Citations de J.-H. Rosny aîné (251)
C'était un crépuscule . Les longues trompes sonnaient une musique sauvage , un défi profond et noir comme les ténèbres approchantes .
Ses cheveux étaient trempés de sang, ses mains pourpres.
(Combat préhistorique, chapitre inédit de Eryrimah)
Quand le matin erra sur la terre, le Lion géant et la tigresse étaient toujours là.
(Le Lion géant et la tigresse)
Une lourde horreur pesait sur les âmes.
Leurs cris effroyables retentirent pendant des heures sous le grand firmament.
La vie du Feu avait toujours fasciné Naoh.Comme aux bêtes, il lui fallait une proie : il se nourrit de branches, d'herbes sèches, de graisse; il s'accroît; chaque feu naît d'autres feux; chaque feu peut mourir. Il décroit lorsqu'on le prive de nourriture : il se fait petit comme une abeille, comme une mouche, et, cependant, il pourra renaître le long d'un brin d'herbe, redevenir vaste comme un marécage. C'est une bête et ce n'est pas une bête. Il n'a pas de pattes ni de corps rampant, et il devance les antilopes; pas d'ailes, et il vole dans les nuages; pas de gueule, et il souffle,il gronde, il rugit; pas de mains ni de griffes, et il s'empare de toute l'étendue...
Dans l'étendue morte , les astres ne sont que des points de feux ;
La lune coula dans les ramures.
(Le Lion géant et la tigresse)
Mais comment décrire ces visages ? Comment faire concevoir leur forme rythmique, comparable à celle des plus beaux vases hellènes, les nuances ravissantes de leur peau, qui évoquaient ensemble les fleurs, les images crépusculaires, les émaux égyptiens ? Aucun de ces grossiers appendices de chair que sont nos nez, nos oreilles, nos lèvres, mais six yeux merveilleux, devant lesquels nos plus beaux yeux terrestres ne sont plus que des élytres de hannetons ou de carabes, des yeux où passaient toutes les lueurs des aurores, des prairies matinales, des fleuves au soleil couchant, des lacs orientaux, des océans, des orages, des nuées…
Avertissement
On a parfois écrit que j'étais le précurseur de Wells.
Quelques critiques sont allés jusqu'à dire que Wells avait puisé une partie de son inspiration dans tels de mes écrits comme les Xipéhuz, la légende sceptique, le cataclysme et quelques autres qui parurent avant les beaux récits de l'écrivain anglais ...
Un temps viendra où des escadres de stellariums iront de planète en planète ! ... Les hommes ne sont que des bestioles ... Mais quelles bestioles !
Quand Naoh, fils du léopard, ramena son compagnon Gaw, qu'il avait repris aux Dévoreurs d'Hommes ,le feu brûlait clair et pur dans sa cage, sous la garde de Nam (La vie chez les Mammouths)
Nous sommes à la merci de l'inconnu: c'est une affreuse sottise de s'enquérir d'un péril inévitable.
Si les Xipehuz ont des sens, c'est ce qu'il n'est pas possible d'affirmer.
Les peupliers étincellaient avec douceur ;tout au fond, un pan de vapeur se défaisait, laissait transuder une lumière de métamorphose.
Et voilà qu'Adrienne, depuis l'autre hiver, sent passer une menace étrange.
Elle peut devenir pauvre.
Elle peut le devenir, non pas comme le cousin Jean qui vivait avec une rente de deux mille francs, mais comme l'employé du sixième, comme la porteuse de pain, pire encore, comme ces malheureux à qui elle dispensait des bas de laine, des bons de fourneaux économiques et une pièce d'argent enveloppée dans du papier ...
La terreur est sans doute prophétique qui frissonne en des êtres profondément naturiste à la pensée d'une animalité réduite à un minimum de types.
(Les psaumes)
Il fallait tuer, épouvanter ou mourir...
(L'ours gris dans la nuit bleue)
Certes,les deux règnes étaient moins loin l'un de l'autre que chacun ne l'étaient du minéral inerte.
Soumises aux règles millénaires, accoutumées à une existence monotone, que troublaient seuls les météores, les peuplades avaient perdu le goût de l'initiative. Résignées, patientes, douées d'un grand courage passif, rien ne les excitait aux aventures. Les déserts énormes qui les enveloppaient, vides de toute ressource humaine, pesaient sur leurs actes comme sur leurs pensées.