Citations de Fred Uhlman (245)
Moi, il a fallu que j'attende l'âge de trente-deux ans pour que mon père me donne son dernier coup de pied au derrière. Voilà ce que c'était que la famille de mon temps.
Marcel PAGNOL, "Marius".
Je voulais vous raconter une histoire de boomerang mais je ne m'en rappelle plus. Enfin, c'est pas grave, ça va me revenir.
COLUCHE
Si l'on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d'attente.
Jules RENARD, Journal
Un nouveau professeur d'histoire, Herr Pompetzki, arriva au milieu de septembre. Il venait de quelque part entre Dantzig et Königsberg et était probablement le premier Prussien à enseigner au lycée. Son ton cassant et ses mots écourtés semblaient étranges à des oreilles habituées au lent et rustique dialecte souabe.
[...] et tout à coup, je me rendis compte, à ma joie, à mon soulagement et à ma stupéfaction, qu'il était aussi timide que moi et, autant que moi, avait besoin d'un ami. (p.39)
[..]et de tous côtés, montaient des voix, les chants et les rires des citoyens heureux, qui commençaient à devenir somnolents pour avoir trop mangé, ou amoureux pour avoir trop bu. [p.60]
Je puis me rappeler le jour et l'heure où, pour la première fois, mon regard se posa sur ce garçon qui allait devenir la source de mon plus grand bonheur et de mon plus grand désespoir.
L'antisémitisme est une étrange maladie qui germe dans les lieux les plus invraisemblables. Il est latent chez nombre de gens qui ignorent son existence et sont atterrés et honteux lorsqu'il s'empare d'eux.Un homme sera votre ami et vous invitera chez lui, mais il aimera mieux mourir que vous emmener à son club.
( Stock, 1985, p.32)
Entre seize et dix-huit ans, les jeune gens allient parfois une naïve innocence et une radieuse pureté de corps et d'esprit à un besoin passionné d'abnégation absolue et désintéressée.
"Il n'y a plus rien à attendre à présent, et le seul espoir qui nous reste c'est que cette vie soit, définitivement, la dernière.
"Pas de résurrection, s'il vous plaît. Un seul enfer suffit !
"Pour toujours,
"votre C."
Pour ma part, je me fichais bien que tu fusses juif, hindou, noir, vert ou blanc, tout ce que je voulais, c'était te parler et devenir ton ami.
Sub specie aeternitatis, nous sommes tous, sans exception, des ratés. Je ne sais où j’ai lu que « la mort sape notre confiance dans la vie en nous montrant qu’en fin de compte tout est également futile devant les ténèbres finales.
Mes blessures ne sont pas cicatrisées, et chaque fois que l'Allemagne se rappelle à moi, c'est comme si on les frottait de sel.
Et, pour la première fois, je me rendis nettement compte que je n'étais qu'une particule de poussière et que notre terre n'était qu'un caillou sur une plage parmi des millions de cailloux semblables.
Je décidais finalement de détruire cette chose atroce. Avais-je vraiment besoin de savoir ? S'il était mort ou vivant, quelle différence cela ferait il pour moi, puisque de toute façon, je ne le reverrais plus jamais ? Je saisis le fascicule et j'étais sur le point de le mettre en pièces lorsque, au dernier moment, m'armant de courage, tremblant, je l'ouvris à son initiale et lus.....
Avec la venue du printemps, toute la campagne ne fut qu'une immense floraison, les cerisiers et les pommiers, les poiriers et les pêchers, tandis que les peupliers prenaient leur couleur argentée et les saules leur teinte jaune citron. Les collines bleuâtres de la Souabe, pleines de douceur et de sérénité, étaient couvertes de vignobles et de vergers et couronnées de châteaux. Ces petites villes médiévales avaient des mairies à hauts pignons et, autour de leurs fontaines, sur des colonnes entourées de gargouilles crachant de l'eau, se dressaient des ducs et des comtes souabes portant des noms tels Eberhardt le Bien-aimé ou Ulrich le Terrible, raides, comiques, moustachus, vêtus de lourdes armures. Et le Neckar coulait lentement autour d'îles plantées de saules. De tout cela émanait un sentiment de paix, de confiance dans le présent et d'espoir en l'avenir.
Je me rappelle encore une violente dispute entre mon père et un sioniste venu faire une collecte pour Israël. Mon père détestait le sionisme. L'idée même lui paraissait insensée. Réclamer la Palestine après deux mille ans n'avait pas pour lui plus de sens que si les Italiens revendiquaient l'Allemagne parce qu'elle avait été jadis occupée par les Romains. Cela ne pouvait mener qu'à d'incessantes effusions de sang car les Juifs auraient à lutter contre tout le monde arabe. Et, de toute façon, qu'avait-il, lui, citoyen de Stuttgart, à voir avec Jérusalem ?
Après tout, sans amitié, qu’y a-t-il d’autre dans la vie ? La célébrité ? Oui. La gloire ? Oui. Mais quelle joie, quel plaisir réel peut-on y trouver si on ne peut les partager ?
Entre seize et dix-huit ans, les jeunes gens allient parfois une naïve innocence et une radieuse pureté de corps et d'esprit à un besoin passionné d'abnégation absolue et désintéressée. Cette phase ne dure généralement que peu de temps, mais, à cause de son intensité et de son unicité, elle demeure l'une des expériences les plus précieuses de la vie.
"Tous deux savions que les choses ne seraient jamais plus comme avant et que c'était le commencement de la fin de notre amitié et de notre enfance."