AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Hélène Gestern (628)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


555

Je lis pour la première fois Hélène Gestern grâce à ce roman intitulé sobrement 555, roman qui m’a plongé dans un univers que je connais très très mal, celui de la musique classique avec tous les métiers qui gravitent autour de cet art trop souvent réservé à une élite.

555, c’est le nombre de sonates écrites, composées par Domenico Scarlatti (1685-1757). Ce claveciniste virtuose excite la curiosité des spécialistes de musique baroque car chacun espère - pourquoi pas ? - découvrir une œuvre oubliée, dénichée chez un collectionneur, avec le risque d’être abusé par une partition fabriquée de toutes pièces par un faussaire doué.

Avec cinq principaux personnages, Hélène Gestern met en place une intrigue de plus en plus passionnante faite de fausses pistes, d’espoirs les plus fous, jusqu’au coup de théâtre final.

Grégoire Coblence, le premier à entrer en scène, est ébéniste. C’est un artisan, un artiste, qui rénove avec amour des meubles anciens ou des étuis d’instruments de musique. Flo, son épouse, l’a quitté subitement alors qu’il en est toujours follement amoureux. Grégoire souffre beaucoup mais n’en poursuit pas moins son travail. C’est justement lui qui vient de découvrir une partition écrite sur un vieux cahier de quatre pages. Cette partition était cachée sous la doublure d’un étui pour violoncelle qu’il devait réparer.

Son associé, Giancarlo Albizon, est restaurateur d’instruments anciens. Il travaille dans un atelier contigu à celui de Grégoire qui, justement, lui montre cette fameuse partition pour clavecin. Dans cette première scène, se noue toute l’intrigue du roman d’Hélène Gestern qui passe au personnage suivant.

Ce personnage se nomme Manig Terzian. C’est une musicienne à l’immense talent, spécialiste du clavecin et c’est donc à elle que s’adressent aussitôt Grégoire et Giancarlo pour lui montrer la partition. Manig, en fin de carrière, vit avec Madeleine, virtuose du violoncelle. Aussitôt, Manig pense à une œuvre de Scarlatti. Elle se met au clavecin et interprète la première page de ce qui pourrait être la 556e sonate du musicien italien.

Entre en scène maintenant un célèbre musicologue, spécialiste de Scarlatti : Rodolphe Luzin-Farge. Cet homme cumule les titres, enseigne ou a enseigné dans les plus célèbres universités.

Enfin, voici Joris De Jonghe, un Belge vivant à Bruges. Il est un collectionneur richissime, passionné par la musique de Scarlatti. Lui, il a les moyens de financer les recherches indispensables pour prouver l’authenticité de cette partition.

555 est donc lancé, bien lancé, avec treize séries d’interventions des cinq principaux protagonistes. Pourtant, un grain de sable se glisse entre chaque série. Je ne sais pas qui s’exprime. Le texte est en italiques et cela m’intrigue beaucoup mais… patience.

Avec cette quête passionnante, proche du thriller, Hélène Gestern me fait voyager en Angleterre, aux États-Unis, en Italie, en Allemagne mais le plus beau voyage qu’elle m’offre, c’est au cœur de la musique de Scarlatti. Le merveilleux concert donné par Manig Terzian, salle Pleyel, offre des pages d’une exceptionnelle douceur, une plongée dans l’œuvre de Scarlatti. Ses sonates pour clavecin, toutes répertoriées de K1 à K555, sont légères, endiablées souvent, et requièrent une virtuosité, une dextérité impressionnante de la part des musiciens qui les interprètent.

Aux principaux personnages déjà présentés, il faut que j’ajoute Romain, le frère de Flo, ex de Grégoire, et Alice, la petite-nièce de Manig, musicienne elle aussi.

Je remercie Pauline et Simon pour cette lecture d’un roman à l’écriture subtile au service d’une intrigue habilement ficelée.

555 est un roman dont je n’avais guère entendu parler et je pense qu’il aurait amplement mérité une bien meilleure exposition.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1374
Cézembre

Un seul mot, la prose de Gestern est sublime. Cézembre semble nous parler d'une histoire comme une autre, pourtant ce n'en est pas une. Et c'est cela tout le mérite de la vraie Littérature.

Pour moi grande amoureuse de la mer, ce livre a été une aubaine. Et juste après la lecture ardue de Bonavia, me revoici dans l'histoire d'un autre homme qui se cherche dans son passé.

Après son divorce et la mort de son père, grand industriel malouin , Yann de Kérambrun, professeur d'histoire, fin quarantaine, décide de quitter Paris pour s'installer à Saint-Malo, dans la maison dont il a hérité le long de la plage, face à l'île de Cézembre. Et c'est là, à travers les archives de son arrière-grand-père, capitaine d'industrie Octave , qu'il découvre l'histoire sur trois générations de sa famille malouine , dont la mer a fait la fortune et le malheur . Après des années de lutte intérieure et de déni , il ressent finalement le besoin de plus en plus pressant de se réinscrire dans cette histoire, celle de sa famille, celle de son père, étant forcé de reconnaître que cette histoire, leur histoire, dont il va lentement en faire la connaissance a façonné en partie la personne qu'il est.

On y retrouve les thèmes chères à Gestern : le souvenir et ses conséquences sur le présent, le déchiffrement des photographies, le goût des archives, les secrets de famille, la mélancolie du deuil, la quête de la vérité, le pouvoir de la mémoire et de l'amour. Ici de plus le récit mystérieux et passionnant de cette famille sur trois générations est étrangement relié à celui d'une petite île d'apparence anodine qui partage le même passé lourd, si bien que le tracé de Cézembre servira d'emblème à la compagnie maritime fondé par l'aïeul des Kérambrun, Octave.



Beaucoup aimé et adoré la photo de la jaquette de Frank Loriou qui reflète si bien l'esprit de ce livre passionnant, où l'île du titre est bien un des principaux protagonistes de cette histoire. S'y ajoutent Yann le narrateur et “La Reine des Neiges” deux personnages qui siéent comme un gant à cette histoire ténébreuse, et le pimente d'une magnifique touche romantique discrète. Lue d'une traite ! Ne vous en privez-pas 😊! Et maintenant je n'ai qu'une envie, retourner en Bretagne sur les lieux où se déroule l'histoire, Paramé, Rocabey, Saint Servan , la cité d'Alet et …..CÉZEMBRE !



« Pendant que je marchais le long de la digue, Cézembre s'étirait au soleil, mouchetée par la lumière qui transperçait les nuages. »

« Les choses parfois sont d'une dangereuse simplicité. »



Un grand grand merci aux éditions Grasset et NetGalleyFrance pour l’envoie de ce beau livre !



#Cézembre #NetGalleyFrance





Commenter  J’apprécie          11728
555

Nul besoin d’être un musicien averti pour apprécier 555 de Hélène Gestern, ce roman choral passionnant qui nous entraîne dans le monde de la musique, des musiciens, de la lutherie avec à la clef, la résolution d’une énigme.

C’est en rénovant un violoncelle et en en défaisant la doublure que Grégoire Coblence découvre une partition ancienne qui pourrait avoir été écrite par Domenico Scarlatti, ce compositeur baroque et claveciniste virtuose italien né en 1685. Fortement intrigué par cette partition manuscrite pour clavecin cachée dans un étui pour instruments à cordes, l’ébéniste se décide à la montrer à son associé le luthier Giancarlo Albizon. Ce dernier lui propose alors d’aller la faire déchiffrer à Manig Terzian, claveciniste mondialement connue et spécialiste de Scarlatti.

Grégoire acquiert alors la quasi-certitude qu’il s’agit d’un nouvel opus de cet illustre compositeur qui a laissé à la postérité 555 sonates. Mais la partition disparaît…

À ces trois personnages qui ont eu en main la partition avant qu’elle ne soit volée, deux autres vont entrer en scène qui, en ayant vent de cette découverte auraient grand intérêt à y mettre la main dessus.

Pour Rodolphe Luzin-Farge, claveciniste, docteur en musicologie, professeur à la Sorbonne, spécialiste de musique française et italienne des 17 e et 18 e siècles, auteur de plusieurs ouvrages de référence, dont une biographie de Scarlatti publiée en 2009, cette découverte d’inédits permettrait à cet homme ambitieux de publier à nouveau et ainsi reprendre l’ascendant sur ce jeune concurrent qui commence à lui faire de l’ombre.

Quant à Joris De Jonghe, ce collectionneur richissime et extravagant, il pourrait peut-être se lancer ou du moins lancer ses limiers sur la trace de cette partition, l’imaginant comme ultime cadeau qu’il pourrait faire à sa femme chérie décédée.

C’est ainsi que nos cinq protagonistes dont l’existence est intimement liée vont se lancer à la recherche du précieux document, prenant tour à tour la parole.

Une sixième voix, énigmatique , la voix de la personne qui a tout manigancé, qui a mûri son plan pendant des mois, qui observe dans l’ombre et qui, à un moment a même le sentiment angoissant de sentir le jeu lui échapper, intrigue et questionne le lecteur.

Cette quête éperdue menée par chacun va bouleverser durablement leur vie, les amenant à faire une rétrospective, un retour sur les événements qui l’ont jalonnée, ravivant les trahisons et les blessures du passé. En effet, tous sont amenés à se pencher sur leur passé, à se remettre plus ou moins en question, à avoir des regrets et des remords, certains plus que d’autres.

Hélène Gestern brosse des portraits vivants de chacun de ses personnages, sachant, à merveille nous les rendre attachants ou détestables réussissant parfois, au fil du roman, à nous faire changer d’avis. Mais il en est un et il s’agit du personnage principal du roman qui lui, ne nous déçoit pas, mais au contraire nous emporte dans la rêverie et l’émotion, c’est la musique, omniprésente tout au long du récit.

En faisant de 555 un roman choral, Hélène Gestern le rend ainsi très vivant et très rythmé, lui donnant une richesse littéraire particulière grâce à la diversité de style de chaque personnage.

555, fabuleux roman musical dont le fil rouge n’est autre que l’un des plus illustres, si ce n’est le plus illustre des compositeurs pour clavecins, le brillantissime Scarlatti dont la musique berce chaque page, est également un thriller peu ordinaire qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout.

C’est avec beaucoup de finesse et de sensibilité que l’auteure m’a emmenée avec ses personnages à la recherche de cette sonate oubliée, me poussant inconsciemment à écouter ce fameux virtuose qu’était Scarlatti.

Un grand merci à Pauline et Simon qui m’ont incitée à découvrir ce petit bijou qui a reçu le Grand Prix RTL Lire magazine 2022.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1140
La part du feu

Apprendre, à 35 ans, que son père ne vous a pas conçue, que sa mère a partagé la vie d’un activiste politique soupçonné d’assassinat, que ce géniteur a été défenestré (crime ou suicide ?) a de quoi perturber le sommeil et remettre en causes le regard porté sur sa famille.



Et voici pourquoi, en 2010, Laurence Emmanuel plonge dans les archives familiales et enquête sur Guillermo Zorgen et ses compagnons de route. Rencontrant l’avocate de Guillermo, les journalistes qui ont suivi son procès, son acquitement, elle identifie petit à petit quelques militants qui ont suivi « Gui » dans ses actions.



Mais 35 années se sont écoulées ; les révoltés sont devenus des notables occupant des chaires universitaires ou animant des émissions radiophoniques, ils ont oublié leurs jeunesses et admettent qu’ils ont suivi un gourou dont l’emprise les a manipulés. Ils disent avoir été trompés bêtement.



Sous la cendre du feu, la vérité surgir-t-elle ?



Passionnante enquête, notamment sur l’évolution des militants soixante huitards, qui éclaire un pan de l’histoire contemporaine.



Décidément, les ouvrages d’Hélène Gestern sont des bijoux de psychologie rédigés dans une belle langue. Un réel plaisir !
Commenter  J’apprécie          1064
Eux sur la photo

Hélène Hivert n’a aucun souvenir de sa maman, décédée en novembre 1972, et de ses grands parents maternels. Elle ignore les causes du décès et une incinération la prive de sépulture. Son père, médecin militaire, est décédé en 2004, sa mère adoptive Sylvia, victime de la maladie d'Alzheimer, perd la mémoire.



Déracinée, Hélène lance une bouteille à la mer en publiant dans les médias le 12 février 2007 une photo représentant 3 personnes (deux hommes et une femme) illustrant un article de journal commentant la victoire de Mme N Hivert et M P Crüsten à un tournoi de tennis en juillet 1971. Le 25 mars, Stéphane, fils de P Crüsten, écrit à Hélène. Débute alors une année de reconstitution d’un puzzle éprouvant. Chaque pièce découverte révèle progressivement le passé des familles Hivert et Crüsten et dévoile lentement la famille maternelle d’Hélène.



Pages poignantes, rédigées sous forme d’échange de correspondances et de photographies, qui plongent dans le temps, bien au delà de la période 1971-2007, et divisent et unissent les épistoliers. Amour et haine bousculent les acteurs prisonniers de la mentalité des années 60-70, respectueux de convenances sociales forgées durant la seconde guerre mondiale.



Pages d’autant plus poignantes qu’au fil de ma lecture des ouvrages d’Hélène Gestern, je devine que ce roman est probablement autobiographique et transcrit des épreuves qu’elle a très vraisemblablement endurées, ou rencontrées dans son univers familial, qui donnent à ces feuilles une vie, une vérité, une brutalité qui n’ont rien à voir avec une fiction ? Cette quête de racines, cette plongée dans les secrets de famille, que l’on retrouve aussi, par exemple, dans nombre de romans de Michel Bussi, est un pilier authentique et puissant de la littérature.



Simone Weil, dans L’enracinement, son testament spirituel et prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, rappelle que l’homme est un héritier qui a besoin de racines familiales pour grandir et vivre. La quête d’Hélène Hivert illustre concrètement les conséquences résultant de la brisure du lien familial et la difficulté de vivre sans connaitre ses géniteurs.



De quoi interpeller, les partisans de la gestation pour autrui (GPA) qui rêvent de voir naitre une génération d’orphelins privés du droit élémentaire de connaitre leurs parents ?



PS : Portrait d'après blessure
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          1049
L'odeur de la forêt

Ce pavé de 740 pages, superbement écrites, romance la destinée de sept familles durant un siècle (1914-2014).



Alix de Chalendar (1924-2014) lègue aux archives nationales la correspondance que son oncle, le lieutenant Alban de Willecot (1887-1917), adressait durant la première guerre mondiale au poète Anatole Massis et choisit une historienne comme exécutrice testamentaire, écartant ainsi son petit fils Alexandre Aparof, joueur impénitent. Blanche, la mère d'Alix, épouse de Maximilien de Barge, décédé en 1925 des séquelles de la guerre, gère de main de maitre leurs vignobles durant les deux guerres mondiales. Alix de Barges rencontre à Londres en 1942 son futur mari.



Anatole Massis, handicapé d'un bras, est employé durant le conflit par la censure militaire pour surveiller le courrier posté par les soldats à leurs proches. Anatole est marié à Jeanne de Royères, petite fille de l'académicien Louis Limoges, mentor d'Anatole. Mère de leurs 3 enfants, Jeanne décède peu après la naissance du dernier en 1916. Un petit fils d'Anatole confie à sa petite fille Ariane Brugg leurs archives familiales (courriers et albums photos).



Diane Nicolaï, née vers 1897, a été remarquée par Alban de Willecot, qui évoque leurs fiançailles dans une lettre à Anatole Massis. C'est un jeune fille cultivée, intelligente, séduisante, qui maitrise le grec et le russe, passe son bac malgré l'opposition de son père, et rêve devenir une nouvelle Marie Curie. La famille Nicolaï, ruinée par la guerre, est harcelée par les créanciers, et Diane, une semaine après la mort au champ d'honneur d'Alban, est mariée, contre son gré, le 25 janvier 1917 à Etienne Durieux qui comble les dettes des Nicolaï.



Victor Durieux nait de cette union en octobre de la même année. Diane meurt d'un accident de chasse et Etienne Durieux se remarie avec Hortense Stiegler dont il a deux enfants, Basile et Sybille.



Elisabeth Bathori, l'exécutrice testamentaire d'Alix de Chalendar, se met en quête des lettres qu'Anatole envoyait à Alban et qui semblent disparues, quoique certaines apparaissent sur le marché, à Bruxelles, aussitôt raflées par une université américaine où sévit une sulfureuse biographe de Massis. Elisabeth se remet difficilement de la perte de son compagnon. Plonger dans les archives d'Alban et Anatole est pour elle une réelle thérapie. Elle enquête pour identifier les détenteurs qu'elle localise au Portugal ou en Suisse.



Violetta Mahler, petite fille de Basile Durieux, poursuit les recherches que sa maman, Suzanna née en aout 1938, et réfugiée au Portugal en 1940 grâce au consul bordelais Aristides de Sousa Mendes, a mené pour connaitre le sort de ses grands parents Paul Lipchitz, déporté, et Tamara Zilberg disparue vers 1942.



Gérald Lecouvreur, dans les Côtes-d'Armor, sa bat pour réhabiliter son grand-père, fusillé en janvier 1917.



Les lettres et les photos, progressivement retrouvées par Elisabeth Bathori, dévoilent les liens tissés entre les héros et les salauds des 42 cartes de ce jeu des 7 familles, remémorent les tragédies des deux guerres mondiales et rappellent le rôle aussi essentiel que méconnu des femmes durant ces conflits. Elles montrent l'évolution de l'état d'esprit des poilus épuisés par les mois et découragés par l'inanité des sacrifices consentis. Elles révèlent les délations de l'occupation.



Le personnage de Tamara Zilberg rend hommage à Tamara Isserlis, morte à Auschwitz en 1942, évoquée dans « Dora Bruder » de Patrick Modiano, « Jours de Guerre » de Berthe Auroy et le Journal d'Hélène Bert.



« Pour un nom dont on se souviendra, pour une Tamara Isserlis rescapée de l'oubli, combien d'autres, perdus à jamais ?

Ce livre est né du désir de tresser des histoires de disparus, avalés par la guerre, le temps, le silence. de raconter le devenir de leurs traces, qui éclairent, mais aussi dévorent les vivants. »



Magnifique livre qui donne envie de lire les autres titres d'Hélène Gestern.



PS : la résistance dans l'Ain est l'objet de la Douceur
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          10211
L'eau qui dort

“J'avais contemplé les fumeroles de vapeur qui montaient de l'étang, la surface placide de l'eau qui dort, rasséréné par le silence qui régnait alentour.”

Le J', un homme de quarante-sept ans, représentant de commerce, marié, sans enfant, fraîchement licencié, au mariage épuisé, quitte un beau soir le domicile conjugal sans prévenir. Il se rend dans une ville de province, où aura lieu sa dernière mission de travail dans quelques jours. Tout va basculer, lorsqu'au buffet de la gare il croit apercevoir le grand amour de sa vie disparu du jour au lendemain sans donner de nouvelles, il y a vingt ans. A partir de là, sa vie prend un autre tournant......il décide d'y rester.

L'éternel sujet, disparaître dans la nature et recommencer da capo, " je mesure aujourd'hui seulement la profondeur de la détresse pour en arriver là. Disparaître, c'est mourir aux autres, mais aussi à soi". Comment ne pas penser au superbe livre de Pirandello, " Feu Mathias Pascal".....Pour cet homme amoureux des parcs et jardins, la rencontre avec l'un d'eux va lui faciliter la tâche, et y travailler dans la nature lui servir de baume. Alors qu'il commence à croire à avoir déniché la vie idyllique, sa paisible existence de jardinier va se métamorphoser en celle de Sherlock Holmes. L'eau qui dort, il faut s'en méfier, la nature, les parcs et jardins qui ont "le pouvoir de le protéger du sordide de l'existence " cachent paradoxalement aussi beaucoup d'immondices, de secrets pas jolis-jolis et de personnages au passé tourmenté .



Helene Gestern traite un sujet assez fréquent, mais toujours intéressant dans la Littérature , disparaître dans la nature pour repartir à zéro. Ici elle en croise essentiellement deux de disparitions, qu'elle corse avec une histoire criminelle qui va révéler beaucoup d'autres secrets. Repartir à zéro est loin d'être facile, "on comprend que le billet est une contrefaçon et qu'on n'ira pas plus loin, sauf à se réinventer ailleurs, sur les décombres de ses rêves et la dépouille de son identité ...Mon existence était devenu une fiction brouillonne suspendue entre deux néants."

Un livre époustouflant qui d'une quête introspective bascule en "un thriller" , où les photos sont des éléments clés de l'histoire, l'image aidant l'investigation, la perception d'indices permettant de combler les gouffres de la mémoire, personnelle ou collective.



Merci, merci Sabine pour cette superbe lecture !



"N'ayant plus de maison ni logis,

Plus de chambre où me mettre,

Je me suis fabriqué une fenêtre

........autour de ma fenêtre, j'ai disposé ce dont je rêvais depuis longtemps, les arbres, le ciel, la paix."

Commenter  J’apprécie          9517
Portrait d'après blessure

A qui profite le crime ?



Parfois au criminel, toujours aux médias qui vendent leur papier ou la publicité à la télévision et sur les réseaux sociaux.



Le 19 septembre, Olivier et Heloïse, deux collègues, déjeunent ensemble puis empruntent le métro. A 12 H 07 une explosion ravage la rame et les blesse grièvement. Olivier arrache Heloïse aux décombres et la porte sanglante à l’extérieur. Un paparazzi les photographie et la presse à scandale titre sur « les amants du métro ».



Les familles des deux victimes prennent en pleine figure ce portrait lourd de sous entendus. Les deux blessés sont touchés jusque dans leurs vies professionnelles. Olivier est mis au placard par son employeur.



Hélène Gestern décrit jour par jour le calvaire physique et psychologique enduré par Olivier, Heloïse et leurs familles, du 19 septembre au 19 décembre (il est peu vraisemblable qu’un 1 novembre, jour férié, un salarié reprenne son travail). Elle imagine leur contre attaque et l’offensive lancée, avec leur avocat, un webmaster et des photographes, pour tuer la rumeur, ou au moins la freiner.



C’est glacial, bouleversant, profondément humain car chacun se reconnait en Olivier et chacune en Heloïse. Tous se reconnaissent aussi en consommateur des médias …



« Portrait d’après blessure » prend à bras le corps une question essentielle, lourde d’impacts judiciaires, qui est d’autant plus urgente que l’IA (Intelligence Artificielle) crée des photos fausses et semblant plus vraies que nature.



Le quotidien «Libération» illustre sa une du jeudi 19 octobre 2023 d’une photo qui montre un manifestant en colère au Caire brandissant l’image générée par IA d’un bébé sous les gravats.



« Fake news » qui choque aujourd’hui mais pourrait devenir la « norme » demain ?



PS : de la même romancière : L'odeur de la foret
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          934
Eux sur la photo

Après tant de critiques magnifiques dont l’une des dernières signée de Piatka, m’a incitée à lire ce roman, je me lance difficilement dans un einième ressenti… cela fait déjà plus de dix jours que j’ai achevé cette fiction bouleversante.



Un femme recherche la vérité sur sa mère, décédée alors qu’elle n’avait que 3 ans. Une petite annonce dans un journal et un correspondant va répondre…et pénétrer dans son existence

un roman épistolaire des plus captivants sur les secrets de famille, les gâchis de vie par malentendus…conventions sociales… Deux êtres vont se retrouver à reconstruire chacun leur histoire familiale qui se trouve curieusement « reliée »… Une amitié se transformant au fil des lettres, des découvertes familiales, des élucidations des non-dits, des rencontres, en Amour-fusion…



« Au fur et à mesure que j’apprenais à vous connaître, j’avais l’impression que vous faisiez partie de ma vie depuis toujours. Que vous étiez un refuge, une respiration, un être qui avait traversé la solitude, comme moi, et qui en était revenu. Même si je devinais votre impatience, je n’avais pas de hâte à venir vers vous ; d’une certaine manière, nous étions déjà ensemble. » (p.171)



Un roman par lettres, captivant qui gère avec talent un réel suspens dans cette enquête familiale qui réserve « surprise après surprise » .

« Aujourd’hui, Stéphane, lorsque je pense à eux deux, je mesure la force de leur lien, ce lien qui nous a conduits l’un vers l’autre à trente-sept ans de distance, à partir d’une improbable coupure de journal. Je me dis que ce matin ensoleillé, à Saint-Malo, la tendresse de notre premier café partagé, dans la lumière rase de février qui faisait onduler la mer comme cristal et feuille d’or, c’est à eux que nous le devons. Oui, c’étaient eux sur la photo, qui nous parlaient, nous appelaient…Je les contemple jusqu’au vertige et je crois les entendre nous dire qu’il faut vivre maintenant, saisir la chance qu’ils ont laissée échapper.

J’aimerais tant que tu me reviennes.

Et que l’on s’aime (…)

Hélène « (p.297)

Une lecture qui capte notre curiosité, notre sensibilité... qui "cerise sur le gâteau" s'achève sur l'espoir et le cadeau extraordinaire de "rattraper les douleurs du passé", de prendre la vie à pleines mains et à "plein coeur" !....
Commenter  J’apprécie          910
Eux sur la photo

Paris, le 29 octobre 2014



Cher lecteur,



Pour la 104ème critique, allons directement à l'essentiel. Il s'agit d'un roman épistolaire très réussi qui m'a tenue éveillée une partie de la nuit dernière, car, une fois entrée dans l'histoire, je n'ai pas pu le lâcher, et ça, ça n'arrive pas tous les jours, ni toutes les nuits fort heureusement.



Une photo et une petite annonce servent de point de départ à une correspondance fournie entre Hélène, à la recherche d'informations sur sa mère qu'elle a très peu connue, et Stéphane qui a reconnu son père sur cette fameuse photo. Quel lien les unissaient et dans quelle aventure se lancent leurs enfants ?



Je te laisse le soin de le découvrir à ton tour. Si tu aimes bien remonter le temps, farfouiller dans les piles de photos anciennes, débusquer des indices en consultant des journaux, pour finir par déchirer le voile recouvrant les secrets de famille tenus bien cachés, alors, n'hésite pas, ce bouquin devrait te plaire.

Bon, d'accord, ce n'est pas un chef d'œuvre de la littérature, mais passer un bon moment en oubliant tout, et en regrettant presque que le roman s'achève, c'est déjà beaucoup ! Et cerise sur le gâteau : le rythme est soutenu, l'écriture agréable, les descriptions de photos qui ponctuent la correspondance sont poétiques et vivantes.



Grand merci à sstella qui m'a suggéré ce roman épistolaire.

Bien amicalement

Piatka



Ps : à l'occasion, dis-moi si ce bouquin t'a plu
Commenter  J’apprécie          9117
555

Des 555 sonates composées par le claveciniste virtuose Scarlatti (1685-1757), toutes d’une grande inventivité et d’une haute technicité d’exécution, la plupart sont restées inédites de son vivant et aucune ne nous est parvenue en autographe. Et comme ce volume inégalé de pièces forme un ensemble difficile à classer, chacune n’étant d’ailleurs identifiable que par les différents numéros de recensement attribués par les musicologues qui y ont consacré une bonne partie de leur vie, tout est réuni pour favoriser la controverse sur l’exhaustivité ou pas de l’oeuvre authentifiée du génial musicien. Plusieurs grands interprètes, comme le claveciniste américain Scott Ross, connu pour son enregistrement intégral des 555 sonates, s’en sont même amusés en écrivant leurs propres « vraies fausses » sonates, plus scarlatiennes que celles de Scarlatti.





S’emparant du mystère entourant « un musicien plutôt conventionnel, asservi à une vie de cour et de mondanités », pourtant « devenu à cinquante ans passés un compositeur génial et prolifique, capable de publier en l’espace de cinq brèves années (…) l’un des monuments les plus impressionnants que la musique occidentale ait jamais produits », Hélène Gestern a laissé courir son imagination pour nous livrer une histoire, certes assez prévisible, mais suffisamment bien composée pour entraîner le lecteur au bout de sa curiosité.





Brodée à partir des quelques faits historiques connus, et surtout des passions et fantasmes qu’a réellement inspirés un Scarlatti prêtant si bien le flanc à la contrefaçon, l’intrigue se noue autour de la découverte d’une possible 556ème sonate. Malheureusement, sitôt revenue à la surface, la troublante partition disparaît, volée avant même d’avoir pu être dûment authentifiée. Commence une véritable chasse au trésor, impliquant cinq personnages avec chacun un motif très particulier pour désirer la retrouver le premier.





Dès lors, les cinq – un luthier, un ébéniste d’art, un universitaire musicologue, un mécène collectionneur et une célèbre claveciniste – prennent la parole tour à tour, révélant, dans leur quête du graal, le meilleur comme le pire de leurs personnalités et du microcosme musical. C’est au final la passion de la musique, avec ses affres, ses exigences impitoyables et ses drames, mais aussi l’inexplicable alchimie de ses beautés et de ses émotions, qui l’emportera chez certains sur l’ambition, l’appétit du lucre et la vengeance.





Une lecture agréable, à laquelle on se laisse prendre malgré une certaine prévisibilité et l’impression, peut-être, de quelques clichés, parce qu’elle a le mérite, en particulier de nous interroger sur l’indéfinissable Scarlatti dont on aura envie de (re)découvrir la musique, et de façon plus large, de susciter l’émotion à la pensée de toutes ces œuvres en général, malencontreusement amputées, détruites ou perdues au fil des siècles.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          898
L'odeur de la forêt

Voilà un livre que je ne pensais pas être "pour moi".La couverture ne m'attirait pas:des soldats face à des appareils photos,en noir et blanc,bof.Une quatrième de couverture sympa mais sans plus et puis,surtout,quel pavé, près de 800 pages d'une écriture très fine.Bref,je passe mon chemin.

Pour mon anniversaire,ce livre figure dans les cadeaux offerts par ma fille!!!!.Aucune concession,il rejoint les "copains" en attente.

Finalement,je me souviens des droits du lecteur énoncés par Pennac,on a le droit d'arrêter si on n'aime pas.

Et puis je me souviens de ce que je disais à mes élèves à savoir qu'un "gros livre " peut s'avérer plus passionnant qu'un "petit maigrichon"!!!!

Enfin,c'est un cadeau,et de ma fille qui a toujours eu si bon goût ....

C'est parti.Dès, les premières pages,le charme opère :quelle belle écriture, aérienne,des phrases pleines de jolis mots qui dansent avec magie pour éclater en phrases somptueuses,un vocabulaire soigné sans être pompeux assurément, cette auteure a un profond respect pour son lecteur et sait manier la langue française avec art.C'est vraiment beau,plein de poésie .

Et ce roman,c'est un mélange de pelotes de laine .Il faut tirer les brins qui depassent pour faire jaillir les histoires,Il y a Elisabeth,une historienne qui affronte difficilement l'épreuve d'un deuil cruel et qui se lance à fond dans la recherche d'une correspondance adressée à un poilu en 1914....En tirant lentement sur les fils,on se retrouve pendant la Première guerre,pendant la seconde ou encore aujourd'hui,à Paris,au Portugal,sur le front ,en Suisse,ou à Jaligny.Les personnages virevoltent,Elisabeth,Samuel,De Willecot,Diane,Victor,Violeta,Massis et tant d'autres.La pelote ne se dévoile que peu à peu mais on ne se perd pas dans ses méandres tant l'auteure maitrise son sujet et sait où elle va.Oui,ça semble parfois compliqué mais c'est tellement bien fait qu'une main experte vous ramène toujours sur le bon chemin.C'est un beau livre qui se dévore.Elisabeth nous emmène dans ses quêtes, tournée vers des vérités parfois difficiles à énoncer et surtout à entendre. Personnellement,j'ai été aussi très anxieux par rapport à sa propre recherche...Suis je rassuré, je ne le dirai pas,mais ce que je peux dire ,par contre,c'est que j'ai été séduit....

Alors non,ce livre n'est pas un pavé, sa couverture n'est pas moche,oui ,ma fille a toujours très bon goût, oui,j'avais raison de rassurer mes élèves, oui,je vous conseille vivement la lecture de. cet ouvrage.

732 pages lues en 4 jours...Il doit bien y avoir quelque chose de fort,non?

Commenter  J’apprécie          874
L'eau qui dort

L’eau qui dort peut masquer un trésor ou une menace, et les bassins, étangs et fontaines des châteaux de la Loire cacher cadavre et trésor …

Le Précy-Hingrée est il un paradis ou un enfer ? A L’inspectrice Freyermuth et au sergent Médéric Font de le découvrir.



Mais ne soyons pas dupe, ce domaine et cette intrigue policière, sont des alibis choisi par Hélène Gestern pour revenir à ses thèmes de prédilection (vertige de la séparation, secrets de famille, mystères généalogiques, richesses photographiques) et disséquer les séquelles résultant d’un avortement, d’une GPA, d’une adoption, d’une rupture ou d’un adultère.



La romancière prête sa plume à un homme, Benoit Lauzanne, commercial déclinant et quadragénaire décati, pour connaitre, écouter et questionner, Sabine, Irina, Sarah, Jasmine, Yolande, Ada, Anne-Marie, Marianne, qui toutes portent les stigmates de leurs passés et qui, pour la plus part, n’ont pas pu enfanter. Peut on faire abstraction du passé et cliquer sur la touche « annuler & remplacer » ? Peut on « refaire » sa vie ?



Roman qui aborde les interrogations éthiques actuelles et qui, avec pudeur et empathie, illustre la complexité des situations endurées et la difficulté de rebondir après un échec ou un délit. L’eau qui dort n’efface rien, ne cache rien définitivement. Tôt pou tard ce qui est immergé sera dévoilé . Le mal qu’on a fait est quasi irréparable, « ce n’est pas auprès de ceux qu’on a blessés qu’il faut chercher l’absolution (…) On ne peut que vivre. Continuer à vivre. »



Un récit formidable, superbement écrit, qui confirme l’immense talent de l’auteur.



PS : une autre ballade : L’odeur de la forêt
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          842
555

Alors qu'il s'apprête à restaurer un vieil étui en bois, Grégoire Coblence, ébéniste, découvre, sous la doublure une mince brochure de quatre pages. Immédiatement, il reconnaît une partition pour clavecin manuscrite. À l'heure du déjeuner, il la montre à son associé, Giancarlo Albizon, un luthier renommé, qui ne semble pas s'y intéresser et est même dubitatif lorsque Grégoire soumet l'idée de faire jouer cette sonate. Pourtant, ce sont les deux hommes que reçoit, dans son salon de musique, Manig Terzian, une célèbre claveciniste. Après avoir joué la sonate, Grégoire est étonné de reconnaître aussitôt l'œuvre de Scarlatti. Se pourrait-il que cette partition soit inédite ? Quoi qu'il en soit, elle appartient au propriétaire de l'étui et les deux associés se mettent d'accord pour la lui rendre. Malheureusement, Giancarlo est victime d'un cambriolage et, outre deux violons, la partition a été volée... Mais, entretemps, l'existence de cette partition sera parvenue aux oreilles de Rodolphe Luzin-Farge, docteur en musicologie, critique musical et auteur d'ouvrages de référence dont une biographe de Scarlatti, et de Joris de Jonghe, un collectionneur d'art qui voue un culte au musicien...



555, c'est le nombre de sonates pour clavecin qu'a composé Domenico Scarlatti. Mais se pourrait-il qu'une 556ième, inédite, soit méconnue du grand public et qu'elle fasse, soudainement, son apparition ? Si tel est le cas, cette partition fait de suite l'objet de toutes les convoitises, d'autant plus qu'elle a disparue. En premier lieu, de ces 5 personnages qui, tous, ont un lien particulier avec le célèbre compositeur italien. Qu'il le chérisse, le joue ou leur rappelle de tendres ou de douloureux souvenirs. À tour de rôle, ces cinq narrateurs déroulent peu à peu ce lien, se dévoilent, mettant à jour leurs blessures, leurs failles, leurs sentiments, et composent ainsi ce roman choral intrigant, habilement et parfaitement maîtrisé. Cinq voix unies par l'amour de la musique, cinq voix qui se chevauchent, se croisent et dont cette partition va, indéniablement, bouleverser le destin. Cinq voix entrecoupées de plusieurs interludes qui viennent semer le trouble. Entre mensonges, trahisons, rivalités, deuils (d'un être cher ou d'un amour envolé), Hélène Gestern nous offre un roman subtilement orchestré...
Commenter  J’apprécie          848
Eux sur la photo

Hélène recherche la vérité sur ses parents. Elle n’a pas connu sa mère, morte lorsqu’elle n’avait que trois ans. Stéphane est lui aussi en interrogation sur son passé. C’est une photo qui va les réunir et les mener dans une enquête tels des archéologues en fouille dans le passé et ce sur fond d’échanges épistolaires, sms, courriels, lettres. Retour vers le passé autour de secrets de famille et d’une amitié sentimentale qui va doucement se tisser entre Hélène et Stéphane.



J’admets que l’écriture est soignée et que le roman se laisse lire. Je n’ai néanmoins pas été séduite sur le fond, les interminables vouvoiements, les secrets qui ne m’ont pas vraiment embarquée.

Un peu déçue par ce roman que je voyais plus comme une aventure dans les secrets de famille et la psychologie de chacun. Cela m’a semblé assez superficiel.

Les goûts et les couleurs, il en faut pour tout le monde.



Meilleurs vœux à vous tous, prenez de belles photos de vous et de ceux que vous aimez. Dans vos têtes et vos cœurs c’est bien aussi :-)
Commenter  J’apprécie          845
Armen

D'Hélène Gestern je n'ai lu à ce jour que deux livres,aux contextes très différents et qui m'ont beaucoup plue. Armen je l'ai acheté par hasard pour son auteure , n'ayant aucune idée de son personnage principal , Armen Lubin, et la surprise est d'autant plus forte que le second personnage du livre est l'auteure elle-même. Dans cette histoire d'exil et de littérature d'Armen, Gestern elle-même a une famille maternelle d'exilée , plutôt déportée. le parallèle qu'elle mène entre Armen et elle même est une histoire tragique mais intéressante, où le pouvoir de la littérature relie ces deux personnages dans le temps et l'espace d'un lien presque fraternel, bien qu'Armen y reste un peu en fantôme, alors qu'elle, elle est bien réelle.



Plus que l'histoire d'Armen qui reste largement fictive même si elle est basée sur un personnage réel et sa vraie histoire, c'est celle de Gestern qui avec la pudeur et l'humilité avec lesquelles elle se dévoile et les mots qu'elle y emploie qui m'ont vraiment touchée, et intéressée, « L'autobiographie est un condensé de la vie, directement en prise avec la douleur, la honte, la joie. » Celle d'Armen reste superficielle, basée sur beaucoup de suppositions, et ne tient debout que grâce à l'excellente prose de Gestern. Et en fin de compte à part le fait qu'il soit arménien et exilé, littérairement un poète-écrivain qui n'a pas laissé de grandes traces, quelques romans, des poèmes et des articles de journaux, bien que Gestern pense que la qualité de son oeuvre prime sur sa quantité. Quand au personnage lui-même , le portrait qui se dégage de la plume de l'auteure n'a rien de sympathique malgré l'admiration et l'empathie que lui voue Gestern . Et à vrai dire son destin tragique où il finit par se sentir quasi en sécurité ne m'a pas inspirée d'empathie , même si dit comme cela , cela semble cruel de ma part. J'enfonce le clou, de même les vers de sa poésie retransmis par Gestern , bien que je suis loin d'être férue et connaisseuse en poésie , ne m'ont inspirée aucune émotion . Un homme que je n'aurais pas aimé rencontrer, un homme complexé dont la situation fragile de santé et celle matérielle l'ont accentué.



La partie autobiographique de Gestern par contre, celle qui m'a vraiment interpellée , certains passages qui éclairent magnifiquement sa propre oeuvre que je continue à découvrir, m'ont éblouie , « J'ai touché du doigt ce jour-là la dimension surnaturelle de la photographie , sa capacité de rendre à la fois le mort et le vif, à déjouer les chronologies , à faire voler en éclats les frontières de la mémoire , du temps lui-même , dans sa structure la plus intime….c'est ce choc que j'essaie de remettre en scène inlassablement dans mes romans : cette révolution des repères intimes, ce rapport charnel et brutal au temps , ce monde où la trace reconfigure le présent . »



Malgré la partie Armen qui ne m'a pas emballée du tout et que j'ai trouvé beaucoup trop long , j'ai aimé ce livre pour la magnifique prose et les émouvantes confidences de Hélène Gestern, que le contexte du sombre personnage et destin d'Armen valorisent encore plus , à mon avis une dualité choisie qui pourrait être sujet d'une analyse psychologique intéressante. Pourquoi lui et non un autre , des exilés malades il en existe un tas dans la Littérature, « j'ai voulu relire à la lumière de sa vie ce que je sais de la mienne, et vice-versa. ». Décidément une excellente écrivaine, mais un livre que je déconseille pour tout ceux ou celles qui moralement ne sont pas en grande forme , de plus il est un peu long, du moins a été pour moi.



« J'ai peu de certitudes sur l'écriture, mais une conviction: on ne prend pas la plume sans avoir quelque chose à dire. Quelque chose de dense, de sincère, de brûlant, parfois de déchirant. »

Commenter  J’apprécie          837
Un vertige

La jalousie transforme souvent l’amour en haine comme le démontrent ces deux textes brefs, cruels, douloureux qui livrent le désarroi d’une femme abandonnée à la fin d’une liaison adultère quand le mari retourne à son foyer.



Fort bien écrite, cette analyse de la décomposition est une radiographie des symptômes précurseurs à la séparation puis une photographie des cicatrices provoquées par la rupture. L’abandonnée souffre de son malheur et le souvenir des instants de désir nourrit une double haine de l’amant et de son épouse.



Qualifiant d’amour ce qui se révèle être, au fil des pages, une vulgaire relation sexuelle parmi d’autres, l’inconstante ne réalise ni ce qu’est une famille, ni ce qu’est la grandeur d’un véritable amour.



Incapable, et pour cause, de se mettre dans la peau des autres, la rédactrice ne peut comprendre la position de son ex concubin, et encore moins celle de son épouse. Comme si un voleur de voiture, une fois interpellé, ne pouvait admettre que le véhicule soit rendu à son légitime propriétaire …



Privée de repères moraux, cette femme volage dérive au fil des pages et sa noyade inéluctable ne lui laisse d’autre échappatoire qu’un illusoire rêve de renouer avec l’être aimé puis détesté.



« Je voudrais ne jamais l’oublier et être encore capable d’éprouver pour cet homme un désir … »
Commenter  J’apprécie          815
Eux sur la photo

Une photo, en noir et blanc, au grain épais, où se tiennent fièrement deux hommes et une femme. L'article du journal commente la victoire de N. Hivert et M.P. Crüsten au tournoi de tennis amateur d'Interlaken, en ce beau jour de juillet 1971... C'est dans les affaires personnelles de son père, décédé il y a trois ans, qu'Hélène Hivert découvre cette coupure de presse. La jeune femme n'est autre que sa mère, décédée alors qu'elle n'avait que trois ans. Intriguée par cette photo et pour tenter de mieux la connaître, son père n'en parlant jamais, elle décide de publier une annonce, dans divers journaux français ou suisses. Elle reçoit une réponse d'un certain Stéphane Crüsten, résident dans le Kent, qui reconnaît aussitôt son père ainsi que l'homme qui l'accompagne. S'ensuit alors un échange épistolaire entre Hélène et Stéphane, désireux tous les deux d'en savoir un peu plus sur leurs parents et la relation qu'ils entretenaient...



D'une simple photographie dans un journal, la vie d'Hélène va s'en trouver bouleversée. Pour elle qui n'a aucun souvenir de sa mère biologique, qui n'a jamais, ou presque, entendu son père ou sa mère adoptive en parler, elle va se lancer sur les traces de celle-ci et tenter de reconstituer peu à peu le puzzle de sa vie. Grâce à Stéphane Crüsten et aux quelques photos retrouvées ici ou là, les contours, jusqu'ici flous de sa mère, vont petitement se dessiner et, par là même, rétablir quelques vérités et révéler quelques secrets familiaux. Dans ce roman vibrant d'émotions, de tendresse, d'humanité, Hélène Gestern interroge sur le passé, les silences, les secrets, l'héritage, la transmission, l'amour... Par cette forme épistolaire, elle redonne toute sa puissance aux mots, ceux que l'on dit, ceux que l'on écrit et ceux que l'on tait. Elle nous offre un très beau roman, vibrant, intense et émouvant...
Commenter  J’apprécie          765
555

Les notes s’élèvent dans la salle de concert, douces et puissantes, élégiaques, alors la salle bascule, transportée par l’émotion. J’admire Manig Terzian, au fier port de tête au centre de son halo de lumière, la virtuose n’a rien perdu son talent ni de sa beauté froide à l’approche de ses soixante-dix-sept printemps. Elle pose son regard sur Alice, sa petite-nièce qui l’accompagne dans cette sonate à quatre mains, et l’on sent sa fierté à considérer cette jeune fille de vingt-cinq ans comme celle qu’il faudra compter dans les prochaines années parmi les interprètes les plus prometteuses du grand claveciniste italien Scarlatti.

Scarlatti, connu comme l’auteur de 555 sonates, mais en existe-t-il une 556ème ? Est-il celui qui a écrit cette vieille partition trouvée par Grégoire à l’occasion de la restauration d’un vieil étui de violoncelle ?

Hélène Gestern se fait virtuose elle aussi dans l’art de manier à la baguette ce roman choral.

Un pur bonheur de lecture de tourner ces pages compulsivement, le bémol est que j’aurais aimé être un peu plus lancée sur des fausses pistes, car si le suspense monte crescendo dans un premier temps, le tempo s’essouffle quelque peu, et le narrateur inconnu et ses motivations sont assez rapidement démasqués par le lecteur attentif.

Je vous invite dans cette incursion dans le monde de la grande musique, des luthiers, ébénistes d’art, mécènes, spécialistes de musique classique, l’auteure s’est beaucoup documentée, et nous livre de nombreux détails passionnants et parfois piquants sur ce monde qui m’était complétement inconnu.

La musique est au cœur de cet ouvrage, dans les émotions intenses qu’elle peut susciter, mais Hélène Gestern se fait aussi très critique en nous livrant une vision assez sombre de l’envers du décor, des sacrifices demandés par des professeurs-tyrans à de jeunes espoirs aspirant à sortir du lot, car le talent ne saurait suffire.

Commenter  J’apprécie          747
Eux sur la photo

Vertige de l'écriture.

Je n'ai pu lâcher ce livre. J'ai adoré cette histoire d'amour. Non, j'ai adoré ces histoires d'amour. Au-delà du temps, deux personnes se rencontrent et poursuivent l'histoire d'amour de leurs parents. C'est merveilleux, intemporel, subjuguant...



D'abord, le style est accrocheur. Roman épistolaire entrecoupé de la description de photos se raccordant aux écrits. Ensuite, l'action qui se porte sur une année et qui permet aux lecteurs d'appréhender les rapports entre Hélène et Stéphane, nos deux correspondants, et leurs avancées dans leur histoire et celle de leurs parents. Enfin, le thème du départ, une petite annonce dans un journal, lancée comme une bouteille à la mer, pour essayer de trouver un indice révélateur sur trois personnages présents sur une photo. L'un d'entre eux est la mère d'Hélène dont elle ne connaît rien. Un autre est le père de Stéphane.



Et puis bien sûr les questions soulevées par l'auteure : que reste-t'il de nous quand il n'y a plus que des photos ? Qui se souviendra ? Comment reconstituer le passé quand les événements ont été dissimulés ?

Une intrigue très bien amenée, une écriture toute en sensibilité, des personnages attachants, tout est réuni pour une lecture réussie et prenante.

Commenter  J’apprécie          640




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hélène Gestern Voir plus

Quiz Voir plus

Eux sur la photo #Prix DLAL

Comment s'appelle l'héroïne

Natalia
Natacha
Hélène
Geneviève

9 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : Eux sur la photo de Hélène GesternCréer un quiz sur cet auteur

{* *}