un ogre industriel qui dirige d’une main de fer une multinationale engloutissant moult réalisations ou projets pharaoniques dont celui d’un Grand métro dans cette métropole dotée d’un périphérique cyclopéen mais dont les dirigeants ont pris soin de végétaliser pour palier les effets des perturbations climatiques. Face aux menaces écologiques et désastres humains, l’industriel rencontre des opposants : militants écologistes, défenseurs des droits de l’homme, représentants d’ONG… Maupertuis n’a alors qu’une seule directive dès qu’un citoyen veut s’interposer : l’éliminer. Pour effectuer cette sale besogne il a engagé un ancien compagnon d’études, Patrick Amiot dont le cœur est depuis longtemps enfoui au terminus des objets inutiles. Sans états d’âme ni culpabilité aucune, il exécute les perturbateurs tout en passant pour le plus courtois des hommes. Bienvenue dans un monde au cynisme le plus décomplexé ! Mais un jour, après un attentat, la ville devient rousse. A chaque coin de rue, des renards apparaissent, rentrent dans les maisons, font leur terrier dans le sol des grands chantiers de Maupertuis. Un affrontement sanglant va commencer mais où l’homme va devenir le plus bestial des animaux.



Un roman aussi déconcertant que captivant qui se lit avec une surprenante avidité. Un roman qui serait parfait pour une adaptation cinématographique, les images défilent déjà devant le livre par la précision des descriptions sans jamais trainer en longueur. Un roman qui décortique tout le machiavélisme d’une société et de ses représentants lorsqu’ils se convertissent en redoutables prédateurs. Si le portrait de Christian Maupertuis peut rappeler peu ou prou d’autres personnages de fiction voire de la réalité – hormis son travestissement progressif – le personnage de Patrick Amiot est saisissant ; loin d’avoir le sens de l’honneur d’un célèbre Samouraï, on se met à le détester tout en cherchant à en savoir davantage sur ses motivations et ses dérives assassines.



Un tempo haletant, un humour noir sans tomber dans certains artifices habituels, une originalité dans la progression du roman, un récit qui interroge sur nos sociétés, nos démocraties, la déshumanisation des grands centres urbains et cette animalité qui sommeille chez les humains. Quant au renard c’est peut-être à lui de porter l’oriflamme de la liberté…



La Ville Rousse ou le panache d’un écrit !
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La Ville Rousse

Un titre, La ville rousse, et une couverture photographique réussie, celle d’un renard, la nuit, aux abords d’une maison, deux éléments qui nous invitent indubitablement à en savoir plus et à nous plonger dans l’ambiance de ce roman.



Lecture faite, avec sa forme hybride, oscillant entre fable fantastique et roman d’anticipation, c’est un sentiment d’étrangeté et de surprise qui domine ce roman. Un sentiment tout à fait positif même si nous ressortons un peu déconcertés voire inquiets de l’avenir au parfum d’apocalypse qui nous y est décrit.



Dans le roman, les renards ont petit à petit investi la ville de Lutetia, une ville dont l’atmosphère, elle-même, est devenue couleur rouille.



Patrick Amiot, le narrateur, est chargé de réguler la présence de ces animaux sauvages, avec les conseils d’Edouard Emonet, un écologue de la Compagnie pour laquelle ils travaillent tous les deux et qui est chargée de la construction du Grand Métro.



Au fil des pages, Le Roux ou Goupil, cet animal décrit depuis le Moyen-Age comme fourbe et rusé à la fois, devient l’animal à abattre, un véritable fléau à combattre.



Le roman pose la question de l’emprise de l’homme sur la nature, de la déshumanisation de notre société et de l’avidité cynique des hommes. Il nous confronte à des personnages sans scrupule comme Christian Maupertuis, P-DG redoutable et dont l’ambition s’accorde avec celle des dirigeants politiques qui ont pour seul projet de satisfaire l’élite urbaine et de reléguer vers l’extérieur les classes populaires à travers leur grand projet d’urbanisme.



Flattés dans leurs bas-instincts, les hommes et les femmes de la cellule Vulpes créée pour éradiquer l’animal s’adonnent eux-mêmes à la sauvagerie, devenant des tueurs au sang froid.



Bref, un futur décrit sous un angle peu flatteur et une fable que l’on lit avec attention car elle n’est peut-être pas si éloignée d’une certaine réalité sociale. A notre tour de ne pas nous laisser emporter ! Heureusement Goupil veille et la nature est notre vigie !



Un grand merci à Babelio pour la découverte de ce livre dans le cadre de masse critique.
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La Ville Rousse

Il y a plusieurs choses qui peuvent vous attirer vers un roman : son auteur, sa maison d’édition, sa couverture, le résumé, les avis qu’ont publiés des journalistes, des blogueurs, votre libraire peut-être.

En ce qui me concerne, j’avoue ne pas lire les avis des uns et des autres, mon libraire peut témoigner que je ne l’écoute jamais. Je ne connaissais pas Fabrice Lardreau et n’avait jusqu’ici jamais lu de romans des éditions Julliard. Par contre, cette couverture a retenu mon attention, assez pour que j’aille lire le résumé en 4ème de couverture.

Et puis, je n’ai vu aucun « retour » de mes collègues blogueurs ou des quelques libraires que je connais. Donc, je n’avais besoin de rien de plus pour avoir envie de découvrir ce livre.

Et j’ai bien fait. Alors oui, la 4ème de couverture est intéressante mais elle ne décrit que la surface de ce récit. J’ai pu voir qu’on avait qualifier ce roman de « thriller », autant vous avertir, ce n’en est pas du tout un, ni même un polar. Ce texte, si on devait vraiment le cataloguer, relève davantage du sociétal que même de la « fable écolo » dont on l’a vu affublé.

Le narrateur, Patrick, débute son récit alors qu’il est acculé dans son appartement par des tueurs qu’il a lui-même entraîné. Il revient sur son passé, ses souvenirs de jeunesse avec Christian Maupertuis, son patron, devenu l’un des plus puissants entrepreneurs. Christian a mis en projet Le Grand Métro à Lutétia, qui n’est autre que le nouveau nom de Paris dans ce futur imprécis où se situe le roman.

Je ne vais pas vous raconter leur histoire, ça serait dommage, ni le pourquoi et le comment des renards. Je vous dirai juste que ce roman vous parlera d’une faune qui reprendra le dessus quand l’industrialisation s’écroulera. Il vous parlera de l’utilisation à outrance des ressources naturelles. Il vous parlera de corruption et de personnes trop gênantes facilement « effacées ». Il vous parlera surtout de manipulation, mentale ou génétique, peu importe, le résultat restera le même, c’est le côté sauvage de chaque être vivant qui ressortira toujours.

Ce texte est une curiosité, un style assez inédit pour être salué et des thèmes abordés avec originalité. Une petite pépite de noir sociétale, il serait dommage de passer à côté.


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La guerre de sécession

Frais, léger, original, drôle. Il faut avouer que rien que le résumé fait sourire ! Cette petite fable des temps modernes traite avec humour le besoin d'indépendance de Lammartin, petite bourgade de l'est de la France. Une critique de la politique, de la société, des médias, ce avec légèreté.

Dès le début, les habitants de Lammartin, quoique non décrits individuellement en détail, sont attachants. On a bien envie d'aller, nous aussi, faire une petite retraite là-bas (enfin disons, au début du récit…).

A mesure que le récit avance, le fait d'utiliser des lieux, des noms, des événements qui n'existent pas mais qui ressemblent à des choses réelles (Marion le Guen, chef de l'extrême droite, Jean-Jacques Alenchon etc.) m'a d'abord dérangé, agacé puis m'a fait assez sourire au final car c'est un aspect qui, en définitive, se veut être la marque de fabrique du livre et qui fonctionne plutôt bien.

Le parti-pris des très, très nombreuses notes en bas de page m'a également amusé.

En fait, ce qui est réussi c'est que, quitte à aller dans les travers de certains romans, ce livre les assume complètement et en fait même son fond de commerce. C'est le cas aussi pour le côté exagéré de l'histoire (Lammartin devient un sujet mondial, traité par les médias américains par exemple). Eh bien, c'est sûr, autant y aller à fond !

Petits bémols : je n'ai pas été persuadée par le narrateur (journaliste) qui parle d'un autre journaliste en incluant notamment des notes de ce-dit journaliste... J'ai trouvé cela de trop, inutile. Enfin, l'histoire en tant que telle commence assez tard (1/3 du livre).

Quoi qu'il en soit, j'ai passé un bon moment, j'ai beaucoup souri et même ri ! Merci à la Masse critique et à Lemieux Editeur !



~ Challenge multidéfis 18 : moins de 200 lecteurs

~ Challenge ABC 2017-2018 : L
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La Ville Rousse

Le lecteur se retrouve projeté dans un monde contemporain, Lutetia pour être exact, légèrement futuriste. L'invasion de hordes de renards dans la ville va bouleverser le monde dans lequel les personnages essayent de survivre.



Roman relativement complexe mais qui repousse le champ des possibles dans une dystopie décalée qui met à l'honneur Goupil. Le style est hachuré, la répétition est utilisée, ce qui donne un rythme rapide à la lecture et donne le ton du roman.



J'ai apprécié la lecture, qui ne laisse pas indifférent et qui permet de s'interroger sur notre société actuelle, ses limites et ce dont l'avenir sera fait. En ces heures caniculaires, on peut aussi se demander, à travers le livre, quelle est la place de l'animal dans nos sociétés, quelle est la place de la nature, et comment inverser une tendance de destruction, de violence aussi, pour revenir vers une société beaucoup plus équilibrée entre la nature et les hommes.



Je conseille la lecture du roman, surtout aux lecteurs qui aiment se poser des questions, bel ouvrage.
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La Ville Rousse

Quelle belle première de couverture ! Rien moins qu'une photo d'un des lauréats du prestigieux concours de photographie animalière du Museum d'histoire naturelle de Londres. Et bien choisie, car ce roman interroge avec pertinence la frontière entre le monde urbain et la monde sauvage - question tellement actuelle et brûlante !

Que signifie cette arrivée des renards depuis le Morvan, qui peu à peu envahissent Lutetia ? La mégalopole, en p travaux pour son grand métro, devient le théâtre d'une guerre de territoire, où humanité et animalité, civilité et sauvagerie se brouillent.

Fabrice Lardeau prolonge explicitement la lignée littéraire de ce personnage (par des références au roman de Renart, aux fables de La Fontaine par exemple) : Le Renard, le Goupil, le Roux, est ici repris de façon originale, On a plaisir à le retrouver.

Un roman plaisant par sa construction et les interrogations qu'il pose, mais qui ne suscite pas suffisamment d'émotion à mon goût, peut-être à cause des personnages. Je ne me suis pas du tout attachée aux deux principaux. Christian Maupertuis le directeur de la multinationale, et, Patrick Amiot, le chargé de mission/tueur à gages. Ils m'ont semblé stéréotypés, figés dans leurs caractéristiques. si bien que leur sort m'importait peu.
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La mémoire des sentiers

Dans cette très belle collection, Fabrice Lardreau retranscrit ses entretiens avec des personnalités de lettres, des arts, des sciences ou du voyage, pour qui l'univers de la montagne tient une place prépondérante dans leur vie. En deuxième partie du livre, on retrouve quatre extraits d'ouvrages sélectionnés et commentés par l'auteur. Ces textes permettent de découvrir bon nombre de classiques, de Ramuz à Thomas Mann, en passant par Alphonse Daudet.

A travers ces conversations, Fabrice LARDREAU retrace le parcours de ces personnalités pour qui la montagne est source de joie, et bien souvent synonyme de souvenirs d'enfance et d'amitié.

Ecrivain, figure de proue du Nouveau Roman et grand voyageur, Michel Butor a vécu une grande partie de sa vie dans les paysages montagneux sur différents continents. Se décrivant davantage comme un marcheur contemplatif qu'un grand sportif, Michel Butor s'inspire des sommets et des chemins de traverse pour écrire. Pour lui, la montagne est un formidable catalyseur d'idées : elle recompose en permanence l'espace physique et mental du marcheur, les souvenirs se superposent, donnant naissance à l'inspiration et la création.
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La guerre de sécession

Le village de Lammartin, las de la politique française, décide un beau jour de faire sécession et de couper tout lien avec la France.

Simon Lebrun, un journaliste envoyé pour interviewer le maire, s' y installe et observe les événements qui surviennent suite à cette déclaration d'indépendance.

Lammartin est soudain au centre du monde, la curiosité de tous se cristallise sur ce petit village qui doit subitement faire face à un afflux de touristes.

Des politiques essaient de récupérer l'événement. Marion Le Guen du Parti français et Jean-Jacques Alenchon par exemple s' expriment sur la volonté de Lammartin de rompre avec la France.

Très vite cependant les Lammartinois découvrent l'envers de la médaille. Leurs difficultés à gérer leur soudaine popularité va évidemment entraîner des tensions.



Ce petit roman est original, et relève tantôt de la parodie tantôt du pastiche, avec moultes allusions à la politique.

En outre, des notes de bas de pages commentant la situation, écrites par un narrateur omniscient, donne à voir un autre futur politique de la France.

A découvrir.
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Leurs montagnes : 32 personnalités racontent

L’auteur Fabrice Lardreau présente les portraits intimes de scientifiques, écrivains, artistes, sportifs… fascinés par les montagnes.
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La Ville Rousse

Dans un futur proche, un projet urbain de grande ampleur se voit mis à mal par l'invasion de renards dans la métropole. Le narrateur, Patrick, homme de main du grand patron de la Compagnie responsable projet, est un type sans scrupule qui obéit parfaitement aux ambitions prédatrices de son employeur et élimine sans sourciller le moindre obstacle au projet. J'ai beaucoup aimé le cynisme de ce petit roman, dans les noms de "Grand métro" et "Lutetia" (de Lutèce, nom romain de Paris). Ces allusions à peine voilées à l'urbanisation galopante et ravageuse bien réelles de la métropole du Grand Paris sont servies avec un ton grinçant très bien porté par le détestable personnage principal. Je n'ai pas trouvé le roman exceptionnel mais il a bien nourri ma colère contre ces grands projets absurdes, et je ne regrette pas de l'avoir découvert.
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