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Critiques de Gustave Flaubert (1589)
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Trois contes : Un coeur simple - La légende d..

Cet avis ne traite que de "Hérodias", ayant lu les autres contes antérieurement.



Gustave Flaubert, dans une période de sa vie où il fut tourneboulé par les répercussions du procès de "Madame Bovary" et échaudé par un souffle de défaveur auprès du public, a écrit ses "Trois contes" dont "Hérodias". Les trois sont à caractère spirituel mais ce dernier est encore plus marqué et frappant dans celui-ci puisqu'il s'agit d'une plongée chatoyante et dramatique dans un tableau historique et biblique : la décapitation de Jean-le-Baptiste.



Seconde épouse de son oncle Hérode Antipas, connu justement pour cette célèbre décapitation, Hérodias est une princesse juive ambitieuse et manipulatrice, allégorie de ce que la tragédie antique peut offrir de mieux en termes de dominatrices. Et justement, Gustave Flaubert a structuré son récit en trois parties équivalentes à trois actes de tragédie. Les descriptions sont détaillées et flamboyantes, créant une atmosphère orientale dépaysante et envoûtante.



Hérodias (ou Hérodiade) et sa fille Salomé sont des figures féminines qui ont très largement inspiré les artistes, poètes, écrivains, dramaturges, cinéastes ou encore musiciens. Aussi fascinantes que dénoncées pour leurs actes, elles feraient sans aucun doute aujourd'hui figure d'héroïnes.





Challenge RIQUIQUI 2021

Challenge XIXème siècle 2021

Challenge MULTI-DEFIS 2021
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Madame Bovary

Madame Bovary faisait partie de ces classiques de la littérature française que je n'avais pas lus.

J'en avais parlé à mon amoureux qui, goguenard, m'apporta un jour ce roman, trouvé dans une boîte à livres, me souhaitant « bon courage ».



J'avais une idée bien précise de Madame Bovary, une jeune femme mariée s'ennuyant ferme et finissant par se suicider. En commençant cet ouvrage, je me suis dit que j'allais donc m'ennuyer quelques soirées avec elle, presque certaine que sa lecture serait longue et fastidieuse.



Et ? Et bien contre toute attente, et à ma grande surprise surtout, ce roman m'a beaucoup plu !

Certes, il ne s'y passe pas grand chose, si vous voulez des rebondissements à gogo, passez votre chemin, mais j'ai passé, je peux le dire, un agréable moment avec Emma Bovary, principalement grâce à la plume de Flaubert que j'ai trouvée particulièrement fluide, poétique et musicale, j'ai d'ailleurs lu quelques passages à voix haute tellement je trouvais les mots bien choisis et les tournures de phrases exquises.



Madame Bovary, née Rouault, est la fille d'un riche fermier, qui attend que quelque chose se passe. Elle perçoit la vie dans les romans à l'eau de rose lus durant sa jeunesse passée au couvent, persuadée que la passion l'attend au détour du chemin. Et quelle déception quand elle se rend compte que la vie, justement, et le mariage, surtout, n'ont rien à voir avec ce qu'elle imaginait. Alors elle attend, prenant au passage ce qui se présente à elle.

Son mari, qui l'aime tendrement et sincèrement, ne fait que la décevoir. Elle ne l'aime pas ; pire, elle le méprise.

Après la naissance de son enfant, elle s'enlise dans l'ennui et le désespoir, la maternité ne lui redonnant même pas une certaine forme de joie de vivre. Elle tend à se perdre dans cette vie monotone et, après les avoir repoussées une première fois, par convenance, elle cède aux avances d'un premier amant, puis d'un second, persuadée de vivre enfin une passion. C'était sans compter l'égoïsme de ces brigands qui se lassent rapidement de celle qu'ils ont pourtant tant convoitée.



Mais ce ne serait pas lui rendre justice, ni à Flaubert, que de ne voir dans ce roman que le constat d'une femme qui se languit et rêve sa vie plutôt que de la vivre. Car, pour ma part, j'ai trouvé qu'Emma essayait, mais essayait vraiment. Elle tente de trouver une solution dans la spiritualité et dans la religion ; elle fournit des efforts pour devenir une « bonne mère » ; elle essaie même de retrouver goût à son union. Oui, à côté de ça, elle sait se montrer frivole et inconséquente mais qu'attendait-on réellement d'une bourgeoise à cette époque si ce n'est dépenser l'argent de son mari, tenir sa maison et ses domestiques ?

Quant à Flaubert, au lieu d'en faire une sotte, il tend à lui donner de l'épaisseur tout en dépeignant un tableau très réaliste de son époque, à savoir qu'une femme n'avait pour horizon que le mariage et la maternité.



En 1857, deux procès ont lieu dans le monde de la littérature à quelques mois d'intervalle : Flaubert et Charles Baudelaire comparaissent pour outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes moeurs, en face du même procureur impérial, Ernest Pinard. Flaubert sera acquitté tandis que Baudelaire sera lui condamné.

Afin de sauver son client, le conseil de Flaubert mettra en avant la moralité du roman, dans lequel l'héroïne, coupable d'infidélité, est punie pour ses fautes, point qui laissera l'auteur amer car on a laissé croire et penser que son héroïne n'était que ça, finalement : une femme de mauvaise vie.

Cependant, ce procès sera aussi la planche de salut de Flaubert, son retentissement le rendra connu du grand public.



Enfin, de Madame Bovary reste ce substantif, bovarysme, qui dépeint un état d'insatisfaction chronique, celui en étant atteint ayant tendance à fuir dans l'imaginaire et le romanesque plutôt que de tenter de trouver des solutions d'y remédier. Même si à bien des égards Emma Bovary en est atteinte, je trouve le jugement à son encontre bien sévère parfois.



Oui, j'ai aimé ce roman et même si j'ai eu plusieurs fois envie de secouer Emma comme un prunier, je l'ai surtout et avant tout plainte car elle n'a pas su saisir la pomme et croquer dans le fruit pour profiter du jour présent.



Challenge Pyramide III

Challenge multi-défis 2019

Challenge solidaire - des classiques contre l'illétrisme 2019

Challenge Monopoly
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Madame Bovary

Non, Madame Bovary n'est pas un roman que pour les filles ni que pour étudier au lycée ! Oui, on a tous un côté Madame Bovary qui sommeille plus ou moins en nous. Pour moi, ce livre est un chef d'oeuvre, LE roman de Flaubert, le roman d'une époque. On a tour à tour envie de prendre le thé avec Emma, de lui faire la leçon, de la faire sortir de son monde... Quant aux personnages masculins, c'est pareil, des sentiments très différents nous envahissent au fil de la lecture. Ici, Flaubert est à la fois romancier et peintre. Un incontournable !
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Voyage en Egypte

Flaubert, c'est nous. Entre octobre 1849 et juillet 1850, âgé de 28 ans, il voyage avec son ami Maxime du Camp en Égypte. Ce dernier était chargé d'une mission officielle consistant à photographier les monuments de l'Égypte antique. Ils remontent le Nil d'Alexandrie jusqu'en Nubie puis redescendent en passant par mer Rouge.

Expérience exotique, l'orient étant très à la mode, mais surtout expérience érotique, ce récit est peuplé de femmes dépeintes de manière impressionniste. Aujourd'hui, avec le décalage temporel, ces descriptions paraissent au minimum savoureuses.

Une succession de tableaux parfois assez crus

"Kuchiouk-Hanem est une grande et splendide créature plus blanche qu'une Arabe elle est de Damas sa peau, surtout du corps, est un peu cafetée quand elle s'assoit de côté, elle a des bourrelets de bronze sur les flancs ses yeux sont noirs et démesurés, ses sourcils noirs ses narines fendues larges épaules solides, seins abondants"

Ce n'est pas le registre le plus connu de G. Flaubert.

" J'ai pris Hadély (la seconde), elle a passé devant moi portant un flambeau à la main ses chalouars amples traînaient par terre, et ses sandales claquaient sous ses pieds, à chaque pas bruit d'étoffe et de vent froufrou doux par terre les piastres d'or de sa chevelure, en ligne au bout de fils de soie, bruissaient c'était un bruit clair et lent"

Sans oublier les odeurs ;

" Elle venait de sortir du bain sa gorge dure sentait frais, quelque chose comme une odeur de térébenthine sucrée elle a commencé par nous parfumer les mains avec de l'eau de rose"

Scène presque Christique...

Cette expérience érotique que l'auteur dans ses carnets qualifie de totale, est proche d'une saturation sensorielle et aura une conséquence physique pour l'écrivain : Flaubert rapportera d'Égypte un souvenir : la syphilis.

Autre conséquence moins mesurable, puisque ce voyage se situe avant l'écriture de "Madame Bovary", celle concernant le style de l'écrivain....
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Salammbô

Aïe, aïe, aïe, j'enchaîne les déceptions et je crains, dans le cas de "Salammbô", de ne pas rendre justice au talent de Gustave Flaubert. Avec ce roman historique qui se situe à l'issue des guerres puniques alors que Carthage la puissante doit faire face au mécontentement de ses mercenaires qu'elle ne récompense pas à la hauteur de ses promesses, l'auteur de "Madame Bovary" nous transporte dans un roman historique flamboyant, un péplum digne d'une superproduction de Cecil B. DeMille.



En pleine période orientaliste, Flaubert nous sert sur un plateau de cuivre étincelant serti de gemmes un "Orient" fantasmé, héroïsé, érotisé, aux prétentions mythologiques. Les décors sont grandioses, les sentiments exacerbés, la spiritualité exaltée et la guerre sacralisée en un grand holocauste purificateur.



D'ailleurs, Salammbô, vierge prêtresse hiératique, est le vivant symbole de la prépondérance de la beauté et de la vertu sur la sauvagerie et la barbarie mercenaire. A l'opposé, Mâtho le guerrier libyen, symbolise la force brute, la soif virile de pouvoir, l'ange exterminateur de la corruption et de l'injustice d'une cité gâtée par sa puissance. Tout l'environnement du roman - personnages, décors, événements, trame narrative - est pictural à souhait, on s'y voit, on se projette corporellement dans l'histoire. Et pourtant, je suis déçue.



Déçue parce que ce maniérisme désincarne les personnages, les rend inaccessibles, non-humains, déifiés ou diabolisés. Et là où, comme d'autres lecteurs, j'attendais une fulgurante histoire d'amour entre deux êtres que tout oppose, j'ai eu le droit à presque 500 pages de scènes de batailles et de tueries. Alors, oui, ça en remontrerait à Tolkien et il y a dans la description des conflits, notamment par l'usage des éléphants de combat, matière à héroïsme et à exaltation mais trop c'est trop. Pour moi cet aspect du roman a vraiment occulté tout le reste au point que mon chapitre préféré a été celui d'introduction où Flaubert imagine un banquet antique haut en couleurs ; la suite m'a hélas désintéressée et lassée.





Challenge PAVES 2022

Challenge XIXème siècle 2022

Challenge MULTI-DEFIS 2022

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2022
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Mémoires d'un fou

Dix sept ans, vraiment?! Cela a beau être Flaubert, le grand Gustave, le martyre du style, je suis éberluée, que dis-je, émerveillée de découvrir que déjà à un si jeune âge sa plume était d'une telle tenue, d'une telle finesse, d'une telle richesse et que de surcroît ce tout jeune homme portait déjà sur le monde un regard distancié d'une acuité et d'une profondeur inouïe.

Si la relation de son amour foudroyant à quinze ans pour une belle femme mariée est délicieuse (je ne me lasse pas de lire ces plumes masculines de jadis tombant d'inanition pour une gorge de femme à peine entrevue), ce qui m'a véritablement emballée dans ce court texte autobiographique est l'évocation d'un Flaubert adolescent hors du monde, ultra-sensible, dénigré par ses pairs, habité de poésie et bouleversé de questionnements sidérants d'intelligence sur la vacuité de la vie, et plus encore la société des hommes.

C'est une âme supérieure qui se dégage de ces pages, et magnifié par l'hypersensibilité et la fougue de la jeunesse, c'est bouleversant.
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Un coeur simple

"L’après-midi, on s’en allait avec l’âne au-delà des roches noires, du côté d’Hennequeville. Le sentier, d’abord, montait entre des terrains vallonnés comme la pelouse d’un parc, puis arrivait sur un plateau où alternaient des pâturages et des champs en labour. À la lisière du chemin, dans le fouillis des ronces, des houx se dressaient ; çà et là, un grand arbre mort faisait sur l’air bleu des zigzags avec ses branches."



On réduit souvent cette nouvelle à l'attachement que la bonne Félicité éprouve pour Loulou, le perroquet qui lui a été donné car plus personne n'en voulait, et auquel elle trouve une ressemblance avec l'Esprit-Saint tel qu'il est figuré dans son église de Pont-l'Evêque.



De toute évidence c'est l'aspect le plus développé de ce texte, qui pourrait faire de Félicité une sorte de bigote excentrique.



Mais la qualification de "coeur simple" ne va pourtant pas de soi. Flaubert aurait pu aller jusqu'à le qualifier de "coeur d'or" car Félicité est un personnage inoubliable de bienveillance et d'abnégation. Elle n'est pas instruite, et à bien des égards limitée par son ignorance, mais elle possède vraiment l'intelligence du coeur, on y revient...



Que cet amour ne soit pas payé de retour, ou si peu, ne doit pas étonner. Flaubert n'est pas un idéaliste ni un falsificateur. La dureté de l'existence est exposée en permanence dans ce chef d'oeuvre, où même les paysages les plus ensoleillés ont quelque chose de sinistre, comme on peut le lire plus haut.
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Madame Bovary

"On s'est alarmé à tort, suivant nous, de la moralité de l'œuvre. Tout au contraire, le livre nous a paru utile, et tous, en famille, nous avons jugé que la lecture en était bonne pour les innombrables madame Bovary en herbe que des circonstances analogues font germer en province, à savoir les appétits de luxe, de fausse poésie et de fausse passion qui développent les éducations mal assorties à l'existence future, inévitable.



La leçon sera-t-elle aussi utile aux maris imbéciles, aux amants frivoles, aux bourgeois prétentieux, à toutes les caricatures provinciales si hardiment dessinées par M. Flaubert ? Hélas non ! Madame Bovary est seule intelligente au milieu de cette réunion de crétins. Elle seule eût pu se reconnaître. Les autres s'en garderont bien. On ne corrige pas ce qui ne pense pas. Il est d'ailleurs évident que le livre n'a pas été ait en vue d'une moralité quelconque"...

George Sand (Le Courrier de Paris, 8 juillet 1857)
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Madame Bovary

Quand j'ai créé mon profil sur "Babelio", j'ai donné ma liste de livres initiale, en incluant évidemment "Madame Bovary". Mais j'ai été peut-être intimidé par ce livre qui est indiscutablement LE roman, celui qu'il faut nommer en premier dans la littérature du XIXème siècle. En tout cas, jusqu'ici je n'avais pas réalisé mon projet d'écrire un commentaire sur ce livre.

D'ailleurs, que dire à ce sujet ? Les commentaires pertinents là-dessus sont innombrables. Tout le monde connait l'intrigue (qui, résumée, tient en quelques phrases), donc je n'y reviendrai pas. Mais ce qu'il faut souligner, c'est l'extrême soin de Flaubert pour décrire les personnages, les situations, les décors, les relations... Il détaille tout par le menu, avec le souci du particularisme régional, comme en témoigne: n'importe quel passage du roman (par exemple: le mariage des Bovary, vers le début). Ceci l'a conduit à écrire, par un énorme travail, un "pavé" qui exige du lecteur beaucoup de temps et d'attention. L'écriture de Flaubert - quoique déjà un peu éloignée de notre langue contemporaine - est parfaitement distillée, mot après mot, et reste facilement lisible pour les lecteurs d'aujourd'hui. Il FAUT donc le lire, non pour dire à ses amis qu'on l'a lu, mais pour l'apprécier à sa juste valeur.
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Mémoires d'un fou

Œuvre de jeunesse, Les mémoires d'un fou est un récit en partie autobiographique de Flaubert, écrit en 1838, et publié à titre posthume en 1901. Flaubert y évoque, du haut de ses 17 ans, une certaine lassitude, voire même un dégout, de la vie. Il nous raconte ses années de collège,ses premières vacances en Normandie, ses premières réflexions sur l'amour.



Peu habituée à lire des mémoires, j'ai absolument et totalement pris en grippe Flaubert au cours de mes années de lycée, après avoir passé 4 heures par semaine 10 mois durant à écouter ma prof s'esbaudir sur la vie (étriquée de la névrotique) de Madame Bovary, et la voir rougir lors de ces fameuses scènes de la calèche, quand la femme mariée y retrouve l'un de ses amants. Deux mois à relire l'histoire de la calèche... c'est long, surtout quand on a 16 ans et un amoureux dont les yeux et le sourire sont à se damner !

Bref, en toute bonne foi, et en essayant de mettre de côté mes a priori, j'ai essayé de me plonger dans ces mémoires écrites à 17 ans. J'ai été étonnée du recul pris par Flaubert pour évoquer des évènements qui, au final, datent à ce moment-là presque d'hier ! Ses descriptions sur les premiers évènements de cette toute jeune vie sont émaillées de réflexions sur la religion, la culpabilité, l'écriture, l'art, et bien sur, l'amour et les femmes. J'ai été frappée par l'évocation récurrente de thématiques telles que le bien et le mal (quelques années plus tard, il sera jugé pour outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs à la sortie de l'illustre Madame Bovary !!) ou l'inutilité de chaque chose. Enfin, j'ai trouvé étonnant qu'on puisse être si désabusé à 17 ans. On découvre en Flaubert un jeune homme sensible et intelligent, qui porte sur les choses, les gens et les évènements un regard plutôt réaliste. Mal à l'aise dans le monde tel qu'il le perçoit, il préfère s'attacher l'adjectif de "fou" pour s'en démarquer.

Quoiqu'il en soit, et bien que l'ouvrage soit court (à peine 90 pages dans l'édition lue), j'ai trouvé que l'ensemble manquait un peu d'unité, de "liant" entre les différents sujets évoqués et dans la façon dont ils étaient évoqués. Quant à la prose de l'auteur, on y trouve entre autre les phrases à rallonge, où les apartés s'ajoutent joyeusement aux multiples propositions entre les non moins nombreuses virgules, un phrasé précis et réaliste, que l'on admire et que moi, je déteste...J'ai personnellement trouvé ces Mémoires d'un fou pompeuses autant que verbeuses, avec tout de même de jolies formulations et des idées intéressantes sur l'océan et l'art.
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Salammbô

Exit les murs étouffants de Madame Bovary et l’ennuyeux Charles, où la monotonie provinciale précipitait Emma dans l’excès et la mort.

Flaubert quitte la France et son temps, pour lequel il n’est pas tendre : direction Carthage et ses mercenaires d’abord indociles et ensuite franchement révoltés. Salammbô est une fuite, tant littéraire que physique puisque l’auteur effectuera même un voyage en Tunisie pour les besoins de son récit.

Ici, plus de phrases tirées au cordeau, où tout tombait juste, ni trop, ni pas assez. Avec Salammbô, Flaubert déverse un torrent stylistique qui répond aux scènes homériques qu’il décrit. A sa retenue classique, il substitue une débauche baroque, un peu comme si Mansart s’était pris pour Le Bernin !

En est-il satisfait ? On peut en douter en lisant ce qu’il écrit à Jules Duplan en 1862 : « J’ai la tête pleine de ratures, je suis harassé, excédé, "hahhuri" par Salammbô ; le dégoût de la publication s’ajoute aux nausées de l’œuvre ; bref, le nom seul de mon roman m’emm... jusqu’au fond de l’âme. » Humeur changeante, il est vrai, puisque quelques mois plus tôt, il écrivait au même Duplan, avec une certaine délectation : « J’ai vingt mille hommes qui viennent de crever et de se manger réciproquement. J’ai là, je crois, des détails coquets et j’espère soulever de dégoût le cœur des honnêtes gens. »

Que faire alors de cet imposant roman historique qui prend pour cadre la révolte des mercenaires à la solde de Carthage lors de la première guerre punique ? Si l’on s’en tient au Flaubert d’Un cœur simple, avec une dévotion exclusive, inutile d’y mettre la main. Si on lui reconnaît le droit à la différence, Salammbô devient un récit entraînant, dont les descriptions valent tous les péplums du monde, avec l’horreur et le sublime qui s’y succèdent. Entre Mâtho, chef des mercenaires, Hamilcar, chef des Carthaginois, et la belle et évanescente Salammbô, ce roman est une tragédie à grand spectacle, aux accents romanesques hugoliens – il paraît en 1862, la même année que Les Misérables.

Salammbô est peut-être le plus visuel des romans de Flaubert, symboliste avant l’heure. En 1858, en pleine rédaction, il écrit à mademoiselle Leroyer de Chantepie : « Le livre que j’écris maintenant sera tellement loin des mœurs modernes qu’aucune ressemblance entre mes héros et les lecteurs n’étant possible, il intéressera fort peu. On n’y verra aucune observation, rien de ce qu’on aime généralement. Ce sera de l’Art, de l’Art pur et pas autre chose. »

(Une adaptation en bande dessinée a été réalisée par Philippe Druillet.)

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Madame Bovary

Ce livre a pour moi une signification toute particulière : il est LE livre qui m'a donné l'amour de la lecture. Lecture obligatoire au collège, je me souviens que toute la classe (ou presque) avait détesté, alors que j'avais fait presque nuit blanche pour le terminer, tellement je ne voulais pas attendre le lendemain pour continuer de le lire... Voilà maintenant plus de 20 ans, grâce à lui, que j'ai toujours une lecture en cours et que je ne me déplace jamais sans un livre !



Depuis, mes goûts et mes attentes ayant pas mal évolué/changé, je ne l'ai jamais relu, de peur d'être finalement déçue ce jour... Mais devant lire un classique pour un challenge littéraire, qui pouvais-je choisir de mieux que celui-ci ? Je prends donc le risque et me voici à nouveau plongée dans Madame Bovary, deux décennies plus tard ;-)



Il est vrai qu'aujourd'hui, je ne vois pas la "vie" de la même façon qu'à mes 15 ans. Je vois au début, en Emma Bovary, une jeune fille plein de rêves, avec son idéal de l'amour comme on en voit dans les romans, où elle s'imagine une vie de princesse et une vie de château (plus ou moins le même état d'esprit que j'avais à son âge...), mais qui se retrouve finalement déçue de la réalité. Et oui ma cocotte, la vie n'est que très rarement un rêve éveillé ! Je vois ensuite une femme toujours insatisfaite, jamais contente de ce qu'elle a, alors qu'elle a quand même relativement ce qu'il faut pour ne pas être malheureuse : un mari qui l'aime (et qu'elle a choisi aussi...), avec une bonne situation (il est médecin), qui à sa façon un peu maladroite cherche à la rendre heureuse, qui la respecte, elle a un toit sur la tête, porte de belles toilettes, mange à sa faim, s'achète à peu près tout ce qu'elle veut, etc... En fait, quoi qu'elle ait et quoi qu'elle fasse, ça ne va pas, elle est continuellement insatisfaite, toujours pleine de regrets. Les personnes comme elle sont tout simplement exaspérantes...



Ça n'aura pas été un coup de cœur comme la première fois, bien au contraire... Ce que je redoutais est arrivé. Le récit est long, certainement dû aux nombreuses descriptions. L'écriture est plaisante, mais l'auteur se perd dans des longueurs et des détails à foison qui nous font perdre le fil. Il y a presque un chapitre en entier pour nous décrire Yonville-l'Abbaye, par exemple ! Et en faisant abstraction de tout ça, on se rend compte que l'histoire est plate, et qu'au final, il ne s'est pas passé grand-chose...



Et dire qu'à une époque, j'étais friande de tous ces classiques du même genre. Je m'aperçois qu'aujourd'hui, j'ai de plus en plus de mal à m'accrocher...



Pour résumer, une lecture un peu laborieuse, un peu ennuyeuse aussi, pas non plus super désagréable, mais avec un personnage agaçant.



Il fallait que je le relise, mais je suis bien contente de l'avoir terminé. Et qui sait, peut-être que dans 20 ans, je m'en ferai une nouvelle opinion !



Malgré tout, ce livre gardera quand même une place particulière dans mon cœur et mon esprit. Sans lui, je ne serais pas la boulimique de lecture que je suis aujourd'hui !



[Lu en décembre 2019]
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Madame Bovary

J'ai lu plusieurs fois ce roman, ce grand classique du 19 ème siècle. La première fois j'étais adolescente, je n'avais pas été emballée... Je crois l'avoir repris par deux fois au moins au cours de ma vie... l'âge venant, j'espérais que j'aurais une autre perception. Hélas, voici un livre qui m'ennuie, les personnages me sont antipathiques. Bien sûr, il est bien rédigé, mais le ton et le manque d'action ne me conviennent pas, beaucoup trop de lenteur, de langueur... Rendez-vous manqué. Je n'aime pas Emma, ni son mari Charles, ni ses amants... et je ne verse pas une larme pour cette femme mal mariée et qui se perd dans des aventures sans lendemain.

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Salammbô

L'opposé de "Madame Bovary", car il ne se passe pas en France, mais à Carthage, ni à l'époque contemporaine de l'auteur, mais avant la naissance du christianisme, et qu'il décrit des batailles sanglantes entre l'armée de Carthage et les Mercenaires, que la ville a refusé de payer après la dernière batailles, au lieu de décrire le quotidien d'une ville de Provence dans laquelle l'héroïne s'ennuie.

Salammbô est sans nul doute le meilleur roman que j'ai jamais lu. Entre voyages hallucinants à travers les rues de Cartage, scènes de batailles époustouflantes, cantiques spirituels chantant l'amour des dieux antiques, et magnifiques trombinoscopes de personnages que l'on n'oubliera jamais, Salammbô est un livre à grand spectacle.



L'impressionnante écriture de Flaubert ( qui aurait - selon ses propres mots - "lutté" contre sa feuille de papier ) donne à l'histoire une dimension mythique, trace sans faille de la patte flauberienne, et se déguste mots par mots, phrases par phrases, chapitres par chapitres.



Magnifique et un peu mystérieux, ce livre est d'une ambition folle. C'est un roman fou, emporté et soigné à la fois, presque maladif, un monument grandiose.

Salammbô est unique dans l'oeuvre de Flaubert et dans la littérature.

Je n'ai pu que l'aimer, de manière pas vraiment objective, de manière plutôt passionnée.

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Madame Bovary

Ah, Madame Bovary... Comme beaucoup de monde, j'ai découvert cette oeuvre à l'école grâce à quelques extraits (je me souviens notamment de la fameuse scène du fiacre qui déambule dans les rues sans jamais s'arrêter). Cela m'avait donné envie de découvrir le livre mais j'ai attendu bien des années avant de m'y atteler.



L'écriture est vraiment parfaite. Les descriptions sont extrêmement riches. Aucun mot n'a été écrit au hasard, on sent dans chaque phrase tout le travail investi par Flaubert.



Au contraire de l'écriture, les personnages sont pleins d'imperfections. A commencer par Emma Bovary, je n'ai jamais pu m'attacher à cette femme. Elle consent à se marier pour le regretter quasi immédiatement. Elle a le goût de l'argent mais ne sait point le cultiver, elle dépense même bien plus que ce que son foyer possède. Elle rêve d'amour mais n'est même pas capable d'en donner à sa fille. Ce qu'il y a de plus terrible, c'est qu'elle n'est déjà pas très tendre et gentille envers son mari, Charles, de son vivant ; mais elle parvient à le faire encore plus souffrir après sa mort ! Même sous la terre, son emprise malfaisante sur lui perdure. A chaque fois que j'étais sur le point de lui accorder un peu de respect, Emma se débrouillait pour me décevoir au plus haut point ! Je pense, par exemple, au moment où elle refuse de se vendre à un homme pour, quelques minutes plus tard, courir le faire chez un deuxième.



J'éprouve un peu de pitié pour Charles mais je pense qu'il est en partie responsable de son propre malheur. Trop mou, trop passif et trop naïf, l'officier de santé n'a jamais remis en doute le comportement étrange de son épouse... En réalité, le seul personnage pour lequel j'éprouve de la compassion c'est ce pauvre Hippolyte, le garçon d'écurie qui a un pied bot. Il s’accommode très bien de sa malformation et exécute toutes ses tâches sans problème. Malheureusement, à cause des envies de célébrité du pharmacien Homais et de la naïveté de Charles Bovary, on va lui infliger une opération qui sera une véritable catastrophe. Vous devinerez parfaitement la morale à retenir de tout cela...



C'est un roman qui ne laisse pas insensible, je comprends parfaitement qu'il ait acquis une telle célébrité !



PS : il y a une seule chose qui m'a intriguée... Flaubert portait une grande attention aux détails, et pourtant... Il donne des yeux bruns très foncés à Emma. Mais dans une autre description (juste après son mariage), ses yeux sont décrits comme "noirs à l'ombre et bleu foncé au grand jour". Il y a pourtant une certaine différence entre le brun et le bleu foncés. Les nuances de couleurs étaient-elles différentes à l'époque, lol ?
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Madame Bovary

Comme j'avais admiré l'écriture de Flaubert dans ce roman, le premier que je lisais de lui ! Chaque phrase m'émerveillait, semblant toucher la perfection !

Emma, malgré tout ses défauts de femme insatiable, m'a plu. Peut-être qu'au fond, je suis comme elle, à rêver ma vie d'après les romans qui me sont tombés entre les mains...
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Madame Bovary

Lettre d’excuses.

Madame Bovary, pardonne-moi... Je t’ai tant détesté adolescente, que me voilà bien contrite d’avoir prise tant de plaisir durant ta relecture. . . Une belle leçon d’humilité. Je crois qu’outre ma vision du style de Flaubert que je trouvais trop complexe plus jeune et qui aujourd’hui me fascine, il y a dans ta vie, Mme Bovary, certaines leçons que je me serais bien passée d’entendre à 15 ans. Sans doute faut-il une certaine maturité pour comprendre ce que sont véritablement l’amour et la vie de couple sur le long terme. Je m’avoue vaincu : je dépose à tes pieds, ma mauvaise foi, ma méchanceté, ma verve acide, mes calomnies. Et j’assume enfin ce que bien d’autres ont pensé avant moi: Mme Bovary, tu es un chef-d'oeuvre; et toi Flaubert, un écrivain de talent.



PS: Gustave, merci d’arrêter de faire mourir tes héroïnes en systématique, bisous.
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La Tentation de saint Antoine

Je croyais qu'il fallait lire La Tentation de saint Antoine de la même manière que les autres livres de Flaubert, à vrai dire, je m'étais plantée pour la première fois. Il m'a fallu évidemment, pour la deuxième tentative, chercher à le lire sous un autre registre, et j'avoue que ce n'était pas facile... puis, quel voyage! Profondément hermétique, mystico-ésotérique, philosopho-religieux, je ne sais pas comment qualifier ce livre, c'est tout attrait à l'esprit et à la vie spirituelle. C'est vrai que Flaubert s'est montré un fin érudit avec ce livre, je crois qu'il lui a fallu également entreprendre un voyage un peu fou avec son esprit pour pouvoir nous produire une telle œuvre initiatique! Déjà, moi, lectrice, j'ai eu pas mal d'étourdissement pour essayer de décrypter toutes ces images anagogiques qui n'arrêtaient pas de foisonner au fils des pages. Si l'arrivée de Jésus-Christ sur cette terre a bouleversé le monde physique et son histoire, mais Flaubert nous fait comprendre ici que cet homme nommé Christ a aussi bouleversé le monde spirituel... Un livre que je ne dirais pas beau mais grand!
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Salammbô

Waouh !!! Fantastique !!!



Cela faisait pas mal de temps que ce roman trainait dans ma PAL et s'il n'y avait pas eu le challenge Livre Historique de BazaR, il y serait certainement encore. Grossière erreur...

J'avais déjà lu le célèbre Mme Bovary de l'auteur, qui ne m'avait pas plus enthousiasmée que cela, mais son Salammbô, quelle merveille !



Nous sommes à la fin de la première guerre punique (3ème siècle av JC) lorsque les Riches de Carthage s'inclinent devant Rome. Ils refusent en effet à leur général Hamilcar Barca de débourser pour de nouveaux frais militaires dans ce conflit et préfèrent signer la paix, même si elle leur coûte cher.

L'armée carthaginoise était composée pour partie de mercenaires de différentes origines, européennes ou africaines. Ils sont revenus naturellement à Carthage pour recevoir leur solde, mais la ville montre rapidement des réticences à régler leurs dettes. Il va s'en suivre une révolte sanglante, La Guerre des Mercenaires...



C'est cette période historique mouvementée et violente que raconte Flaubert dans ce récit romancé. Et je me suis régalée !



En effet, l'auteur nous immerge totalement dans la cité de Carthage de l'époque. Les descriptions nous projettent des photographies dans la tête comme si on y était, et c'est la même chose concernant les différentes scènes de batailles.

On sent bien que Flaubert a beaucoup travaillé son sujet pour proposer un décor exotique crédible. Les détails sont minutieux sur les paysages et sur les cités, sur la végétation environnante, les habitudes culinaires, mais aussi sur l'agencement des palais et des temples. Travail tout aussi conséquent sur le déroulement des batailles, l'organisation des différentes armées, leurs équipements et les stratégies établies, ainsi que les détails dans les affrontements avec des scènes de combats très crues et violentes.

Et Flaubert a su y ajouter juste ce qu'il faut de sentimentalisme pour alléger cette ambiance épique à travers le personnage de Salammbô, la touche féminine et sensuelle de ce magnifique roman.



Je précise que je ne suis pas forcément fan à la base des longues descriptions, ni des scènes de batailles. Mais là, j'ai été emportée par les mots de l'auteur, et j'en suis ravie !

J'ai appris beaucoup de choses sur cette période passionnante de l'Histoire où l'on suit de nombreux personnages qui ont réellement existé comme le carthaginois Hamilcar qui n'est autre que le père du célèbre Hannibal, présent lui aussi dans ce roman.



Une jolie pépite que nous a offert là Monsieur Flaubert.

A lire, sans hésiter !





Lu dans le cadre du challenge «Livre Historique 2019»
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Madame Bovary

Un magnifique livre sur "rien". ( Je pique à Gus' son expression ne me jetez pas les tomates) Pourtant, c'est sans doute l'un de mes plus grands chocs adolescents entre un homme qui perd tout au fil des pages, l'hypocrisie bourgeoise et Emma. Cette femme qu'on adore détester ou qu'on aime malgré tout. C'est aussi et surtout la force et la puissance des mots drôles, vifs, acérés, d'une rare intelligence. Les flots de l'écriture qui emportent tout sur leur passage la société, les hommes, les femmes, la culture, la politique, les sentiments.

Encore aujourd'hui je pense à Charles et à Emma comme à des amis de la famille, à Flaubert comme un mec ravagé mais sympa à présenter à tous les ados qui passent l'épais volume à la main, à mon exemplaire que je le jure je relirai encore et sans doute encore aussi.
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Fumichon, concernant la propriété, évoque les arguments d'un homme politique dont Flaubert parle en ces terme dans une lettre à George Sand: "Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois! Non! Rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la Bourgeoisie!". De qui s'agit-il?

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