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Critiques de Frantz Duchazeau (151)
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Le peintre hors-la-loi

Excellent album qui raconte, je m'empresse de le dévoiler, la vie d'un personnage ayant réellement existé et dont j'ignorais l'existence, le peintre Lazare Bruandet (1755-1804). C'est qu'il est romanesque à souhait, il fréquente les bas quartiers, s'enivre, se bat et préfère quitter la capitale pour se mettre au vert. Peu connu de son vivant, sauf sans doute pour ses frasques, il ne l'est pas beaucoup plus de nos jours, mais -je ne sais pas si c'est exact-, Frantz Duchazeau lui fait dire qu'il ne peint pas pour la postérité.



Le bédéiste reproduit formidablement l'époque, la violence, la folie du peintre. Le trait est parfois simplement esquissé notamment dans les souvenirs d'enfance. Lazare Bruandet n'est pas un personnage particulièrement sympathique (il a quand même, par accident certes, mais quand même, défenestré sa compagne qu'il soupçonnait d'adultère alors que lui ne s'en privait pas) mais lui et Frantz Duchazeau emportent tout sur leur passage et je n'ai pu m'empêcher de lire à toute vitesse cet album et de le reprendre pour savourer et ne rien en rater. Et comme de coutume avec ce genre de livres, je suis allé me renseigner sur la vie et l'oeuvre de Bruandet.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Les jumeaux de Conoco Station

Oh la tuile ! Leurs parents les ont bigrement loupés ceux-là, les jumeaux Woody et Jerry et leur frangin Oboz. Ils sont idiots, l’un schlingue des arpions, l’autre connaît de sérieux pépins de vessie, mais tous jouent de la folk comme personne. Leur Dieu : Hank Williams. Leur groupe : Le Conoco Jug Band. Leur credo : « La Country music ne mourra pas ! ».



Dire qu’ils auraient pu purger leur peine, pépères, jusqu’à son terme. 7 jours à tenir, ce n’est pourtant pas la mer à boire après 3 ans de bagne. Mais les niquedouilles ont préféré se faire la malle à une semaine de leur sortie de prison, parce que, l’évasion, c’est plus sympa, et vous comprenez, y’a le « Grand Ole Opry » de Nashville, le gala des joueurs country, faudrait pas manquer l’occasion de remettre le rock’n’roll à sa place.



Jamais avares en baston, toujours prêts à jouer du poing pour qui critique la musique du Dieu Hank, voilà un hymne à la castagne facile, la rouste gratuite et le larcin opportuniste. Amérique et bêtise profondes, les nigauds campent ce racisme imbécile des gens du cru, ancrés dans leur vision étriquée. On n’aime que ce que l’on connaît ici, on ne s’ouvre jamais à la nouveauté, des fois que cela obombre notre ciel coutumier. La figure du shérif est unique et très amusante, rien que ce personnage vaut la lecture de l’ouvrage.



L’humour et la crasse font un beau ménage dans ces pages où l’on sent les étendues sauvages et la poussière sous les bottes. Le texte est truffé de pépites. C’est crédible. C’est risible. C’est pathétique. Un très bon Frantz Duchazeau !
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Les Cinq Conteurs de Bagdad

Cet étonnant album est ressorti cette année chez Dargaud avec une nouvelle couverture, ce qui m'a permis (grâce à la bibliothèque) de découvrir une très belle histoire et un illustrateur à surveiller de très près car il est vraiment très très subtile...



Un jour le calife de Bagdad organisa un grand concours de contes. Au vainqueur plus de richesses qu'il n'en pourrait rêver, au plus mauvais l'exécution, car l'art noble ne peut être abaissé... Les meilleurs narrateurs du pays s'y inscrirent et parmi eux, cinq personnages qui les dépassaient tous: alors qu'une voyante leur prédit leur avenir ils seront amenés à un voyage au fond du monde afin de constituer le conte ultime...



Ce qui fait une bonne histoire ce sont des personnages. Ce qui fait une bonne histoire ce sont aussi des paysages. Ce qui fait une bonne histoire c'est de l'exotisme, de l'aventure et un soupçon de magie... Velhmann connaît ses gammes. Si son histoire des mille et une nuits revêt un côté un peu hermétique (comme souvent dans les contes!), elle suit une progression linéaire et surtout une construction très audacieuse en jouant avec le spectateur en intégrant le rite du récit oral dans la BD. Ainsi l'album s'ouvre et se termine (dans un sublime noir et blanc estompé) par un narrateur qui va ouvrir et refermer son histoire que l'on tient entre les mains (ce n'est pas artificiel, vous verrez, c'est comme dans les films Marvel, faut rester jusqu'au bout!). Puis, dans cette histoire entrecoupée et plusieurs récits (on aurait aimé une petite audace de mise en poupées russes...), moultes réflexions interviennent sur la notion de public, sur la raison d'être du conte ou encore sur la destinée. Les récits ne sont alors pas tous passionnants (j'avoue être resté stoïque devant la double page de l'arbre aux oiseaux) mais la richesse du quintet permet de compenser cela.



Dès la présentation (rapide) on se passionne pour ces cinq conteurs et pour les dialogues pleins d'intelligence et de mauvais esprit, en particulier l'excellent Anouar, vieil ermite anarchiste plus prompt à insulter son prochain qu'à émettre des tirades de sagesse. Car ce que recherche Velhmann au sein d'un cadre très formaté, c'est la surprise du lecteur. Dès les premières pages la voyante explique aux personnages et au lecteur les grandes lignes du voyage, déflorant le récit et quelques mystères. Ce voyage initiatique doit se passer au-delà des apparences. Alors inévitablement la chute n'est que l'aboutissement logique de la trame et ne surprendra pas le lecteur, amenant une petite déception...



Pourtant cet album est doté d'un trait comme je n'en avais jamais vu (ou si, dans une variante, chez Edouard Cour sur Heraklès): d'un premier aspect gribouilli se cache sous la crysalide un dessin d'une finesse impressionnante. Je suis plutôt fasciné par les illustrateurs-encreurs comme Lauffray, Roger, ou Nicolas Siner, mais force est de reconnaître la capacité de ces très fines hachures à donner une texture, une vitesse et un dynamisme impressionnants au dessin. En une calligraphie aérienne Duchazeau nous dresse un paysage de l'Inde, De Grèce ou de montagnes. Une ombre crée une expression précise qui appuie l'humour très spécial de l'album. En ressort un album très élégant dont l'harmonie entre texte, dessin et couleurs force le respect.



Je vous invite donc à écouter ce conte en suivant ces personnages hauts en couleurs et sans vous soucier plus que cela du sens de l'histoire, sur le fil de la plume de Duchazeau. Une très belle découverte.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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Pierre de cristal

Pierre a une dizaine d'années quand à l'école, il entend d'autres élèves dire qu'on a vu sa mère avec un autre homme que son père. Il n'avait pas besoin de ça pour se rendre compte que quelque chose clochait à la maison, les gestes tendres entre ses parents étant inexistants. Dans une angoisse du temps qui passe trop vite, il ne cesse de prendre des photos de ceux qui l'entourent, et de ses parents en premier lieu.



Cette BD est la BD de la nostalgie de l'enfance par excellence. On ressent à la fois l'ennui inhérent aux vacances chez les grands-parents et le plaisir de partager du temps avec la cousine, les liens fraternels et ces liens complexes qui unissent les enfants à leurs parents. Et il y a cet épisode très bien vu de ces objets talismans dont les adultes ne comprennent pas l'importance dans la vie des enfants.



C'est doux amer, ça pique un peu sous la langue, tout en finesse. Je vous la conseille.

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La main heureuse

Après le Blues (une poignée d'albums hautement recommandables chez Sarbacane) Frantz Duchazeau se penche sur une autre facette de la musique populaire, le rock alternatif de son adolescence. Au début des années 90, deux potes ados, fans de la Mano, vont partir faire une virée en mob pour assister à un concert de leurs idoles. Entre galères et rigolades, leur road trip ne va pas être de tout repos mais le résultat en vaudra la chandelle. Auto fiction qui respire le vécu, mélange de souvenirs très fun et de réflexions sur l’adolescence, la construction de soi, la valeur de la passion ou encore l’amitié, cette Main Heureuse, avec, en filigrane l’évocation de l’un des groupes de rock français les plus emblématiques de son époque, est un album très attachant et hautement recommandable. Graphiquement, le style mixte de Duchazeau, entre réalisme des décors et stylisation extrême des personnages, a encore évolué et donne une vie inattendue à ce témoignage attachant. Ambiance musicale et interview de l'auteur sur B.O BD: http://bobd.over-blog.com/2015/05/puta-s-fever-la-main-heureuse-vs-enfermes-dehors.html
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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Lomax

Un "collector"





Voici un album de B. D. qui m'a séduit. Duchazeau nous emmène sur les routes du Sud, du Sud américain, cette source si riche de ses racines musicales afro, gospel, blues jazz, cajun, zydeco, swamp, work song, country, etc. L'histoire est absolument authentique. 1933, dans un univers à la Steinbeck, à la Caldwell pour les lettres, à la Walker Evans pour la photo, John Lomax et son jeune fils de 18 ans, Alan, sillonnent les états méridionaux pour recueillir les témoignages musicaux des gens du cru et les enregistrer sur cylindres de cire. Il avait déjà 20 ans auparavant rassemblé des chansons de cowboys plutôt vers l'Ouest. "Lomax, collecteur de folk songs", tout de noir et blanc vêtu est un beau voyage au cœur du pays, avec un père et un fils tout à leur mission, la mémoire musicale de l'Amérique, Tin Pan Alley. Sans les Lomax et quelques autres ni Elvis, ni Bob, ni Jim, ni Bruce, ni personne...



Dans cette évocation du périple du père et du fils, dans un trou du Texas, la première page les voit bivouaquer et fumer autour du feu de camp, le pavillon de l'appareil recrache la voix d'Alan, pour la Washington Congress Library. Veuf, John Lomax croit beaucoup au patrimoine musical américain. Son regret est de n'avoir pas eu le temps d'enregistrer la voix de sa propre femme. C'est toute l'histoire de "Lomax, collecteur de folk songs", et cette BD avait évidemment tout pour me plaire, passionné de l'histoire des Etats-Unis à travers ses disques, ses livres et ses films.



Duchazeau, de ses traits assez neutres au niveau des visages, nous fait bien comprendre que dans ce Sud profond l'accueil n'est pas toujours à bras ouverts devant ces curieux qui veulent mettre en boîtes des bluesmen inconnus et illettrés, des joueurs de boogie peu sociables, des vieilles chanteuses de gospel méfiantes. Incrédules devant ces rouleaux de cire ils finissent par se livrer peu à peu, le bourbon n'y étant pas étranger. Le plus étonnant est que certains avaient même fait des disques sans le savoir et plus encore sans aucun droit d'auteur. Le plus célèbre, Leadbelly, était au Louisiana State Penitentiary et pas pour un vol de bicyclette. C'est que les bluesmen et les folkeux des années trente n'étaient pas des parangons de vertu.



J'ai particulièrement aimé les scènes de groupes:travailleurs aux champs ou poseurs de rails, offices religieux plutôt swing, pianos-bastringues et rues des grandes villes du Sud. Un univers frémissant est là, de pauvres bougres usés et sonnés, miséreux et naïfs, victimes et meurtriers. Ces gens-là ont fait Tin Pan Alley et de Memphis à Baton Rouge, de Clarksdale à Chattanooga, le cœur de l'Amérique n'a cessé de battre au Sud puis dans tout le pays et le monde entier. C'est sûrement pour ça que je me suis toujours senti curieux de ces riffs et de ces mots.

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Les Cinq Conteurs de Bagdad

Il y a très longtemps, le calife de Bagdad, qui aimait écouter des histoires, organisa un grand concours de conteurs. Mille et un participants s’inscrire à cette compétition. Ils avaient trois ans pour préparer leur histoire et la raconter, le jour de l’épreuve, sur la grande place de Bagdad. Il était prévu que le pire d’entre eux serait exécuté et que le meilleur de tous serait couvert de richesses et que son conte serait publié et diffusé par-delà les frontières.



Peu après la clôture des inscriptions, un enfant alla solliciter cinq d’entre eux : Nazim Ibn Khawam, Waahid, Tarek Ibn’Ibrahim El-Khaiami et Anouar Jali Hosayn Ibn’Abdillah. Le cinquième, Ahmed, était à l’origine de cette rencontre. C’était le fils du calife et il avait reçu l’autorisation de son père d’organiser un voyage.



Tous étaient séduits par la proposition mais Nazim demande avant tout qu’ils rencontrent un devin pour savoir « sous quels auspices » leur voyage est placé. C’est chez Fahima, la meilleure devineresse de Bagdad, qu’ils se sont rendus. La lecture de leurs marcs de café a été plus qu’éloquente. Fahima leur a tout raconté, des périples qu’ils rencontreront, des liens qui se tisseront entre eux… jusqu’au nom du vainqueur de la compétition. Malgré tout, et après avoir tenté de peser le pour et le contre d’un tel voyage, les cinq conteurs décidèrent d’entamer l’aventure.



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Nous sommes interpellés, dès la première page, par un narrateur inconnu dont nous ne savons qu’une seule et unique chose : qu’il est l’un des cinq conteurs et que ce récit est influencé par la manière dont il a vécu les choses. Il réapparaitra ponctuellement dans le scénario, nous alertant sur l’importance d’un passage ou le fait que le récit touche bientôt à sa fin. En une page, il situe le contexte et le but de son intervention : nous raconter son histoire.



Puis, sans crier gare, le lecteur tourne la page et se retrouve aux premières loges. Fabien Velhmann consacre les premières pages à la présentation des cinq personnages principaux et divulgue leurs traits principaux de caractère et quelques éléments qui permettent de situer leur parcours. Très vite, on est pris par la lecture, le fait que le narrateur nous considère comme l’auditeur privilégié de cette histoire a un effet important sur l’attention qu’on lui accorde.



Un des éléments principaux du scénario est le ton enjoué dont il fait preuve. Le rythme est alerte et contient beaucoup d’humour ; les répliques des uns et des autres ne tergiversent pas, la franchise et l’ironie sont de mise tout au long du récit. Le pire des cinq personnage est Ahmed, l’enfant qui a rassemblé le groupe. Il dit tout haut ce que le lecteur pense tout bas, des vérités d’enfant souvent blessantes pour les autres personnages. Ils vivent tous ses interventions plus ou moins bien car il les perce à jour, il met le doigt sur leurs défauts, leurs mensonges… ce qui a tendance à attiser les susceptibilités.



Côté graphique, Frantz Duchazeau illustre ce récit avec beaucoup de liberté et d’entrain. L’organisation des planches est suffisamment variée pour renforcer l’aspect ludique et dépaysant déjà créé par le contenu des propos du narrateur. Ses choix de couleurs et son trait m’ont souvent fait penser au travail de Joann Sfar (Klezmer, Le chat du rabbin…).
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Lomax

Superbe dessin, une histoire très excitante des pionniers que furent le père et le fils Lomax pour sauver un patrimoine musicale, des passages très poétiques qui donnent beaucoup d'épaisseur psychologiques aux personnages, une compréhension très concrète du rôle de la musique pour des travailleurs forcés... mais une fin bien trop ramassée qui me fait dire que l'auteur avait de quoi faire encore de nombreuses pages. Volonté artistique ou bien éditoriale?
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Lomax

Un retour en BD sur l'épopée de la famille Lomax, engagée par la Library of Congress, dont on mesure aujourd'hui l'importance historique. Ce travail de collectage sans précédent est, au côté de la collection d'Harry Smith, LA bande son d'une culture et d'un imaginaire commun, celui d'une Amérique contrastée, entre ségrégation, misère, créativité et destin hors norme. Un trésor mis en image astucieusement.
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Le rêve de Meteor Slim

Cet album dicte la mémoire d'une époque, d'une musique... Se rattache à des personnages réels ou fictifs devant des situations historiques et universelles... Fait remonter un passé qui nous questionne de façon renversante. Le dessin n'est que beauté sombre, pleine de puissance et de révélations. Une oeuvre grave aux vertus toniques sans morale réductrice. L'auteur s'attache à un destin rongé par les excès et la discrimination, sans artifice. La mélancolie est immédiate, le blues aussi remarquablement illustré. Frantz Duchazeau résume la vie d'un homme plombée dès le départ. Il saisit cette vérité avec modestie et authenticité.
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Le rêve de Meteor Slim

Edward Ray Cochran, dit Météor Slim, est parti sur les routes à la rencontre de son destin. Il a tout lâché, femme et enfant, pour suivre la voie de la musique et rêve de devenir un célèbre bluesman. Sur son chemin, il croisera à plusieurs reprises le grand Robert Johnson qui n'hésitera pas à lui donner quelques coups de pouce. Mais la route vers le succès et la reconnaissance est longue et même parfois impossible entre vie dans les rues et concerts dans des bars miteux.



Duchazeau qui m'avait déjà ébloui par son album Les vaincus (avant blog) sur la fin de l'empire inca réitère ici avec ce superbe Méteor slim qui se présente dans un format carré un peu atypique.

Nous sommes en Amérique dans les années 20-30. Le blues est une forme populaire qui prend son essor dans la société noire et se développe dans les bars et cabarets. Nous y suivrons Météor depuis son départ jusqu'à sa mort. Son quotidien se fait dans l'errance, au gré des rencontres et des petits boulots.

Personnage imaginaire, Météor Slim a pourtant tout du bluesman légendaire : galères de la route, difficultés à se faire embaucher dans les bars, à se faire connaître, ivresse notoire, frime et envie d'épater les filles pour les mettre dans son lit, rencontres magiques avec Robert Johnson qui l'invite à l'enregistrement d'un disque, avec une autre célébrité avec qui il improvise un boeuf, etc... On le suit à l'enregistrement de son premier disque, à la découverte de son propre disque vinyl, à ses fantasmes de grandeur dans une chambre d'hotel pourrie, à sa chute aussi.

Bref, c'est l'histoire d'un homme qui vit pour le blues et ne peut vivre sans la musique.

L'auteur intercale de nombreuses références dans son récit : chansons de Robert Johnson et autres bluesman, décès de ce dernier, mentions de Charley Patton, Son House, Big Bill Bronzy, etc... Cela donne un album très réaliste qui, par les détails et l'ambiance d'époque, font revivre l'âme du blues.



Au niveau du dessin, Duchazeau reprend ici le même genre de travail graphique que sur Les vaincus : du noir et blanc absolument magnifique qui magnifie l'univers du blues noir. L'ombre et la lumière sont beaucoup utilisés, les personnages parfois simplement esquissés pourtant il en ressort une grande force. Il y a quelques pleines pages formidables.



Vous l'aurez compris, j'ai adoré cet album ! Lu en écoutant un album de Robert Johnson, je me suis totalement immergée dans cet univers passionnant !

Le rêve de Météor Slim est donc une formidable plongée dans le monde du blues, dans une époque où tout était encore possible à travers la musique, où les rêves cristallisent tous les espoirs au risque de les voir se briser. Je le conseille plus que chaudement aux amateurs de blues et aux autres !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Lomax

John Lomax, fin musicologue, a énormément œuvré pour la préservation du patrimoine musical américain. En 1910, armé de son dictaphone à cylindres, il traversa tout l’ouest des Etas Unis afin d’enregistrer les chansons chantées par les cow-boys, et ainsi, à travers leurs textes reflétant le réel quotidien de ces hommes, recréer une image fidèle de cet ouest américain, bien différente de celle que véhiculait alors le cinéma.

Quelques années plus tard, John Lomax, cette fois-ci accompagné de son fils Alan, reprend la route pour le compte de la bibliothèque du congrès de Washington. Leur Mission ? Collecter les chants folkloriques de la musique noire traditionnelle. Le but ? Idem : préserver le passé avant qu’il ne disparaisse à jamais.



Dans Lomax, Frantz Duchazeau nous propose justement de suivre ce second périple, celui d’un passionné de musique et son jeune fils à travers le Sud américain. Mais bien plus qu’une simple collecte de chansons, ce road-trip prendra rapidement des airs de voyage initiatique. En sillonnant les routes de ce sud profond en compagnie de son père, Alan découvrira la dure réalité quant à la vie des noirs américains, constamment sujets à la ségrégation, traités pire que des animaux, exploités, humiliés, battus, et ce, bien après que l’esclavage eut pourtant été aboli. John Lomax, lui, verra dans cette lourde mission l’occasion d’aider ces gens en servant de relais et en diffusant au reste du monde – ou tout du moins au reste de l’Amérique – leur message de détresse, leur appel au secours, leur cri de révolte…



Et s’il est peu aisé de traduire sur papier toute la douleur, la rage, mais aussi l’espoir que ces hommes véhiculaient dans leur blues, Duchazeau, grâce à son trait sensible et sincère, apporte une telle humanité et une telle chaleur à son récit que l’on s’imaginerait facilement assis aux côtés de ces musiciens, sous le charme de leurs voix graves et rocailleuses, entendant presque le glissement de leurs ongles sur les cordes usées de leurs vieilles guitares…



Un bel album pour les amoureux de bédés comme pour les passionnés de musique, à feuilleter doucement dans son rocking-chair, bercé par un vieux vinyle de Leadbelly tout en sirotant un verre de Moonshine.
Lien : http://www.anglesdevue.com/r..
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Les derniers jours de Robert Johnson

Roman graphique rendant compte d'une partie de la vie de Robert Johnson, l'un des fondateurs de ce qu'il est convenu d'appeler le "blues delta" car conçu sur les rives du Mississippi, au delta.

Un dessin d'ambiance en nuances grises, des décors de longues étendues, de vieux baraquements en bois, de villages avec leur château d'eau, leur vieilles guimbardes Ford et Robert Johnson, toujours impeccable dans un costume rayé se débattant avec les fantômes de son passé, sa femme et son bébé perdus, ses cuites maladives et surtout son apprentissage constant de la guitare. La vie de Robert Johnson est une suite de malentendus, de rendez-vous manqués, d'abord avec ces producteurs qui le cherchent au fond du Mississippi puis au Carnegie Hall à New York pour une audition car il ne trouve pas "l'entrée réservée aux noirs".

Des paroles de ses chansons illustrent les dessins et en disent davantage que les dialogues finalement assez restreints et tournant toujours autour des mêmes sujets : l'alcool, les femmes séduites par ce "musicien du diable" et bien sûr le blues et son origine. On le voit jouer dans les clubs du Sud ou dans le cimetière mais on parle finalement assez peu de musique mais plutôt de ce qui la construit. Parfois les dessins s'estompent, les formes s'évanouissent ou flirtent avec le surréalisme, on prend le point de vue du musicien toujours entre cauchemar et dure réalité où le passé resurgit comme un reproche indélébile. Ces nombreux retours sur le Robert enfant et adolescent rendent quelquefois le récit un peu confus mais traduisent certainement ce que ressentait le joueur de blues. Reste un graphisme impressionnant de virtuosité. L'auteur a dû faire des croquis sur place. le lecteur "sent" littéralement l'atmosphère qui régnait à cette époque dans le delta du "Old Man River." Un blues tout en croquis. Bel hommage à son fondateur.





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Les derniers jours de Robert Johnson

Robert Johnson, c’est une icône du Blues, le père de nombreux accords musicaux dans différents styles postérieurs. Pourtant, il est longtemps resté un mystère pour les amateurs de musique et surtout : de la sienne ! Son nom est synonyme de “pacte avec le diable” qu’il aborde dans une de ses plus célèbres chansons. Mais saviez-vous qu’il est aussi le premier du célèbre club des 27 ?!

Frantz Duchazeau s’appuie sur les miettes que l’artiste a laissé sur le parcours de sa vie pour ériger cette biographie. Commençant par sa mort, suspecte, dans un bar où il aurait fricoté avec la mauvaise jeune femme, sous les yeux d’un mari jaloux. Meurtre par empoisonnement ou suite d’une longue maladie stomacale évoquée de-ci, de-là dans ces pages ? Ne la cherchait-il pas un peu, cette fin tragique, au vue de sa vie ? Parti de sa fin, l’auteur rebondit sur les différentes petites morts de Robert Johnson.

Le dessin, en noir et blanc pour ce roman graphique, met en valeur les lieux et les visages. Au détour de planches rétro, plutôt brouillonnes à cause de la foule dansante et trémoussante, on peut reconnaître une église que Robert maudira, ayant lui-même été rejeté pour oser jouer la musique du Diable. Ou encore les rues de Chicago, des champs de coton qu’il fuira comme la peste et son visage ! Énigmatique, reconnaissable entre tous alors qu’il n’existe qu’une poignée de photos de lui. Mystérieux et attractif, jeune et pourtant déjà expert d’un style inimitable. Sa chemise blanche, toujours propre et immaculée, ou son costume rayé, comme on le voit en couverture.

Frantz Duchazeau retrace le dernier mois du chanteur, compositeur. Ce qu’on peut imaginer en tout cas, tandis que des promoteurs blancs, New-yorkais, se perdre dans l’Amérique profonde pour inviter le Bluesman au Carnegie hall. Une vie de bourlingueur, allant de ville en ville avec sa guitare et si possible une bouteille de Whisky, quelques cigarettes et de la bonne compagnie. Une vie brève mais intense, à lire avec la playlist de Robert Johnson dans les oreilles !
Lien : https://sambabd.net/2024/01/..
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Lomax

« Lomax ». Drôle de nom.

C'est Alan Lomax, et son père John, et d'autres. Deux personnages tout à fait réels mis en dessin par Frantz Duchazeau.

On connaît Edward Curtis et son œuvre photographique sur un monde perdu. La famille Lomax, c'est la musique. Les Lomax ont parcourus les USA, du matériel entassé dans le coffre de la Ford, missionnés par la Bibliothèque du Congrès, ils ont enregistrés un nombre incroyable de musiciens traditionnels. Le père a commencé en 1910 avec les cow-boys ; puis avec Alan en 1933, ils sont partis vers le sud à la rencontre des bluesmen. C'est grâce à eux et une poignée d'autres que ce blues des origines brille toujours.



Le dessin noir et blanc de Frantz Duchazeau : ses personnages aux yeux toujours très expressifs ont des allures fantomatiques, des pantins, comme si la case tremblait à cause de leurs mouvements désarticulés. Les ombres ont un grand rôle, elles rendent parfois le dessin comme un négatif photographique, et renforcent cet aspect mystérieux.

L'histoire racontée dans Lomax débute en 1933 dans le sud profond, en pleine ségrégation. Deux blancs qui cherchent des musiciens noirs c'est louche dans ces coins reculés, arriérés.

On assiste à des rencontres, réelles, entre les Lomax et des musiciens, parfois passés à la postérité comme Guitar Slim, un débutant dans le livre, ou Son House, surpris de voir des blancs lui parler poliment de musique et lui proposer un enregistrement.

L'auteur nous dessine sur quatre pages la chanson «Staggolee», repris par un grand nombre de musiciens, tels que Louis Armstrong, W.C.Handy, Bob Dylan, Nick Cave et désossée par Greil Marcus dans « Mistery Train ».

Les Lomax multiplient les problèmes avec les propriétaires de champs de coton et avec les polices locales, tous magistralement portraiturés dans leur laideur par Frantz Duchazeau.

La rencontre avec Leadbelly se passe en prison, les Lomax ont eu un renseignement sur cet incontournable bluesman, chanteur et guitariste. Grâce à eux Leadbelly est libéré et enregistrera des centaines de morceaux.

Avec une grande économie de moyen, encre noire, blanc des feuilles, ombres, Frantz Duchazeau nous raconte l'histoire des noirs ruraux, des prisonniers, des blancs échappés de romans de Faulkner. Il n'en dessine jamais trop, il suggère, c'est à nous de comprendre.



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Le peintre hors-la-loi

Assez lent dans sa mise en place, la BD peut sembler excessivement bavarde dans un premier temps. S’y laisser prendre ne m’a pas donc pas été particulièrement aisé. Pour autant, passé la première moitié, l’ouvrage se découvre particulièrement prenant et le personnage attachant, quittant son masque d’ivrogne bagarreur pour révéler un visage d’artiste passionné dont les tirades sont pleines de belles vérités et la pensée tout à la fois généreuse et tourmentée. Où s’arrête le personnage et où commence l’auteur qui lui donne corps ici ? Car on sait finalement peu de chose de Lazare Bruandet dont est ici dépeint le portrait et dont l’oeuvre reste mal connu.
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Le peintre hors-la-loi

L’artiste hors du monde

Après son remarquable Mozart à Paris, Frantz Duchazeau se propose de nous conter le destin d’un peintre méconnu qui eut pourtant une vie romanesque et haute en couleur méritant d’être racontée…



Peintre virtuose, talentueux bretteur, Lazare Bruandet fut aussi un révolutionnaire exalté avant de devoir fuir le Paris révolutionnaire après le meurtre de son épouse… Sanguin et taciturne, peu soucieux de se faire un nom ou de passer à la postérité, il est hanté par son art et semble peindre pour fuir le tumulte du monde, désabusé par la bêtise de ses contemporains…



Porté par un dessin somptueux qui rend hommage tant à l’œuvre de Lazare Bruand, Le Peintre hors-la-loi est un récit touchant et foisonnant qui interroge sur le lien unissant l’artiste au monde et s’achève sur une note tragique et délicieusement romantique…
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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Le rêve de Meteor Slim

Notons d’abord qu’il n’est pas nécessaire de connaître quoi que ce soit au blues avant d’entamer cette lecture. Evidemment si, comme moi, vous avez trouvé le remplacement du Blues Corner près de la Grand Place de Bruxelles par un bar à pitta affligeant, cela peut aider. Lire ce one-shot avec quelques notes de blues en fond musical peut également favoriser l’immersion. Vous pouvez pour cela attendre la publication prévue au mois d’octobre de l’édition collector de cet album qui sera accompagnée d’un disque vinyle. Personnellement j’ai opté pour un fond de Screaming J. Hawkins : exquis !



Après « Les cinq conteurs de Bagdad » et « Dieu qui pue Dieu qui pète » avec Fabien Vehlmann, « La nuit de l’Inca », « Gilgamesh » et un premier album en solo avec « Les vaincus », Frantz Duchazeau livre ce petit chef-d’œuvre chez Sarbacane. Même si le bluesman Robert Johnson, l’icône blues de cette époque, apparaît dans ce récit, c’est le destin d’un ‘nobody’ du genre que l’auteur invite ici à suivre. L’histoire d’un petit black qui largue sa femme, son gosse, mais surtout un boulot de merde, pour réaliser son rêve et exercer son art : le blues !



Guitare à la main, celui qui deviendra le modeste Meteor Slim arpente les routes poussiéreuses des States. Un voyage qui propulse le lecteur dans l’essence même du blues : endroits enfumés, cabarets crasseux, whisky au goulot, femmes d’un soir, arnaques d’arrière-salles et bagarres de saloon. Le tout bercé d’une voie roque qui fait écho aux conditions de vie des blacks du Mississipi en 1935. De la musique qui vient des tripes et qui transpire le mauvais whisky et le vécu !



Si sur le fond, cet album n’emballera pas tout le monde, sur la forme il fera l’unanimité. Un format atypique regroupant près de 160 pages dans un livre de toute beauté. Le trait de Frantz Duchazeau est époustouflant, les décors renversants, les expressions des protagonistes remplies d’émotion et l’ambiance … ah l’ambiance … ensorcelante. Des planches qui chantent le blues, un peu comme ces cartes de vœux qui émettent de la musique quand on les ouvre : un air de musique que l’auteur a composé rien que pour vous ! Merveilleux !



A écouter au plus vite !
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Laissez vous embarquer dans une aventure qu'on ne peut réaliser que lorsqu'on est adolescent.
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