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Critiques de Henning Mankell (2627)
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Les chaussures italiennes

Mankell excelle en polars ! Mankell excelle en romans ! Mankell , un auteur XXL ! Une fois de plus , je me suis régalé...



Fredrik Welin , 66 printemps au compteur , vit en véritable ermite sur une ile de la Baltique . Véritable naufragé volontaire , il n'aspire désormais qu'à une seule chose , subsister en total retrait de tout et de tous et ressasser à l'envie cette tragique erreur qu'il commis , il y a de cela 12 ans , alors qu'il exerçait son métier de chirurgien . Son désormais seul et unique patient : Jansson , facteur hypocondriaque qui le gratifie de ses visites aussi régulieres que ses lassants maux illusoires . Flanqué d'un chien , d'un chat et d'une fourmilliere envahissante qu'il a laissé proliferer en plein milieu de son salon , Fredrik nourrit deux passions journalieres , véritables reperes dans ses interminables journées hivernales . Une totale immersion dans l'eau glacée et la rédaction de son journal sont désormais les rituels incontournables de son répétitif et morne quotidien . Il n'attend plus rien ni personne...Jusqu'à la surprise du chef ! C'est d'un oeil plus que circonspect qu'il revoit débouler ( en déambulateur donc piano piano le déboulé...) dans sa vie son premier amour qu'il abandonna il y a pres de 40 ans : Harriet . Rongée par un cancer qu'elle sait incurable , cette derniere n'aspire qu'à une seule chose avant de s'éteindre , découvrir ce lac forestier qu'il lui promit à l'époque ou leur avenir se conjuguait au pluriel . Deux avenirs diametralement opposés vont désormais devoir coexister , se redécouvrir , se supporter pour nous offrir un récit crépusculaire , ciment pourtant fondateur d'une renaissance inattendue...Etonnant non ?



Une envie de poilade ? Un irrésistible besoin de muscler vos zygomatiques ? Alors circulez , y a rien à lire ! Ce récit est le long cheminement de deux etres rongés par le remord et voués à se perdre le coeur lourd de regrets , l'ame meurtrie à jamais . Ce dont je suis sur , c'est que Mankell possede une plume incroyablement évocatrice vous prenant méchamment à la gorge...Solitude , hiver , cancer...Y a de quoi se tirer une balle et pourtant l'histoire est aussi prenante que surprenante ! Un road movie ténébreux de haut vol sous tendu par le plus beau des présents offert de la part d'une sursitaire à un déserteur : la vie ! Les cadavres ( humains ou animaliers ) pullulent . Le paysage froid et glacé est à l'unisson . La nature , le corps et les ames sont soumis à rude épreuve ! Cependant , Mankell ne fait jamais dans la surrenchere et c'est fort de servir un récit à la noirceur d'ébene qu'il se fend d'autant de funestes et funebres tranches de vie . Rien à regretter , rien à jeter car chaque macabre découverte y trouve sa légitimité !

L'on suit donc , le coeur serré , une Harriet déclinante portée par la seule et unique volonté d'insuffler le peu de vie qui lui reste en cet amoureux fugitif qu'elle n'a jamais oubliée...De rebondissements en révélations , Mankell construit un récit touchant empreint d'une humanité bouleversante ! L'auteur vous prend dans sa toile et vous laisse étendu pour le compte , ivre de sentiments aussi contradictoires que complémentaires , tristesse et joie étant bien souvent de mise en ce bas monde...



Les Chaussures Italiennes , du sur mesure !!!
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Meurtriers sans visage

Je viens de passer un très bon moment en compagnie de ce roman policier. En effet, Henning Mankell n'oublie jamais qu'un roman policier, c'est avant tout un roman ; et un roman, qu'est-ce que c'est ? C'est le triomphe d'un personnage ou de plusieurs personnages, c'est le triomphe de l'humain, pas celui d'un événement, aussi grand et exceptionnel soit-il.



Bien évidemment la tension narrative est entretenue par le mystère, le suspense et des surprises diverses, mais plus que tout, avant tout, ce qui nous intéresse ici dans ce roman, c'est la vie et les luttes diverses de son personnage principal, Kurt Wallander.



Je dirais même que l'enquête fait presque figure de prétexte à s'intéresser à l'enquêteur. On est très loin du jeu de piste ou du jeu de cluedo un peu vain à la Agatha Christie : la résolution de l'enquête, même si elle intervient effectivement, n'est pas, d'après moi, la finalité de l'ouvrage.



Le but me semble plutôt de positionner le personnage de l'enquêteur, Kurt Wallander, face aux évolutions de la société auxquelles il doit s'adapter et répondre. Ce faisant, il doit aussi faire face, et dans le même temps, aux difficultés de sa vie personnelle (divorce, relations difficiles tant avec sa fille qu'avec son père, problèmes de poids ou d'alcoolisme, etc.).



En fait, ce que je trouve assez intéressant dans ce roman, c'est l'impression de faux rythme, cette espèce de marasme, cette sensation de patauger dans le quotidien qu'on a tous un peu parfois, les mille choses à faire en même temps et qui se contredisent ou se nuisent les unes les autres, exactement comme dans la vraie vie que nous expérimentons tous chaque jour.



En cela, l'auteur ne souhaite surtout pas faire de son héros un surhomme. Wallander est un enquêteur d'Ystad, une toute petite ville de Scanie (pointe sud de la Suède proche du Danemark). Même si c'est un bon flic, il éprouve régulièrement le besoin d'aller se rassurer en demandant l'avis de Rydberg, qui fait pour lui office de Mentor. Même s'il travaille plutôt bien, il n'échappera pas aux délais incompressibles, aux lenteurs, aux fausses joies, aux oublis, aux erreurs, aux coups de chance et aux demis succès, mais tellement dilués dans le temps qu'ils en perdent leur saveur, etc.



L'enquête ici concerne tout d'abord un double meurtre barbare commis aux dépens d'un couple de vieux paysans, apparemment sans histoire, vivant dans une zone très rurale de la région. La femme, retrouvée mourante, a juste le temps de répéter plusieurs fois le mot « étranger » avant de s'éteindre.



Il n'en faut pas davantage pour aviver les penchants racistes de la population, les stéréotypes et les préjugés en tout genre à l'encontre des populations immigrées, notamment les demandeurs d'asile parqués dans des camps de la région. C'est donc l'occasion pour l'auteur de s'interroger, au travers de Wallander et de nous interroger sur la question et sur les changements sociaux locaux ou internationaux qui expliquent cette situation.



J'ai eu l'impression de renouer avec le roman noir de la haute époque, un peu à la Dashiell Hammett, ce genre romanesque qui scrute ce qui est glauque et qui va mal dans la société pour, peut-être, mieux en exorciser les maux, du moins, tâcher de mieux en présenter les causes.



Au moment de l'écriture du livre (1991), le bloc communiste d'Europe de l'est vient de s'effondrer, ouvrant grandes les portes de l'émigration aux candidats désireux de tenter leur chance ailleurs. C'est également la pleine période de la crise économique suscitée par la Guerre du Golfe et son corollaire, à savoir un appauvrissement des plus pauvres de par le monde, notamment en Afrique.



D'où un afflux massif et inhabituel d'étrangers en Suède qui bouleverse un peu le train-train des populations. Et, comme par un fait exprès — d'ailleurs, c'est fait exprès ! —, bien que le roman ait été écrit il y a plus de trente ans, il trouve une incroyable résonance avec la situation actuelle de la Suède, qui vient précisément de renforcer ses mesures anti-immigration et de refoulement des demandeurs d'asile, qui, actualité aidant, sont désormais plus ukrainiens que baltes ou volontiers plus du sud qu'en 1991. Mais, vous l'avez compris, la question demeure, et aujourd'hui plus que jamais là-bas, et à d'autres endroits également.



C'est tout cela qu'interroge Henning Mankell, à mon sens, avec intelligence et intérêt. Toutefois, je laisse à chacun le loisir d'en juger par lui-même, d'apprécier ou de détester, car, comme toujours, ce n'est là que mon avis sans visage, c'est-à-dire, pas grand-chose
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Les chaussures italiennes

Pour le facteur dont les déplacements hivernaux se font en hydrocoptère, Frednik Welin est le plus beau spécimen de misanthropie de cet archipel suédois.



Retiré depuis douze ans sur son îlot de la Baltique, cet ancien chirurgien sexagénaire partage son quotidien contemplatif avec deux animaux en fin de vie : une chatte et une chienne.

Au cœur de l'hiver, armé d'une hache, il descend chaque matin en peignoir de bain jusqu'au ponton et creuse un trou dans la glace avant de s'immerger nu. Cette séance de mortification lui permet d'oublier, l'espace d'un moment, les deux femmes dont la vie a basculé par sa faute à vingt-cinq ans d'intervalle.

Que ces deux femmes lui en veuillent encore aujourd'hui est hautement probable, c'est son intime conviction. Ses négligences passées ont blessé durablement deux êtres qui lui faisaient confiance et bien des années plus tard Frednik peine toujours à se regarder dans le miroir…



Alors que tout semble figé dans cette immensité blanche, le passé va pourtant rattraper notre ermite : une dame d'un certain âge descend un jour de l'hydrocoptère et derrière son déambulateur avance à petits pas vers la maison de Frednik.



On dit d'un auteur emprunté qu'il est dans ses petits souliers ou qu'on le voit venir avec ses gros sabots ; certains, sans pitié, affirmeront même qu'il est à côté de ses pompes.

Henning Mankell donne au contraire l'impression d'un écrivain à l'aise dans ses baskets et son roman “Les chaussures italiennes”, publié en 2006, est assurément d'une grande pointure bien que le personnage principal, droit dans ses bottes, soit une tête de mule.

Point n'est besoin d'un chausse-pied pour s'y glisser avec bonheur !





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Les chaussures italiennes

N'est pas ermite qui veut, même pour Fredrik Welin, reclus-volontaire sur son île perso fichée au large des côtes suédoises. Pour notre anti-héros solitaire, l'irruption surréaliste d'une vieille dame en déambulateur au milieu d'un lac de glace va en effet sonner l'heure du dégel et le début des embrouilles.



Vu comme ça, rien de très sanglant, mais la dame en question s'y entend quand même pour bouleverser l'existence de ses contemporains et justifier tranquillement trois-cent soixante-douze pages de péripéties ambiance grand-nord scandinave, forêts givrées et tempêtes sur la Baltique.



Certes, pour le surf et les cocotiers les fans de Magnum à Waikiki Beach pourront toujours repasser (Zeus, Apollon, au pied) mais ce remarquable roman, rugueux comme un aquavit de contrebande, parle aussi et surtout d'amour, de remords, de promesses ou de rédemption avec une intensité tout en retenue et une sobriété presque apaisante.



A la fois âpre et subtil, ce bouquin vous remue les tripes et l'âme. Après ça… vous prendrez bien un bon bain d'eau glacée ?!




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Les chaussures italiennes

J'ai emprunté ce roman à deux reprises déjà et à chaque fois, malgré un résumé qui me tentait, j'ai renoncé à le lire…

Cette troisième fois fut la bonne, si on peut dire.

L'écriture est magnifique, simple mais vraie, sans fioritures, pleine de justesse et d'émotions.

Justement, parlons émotions vu que c'est surtout de ça que parle ce roman dans lequel l'action n'est pas prioritaire.



Un homme vieillissant vit sur une île en Suède, il n'a pour seule compagnie que sa chienne et sa chatte, toutes deux en fin de vie.

Il voit régulièrement une sorte de facteur étrange qui vient surtout pour se faire ausculter alors qu'il ne souffre de rien et n'apporte que rarement du courrier.

Mais un jour, au bout de douze ans d'une sorte de réclusion volontaire, une femme débarque sur son île, une femme qu'il a connût il y a bien longtemps…

Et plus rien ne sera désormais pareil dans la vie de cet homme.



Petit avertissement, malgré la beauté de l'histoire, la profondeur des sentiments et la noblesse de certains actes, il faut s'accrocher, car ce roman est déchirant, et franchement, si vous traversez un petit coup de blues vous-mêmes, ça n'arrangera pas votre humeur.

Je suis contente de l'avoir lu pendant quelques jours ensoleillés, allongée sur une chaise longue, à l'ombre d'une cerisier avec le bruit des oiseaux et des grenouilles en fond sonore, car l'histoire est sombre, limite plombante, malgré de petites lueurs d'espoir, comme des éclats de lune dans une nuit noire.

C'était une lecture sublime, mais je suis contente d'avoir attendu le bon moment pour plonger dans cette atmosphère humide, froide et blanche comme les étendues de glace immaculée d'une certaine île, où la vie et la mort sont intrinsèquement liées.
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Les chaussures italiennes

Ayé, je l'ai lu: "Les chaussures italiennes"! Après avoir longtemps tourné autour dans un pas de deux, proche du tango, je m'y suis plongée et je ne l'ai plus lâché, pour un slow amoureux et langoureux.

Ce roman simple raconte l'histoire d'êtres très complexes!

La curiosité l'emportant, nous nous laissons entraîner par Fredrik Welin, cet homme bourru et solitaire qui ne se comprend pas bien lui même mais que la vie va surprendre au tournant de ses vieux jours.

Le thème développé par Henning Mankell est universel: nous sommes notre propre ennemi bien souvent et nous nous laissons porter par la vie sans bien comprendre ce qui nous arrive comme de modestes fétus de paille...

Et puis un jour, la Surprise, sous la forme d'une rencontre, d'une belle découverte et crac, la glace se brise et les priorités prennent un tout autre chemin!

Une lecture qui ne laisse pas de marbre, vous l'aurez compris!

Alors enfilez ces somptueuses chaussures italiennes faites sur mesure et laissez vous mener par elles sur la trame d'une magnifique histoire!

Andiamo...
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Daisy sisters

Elna et Vivi, deux filles d'ouvriers, sont devenues correspondantes. L'une habitait dans le nord du pays, à Sandviken, l'autre dans le sud, à Landskroma. Une correspondance qui s'accrut au fil des années, devenant aussi plus intime, s'échangeant leurs pensées, des fleurs séchées et leurs rêves d'avenir. Si bien qu'elles envisagent de se rencontrer. Mais en cette année 1939, la guerre, à la fois très lointaine et très proche, éclate et il faudra attendre. Au printemps 1941, à 17 ans, elles décident de se rencontrer quand même. Quelques jours de congé, des vélos et des sacs de couchage, c'est tout ce qu'il leur faut pour aller découvrir la frontière avec la Norvège. Malheureusement, elles rencontrent deux soldats, passent une soirée avec eux et boivent plus que de raison. Elna se fait violer et tombera enceinte. Sa tentative d'avortement se passe mal et le bébé arrivera. Eivor, cette enfant non désirée, chamboulera à jamais sa vie...



Ce dernier roman paru mais le premier écrit par Henning Mankell en 1982 est, finalement, à l'image de ce que nous offrira l'auteur. Il nous dépeint sans concessions la société suédoise, notamment la place de la femme, l'avortement, les conditions de travail à l'usine, les ravages de l'alcool et de la drogue ou bien encore la jeunesse aspirant à une certaine liberté, tout au long de ces 40 années. Empreint de mélancolie, parfois de pessimisme, ce récit retrace la vie des ces deux jeunes filles, Vivi et Elna puis d'Einor, la fille de cette dernière auxquelles on s'attache assez vite. Aucune ne semble avoir la vie facile et elles devront faire face aux aléas de la vie et lutter pour leurs droits. Mankell, avec ce premier roman, entrait dans la cour des grands. Preuve en est: ses nombreux romans sur l'Afrique ou avec Wallander. Même si son talent n'est plus à prouver, ce premier manque de finesse parfois, certains passages cassent le rythme, d'autres sont trop longs. L'écriture, elle, un brin simpliste, souffre de quelques faiblesses et de répétitions. On pardonne, parce que c'est Mankell...



Elles étaient les Daisy sisters...
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Les bottes suédoises

Après avoir quitté Fredrik Welin, le chirurgien orthopédiste du roman Les chaussures italiennes alors âgé de soixante-six ans, c'est avec curiosité que je le retrouve quatre années plus tard. On peut dire que nos retrouvailles sont chaudes, brûlantes, c'est la nuit, il se réveille dans l'incendie de sa maison. Ouf ! il a pu sortir indemne chaussé de deux bottes gauches, un imper endossé sur sa veste de pyjama et un pantalon. Tout le voisinage accourt, chacun à bord de son bateau, la chaîne de solidarité se matérialise pour essayer d'éteindre l'incendie mais ce sera peine perdue. Heureusement, il peut loger dans la caravane de Louise, sa fille aujourd'hui âgée de quarante ans, Louise dont il n'a plus de nouvelles. Il lui téléphone, le contact rétabli, elle le rejoindra sur l'île. Une enquête criminelle démarre dès le lendemain de l'incendie. J'ai retrouvé les mêmes personnages que dans Les chaussures italiennes et d'autres qui sont apparus au fil de l'histoire. Dans ce récit, Henning Mankell évoque la vieillesse, le désir de connaître encore l'amour, les relations père-fille et celles avec la société en général. Un excellent roman !
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Meurtriers sans visage

Se plonger dans un bouquin de Henning Mankell, c'est comme rentrer le soir après une journée de boulot, se mettre en tenue de combat (non pas celle de la guerre, celle pour glander), se servir un café et se glisser dans un fauteuil confortable avec en ligne de mire la cheminée qui crépite et la porte fenêtre en guise de télévision. Votre chat vient se blottir sur vos genoux, manque plus que la pipe (mais bon je ne fume pas), faudra que je trouve autre chose ... Bref le temps s'arrête et le nectar coule à flot. La paix, la sérénité et le bonheur sont là.

Près Ystad au sud de la Suède, un habitant d'un petit hameau se réveille bien avant l'aube. Bizarrement il n'a pas entendu le cheval de ses voisins. Il se lève et avec sa femme constatent qu'un des carreaux de la maison voisine a été fracassé. A reculons il ira vérifier si tout va bien : l'homme est mort, la femme ne vaut guère mieux.

Henning Mankell se sert de son anti-héro, Kurt Wallander, pour exposer la dérive de ses contemporains vers un racisme de plus en plus ordinaire. Une enquête ou l'on découvre un Wallander entouré de sa famille qui lui échappe complètement :

- Sa femme vient de le quitter, fait qu'il ne supporte pas ;

- Son père peint inlassablement le même tableau, et devient de plus en plus sénile et irascible ;

- Sa fille, se dérobe constamment.

A ceux qui n'ont pas le polar dans les veines, je conseille celui-ci. Vous avez juste à lire le premier chapitre, Soit vous accrochez, faisant de vous un converti, soit vous n'accrochez pas, vous pourrez le refermer en attendant un autre moment et un autre auteur pour vous conquérir.

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L'homme inquiet

Cher Kurt ,



Nous voici à la croisée des chemins . De celle qui vous laisse un méchant vide et pas mal de vague à l'âme. Une rencontre presque hasardeuse il y a , maintenant , près de 10 ans et voici que sonne déjà l'heure fatidique des adieux sans retour .

Oh bien sûr , le coup de foudre littéraire ne fut pas immédiat même s'il s'en fallut de peu...

Je ne sais , à l'heure ou je t'écris - tutoiement de rigueur en Scanie ;) - ce qui va , dès lors , le plus me manquer .

Ces enquêtes fastidieuses régulièrement couronnées d'un succès méritoire souvent taillé dans le marbre de la douleur et de la désillusion .

Ces loooongues journées glaciales et pluvieuses , tristes symboles récurrents d'hivers à l'aune de ton parcours professionnel et personnel .

Ce dont je suis certain , c'est le fait de pouvoir rapidement surmonter ces innombrables fous rires , ces inqualifiables barres de XPTDR à mourir de LOL , ces dernières se comptant facilement sur les deux mains d'un manchot neurasthénique venant de subir son 36e contrôle fiscal consécutif...

Ton univers sur papier glacé , voire givré , tout simplement , ne saurait trouver d'égal pour un p'tit bout de temps et ça , c'est moche...

Une ultime bafouille lapidaire en guise de remerciements sincères pour toutes ces heures de pur bonheur passées en ta compagnie et celle de tes proches . De ton père , peintre monomaniaque aussi bourru qu'attachant à ton ex , Mona , en passant par Linda , fière descendance marchant désormais sur tes pas , chacun , à sa manière , contribua aux succès notoires d'un flic à taille humaine trimballant son cortège d'emmerdes semblant bien trop pesant pour ses «  frêles «  épaules...

Pour tout ça et bien plus encore , tu vas me manquer...



PS : une ultime enquête sur fonds de géopolitique faisant la part belle à un Kurt , plus touchant et torturé que jamais , en papy gâteau et flic pas loin de devenir gâteux tant ces absences à répétition augurent du pire à venir . Toujours aussi bon , finalement aussi bon...



L'Homme Inquiet , dernière enquête testamentaire offerte aux lecteurs l'étant tout autant...sniiiiif... Kleenex...

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Sable mouvant : Fragments de ma vie

Le 16 décembre 2013, par une journée froide, Henning Mankell, au volant de sa voiture de location, se rend à Vallåkra, dans le sud du pays. Il a rendez-vous avec la directrice du théâtre de Maputo. Peut-être à cause d'une tache d'huile, la voiture file vers la glissière centrale, l'airbag se déclenche. Il s'en sort indemne. Il annule son rendez-vous et décide de rentrer chez lui.

Le 24 décembre, il se réveille avec des douleurs à la nuque et une raideur généralisée. La douleur a augmenté, irradiant son bras et sa main droits. Peut-être des restes de l'accident ? Un torticolis dû à une éventuelle hernie ? Le 8 janvier, il se rend avec sa femme, Eva, à l'hôpital pour subir des examens radiographiques. Le torticolis s'est transformé en cancer du poumon métastasé à un stade avancé. Il y a des traitements évidemment aujourd'hui. Mais Henning Mankell doute. le sol se dérobe. La vie a brutalement rétréci. Après une période au cours de laquelle il lui semble qu'un gouffre infernal l'aspire, il reprend pied et commence à écrire des fragments de sa vie...



Henning Mankell se livre avec une incroyable sincérité sur ce qu'est la vie, sa vie, ce qu'il en a fait, ce qu'il est devenu, sur la civilisation et ce qu'il en restera dans des millions d'années. Par fragments, il revient sur les événements qui l'ont marqués. Son séjour à Paris, la rencontre de deux enfants SDF dans les rues de Maputo, les retrouvailles inespérées de réfugiés, les statues maoïs des îles de Pâques, le nucléaire... Tout ce qui lui tient à cœur. Comme pour laisser une trace. Pour lui. Pour nous. Sans apitoiement ni nostalgie et avec tout le talent de conteur qu'on lui connaît. Ce témoignage émouvant, tel un journal intime, prend évidemment un tout autre sens maintenant que Henning Mankell est décédé.
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Le retour du professeur de danse

Début novembre dans le Härjedalen, le soleil se lève autour de huit heures moins quart.

Là, au coeur de la Suède, entouré d'un million d'arbres, se terre sous un nom d'emprunt un criminel de guerre de soixante-seize ans. Outre la confection de puzzles représentant des oeuvres d'art, Herbert Molin s'adonne la nuit à son passe-temps favori : danser des tangos argentins en serrant dans ses bras une poupée à taille humaine.

Son plus proche voisin, Abraham Andersson, habite à dix kilomètres. Herbert ne le fréquente guère, tout au plus l'aperçoit-il parfois jouant du violon près du lac, un endroit à l'acoustique extraordinaire.



A quelques jours d'intervalle en cet automne 1999, ces deux mélomanes solitaires vont passer de vie à trépas dans des conditions particulièrement atroces. Deux crimes sans mobile apparent, commis par deux meurtriers que tout oppose sauf leur détermination.



Disparu l'an dernier, Henning Mankell avait certainement à coeur de rappeler combien dans les années trente et quarante, la Suède était nazifiée, combien dans ce pays, les idéaux, qu'ils soient littéraires, musicaux ou politiques, venaient essentiellement d'Allemagne.

“Le retour du professeur de danse”, roman paru en 2000, s'apparente au devoir de mémoire qui sied à tout écrivain qui se respecte. L'auteur suédois réussit assez bien à montrer le pouvoir de nuisance de la bête immonde qui, par delà les générations, continue insidieusement à distiller son venin idéologique où elle peut.



Plus de cinq cents pages d'une noirceur glaçante dans les pas d'un inspecteur de trente-sept ans, Stefan Lindman, confronté lui aussi, jusque dans son cercle familial, aux affres du passé et qui se réfugie corps et âme dans cette double enquête criminelle pour "oublier" la tumeur maligne qui lui ronge la langue.



Allez, un peu de musique pour dissiper l'humeur morose générée par ce roman historico-policier : “La revancha del tango” de Gotan Project semble de circonstance !

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Meurtriers sans visage

Que diriez vous d'une petite balade en Scanie pour échapper à la chaleur estivale et participer à la première enquête de l'inspecteur Kurt Wallender ?

Je viens de finir " meurtriers sans visage " de Henning Mankell.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas l'homme, ne vous attendez pas à des courses poursuites échevelées, quoique. Kurt Wallender n'est pas ce genre de flic bourré de testostérone, tombeur de jolies filles au volant d'une super voiture de sport, non, notre policier suédois est un homme en proie aux doutes, un homme fragile comme un meuble Ikea et qui roule en Peugeot comme l'inspecteur Colombo, bref un anti héros comme je les aime.

Un couple de paysan à la retraite est retrouvé assassiné dans leur ferme.

Un crime raciste est commis dans un centre de réfugiés. Wallender et son équipe ont du pain sur la planche. Outre les enquêtes Kurt a quelques soucis avec son père , la récente séparation avec son épouse Mona ou l'indifférence de sa fille Linda pour son père. Beaucoup de pressions sur ses épaules fragiles.

Entre des enquêtes qui tournent en rond et ne mènent nulle part et les fausses pistes, une belle découverte même si j'avais déjà fait la connaissance avec l'inspecteur Wallender grâce à la série sur Arte il y a quelque temps maintenant.



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Les chaussures italiennes

Dans son île, héritage de ses grands parents, Fredrik Welin vit à l'heure des saisons en compagnie de son vieux chien et de son chat.

Ce Robinson a quitté la civilisation seul le facteur Jansson casse la routine de Fredrik avec ses maladies imaginaires.

Fredrik traine des fantômes qu'il essaie de fuir en plongeant son corps dans la glace, sortir de sa léthargie.

Un jour Harriet, un des fantômes débarque dans sa vie, ce petit bout de femme arrive en déambulateur sur la mer gelée.

Harriet a un cancer et avant de mourir vient réclamé son du, une promesse non tenue par son ancien amant.

Voilà la trame de cette histoire.

Ce roman de Henning Mankell, mon premier roman de cet auteur suédois m'a laissé un goût amer, cette histoire d'amour inachevée faite de lâcheté, de trahison, de non dit ,ce manque de courage m'a déstabilisé.

Il est vrai que je ne m'attendais pas à cette noirceur.

Ne vous méprenez pas j'ai aimé ce roman malgré des passages difficiles .

J'ai aimé Louise et sa fougue, Agnès et ses filles perdues, le facteur hypocondriaque, Harriet et son tempérament de feu, de beaux seconds rôles comme on dirait au cinéma.

Moi qui aime ces personnages torturés ,ces loosers aux grands cœurs Fredrik m'a déçu comme il a déçu tous les personnages féminins du roman .

Je vous invite à lire ce roman, et attention aux promesses non tenues.

Je dédie cette critique à mon âme sœur qui se reconnaîtra

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Un paradis trompeur

Hanna consacrait sa vie à aider sa maman Elin et ses frères et sœurs, dans cette Suède si froide et si neigeuse. Mais, après un long été de sécheresse qui a brûlé presque toute la récolte, sa mère l'encourage à quitter au plus vite cette terre, cette famine qui les guette, cette misère toujours plus prégnante et de descendre vers l'est, vers la côte. C'est au milieu de ces champs dévastés que la vie d'Hanna va basculer. Au tout début de l'année 1904, alors qu'elle a tout juste 18 ans, elle fait la route sur un traineau aux côtés de Jonathan Forsman qui la conduit vers des parents, à Sundsvall. Malheureusement, celle-ci a quitté la ville. Forsman, ayant besoin de personnel, garde Hanna. Jusqu'au jour où il lui présente le capitaine Svartman. Celui-ci prépare un long voyage vers l'Australie. C'est à bord du Lovisa qu'embarque la jeune fille en tant que cuisinière. C'est à bord qu'elle rencontrera son mari, mort brutalement et trop vite. C'est à bord que débute pour Hanna une nouvelle vie emplie de rebondissements et de rencontres inattendues...



Henning Mankell délaisse Wallander et nous fait visiter les contrées africaines en compagnie d'Hanna. Un de ses amis a retrouvé un curieux document dans les archives de Maputo, capitale du Mozambique dans lequel il est mention d'une suédoise qui devint propriétaire d'un des plus grands bordels de la ville, appelée à l'époque Lourenço Marques. Mankell s'en est inspiré pour nous raconter la vie d'Hanna, une vie riche, incroyable, à la fois violente et teintée d'émotions en Afrique du Sud. Dans cette ville où elle débarque, les Blancs et les Noirs s'opposent violemment et la jeune femme peinera à trouver sa place et encore plus à savoir qui elle est vraiment. Elle évoluera dans un monde qu'elle ne comprendra pas toujours et qui lui fait peur. S'attachant à rester elle-même et faisant fi des cultures, elle mènera une vie stupéfiante. Dans cette Afrique orientale portugaise, Mankell nous livre un récit fort où le racisme est bien présent, où l'horreur et la cruauté des hommes côtoient la beauté et où les différences culturelles et sociales sont plus que jamais évidentes. Porté par une écriture profondément humaine, ce récit est tout à la fois bouleversant et terrifiant.



Un paradis trompeur... vous n'en reviendrez pas...
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Les bottes suédoises

Quelle terrible et jouissive expérience, que celle de lire un des derniers livres écrits par un de ses auteurs préférés ! Quand Henning Mankell s’est attaqué aux Bottes suédoises, savait-il qu’il souffrait d’un cancer implacable et incurable ? Dans tous les cas, il sentait le vieil âge approcher, et la mort qui l’accompagne. Ça se ressent dans cette suite au roman Les chaussures italiennes. On retrouve le médecin à la retraite Fredrik Welin, toujurs reclus sur son île de la Baltique. Très rapidement, on est plongé dans l’action : il se réveille alors que sa maison brûle. Perte totale. Que s’est-il passé ? Les indices abondent dans tous les sens. Ici, Mankell s’amuse avec le lecteur, laissant planer le doute que le vieil homme a lui-même mis le feu à sa demeure même si ce dernier s’en défend. Pareillement pour d’autres éléments de l’intrigue, comme la disparition de sa montre, le comportement étrange de sa fille Louise, les traces du passage d’un individu louche dans les parage mais, en même temps, les pertes de mémoire de Welin. Aussi, pendant un moment, connaissant l’intérêt de l’auteur pour l’Afrique, j’ai craint qu’il ne fasse intervenir un migrant…



Alors que j’écris cela, j’ai l’impression que je raconte l’intrigue d’un roman policier. C’est pourtant loin de ça, même si, à l’occasion, cette impression m’agassait également pendant ma lecture. Le thème est bel et bien celui de la vieillesse. Qu’est-ce qui attend un homme de septante ans, quand il a tout perdu ? Quand ses amis le quittent l’un après l’autre ? Deux personnes de l’entourage de Welin meurent, un autre disparaît. Il est impossible de ne pas sympathiser avec lui, et pareillement pour l’auteur. C’est décidément quelque chose qui devait commencer à tracasser Henning Mankell. Et c’est présent partout. La maison détruite, l’île sur laquelle elle se trouvait est maintenant nue, comme cet archipel où il y avait un village autrefois, maintenant abandonné. Il n’en reste que des vestiges. Même le paysage (la mer parfois houleuse, le froid et l'hiver qui se pointent, tout me semble grisâtre) a un je-ne-sais-quoi de crépusculaire. Ouf !



Si la mort est importante, elle n’est pas tout. Le roman aborde aussi vers d’autres thèmes comme la famille (surtout la relation père-fille mais l’arrivée d’un petit-enfant élargit la définition), l’héritage. Que lègue-t-on à la génération suivante ? Et peut-on retrouver l’amour à un âge avancé ? Après tant d’années de solitude ? Du moins, ce sont des sujets qui m’ont marqué pendant ma lecture des Bottes suédoises. En fait, ce sont des thèmes qui résonnent facilement en moi, même si je suis encore loin de la septantaine. Ceci dit, ce roman n’a pas résonné autant que le précédent, il me semblait porté beaucoup plus sur les actions. En fait, j’aurais souhaité qu’on trouve rapidement une cause accidentelle, voire naturelle, à l’incendie pour mettre de côté cette partie de l’intrigue et être porté seulement par les questionnements existentiels (et la nostalgie) de Welin et les impressions laissées par le paysage. N’empêche, c’était tout de même un sublime et ultime moment de lecture qui continuera à m’habiter (me hanter ?) encore un bon moment.
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Les bottes suédoises

Je suis attristée à l'idée que ce grand écrivain nous ait quitté beaucoup trop tôt.J'oserais dire ,qu'à mon sens,ce roman est parfait et qu'il pourrait sembler difficile qu'il ait pu en écrire un meilleur ensuite.

En lisant cette histoire je me suis mise à imaginer que Fredrik Welin,le héros,c'est Mankell et que tout son ressenti d'homme vieillissant et sa peur de la mort,c'est celle de l'auteur.Pourtant on y sent une soif de vivre,de faire naître de nouvelles émotions,de réparer ce qu'il pense avoir mal fait autrefois,de prendre soin des autres à travers une lucidité à la fois effrayante et légère.

Cette dernière phrase"Mais l'obscurité ne me faisait plus peur" sonne comme un ultime testament pour les vivants.

Attention,chef-d'oeuvre!
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Le guerrier solitaire

Après l’intrigue glaçante de la semaine dernière en compagnie du norvégien Jo Nesbø et de son tueur fou “Le bonhomme de neige”, il était bien tentant de franchir la frontière, de m'arrêter quelques jours dans la partie la plus méridionale de la Suède : le comté de Scanie.

Il eût été dommage de quitter la Scandinavie sans cheminer un petit moment aux côtés d’Henning Mankell dont ''Les chaussures italiennes'' me seyaient si bien au printemps dernier.



“Le guerrier solitaire”, publié par l’écrivain suédois en 1995, est le cinquième roman de la série policière “Kurt Wallander”, du nom de son héros.



En ce début d’été, une ambiance insouciante règne au sein du commissariat de la petite ville d’Istad. L'équipe nationale qui brille de mille feux au mondial de football n'est pas étrangère à la bonne humeur générale.

Alors que chacun songe aux vacances toutes proches, deux faits divers terrifiants viennent chambouler la routine des autorités policières. En l’espace de quelques heures une jeune fille s’immole par le feu au milieu d’un champ de colza et un ancien ministre de la Justice est retrouvé scalpé sur la plage attenante à sa propriété.

Une semaine plus tard, trois nouveaux scalps figurent au palmarès d’un tueur en série qui collectionne les haches de tout format.



Le manque de résultats de la police commence à faire tousser en haut lieu et pourtant les quatre premières victimes du guerrier solitaire sont de fieffées crapules.

Plus les jours passent et plus la perplexité de Wallander et de son armada policière fait peine à voir.

Le lecteur, au courant des intentions du tueur, soufflerait bien au commissaire déboussolé : “Magne-toi Kurt ! le cinquième nom sur la liste macabre est le tien”.



“Le bonhomme de neige” et “Le guerrier solitaire” ne manquent pas de similitudes : un commissaire de police à la cinquantaine désabusée face à un tueur en série perfectionniste jusqu’au bout de sa déraison.

Par son intensité dramatique, le roman de Jo Nesbø me semble quand même un cran au-dessus de celui d’Henning Mankell.



Une quinzaine scandinave palpitante à souhait, qui glace puis qui décoiffe... et même un peu plus !

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La lionne blanche

Lire un roman policier de Henning Mankell veut aussi dire enrichir sa culture générale.



Ici on rallie la Scanie à l'Afrique du Sud en passant par la Russie en un battements d'ailes. On côtoie la lutte contre l'apartheid et la fin du KGB dans un monde au bord du gouffre.



La qualité indiscutable de la narration et la sensibilité de la plume transgressive de l'auteur font toujours mouche. Et avec des personnages récurrents on est un peu comme à la maison : les meubles sont toujours à la même place et on reconnaît le parfum familier du crime et des enquêtes.

Retrouver Wallander est toujours un plaisir teinté d'inquiétude.



Henning Mankell est un écrivain subtil qui parle comme personne d'autre des aléas de la vie, de ce que l'on subit, de ce que l'on construit.



Je pourrais encore trouver plein d'autres raisons de lire un roman de Mankell, ou de les relire puisque maintenant le manque qu'il a laissé ne pourra être comblé qu'en essayant de maintenir vivante la flamme des écrits qu'il nous a légués.



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Les chaussures italiennes

le solstice d'hiver sur une île de la Baltique est propice à glacer le sang dans les veines. le seul remède étant de combattre le mal par le mal : s'immerger quelques instants dans un trou de glace. C'est ce que fait chaque jour l'ancien chirurgien Fredrik Welin, reclus depuis douze ans dans cette maison familiale, après une erreur professionnelle qui le ronge.



A part le facteur hypocondriaque, il ne voit quasi personne. Jusqu'au jour où débarque Harriet, un ancien amour, qu'il a abandonnée. Elle se sait incurable et exige qu'il tienne sa promesse de jadis de l'emmener au bord d'un petit lac dans la forêt. Cette escapade en plein coeur de l'hiver est plus longue que prévue et apporte son lot de surprises dont Louise, 37 ans, fille de Fredrik qui ignorait son existence. Elle apparaît dans l'encadrement de la porte de sa caravane en peignoir rose et escarpins rouges. Elle a des occupations originales : la boxe, un amour irrépressible pour le Caravage, son mépris qu'elle adresse aux chefs d'Etats du monde entier et... les chaussures.



La rencontre avec ce vieux bottier italien reclus lui aussi dans les forêts glacées du Nord constitue l'un des très bons moments du livre , de belles pages d'anthologie: beaucoup d'humanité et de chaleur au coeur du froid polaire. Grâce à son savoir et son expérience plus personne n'aurait mal aux pieds !



L'autre grand moment est la fête organisée pour Harriet qui décline de plus en plus. Sept convives se retrouvent autour de la table familiale en plein été cette fois, dans la lumière et la chaleur des heures qui comptent vraiment.



Ce livre passe sans arrêt de l'ombre à la lumière, d'un passé de mensonges et de non-dits à un présent de vérité reconnue, de parallèles entre le grand-père mort et la petite-fille, entre le père et sa fille. Chaque personnage se donne la possibilité d'une rédemption, d'une réhabilitation de lui-même à ses propres yeux.



Le style littéraire d'Henning Mankell est brut, sans chichis, sans concession non plus. L'écriture n'est pas intense mais les situations le sont. le froid exacerbe le réalisme de la solitude et du face-à-face avec soi-même.



Lecture surprenante et prenante pour moi qui ne connaissais de cet auteur que le nom de son policier favori, Wallander.







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Henning Mankell et Kurt Wallander

Deux hommes sont retrouvés morts sur un canot, exécutés d'une balle dans le cœur. Les corps sont identifiés : des criminels lettons d'origine russe liés à la mafia.

Meurtriers sans visage (1994)
Les Chiens de Riga (2003)
La Lionne blanche (2004)
L'Homme qui souriait (2005)
Le Guerrier solitaire (1999)
La Cinquième Femme (2000)
Les Morts de la Saint-Jean (2001)
La Muraille invisible (2002)
Avant le gel (2005)
L'Homme inquiet (2010)

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