AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Florian Besson (28)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Puy-du-Faux

22/03/2022 - StreetPress - Par Lucas Chedeville

Si un élève reprend ça en cours, il aura une mauvaise note

« Le Puy du Fou a un discours anti-moderne, anti-Lumières et contre-révolutionnaire »

Quatre historiens, Florian Besson, Mathilde Larrère, Guillaume Lancereau et Pauline Ducret, ont étudié le Puy du Fou, le parc de Philippe de Villiers. Bilan : on s’amuse bien, mais d’un point de vue historique, c’est du grand n’importe quoi.

Les auteurs le reconnaissent volontiers, pour ce travail, ils ont eu « des étoiles pleins les yeux et le cerveau qui bugge ». Trois jours durant, Florian Besson, Mathilde Larrère, Guillaume Lancereau et Pauline Ducret, historiens et historiennes travaillant chacun sur une période historique distincte, ont arpenté les allées du Puy du Fou et assistés aux spectacles grandioses imaginés par l’homme politique réactionnaire Philippe de Villiers et ses équipes.

De ce travail ressort un livre, Le Puy du Faux, enquête sur un parc qui déforme l’histoire, à paraître ce jeudi 24 mars aux éditions Les Arènes. Dans lequel les auteurs dénoncent les erreurs historiques, les contre-vérités et une vision de l’histoire réactionnaire, identitaire, ultra-catholique, anti-universaliste et anti-républicaine du parc. On a donc discuté avec Mathilde Larrère, spécialiste du 19e siècle, et Guillaume Lancereau, spécialiste de la Révolution française.

D’où est venue l’idée de travailler sur le Puy du Fou ?

Mathilde Larrère (ML) : L’idée de Florian Besson était de faire un livre qui traitait de l’usage public du passé. Ce qui a beaucoup été écrit sur le Puy du Fou, c’est ce qui concerne son traitement de la Révolution française, plus spécifiquement de la contre-révolution. En revanche, rien n’a été analysé sur le traitement des autres périodes, or le Puy du Fou couvre un arc chronologique très vaste, des romains jusqu’à la guerre de 14-18, voire dans le spectacle final quelques bouts sur la Libération.

Guillaume Lancereau (GL) : J’ai fait ma thèse sur l’historiographie de la Révolution française, la manière dont on utilise l’histoire à des fins politiques, quels sont les enjeux politiques de cette mobilisation de l’histoire. Et donc il y avait un intérêt assez évident à travailler sur un avatar contemporain de cette manière de faire. D’autant plus que l’histoire de la Révolution est une période qui est particulièrement utilisée au Puy du Fou. L’idée était de réfléchir à travers ce livre à la dimension potentiellement périlleuse pour l’histoire et pour la politique des manières non contrôlées ou trop intéressées de faire vivre l’histoire.

Vous écrivez que la vision de l’Histoire présentée au Puy du Fou participe à une bataille culturelle menée par l’extrême droite. Pouvez-vous détailler ?

ML : Il y a, au Puy du Fou, l’idée d’une France éternelle qui n’aurait jamais bougé, une France catholique. Une idée qu’on peut retrouver chez De Villiers et Zemmour. Il y a dans les spectacles ou dans les décors des instrumentalisations, des erreurs et des travestissements historiques. C’est un discours qui valorise la royauté, l’aristocratie française, le catholicisme. Et qui, par ailleurs, est peu républicain, excluant des étrangers, et laisse peu de place aux femmes.

GL : La vision de l’histoire qui est proposée est très favorable au catholicisme, très conservatrice, traditionaliste sur les rapports de genre. Une lecture qui idéalise la nation française, le peuple français qui aurait toujours été identitaire à travers les âges. On retrouve les ingrédients d’un discours antimoderne, anti-Lumières, contre-révolutionnaire, anti-intellectualiste. Ce sont des discours qu’on trouvait déjà dans la droite conservatrice contre-révolutionnaire catholique de la fin XIXe siècle et dans le discours anti-intellectualiste des anti-dreyfusard.

La construction du roman national au Puy du Fou va jusqu’aux animaux présentés dans le parc…

GL : Il y a cette idée de conservatoire des races anciennes, le parc serait une sorte de refuge pour ces races (vaches, volailles, ânes) qui sont en fait totalement fantasmées, elles ont été inventées assez tardivement en réalité. Il y a un phénomène qu’on appelle l’invention de la tradition chez les historiens, je crois que le concept est assez parlant. On invente une tradition en disant qu’il y a des choses qui ont existé de tout temps alors qu’en réalité ce sont des re-créations relativement récentes et qui permettent de créer une fausse continuité entre des phénomènes historiques.

En plus des erreurs historiques, des périodes de l’histoire sont absentes du parc.

ML : Sur la période du XIXème siècle notamment, tout le mouvement ouvrier est complètement absent. En même temps, les autorités républicaines sont moquées, parce qu’elles sont soit complètement saoules, soit inefficaces. Il y a une critique très nette de la République, et en même temps une absence totale de réflexion sur cette modernité de la fin du siècle qui est juste présente sous la forme d’un vélo qui rouille dans un coin du village 1900. Mais la modernité sociale, le féminisme, le mouvement ouvrier, la politisation des classes populaires, tout ça est absolument absent.

Le parc se défend régulièrement de ces erreurs, contre-vérités et absences en disant que le but n’est pas d’instruire mais de présenter un divertissement. Qu’en dites-vous ?

ML : C’est souvent comme ça qu’ils répondent aux critiques qui peuvent être faites, par des visiteurs sur TripAdvisor ou dans les médias. Mais dans beaucoup d’interviews, De Villiers, lui, assume le fait que c’est de l’histoire. Le slogan du parc sur les affiches dans le métro c’est : « L’histoire vous attend ». Par ailleurs dans le parc, à aucun endroit il est indiqué : « Attention ce que vous allez voir est de la fiction ». Et, pire, dans les boutiques sont proposés des supports pédagogiques à destination des enfants qui reprennent les mêmes erreurs. On cite dans le livre le support sur les Romains, qui indique par exemple que César était empereur au moment d’envahir la Gaule, alors que c’est faux ! Si un élève reprend ça en cours il aura une mauvaise note.

Vous vous interrogez sur ce que les spectateurs retiennent de ces spectacles.

GL : Si on connaît un peu l’histoire de France quand on est Français, on peut à peu près se repérer. Mais qu’est-ce que les visiteurs étrangers retirent de spectacles qui sont aussi peu pédagogiques. Vous êtes plongés dans des schémas narratifs simples, qui marchent je pense, qui captent l’attention du public : il y a le blanc, le noir, les gentils, les méchants. On parle d’une histoire rassurante, il y a une volonté de surtout ne pas bousculer des représentations déjà structurées, notamment par l’école. Le discours n’est pas là pour instruire, pour surprendre, pour faire voir les choses sous un nouvel angle, il est là pour confirmer des idées reçues en permanence, et avec des récits qui suivent la trame narrative classique qu’on connaît.

À la fin du livre, vous vous amusez à imaginer des spectacles qui colleraient davantage à l’histoire. Peut-on envisager un contre-Puy du Fou ?

ML : Effectivement, il y a la possibilité – pas forcément de faire un contre-Puy du Fou – mais de faire un parc avec des spectacles et des décors, parce que c’est très réussi et très jouissif. Mais un parc qui transmette des connaissances scientifiquement établies et qui permettent de comprendre les sociétés du passé et les régimes du passé, qui ne soit pas au service d’une lecture à la fois erronée et politiquement orientée de ce passé.

GL : Il y avait la volonté de ne pas critiquer sans rien proposer. On trouvait ça assez divertissant de se dire ce qu’on ferait si on avait les moyens du Puy du Fou. Moi ça m’intéressait surtout de sortir du carcan nationaliste, en proposant un spectacle qui contiendrait les circulations transculturelles et géographiques au tout début de la modernité. C’était sur le premier russe converti à l’islam qui est parti en Perse, en Inde. C’est une manière aussi de montrer que les identités culturelles et religieuses pouvaient être beaucoup moins fixes que l’on se l’imagine et que la version proposée par le Puy du Fou.




Lien : https://www.streetpress.com/..
Commenter  J’apprécie          150
Le Puy-du-Faux

J’ai un avis mitigé quant à la pertinence de ce bouquin.

En effet personne n’est assez naïf pour penser que la rigueur historique soit la priorité de Ph. de Villiers au Puy-du-Fou. Il est certain que l’image d’Épinal, la France poussiéreuse, manichéenne et figée que de Villiers montre là-bas n’existe que dans la tête de quelques traditionalistes de droite. Il est évident que ce parc d’attraction n’est qu’une entreprise à faire du fric comme le sont Mickey-Land et compagnie (p. 142 : L’esprit nationaliste s’arrête souvent où commencent les intérêts commerciaux). Il est clair que nous sommes ici, comme chez S. Bern, L. Deutsch ou C. Bravo dans la société du spectacle ; Or l’Histoire est une science, une science humaine certes, et donc sujette à nuances et à interprétations, mais une science avec ses techniques, sa rigueur et ses autorités. Alors pourquoi sept chapitres pour nous dire ces lieux-communs, quand cela peut tenir en quatre phrases ? Le positif dans ces chapitres c’est, néanmoins, à la fin de chacun d’eux, le paragraphe intitulé « Pour en savoir plus » qui liste quelques ouvrages de références.

Là où les deux autrices et les deux auteurs deviennent réellement pertinent.e.s, c’est à la conclusion et plus encore dans l’épilogue, lorsqu’elles et ils proposent plusieurs scénarios possibles, respectant les sources historiques et la pédagogie tout en gardant un aspect spectaculaire. À mon sens, cette partie du livre aurait dû être plus développée au détriment des premiers chapitres, tissés de poncifs et donc d’un moindre intérêt.

Mais bon, ce n’est pas nous qui referons l’Histoire. Allez, salut.

Commenter  J’apprécie          140
Kaamelott : Un livre d'histoire

Kaamelott est une série que j’ai appréciée dès ses débuts même si certains personnages pouvaient parfois me lasser (Karadoc) et même si je n’avais jusque là pas vraiment pris la mesure des qualités du VIeme et dernier livre (saison). Je n’ai jamais douté du génie d’Alexandre Astier mais ce livre rappelle à quel point la série est riche et complexe.



Faisant suite à un colloque, cette publication rassemble les articles d’universitaires spécialistes de leurs domaines : littérature, histoire, politique, art, musique… Chacun décortique un aspect de la série et nous prouve – chacun est libre d’être d’accord ou non avec les interprétations offertes – que derrière l’humour de Kaamelott se cache une brillante connaissance de la matière de Bretagne et du monde médiéval.



Le Moyen Age est une période tantôt adorée, tantôt détestée. Quelques idées reçues continuent d’alimenter l’imaginaire commun : temps sombres, violence, superstitions qui dictaient le quotidien… Mais c’est oublié que le Moyen Age court, grossièrement, du Ve au XVe siècle. Autant dire qu’un gouffre sépare les premières années du Haut Moyen Age (les Mérovingiens et consort) du déclin du Bas Moyen Age (aux prémisses de la Renaissance) et qu’en dix siècles, il s’en est passé des choses. Où se situe la légende arthurienne dans tout ça ? Mais avant toute chose, parlons plutôt des légendes arthuriennes car depuis tout ce temps, bien nombreuses sont les versions parvenues jusqu’à nous.

Historiquement, il semblerait qu’un roi Arthur ait existé, justement à ce moment charnière de la chute de l’empire romain et de l’entrée dans le Moyen Age (donc vers le Ve siècle). C’est d’ailleurs cette version historique qui semble être prise pour base par Alexandre Astier. Oui mais alors, pourquoi des anachronismes telles que des armures dignes des chevaliers du XVe siècle, pourquoi des casques à cornes pour les vikings alors que cet attribut visuel n’apparaît qu’au XIXe siècle chez les romantiques ? Parce qu’Alexandre Astier créé ainsi un Moyen Age atemporel et mythique, utilisant pour cela des codes visuels connus de tous. Et c’est un peu la force de la série : rassembler un très large public. Des connaisseurs médiévistes aux complets novices ayant à peine entendu parler du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table Ronde, tout le monde s’y retrouve. Certains rient plus que d’autres, certains repèrent des indices littéraires, d’autres de notre pop culture (Star Wars par exemple)… Alexandre Astier rassemble. Comme Arthur finalement.



La série aurait pu suivre le chemin tracé par les autres productions cinématographiques sur le sujet et l’époque, un Moyen Age certes mythique mais surtout teinté de fantasy. Non et c’est là aussi la force du réalisateur, les saynètes nous parlent du quotidien des chevaliers et de leur entourage. Elles nous parlent de problèmes de gestion de stocks de nourriture, de paris illégaux, d’armure oubliée, de capture d’anguilles, de pâte d’amande, de chefs barbares incompréhensibles… elles s’attachent à la chair et au corps, au physique, au terrestre. Elle est loin la quête du Graal spirituelle.

Et si des créatures merveilleuses semblent faire partie de l’univers de Kaamelott, jamais elles ne sont montrées et elles ne semblent d’ailleurs pas si merveilleuses que ça. Ce qui compte encore une fois à l’image, ce sont les visages des personnages, leurs réactions souvent bien médiocres.



Si les figures de la matière de Bretagne ont souvent été mises en scène dans la littérature et le cinéma, elles n’ont sans doute jamais été observé de si prêt et dans une telle intimité, sans filtre, dans l’authenticité du quotidien.

Ici, quelques articles reviennent sur certains personnages secondaires un peu malmenés, il en ressort que, sous leur aspect ridicule, ils possèdent des rôles clefs et ont gagné, grâce à Alexandre Astier, une belle évolution au fil de la série.

Perceval avait par exemple tendance à me gonfler au fil des épisodes (notamment dans son duo avec Karadoc) mais le redécouvrir comme la figure du ménestrel romanesque me réconcilie largement avec lui. Je n’y avais jamais songé mais oui, c’est évident. Il rassemble toutes les fonctions de ce personnage indispensable à la littérature médiévale (et que l’on retrouve d’ailleurs dans la figure du Fou dans la saga L’Assassin royal de Robin Hobb) : il distrait la cour, créé la surprise, aide Arthur (le héros) dans sa vie affective et se retrouve prophète (accidentel pour Perceval) en montrant la vérité aux Hommes.

Guenièvre et Merlin sont eux aussi traités par les spécialistes et les propos de ceux-ci me confortent dans ma tendresse pour ces deux personnages. La première n’est peut-être pas tant une gourdasse que ça et le second incarne une dualité difficile à vivre : le druide lié à la nature versus l’enchanteur de la cour.



Vous l’aurez compris, j’ai pris grand plaisir à la lecture de cette publication (retrouver quelques citations issues de certains épisodes m’a parfois tiré quelques éclats de rire !). L’ensemble est assez abordable. Il faut malgré tout avoir déjà connaissance de la série Kaamelott et également quelques éléments de la matière de Bretagne en tête sinon, vous risquez de trouver quelques articles un brin obscurs. Il s’agit à la base d’un colloque universitaire et donc des propos de spécialistes dans divers domaines. La lecture demande alors un minimum de concentration et d’implication.

De mon côté, je compte bien me replonger au plus vite dans la matière de Bretagne… et dans quelques épisodes offerts par Alexandre Astier. En commençant par La Quinte juste, sans doute un de mes préférés.
Lien : http://bazardelalitterature...
Commenter  J’apprécie          100
Le Puy-du-Faux

Accuser le Puy du Fou d'être faux historiquement est une bêtise. Bien sûr qu'un saints n'est pas revenu à la vie pour mettre fin à un raid viking, bien sûr que les chevaliers ne se déplaçaient pas verticalement sur les murs d'un donjon qui bougeait tout seul et crâchait des flammes. Et je ne parle même pas du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde... Bref, les spectacles du Puy du Fou sont des contes, pas des récits historiques. Ce livre n'a rien d'intéressant à apporter pour la plupart des personnes, et intéressera seulement les gens déjà partisans de l'idéologie dégageant de ce livre ( le tout-politique ).
Commenter  J’apprécie          90
Le Puy-du-Faux

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce livre fait parler de lui. Depuis quelques semaines, mes fils d'actualité font apparaître des articles - souvent très critiques, pas toujours très approfondis - sur la sortie de ce livre co-rédigés par 4 historiens/historiennes. Il n'y a qu'à consulter la page de la Fnac pour constater que la guerre fait rage autour de cet ouvrage : autant de critiques très négatives que de critiques élogieuses, autant d'avis favorables et défavorables sur chacune des critiques... L'objet de toutes ces polémiques : le parc du Puy du Fou. Célèbre parc situé en Vendée, accueillant quelques 2 millions de visiteurs chaque année, cela fait déjà plusieurs années qu'il est régulièrement la cible de critiques de la part des historiens qui dénoncent une vision biaisée de l'Histoire, vision très largement impulsée par le créateur du parc, Philippe de Villiers.



Avant toute chose, je tiens à préciser que j'apprécie énormément ce parc. Ce qui a donné lieu à quelques joutes verbales avec mon conjoint qui, historien d'études, a également un regard critique sur le parc. Comme beaucoup de personnes, je ne comprenais pas ce qu'on venait reprocher au Puy du Fou : à mon sens, il s'agit principalement d'un parc de divertissement, pas un parc de reconstitution historique. Mes souvenirs des spectacles se résumaient purement à un aspect "divertissement" et à aucun moment je n'ai pensé que ce que je voyais était historiquement avérée. Et je le pense toujours.



Malgré cela, j'étais très intéressée par la lecture de ce livre. D'une part parce que j'estime que pour en faire une critique, il faut en avoir pris connaissance, et d'autre part car je me demandais : mais que diable ont-ils contre le parc ? (et puis, un peu de prise de recul et de remise en question ne fait de mal à personne).



Le livre est bien construit : chaque chapitre aborde une thématique étudiée par les auteurs : la place des femmes, de la religion, du roi...Les auteurs ont réalisé un travail assez minutieux et documenté : chaque fin de chapitre indique les sources sur lesquelles ils ont appuyé leurs travaux (un vrai travail de scientifique universitaire). Le but n'est pas de montrer chacune des incohérences et des anachronismes du parc (et il y en a...), mais surtout de montrer que, de manière plus au moins subliminal, le parc fait transparaître une vision très biaisée (comprendre phallocrate/royaliste/catholique) de l'Histoire de France. Les auteurs dénoncent ainsi que sous couvert de divertissement, le parc participe à diffuser un message politique clairement orienté : les révolutionnaires républicains passant pour des brutes sanguinaires, le roi Louis XVI qui passe pour un martyr, les chrétiens romains jetés aux lions, la conversion des méchants vikings à la foi catholique..



Au terme de ma lecture, je dois donc bien admettre qu'en effet, quand on met bout à bout autant d'éléments, on ne peut que reconnaître la vision biaisée qui est donnée dans le parc. Mais je m'interroge malgré tout sur un point qui, à mon sens, manque au livre : quelle perception en ont vraiment les spectateurs une fois qu'ils sortent du parc ? ont-ils vraiment eu conscience de cette vision orientée ? ou sont-ils plutôt repartis avec comme souvenirs de superbes courses de chars, de palpitants combats, de la féerie d'une multitude d'oiseaux en plein vol... ? (ce qui était clairement mon cas). J'aurais aimé que le livre aille plus loin là-dessus et ne se contente pas de donner une "vision d'historien".



Au final, j'en retiens que les auteurs ne cherchent pas à empêcher les gens d'aller au parc mais plutôt de donner les clés aux lecteurs pour ne pas tout prendre pour argent comptant et de prendre la distance nécessaire avec ce qui nous est raconté. Dans l'épilogue, les 4 historiens se sont même prêtes au jeu d'imaginer des spectacles mêlant véracité historique et divertissement. De quoi donner des idées pour les prochains spectacles ? (on peut toujours rêver...).
Commenter  J’apprécie          91
Kaamelott : Un livre d'histoire

Encore un beau travail collectif des Éditions Vendémiaires que Kaamelott : un livre d'histoire. Ce format de travail collectif est pertinent, s'agissant de la multiplicité des thématiques abordables au regard du contenu offert par la série Kaamelott.



Ici, il s'agit moins de pluridisciplinarité que de sujets d'études historiques variés. L'ouvrage discute par exemple de la façon dont la dracoctonie, ou le combat du héros contre le dragon, est représentée dans la série ou de la réécriture des personnages de Guenièvre ou de Merlin. La géographie et L Histoire ont une belle part aussi dans les chapitres sur la Rome Antique ou sur ce que dit la série du Royaume de Logres en tant qu'espace insulaire.



Les amoureux de "Croc' messieurs", de quinte juste et de sloubi seront heureux de découvrir l'envers historique de la série sur des aspects aussi triviaux de la série.



Quelques petites confusions ou erreurs par-ci, par-là, mais il n'y a rien de bien choquant. Une petite interrogation de ma part néanmoins : ça se sent que les chercheurs impliqués témoignent d'un grand respect pour l'oeuvre d'Alexandre Astier (et je les aime rien pour ça), est-ce que ça n'inhibe pas aussi leur esprit critique à l'égard des erreurs que ce génie a pu faire dans sa création ?
Commenter  J’apprécie          70
Le Puy-du-Faux

Quatre historiens partent en expédition au Puy du Fou. Pendant plusieurs jours, ils assistent à tous les spectacles, rencontrent les artisans, visitent les boutiques. Leur objectif est de découvrir, au-delà des caractéristiques techniques et des prouesses technologiques de toutes les attractions, la conception de l'Histoire que ce Parc veut promouvoir.

Ils accomplissent cette démarche d'une manière scientifique, mais sans surprise, ils montrent que la vision puyfolienne de l'Histoire est orientée et partielle. Ne souhaitant pas s'arrêter à ce constat, ils proposent des scénarios qui, en s'appuyant sur le savoir-faire du Parc, permettraient d'offrir une vision plus conforme à la réalité historique.

Sans doute que les spectateurs du Puy-du-Fou y vont essentiellement pour se divertir et que cette analyse ne les intéresse pas. Cependant, ils auront peut-être été imprégnés d'une certaine idéologie, même sans s'en rendre compte !

Commenter  J’apprécie          60
Le Puy-du-Faux

Je vais me faire l'avocat du diable, mais je trouve cette étude un tantinet réductrice pour le simple spectateur qui sait ce qu'il est venu voir, c'est-à-dire un simple spectacle. Dès lors que le spectateur entre dans un parc d'attraction, il sait qu'il est dans un monde imaginaire dans lequel chacun joue un rôle. Car c'est ce qu'il recherche en entrant dans un parc. Comme il le fait lorsqu'il regarde un film ou lorsqu'il lit un roman.

La couverture peut nous donner un aperçu de l'objectivité de l'étude. Sur fond bleu roi (couleur de la monarchie, tant décriée par ces historiens) on y voit un chevalier agressif (stéréotypé) sur le point d'attaquer. Dès lors, la thèse est lancée (tel un coup d’épée que le chevalier est sur le point d’infliger… à son lecteur ?) il faudra contredire la vision romancée du concepteur du parc. Tous les coups sont-ils permis ? À n'en pas douté car tout y passe.

Je ne reviens pas sur les différents points développés dans l'ouvrage. Ce que je pourrais reprocher aux historiens est de surfer sur l'énorme succès du parc. Comme ils le rappellent très justement, ce parc accueille plusieurs milliers de visiteurs par an. Si donc ce livre fait parler de lui, alors, les bénéfices engendrés peuvent dépasser largement tous les ouvrages d'histoire que pourraient écrire (avec bien plus d'efforts) chacun de ces historiens. Je n'ai d'ailleurs pas trouver à combien s'élève le nombre de ventes de ce livre dans lequel le spectateur est infantilisé et incapable de faire la part entre le réel et l'imaginaire. J'ose espérer qu'il est moins naïf que ce que cet ouvrage tente de le supposer.

Ce parc peut faire penser à ce que fait, depuis 40 ans aussi, la compagnie Ironman pour les sportifs qui souhaiteraient s’immerger dans la peau d’un grand champion. Tout y fait pour rendre cette expérience la plus crédible possible. Drapeau sur le dossard, médaille, public, podium, photographes, tout y est. Et on y croit ! Or nous savons tous que tout n’est que mise en scène et que nous ne sommes des champions que pour nos proches et que l’exploit que nous avons accompli n’en est pas vraiment un, que nous n’aurons nulle part notre nom sur un quelconque journal.

Il en est de même pour le parc du Puy du fou. Le spectateur, quelque soit son niveau d’étude ou sa crédulité en histoire, endosse, en entrant, un habit et évolue dans un univers imaginaire. Cet univers est fait des stéréotypes de notre histoire nationale. Et tant pis cet univers est imparfait car l’objectif n’est pas de donner une leçon d’histoire mais de provoquer l’émerveillement.

En dernière lecture, les auteurs de l’ouvrage proposent eux aussi un parc qui correspondrait à leurs attentes. Puisque leur principale obsession est de relever les moindres erreurs historiques (en effet, Clovis n’a pas connu la caroline) alors rappelons que Suger n’a jamais pu écrire en français (p.166) car ce dernier s’est imposé que bien plus tard. Mais nous ne leur en tiendrons pas rigueur.

Commenter  J’apprécie          62
Le Puy-du-Faux

Florian Besson et alii ont parfaitement raison quand ils reprochent à Monsieur de Villiers les nombreuses erreurs qui émaillent les différents spectacles composant la scénographie du Puy du Fou, qui ne présente pas la moindre valeur historique, pas plus que des films comme Gladiator. Il ne s'agit que d'un spectacle qui recherche le sensationnel.

Je suis plus partagé quand ils lui reprochent les orientations politiques qui transparaissent dans ledit spectacle. Villiers est catholique traditionaliste de sensibilité monarchiste. C'est son droit, ainsi que de soutenir une thèse historique conforme à ses orientations à travers son parc. Des historiens reconnus en ont fait autant, tel Claude Quetel dans son "Crois ou meurs". Mais, comme dit plus haut, on peut et doit lui reprocher de la soutenir avec des contre-vérités manifestes qu'il faut dénoncer, même si cela ne servira sans doute pas à grand chose. Les critiques érudites n'ont découragé personne d'aller voir Gladiator ou de lire les inepties de Dan Brown avec le fameux argument (dépourvu de sens) que "ce n'est que du spectacle.

Mais les auteurs du livre sont les premiers (et je le répète, c'est leur droits le plus strict) à soutenir une thèse historique précise, proche de la culture woke: théorie du genre, réévaluations excessives (et parfois contre-factuelle) du rôle des minorités ethniques, religieuses non chrétiennes dans l'histoire de France, influences du néo -feminisme, négation du rôle fondateur de la religion chrétienne..Dans ce dernier domaine, j'ai d'ailleurs relevé une erreur qui m'a surpris au sujet d'usages sexués de la faucille et de la faux : contrairement à ce que disent les auteurs, la faucille était employée aussi bien par les hommes que par les femmes (voir l'iconographie d'époque et, par exemple,les écrits de Braudel, bien qu'il ait été un mâle blanc cisgenre.. :) ) et la différence entre ces deux outils résidait dans leur usage, la faucille étant plutôt employée pour la moisson pour des raisons techniques et la faux pour la fenaison.

Comme un certain nombre d'historiens contemporains (pas tous) les auteurs se posent en de constructeurs du roman national, par eux défini comme idéologique; ils n'ont pas tort mais leur contre -recit l'est tout autant.

On connaît la formule de Clemenceau sur l'histoire de France : ,"je prends tout, du Baptême de Clovis au Comité de Salut Public"

Elle est bonne à méditer
Commenter  J’apprécie          50
Le Puy-du-Faux

Aujourd’hui je vais évoquer Le Puy du Faux essai de quatre historiens. Ils font le récit d’une recherche de terrain sur un lieu singulier. Le titre est un jeu de mots sur le parc d’attraction (historique) du Puy du Fou en Vendée créé par Philippe de Villiers, il y a quatre décennies. Le sous-titre est Enquête sur un parc qui déforme l’Histoire.

En août 2021, les professeurs ont passé trois jours sur place à assister à toutes les attractions, à lire tous les panneaux, à arpenter les allées des librairies du site, à voir les spectacles et à dîner et loger dans le parc. Ils sont venus avec des intentions louables : comprendre le succès du lieu et vérifier le contenu historique de ce qui est présenté. Chacun est spécialiste d’une période différente. Rapidement ils s’interrogent sur la qualification réelle du Puy du Fou : est-ce un endroit de divertissement ou plutôt le lieu du martèlement d’un discours politique sur l’histoire ? Ils insistent sur le fait que : « l’histoire du Puy du Fou est sans conteste celle d’une réussite. Plus de quarante ans après sa création, le parc est passé du statut de microcosme du traditionalisme vendéen à celui de centre de tourisme international. » Le succès est indéniable, le nombre annuel de visiteurs est important et témoigne de l’attrait de cette façon de raconter l’histoire au public. Mais les auteurs, armés des méthodes historiques les plus réputées (archives, chronologie, etc.), vont s’efforcer de confronter les discours à la connaissance savante. Force est de constater qu’il existe un réel écart entre les deux. Le Puy du Fou est une caisse de résonance formidable pour véhiculer les idées traditionnalistes et catholiques chères au fondateur du parc. Et ceci au mépris de certaines vérités historiques, en adaptant les dates, en passant sous silence certains faits. Les exemples sont nombreux, les auteurs les explicitent. Ils sont particulièrement attentifs à la documentation pédagogique qui est censée accompagner les visites scolaires. Preuves à l’appui ils montrent les intentions cachées de l’entreprise pseudo historique. En effet il appert que : « l’objectif des spectacles n’est jamais de présenter une vision à jour des connaissances historiques sur telle période, tel phénomène (les raids vikings, par exemple) ou tel personnage, mais au contraire de réutiliser le plus possible des images anciennes, qui se sont petit à petit figées dans les imaginaires individuels et collectifs et que le Puy du Fou contribue activement à enraciner. » Le Puy du Fou est une véritable industrie avec de nombreux spectacle et la Cinéscénie centrale qui mettent en exergue des moments clés de l’histoire de France. Les moyens visuels et pyrotechniques sont séduisants. Et pourtant : « le passé est perpétuellement idéalisé et mis en contraste avec les ravages des temps modernes, de l’industrialisation, de la mondialisation. (...). Le Puy du Fou est amené à délivrer un discours qui valorise l’immobilité sociale. (...). En n’utilisant que quelques noms appartenant à une très mince fourchette chronologique, les références littéraires et artistiques convoquées par le parc renforcent finalement l’idéalisation de la monarchie ; le temps des rois apparait comme une période magnifique, glorieuse. (...) De l’an mil aux marins de Lapérouse, tout concourt à glorifier du même geste le pays et la nation : le tout dans des visions terriblement datées sur le plan historiographique. » En guise d’épilogue à leur exercice de déconstruction les historiens ne nient pas l’intérêt d’un tel parc avec les mises en scènes proposées et les fabuleux spectacles éblouissants. Simplement pour les périodes qu’ils ont étudiées ils proposent des alternatives avec des textes plus vrais qui tout en respectant l’esprit de loisir permettraient de transmettre des savoirs actualisés et non parasités par les idées personnelles de Philippe de Villiers et ses acolytes. Car comme ils l’affirment : « ce qu’on trouve au parc, ce n’est pas de l’histoire, mais le rêve d’un passé immobile, figé sur tous les plans. »

Le Puy du Faux est un essai passionnant qui se lit avec facilité. Certes l’enquête se révèle peu flatteuse pour le contenu historique présenté au Puy du Fou mais cette démarche est nécessaire pour mettre en garde le public contre le discours politiquement orienté qui est mis en exergue.

Voilà, je vous ai donc parlé du Puy du Faux de Florian Besson, Mathilde Larrère, Guillaume Lancereau et Pauline Ducret paru aux éditions Les Arènes.


Lien : http://culture-tout-azimut.o..
Commenter  J’apprécie          40
Kaamelott : Un livre d'histoire

Sachant que je suis, comme beaucoup, fan de la série Kaamelott, un couple d'amis m'a offert ce bouquin que je ne connaissais pas et dont nous avions longuement parlé lors d'une précédente rencontre excitant ma curiosité.



Pour ceux qui n'ont pas suivi ou pas adhéré à l'épopée du Roi Arthur et de ses piètres chevaliers à la mode Alexandre Astier, inutile d'ouvrir ce livre, mais il n'est jamais trop tard.



Pour les autres, je ne peux que conseiller de se plonger dans ce véritable Codex de l'Histoire et de la légende arthurienne étayée par de nombreux écrits modernes comme anciens. L'aventure a débuté par un colloque à la Sorbonne en mars 2017, présenté par des universitaires spécialisés dans un domaine de prédilection : littérature, histoire, politique, art, musique….etc.



Les deux jeunes universitaires, Florian Besson et Justine Breton, ont repris des éléments de conférences pour en faire un livre à la portée de tous. Chaque conférencier a son chapitre traitant d'un sujet précis. Par exemple : Perceval ou le malentendu chevaleresque, Guenièvre, reine de Logres, Combattre le dragon dans Kaamelott ... Au milieu du rappel des périodes historiques de référence, Moyen âge et Empire romain, pas du tout contemporains l'un de l'autre, fusent quelques répliques ou des dialogues de la série dont certains devenus cultes comme "C'est pas faux !", "L'est où la poulette ?", "Non, moi je crois qu'il faut que vous arrêtiez d'essayer de dire des trucs. Ça vous fatigue déjà, et pour les autres, vous vous rendez pas compte de ce que c'est. Moi, quand vous faîtes ça, ça me fout une angoisse ! Je pourrais vous tuer, je crois ... De chagrin, hein."



L'humour décalé d'Alexandre Astier allié à ses connaissances explique le succès de cette série évidemment, mais il est judicieux de se demander comment le public a pu être autant séduit par une légende si éloignée de notre époque ... Loin des questions pouvant paraître rébarbatives de la géopolitique du Moyen Âge émaillée par les guerres, la série présente le quotidien des personnages et de leur entourage dans un décalage permanent d'époques comme le langage des plus actuels qui conduit fréquemment le spectateur à l'hilarité.



Cette série est riche et complexe malgré le choix du format, environ 3 minutes par épisode. Justement, le peu de temps accordé à chaque sujet permet à l'auteur d'aller droit au but ! Que l'on soit d'accord ou non à l'interprétation qu'Alexandre Astier donne à la légende arthurienne, on ne peut émettre de doute sur sa connaissance sans faille du monde médiéval et du royaume de Bretagne en particulier.



Pourtant, ce n'est pas un traité sur l'histoire, plusieurs époques sont mélangées sans états d'âme, du Bas Moyen Âge où la grandeur de Rome s'étendait de l'Occident à l'Orient, au Haut Moyen Âge, prémices de la Renaissance donc pas moins d'une dizaine de siècles. Mais qu'importe, même si Alexandre Astier crée un Moyen Âge atemporel, il joue avec les connaissances, même minimes, des spectateurs : le roi Arthur, la Quête du Graal, Lancelot, Les chevaliers de la Table Ronde, la Dame du Lac, les Romains… Chacun d'entre nous a vu ou lu quelque chose sur l'un de ces sujets : des BD (Astérix - Uderzo-Goscinny, ... ), des romans de Fantasy (Le seigneur des anneaux - J.R.R.Tolkien, ... ) ou leur traduction cinématographique (Merlin l'enchanteur - W. Disney ... ) qui apportent leur lot de créatures fantastiques (trolls, nains, elfes, dragons ... ). Au sujet de la série Alexandre Astier confie :"Ce n'est pas une histoire, mais un environnement, avec des règles. Une matière où il peut tout se passer, comme dans un jeu de rôle." (Extrait d'entretiens menés dans le cadre de la recherche de l'auteur sur la culture geek.)



En lisant ce livre, j'ai retrouvé avec plaisir les principaux personnages dont les attitudes et le comportement sont des révélateurs bien plus profonds de l'identité humaine que certaines situations comiques laisseraient entrevoir. Ils sont étudiés à la loupe et ont une réelle évolution tout au long de l'aventure. C'est ainsi que, si on ne s'en est pas rendu compte seul, Guenièvre n'est pas aussi "gourdasse" que veut bien le dire sa mère Séli. Avec Mevanwi elle représente l'ambivalence de la même femme, naïve, pure, mais aussi sombre et calculatrice, bien loin du portrait décrit dans les écrits médiévaux. Perceval, paraissant idiot par son manque de compréhension du vocabulaire d'usage et ses bourdes diplomatiques a pourtant des éclairs de lucidité impressionnants. Comme les ménestrels, amuseurs des rois médiévaux, il accède à une relation privilégiée avec Arthur. Merlin, l'enchanteur du roi, est souvent ridiculisé par son manque de réussite de la Magie Blanche, aussi au fur et à mesure que la série avance, on voit sa robe immaculée s'assombrir pour se griser de plus en plus, marquant sa désillusion et son manque de motivation, contrairement à la noirceur de son alter ego Elias.



Sont abordés également les représentations des tenues vestimentaires, des coiffures, la place des repas et festins, les relations politiques avec les envahisseurs et notamment la suprématie puis le déclin de Rome par la présence de Caïus, centurion romain, devenant Kay, paysan breton.



Si tous les acteurs sont magistraux dans leurs toges ou armures bizarres, il faut reconnaître le talent du créateur Alexandre Astier, musicologue de formation, à qui on doit tous les arrangements musicaux. L'épisode de "La quinte juste" est des plus savoureux. Sous un habit d'humour, il dénonce le processus lent et complexe, parfois dangereux (excommunication) qui a permis l'évolution de la musique. Les jeux tiennent aussi une place importante, les combats organisés par le tavernier avec des animaux aussi différents qu'un oiseau hargneux ou un ver trouvé dans son fromage ! Que dire du "Cul de chouette" ou du "Sloubi", jeux aux règles incompréhensibles que Perceval insiste pour apprendre à son entourage. Pour preuve les relances de ce dernier :" Doublette, jeu carré, jeu de piste, jeu gagnant, jeu boulin, jeu jeu, jue jeu, joujou, jou glié, jou ganou, gagnat, catact, tacat, cacatat, cagatcata et ratacac mic. Ou chante Sloubi."



La lecture de ce livre permet de recevoir des clefs pour une compréhension de la série à plusieurs niveaux. Le lecteur est libre de les utiliser ou pas. On comprend que loin de la Quête du Graal traditionnellement traitée avec mysticisme, cette Histoire déclinée par épisode, tout en étant drôle et touchante, est un miroir de nos doutes actuels qui n'ont rien de médiévaux.



La seule réserve que j'émettrai, c’est le nombre de notes de références à la fin de l'ouvrage. Je ne conteste pas leur présence nécessaire pour le respect de la bibliographie généreuse qui a aidé les universitaires conférenciers, mais je déconseille de les lire avec l'avancée de l'ouvrage. Au début, j'ai utilisé deux marques pages, bien vite j'ai abandonné le deuxième, car je n'arrivais pas à trouver mon rythme de lecture. Sachant que la plupart font références d'autres ouvrages ou précisent les épisodes de la série dont sont extraits les citations, j'ai trouvé plus judicieux de lire les notes qui m'intéressaient en fin de chapitre.



Après avoir vu la série plusieurs fois, toujours avec la même jubilation, les épisodes de 45 minutes retraçant la carrière romaine d'Arthur avant son accession au trône de Kaamelott grâce à Excalibur, j'attends que les premières vagues déferlantes de spectateurs soient un peu apaisées pour prendre place face au grand écran.
Commenter  J’apprécie          30
Kaamelott : Un livre d'histoire

Les contributeurs ont mis en regard (Histoire vs Kaamelott) différents thèmes : l’environnement géopolitique ; l’administration du royaume d’Arthur ; les arts ; la vie quotidienne (rapport au corps et au couple, les repas, les vêtements, les distractions). Le tout avec humour parce que le Moyen Âge sinon c’est ch****.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
Commenter  J’apprécie          30
Le Puy-du-Faux

Je suis ressorti assez choqué par cette pseudo enquête. Comment dire ? ce bouquin m'est tombé des mains ! je me disais, comment est-ce possible en 2023 d'écrire ce genre de stupidité, on dirait sorti ça des années de plomb du stalinisme, ou la propagande de la Pravda était reine. Ou alors ? me vint ce questionnement : si ce "bouquin " tiré par les cheveux était un pamphlet "commandé " par les services de l'état pour nuire somme toute à des adversaires politiques ?

Nul n'est assez naïf pour penser que la rigueur historique soit super important pour un parc à thème ! C'est comme les 3 mousquetaires de Dumas, on glorifie un peu l'ancien régime et quoi?, c'est pas la mort non plus que d'aimer l'histoire de son pays? Pourquoi ce procès d'intention ridicule, mais bien orienté ! Ph. De Villiers au Puy-du-Fou. Il est clair que l'image glorieuse de la France d'antant que De Villiers montre là-bas n'existe plus que dans les romans de Dumas et co. Certains traditionalistes de droite la reprennent, et alors?, c'est pour ça qu'on ne devrait pas aller visiter ce parc avec ces enfants ? Loufoque constat d'échec. Il est évident que ce parc d'attraction est aussi une entreprise à faire de l'argent comme le sont Disney-Land ou autres. Se plaint-on de l'image kitch de la France qu'ils renvoient eux? Non. S. Bern, L. Deutsch ou C. Bravo dans la société du spectacle pourquoi plusieurs chapitres pour nous dire ces lieux-communs, rien en fait, que des opinions ! Oui, pour eux, ce parc est un délit d'opinion qui ose décrire aussi la terreur qu'ont vécu sous la révolution des régions mis à sac et pillés par les troupes de la terreur. Et là, on a mis le doigt dessus ! L'état ne veut pas que les enfants justement sachent qu'il n'y avait pas que la gentille Marianne du timbre-poste de la république ! d'où cet acharnement idéologique.

La pédagogie se mue ici en démagogie, tout en gardant un aspect de pseudo enquête ou rien n'est factuel . Aucun témoignage direct, seuls des "ont dit que" avec des opinions biaisées pour orienter le lecteur dans un sens, extrait de journaux à l'appui. Un bouquin tissé de poncifs, sans le moindre intérêt. Oui en effet, ce titre est un puy du faux, celui de son contenu !

Commenter  J’apprécie          20
Une histoire de feu et de sang : Le Moyen A..

Un livre passionnant sur les rapports entre la sage Le Trône de Fer (A Song of Ice and Fire en VO) et son adaptation télévisée Game of Thrones, et le Moyen Âge. A travers cet exemple très connu, les deux médiévistes Florian Besson et Justine Breton abordent la question du médiévisme, c'est-à-dire les représentations contemporaines du Moyen Âge.



Les deux auteurs abordent le sujet à travers plusieurs thématiques dans chacun ses douze chapitres qui composent l'ouvrage : les espaces géographiques, le pouvoir et la politique, la famille, les femmes, la sexualité, la guerre, la chevalerie et ses valeurs, le rapport à l'histoire, etc.



J'ai trouvé cela captivant du début à la fin, avec une approche académique mais intéressante du sujet. J'ai beaucoup appris, à la fois sur le Moyen Âge et ses représentations contemporaines.
Commenter  J’apprécie          20
Kaamelott : Un livre d'histoire

Une analyse vraiment très complète de l’univers de Kaamelott. On y découvre tout ce qui a inspiré Alexandre Astier pour construire son récit et son univers. On se rend compte avec cet ouvrage que Kaamelott n’est pas une simple série télé mais un univers qui a un sens, une construction réfléchie, des références nombreuses… bref, une véritable œuvre artistique.

J’avouerai que je n’ai pas lu en entier le livre. C’est une analyse profonde de l’œuvre, des personnages et des références nombreuses qui donne une lecture certes passionnante mais parfois très (trop) dense.

J’adore Kaamelott, je reconnais son caractère plus complexe qu’il n’y paraît ainsi que le talent d’Alexandre Astier d’avoir créer un univers si vaste et travaillé et cet ouvrage est idéal pour aller plus loin dans la compréhension de la série ; mais, pour ma part, j’ai plus grignoté ce livre mais tous les fans trouveront une lecture au niveau de leur passion pour la série.
Commenter  J’apprécie          20
Kaamelott : Un livre d'histoire

Il s'agit d'un recueil d'articles très intéressants qui analysent différents aspects présents dans la série d'Alexandre Astier ainsi que dans la bande dessinée parfois. Cela démontre la filiation entre Kaamelott et les autres récits arthuriens et la bonne connaissance qu'a l'auteur de ces légendes et œuvres malgré l'apparente légèreté de la série. Beaucoup de choses très pertinentes dans ces analyses je trouve. Par exemple en ce qui concerne la chronologie, évidemment il y a des anachronismes, on voyage dans le temps quand on passe de Rome au Moyen-Âge, ça se passe théoriquement au Ve siècle, mais les armures de plates et l'inquisition (ou le jeu de cartes ...) c'est beaucoup plus tardif, de nombreuses préoccupations des personnages sont très actuelles, etc. Tout cela sert le fantastique et l'intemporalité de la légende.

Une lecture indispensable à tout aficionado d'Astier et de Kaamelott.
Commenter  J’apprécie          20
Kaamelott : Un livre d'histoire

Issu d’un colloque organisé en mars 2017 à la Sorbonne, ce livre est loin d’être une farce. Ceux qui connaissent un peu l’univers d’Alexandre Astier savent fort bien qu’il est passé maître dans l’art d’allier humour et connaissance. Que ma joie demeure et L’Exoconférence, respectivement spectacles nous (r)enseignant sur la musique et l’astrophysique, nous le prouvent également.



C’est pas faux.



Alexandre Astier, en plus d’être drôle, serait donc un érudit (l’inverse marche aussi) ! Car n’en doutons pas, pour surfer sur l’histoire (ou la musique, ou l’astrophysique, ou, ou, ou…) avec humour, cynisme et irrévérence comme il le fait, il faut avoir de solides connaissances.



La suite sur : www.actualitte.com


Lien : https://www.actualitte.com/a..
Commenter  J’apprécie          20
Kaamelott : Un livre d'histoire

Ce livre est né suite à un colloque en 2017. A l’intérieur, plusieurs spécialistes, maîtres de conférences, docteurs et doctorants, sociologues, historiens, musicologues, etc., abordent différents aspects – politique, culturel, artistique, historique… – de la série Kaamelott. Ils et elles se pencheront tour à tour sur Perceval, les moqueries amusées envers les chercheurs, les monstres et le merveilleux, la justice, Guenièvre, Merlin, la civilisation, l’armée et l’occupation romaines, la nourriture, les arts et les jeux…



J’adore Kaamelott (et ça y est, je suis à jour en ayant enfin vu le livre VI !) et j’ai été ravie d’avoir l’opportunité de découvrir cet essai grâce à Babelio et aux éditions Vendémiaire. C’est un ouvrage très éclairant et très agréable à lire – bien que le chapitre sur la musique avec ses histoires d’intervalles, de quintes et d’octaves me soit resté un peu hermétique (mais je dois reconnaître que je suis une quiche en affaires musicales).



Au fil des chapitres éclate le talent d’Alexandre Astier (au cas-où il y aurait encore quelques doutes) pour jouer avec le décalage entre le Moyen-Âge réel et le Moyen-Âge fantasmé tout en détournant des éléments attendus et en insérant des références à notre société actuelle et à ses problématiques. Il se détache des romans médiévaux et s’amuse avec le gouffre entre les attentes, les rêves des spectateurs et une réalité bien plus trivial : un Merlin plutôt mauvais, un rapport assez détaché et peu sacré au Graal – auquel on préfère des objectifs matérialistes et personnels –, des chevaliers bien loin d’avoir les qualités attendues, l’absence totale d’émerveillement de la part des chevaliers pourtant confrontés à des dragons, des gobelins et diverses manifestations magiques…

Ce livre fait le point sur ce que les chercheurs savent de cette époque, ce que le grand public en sait, ce que l’on croit savoir mais qui est faux (souvent des erreurs construites par les représentations des siècles suivants), ce que l’on ne sait pas, ce que l’on imagine ; il remet à plat la chronologie parfois malmenée par une série qui emprunte tant à l’Antiquité qu’au Bas ou au Haut Moyen-Âge ; il explique la construction de certains mythes comme le casque à corne du Viking. Les auteurs et autrices jonglent avec tous ces éléments avec souplesse et clarté.



Kaamelott : un livre d’histoire démontre que, en plus d’être extrêmement drôle, touchante, maligne et addictive, le secret de cette série tient aussi à son intelligence et à son habileté à jouer avec les codes et les connaissances des spectateurs.

Il intéressera les fans de Kaamelott désireux d’en savoir plus sur les ressorts historiques de la série comme les passionnés d’histoire.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
Commenter  J’apprécie          22
Kaamelott : Un livre d'histoire

Passionnant pour tout fan de Kaamelott et pour ceux qui cumulent, comme moi, l'amour de l'Histoire.

Cela donne encore plus envie de se jeter sur un pavé d'Histoire avec la série d'Astier en fond sonore !
Commenter  J’apprécie          20
Le Puy-du-Faux

Éblouis par des spectacles grandioses, ils n’en relèvent pas moins quantité d’erreurs, d’anachronismes, d’approximations, de contre-vérités. Mais le véritable problème réside dans l’idéologie sous-jacente qui irrigue tous les siècles traversés.
Lien : https://www.telerama.fr/deba..
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Florian Besson (151)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Cid (Corneille)

Que signifie "Le Cid" en arabe ?

le seigneur
le voleur
le meurtrier

10 questions
835 lecteurs ont répondu
Thèmes : théâtreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}