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Critiques de Gilles Leroy (354)
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Alabama Song

Je connaissais bien évidemment Francis Scott Fitzgerald et son "Gatsby le magnifique". J'avais aussi entendu parler de Zelda son épouse, mais voilà tout ! J'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ce couple et tout particulièrement cette femme. L'histoire d'un amour qui devient très vite pitoyable et dont on suit la déchéance page après page. Je suis passé de l'indifférence, à un attachement à Zelda de plus en plus prononcé, au fur et à mesure de ma lecture. Sa folie est particulièrement bien décrite.
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Alabama Song

J’ai acheté ce roman après avoir entendu Gilles Leroy en parler lors d’une rencontre. J’ai lu « Gatsby le magnifique » de Francis Scott Fitzgerald en audio et j’ai vu le film avec Di Caprio et j’ai aussi lu une biographie de Fitzgerald « Fitzgerald le désenchanté » et ce que je trouvais intéressant dans ce roman, c’était le fait qu’il ait choisi de parler de l’auteur américain en prenant le point de vue de Zelda, sa femme.



C’est d’ailleurs Zelda qui est la narratrice et le personnage central de ce roman qui raconte sa vie avec Scott depuis leur rencontre en 1918 et leurs amours flamboyantes puis destructrices. Zelda est montrée comme une jeune femme riche et libre qui a du mal à entrer dans le moule et sa rencontre avec Scott est comme un vent de fraicheur pour elle.



Ils commencent une vie commune qui brille de mille feux, ils sont la coqueluche de la « jet set » de l’époque. Fitzgerald devient un écrivain célèbre et reconnu mais Zelda se retrouve à nouveau piégée dans sa propre vie, n’étant pas reconnue pour sa créativité. Sa maladie mentale pèse aussi sur leur vie commune car elle est plusieurs fois internée, ce qu’elle vit comme des séquestrations et les relations entre les époux deviennent très perturbées.



Mêlant des faits réels et de la fiction, Gilles Leroy brosse un tableau où Zelda est considérée comme une personne à part entière et pas juste comme « la femme de… »



J’ai aimé le style , la voix du personnage. Un beau portrait de femme tout en nuances.
Lien : http://ennalit.canalblog.com..
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Le Diable emporte le fils rebelle

Je suis très déçue. Le sujet pourtant du fils rebelle, du mauvais fils, du rapport entre la mère et le premier garçon de la famille aurait pu être tout autre. Le livre commence par la maman qui expulse son fils de la maison et ce pour sauver les autres membres de la famille. Elle brûle toutes ses affaires, elle a vidé intégralement sa chambre. Ensuite, c'est le flop.

L'histoire est mal menée, brouillonne, pas d'accroche, bref, aucun intérêt.



Lu en mars 2019 / Mercure de France - Prix : 15 €.
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Alabama Song

En se glissant dans la peu de la turbulente Zelda, Gilles Leroy dresse un portrait de femme démunie, délirante, folle d'amour et de souffrance, folle de recherches, d'échecs, de peines et d'obstination.

Une femme désireuse d'une autre vie, la sienne. Ecrasée par le poids du succès de son époux, on découvre une femme pleine d'envies et de désirs déchus. Une vie d'attente, de défaut de reconnaissance, d'amour étouffé. Un brillant hommage à la femme du début du siècle, à ces épouses modèles qui revêtaient souvent une robe trop étriquée pour elles...

Un roman d'imagination, entre faits historiques avérés et désirs d'écrivain, Gilles Leroy dresse, souvent avec lenteur, le portrait d'une femme perdue, enfermée dans ses mensonges et son désir d'avenir.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Zola Jackson

J’ai abordé ce roman avec l’idée de relire encore une fois le genre d’histoire que l’on a pu lire dans les journaux, les témoignages de personnes ayant survécu à cette catastrophe, mais non cela n’a rien à voir.

Il est plutôt question de la vie désabusée d’une femme, Zola Jackson, qui sa vie durant a affronté le courroux du destin.



On entre dans la Louisiane par la petite porte, par un petit quartier pauvre de la Nouvelle-Orléans, le ciel va une fois de plus leur tomber sur la tête, l’ouragan Katrina s’approche mais Zola, elle, refuse de quitter sa maison car comme le disait son cher Aaron « tu es plus fort qu’un bataillon de Marines ». La vie de l’a pas épargné, son mari décède, elle perd son fils Caryl qui meurt a même pas 30 ans enfant surdoué voué à une grande carrière, elle a affronté l’ouragan Betsy dans les années 90 alors Katrina ne lui fait pas peur et de toute façon elle n’abandonnera pas sa chienne Lady que son fils lui avait offert!



« Mais on ne quitte pas La Nouvelle Orléans. On y naît. On y crève. C’est comme ça. »



Elle va vivre et survivre à cet ouragan confinée dans sa maison, son salon d’abord puis la chambre et enfin le grenier, et sera l’occasion de se remémorer des moments de joie comme de tristesse qui ont ponctué sa vie pendant que les digues une à une cède et que l’eau monte.



Beaucoup de chose sont traités dans ce roman, certes l’ouragan fait son œuvre, mais au-delà c’est l’histoire d’une femme noire institutrice qui enfante un enfant métis aux yeux vert et qui s’avère être homosexuel, elle l’accepte, elle l’aime d’un amour sans limite :



« Caryl a éclaté de rire. Quant il rit, mon fils, l’espace se modifie, l’air vibre, la lumière s’irise et les contours cèdent : comme si la face du monde même s’était mise à sourire, tout s’évase et s’illumine, la cuisine devient un palais, la courette un jardin de maître et mon cœur une étoile en suspens. »



Mais n’accepte en revanche que tardivement son petit-ami Troy. Un enfant qui n’était pas très bien accepté par les autres, par cette communauté :



«J’ai voulu croire que ce n’était pas grave, juste une question de gamme dans les couleurs: ces années-là, tous les adolescents revendiquaient leur négritude jusqu’à l’ostracisme, les cheveux n’étaient jamais assez noirs ni crépus, l’accent du Sud jamais assez prononcé.»



Et puis ce sont aussi les oubliés de la catastrophe, cette minorité issue des quartiers pauvres que l’on oublie et que l’on vient secourir 2 jours plus tard, même si c’est extrêmement révoltant l’auteur ne s’étend pas dessus et préfère évoquer la nature humaine et la nostalgie d’une femme fragile.





« Zola Jackson, tu fus une bonne mère, peut-être. Maintenant tu es pour sûr une vieille enquiquineuse et un héritage embarrassant. Tu es si noire, Zola Louisiane Jackson, et ton fils café au lait, ton fils mulâtre aux merveilleux yeux verts a ces traits fins qui répondent aux canons de la beauté blanche suprême – si noire, vieux pruneau sec, bien sûr que ton fils a honte de toi ! Bien sûr il te fuit ! Tu n’iras jamais dans les hauteurs vertes et fraîches de Buckhead ; les grandes demeures de vieil Atlanta ? Et pourquoi pas le bal annuel du gouverneur ! Ne rêve pas ma fille, jamais tu n’y entreras, sauf à ramper sous la porte de service. Tu n’es qu’un boulet de charbon. ».





Un récit très émouvant !
Lien : http://www.stemilou-books.co..
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Requiem pour la jeune amie

Cela faisait 30 ans qu’il avait tenté de l’oublier, de vivre sans vouloir penser à sa jeune, sa meilleure amie, morte, violée, assassinée.

Et puis, un jour les souvenirs affluents, ne peuvent plus être canalisés et imposent l’écriture.

Quel beau roman que cette peine, ce deuil, cette douleur vont engendrer.

Le style, le rythme rendent hommage à cette jeune fille solaire, Agathe.

Le ton n’est ni larmoyant ni pesant.

Il est aussi questions de la jeunesse de l’auteur, de la fin des années 70, des années 80 qui s’annoncent, du début de la vie d’adulte, de la place des parents, du premier amour, d’assumer son homosexualité, d’une mère aimante, d’un père trop peu présent.

La plume tout en finesse m’a émue et m’a fait passer, malgré le sujet, un merveilleux moment de lecture.



Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle

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Alabama Song

L’auteur s’est coulé dans le personnage, mi réel et mi fictif, de Zelda Fitzgerald. Tout commence en 1918, dans l'Alabama. Scott Fitzgerald y rencontre Zelda, jolie fille de la bonne société sudiste. Ils formeront un couple tout à la fois brillant et pathétique, traversant leur époque en se brûlant les ailes.



L’auteur, et c’est là la force du roman, nous promène d’une époque à l’autre en un va et vient intense. Rien n’est linéaire, dans cette histoire, à l’image de Zelda, jeune fille fantasque gagnée peu à peu par la folie. Et pourtant, le lecteur ne se perd pas dans ces incessants retours en arrière.



C’est avec une profonde empathie que Gilles Leroy raconte la vie tumultueuse et dramatique de son héroïne. Il sait mêler avec talent réalité et fiction d’une vie passionnée.



La construction est rigoureuse et efficace, on ne voit pas les fils de bâti : l’auteur a su mêler des pans de la vie de Zelda à des évènements sortis tout droit de son imagination. Tout cela intimement mêlé donne un récit fluide et maîtrisé.



Il a su se glisser dans le personnage de son héroïne, lui donnant une dimension émotive très forte. Avec le « je », il n’y a que Zelda et le lecteur, ce qui créait une intimité, une ampleur de sentiments. Pas de sensiblerie, mais de la sensibilité et de la compassion dans ce récit à la construction très Stendhalienne.

Le style sied à l’histoire, il est direct, vivant.

L’écriture est limpide

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Alabama Song

C'est par un soir de de juillet 1918, lors d'un bal, que la jeune Zelda Sayre fait la connaissance d'un certain Francis Scott Fitzgerald, jeune soldat en garnison tout près de la ville de Montgomery, en Alabama.

Née de bonne famille, Zelda à une réputation déjà sulfureuse. Elle décide de suivre ce jeune homme que beaucoup autour d'elle jugent prétentieux et quelque peu immature. Elle n'aura cure des avertissements et des menaces des siens et s'envolera rapidement avec son nouvel ami vers New-York. Ils se marieront quelques jours plus tard.



Ici, va commencer une descente aux enfers pour eux.

La grande consommation d'alcool que fait le jeune couple va défaire les maigres illusions qui les ont fait s'unir. La jalousie maladive, la paranoïa de "Scottie", l'emprise sans répit que celui-ci exerce sur sa jeune épouse vont la fragiliser et altérer un peu plus sa santé mentale. Elle fera des années durant de nombreux séjours en hôpital psychiatrique.



Dans un style âpre et percutant,Gilles Leroy livre ici, sous forme romancée, un portrait sans concessions du couple le plus mondain, le plus adulé et frivole des années 20.

Pour le faire, l'auteur va concentrer son regard sur celle qui fut l'égérie de l'écrivain aujourd'hui mondialement connu. Il va lui donner corps et mots dans un récit douloureux et désespéré, presque halluciné de sa vie. le récit d'espoirs et d'un amour déchus, perdus par une femme qui a vécu et aimé passionnément jusqu'à en perdre la raison.

Un livre qui n'est pas dans le registre habituel de mes lectures mais que j'ai trouvé jusqu'au bout

sincère et poignant.



Alabama Song, le titre du roman est emprunté à un texte

de l'écrivain allemand Bertold Brecht figurant dans le recueil Les liturgies domestiques écrit en 1927.

Ce texte a ensuite été adapté par son auteur pour être intégré dans le livret de l'opéra mis en musique par le compositeur Kurt Weill « Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny » joué pour la première fois en 1930.

The Doors et David Bowie en ont livré beaucoup plus tard une belle version.
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Alabama Song

1918, Montgomery, Alabama,



De fringants jeunes hommes venus de tout horizon sont cantonnés à Montgomery dans l’attente de rallier l’Europe. Pour taire leur anxiété, cacher leur peur, oublier l’étau, ils se perdent dans des bals, une insouciance factice, une euphorie pleine de fougue et paradent devant les Belles.



Zelda Sayre a dix-huit ans. Fille de l’aristocratie du sud, d’un père juge de la Cour Suprême, petite-fille et nièce de sénateurs, elle n’a le droit de se rendre qu’au Country Club. Là-bas, elle y fait la connaissance du lieutenant Fitzgerald. Il a vingt-un ans, a fait ses classes à Princeton, a une prestance charismatique, danse divinement, écrit… il est la figure du héros romantique.



"Il est petit, oui, mais ce défaut de quelques centimètres est compensé par une taille fine que la veste cintrée de l’uniforme souligne, par un front haut et un je-ne-sais-quoi (l’assurance d’être quelqu’un, la foi en soi, le sentiment qu’un destin sans pareil vous appelle), par une allure folle, en fait, qui l’exhausse d’une tête. Les femmes en sont babas et les hommes aussi. Il faudra que je réfléchisse un jour à cette singularité : aucun de ses frères d’armes ne le jalouse ni n’en prend ombrage. Non, c’est comme si les autres hommes acceptaient sa séduction et l’encourageaient…

Autant il me trouble, autant il m’irrite ! Divorce de ton rêve. Tout de suite."



Chaque jour apporte une frénésie de plaisirs et d’exubérance ; la fantaisie que Zelda aspire. Elle a l’optimisme de la jeunesse, la légèreté et l’impudence qui outragent son époque et sa petite ville, Fitzgerald lui apprend à danser le turkey trot et la séduit avec sa délicatesse et ses mots de romancier. Elle se projette à New York, femme d’un grand écrivain célébré, adulé.

Lorsque l’armistice est signé, que les soldats sont démobilisés, elle pressent la fin de leur histoire. Avec lucidité, elle lui offre une flasque en argent où elle fait graver "Ne m’oublie pas." Il part à New-York.



1919, Montgomery est désert, sans moelle. Zelda correspond avec son Goofo, Scott. Leurs lettres se font tour à tour aimantes, piquantes, tièdes et caustiques. Elle le rudoie, le snobe, le charme, lui jure foi et admiration. Elle pense que la jeune naïve d’Alabama ne pourrait se comparer aux étoiles new-yorkaises. Chez elle, elle est reine, héritière d’un passé et de révérences. Ses parents souhaitent qu’elle épouse un garçon de leur milieu, mais elle ne pense qu’à son yankee. Elle essaie de s’abrutir, elle sort, festoie, ne peut l’oublier et rêve de liberté.

Un jour, elle reçoit par la poste un petit paquet dans lequel Scott lui offre une bague, symbole qu’elle s’empresse d’accepter. Il vient la chercher. La famille de Zelda boude le mariage, ignore Scott et renie cette mésalliance. A la cathédrale de Saint-Patrick, Zelda se mariera sans elle.



1920, Dès la première année de leur mariage, l’ennui s’installe, ils se sont fatigués l’un de l’autre. Leur nuit de noces avait sombré dans la torpeur de l’alcool, ils avaient été renvoyés de leur hôtel. Etait-ce un présage ? "L’idole et l’Idéale" se dégradent.

A Westport, Zelda pense que la maison est faite pour le bonheur. Elle le recherche, elle l’attend. Scott est reconnu, il publie, il est aimé, ils font la fête, ils sont des icônes… et partent pour la France. Ils vivent royalement, avec excès et sans sobriété. Il écrit, il boit, il ne la touche plus.



1924, sur la Riviera, à Fréjus, Zelda rencontre un jeune aviateur Jozan. Il est superbe et elle en tombe follement amoureuse. Durant un mois, elle est belle d’aimer. Les gens se retourne sur son passage, la dévisage, boivent sa luminosité et elle croit qu’ils la reniflent, qu’ils sentent son impudeur, son adultère, ses abandons charnels. Elle est simplement voluptueuse dans sa passion et irrésistible. Jozan est l’homme qu’elle veut, celui qui sait l’émouvoir.

Scott ivre de jalousie, de honte, de faiblesse, ne le supporte pas. La voir heureuse et épanouie d’un autre, exacerbe sa violence qu’il assouvit ardemment.



1925, Zelda écrit et les périodes relatées se confondent. Des années 1920, on passe à celles de 1940. Scott la punit en la séparant de leur fille et en l’exilant dans une clinique en Suisse. Il la déserte, épave tremblante et haineuse. Les blouses blanches disent qu’elle est schizophrène. Les traitements l’abrutissent, mais elle se rappelle avant. Avant, elle profitait pleinement sur la côte Estérel, sur les plages camarguaises, dans les eaux enflammées, entre les ailes protectrices de son pilote français. Elle se souvient et les images sont des baumes. Alors, elle se met à écrire et à peindre. Elle va retrouver son amour sur des toiles. Elle exulte de pouvoir jeter toutes ses pensées obsédantes qui la font mourir. Elle reconnaît dans ses traits et ses mots, l’odeur, la force et la chaleur de son amant.

Mais trahison suprême, Scott lui vole son travail. Il est comme un microbe qui lui grignote sa vie…



La Belle du Sud se raconte, jusqu’à son retour à Montgomery, jusqu’à la mort du "prince désarmant", jusqu’à ses quarante-sept ans.



Gilles Leroy a eu avec cette biographie romancée le prix Goncourt.



Il s’est faufilé dans l’esprit de Zelda pour nous rendre une version de ce couple mythique. Ils se sont aimés, ils se sont détruits. La haine flirtait avec l’admiration et l’amour connut des mutations ; passion, souffrance, déchirement, dégoût, compassion, fraternité, mais jamais d’indifférence. Zelda et Scott étaient des enfants précoces, ils ont dévoré leur vie très rapidement.

Fitzgerald a connu le succès avec son premier roman "L’envers du Paradis" et a embarquée Zelda pour l’Europe, avec leur fille née en 1921. Ils ont été les acteurs d’une "génération perdue", avides, gourmands, jouisseurs, où l’alcool fut la plus exigeante des maîtresses, bien plus que l’écriture, détruisant leur couple et reléguant Zelda dans une folie imposée. Dans ses divagations, ses démences, Zelda devient artiste. Elle écrit, elle peint, elle avoue et dérange Scott qui s’accapare ses rédactions et veut la brider. Rien de mieux que des électrochocs pour la ligoter.

L’auteur explique à la fin de son roman qu’il est difficile, voire impossible, de vivre avec un écrivain. L’un des deux jalouse l’autre…

"(…) je songe à celui qui m’aimait si mal.

J’avais vingt ans (…) pour me décourager d’écrire, peut-être, ou pour que la fusion fût parfaite, il me faisait lire ses auteurs préférés, William Faulkner, puis Carson MacCullers, "des monuments, disait-il, des génies absolus", sans comprendre qu’il me faisait rencontrer là deux oeuvres définitives dans ma vie d’homme, et je songeais, moi : Deux aînés, deux repères, deux êtres à qui ressembler, deux oeuvres qui, loin de m’écraser, me donnaient des ailes nouvelles et, par une étrange ironie, exaltaient mon désir d’écrire au lieu de l’éteindre.

C’est lui encore qui, par une nuit d’étoiles, sur le pont d’un ferry en route vers Capri, me confia son admiration pour un couple hors norme, les Fitzgerald. Mais, si brillant qu’il fût, l’homme jaloux ne comprenait pas cette évidence : l’histoire de Scott et Zelda était là pour l’édifier, lui, pour lui souffler que nul ne maîtrise les tempéraments – pas plus que les orages, le vent ou la foudre : personne, ni les psychiatres ni les climatologues. Encore moins les amants ombrageux."



J’ai aimé cette lecture, une histoire, ses personnages, la composition des mots, la poésie, l’époque de l’entre deux guerres. J’ai aimé m’attarder entre quelques pages, faire des recherches et m’immerger dans cette Amérique romantique, folle et dépressive, en quête d’affranchissement.



Un superbe roman qui j’espère vous plaira.
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Zola Jackson

Zola Jackson est une vieille institutrice d'un quartier noir de la Nouvelle-Orléans. Lorsque l'ouragan Katrina arrive sur la ville, elle refuse de la quitter et se calfeutre dans sa maison.

Ce court roman raconte ces quelques jours d'angoisse mais aussi, et c'est ce qui en fait toute sa force, relate toute une vie à travers les souvenirs, le délire parfois, de Zola Jackson.



En ouvrant ce livre, j'ai eu un peu peur que ce soit un livre "facile" ; on prend un évènement traumatisant, on se documente et on met un personnage en situation. Mais non, Zola Jackson est bien plus que ça .

A travers la vie de cette femme, l'auteur aborde l'injustice sociale, le racisme. J'ai ressenti une sincère indignation de l'auteur face à ce qui s'est passé ce mois d'août 2005. Ainsi qu'un amour pour cette ville.

Et cette colère aura donné un bon récit, avec une héroïne très attachante. La construction non-linéaire du récit qui suit le fil des pensées de Zola donne un roman vivant et agréable. Même si je n'ai pas toujours été séduite par l'écriture de Gilles Leroy.



Court billet pour un court roman, qui est bel hommage à la Nouvelle-Orléans.
Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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Alabama Song

Quand Zelda, "Belle du Sud", rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Gilles Leroy s'est glissé dans la peau de Zelda, au plus près de ses joies et de ses peines. Pour peindre le destin de celle qui, cannibalisée par son mari écrivain, dut lutter corps et âme pour exister...



“Il faut lire ‘Alabama Song’ comme un roman et non comme une biographie de Zelda Fitzgerald en tant que personnage historique.” écrit l'auteur. Et pourtant... Raconté à la première personne du singulier, le roman réussit à nous faire littéralement croire que nous lisons le véritable journal de Zelda.



Ce livre ne fait pas l'unanimité... pour ma part, je l'ai aimé, j'ai trouvé ce livre très fort : sur le fond et l'approche très originale de Gilles Leroy bien sûr ; mais surtout, quel style !

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Alabama Song

Bouquin retrouvé en rangeant ma bibliothèque, probablement offert l'année où il a obtenu le Goncourt et jamais lu, va savoir pourquoi. Quelle bonne surprise! J'ai été emballé par le romantisme désespéré de cette biographie très romancée de Zelda Fitzgerald, qui fait resurgir une époque flamboyante où l'on savait brûler la vie par tous les bouts et envoyer les convenances par dessus les moulins, quel que soit le prix à payer (suicide, électrochocs…). Les pages consacrées au mois d'idylle de Zelda avec l'aviateur français sur la plage de Fréjus sont, peu important la véracité de l'épisode, parmi les plus belles que j'ai lues depuis longtemps. Vivement recommandé.
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Le fils errant

Quand Yanis revient à la ferme des Maupu l'été de ses dix-sept ans, il est accueilli par la froideur hostile du patriarche et les railleries de ses fils et belles-filles sur sa tenue et ses cheveux longs. Seule Suzanne, cachée derrière son habituelle discrétion, semble émue et heureuse de l'accueillir en pleine saison des moissons.



C'est dans le studio qu'elle a fait rénover et aménager pour lui qu'il passera l'été, lui qui n'est plus venu depuis des années, quand sa mère Soraya avait décidé de claquer la porte des Maupu après la dispute de trop.



Chez les Maupu, on s'interroge sur ce que veut ce jeune métis, ce bâtard qu'on aurait préféré oublier et qui rend nerveux père et fils qui règnent en maître sur ce royaume agricole qu'ils ne souhaitent surtout pas partager. L'adolescent, en quête d'identité et de réponses sur ses origines, se rapprochera d'un jeune saisonnier américain, orphelin comme lui, avec qui il se découvrira.



Superbe roman d'apprentissage, Le fils errant nous plonge dans cette France rurale et dépassée qui va être ébranlée par la beauté et la diversité de la vie. C'est un roman sensible et touchant sur ce que signifie être une famille, sur l'amour et sur la construction de soi quand tout s'est effondré, servi par la plume délicate d'un Gilles Leroy au sommet de son art.



📖 Le fils errant de Gilles Leroy paraîtra le 5 janvier 2023 aux éditions Mercure de France. 220 pages, 20,50€.



🔗 Service de presse numérique fourni par l'éditeur.
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Alabama Song



Gilles Leroy explique qu’il n’a pas fait une biographie de Zelda et Scott Fitzgerald rigoureuse. J’aurais préféré. Le récit est fait par Zelda avec une chronologie particulière.

Il met en avant le dérangement mental de Zelda, belle du Sud, très fière d’être fille de juge, petite fille de gouverneur et qui de ce fait se sent autorisée à toutes les excentricités. Mais aussi l'alcoolisme de Scott et sa gêne d’être pauvre, sa volonté d’être connu par des écrits. Sa jalousie mâtinée de mépris envers sa femme. Celle-ci affirmant qu’il a puisé dans ses propres écrits, publiant en son nom des nouvelles écrites par elle. Et la fait interner dans un asile où elle mourra dans un incendie, sa chambre étant fermée à clef. Elle a même écrit un roman qui a eu peu de succès.

Il est difficile de faire vraiment la part de la réalité des inventions de l’auteur.



Je regrette un peu d’avoir perdu mon temps avec ce livre.



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Zola Jackson

Je découvre cet auteur avec ce roman qui se passe pendant ce terrible ouragan de 2005, Katrina.

Zola est déjà une femme âgée et elle décide contrairement à la plupart de ses voisins de rester dans sa maison construite par son mari. Mais c’est un quartier noir et pour protéger les quartier blancs on va faire sauter les digues qui retenaient l’eau du lac, ajoutant celle-ci à celle qui tombe du ciel.

Jeune, Zola est tombée amoureuse d’un blanc dont elle a eu un fils, très beau et d’une intelligence très supérieure, ce qui lui a permis de faire publier sa thèse d’histoire. On comprend assez vite qu’il y a un problème avec ce fils Caryl.

Veuve, son enfant parti, elle se retrouve donc seule face aux éléments avec une chienne labrador qui partage avec elle cette longue attente des secours.

Sans être particulièrement sympathique, Zola est remarquable par son courage et son attachement à son animal de compagnie.



Je pense replonger dans un des nombreux romans de Gilles Leroy.

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Alabama Song

Entre roman et biographie, on oscille.

Entre Scott et l'aspiration à la reconnaissance, Zelda aussi.



Gilles Leroy traduit brillamment ici le vampirisme d'un homme célèbre sur sa femme, les ombres qui pèsent sur la vie de celle-ci.

Trop fragile pour la réalité ? Trop brimée par son entourage ?

"Brimée, bridée, brisée"

C'est alors qu'il faut se rappeler que nous sommes dans une œuvre fictionnelle et que ce personnage touchant de Zelda par Leroy est une héroïne de papier.



"De toute façon, il y a de fortes chances pour que vous ayez à vous excuser. Il y a un jour, inévitable, où il faut s'excuser d'écrire. Écrire n'est pas correct. "

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Dormir avec ceux qu'on aime

Quand d'autres parlent de leur premier amour ,Gilles leroy s'attarde sur ce qu'il appelle le dernier amour .

Le narrateur ,un écrivain français vieillissant ,qui a connu une grande passion dans sa jeunesse pour un homme plus âgé à Leningrad et qui,ayant tôt compris que "Partir fait mourir ceux qu'on laisse ." vit désormais seul avec sa chienne à laquelle il est très attaché .Il voyage pourtant à travers l'Europe pour la promotion de ses livres .C'est ainsi qu'il arrive en Roumanie et qu'il s éprend immédiatement d'un jeune libraire ,par ailleurs fou de rock ,venu l'accueillir .L'attirance est réciproque et les deux hommes deviennent amants .C'est l'histoire de cette passion entre deux hommes que l'âge et les habitudes de vie séparent depuis le miraclle de la rencontre , des corps parfaitement accordés ,en passant par les séparations ,l'obsession de l'autre et la jalousie jusqu'à l'inévitable séparation. Ils ne vieilliront pas ensemble .

En contrepoint ,la Roumanie ses légendes et ses fantômes :l'image obsédante de la Reine Rouge ,l'épouse monstrueuse du dictateur à la fin tragique et son pendant lumineux la Reine Blanche

dont le souvenir emplit les rues de Buenos Aires .Et puis dans la maison de France ,la chienne délaissée qui se laisse mourir.Remords de l'écrivain ,décidément "Partir fait mourir ceux qu'on laisse ."

Un ouvrage très habilement construit ,avec des échos et des réminiscences qui donnent à cette histoire presque trop banale une profondeur de légendes

Je me suis laissée embarquée .
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Zola Jackson

Zola Jackson c'est le roman de deux dévastations, celle d’une mère déchirée et d'une terre traversée par un ouragan. Zola est une femme énergique, anti-conformiste et bonne cuisinière. Elle porte à son fils unique un amour absolu et maladroit fait de grandeur et d'erreur. Son existence patiemment construite pour le bonheur de ce fils va s’effilocher morceaux par morceaux avec la mort de ceux qu’elle aime. Avec ce roman Gilles Leroy met en perspective deux drames. Celui d’une femme qui traverse un chagrin insondable et celui de la Nouvelle Orléans qui, dans le pays le plus puissant au monde, restera abandonnée de longs jours à un désastre écologique sans précédent. On avance dans l’histoire par touches pas forcément chronologiques : La réussite scolaire de Caryl le fils de Zola, le combat des droits civiques aux E.U, la question de l'homosexualité, l’existence pauvre de la communauté noire, la vie quotidienne de cette communauté entre solidarité et jalousie, la violence inouïe de Katrina, des digues garanties infaillibles qui cèdent et la montée inexorable des eaux pestilentielles où flottent cadavres humains et animaux. Zola, comme un reflet de son état d’âme, va se retrouver bloquée seule avec sa chienne Lady dans son grenier inondé. Refusant d’abandonner l’animal pour se sauver elle va rester sans eau, sans nourriture et sans air frais dans cet espace confiné. Mais la vie n’a pas dit son dernier mot et la fin émouvante laisse la part belle à la tendresse.
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Alabama Song

Je n'aime pas ne pas finir un livre mais la il est impossible pour moi de continuer la lecture. L'idée de départ est bonne et j'avais envie de découvrir ses deux personnages ainsi que leur vie. Mais je n'accroche en rien dans ce roman : je n'aime pas les personnages que je ne trouve pas attachants et l'écriture et le style sont tout l'inverse de fluide. J'avais déjà un a priori sur les livres recevant des prix littéraires et donc ce roman me conforte dans mon idée première. Je pense tout de même que je réessayerai un autre livre de cet auteur pour me faire un avis mais pour celui ci je suis extrêmement déçue.
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Alabama Song

Alabama Song/Gilles Leroy

J’ai bien aimé ce roman et ce dès le titre. En effet, cette poignante autobiographie fictive de Zelda la belle impudique, mi ange mi démon, impertinente qui pétille de vie est finalement une chanson triste et désespérée émaillée de désillusions qui vont croissantes au fil des années, jusqu’à la déchéance et la folie. La performance de Leroy pour se mettre dans la peau de Zelda est remarquable. C’est bien écrit, émouvant, riche en anecdotes. Beaucoup de sensualité et un érotisme discret, mais pas de vulgarité comme veulent bien le dire certains lecteurs.

Les commentaires qui critiquent l’auteur pour être en quelque sorte témoin à charge contre Scott l’alcoolique, le sordide, le goujat, devraient se souvenir que cet ouvrage est une fiction, un roman ; dès lors, la vérité historique peut être altérée. Et c’est peut-être le cas. Chacun fera ses recherches biographiques pour rétablir la stricte vérité si cela est possible.

Parlant de son époux, Zelda dit à son amant : « Cocu, il me revoyait comme sa femme - sinon désirée, à jamais possédée… De m’avoir perdue m’a rendue soudain nécessaire. Scott faisait tout en romancier : après m’avoir punie, il a cherché à me changer. » Le ton du roman est donné dès l’entame

Un passage très émouvant dans la bouche de Zelda : « L’amour, je l’ai connu sur la plage de Fréjus. L’amour pour moi, ça n’a duré qu’un mois et ce mois remplit ma vie. »

Le chapitre de la dispute entre Zelda et Scott est d’une violence inouïe (1932-La Paix) : un morceau d’anthologie !

Et cette phrase de la fin résume bien le tragique de ces vies : « Personne ne sait comment on a pu s ‘aimer au départ ni comment on s’est supportés toutes ces années. Au départ, je me foutais de lui, à la fin il se foutait de moi. » Ils se sont déchirés quasiment toute leur vie durant.

Une leçon de non-bonheur.



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