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Citations de Françoise Lefèvre (255)


Les gens aiment à dire n’importe quoi d’inquiétant, de vaguement dégoûtant pourvu que cela s’en aille nourrir une rumeur. - 25
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Il y a longtemps que j' essaie de fusiller en moi l'écoeurant désir d'être aimée. Je voudrais appartenir à l' univers, ne pas être condamnée à ce misérable désir, je hais tous ces élans nouveaux, ces jeux amoureux et faciles, ces eaux troubles. Je veux aimer dans la pierre. Dans l'acier. Pas sûr du sable fin.
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C'est peut-être cela la liberté: choisir ses contraintes.
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C'était l'hiver 1971. La chambre était glacée. II n'y avait pas de chauffage. Pas d'eau. Pas d'éclairage J'allumai une bougie. Depuis, j'ai découvert ce qu'était la présence d'une flamme dans un lieu désolé. Des taches de lumière qui dansent comme des volubilis, enchantant les murs. C'était un signe des enfants. La promesse de leur retour. Les chansons. Les manèges. Les contes lus, le soir. Les rires. Les fous rires. Les cornets de glace sur le trottoir. Leurs mains enfin dans la mienne.
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Je ne te laisse jamais construire ta tour infernale. Je ne te laisse jamais t'y enfermer. J'en sape la base immédiatement. Je n'ai pas lu d'ouvrages sur l'autisme. Mon instinct me dit NON. Je sens leurs auteurs pessimistes. Défaitistes. Je ne veux pas qu'ils entament ma belle foi. Ma rage de vaincre. Je ne veux pas que tu sois un cas parmi d'autres, car pour moi tu es UNIQUE.
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Mais le jour où jai compris que tu étais enfermé dans cette folie muette qu'est l'autisme, j'ai aussi compris que ce serait à moi de ten tirer. Dabord parce que j'ai ressenti l'urgence de nous sauver comme si une vague déferlante nous arrivait dessus. Ensuite parce qu'il faut être sur le terrain, rien que sur le terrain. Il faut aussi se sentir capable de TOUT abandonner. Enfin, pas une seconde je n'ai eu peur. Pas une seconde, je n'ai pensé que j'échouerais.
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Dans ces journées d'ecrivain, si peu joyeuses, tout me ramène à une vie antérieure où je n'ai jamais l'impression d'avoir été jeune. J'exhume des souvenirs dont je suis pour ainsi dire absente tant ils semblent s'être déroulés à mon insu. Je renoue avec les charmes d'un conte qui a passé. Est-ce cela vieillir? Même dans ma petite enfance, je ne me souviens d'aucun moment léger, ni de réelle insouciance. Tout pesait gravement. Le temps s'enfuyait. Alors, dans la crainte de ne plus les revoir, je faisais des serments aux arbres, à la maison, au vent, à la nuit. Et à voix basse :- Je reviendrai... je reviendrai. Tout prendre dans mes bras. Tout garder. Tout contenir. À qui dire ? À qui rapporter ? Avec qui partager l'air trop doux, l'odeur funèbre des marguerites, l'echo des trains que j'associe déjà à l'idée d'éloignement. De séparation. Comment contenir tout cela ?
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Un autre récit m'interpelle, celui de La Petite Marchande d'allumettes. J'ai vécu la violence de cet abandon. Quand la vie frappe trop fort. Quand la chance vous quitte. Quand ceux qu'on a aimés ne vous reconnaissent plus. Comme elle, je me suis retrouvée sur un trottoir de neige. Je n'ai pas eu sa malchance. Je ne suis pas morte de froid, mais éter- nellement je garderai en mémoire la morsure du gel, ce sentiment d'abandon. Mais je garderai aussi l'espoir fou de ne jamais voir s'éteindre l'étincelle de la dernière allumette. Est-ce pour cette raison que j'ai été attentive aux choses de l'amour, à entretenir ce feu de chaque jour qui ne souttre pas la médiocrité, les fautes d'attention ? Aujourd'hui, il s'agit de reprendre ma vie, ramasser trois morceaux de bois et m'obliger à faire un feu pour moi seule. M'obliger à ne pas mourir de froid.
A lutter.
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Donner sa langue à couper
Perdre ses mots

J'ai été transformée en écume de mer avec La Petite Sirène pour avoir très imprudemment donné ma langue à couper en gage d'amour. Ma langue, je le comprends seulement maintenant, c'est ma voix. Et ma voix, c'est mon écriture. Il s'agit d'un gage d'amour. J'abandonne ma voix pour tenir une promesse. Donner la priorité à l'amour. Aux enfants. Aux urgences de la vie qui laminent toujours l'écriture. Oui, chaque fois que j'ai aimé, jai abandonné ma voix. Tant d'autres choses vous occupent et vous exaltent dans l'amour, qu'écrire apparait comme un acte contre nature.

Une activité taciturne.
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Elle savait que cette désaffection naissante pour les arbres, les êtres, la parole échangée, cette insidieuse anesthésie de tout son être, était le signe d'un certain détachement. L'éloignement de la vie chaude, exaltée, émerveillée, celle où l'on rit de bonheur sous un cerisier en fleurs. Où l'on títube de joie, simplement en regardant le ciel.

Elle sentait qu'elle abordait un long exil en elle même, déportée vers un pays glacé, une sorte de Sibérie de l'âme.

Tout son être commençait à geler.
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Bien sûr que tout a changé. A commencer par toi. Et si plus rien n'est comme avant, c'est que tu as peut-être perdu, toi aussi, beaucoup de ton insouciance...
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Tu ne trouves pas que l'automne, parfois, ça sent les vieilles clefs ?
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André Hardellet s'immobilisait face à des pans de vieux immeubles qui semblaient les vestiges d'une ville bombardée. Longtemps il contemplait sur les murs intérieurs encore debout ce qui restait des salles à manger, salles de bains, chambres à coucher. Intimité soudainemernt dévoilée aux regards des passants. Sur six étages, c'était un étrange assemblage, patchwork de papiers peints aux motifs désuets où se mêlaient pois de senteur, roses entrelacées. A certains endroits, des marques plus claires laissaient deviner la place autrefois occupée par un lit, une armoire, une horloge, une baignoire, un miroir, la chemi-née. Le tout maintenant écroulé dans les décombres. Avec la régularité d'un métronome, un engin muni d'un poids monstrueux pendulant au bout d'un filin frappait les dernières cloisons qui jusque-là avaient résisté. L'immeuble cédait alors d'un coup. Dans le fracas et la poussière des gravats nous assistions à la fin d'un monde. Les mains appuyées sur la rambarde de sécurité qui entourait le chantier, André Hardellet ne disait rien. Juste, il soulevait les épaules en signe de lassitude ou de fatalité...
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Le plus merveilleux, c’est de t’allaiter adossée contre un arbre. Sentir ce jaillissement qui s’en va te fortifier. Le plus fabuleux c’est d’être un corps à manger, un corps nourrissant. Cette fuite du lait vers ta bouche adorable et vorace, c’est aussi la fuite du temps. Alors, je reste là, en pleine détresse, en pleine lumière, sachant bien que c’est aujourd’hui, l’éternité.

p. 21
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Je me demandai bien où il était allé par cette nuit tiède. J'eus envie qu'une vieille dame très gentille et qui connaîtrais toute la vie se penche sur moi et me remonte les couvertures. J'eus envie qu'elle me caresse le front et qu'elle me dise de dormir et, que, par sa seule parole, je m'endorme pour cent ans comme dans les châteaux enchantés. C'est sans doute pour cette raison que je sentis des odeurs de tisane et que j'entendis des bruits de petites cuillers qui remuaient doucement au fond des verres, c'était la bonne fée de mon enfance qui passait et me mettait un voile sur les yeux.
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J’ai besoin de savoir que l’autre escalade un versant de la colline pendant que j’escalade le mien de mon côté. C’est cette dimension qui le fait vivre. Il est caché, il est encore caché. Mais je sais qu’il vient à ma rencontre et que nous nous retrouverons au sommet.
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Je me vois aussi comme une femme tombée dans un puits et qui ne peut plus remonter car les parois sont lisses. Je sens qu’un jour, je connaitrai un trou noir parce que j’aurai été trahie. Je sens aussi que je sortirai seule de ce puits, et que je retrouverai ma chance, une fois que j’en serai sortie
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Les choses mauvaises qui l'atteignent seront arrêtées par moi. Il n'y a pas d'analyses à produire car il s'agit du miracle de certaines rencontres. Je veux bien payer pour cela. Contre ton amour, j'échange ma chance.
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Et si le ciel s'obscurcit et se met à rouler lentement vers le soir,et que tinte au loin une cloche qui est peut-être l'angélus, alors la sérénité qui m'envahit me fait presque peur. Je trempe mon visage dans ce ciel comme dans une eau bénéfique. Il me semble que je pourrais passer le restant de mes jours avec un morceau de pain, un peu de feu. Je ressens une étrange joie quand je songe aux chemins du renoncement.
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Je pense souvent à l’histoire de la statue de sel. Souvent je me dis aussi que je suis dans un conte. A l’endroit du conte où tout est perdu. Il faut marcher seule dans la forêt. J’ai été changée en statue. Qui me transfusera pour que je rie de nouveau ? Tu vois comme l’amour trahi peut métamorphoser un être. Mes lèvres sont si peu baisées qu’elles s'effritent comme une argile desséchée.
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