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Critiques de Gilles Leroy (354)
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Alabama Song

Dans les années 20, nait un couple de légende F. Scott et Zelda Fitzgerald qui vont s’aimer autant que se haïr.

La belle d’Alabama, intelligente, douée, fantasque et désespérée tombe amoureuse du lieutenant à la gueule d’ange !

Ils sont jeunes en 1918, ils vont grandir et traverser les années folles pour le meilleur et pour le pire, surtout le pire.

Dans cette autobiographie, un peu comme une longue rêverie écrite à la première personne, se confie Zelda, fille du Sud, de Montgomery en Alabama, fille du juge, petite fille d’un sénateur et d’un gouverneur. Elle s’éprend de l’aspirant écrivain, piètre cavalier, divin danseur, fils de savonnier en déroute.

Et bientôt son mauvais génie.

Un mariage à l’encontre de tous et de tout, une mascarade qui aurait pu annoncer la couleur de la vie à venir. Zelda en a la prescience mais elle persiste.

Elle danse, elle peint, elle écrit mais Scott n’a besoin de rien d’autre qu’une muse, Zelda sombre. Une première fois, en toute conscience !

Mais toujours elle le suit de New York à Paris la vie est une fête, une fête parfois triste et souvent avinée.

Quand, sur la Riviera, elle rencontre son officier Français, Edouard Jozan, elle tombe amoureuse de cet homme qui l’aime et la considère enfin, simplement et loin des lumières et des soieries mais Zelda contrainte restera auprès de Scott et décidera finalement de l’aider à devenir le grand Fitzgerald.

L’alcool devient un allié, les excentricités sont courantes, les crises de folie se succèdent et conduiront Zelda un peu plus près du précipice à chaque fois.

Un précipice sans fond d’où elle ne reviendra pas, lobotomie et électrochocs ramèneront Zelda dans le sud des États-Unis auprès de cette mère qui ne l’aimait pas, et quand Scott disparaitra prématurément, Zelda ne s’en remettra pas.

Amour, désamour, à la vie, a la mort !

Prix Goncourt 2007, Alabama Song est un de mes livres préférées, il apporte une version inédite entre rêve, réalité et mélancolie, à celle que la légende a souvent rendu antipathique.

Que serait-il devenu sans elle et elle sans lui ?

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Zola Jackson

Mom, il faut que tu quittes la Nouvelle-Orléans pour venir nous rejoindre. Tu n’es pas en sécurité, un ouragan est annoncé.



700 km la séparent de son fils, Caryl, qui vit à Atlanta avec Troy Machinchose, c’est le nom qu’elle a donné à ce grand rouquin qu’elle ne porte pas dans son cœur. Malgré l’amour absolu pour son fils, et en dépit du déferlement des eaux que l’on ne peut freiner, la volonté de Zola Jackson de rester dans sa maison au péril de sa vie ne fléchit pas.



Qu’est ce qu’un ouragan de plus ? Zola a su affronter Betsy lorsque Caryl était bébé, alors pourquoi fuir devant Katrina ?



Les secouristes sont là et tentent de lui faire entendre raison. Il faut partir dès maintenant Mme Jackson. C’est promis, on reviendra chercher votre chienne Lady. Mais elle n’en croit pas un mot et va tenter de survivre avec Lady face à ce cataclysme.



Un bouleversant et magnifique condensé d’émotion !!

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Nina Simone, roman

J'ai lu ce livre depuis plusieurs mois, et j'effectue aujourd'hui une sorte de test : que me reste-t-il de cette lecture ? Un profond sentiment de solitude.

Nina Simone n'a plus que quelques temps à vivre quand s'ouvre ce roman. Elle vit dans une villa, sur la Côte d'Azur. Elle est désespérément seule, et se confie à un de ses domestiques. Musicienne reconnue, elle voit pourtant sa vie comme un échec. Elle ne vivait que pour les classiques, elle est devenue une pianiste qui jouait dans les clubs après son échec à l'institut Curtis de Philadelphie . Plus tard, ils reconnaîtront leur "erreur", l'encenseront, mais auraient-ils pu le faire si elle ne s'était pas battue, au côté des siens, pour dénoncer la ségrégation ? Si elle n'avait travaillé avec acharnement, de concert en concert, d’enregistrement en festival ?

Ses amours ? Envolés, les uns après les autres - en est-il un qui l'a aimé sincèrement, sans chercher à l'exploiter ? On peut en douter. Ses conseillers ? Ils sont plus occupés à s'enrichir qu'à prendre soin d'elle. Il ne lui est resté que le travail et la musique.

La profonde empathie et l'admiration de l'auteur sont palpables dans ce roman, et pourtant, il ne cache rien de ses excès, de son caractère explosif, de sa violence parfois - où l'impossibilité de trouver la paix après une vie consacrée au travail et à la musique.

Nina Simone, roman, est à lire avant d'écouter cette grande dame de la musique.
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Les maîtres du monde

Livre étrange. Mais d'où sort cette histoire ? On la dirait issue d'un exercice, d'un défi : "Allez, Gilles, construis-moi un roman mélodramatique aux accents pathétiques, plus un côté apprentissage ou biographie et avec.. euh... disons : un chanteur écorché vif, des relations homosexuelles, un enfant né monstrueux, des mères foireuses, un boxeur, euh... et un philosophe !

Défi accepté. Et défi réussi. Parce que l'histoire délirante a priori tient en haleine et presque la route.

J'ai trouvé un gros point commun avec John Irving dans cette capacité à additionner des éléments incongrus et parvenir à émouvoir fort.

A la fin, ton dernier défi, Gilles, c'est de choisir un titre que personne n'aurait jamais donné.
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Alabama Song

J'ai beaucoup aimé ce roman consacré à la vie de Zelda Fitzgerald. L'auteur nous narre sa rencontre avec Scott Fitzgerald, nous décrit ô combien elle avait l'esprit libre, se foutait royalement de ce que les autres pensent d'elle. Nous assistons aux années de gloire, au sommet, les fêtes, l'argent, les danses, l'alcool…et vint la chute, l'éternel recherche du succès, du roman phare, la lutte incessante de Zelda pour exister face à son mari.

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C'est un roman particulièrement touchant car on voit à quel point cette femme féroce et fière a pu être brisée par son mari, par jalousie, par peur, et à quel point, elle continuait de l'aimer, de l'admirer.

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L'auteur a une très belle plume, dévoilant au plus près les sentiments de Zelda. Il dit bien que son roman est inspiré de faits réels, mais ce n'est toutefois pas une biographie, car il a pris beaucoup de liberté, et c'est très romancé. En tout cas, il m'a donné envie de lire un ouvrage biographique consacré à Zelda et de lire son propre roman : Accordez-moi cette valse.
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Requiem pour la jeune amie

C’est en repeignant sa bibliothèque, quelques trente ou quarante années après les faits, que lui revient (comme un flash) une anecdote vécue avec la jeune amie, souvenir profondément enfoui au fin fond de son subconscient … Le narrateur va alors nous confier comment l’indicible nouvelle lui était parvenue – juste après avoir croisé David Bowie – dans une supérette d’un petit village varois écrasé sous le soleil, où il séjournait.



La jeune amie, il l’a rencontrée chez lui lors d’une fête, durant l’été 78 (rue de Vintimille, à Paris) alors qu’ils avaient dix-neuf ans tous les deux. Ils allaient spontanément devenir très complices. Jusqu’à ce jour fatal de juillet 84 … Il a longtemps retapé des appartements avec elle, avant de devenir écrivain. C’était à l’époque où il était amoureux d’un acteur, qui lui était infidèle … Elle n’a pas d’identité au fil des pages, la jeune amie violée et tuée dans le parking de son immeuble, à Vincennes … Comme si c’était encore trop pénible pour le narrateur (qui – lui – s’appelle Gilles) de se la remémorer … Le prénom de la jeune amie (Agathe), le narrateur nous le communiquera au dénouement de ses confidences … Un peu comme un exorcisme …



Un très beau texte, touchant et pudique, que l’on sent empreint de (douloureux) souvenirs autobiographiques. Des faits concis, simples et paradoxalement complexes. Un moment de lecture particulièrement désarmant et attrayant à la fois.



Gilles Leroy, c’est aussi le prix Goncourt 2007 (Alabama Song) et l’auteur du non moins superbe « Nina Simone, roman » : un écrivain dont la renommée n’est plus à faire !
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Nina Simone, roman

L'histoire romancée d'une période douloureuse de la fin de vie de la grande Nina Simone.

Installée près de Marseille, elle est seule et malade.

Nina est une héroïne de roman : de sa jeunesse, son rêve de devenir une pianiste classique, espoir brisé par son échec à rentrer dans une prestigieuse école, sa réussite dans un domaine musical qui ne lui plait pas beaucoup, la difficulté pour une femme noire à faire valoir ses droits, son engagement pour la cause des droits des noirs, les échecs de sa vie sentimentale...
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Dans les westerns

Nous voilà projetés dans l’Amérique hollywoodienne des années 50, avec son cortège de westerns moyens, de starlettes féminines et masculines censés endosser un rôle bien précis, stéréotypé à souhait.

Mais voilà, qui aurait pu prédire qu’une histoire d’amour naîtrait entre Paul et Bob et qu’elle (sur)vivrait 7 années ?

Sous la forme de confessions journalistiques, bien des décennies plus tard, les protagonistes partagent leurs souvenirs de tournage, d’amour et de censure. Mais aussi ceux des manigances des studios et du harcèlement de la presse. Parce qu’à cette époque, il n’était pas bon être homosexuel, même dans le milieu du cinéma !

Avec une précision quasi chirurgicale, Gilles Leroy dépeint l’envers du décor. Et l’envers de l’envers du décor.

On imagine sans peine les acteurs de l’époque qui ont pu inspirer l’auteur et ce qu’ils ont du endurer.

On passe de l’un à l’autre, on essaie de démêler le presque faux du vrai de vrai.

Amertumes, mensonges et liberté se côtoient pour recomposer une histoire qui a marqué chacun de ses protagonistes, quelle que soit la vie qu’ils ont ensuite décidé de suivre.
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Le château solitude

Vingt-six, c’est le titre d’une récente collection des éditions Grasset, qui propose à des écrivains contemporains d’élaborer un abécédaire personnel, avec pour seule contrainte l’ordre alphabétique des entrées.



Et après François Bégaudeau Yves Michaud, François Bon, c’est au tour de Gilles Leroy prix Goncourt 2007 pour le beau roman "Alabama song", de se plier à l’exercice et de profiter du défi pour comme les autres se raconter au gré de ses 26 entrées…



On voit que Gilles Leroy éprouve quelques difficultés à se plier à la contrainte demandée, , on a un peu de mal à se retrouver dans les entrées qui ne sont ni linéaires ni alphabétiques mais on ne peut que reconnaitre la beauté de la langue et des idées, particulièrement érudites de l’auteur qui à travers cet essai déploie, comme à travers toute son œuvre sa profonde humanité et son attachement aux gens qui sont un peu à la marge du système..


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Alabama Song

C'est par hasard que j'ai lu ce roman qui m'a été donné par ma mère qui ne l'a pas apprécié. Comme il venait d'avoir le Goncourt je me suis laissée tentée. Et c'est sans regret car j'aime beaucoup l'écriture de Gilles Leroy.



J'ai donc découvert un auteur et, avec "Alabama song", un beau roman sur la passion, les excès et la folie du couple Zelda et Scott Fitzgerald narré par Zelda, sous la forme d'un journal.

Elle raconte le jour où son chemin a croisé celui du soldat Fitzgerald, en juin 1918, dans les rues de Montgomery. Impétueuse et orgueilleuse, elle brise les interdits et s'enfuit aux bras du jeune homme pour l'épouser. Mais l'alcoolisme de Scott et son désir d'être reconnu par le milieu littéraire, élitiste de la société new-yorkaise va dépasser leur amour tumultueux Les frasques de Zelda apportent aussi de l'eau au moulin de la presse et c'est un cruel renvoi de balles que se lance le couple. Zelda va terminer sa vie en hôpital psychiatrique sans avoir pu vivre livre de sa création littéraire.

C'est un livre poignant sur la littérature et le destin d'une femme brisée.





Challenge Goncourt illimité
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Alabama Song

Je n'ai pas réussi à rentrer dans ce roman fiction, prenant pour personnages principaux, Zelda Fitzgerald et Francis Scott Fitzgerald. Je ne sais pas trop pourquoi, j'avoue, mais un style qui ne m'a pas forcément plu (en tout cas pour ma part...).Des années 20 et 30 où se mélangent les excès en tout genre, passions folles, alcools, ambitions et déchéance.

Ce livre est intéressant mais je n'arrive pas à me débarrasser de l'idée qu'il lui manque un petit quelque chose pour lui faire prendre plus de hauteur, peut-être le traitement des malades, peut-être une couverture plus profonde des personnages (oui, je ne les ai pas trouvé assez "fouillés"...). Bref, pas une déception mais un livre qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
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Zola Jackson

Août 2005, Katrina, dans les bas-quartier de la Nouvelle Orléans. L’eau monte envahissant le quartier, la maison et les souvenirs de Zola. Giles Leroy avec une délicatesse peu commune, évitant poncifs et misérabilisme, offre à Zola Jackson, ce “vieux pruneau fripé” le premier rôle. Cet exil involontaire offre à Zola l’occasion d’un dialogue intérieur accompagnée de sa confidente à quatre pattes, Judy.



Ce court poème en prose de 140 pages au rythme lent comme celui d’une mélopée mélancolique fait de Zola Jackson une héroïne romanesque de Louisiane.



La qualité d’écriture fascinante de Giles Leroy a été couronnée par le Goncourt en 2007 pour Alabama Song et Zola Jackson a reçu le prix Marguerite Puhl-Demange en 2010.



Lire la critique complète sur www.quidhodieagisti.fr


Lien : http://www.quidhodieagisti.fr
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Alabama Song

Continuant dans ma lancée de lire des romans primés par le Goncourt, j'ai exhumé récemment Alabama song, couronné en 2007.



J'avais tourné autour au moment de sa sortie, puis j'avais renoncé à le lire préféranr rester sur mes impressions de l'œuvre des deux protagonistes principaux : Zelda et Francis Scott fitzgerald, qui avaient bercé mon adolescence.



Lors de nos vacances américaines de 2014, nous sommes passés par Montgomery, la capitale de l'Alabama, et nous avons visité la maison de Zelda ... 



C'est en y repensant que j'ai lu le livre de Gilles Leroy, qui, précise-t-il en toute fin d'ouvrage, n'est pas une biographie de Zelda, puisqu'il y a ajouté des éléments inventés, mais qui s'inspire de sa vie.



J'ai retrouvé l'ambiance des romans de Scott, le souvenir du Montparnasse des années 20, de cette génération perdue, après la première    guerre mondiale qui ne trouvait plus sa place en Amérique et qui était venue à Paris puis sur la Côte d'Azur où alcool et drogues coulaient à flots pour oublier les souvenirs du front (ou oublier, que, justement, on n'avait pas fait la guerre !) 



Un roman, qui n'apporte pas grand chose ... j'ai lu tellement de choses sur cette époque, mais j'ai été gênée par les descriptions d'Ernest Hemingway, seul personnage non nommé sous son véritable nom dans ce roman (pourquoi seulement lui ?) alors que tous les autres portent leur vrai nom, des Murphy à Picasso, Cocteau, Dos Passos et autres Gertrude Stein ! 



Bref, pour un récit plus véridique de la vie dans cette France des Années Folles, il vaut mieux lire 'Mrs Hemingway' de Naomi Wood et pour retrouver Zelda et Scott ... relire leurs œuvres ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Alabama Song

Sur Zelda Fitzgerald, on a beaucoup écrit mais le roman de Gilles Leroy ne prend pas un tour biographique, ce qui le rend différent. Je l'ai trouvé très beau, tant par l'évocation de cette femme complexe, portée à l'excès et au déséquilibre, épouse d'un écrivain célèbre qui n'est pas n'importe qui, et femme malade qui ne semble pas trouver le repos, que par la la langue utilisée. Les phrases sont belles et ciselées. Les images poétiques abondent. C'est un hommage plein de classe et d'élégance.
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Le Diable emporte le fils rebelle

Wisconsin, l’hiver est blanc, le froid saisissant. Dans la nuit, une femme s’agite auprès d’un brasier. Lorraine est fière, on l’a toujours félicitée pour la vigueur de ses feux. Mais dans ce foyer nouvellement allumé, Lorraine fait disparaître une partie du sien : elle brûle une à une les affaires de son fils, Adam. Léguer au feu les affaires du fils, comme pour faire disparaître la douleur, faire taire le scandale à venir. Car ce qu’elle a toujours su, sans jamais vouloir se l’avouer, va bientôt se répandre comme une traînée de poudre dans ce coin perdu de l’Amérique profonde : ses belles-sœurs, qui la méprisent et la traitent de traînée derrière son dos, ont aperçu Adam en compagnie d’autres hommes. Adam est un « dépravé », un homosexuel ! Homophobie ordinaire, Lorraine l’a chassé devant le refus du fils de se faire « soigner » dans un camp religieux.



Lorraine est-elle une mauvaise mère ? Même son mari, qui l’a toujours soutenue, en frémit d’horreur. Quelle mère met son fils dehors, sans aucune affaire, en pleine nuit, au cœur de l’hiver ? L’a-t-elle chassé aussi à cause d’un vieux ressentiment, pour lui faire payer sa naissance difficile, sa jeunesse maladive, l’attention extrême qu’il fallait lui porter, à toute heure du jour et de la nuit ? L’acte de Lorraine a-t-il été aiguillé par un brin de jalousie envers Adam ? Il faut dire que le fils aîné est le fils préféré du père. Elle qui voudrait un amour exclusif, elle doit le partager. Chasser le fils, est-ce enfin pouvoir bénéficier de la présence de ce mari, toujours sur les routes, éloigné soit par le travail, soit par ses séjours en prison.



Car peu à peu, au fil de la longue confession de cette femme, on découvre le portrait d’une mère épuisée, désespérée, qui en a trop vu, trop vécu en trop peu de temps. Elle n’a que trente-deux ans, mais son corps est fatigué par ses grossesses et la misère. Tous les jours, elle s’épuise à maintenir à flot les mobil-homes qu’elle a hérité de son père. Héritage maudit, cadeau empoisonné. La crise économique a frappé de plein fouet cette région, le camping n’a jamais rapporté un sou à la famille, pire, il a participé à sa ruine. Mais ses frères lui en veulent, persiflent, traitent leur beau-frère de fainéant, leur sœur de putain toxico. Lorraine se sent aussi « harcelée » par les services sociaux, en permanence jugée par les gens : elle ne nourrit pas assez bien ses enfants, elle ne les habille pas assez bien, elle ne s’en occupe pas, surtout du petit dernier, qui a un retard mental important et qu’elle ne met pas dans une institution spécialisée. Et l’aîné est devenu un adolescent fugueur, violent et maintenant homosexuel. Preuve qu’elle est vraiment une mère à la ramasse, dont l’attention est réduite par les « antichagrins » qu’elle planque sous l’évier pour supporter les longues journées dans ce coin perdu de l’Amérique.



Le Diable emporte le fils rebelle est un court roman qui propose, au gré de la confession de Lorraine, un portrait sensible et nuancé d’une femme et d’une mère abîmée par la vie. Sans aucun jugement moral, l’auteur dépeint la souffrance d’une vie vécue dans la honte et la misère, en proie aux regards et aux médisances des « autres », des autres dont les racontars ne visent qu’à oublier leur propre douleur.
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
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Zola Jackson

On lit ce roman aussi rapidement que l’ouragan. Et l’on découvre Zola Jackson institutrice noire dans les quartiers populaires de La Nouvelle Orléans. Elle tente de résister avec sa chienne Lady contre l’ouragan Katherina. En attendant un éventuel sauvetage, elle se remémore sa vie, ses colères, ses silences, ses anciens élèves qui grandissent mal ou pas, qui n’atteindrons pas l’âge adulte, flingués en pleine jeunesse par les règlements de compte ou la drogue. Son fils à la peau claire et aux yeux verts, sa fierté. Zola Jackson est la voix de la souffrance, mais elle plus forte qu’un ouragan.
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Alabama Song

Au départ, je voulais découvrir l'univers des Fitzgerald. Mais j'ai découvert que c'était en grande partie de la fiction, alors j'ai fait comme si tout était réel pour pouvoir me plonger pleinement dans ce roman.





C'est un roman totalement décousu, brouillon, déglingué, mais qui correspond complètement à l'état d'esprit de l'héroïne. De même, c'est parfois cru ou vulgaire mais rien ne serait plus approprié.











Je ne pourrais pas m'exprimer sur l'histoire, c'est celle d'une vie et ça ne se juge pas. C'est certes en partie fictif mais c'est aussi bien trop réel pour qu'on discute des choix de l'auteur. L'ensemble est bien trop cohérent, bien top réel pour ne pas y croire. Je pense lire d'autres livres sur elle ou sur son mari pour pouvoir démêler le vrai du faux. Je vais aussi m'intéresser aux peintures de Zelda, j'aime assez ce qu'elle fait et je vous en propose un qui m'a bien plu.







Je suis ressortie de cette lecture rendue confuse par une telle vie mais touchée par l'héroïne.
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Zola Jackson

Ouragan Katrina, 2005.

Et l’impression que tout le monde a oublié.

Sauf peut-être ceux qui y ont survécu.

Zola Jackson a survécu à Betsy, quarante ans plus tôt. Ce n’est pas Katrina qui l’effraiera, elle qui a connu bien pire : la mort de son fils Caryl. Ce fils qu’elle a tant aimé. Ce fils qu’elle n’a pas su aimer pour ce qu’il était, et maintenant, il est trop tard pour le lui dire.

Zola Jackson est une survivante, qui a appris à composer avec le racisme ordinaire, avec les mesquineries de bas étage, avec les commérages de quartiers, la suspicion ambiante.

En 150 pages, c’est tout une vie que Gilles Leroy nous invite à découvrir, entre retour en arrière maîtrisé et parfaitement lisible, et catastrophe du présent.

Autour de Zola, il ne restera rien, sauf la désolation, les morts, les appels sporadiques des survivants. Des tentatives aussi pour la sortir de sa maison – et certains, qui se donnèrent en spectacle à ce moment, comme si le cinéma ne leur suffisait plus, en prennent sérieusement pour leur grade. Jamais sans mon chien pourrait être sa devise. Jamais sans le seul être vivant qui lui rappelle son fils.

Le dénouement, après tant de douleur, est simplement beau et émouvant.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Dormir avec ceux qu'on aime

oui, il s'agit bien d'autofiction, mais pas n'importe laquelle. Avec coeur, avec tripes et sensibilité, avec parfois du détachement, de la mélancolie. Et surtout avec style.

Gilles Leroy se met en scène et nous expose sa vie, son homosexualité qui ne prend pas davantage de place que la sexualité hétéro exposée dans toutes les autres histoires de passion. Mais ce n'est pas ça le plus important. C'est la tristesse des émotions ressenties pleinement, mais qu'il sait bien, cet homme de 48 ans, trop fugaces, vouées à se ternir parce que Marian, son jeune amant roumain, libraire et rockeur, n'a que 26 ans.

C'est un road movie de nanti qui aime son confort, une tournée de promotion littéraire avec escapades roumaines, mais aussi une course contre ce sentiment dont il ne parvient pas à se défaire. Et dont il dit qu'il sera le dernier.

Il le dit, mais peut-on le croire ?

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Alabama Song

Un joli hommage pour une jolie dame. Oui je reste admirative de cette personnalité insondable. J'ai passé un bon moment entre fiction et réalité, ravie de retrouver cette Femme avec un grand F, cette battante qui a refusé de faire ce que l'on attendait d'elle et qui, malgré cette fin tragique, s'est battue pour ce qu'elle croyait être juste et bon pour elle, pour ce qu'elle croyait être la vie qu'elle voulait mener. Merci Monsieur Leroy d'avoir souhaité partager votre passion pour cette passionnée de la vie.
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