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Critiques de Gustave Flaubert (1590)
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Madame Bovary

Un magnifique livre sur "rien". ( Je pique à Gus' son expression ne me jetez pas les tomates) Pourtant, c'est sans doute l'un de mes plus grands chocs adolescents entre un homme qui perd tout au fil des pages, l'hypocrisie bourgeoise et Emma. Cette femme qu'on adore détester ou qu'on aime malgré tout. C'est aussi et surtout la force et la puissance des mots drôles, vifs, acérés, d'une rare intelligence. Les flots de l'écriture qui emportent tout sur leur passage la société, les hommes, les femmes, la culture, la politique, les sentiments.

Encore aujourd'hui je pense à Charles et à Emma comme à des amis de la famille, à Flaubert comme un mec ravagé mais sympa à présenter à tous les ados qui passent l'épais volume à la main, à mon exemplaire que je le jure je relirai encore et sans doute encore aussi.
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Salammbô

Salammbo est une jeune fille mystique et ardente qui porte dans son coeur le fanatisme pour ses dieux,et dans son corps toute la passion brulante de sens impetueux.salammbo est entiere.L'art de Flaubert est la description.Lisez ou relisez un passage....fermez les yeux et vous verrez les decors se construire tout en finesse dans les details.Bonne lecture ou relecture,laissez-vous emporter jusqu'au jardin d'Hamilcar
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Madame Bovary

Commencée adolescente, j'ai vite abandonné cette lecture. Je m'y suis attelée de nouveau à l'âge adulte, mettant sur le compte de la jeunesse la difficulté que j'avais à entrer dans l'histoire. Il n'en est rien. Généralement, j'aime beaucoup les classiques du XIXe s mais là j'ai ressenti un ennui, mais un ennui. C'est simple, une partie de moi enrage de ne pas apprécier ce classique pour autant le nombre de fois où je me suis assoupie dessus ne trompe pas.



Pour autant, Flaubert a un don pour dépeindre la personnalité de ces personnages, si bien que je me suis faite la réflexion qu'Emma Bovary avait une personnalité que tristement on retrouve aujourd'hui. Coincée dans un mariage que la société ne lui permet pas de quitter, elle est tour à tour insatisfaite, égoïste, insensible, orgueilleuse et dédaigneuse. Je n'ai eu aucune compassion pour elle, bien que je comprenne sa quête d'un bonheur personnel. Celui pour qui j'ai eu de la compassion, c'est indéniablement Charles qui l'aime d'un amour vrai en dépit de sa personnalité ennuyeuse.



En dépit de ces personnalités si travaillées, l'ennui a été omniprésent dans cette lecture. Il m'est difficile d'abandonner une lecture en cours mais pour le coup, arrivée au réquisitoire contre Flaubert, j'ai arrêté. L'histoire a été lue après tout, je chargerai Google de me faire connaître les tenants et les aboutissements de ce procès contre ce titre "immoral".



Challenge coeur d'artichaut

Challenge Pavés 2021

Challenge Féminin 2021

Challenge BBC

Challenge Multi-défis 2021

Challenge Trivial Reading X
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Un coeur simple

Une petite histoire simple, comme le cœur de Félicité, servante chez Mme Aubain à Pont l’Evêque. Elle est croyante, pieuse mais non dévote. Peu instruite et pas très intelligente elle n’arrive pas imaginer ce qui peut exister plus loin que Cabourg.



Gentille avec tous, elle aime plus que tout les enfants de sa maîtresse puis son neveu malmené par ses parents. Elle les perdra tous et se prendra d’affection pour un perroquet.



Triste vie, non pas parce qu’elle manque de quoique ce soit mais parce les occasions de plaisirs étaient absentes. Une belle écriture, poétique pour un texte qui m’a finalement attristé, ce qui ne m’empêche pas de vous le recommander, lire Flaubert reste un plaisir.



Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge RIQUIQUI2021

Challenge XIXè SIECLE 2021
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L'éducation sentimentale

Le style. Ah ! le beau style de monsieur Flaubert. Oui mais …



Je me suis donc risqué au style de ce ténor du langage, tout seul, comme un grand, avec la lecture de L'éducation sentimentale, que les initiés hissent très haut sur les rayons de la littérature classique. Moi qui n'ai à me reprocher d'autre étude littéraire que celle d'un bac scientifique. Moi qui me rangeais du côté des férus de trigonométrie pour brocarder nos congénères des classes littéraires.



Pour ma défense, et contre toute attente, j'avoue avoir toujours eu un a priori favorable pour cette époque, chère à Flaubert, où quelques perspectives parisiennes ouvraient encore sur des pans de campagne, où les rues de notre capitale n'étaient pas encore ceintes de l'anneau sonore et empuanti d'un boulevard périphérique. Bien que des encombrements elles en connaissaient déjà, les rues parisiennes de Flaubert. Mais les senteurs étaient plus fauves, les sonorités moins ronflantes, les voix humaines encore audibles au dessus du tumulte urbain. Et Dieu sait si Flaubert, en stakhanoviste du langage qu'il était, s'attachait, s'évertuait même, à les décrire avec une minutie obsessionnelle, avec tant de détails que l'action en est devenue anecdotique. Point de rêverie inspirée toutefois chez lui : du réel et du concret, de la précision dans le trait, les formes, les matières, les couleurs. De la précision à longueur de chapitres avant même que de cette exactitude n'émerge un geste, un événement, une intention, une vibration, une peur, une joie, enfin quelque chose qui nous fasse comprendre que le décor n'est qu'un écrin de la vie des hommes, que le langage n'est qu'un moyen de le traduire. Et non une finalité.



En plaidoyer à pareille incursion dans la littérature du 19ème siècle j'avoue en outre avoir adjoint à ce penchant nostalgique, un faible pour les convenances, surtout quand il s'agit d'arpenter le long chemin si périlleux qui mène au coeur des dames. Notre vocabulaire contemporain ponctué d'anglicismes, dont les locuteurs eux-mêmes ignorent jusqu'au sens, le culte de la médiocrité assumée, l'inconséquence et la vulgarité de notre temps me rebutent quand même parfois. Tout cela me fait regretter les tournures enflammées au verbe bien calibré, la sensualité des belles phrases que notre langage moderne d'onomatopées a désormais phagocytée.



Le penchant pour les sciences qui a gouverné ma vie avait quelque peu bâillonné ma sensibilité. Avec l'âge elle refait surface. Dois-je parler de romantisme, quand Flaubert qualifiait ces épanchements de "désespoir factice", réfutait " cette espèce d'échauffement qu'on appelle l'inspiration" et jugulait ces élans du coeur pour donner corps dans ses écrits à un pessimisme chevillé à l'âme.



Je me rappelle m'être alangui avec Madame Bovary, assoupi peut-être même. J'ambitionnais le retour en grâce du roman psychologique, le réveil de la passion. J'ai sombré avec l'Éducation sentimentale. J'ai découvert que lorsqu'un amour est impossible, avec Flaubert, il le demeure. Aussi, l'entêtement érodant la sensualité, je me suis enlisé dans les longues litanies descriptives du maître, plus figuratives que les toiles de ses contemporains paysagistes. Je me suis laissé obnubiler par les oscillations entre bienséance et illusion amoureuse, horripiler par les atermoiements infligés par fortune et rang social.



Peu d'événements, rien d'émoustillant dans la vie de Frédéric Moreau, pâle héros impuissant à conduire sa propre vie, empêtré qu'il est dans les contingences matérielles, les codes sociaux. Homme de toutes les faiblesses, il laisse couver son feu intérieur plutôt que lui donner l'oxygène qui le ferait devenir flamme et réduire en cendre ce décor dans lequel il se dilue. Dans lequel Flaubert le dilue. A force de le fignoler ce décor, de le ciseler, de le polir, de le retoucher. Pour qu'il soit parfait.

Oui, mais voilà, la perfection, c'est peut-être aussi l'ennui. Il lui aurait peut-être bien fallu un petit grain de folie à ce Frédéric Moreau pour aller forcer la porte de son aimée et l'emporter, la ravir à son confort. Car certainement qu'elle aussi s'ennuyait dans sa vie bourgeoise bien rangée.



Décidément il manque encore quelque chose à mes affinités littéraires pour décoder la quintessence de ce style dont on vante la perfection, en isoler les constituants et goûter les subtilités, l'excellence d'un auteur perfectionniste à l'extrême autant que besogneux. Et oublier le besoin d'action. Je n'ai pas perçu le piquant de cette passion amoureuse irraisonnée que la morale de son siècle réprouvait. Il me reste à l'esprit qu'une sorte de fadeur de personnages sans lustre, la représentation d'une société bourgeoise que Flaubert exècre tant qu'il veut nous la dépeindre dans le plus infime détail, le plus pâle reflet. Il me colle au souvenir une forme de grisaille. Cela me laisse imaginer sans peine les murs et les ruelles sombres de notre capitale au crépuscule du romantisme. Peut-être que c'est ça le style de Flaubert. Peindre son temps au point de rebuter son lecteur avec tout ce qui le rebute lui-même. Flaubert eut été peintre, il aurait représenté la laideur avec maestria.



Deviendrai-je mystique avec le temps que je ne trouverai pas plus grâce aux yeux du maître. Avec lui la vie s'observe, se palpe, se respire, se dépeint. Elle s'écrit avec des phrases d'orfèvre. Elle ne s'inspire pas.



Alors le style de M. Flaubert, il est beau. C'est vrai. Mais la perfection ça manque de chaleur, de sensibilité, ça sent l'obsession maniaque. Ça ennuie. Et ça m'a fait perdre le goût des belles phrases. Dommage.

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Madame Bovary

Emma Bovary est mariée à un médecin de campagne et mère d'une petite fille. Cette jeune femme belle comme le jour ne manque de rien, mais ne veut pas se contenter d'une vie simple. Elle se rêve châtelaine et grande dame, participant à de grandes réceptions et rencontrant du beau monde. La tête remplie de romans à l'eau de rose, de passion et de chevalerie, elle s'imagine, le jour de son mariage, qu'elle va vivre au quotidien un amour absolu et unique. C'est une grande désillusion : Charles Bovary est, hélas, un homme comme les autres : faillible.

Alors elle se replie sur elle-même et tente de se libérer dans l'adultère. Mais qu'il soit amant ou mari, aucun homme n'est parfait. Prisonnière de ses désirs et de ses rêves, Emma est la femme la plus malheureuse au monde – croit-elle. Désabusée, étouffée par les dettes, elle s'empoisonne à l'arsenic et meurt dans d'atroces souffrances.



Ce destin tragique, Gustave Flaubert ne l'a pas inventé. Il s'est inspiré d'un fait divers de son époque : un homme, Eugène Delamare, a découvert en même temps que la mort de son épouse, la somme colossale de ses dettes et l'existence de ses amants.

Mais comment cette femme a-t-elle pu ainsi toucher le fond ? Par quelles épreuves est-elle passée pour en arriver là alors qu'elle avait une vie très confortable ? C'est ce qu'a tenté de retracer l'auteur.



Et finalement, il a réussi à la rendre vivante, car qui ne se reconnaitrait pas en elle ? Flaubert dévoile les dessous de chacune de ses aspirations. Sa pieuse dévotion n'est en fait que le résultat de son romantisme, sa passion pour ses amants, qu'un désir de liberté, sa bonté, que l'envie d'améliorer son image personnelle. Son personnage est analysé dans les moindres détails, et Dieu sait qu'il n'est pas reluisant. Ces défauts qu'elle possède et ne s'avoue pas sont tout à fait humains, communs à chacun d'entre nous. Ne fait-on pas beaucoup d'acte de charité par intérêt, nous aussi ?

Emma n'est pas la seule à subir ce traitement : tout le monde y passe. L'hypocrite M. Homais, le fourbe M. Lheureux, l'opportuniste Rodolphe, le romantique Léon… Cela se constate surtout à la toute fin, quand l'héroïne meurt dans l'indifférence générale.

Mais Charles Bovary ? C'est bien le seul à y échapper. On ne le voit sous un jour négatif que lorsqu'on vient épouser le regard de sa femme, qui le déteste. Ironie du sort, il est finalement le seul homme qui l'ait vraiment aimée. La soif d'amour et de grande romance d'Emma était vaine : l'amour, le vrai, était là, tout près d'elle. Ce n'est que sur son lit de mort qu'elle se rend compte que toutes ses recherches étaient superflues : « Oui.., c'est vrai…, tu es bon, toi. »



J'ai aimé cette femme qui n'a pas l'étoffe d'une héroïne, et qui pourtant en est une. J'ai aimé son histoire, qui est toujours actuelle. Pour moi, ce livre est une dénonciation du manque de culture de ces filles élevées dans les couvents et séparées du monde par leurs parents. Elles ne réalisaient pas ce qu'elles faisaient lorsqu'elles accordaient leur main au premier venu puisqu'on leur empêchait de réfléchir.



Cette relecture est une bien meilleure expérience que la toute première, quand j'avais quinze ans. Je trouvais que c'était long, mais long ! Pour finalement, ne pas raconter grand-chose. Maintenant, je trouve que les descriptions sont très bien dosées et que la « lenteur » est loin d'être un défaut, puisqu'elle permet de se concentrer sur la psychologie de la protagoniste.

Une heureuse redécouverte :)
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Madame Bovary

Même après un bac littéraire, j’ai l’impression d’avoir fait l’impasse sur un grand nombre de classiques et j’essai d’y remédier progressivement.

L’une des choses qui m’a frappé en commençant ce livre est le style de l’auteur, je m’attendais à un style difficile, multipliant les fioritures et les longues descriptions, mais j’ai trouvé que le roman se lisait très facilement. Il est accessible, il y a de l’action et des rebondissements... et pourtant, l’écriture est succulente; si l’on choisit de savourer le livre, on se retrouve à lire à voix haute certains passages pour apprécier davantage la substance du texte.

Flaubert est un réaliste, il nous livre des personnages entiers, riches et complexes,qui peuvent être perçus et appréhendés de différentes façons. Je suis persuadée que selon l’âge et l’état d’esprit du lecteur, la perception de l’histoire et des personnages sera extrêmement différente. Personnellement, j’étais écartelée entre ma compréhension du désir d’Emma de vivre une vie passionnée et entre un jugement sévère à son égard. Je ne pouvais m’empêcher de comparer son destin à celui d’Effie Grey, dont j’avais vu le biopic récemment. Si je relis Madame Bovary dans quelques années, ma perception aura surement changée.

Ce livre est à la fois une critique de la bourgeoisie et des mœurs de l’époque, un tableau extrêmement réaliste d’une société gangrenée par les tabous et les conventions sociales; mais c’est aussi une histoire moderne, soulevant des questions et des problématiques actuelles. Qui n’a jamais tenté d’échapper à une vie insipide en se raccrochant à des passions ou des comportements à risques ? Nous pouvons tous nous retrouver dans ces personnages et c’est dans le caractère intemporel d’un texte qu’on reconnait un chef d’oeuvre !

Un classique incontournable à lire et à relire absolument !
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Madame Bovary





Ce n'est pas rien que de s'attaquer à ce monument de la littérature française du 19è siècle, souvent abominé lorsqu'il fut découvert trop tôt, imposé par des programmes scolaires inadaptés (que peut importer à un ado de 15 ans le désespoir languide d'une desperate housewife romantique?). Sans l'avoir jamais complètement lu, on en connaît la trame, celle de la lente chute d'une jeune provinciale que l'adultère conduit à sa perte. Mais madame Bovary, c'est bien autre chose. Et l'on y trouve matière à réflexion que l'on s'intéresse à la psychiatrie ( quel destin aurait eu Emma avec un peu de Prozac que l'indigne pharmacien Hormais se serait empressé de lui vendre, et quelques séances de thérapie comportementale contre ses tendances à l'achat compulsif?), à la sociologie, voire à l'ethnologie (Flaubert observe à la loupe ce microcosme normand prisonnier d'une époque figée dans ces principes moraux étriqués)! Que dire des pratiques médicales, bien impuissantes, et très empiriques, il faudra un siècle pour voir apparaître d'immenses progrès dans les connaissances et les traitements?

On y découvre aussi que le problème du surendettement n'est pas un apanage de n'être mode de vie contemporain et qu'il a toujours existé des usuriers véreux flairant la bonne aubaine qu'est la détresse.

Quant aux piètres amants de notre héroïne, et à sa décharge, on ne peut dire que le destin lui a facilité la tâche : pleutres, faibles ou immoraux, ils n'ont pu que hâter sa déchéance. Dépassés par l'intensité de la passion suscitée, eux qui se seraient sûrement contentés de rendez-vous galants aléatoires et sans arrière pensée d'engagements, ils apparaissent comme de grands méchants loups, avec un petit chaperon rouge qui s'est jeté dans leur bras avec une grande naïveté.

Un mot des victimes collatérales, les seules sincères et irréprochables : ce brave Bovary, qui a fait de son mieux pour cette femme qu'il continue quelques soient les circonstances, à aimer éperdument et surtout la petite Berthe, mal aimée (C’est une chose étrange, pensait Emma, comme cette enfant est laide !), ignorée, et pour finir orpheline.



Cette sombre histoire est fort bien illustrée par de magnifiques tableaux champêtres, mettant à l'honneur une nature luxuriante et généreuse " du côté de l’est, la plaine, montant doucement, va s’élargissant et étale à perte de vue ses blondes pièces de blé. L’eau qui court au bord de l’herbe sépare d’une raie blanche la couleur des prés et celle des sillons, et la campagne ainsi ressemble à un grand manteau déplié qui a un collet de velours vert, bordé d’un galon d’argent."



Il n'est pas loin d'un éventuel embarquement pour une île déserte ce roman emblématique de la littérature romantique...
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Madame Bovary

Enfin lu après des années de tergiversations. Globalement, ce qui me frappe le plus dans cette histoire c'est que personne n'est bienveillant; tous les personnages principaux, ou presque, y allant soit de mesquineries, d'égoïsme, de calculs malsains, soit, dans le cas de Charles, d'une joyeuse incompétence doublée d'un incroyable aveuglement volontaire. J'en ressors avec un certain malaise devant cette accumulation de fourberies, mensonges et individualisme exacerbé. Le sort d'Emma ne m'a pas particulièrement touché, ses perpétuelles fuites en avant, autant comme épouse que comme mère ou comme gestionnaire des comptes familiaux, ainsi que ses «arrangements» avec L'heureux m'ont ôté toute sympathie à son égard. Je la vois davantage comme l'artisane de son propre malheur que victime d'un destin tragique. Encore que, à cette époque, la marge de manœuvre des femmes était plutôt mince . . .



Oui l'écriture est sans faille, le récit rondement mené, les dialogues sonnent juste, la psychologie des personnages savamment étalée, mais quand l'histoire ne vous touche pas toutes ces qualités tombent à plat. Peut-être, un autre titre de cet auteur me le fera mieux apprécier.
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Salammbô

Relecture pour faire écho à cette exposition "Salammbô Fureur ! Passion ! Eléphants !" organisée par le Mucem de Marseille, en partenariat avec le musée des Beaux-Arts de Rouen , l'Institut national du patrimoine de Tunis, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert (né à Rouen en 1821- 1880).

Ce roman a été publié le 24 novembre 1862.

Quand on visite la cité carthaginoise on ne peut s'empêcher de vouloir rencontrer les deux héros de cette histoire exotique mais bien tragique : Salammbô, la prêtresse de la déesse punique Tanit et son amoureux Mathô, le chef des mercenaires libyens révoltés contre Carthage.

C'est une œuvre de longue maturation qui fourmille de détails précis que Flaubert recueillit minutieusement et interpréta après son voyage en Tunisie
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Madame Bovary



N’aurait-on point le droit d’avertir la police, si le libraire persistait quand même dans son métier d’empoisonneur ? (138)



Moi qui n’avait point goûté la froideur des « Trois contes » et pas plus l’exubérance de « Salammbô », moi qui ne m’acheminait vers cette madame Bovary que par acquis de conscience culturelle, voilà que je me suis éclatée ! Mais vraiment… ! Oh l’écriture ! Oh la justesse psychologique ! Indécision, aigreurs, frustration, vulnérabilité face aux prédateurs, la palette est si riche qu’on y trouve forcément des traits personnels, des caractères connus. La reine des illusions n’a pas pris une ride. Mal affermie dans sa vie, elle se débat avec la réalité, l’esquive, le nie, la détourne avec une énergie dont les flux sont loin d’être taris de nos jours – bien au contraire ! Le réalisme cher à Gustave offre à ses personnages une existence qui pourrait être celle de mes voisins.



Une vie de lectrice recèle ceci de merveilleux qu’on peut multiplier les coups de foudre, tomber amoureuse régulièrement, voire même tous les jours, sans que cela n’entraîne le moindre désagrément, la moindre complication relationnelle. Contrairement à celle de cette pauvre Emma, de l’autre côté des pages…


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Le Gueuloir - Perles de correspondance

Il s’agit d’un recueil de correspondances échangées par Gustave Flaubert et ses « amis » au fil de sa vie, de son évolution, de son œuvre, regroupées par Thierry Gillyboeuf, accompagnées de dessins de Daniel Maja aux éditions « Le Castor Astral ». Ce livre est déjà un petit bijou par sa présentation, sa mise ne page, les dessins en noir et blanc ressemblant à des caricatures qui donnent du cachet à cet ouvrage. Donc un bel objet.



« Le gueuloir réunit les principales fulgurances glanées dans la correspondance de Gustave Flaubert. Les femmes, les bourgeois les gens de lettres, l’Art, la morale, la politique, la religion : en grand pourfendeur de la bêtise, l’Excessif (tel qu’il aimait à se surnommer lui-même) n’épargne personne. Ripailleur et tonitruant, il se montre tout autant épris d’absolu que sensible jusqu’à la mélancolie», nous annonce la quatrième de couverture.







Ce que j’en pense :







Ces perles tirées des "correspondances" sont classées par ordre chronologique et s’étendent du 13 septembre 1838 au 3 mai 1880 et s’adressent à différents personnes. Elles sont accompagnées d'illustrations proches de la Caricature qui leur donnent du relief.



Tout d'abord, quelques mots sur le titre, "Le Gueuloir": Flaubert s'enfermait dans une pièce de sa "boîte" du Croisset qu'il arpentait de long en large en récitant, en grondant les phrases qu'il venait d'écrire pour mieux se les approprier, les améliorer.



On trouve ainsi Ernest Chevalier, avec lequel il a formé un journal manuscrit «Arts et progrès », Maxime Du Camp et Louis Bouilhet, qui l’ont encouragé à se lancer dans l’écriture de Madame Bovary, Laurent Pichat, Ernest Feydeau, (à partir de 1858), aux frères Goncourt (à partir de 1862).



On trouve des femmes aussi avec une privilégiée Louise Colet, jusqu’en 1857, mais aussi sa nièce, Caroline Flaubert Hamard, avec la quelle il correspondra toute sa vie, Madame Roger des Genettes, la Princesse Mathilde 1866, George Sand que l’on rencontre en 1867 sans oublier sa mère.



On croise au passage Guy de Maupassant, et même Tourguéniev…



Bien sûr, j’ai eu envie d’en savoir davantage sur Louise Colet, poétesse qui a côtoyé tout le monde littéraire de l’époque, et fut la maîtresse de Flaubert alors qu’il était loin d’être connu, mais aussi celle de Vigny, Musset et d’autres encore. Leur rupture en 1856 fut douloureuse et Louise est tombée dans l’oubli, alors qu’elle a reçu le prix de l’Académie Française… (Petite digression qui ne figure pas dans le livre)



Non seulement les correspondants sont variés mais les thèmes également, il aborde aussi bien l’amour, que l’Art qu’il écrit toujours avec une majuscule, le talent, la critique, la politique, la religion…



Ce livre est jubilatoire. Flaubert a un esprit malicieux, caustique parfois, lucide, sans concessions qui me plaît énormément. Certaines phrases sont toujours d’actualité, hélas, preuve qu’on ne retient rien des enseignements de l’Histoire.



On le voit tour à tour lucide, caustique, puis survient la sphère de l’intime, qui se glisse subrepticement dévoilant un être sensible, qui se fait peu d’illusions sur ses contemporains. Il nous surprend, c’est un magicien des mots. Qui oserait écrire ainsi de nos jours sans narcissisme.



Bref, j’ai adoré le style, j’aime l’auteur donc c’était sûr que ce gueuloir me plairait. Je l’ai consommé comme une gourmandise, par petits bouts, pour bien apprécier chaque phrase, y revenir, souligner certaines. Il est assez court, 164 pages, mais d’une telle densité. C’est un peu comme manger des yeux la carte d’un chef étoilé.



Bref, je remercie vivement Masse Critique Babelio, et les éditions « Le Castor Astral » pour ce magnifique cadeau que je conseille à tous de lire. Il n’est nul besoin d’aimer Flaubert pour l’apprécier, et quand on l’aime, on n’a qu’une envie le relire. Ce qui était déjà dans mes prévisions… Le Castor Astral publie également "Le Candidat" et "Le Dictionnaire des idées reçues"



Note : 9,5/10

dithyrambique comme d'habitude quand j'aime particulièrement un livre
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Madame Bovary

J'ai repris la lecture de Madame Bovary en plusieurs étapes. Et oui, ce n'est pas un festin qui se digère en une fois.

Le phénomène qui me l'a fait reprendre est la vision du film "Gemma Bovery" où on peut faire facilement les parallèles avec la vie d'Emma.

Les personnages sont étonnants de vraisemblance.

Charles, terne : on a envie de dire qu'il ne peut pas mieux faire mais j'avais tellement envie qu'on l'aime un peu en lisant ce livre.

Emma est lancée dans la vie après le couvent avec de terribles illusions et ne va pas cesser d'être déçue.

Plus que la valeur des personnages de cette fin du dix-neuvième siècle, c'est l'ambiance, la beauté des phrases, l'organisation du récit qui m'ont touchée.

Quand on pense aux répercussions qu'a encore ce roman dans la littérature d'aujourd'hui, c'est que des "Emma Bovery", il en existe peut-être encore quelques-unes.

Espérons que non!



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Bouvard et Pécuchet

Quel désillusionné que notre Flaubert...



Bouvard et Pécuchet est de loin le roman le plus drôle de Flaubert. Son dernier, aussi, celui qu'il n'aura pas le temps d'achever. Peut-être doit-on voir ici un coup du sort semblable à ceux auxquels ses deux héros ridicules, ces ratés, ces idiots incompris et incapables ne cessent de faire face.. ?

Flaubert n'achèvera pas son roman, Bouvard et Pécuchet auraient peut-être mieux fait d'en faire autant, puisqu'ils n'achèveront leurs innombrables expériences que par des malheurs.

Des anti-héros, pour un anti-coup de foudre. Une parodie triste mais risible de la vie de deux citadins bourrés d'imagination. Nos deux éclopés de la vie rebondissent sans cesse après des tentatives déchues, avortées d'expériences en tout genre. Tout est triste dans ce roman, mais tout est si drôle... Une pincée de cynisme ne nous empêche tout de même pas de nous attacher à ces héros incapables que l'on vient à plaindre, que l'on voudrait aider...

Un classique, un autre, dont il serait dommage de ne pas profiter.
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Madame Bovary

Ce grand classique de la littérature française n'en finit pas de plaire ! Ayant lu auparavant des avis très positifs, je me suis finalement décidée à me plonger dans cette grande oeuvre. Je ne peux que rejoindre toutes critiques entousiastes ! Gustave Flaubert n'est pas mon auteur favori, pas comme Emile Zola, Stendhal ou encore Guy de Maupassant, ne citant que les auteurs de son époque, mais l'histoire qu'il nous raconte ici reflète le portrait d'un homme avec des sentiments sincères, comme on le voit à travers Emma Bovary, bien évidemment, cette héroïne trompée, qui, après son mariage avec le médecin Charles Bovary, son déménagement à Yonville et la naissance de sa fille Berthe, commence à s'ennuyer de cette vie d'épouse monotone. Ainsi, rêveuse et admiratrice des grandes histoires d'amour, Emma décide de "quitter" sa situation et prend des amants à commencer par Rodolphe, un riche propriétaire qui la fera rêver jusqu'à un certain point. Trompée et victime de Rodolphe, Emma retombe dans sa vie si sinistre auprès de son mari qu'elle déteste plus que tout, ses voisins méfiants mais qui l'amusent parfois. Cette femme malade d'ennui accepte d'assister à un opéra, "Lucie" de Lammermoor qui a lieu à Rouen, et le changement qu'elle attendait arrivera en la personne de Léon, un clerc qui l'avait charmée avant son départ de Yonville, et Emma goûtera à nouveau aux joies de la passion et de l'adultère. Malheureusement, après tous ces mois de tendresse et de jouissance, les dettes et les désillusions de Madame Bovary la conduiront très vite à une fin fatale et tragique...



Flaubert, qui a travaillé sur ce roman pendant près de cinq ans, sera blâmé par la justice pour « le réalisme vulgaire et souvent choquant de la peinture des caractères ». Contrairement aux critiques adressées à son auteur, "Madame Bovary" connaitra un énorme succès en librairie. Je comprends parfaitement l'empressement des lecteurs à découvrir ce classique cité partout comme un roman incontournable, ce que je ne peux que confirmer, étant moi-même comblée par le charme de cette découverte que je conseille vivement à tous ceux qui ne l'ont pas encore lu.



A lire absolument !
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Madame Bovary

Gustave Flaubert me faisait peur peut-être à cause de Madame Bovary dont j'entendais parler doit en éloges soit en critiques et il traînait depuis des lustres dans ma bibliothèque des livres à lire. Je l'avais abordé d'une manière détournée en voyant une adaptation cinématographique (celle avec Isabelle Huppert) il y a quelques temps donc je connaissais les grandes lignes du roman. Mais une fois de plus l'écrit prévaut pour moi sur l'adaptation pat la richesse dans l'écriture et les détails entourant l'intrigue que ce soit au niveau du décor, de l'époque, des personnages et même de de que l'écrivain met de lui-même dans le récit. Ici que ce soit de la vie de province, de l'amour, de la maternité, de l'identité, de la place de chacun des habitants, de leurs rôles et surtout de la personnalité de son héroïne tout est tiré au cordeau sans jamais être lourd, ennuyeux et surtout que d'émotions et même, malgré que j'en connaisse la fin, de la tension. Emma est une véritable héroïne de roman, a la fois forte et faible, manipulée, amoureuse, fragile et instable. Un coup de cœur à la fois pour l'auteur, la finesse de son récit, les multiples axes de son récit mais également pour Emma qui m'a émue dans sa recherche de l'amour, d'une autre vie, de ses excès.
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Madame Bovary

Il y a des ouvrages que nous n'avons pas envie de lire et que nous n'aurons probablement pas lus sans que quelque chose nous y oblige. Je parle de ces romans qui nous paraissent - à tort ou à raison - longs et ennuyeux. De ceux qui nous impressionnent, aussi. Des romans qui ont un aspect devenu si scolaire tant ils ont été étudiés (au collège, au lycée ou à la fac) qu'ils nous rebutent un peu. Et puis, il y a des classiques si célèbres qu'on connait l'histoire sans l'avoir ne serait-ce que feuilletée. Madame Bovary était de ces livres-là, pour moi.



Pour l'intrigue, nous sommes au milieu du 19ème, en France. Nous sommes en province, comme nous le laisse sous-entendre le titre d'origine, Madame Bovary, Mœurs de province. Nous allons suivre une jeune femme, fille de fermier, Emma Rouault. Elle va épouser un médecin de campagne, Charles Bovary, et va pousser ce dernier à s'installer avec elle à Yonville, en Normandie, parce qu'elle s'ennuie. Seulement, Emma va continuer à s'ennuyer, à ne plus supporter sa vie. Elle n'est jamais satisfaite et ses rêves finiront par l'empoisonner - au sens propre comme au figuré...



Comme Emma, je me suis ennuyée à de longues reprises, à ses côtés. J'ai trouvé que l'histoire traînait en longueur par moments, même si d'autres me plaisaient davantage. C'est un roman que j'ai dû lire dans le cadre de mon cursus universitaire, si bien que je n'avais pas toujours envie de m'y plonger. Malgré mes réticences, j'ai voulu aller au bout de cette lecture, alors même que mes examens de littérature étaient terminés. Beaucoup de personnes ne supportent pas le personnage d'Emma : c'est vrai qu'elle est agaçante. Malgré tout, j'éprouvais de la peine pour elle, peut-être aussi parce que je connaissais son destin tragique. Quant à Charles, j'étais partagée vis-à-vis de ce personnage, que je jugeais un peu stupide mais qui avait tout de même bon fond. Quant aux autres personnages, je m'y suis moins intéressée.



Toute une partie de l'histoire est ce qui l'entoure et le procès que Flaubert a reçu pour avoir écrit un tel ouvrage. Pendant ma lecture, j'y ai forcément pensé. On ne lit évidemment pas un classique aujourd'hui de la façon qu'on le lisait à l'époque... Mais malgré quelques relents d'intérêt pour ce qui entourait ce livre, il n'a pas réussi à me captiver.



C'était une lecture parfois ardue, longue et ennuyeuse, mais je suis contente d'être arrivée jusqu'au bout. Le visionnage des adaptations cinématographiques m'a davantage plu, parce que j'avais parfois l'impression que l'auteur se perdait dans les détails. Même si je suis contente d'être allée au bout de la lecture, je ne l'ai pas franchement appréciée, ennuyée par l'histoire et n'étant pas spécialement attachée aux personnages. Ceci dit, je suis contente d'avoir découvert ce classique de la littérature française !
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Madame Bovary

Madame Bovary...

Quelle aventure...

En plus le personnage principal s'appelle Emma (comme celui de mon coup de foudre ahah) fin bref...

J'ai aimé j'ai étais aussi mitigé ça dépendais des fois...

Petite anecdote marrante :D

J'ai un professeur qui s'appelle Monsieur Rouault et une autre Madame Lefrançois j'ai cru tellement que c'était eux ahah !

J'ai pas lu le procès d'Emma... (L'appendice)

Je remercie ma grand mère qui m'a offert ce classique je re fais des gros bisous...

Et à toi ma cher Emma à quand que j'avoue que j'ai des sentiments pour toi ? Bisous
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Correspondance : Gustave Flaubert / George ..

Flaubert et Sand chacun le « vieux troubadour » de l'autre ! C'est souvent leur signature au bas de leurs lettres à côté d'autres très drôles, Flaubert signe aussi R.(évérend) P.(ère) des Barnabites, très souvent Saint Polycarpe ou encore se désigne comme "Cruchard".Correspondance passionnante qui commence en 1866 pour s'achever à la mort de Sand en 1876 et recèle l'histoire d'une amitié improbable mais solide, lente à s'établir, entre deux vieilles connaissances (scolaires pour certains). Si l'attrait documentaire de ces échanges epistolaires est fort Flaubert et Sand étant deux figures de la scène littéraire partie prenante du foisonnement éditorial, journalistique et artistique de leur temps, témoins au milieu d'une décennie furibonde de la chute d'un régime, d'une guerre, d'un soulèvement populaire et des débuts d'une république hésitante, plus fort encore est peut-être le plaisir de se trouver au coeur de leur amitié, de partager l'esprit de leurs conversations et de sentir presque à travers leur style et leur ton la présence de deux écrivains qui s'aimantent malgré des vitalités opposées et des sensibilités divergentes. « Décidément nos deux vieilles troubadoureries sont deux antinomies », écrivait George en 1872 (p. 460). Ce qui les sépare au fond c'est leur conception de l'homme. Sand est une progressiste convaincue qui croit en l'Homme, Flaubert, misanthrope, pour qui la bêtise humaine omniprésente est regressive ne peut suivre George sur ce terrain. Profondément eux-mêmes jusqu'à nous aujourd'hui.



Il y a leurs mots courts et (em)pressés souvent affectueux pour se donner nouvelles rapides et rendez-vous – le plus souvent à Paris chez Magny avec les condisciples de Sainte-Beuve et de Jules de Goncourt, au théâtre ou rue Murillo le pied à terre de Flaubert. Pour s'inviter aussi dans leurs campagnes respectives car avec la capitale leurs géographies normande et berrichonne font totalement paysage dans cette lecture de longue haleine qui les voit réunis deux fois à Nohant à Noël 1869 et Pâques 1873 (Flaubert s'y rend avec Tourgueniev) et trois fois à Croisset entre 1866 et 1868 : " Dis-moi si le tulipier n'a pas gelé cet hiver et si les pivoines sont belles. Je fais souvent en esprit le voyage, je revois ton jardin et ses alentours. Comme cela est loin, que de choses depuis ! On ne sait plus si on n'a pas cent ans" (De Nohant, le 28 avril 1871)... Il y a de longues lettres qui portent leurs crédos artistiques ou leurs confidences étonnantes (Flaubert/Sand p. 530 ; Sand/Flaubert p. 571) où ils croisent grandes réflexions sur tous les sujets (sur l'Art et les artistes, le roman ou le théâtre, jusqu'à l'éducation des enfants) et petites querelles. Il y a des silences imposés par des inquiétudes banales liées aux grippes, bronchites, contrariétés et empêchements divers, ou par la rupture de courrier durant la guerre entre 1870 et 1871. Il y a leurs mots d'encouragements ou de consolation quand pointent les déceptions que tombent les chagrins, deuils nombreux parmi amis ou connaissances (la mort de Bouilhet pour Flaubert, celle Rollinat pour Sand, leur « double en cette vie ») : « Chacun de nous porte en soi sa nécropole » écrit Flaubert à Sand qui vient de perdre Charles Duveyrier. « Comme la petite bande diminue ! comme les rares rescapés du radeau de la Méduse disparaissent : » écrit-il encore à la mort de Sainte-Beuve (p. 291). Ils s'envoient aussi leurs ébauches dès qu'ils peuvent, se lisent et se corrigent.



Flaubert se dit « Vieux comme une pyramide et fatigué comme un âne » ou déclare : "Il me semble que je deviens un fossile, un être sans rapport avec la création environnante". Il a peu ou prou l'âge de Maurice le fils de Sand. le revers de son esprit de dérision à savoir son détachement des vanités du monde aurait-il touché la dame de Nohant de dix-sept ans plus âgée ? : « de loin je peux vous dire combien je vous aime sans craindre de rabâcher. Vous êtes un des rares restés impressionnables, sincères, amoureux de l'art, pas corrompus par l'ambition, pas grisés par le succès ». Alors que le colosse grognon est habitué des éreintements critiques, elle surfe avec modestie sur sa notoriété sans illusion sur la postérité de son oeuvre, continuant de défendre avec chaleur et conviction madame Bovary et salammbô contre les détracteurs de tout poil, elle fera de même pour L'Education sentimentale dont la détestable réception (1869) fait ironiser Flaubert : « Je n'ai eu cette semaine que trois éreintements (c'est peu !) » (p. 304). Sand distribue articles et feuilletons au « Temps », à « l'Opinion nationale », à « La Revue des Deux Mondes » en plus d'une création romanesque et théâtrale très active qui l'appelle souvent à Paris pour être jouée, nettement moins connue que l'autre dont c'est souvent l'adaptation et dont la correspondance rend très bien compte. Pour Flaubert la bêtise est la grande affaire et quand il vitupère contre la politique, la religion, les journalistes et les critiques ou son éditeur Levy, Sand tempère, se fait médiatrice (auprès de Levy), oppose une sérénité à toute épreuve qui semble (mais semble seulement) un peu le calmer. "[...]Toi indécoléreux, et, à l'âge que tu as maintenant, j'aimerais te voir moins irrité, moins occupé de la bêtise des autres", dit-elle le 25 janvier 1872.



Entre coups de sang et découragements il ne vit que par et pour l'écriture, l'écriture c'est sa vie, "sa muse" la littérature, il est chaste depuis qu'il a cinquante ans ! C'est un assidu des bibliothèques parisiennes boulimique de lectures qui ingurgite traités ou sommes de tout acabit et auteurs les plus barbants tombés dans l'oubli, se plaît aux côtés de Goethe, Spinoza, Kant, Hegel, Plutarque et Cicéron mais aussi de Taine, les contemporains ou les Pères de l'Eglise. « Je t'en prie, ne t'absorbe pas tant dans la littérature et l'érudition. Change de place, agite-toi, aie des maîtresses, comme tu voudras, et pendant ces phases, ne travaille pas, car il ne faut pas brûler la chandelle par les deux bouts, mais il faut changer le bout qu'on allume », écrit George le 28 janvier 1872 (p. 431) qui au contraire s'octroie des parenthèses de répit et de divertissement dans son cocon familial fusionnel après ses « têtes à têtes avec l'encrier ». Quand Gustave confie d'inexorables cafards à Croisset où il vit seul avec sa mère, elle exulte à Nohant sous l'égide créatrice de Maurice grand maître des marionnettes : « L'individu nommé G. Sand se porte bien, savoure le merveilleux hiver qui règne en Berry, cueille des fleurs, signale des anomalies botaniques intéressantes, coud des robes et des manteaux pour sa belle-fille, des costumes de marionnettes, découpe des décors, habille des poupées, lit de la musique, mais surtout passes des heures avec la petite Aurore qui est une fillette étonnante. »



On les surprend à la manoeuvre presque, « à la pioche » dit souvent Flaubert qui trime comme un damné écrit qu'il « se brûle le sang pour un travail qu'il maudit », quand George dès 1866 et tout au long de l'année suivante l'exhorte à être moins perfectionniste, à « se ménager », lui témoignant son inquiétude : – « Nos excès nous tuent », lui dit-elle. En novembre 1867 : – « Laissez-donc le vent courir un peu dans vos cordes. Moi je crois que vous prenez plus de peine qu'il ne faut, et que vous devriez laisser faire l'autre plus souvent. Ca irait tout de même et sans fatigue. L'instrument pourrait résonner faible à de certains moments, mais le souffle, en se prolongeant, trouverait sa force. » En décembre, elle le compare à un « captif enchaîné » qu'elle ne peut délivrer (une note de lassitude ?) concluant magistrale « Ta claustration est ton état de délices » ! Oui Flaubert néglige le repos, diffère les invitations successives de George à Nohant car il ne souffre pas les interruptions quand il se lance à écrire : – « L'idée coule chez vous largement, incessamment comme un fleuve, chez moi c'est un mince filet d'eau, il me faut de grands travaux d'art avant d'obtenir une cascade. Ah ! je les aurai connus, les affres du style ! » (p. 105). Parlant en 1867 de « l'interminable roman qui m'embête de plus en plus » et sur lequel il va s'échiner toute l'année 1868 jusqu'au milieu de 1869 (L'Education sentimentale), pendant qu'elle s'occupe ravie de la reprise de Villemer, des Beaux messieurs de Bois-Doré à l'Odéon ou achève paisiblement Cadio. « Success story » de George au théâtre qui pousse peut-être Gustave à s'y risquer mais c'est un four : sa pièce « le Candidat » est retirée après quatre représentations (1874).



Il y a l'histoire et la politique terrain de désaccords entre eux. Flaubert : – « Ne trouvez-vous pas que depuis 89 on bat la breloque ? ». Réponse de Sand : – « Est-ce que depuis 89 on patauge ? Ne fallait-il pas patauger pour arriver à 48 où l'on a pataugé plus encore, mais pour arriver à ce qui doit être ». Flaubert : – « Vous m'affligez, vous, avec votre enthousiasme pour la république » (p. 364). Il doute du suffrage universel et d'un régime dont elle défend farouchement le principe égalitaire. Il lui oppose le concept de justice qu'il préfère et lui reproche un « catholicisme » larvé. Lorsque la guerre de 1870 est déclarée Flaubert broie du noir : « Moi, j'ai le coeur serré d'une façon qui m'étonne. Et je roule dans une mélancolie sans fond, malgré le travail, malgré le bon Saint Antoine qui devrait me distraire. Est-ce la suite de mes chagrins réitérés ? c'est possible. Mais la guerre y est pour beaucoup. Il me semble que nous entrons dans le noir ? » (p. 357). Saint-Antoine n'a que quatorze pages (p. 363) et Croisset est occupé. Patriote Gustave se dit prêt à prendre son fusil et s'engage comme infirmier à l'Hôtel Dieu de Rouen. Pendant l'été 1870, caniculaire à Nohant, Georges pour la première fois avoue être démoralisée. Aucun des deux ne soutiendra la Commune (que Flaubert compare au municipe romain) – ce qui étonne moins de lui méfiant de tous les débordements menaçant son équilibre matériel de « petit rentier » (comme il se dépeint) que de Sand eu égard à ses engagements passés. le brusque accès de fièvre qui saisit Paris leur paraît inopportun en pleine débâcle de la guerre franco-prussienne, les prend au dépourvu, les heurte, cas de la plupart des écrivains contemporains. Flaubert craint que la poussée de fièvre n'ouvre la voie à une nouvelle régression politique qui lui ferait regretter « Badinguet » c'est dire !



"Ah ! Si on n'avait pas le petit sanctuaire, la pagodine intérieure, où sans rien dire à personne, on se réfugie pour contempler et rêver le beau et le vrai, il faudrait dire : à quoi bon ?

Je t'embrasse bien fort.

Ton vieux troubadour"

(Sand à Flaubert, 28 janvier 1872)

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Smarh

Un titre pareil ne pouvait qu'aiguiser ma curiosité. C'est une oeuvre de jeunesse mais on y sent déjà beaucoup d'observation, de réflexion et une grande habitude de l'écriture avec un style agréable.

C'est le combat du bien contre le mal. Satan décide de faire perdre la foi à un saint homme qui vit en ermite, en lui faisant découvrir l'univers et l'infini.

Si le début du livre, l'infini, la découverte du monde des hommes et de leurs péchés m'a plu ; j'ai moins aimé la fin qui m'a semblée ( c'est très facile pour une simple lectrice de le dire) trop rapide, voir un peu baclée mais d'un autre côté comment s'en sortir avec un sujet aussi ardu lorsque l'on est très jeune . Tout est permis, rien n'est impossible, à chacun sa vision.
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Fumichon, concernant la propriété, évoque les arguments d'un homme politique dont Flaubert parle en ces terme dans une lettre à George Sand: "Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois! Non! Rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la Bourgeoisie!". De qui s'agit-il?

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