AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Irvin D. Yalom (673)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le problème Spinoza

Irvin Yalom fait partie des auteurs dont le lectorat exigeant et habité de questionnements existentiels apprécie le talent de vulgarisation.



L'idée de faire cohabiter dans un même roman Baruch Spinoza, le philosophe du 17ème siècle, et Alfred Rosenberg, l’idéologue du national-socialisme, est pour le moins originale. Irvin Yalom prend visiblement plaisir à relever les défis audacieux et son roman ''Le problème Spinoza'' met en parallèle le parcours de vie de deux hommes à trois siècles d’intervalle, deux hommes que tout sépare hormis peut-être la célébrité posthume.

Deux essais, le premier complexe, le second effrayant, ont servi de base à cette œuvre romanesque. Psychiatre de formation et féru de philosophie, Irvin Yalom a trouvé tour à tour dans “l’Éthique” de Spinoza et dans “Le Mythe du vingtième siècle” de Rosenberg le terreau inspirateur à ce roman qui restitue alternativement d’un chapitre à l’autre la pensée du philosophe juif et celle du criminel nazi.



Rationaliste par excellence, Spinoza croyait à une religion universelle de la raison dans laquelle Dieu est la Nature. Pour Spinoza il n’y a pas de bonheur éternel dans l’au-delà, parce que l’au-delà n’existe pas. Son excommunication à l’âge de 24 ans par la communauté juive d’Amsterdam l’obligera à adopter une condition de paria jusqu’à la fin de sa vie. Cet inconfort extrême ne l’empêchera pas de poser les bases d’une philosophie novatrice et d’être reconnu comme un précurseur des Lumières. Depuis lors, beaucoup se reconnaissent dans le spinozisme, ainsi l’illustre Goethe vénérait-il la pensée de Spinoza.



C’est bien là que le bât blesse et le théoricien nazi Rosenberg se perd en conjectures : comment le grand Goethe, l’emblème, la fierté du peuple allemand depuis un siècle, a-t-il pu être subjugué par les écrits d’un juif ? Comment a-t-il pu écrire que Spinoza était un être remarquable ?

Adepte depuis l'adolescence des thèses racialistes de l’écrivain Chamberlain selon lequel subsiste à l’état pur en Allemagne une race supérieure, Rosenberg sera obnubilé sa vie durant par la préservation de cette soi-disant pureté de la race aryenne. Il pensait déjà dans les années vingt que la question juive ne serait résolue que le jour où le dernier juif aurait quitté le grand espace allemand.

Le délire paranoïaque de Rosenberg verra son ultime concrétisation deux décennies plus tard dans l’horreur de la “Solution finale”.



Spinoza et Rosenberg épanchent leurs états d’âme respectifs auprès de personnages fictifs tout droit sortis de l’imagination de l’auteur. Des esprits chagrins ne manqueront pas de souligner la grande latitude avec laquelle Irvin Yalom revisite l’Histoire. Qu’importe ! La grande majorité des lecteurs devrait apprécier la construction savamment étudiée de ce roman.

“Le Problème Spinoza” semble dépasser les bornes du roman historique mais les fantaisies de l’écrivain ne sont jamais hors du champ du plausible.



Il est rare de trouver un livre à ce point passionnant de bout en bout et la pensée de Spinoza traduite par Irvin Yalom est d’une incroyable limpidité comme en témoigne ce court extrait :

”Il semble paradoxal de dire que les hommes sont plus utiles les uns aux autres quand ils suivent chacun leur propre chemin. Mais il en va ainsi lorsqu’il s’agit d’hommes de raison. Un égoïsme éclairé mène à l’entraide. Nous avons tous en commun cette capacité à raisonner, et le vrai paradis sur terre adviendra le jour où notre engagement à comprendre la Nature, ou Dieu, remplacera toutes les autres attaches, qu’elles soient religieuses, culturelles ou nationales.”



Les espérances utopiques du grand philosophe ne sont malheureusement pas près de se réaliser. L’actualité apporte chaque jour son lot de malheurs et la barbarie des hommes semble sans limite et sans fin comme si les enseignements tirés des périodes les plus sombres de l’Histoire étaient vite oubliés.



Heureusement, quelques artistes arrivent encore de temps à autre à éveiller les consciences par leur faculté à entrevoir la face cachée des choses, à mettre en lumière l’inacceptable.

Un portraitiste du clair-obscur aurait peut-être été le plus à même de saisir l’âme tourmentée de l’idéologue nazi Rosenberg, de transposer sur la toile sa terrifiante noirceur !

Commenter  J’apprécie          19414
Le problème Spinoza

Belle découverte que Le Problème Spinoza.



J'y suis rentré à reculons, la philo et moi n'ayant jamais été soudé comme les six doigts de la main. Puis s'installe très rapidement une trame brillante et insolite. Le portrait croisé de deux hommes que tout oppose. Spinoza, homme fort de son intégrité intellectuelle en perpétuelle quête de bonheur, du bonheur dans son plus simple appareil, et qui n'hésitera pas à s'opposer aux principes fondateurs de tout un peuple, le sien, au risque de s'aliéner toute la communauté. Parallèlement l'on découvre le Reichleiter Rosenberg totalement déboussolé à l'idée qu'un petit juif ait pu être porté au pinacle par Goethe qu'il admire par-dessus tout, Hitler excepté. Véritable éminence grise du Nazisme, Rosenberg n'aura de cesse de se construire et d'évoluer au sein de l'appareil d'état, quémandant douloureusement la caresse servile d'un führer qui l'utilise plus qu'il ne l'apprécie. Deux portraits forts et complexes tout aussi passionnants qui méritent le détour pour peu qu'on en accepte le postulat de départ...



L'auteur a bossé le sujet et cela se sent d'entrée de jeu. L'évolution sociétale néerlandaise du XVIIe décrite conjointement à celle d'une Allemagne balbutiant encore ses gammes Hitlériennes participe grandement à l'intérêt d'un tel ouvrage pouvant sembler rébarbatif de prime abord. L'intrigue vous happe littéralement. La vulgarisation philosophique passionne au point de vouloir pousser plus avant le sujet ultérieurement.



Original et racé, Le Problème Spinoza a tout d'un très grand roman qui interpelle tout en suggérant plusieurs pistes personnelles. Que demander de plus ?



Commenter  J’apprécie          1131
Et Nietzsche a pleuré

Quelle idée géniale : faire se rencontrer Friedrich Nietzsche et Josef Breuer. L’un n’est encore qu’un philosophe en herbe qui n’a écrit que « humain, trop humain » et « Le gai savoir ». L’autre est un médecin célèbre, reconnu par ses pairs à Vienne. Il s’intéresse à l’hypnose, et ébauche une technique qui deviendra la cure par la parole. Ils auraient pu se rencontrer, car les dates coïncident. Cette rencontre fictive est un pur bonheur.



Josef Breuer ne sait comment aborder ce personnage énigmatique, secret qu’est Nietzsche qui ne laisse transparaître aucune émotion, signe de faiblesse pour lui. Il a une idée : demander à Nietzsche de l’aider car il serait victime d’obsession de type sexuelle vis-à-vis d’une de ses patientes. On assiste à des échanges pudiques de la part des deux hommes, Breuer se livrant avec sincérité à Nietzsche pour que celui-ci baisse sa garde et avoue le désespoir qui le mine.



Ils vont parler de tout ensemble, des femmes, du désir sexuel, de la vie, de la mort, ou de la solitude, chacun avançant ses pions et ses pièces maitresses comme dans un jeu d’échecs qui se déroulerait dans la réalité. (Breuer joue très bien aux échecs).



Breuer est un clinicien hors-pair ; son examen minutieux de Nietzsche est extraordinaire, inenvisageable à l’heure actuelle par nos médecins trop pressés par le temps : à l’époque la clinique primait, il n’y avait pas toute la batterie radiologique, biologique qui existe maintenant donc, pas d’interrogatoire précis, pas d’examen rigoureux, pas de diagnostic, tout cela impliquait : pas de traitement efficace.



Friedrich Nietzsche est passionnant dans ce roman : il a une santé vraiment précaire, souffre de migraines épouvantables, sa vue est très affectée. Il consomme beaucoup de médicaments : chloral, véronal, morphine Haschich. Il est lucide, il sent bien que ses souffrances sont réelles et qu’il ne peut se réfugier encore longtemps derrière ses préceptes philosophiques car il nierait ainsi ses émotions, les refoulant.



Nietzsche est englué aussi dans son éducation chrétienne qu’il rejette tout autant, ce qui donne lieu à des échanges savoureux, lui tentant de tout expliquer par la philosophie, l’autre sentant que les émotions refoulées ont un impact puissant sur l’individu, pouvant déclencher des maladies. D’un côté la maîtrise de soi, de l’autre la libération des émotions par la catharsis. Irvin Yalom nous explique ainsi les premières réflexions qui aboutiront à une œuvre importante qui dans la réalité est en gestation à cette époque de la vie du philosophe. Je veux parler bien-sûr de « Ainsi parlait Zarathoustra ».



La médecine et surtout la psychiatrie sont mon domaine depuis longtemps et j’étais comme un poisson dans l’eau, en lisant ce livre, j’étais dans le bureau de Breuer, dans son fiacre lorsqu’il se rendait chez ses patients. Je parcourais les rues de Vienne dans son ombre. Je l’entendais discuter avec Freud, exprimant les premières ébauches de ce qui allait devenir la psychanalyse. On parle alors de "Ramonage de cheminée"



Il est de bon ton de s’en prendre à Freud à notre époque, il n’y a qu’à voir le nombre d’ouvrages qui tentent de le démolir en commençant par Ernest Jones, le biographe de Freud qui a jeté le discrédit sur Breuer pour qu’il ne fasse pas de l’ombre au grand Sigmund, jusqu’à récemment Michel Onfray dans « Le crépuscule d’une idole » , ou l’ouvrage collectif sous la direction de Catherine Meyer : « Le livre noir de la psychanalyse », ou Jacques Bénesteau avec « Mensonges freudiens » qui parle de désinformation, voire de propagande. C’est tellement tentant de tout expliquer par la neurobiologie, dans une société où la spiritualité a laissé la place au matérialisme. On brûle ce qu’on a adoré, c’est connu. La vérité est entre les deux, la voie du milieu, diraient les Bouddhistes.



Je suis attirée par Nietzsche depuis très longtemps, je collectionne ses citations, et jusqu’ici, j’avais peur d’ouvrir un de ses livres, d’étudier vraiment sa pensée car je ne suis pas très branchée philosophie, je l’ai déjà dit. Je pars du principe que je ne vais rien comprendre car cela vole trop haut pour moi. Je pense que je ne le verrai plus jamais comme un géant inabordable, hermétique. J’ai déjà « Le gai savoir » et « Ainsi parlait Zarathoustra » dans ma bibliothèque, et au passage, j’ai ressorti « Etudes sur l’hystérie » coécrit par Freud et Breuer car envie de relire le cas « Anna O. »



Irving Yalom, en échangeant les rôles, décrit le patient et le thérapeute, laisse deviner ce qu’on appellera plus tard, le Moi, le ça et le surmoi, mais aussi le transfert, le contre transfert. La neutralité bienveillante par contre n’est pas encore de mise, chacun des protagonistes échangeant sur leurs vies personnelles ou du moins leurs idées. Mais, ce sont les balbutiements d’une technique qu’on appellera la Psychanalyse.



J’ai adoré ce livre car il est consacré avec brio à une période de l’Histoire et à des hommes et des femmes qui m’intéressent depuis longtemps, à la médecine, la philosophie (Breuer s’intéressait beaucoup à la philosophie, tout comme Irvin Yalom). Ce livre m’a accompagnée cet été, pendant une période très difficile où je souffrais beaucoup et il m’a nourrie. Je l’ai lu et relu, avec des retours en arrière, il est rempli de passages surlignés. En le refermant, j’ai continué à m’intéresser aux protagonistes, je suis revenue sur certains passages. Il ne s’agit pas d’un polar qu’on laisse une fois l’énigme résolue. L’auteur a ouvert une porte et j’ai bien l’intention de lire, dévorer ses autres livres.



Vous l’avez deviné je suis tombée sous le charme de l’auteur, et devenue « Yalomaniaque », tant ce livre est savoureux et« Mensonges sur le divan » m’attend déjà dans ma bibliothèque et ensuite à moi ses autres livres (« le problème Spinoza », « La méthode Schopenhauer » …).



Il a 505 pages et on ne voit pas le temps passer, il n’y a pas de redites, l’auteur ne délaye pas mais étudie en profondeur ses personnages, son sujet. Brillant.

Note : 9,5/10



challenge destination PAL été 2015

challenge ABC

Challenge Pavés


Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          11121
Le problème Spinoza

Un très bon moment de lecture assurément que ce "Problème Spinoza", un récit qui mêle Histoire, philosophie et psychanalyse avec habileté.

Je découvre à cette occasion Irvin Yalom qui, en plus d'écrire de façon remarquable, est également docteur en médecine depuis 1956 et professeur émérite de psychiatrie à Stanford depuis 1994.

De psychanalyse, il en sera fortement question dans cet ouvrage qui nous propose deux biographies mêlant réalité historique et fiction, l'auteur ayant la bonté de nous instruire à la fin du livre dans sa génèse pour démêler le vrai et le romanesque.

Nous suivrons un chapitre sur deux Spinoza le philosophe et l’idéologue nazi Alfred Rosenberg à travers le regard du psychanalyste qu'est Irvin yalom, et c'est tout bonnement passionnant, j'ai rarement vécu une lecture autant stimulante intellectuellement parlant.

La partie historique ne sera pas en reste, l'histoire de Spinoza est assez incroyable si l'on considère qu'il fut excommunié et exclu de la communauté juive avant de devenir un philosophe éminemment respecté et précurseur du siècle des lumières, il inspira également de nombreux philosophes de renom dont Goethe.

Bravo à l'auteur d'avoir essayé et souvent réussi à nous faire entendre la philosophie de Spinoza semble-t-il réputée pour être assez hermétique, il donne de plus de bons conseils pour lire ce qu'a écrit le maître.

Captivant aussi cette plongée dans la culture juive du 17ème siècle et cet éclairage sur la religion.

Il me reste à dire que le style est magnifique, que les dialogues sont captivants et que le livre est remarquablement structuré.
Commenter  J’apprécie          10953
La méthode Schopenhauer

Un an c’est court quand la mort est au bout !

L’espérance de vie du docteur Julius Hertzfeld, un psychiatre de 65 ans atteint d’un mélanome, n’est guère plus élevée. Veuf depuis dix ans, le pauvre Julius ne sait plus à quel saint se vouer et la première personne qu’il contacte n’a pas vraiment une âme de Bon Samaritain...



De toute la carrière de Julius, Philip Slate est de loin le patient le plus antipathique. Asocial et obsédé sexuel, Philip a suivi une longue thérapie qui a malheureusement échoué vingt ans auparavant. Depuis cet échec, il a trouvé remède à son obsession dans la philosophie de Schopenhauer et semble aujourd’hui ''entré sur les terres de la sérénité testiculaire''.

Installé comme Conseil en philosophie et désireux d’exercer le plus tôt possible le métier de psychothérapeute, il a besoin d’un tuteur. Julius accepte d’endosser ce rôle sous réserve que Philip passe six mois comme patient dans sa thérapie de groupe.

Le lecteur découvre avec Philip les sept personnes qui se réunissent chaque lundi au domicile de Julius, situé dans un quartier huppé de San Francisco.

Les échanges verbaux, francs et directs, tournent en grande partie autour de la sexualité des uns et des autres sans occulter les relations conflictuelles avec leurs proches.

La personnalité misanthrope de Philip, ses longs moments de mutisme, sa façon de se référer systématiquement à la philosophie de Schopenhauer lorsqu’on sollicite son avis, exaspèrent dans un premier temps les patients, sous l’œil d’un Julius perplexe qui peine parfois à cadrer les débats.



“La méthode Schopenhauer” écrit par Irvin David Yalom en 2005 est un roman surprenant. Psychiatre de formation, l’écrivain américain réussit à sensibiliser le lecteur à deux de ses grandes passions : la psychologie et la philosophie.

Avant chaque séance hebdomadaire chez Julius, l'écrivain s'intéresse dans un court chapitre à la vie du philosophe Arthur Schopenhauer né à en 1788 à Dantzig.

Platon et Kant ainsi que les textes sacrés hindous ont inspiré l’œuvre de Schopenhauer, empreinte avec constance du tragique de la condition humaine.

Cette œuvre a marqué les esprits des deux derniers siècles, ainsi le père de la psychanalyse Sigmund Freud s’inspira-t-il de la pensée du philosophe pour mettre en évidence l’importance sous-estimée des aspirations sexuelles de l’être humain.



“La méthode Schopenhauer” est un roman vivant. Malgré les affres des différents personnages, sa lecture est loin d’être triste. De surcroît le lecteur a vraiment l'impression d’aborder, sans difficulté majeure, de nombreux concepts philosophiques.



Le personnage le plus sympathique du livre, le docteur Julius Hertzfeld, trouvera-t-il dans la formidable énergie de son groupe de patients la force nécessaire pour surmonter les angoisses de sa fin de vie imminente ?

Commenter  J’apprécie          913
Le problème Spinoza

Le nouveau roman d'Irvin Yalom est dédié à Spinoza, un génie s’il en fut et ça tombe vraiment bien car il est sans doute le philosophe à qui je porte la plus grande admiration. Mais Irvin Yalom ne se contente pas d’un roman biographique car son texte a deux versants et le second est dédié à la vie d’un des hommes les plus terribles du siècle : Alfred Rosenberg qui fut à l’origine de l’idéologie nazie prônant la supériorité de la race aryenne et l’antisémitisme et qui un jour eut à faire avec Spinoza et plus spécialement sa bibliothèque.

Une face lumineuse et une face obscure.



La face lumineuse d’abord : Irvin Yalom nous propulse dans l’Amsterdam du XVII ème siècle dans les boutiques qui jouxtent la Synagogue. Il nous fait faire la connaissance de Bento Spinoza (ou Baruch ou Benedictus) et nous le montre étudiant déjà érudit, promis aux plus hautes fonctions, mais ... il y a un mais de taille, Spinoza est à quelques jours de son excommunicationou Herem, par les rabbins de la Synagogue d’Amsterdam.



Le Herem prononcé le 27 juillet 1956 est infamant et définitif :

« Nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza »

Il est non seulement exclu mais les rabbins attirent sur lui les foudres divines

« Qu'il soit maudit pendant son sommeil et pendant qu'il veille. Qu'il soit maudit à son entrée et qu'il soit maudit à sa sortie. Veuille l'Éternel ne jamais lui pardonner. Veuille l'Éternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Loi : que son nom soit effacé dans ce monde »

Et pour la mise au ban soit totale :

« Qu'il ne lui soit rendu aucun service et que personne ne l'approche à moins de quatre coudées. Que personne ne demeure sous le même toit que lui et que personne ne lise aucun de ses écrits. »



Baruch Spinoza a bien des tords, il a ouvertement mis en cause le contenu de la Torah, son origine divine, il s’interroge : avec qui les enfants d’Adam et Eve se sont-ils mariés ? Comment Moïse pouvait-il écrire sur sa propre mort ? La Torah ne serait-elle pas un conte à dormir debout et la vérité de Dieu ne serait-elle pas ailleurs ?



La face obscure est celle d’Alfred Rosenberg, étudiant qui vers 1910 se passionne pour les thèses de Houston Chamberlain sur la prétendue supériorité de la race aryenne, ayant tenu un discours antisémite virulent il est sommé de s’expliquer devant la direction et se voit contraint de faire un travail sur les écrits de Goethe et sur l’admiration que le « Génie allemand » porte à Spinoza.

Ce pensum Alfred Rosenberg s’en acquitera mais cela n’aura pas l’effet escompté par ses professeurs. La trajectoire d’Alfred Rosenberg va définitivement s’infléchir vers le mal.



Irvin Yalom tresse un récit passionnant de bout en bout, le portrait de Spinoza et son parcours qui aboutit à une Ethique de la joie se dévore littéralement. La vie et la pensée de Spinoza nourrissent le livre et même s’il s’agit ici d’une simplification de la pensée du philosophe, celle-ci est habile et juste.

Les ruptures occasionnées par le texte sur Rosenberg sont l’occasion de s’interroger sur la nature du mal, sur son inéluctabilité. Quelque chose ou quelqu’un aurait-il pu empêcher cet homme de devenir un des plus grands criminel ?

Cette construction en deux volets est très réussie et les liens entre les deux récits très efficaces.

On retrouve ici le meilleur de Yalom, sens du récit, écriture prenante, originalité du propos, bref un très très bon livre.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          914
Le problème Spinoza

Un livre intelligent et raffiné qui me permettrait de comprendre la pensée de Spinoza (comme beaucoup j’ai abandonné au bout de deux pages son Ethique, j’en ai encore des suées), le tout sous forme de roman pseudo-biographique… oui ça existe vrai de vrai et on le doit à Irvin Yalom. Attention, attendez-vous à un déluge de compliments car j’ai tout aimé, absolument TOUT ! De l’écriture en passant par l’histoire, les personnages, la morale, le rythme… TOUT ! Je mets un 19/20 (oui c’est mon côté tatillon) à ce roman qui a pris le parti d’imaginer (à partir de détails biographiques tout de même), un pan de la vie de Baruch Espinoza, le fameux philosophe Hollandais (et juif) du XVIIe siècle et celle d’Alfred Rosenberg, théoricien de la pensée nazie, farouche antisémite. Deux hommes qu’à priori tout oppose si ce n’est que pour son malheur, Alfred Rosenberg éprouvait une admiration sans bornes pour le philosophe. D’où un épineux problème de conscience : admirer un intellectuel juif et se sentir proche de la pensée d’une race jugée « inférieure » et « nuisible », est-il compatible avec son idéal aryen, celui qu’il incarne et défend avec tant de hargne et de conviction ? Soyons francs, cette idée de départ m’a tout de suite séduite. Alterner le jour et le nuit, la raison pure et la déraison c’était excitant et cela a parfaitement fonctionné du début jusqu’à la fin, sans aucune fausse note ni essoufflement. Les joutes verbales et philosophiques des deux personnages ont été un vrai plaisir de lecture, rythme et fond qui ont fait chauffer ma cervelle peu encline à la philosophie !



Je pourrais donner moult raisons pour lesquelles j’ai adoré ce roman (mais je pourrais écrire un roman alors refrénons-nous pardi !). Je me concentrerai sur certaines. Tout d’abord, Irvin Yalom n’est jamais tombé dans le cliché ou la facilité : d’un côté le gentil Spinoza (qui on l’apprend s’est caractérisé par un égoïsme farouche au nom de ses principes, préférant se couper de sa famille, les « isoler » au sein de la communauté juive plutôt que de renoncer à ses idéaux) ou le très méchant Rosenberg (qui bien que loin d’être un saint, était aussi et avant tout un pauvre type méprisé par les grands dignitaires nazis - Hitler le premier). Il me faut aussi ajouter que grâce à notre auteur, j'ai enfin compris les aspirations de Spinoza (qui l’eut crû) : la religion et ses dogmes tels qu’enseignés par les religions du livre sont irraisonnables et absurdes et de fait sont impossibles. Il ne s’agit que de mythes créés de toutes pièces par des hommes tout ce qu’il y a de plus mortels pour contrôler les peuples et non la véritable parole divine. J’ai enfin pu appréhender la richesse de sa pensée et ses fondements, le tout mis en lumière au moment où rejetant les dogmes du Judaïsme, Spinoza est mis au ban de la société juive d’Amsterdam, frappé d’un Hérem, c'est-à-dire l’excommunication à vie, combat de la raison pure contre le poids de la communauté et de ses croyances superstitieuses. Quant à Alfred Rosenberg, bien qu’ignoble dans sa bêtise et sa haine, Irvin Yalom en fait un personnage tourmenté et peu sûr de lui, recherchant en permanence l’approbation des autres ; l’assentiment et l’amour d’Hitler étant son but et obsession ultimes, un mirage.



Si avec tout ça vous hésitez encore je n'y comprends rien! Et pourtant, un roman intelligent, accessible, original, très bien écrit et enlevé, que demander de plus ?
Lien : http://livreetcompagnie.over..
Commenter  J’apprécie          885
Et Nietzsche a pleuré

Et si Nietzsche avait rencontré le Docteur Breuer à Vienne dans les Années 1880 et avait essayé de le soulager de son désespoir... n'auraient-ils pas tous les deux inventé la psychanalyse ?



La relation imaginaire entre ces deux génies bien réels est assez savoureuse : à tâtons, ils se dissimulent et se dévoilent tour à tour, comme dans un grand jeu de dupes. Entourés, conseillés ou manipulés par d'autres personnalités comme Freud ou Lou Salomé, ils évoquent dans leurs longues conversations l'amour, la mort, la solitude, l'œuvre, la douleur, la liberté, mais aussi le sexe ou les migraines...



Il est des livres qui nous donnent de l'énergie et l'envie de faire et de découvrir plein de choses. 'Et Nietzsche a pleuré' a été pour moi l'un de ceux-là : j'ai cherché sur le web des infos sur Lou Salomé et Josef Breuer, je voudrais me plonger dans le Zarathoustra de Nietzsche et pourquoi pas commencer une psychanalyse... Rien que pour ça, je suis contente de ma lecture.



En outre, elle a été très agréable en elle-même, grâce aux dialogues souvent brillants, aux anecdotes amusantes et à l'ambiance viennoise désuète. L'alternance des points de vue (Nietzsche, Breuer, Freud, Max, Lou...) et des modes de narration (discussions, extraits de correspondance, journaux intimes, récits simples, rêves et transes) rend l'ensemble tout à fait passionnant.



Challenge Pavés de Gwen21 14/xx
Commenter  J’apprécie          812
La méthode Schopenhauer

Et la magie opère, encore et toujours. Irvin Yalom, magicien de la vulgarisation philosophique et psychologique, frappe fort une fois de plus signant un roman qui parle d'une des figures marquantes de la philosophie et qui se lit comme un bon roman.



Oui ça devient la spécialité de ce grand écrivain qui nous présente cette fois-ci Schopenhauer, la complexité de ses pensées et son héritage et comment il a influencé de nombreux philosophes.

Irvin Yalom continue à cultiver l'art du mélange des genres et nous ouvre les portes d'un monde clos qu'il connaît parfaitement bien, celui des thérapies de groupe.



Il allie faits réels et livre l'essentiel des thèmes chers à Schopenhauer tels la volonté comme principe fondamental, le rapport de l'homme à la souffrance, à la passion amoureuse, à la mort, le tragique de la condition humaine et la théorie du détachement.



Pas très jojo les pensées du bonhomme, mais sous la plume de Yalom qui les adapte à la réalité d'un groupe d'individus en quête de lumière, on arrive à saisir l'essentiel de la question de l'équilibre précaire qui est celui de la vie elle-même.



L'écriture est tenue et les personnages sont astucieusement bien construits. Ce roman permet de savourer les multiples facettes de cet auteur qui a l'art de nous intéresser à des sujets en apparence compliqués mais qui deviennent accessibles et fascinants !





Commenter  J’apprécie          805
Thérapie existentielle

Comment peut-on parler d'un sujet comme la psychanalyse quand on maitrise à peine le sujet. C'est ce que je vais essayer de faire et j'espère votre indulgence si j'écris quelques bêtises ou énormités. J'ai voulu à travers ce livre " Thérapie existentielle "de Irvin Yalom prolonger ma découverte de cet univers qu'est la psychanalyse, découverte faite par l'excellente série diffusée sur Arte " Thérapie".

Irvin Yalom nous emmène sur quatre chemins qui jalonnent l'existence humaine. Quatre chapitres qui reprennent les thèmes largement abordés en philosophie. La mort, la liberté, la solitude et enfin le sens de la vie.

Chapitre premier la vie, la mort, l'angoisse. Je crois que c'est Montaigne qui a dit "Philosopher c'est apprendre à mourir".

Irvin Yalom nous explique à travers des exemples de cas cliniques ou de héros littéraire la métamorphose de gens ayant frôlé la mort et qui changent radicalement leurs choix de vie comme Pierre le personnage de " La guerre et la paix" de Tolstoï qui après avoir frôlé la mort renonce à l'ancienne vie dissolue qu'était la sienne. Ce chapitre m'a semblé la plus facile à comprendre grâce aux nombreux exemples .

Je vous avoue que la suite fut plutôt ardue, la liberté et la solitude furent pour moi les thèmes qui faillirent abandonner la lecture.

Le dernier chapitre le sens de la vie est passionnant, la vie a t'elle un sens ? une question que l'on s'est posé au moins une fois dans sa vie.

"La thérapie existentielle " est une lecture exigeante pas si facile à aborder mais passionnant.
Commenter  J’apprécie          792
Mensonges sur le divan

S'octroyer un petit moment de plaisir en compagnie du psy le plus connu de San Francisco ne mange pas de pain. Alors que le tarif de ses confrères dépasse allègrement les 150 $ la séance, s'immerger dans l'univers d'Irvin Yalom est à la portée du plus grand nombre.

Voyons donc si “Mensonges sur le divan” procure un bienfait comparable aux autres romans de cet auteur généreux !



L'intrigue repose sur la personnalité bien affirmée de trois san-franciscains : une brillante avocate d'affaires, Carolyn Astrid, et deux psychothérapeutes, les docteurs Marshal Streider et Ernest Lash.



Marshal est un homme entre deux âges, quelqu'un d'ambitieux qui vise la présidence de l'Institut psychanalytique du Golden Gate. C'est un fervent partisan de la pensée freudienne selon laquelle la seule option offerte au thérapeute est l'interprétation, ni plus ni moins.



Marshal a dans sa clientèle, comme cela se pratique couramment, un jeune confrère, Ernest, dont il apprécie l'honnêteté intellectuel. Celui-ci profite de cette supervision pour approfondir ses connaissances psychanalytiques. Il se démarque toutefois de son aîné en faisant sienne l'idée jungienne que le psy doit inventer un nouveau langage thérapeutique pour chaque patient et se promet d'explorer au plus vite le fameux “entre-deux”, cette zone qui sépare le patient du thérapeute.



‘'Mensonges sur le divan'' devient pleinement réalité le jour où la très séduisante Carolyn entre pour la première fois dans le cabinet d'Ernest avec la ferme intention de se venger. Son mari, qui fréquente assidûment depuis cinq ans ce même praticien, vient de quitter le domicile conjugal la laissant seule avec leurs deux enfants. Pour elle il n'y a pas de doute possible : Ernest a encouragé son homme à prendre la tangente.



Irvin Yalom s'emploie à démystifier l'univers feutré de la psychanalyse tout en s'interrogeant sur le degré de latitude laissé à chaque thérapeute quant au choix du chemin menant à la guérison du patient.

De surprises en rebondissements, le lecteur se délecte de situations truculentes où perce parfois un érotisme du plus bel effet. Par certains côtés ‘'Mensonges sur le divan'' s'apparente à un vaudeville tant les occasions sont nombreuses de sourire en tournant les pages.



Irvin Yalom fait partie de mes auteurs préférés. Que de bons moments passés déjà à m'imprégner de son savoir et de sa joie de vivre !

Commenter  J’apprécie          770
Le bourreau de l'amour

La psychothérapie dont la psychanalyse ( je met à part la psychiatrie et le traitement de ses cas graves comme la schizophrénie ou le bipolarisme,....) sont des traitements psychiques, qui me laissent sceptique, bien qu'ayant une fille dans le métier. Et justement ce livre de Yalom -psychothérapeute reconnu-, qui traite de dix histoires de psychothérapie, romancées mais tous véridiques à la base, et qui met en relief son propre travail et en montre sa complexité, confirme relativement mon scepticisme. Loin de savoir tout, le psychothérapeute n'est pas infaillible, il doit constamment improviser selon les cas et les personnes, dans ce métier qui est un perpétuel apprentissage et où il est impliqué autant que son patient (« La Psychanalyse, la plus catholique des écoles idéologiques de psychothérapie, affirme ses convictions profondes sur ses procédures techniques nécessaires à l'analyse- eh oui les psychanalystes semblent plus sûr et certain de tout par rapport à moi qui suis sûr de rien. Ça aurait été très réconfortant, juste pour une fois, de savoir exactement ce que je faisais dans mon travail de psychothérapeute, par exemple, si je suivais correctement les séquences , les étapes précises du processus thérapeutique. »*).



Yalom nous raconte ici les cas de dix patients qu'il eût à traiter. Derrière la pathologie se trouvent dix êtres humains en souffrances de divers traumatismes, comme une séparation, un deuil, un échec, une maladie, une angoisse ou un vide existentiel. L'approche de Yalom, qui nous fait suivre ses propres tâtonnements et incertitudes face aux traitements, et nous met à pied égal avec lui, bien qu'il soit le spécialiste dans ces voyages aux tréfonds de l'âme, est passionnant. Chacun même n'ayant pas les mêmes problèmes, ni aussi graves, pourrait s'y reconnaître dans les détails (comme le cas «  je pensais que ça n'arrivait qu'aux autres ») et pourquoi pas y découvrir des petites clés pour remédier à ses propres conflits et tout autres problèmes existentielles qui nous pourrissent la vie quotidiennement.
Ces personnages tour à tour, énervent, attendrissent et étonnent occasionnellement par leur lucidité, empêtrés dans ces bourbiers de “l'irrationnel” où ils se sont emprisonnés malgré eux, mais relatent une réalité où chacun peut basculer vu nos fragilités et nos capacités humaines généralement insuffisantes à surmonter les multiples obstacles de l'existence. Rien d'hermétique dans ces histoires, facile à lire et très intéressantes pour qui s'intéresse aux mystères de l'âme humaine. Qui connaît déjà les livres de Yalom, en sortira ravi; j'ai adoré sa sincérité ( le cas de la femme obèse particulièrement émouvant) et son humilité ! Un clin d'oeil aussi aux différentes perceptions des faits par chacun de nous, selon notre vécu et notre sensibilité....une richesse incroyable d'images, d'interprétations, de réflexions et d'approches à la complexité de l'être humain et aux choses de la Vie !



"..... I, like them, must struggle with the problems of being human."

( Comme eux ( mes patients), je dois lutter avec les problèmes d'être un être humain)

Irvin Yalom



Commenter  J’apprécie          753
Le jardin d'Epicure : Regarder le soleil en..

Frêles humains que nous-sommes, perdus dans l'immensité du cosmos, conscients dès l'enfance de l'impermanence de la vie, seules créatures pour lesquelles le principal problème est l'existence !



Mon périple littéraire à travers les Etats-Unis, commencé voici quelques semaines, aurait un goût d'inachevé sans une petite visite au psychothérapeute le plus connu de San Francisco, le docteur Irvin Yalom.

Passionné de philosophie cet homme chaleureux, aujourd'hui octogénaire, n'a pas son pareil pour vulgariser un savoir se rapportant à l'existence humaine et ses romans consacrés à la pensée de Spinoza, de Nietzsche, de Schopenhauer ont rencontré ces dernières années un large succès.



« Le jardin d'Epicure », publié en 2009, ne revêt pas cette fois la forme romanesque ; Irvin Yalom partage dans cet essai son expérience de psychothérapeute confronté à des personnes de tout âge habitées par l'angoisse consciente ou inconsciente de leur propre finitude.



L'écrivain fait sienne la philosophie d'Epicure et notamment sa grande sagesse par rapport à cette angoisse universelle. S'inspirant des écrits du philosophe athénien, le docteur Yalom s'attache à réconforter ses patients, souvent désemparés par des rêves macabres, tout en mettant en évidence la corrélation effective entre la peur de la mort et le sentiment d'une vie si peu vécue.

Heureusement, comme le souligne très justement l'écrivain, il n'est jamais trop tard pour laisser derrière soi une partie de l'expérience acquise. L'idée de transmettre quelque chose de nous-mêmes peut s'avérer le meilleur exutoire au sentiment déprimant d'une vie que l'on juge insignifiante.



Irvin Yalom présente dans le détail la thérapie existentielle dont la pratique s'articule autour de quatre préoccupations fondamentales qui, dans le travail clinique au quotidien, se télescopent les unes les autres : la mort, l'isolement, le besoin de sens et la liberté.

Incapable de croire à quelque chose qui défie les lois de la nature, l'auteur laisse à chacun le libre arbitre de décider comment vivre aussi pleinement, heureusement, moralement et intelligemment que possible.



Dans “Le jardin d'Epicure” Irvin Yalom déborde d'empathie et de tolérance. On referme cet essai magistral impatient de réaliser séance tenante un examen de soi plus pénétrant et heureux d'avoir découvert de nouvelles pistes à explorer sur le chemin de la vie.



Commenter  J’apprécie          736
Le problème Spinoza

Au carrefour du récit historique, du roman policier, de la biographie et de la philosophie, "Le Problème Spinoza" est une introduction captivante à la pensée de ce philosophe et cherche les raisons pour lesquelles l'officier nazi Rosenberg était fasciné par sa personnalité et sa pensée.



Irvin Yalom a certes pris quelques libertés avec l'Histoire en inventant des interlocuteurs recueillant les états d'âme de Spinoza et Rosenberg mais il retrace avec habileté le cheminement de l'auteur de L'Éthique, issu d'une famille juive portugaise ayant fui l'Inquisition pour s'installer en Hollande, excommunié en 1656, à 23 ans, par la communauté juive d'Amsterdam et dont l'oeuvre bouscule les convictions antisémites d'Alfred Rosenberg.

Irvin Yalom essaie de démontrer comment Rosenberg, ce farouche anti-juif, se trouve confronté d'une façon obsédante à la pensée de Spinoza grâce à Goethe qu'il vénère et qui admirait le philosophe. L'auteur nous plonge dans le raisonnement réfléchi et audacieux de Spinoza et dans celui perturbé et détestable de Rosenberg.



J'ai apprécié la manière dont l'auteur a construit ce roman en faisant se côtoyer des personnages qui n'ont rien en commun et qui ont deux parcours atypiques. Il utilise avec habileté ses compétences de psychothérapeute pour nous faire découvrir leur vie intérieure, en inventant des interlocuteurs fictifs afin de nous proposer dans un rythme soutenu des dialogues riches et passionnants. On sait peu de choses concernant Spinoza mais Irvin Yalom souligne avec ingéniosité son esprit critique et fait une présentation intéressante et accessible des questions qui fondent sa philosophie et ses réflexion sur la religion, la liberté, la communauté… Rosenberg, quant à lui, individu suffisant, médiocre et entêté, se montre incapable de « penser » au sens où Hannah Arendt employait ce mot, et sa fascination devient rapidement souffrance puis maladie mentale. Le contraste est frappant entre celui qui sacrifie sa vie personnelle et se démarque de sa communauté afin de privilégier sa liberté de penser et l'autre qui est désorienté par son sentiment de non appartenance à un peuple et veut appartenir à une communauté qui semble sans cesse le rejeter.



Il faut toutefois garder à l'esprit qu'il s'agit ici d'une sorte de biographie romanesque qui ne peut donc avoir la crédibilité de la biographie historique. Irvin Yalom le rappelle à la fin de son livre. Certains lecteurs, dont des écrivains célèbres, ont certes affirmé qu'ils avaient mieux saisi l'esprit d'une époque dans l'oeuvre d'un grand romancier que dans les ouvrages historiques qu'ils avaient lus. On retrouve dans ce livre le sentiment d'André Gide selon lequel il voyait « le roman comme de l'histoire qui aurait pu être, et l'histoire comme un roman qui avait eu lieu ».

Cet ouvrage constitue une belle introduction à la philosophie de Spinoza ainsi qu'une courte initiation à la psychanalyse et son usage pour comprendre des personnages. Il est très documenté, ce qui permet au lecteur de s'immerger dans deux époques différentes et de se passionner à la lecture des destins si opposés de ces deux hommes.

Commenter  J’apprécie          661
Et Nietzsche a pleuré

Lu dans le cadre du Challenge ABC



Nous voici à Vienne en automne 1882, à l'aube de la psychanalyse. Ceci est une fiction, mais dont les personnages ont existé : la jeune et fatale Lou Salomé force la main du Dr Josef Breuer, éminent médecin, pour qu'il s'occupe du « cas » de Friedrich Nietzsche. Celui-ci a une santé fragile, pour ne pas dire précaire, tant physiquement que mentalement, et, ce qui complique les choses, un caractère qu'on qualifierait aujourd'hui d'imbuvable. Son état inquiète son entourage, qui met secrètement au point un stratagème consistant à amener Nietzsche à consulter le Dr Breuer de sa propre initiative.

La partie d'échecs mentale peut alors commencer entre ces deux esprits brillants, Breuer feignant le désespoir pour amener Nietzsche à se confier, mais se prenant à son propre jeu. On observe l'un mettant en place « in vivo » les bases de la « cure par la parole », l'autre testant les prémices de sa pensée philosophique. Qui manipule qui, qui est le cobaye ? Lequel guérira l'autre ?



A la recherche d'un roman dont le nom de l'auteur commencerait par Y (pour le Challenge ABC de Babelio), voilà que je tombe à la librairie sur les livres de I. Yalom. Au hasard, je choisis Et Nietzsche a pleuré. Je l'ai entamé avec un peu d'appréhension, craignant que les considérations sur la philo et la psychanalyse ne soient trop ésotériques pour la commune mortelle que je suis.

Fi donc de ces alarmes inutiles ! A mon grand étonnement, ces pages se sont révélées tout à fait lisibles, et même réellement captivantes. Ce n'est sans doute pas idéal pour une lecture de plage ou de métro (surtout si dans votre wagon se trouve un groupe de scouts en partance pour le camp ou un violoneux écorchant « La chanson de Lara »), mais l'analyse et les descriptions psychologiques sont fines et intelligentes (le contraire serait un comble, l'auteur étant psychiatre). Ce livre m'a interpellée à plusieurs reprises (cf les citations que j'en ai extraites), d'autant plus que je suis en pleine phase de réorientation professionnelle. Il m'a renvoyé sa question centrale, celle du libre choix de sa propre vie. Il m'a permis aussi d'aborder la pensée de Nietzsche d'une façon non rébarbative, d'explorer le fonctionnement tortueux du mental.

Au final, c'est drôlement intéressant (même si l'humour n'est pas si présent que ça), au point de me donner envie de lire d'autres livres de Yalom. C'est une lecture largement abordable, sauf si les mots « philosophie » ou « psychanalyse » provoquent chez vous larmes et hystérie…


Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          641
Et Nietzsche a pleuré

La psychanalyse et la philosophie seraient-elles les deux réponses essentielles à la compréhension du monde, à la compréhension de notre monde intérieur ?

J'ai découvert Irvin Yalom au détour d'un livre qui d'entrée de jeu n'aurait pas retenu mon attention ou serait resté muet à mon univers.

C'était : la méthode Schopenhauer, un livre qui m'a été donné de façon fortuite, j'en ai commencé la lecture sans rien en attendre, presque avec un certain ennui.

Oui, la philosophie pour moi, rimait avec cette classe de terminale sans fin et ce bac littéraire.

Irvin Yalom, est un homme très fort et passionnant, il sait intéresser ces lecteurs, les immerger dans le monde des idées, de la philosophie et de la psychanalyse en nous contant la vie des philosophes.

Après la méthode Schopenhauer, j'ai dévoré le cas Spinoza qui naturellement m'a conduit à ce titre: Et, Nietzche à pleuré.

S'inspirant de personnages réels, se campant dans cette Vienne tourbillonante et foisonnante des années 1880.

Il nous convie à des échanges, certes fictionnels mais tellement vraisemblables entre le docteur Breuer, l'un des fondateurs de la psychanalyse et le grand philosophe Nietzche, via des personnages exceptionnels comme Lou Andrea Salomé et le jeune Sigmund Freud.

Un débat passionnant sur la vie, la mort, le destin, le pouvoir s'instaure entre les deux hommes. D'ailleurs, qui soigne qui ?

La philosophie sombre et lucide de Nietzche ou la psychanalyse naissante de Breuer.?

En tout cas, on est séduit par ce roman, on se prend à rêver que tous ces gens sont nos " amis" et somme toute nous parle des mystères de la vie qui nous attirent tant.

En 2015, un film documentaire est sorti sur Irving Yalom qui s'appelle : La thérapie du bonheur, certainement disponible en dvd.

Une révélation sur Irving Yalom qui se livre en toute simplicité sur son expérience de psychothérapeute, sur les interrogations existentielles de la vie. Irving Yalom avec sa voix grave nous transporte, nous inspire et nous offre littéralement ce que peut-être la thérapie du bonheur.

A voir sans aucun doute, quand aux livres d'irving Yalom, ils sont tous à dévorer à pleines dents.

Admirative de cet homme, qui a su me faire découvrir les portes de la philosophie sans jamais m'ennuyer.
Commenter  J’apprécie          596
Et Nietzsche a pleuré

Irvin Yalom, un écrivain américain professeur de psychiatrie, est coutumier des fictions mettant en scène un géant de la philosophie. Bien avant Le problème Spinoza, que j’ai lu et apprécié il y a quelques années, il avait publié ce livre au drôle de titre : Et Nietzsche a pleuré. De quoi s’agit-il : d’un roman historique ou d’une chronique sur un épisode particulier de la vie de Friedrich Nietzsche ?



Ce n’est ni l’un ni l’autre. Dans sa postface, l’auteur cite André Gide, pour qui un roman est « de l’histoire qui aurait pu être ». Et Nietzsche a pleuré est le récit d’une rencontre, en 1882, entre le philosophe et un éminent médecin viennois nommé Joseph Breuer. Une rencontre qui aurait pu avoir lieu, mais une rencontre fictive, imaginée par l’auteur.



Avant tout, je voudrais dissiper les inquiétudes que pourraient susciter le nom de Nietzsche et la réputation d’hermétisme que traîne son œuvre. La lecture du livre est facile et captivante. J’y reviendrai, mais pour l’instant, transposons-nous dans le contexte. Vienne, capitale de l’Empire austro-hongrois, est alors une grande ville moderne. Ses intellectuels et ses scientifiques, parmi lesquels de nombreux Juifs, rayonnent sur l’Europe en dépit d’un antisémitisme très ancré.



Joseph Breuer est un médecin réputé, à Vienne et au-delà, pour la pertinence de ses diagnostics. C’est un grand bourgeois quadragénaire, marié et père de famille, qui, bien qu’athée, observe quelques traditions juives. Il a aussi mené des expériences d’hypnose sur l’hystérie – le cas d’Anna O. –, sur lesquelles se fondera plus tard un jeune médecin ami de la famille, un certain Sigmund Freud, qui bâtira sa légende de père de la psychanalyse.



Friedrich Nietzsche est encore quasiment inconnu. Il est malade, souffre de migraines foudroyantes, de nausées épouvantables, de crises de cécité. C’est un homme desséché, solitaire, sauvage, pathologiquement misogyne. Son désespoir, abyssal, est à l’origine de ses malaises. Il travaille jusqu’à l’épuisement à une théorie philosophique qui, selon lui, ne pourra être comprise avant un siècle. Elle est fondée sur une quête absolue de la vérité, une élévation de la pensée, supposant de renoncer à toute emprise sentimentale, synonyme de faiblesse coupable.



La rencontre entre Nietzsche et Brauer est organisée par Lou Salomé, une jeune femme russe d’une grande beauté, dont l’aura plane sur le livre. Elle est fascinée par l’esprit de Nietzsche et voudrait qu’il soit soigné par Brauer, dont elle connaît la réputation. Lou Salomé s’illustrera plus tard par ses talents de poétesse et de psychanalyste. Elle sera aussi la muse du célèbre poète allemand Rainer Maria Rilke. Pour l’heure, elle a vingt-et-un ans et un aplomb étonnant. Elle aura chamboulé la tête des deux principaux personnages.



Breuer se laisse convaincre de soigner les tourments de Nietzsche, à l’insu du plein gré du philosophe, pourrait-on dire. Après une première rencontre au cabinet du médecin, les deux hommes ont plusieurs entretiens, se découvrent progressivement. Mais malgré les tentatives discrètes et rusées de Breuer, Nietzsche ne livre pas les secrets qui le rongent. C’est Breuer qui en arrive à s’interroger sur lui-même ; des obsessions personnelles remontent à la surface et le plongent dans l’angoisse.



S’engage alors entre les deux hommes une relation de la dernière chance, pour l’un comme pour l’autre…



Les échanges prennent une tournure dramaturgique, une sorte de joute verbale, un jeu d’échiquier virtuel entre les deux protagonistes. L’un pourrait-il mettre l’autre échec et mat ? Avec quelles conséquences concrètes ? Les discussions sont passionnantes, l’incertitude est suffocante.



Il ne faut toutefois pas se leurrer et prendre l’ouvrage pour une initiation à la philosophie nietzschéenne ou à la future psychanalyse freudienne. Les dialogues sont prodigieux, les personnages sont tous exceptionnels, mais les conclusions de la double « cure par la parole » suscitent le doute ; les obsessions amoureuses des deux hommes semblent ridicules. Ce serait si facile !


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          576
Mensonges sur le divan

J'ai lu ce roman d'Irvin Yalom presque en apnée. Voilà ce que j'appelle un bon thriller psychologique ! L'auteur tisse avec brio sa toile d'araignée dans laquelle se trouvent pris au piège de sa plume, trois personnages principaux : deux psychothérapeutes que tout oppose, statut social, convictions professionnelles, caractère. Ernest est fraîchement converti à la thérapie analytique et Marshall son superviseur est au summum de sa carrière et brigue la direction de l'APP. Du côté féminin, une avocate de renom, Carolyn Astrid, mais aussi une femme frustrée et bien déterminée à se venger de son mari parti sans crier gare...

Sur quelle ficelles l'auteur va-t-il tirer pour nous tenir en haleine pendant 617 pages . Premier fil rouge, celui du mensonge comme l'indique son titre : Mensonges sur le divan. Mais il ne s'agit pas que de cela même si les séances de thérapie sont souvent savoureuses parce qu'elles reposent sur un double mensonge celui du patient et du thérapeute. S'en suit un jeu du chat et de la souris remarquablement mis en valeur par le sens de la repartie et l'humour d'Irvin Yalom. Le mensonge est partout dans le roman. Qu'il soit délibéré ou occulté, utilisé comme stratégie ou instrument de manipulation, il arrive un moment dans le récit, où nos trois personnages vont se rencontrer grâce à lui ou contre lui et découvrir qu'il n'est plus question de fuir un réalité qu'ils ne voulaient pas voir. Tout ceci au gré de retournements de situations qui sont fort drôles mais je n'en dirai pas plus de peur de déflorer l'intrigue.

Il est aussi beaucoup question de jeu mais pas seulement du jeu de pocker auquel se livre Shelly, un personnage secondaire sans grande envergure. Bien souvent Irvin Yalom se plaît à rapprocher tout ce qui dans la psychothérapie peut s'apparenter au jeu et à son corollaire la prise de risques. Et de mettre en scène des personnages iconoclastes, hauts en couleurs comme Seymour Trotter, brillant psychiatre, accusé d'avoir abusé sexuellement d'une de ses patients et qui confie à Ernest dans un dialogue inaugural d'une savoureuse causticité comment et pour quelles raisons il est sorti du droit chemin fixé par les règles déontologiques. Tout aussi en "dehors des clous" est le personnage de Paul, l'ami d'Ernest, pourfendeur des idées reçues en terme de thérapie et qui n'hésite pas non plus à pointer du doigt le côté sclérosant d'un courant psychanalytique orthodoxe.

Il m'a semblé que ces deux personnages étaient d'une certaine façon les porte-paroles d'Irvin Yalom. Ce qu'il y a d'ailleurs de passionnant dans ce roman, est, que sans jargonner aucunement, l'auteur nous fait part de ses interrogations de psychothérapeute. Même s'il insiste beaucoup sur la relation sexuelle qui peut survenir entre une patiente et son thérapeute, il évoque aussi d'autres notions moins sulfureuses mais non moins intéressantes : Quid de la fameuse neutralité analytique ? Jusqu'où un thérapeute qui joue la carte de la transparence peut-il aller ? Quelle place tout dogme installé laisse-t-il à la dissidence, aux francs-tireurs, surtout lorsque le pouvoir en place est menacé ?

Tous ces questionnements et bien d'autres traversent le roman sans pédantisme et sans aigreur. L'humour est toujours là, à point nommé et c'est ce qui me plaît chez cet auteur !
Commenter  J’apprécie          564
Le problème Spinoza

dans ce roman où la fiction talonne l'histoire nous chevauchons deux époques et allons à la rencontre de deux personnages que tout oppose.

Baruch Spinoza et Alfred Rosenberg. Spinoza juif precurseur de la laïcité, maître à penser des philosophes des lumières.

L'auteur du traité de la réforme et de l'entendement, de l'éthique sera excommunié en 1656 en raison de son athéisme et de la remise en question des écrits biblique.Cet herem où excommunication veut dire la fin de tout contact avec la famille, les amis,la communauté.

Entre le polissage des verres d'optiques une nouvelle vie s'offre à lui, une vie dédiée à l'étude et à la réflexion.

Alfred Rosenberg quand à lui fait grise mine, remarqué par le proviseur de son lycée pour ses discours anti sémite,cet élève de 16 ans deviendra l'idéologue du parti nazi. ce personnage obsédé par le declin de la race aryenne a des origines juives, lui qui ne jure que par Goethe voit son Idole ne jurer que par Spinoza

" Goethe dit que Spinoza lui a appris à délivrer son esprit de l'influence des autres.

Pauvre Alfred, entre psychotherapie et sa souffrance de ne pas être reconnu pour son mérite,il va partir en quête du graal où comment un juif comme Spinoza a pu attirer cet écrivain génial qu'est Goethe.

J'ai aimé l'écriture de Irvin Yalom, sa façon de passer d'une époque à l'autre, on sent le thérapeute dans sa façon de poser les questions via Friedrich psychanalyste de l'école Freudienne.

On pourrait presque en sourire, " le fameux complot juif ".

Cette façon de découvrir la philosophie de Spinoza m'a séduit.

A la fin du roman on apprend que le herem de Spinoza sera levé grâce à Ben Gourion entre autre, une rue de Tel Aviv porte son nom, quand à Alfred Rosenberg il sera condamné à mort lors du procès de Nuremberg. Pendu et incinéré dans un four crématoire de Dachau.







Commenter  J’apprécie          552
Mensonges sur le divan

Thriller psychanalytique ou psychanalyse à suspens? Les deux!

Un sacré coup de griffe adressé au milieu psychanalytique new-yorkais (qui n’est pas pire ni meilleur que le reste de la communauté mondiale), sur un fond de complot machiavélique et de stratégie carriériste, qui fait du roman un excellent moment de lecture.



Maîtres et disciples, couples à la dérive, escrocs patentés défilent sur le divan, et comme l’indique le titre, les mensonges s’alignent au fil des pages.



L’humour est au rendez-vous : l’histoire de l’escroquerie peut faire rire si elle ne fait pas pleurer, mais le sommet est atteint lorsqu’une avocate sollicitée pour cette affaire de margoulin endosse le rôle de thérapeute pour notre psy arnaqué.



C’est peu de dire que l’analyse psychologique des personnages est fine et pointue. Les dialogues sont savoureux et la traduction parfaite (à savoir qu’elle se laisse oublier)



Irvin Yalom est une valeur sûre si l’on veut se donner quelques frissons tout en explorant avec minutie, guidé par quelqu’un qui connaît le propos de l’intérieur, le monde des professionnels de la psychologie


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          541




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Irvin D. Yalom Voir plus

Quiz Voir plus

Thérèse Raquin

Où est née Thérèse Raquin?

en Algérie
Au Maroc
En Tunisie
en Libye

24 questions
1292 lecteurs ont répondu
Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}