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Critiques de Jack Kerouac (550)
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Sur la route - Le rouleau original

Un road-trip à travers les États-Unis des années 1950…

Avec son roman Sur la route, Jack Kerouac relate les différents voyages qu'il a pu entreprendre en compagnie de divers comparses, voire en solo. Largement autobiographique, dans une vision réaliste et cependant sublimée, c'est le récit tout en bloc de ces fameuses virées, préparées ou improvisées, qui laisse découvrir une certaine Amérique, en mode auto-stop ou voiture empruntée, pointant là pour l'auteur et ses compagnons de voyage la naissance d'amitiés fraternels ou éphémères, d'histoires d'amour véritables ou d'un soir, mais surtout l'assouvissement d'un grand désir de liberté et découverte.



Sur la route, c'est un mélange étrange du mouvement et du statique, comme deux phases alternatives indissociables. Régulièrement, la nécessité du voyage devient impérieuse et s'impose, parce que « La route, c'est la vie ». Pour Neal surtout, le poète vagabond, les périples sont fondamentaux et à portée curative, dans le sens où ils le protègent d'une dégradation de son état mental. La vie ne l'a pas épargné, loin de là, et c'est cette forme de folie préservatrice qui séduit Jack, le conquiert et le persuade que c'est cet état d'esprit qui va l'aider à transcender son écriture.

Parfois paumés, souvent désargentés, le voyage se voit souvent interrompu et il leur faut régulièrement s'arrêter, trouver le moyen de se nourrir et de repartir, en bus ou en voiture. Ces temps de pause sont propices à la réflexion, à l'introspection mais aussi à l'observation pour Jack. Au fil du roman, ses désirs s'affinent, se précisent. Il s'esquisse alors une intention, une fuite en avant certes, mais vers un but aux contours encore flous.



Sur la route, c'est la célébration de l'amitié et des rencontres. Celle qui lie l'auteur à Neal débute dès le début du livre et se trouve scellée autour d'un idéal, d'un mode de vie commun, initié par l'ami de l'auteur. Déambulations le long des routes et des voies ferrées, longues locomotions en voitures, tout est propice aux échanges, aux rapprochements, aux accrochages parfois, aux incompréhensions aussi.

Tout cela ne peut s'accomplir qu'avec du carburant, évidemment, et leur énergie à eux, ils la puisent dans l'amour qu'ils se portent, la fraternité mais aussi dans l'alcool, la benzédrine et la marijuana... Plus fort encore si possible, une passion commune du jazz les unit, dans de longues soirées d'exaltation dans des bars et des clubs de misère, une musique qui exprime la souffrance mais aussi la communion et l'espoir.



Sur la route reste un roman de l'extrême. La consommation d'alcool et de diverses substances prohibées est omniprésente et sans limite mais elle ne reste que moyen d'atténuer des douleurs personnelles : pour Neal, une enfance perdue et traumatisée, qui le conduit encore adulte au bord de la rupture et de la folie, et dans une recherche perpétuelle du père disparu. Cette douleur est également partagée par Jack qui lui a perdu le sien quelques années auparavant, tout comme son petit frère qu'il imagine comme incarné en Neal, un frère devenu grand.

Les sentiments ou ressentis sont intenses, parfois excessifs, en amour et en amitié, dans le dépassement de soi, dans la douleur (de la faim ou de la soif, de la chaleur ou du froid). le corps est mis à l'épreuve autant que la mécanique automobile, l'esprit aussi avec l'exigence partagée autour de la nécessité de se souvenir de tout, dans le moindre détail, pour réaliser le but ultime : écrire.





Je ne saurai dire au final, encore plusieurs jours après avoir refermé le roman, si je l'ai aimé ou pas. Plus j'y réfléchis, plus cette question devient secondaire. Une chose est sûre, ce fut une expérience, avec ses fulgurances et ses afflictions, une sincère incompréhension qui se mue au fil des pages en une perméabilité (relative malgré tout) au concept de l'enivrement du voyage dans les grands espaces, à l'idée d'expérimenter l'improvisation permanente au quotidien.

J'ai plus certainement retenu la volonté d'observation et d'introspection, l'invitation à suivre comme en direct le flot des pensées de Jack nourri par ses errances, m'incitant à poursuivre sur ma propre route, mais avec une touche d'insouciance plus marquée…

En bémol, une difficulté de lecture est survenue en partie en raisondu format, car si on s'attarde en librairie, deux versions sont en effet disponibles. J'ai pour ma part commencé sur la version la plus connue, avec les pseudonymes de Sal et Dean...mais je ne m'y retrouvai pas. Pour goûter au mieux cette écriture spontanée et saisie sur le vif, inspirée de la vitalité et de l'essence du jazz, j'ai vite basculé sur le rouleau original. Plus de chapitres ! Et ainsi au plus près de l'intention initiale de l'auteur.



Thanks and bye Jack ♪♪♪
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Sur la route

Sur La Route, hein... Ah, Jack, que de souvenirs, que de souvenirs ! Ce voyage est, tu le sais bien, gravé dans ma mémoire à jamais...



Je me souviens parfaitement de la façon dont j'ai pris la route... Tout a commencé avec une tirade enflammée de mon professeur de lettres. "Si vous devez lire un livre dans votre vie, c'est celui-ci. Je vous supplie de le lire." Jolie conclusion, Monsieur, mais personnellement, les récits de voyages, ce n'est pas vraiment mon registre, me disais-je alors. Mais ce grand homme était très têtu, voyez-vous ; aussi, le lendemain, alors que nous penchions nos petites têtes embrumées sur un devoir ardu signé notre Serviteur, il s'approcha de son éternel pas de loup, et déposa sur ma table son exemplaire de Sur La Route... J'eus pour ordre de le lire. Comme je l'estimais profondément, j'embarquai le bouquin, décidée à l'entamer, juste pour voir, dans un avenir prochain, bien que loin d'être très emballée.

Quelques heures plus tard, prise d'ennui, et n'ayant pas franchement grand chose de mieux à faire, je sors le livre, et me mets à en parcourir les premières lignes, ignorante de la Beat Generation, de son idéologie, de l'identité de mon cher Jack et du succès de ce livre.

Et, fait stupéfiant, au bout de quelques lignes, je ne pus le lâcher. J'ai lu sans discontinuer durant quelques heures, et ce fut avec force que je me révoltais contre la nécessité d'aller en cours (ou de faire quoique ce soit d'autre) durant toute la durée de la lecture de ce grand roman.



Comme je devais plus tard le rapporter, les couleurs chatoyantes aux mille nuances de Sur La Route m'ont transpercée, ou plutôt m'ont embarquée dans l'aventure la plus déjantée que j'eus faite de ma courte vie. Jamais pareilles couleurs ne s'étaient offertes à mes yeux, et jamais pareille complicité entre êtres humains je ne connus. Lorsqu'ils crevèrent dans la boue, j'étais là, tout aussi embêtée qu'eux. Lorsque Neal parlait, j'écoutais et je réfléchissais, assise à côté de Jack, qui en faisait tout autant. En croisant la route de Jack, du moins avec ce chef d'oeuvre, vous n'êtes pas un lecteur passif ; mais un actif voyageur, et si vous embarquez, alors forcément vous ressortez grandi d'une folle expérience remplie de rencontres certe illuminées, mais uniques et ô combien merveilleuses et enrichissantes...



Alors, oui, c'est un livre qui traite de sexe, d'alcool, de drogue, d'une façon qui peut sembler choquante ; je l'entends bien. Mais il ne faut pas croire que le but de ces jeunes gens étaient de se défoncer "pour le fun". Au contraire... Il s'agissait là du seul moyen qu'ils avaient trouvé pour accéder à autre chose, autre chose que la société de leur époque bien sûr, la liberté évidemment, mais aussi à une dimension métaphysique de la vie. Ils étaient en quête d'un sens que leur société, la seule dérangée mentale de l'histoire, ne pouvait leur offrir. La véritable drogue, c'était elle, en réalité. Et prendre la route, comme ça, un matin, sans rien, était une manière de résister, de crier "non", de partir en quête de soi-même plutôt que d'accepter de rentrer dans un moule bien trop différent de nous. Il ne s'agissait ni plus ni moins que de rester vivant. Et si on y réfléchi, les choses ont-elles réellement changé ? Je n'en suis vraiment pas certaine.



Me laisser convaincre par cet enseignant fut une des meilleures idées que j'eus... Lisez Sur La Route, surtout si vous êtes jeune !
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Sur la route

Sur la route de Jack Kerouac, un monument de la littérature contemporaine américaine. Après avoir longtemps repoussé l’échéance, pour me sentir prêt à jouir totalement de cette lecture, je me suis immergé. J’y allais avec entrain, habitué à entendre que « Sur la route » ne fait pas dans le demi-mesure, on l’aime ou on le déteste, persuadé d’en devenir un contemplateur au bout de quelques pages. D’autant que l’auteur a écrit son roman d'un seul jet, sur un rouleau de papier de 37 mètres de long, le genre d’anecdotes qui me plait.

Aucune surprise notable de prime abord, un rythme académique sans charme, une intrigue absente et une mise en place singulièrement lente. Mais comme tout chef d’œuvre, tout vient à point à qui sait attendre, d’autant que le déroulé n’a que peu d’intérêt puisque le récit décrit les codes de Beat Generation. Aux scènes de route sans intérêt, de bitures alcoolisées et de sexe libéré succèdent des scènes de route sans intérêt, de bitures alcoolisées et de sexe libéré. Mais je le répète, tout vient à point à qui sait attendre. Bon, j’attends encore et ma lecture a pris fin il y a 3 mois. C’est peut être ça, l’esprit de la beat Generation, d’avoir perdu son temps mais de s’en foutre.

J’avais pourtant espéré plonger dans la culture « beat », charmé par les mots de jack Kerouac. Mais bon, il faut savoir qu’il avait mis trois semaines pour écrire le roman, un délai incroyablement court ayant fait dire à Truman Capote que « cela n'est pas écrire, c'est dactylographier »…C’est ça, un style dactylo…

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Sur la route

Une vraie révélation ce bouquin. Un énorme coup de coeur.



Et pourtant, on ne peut pas dire qu'il s'y passe grand-chose. J'aurais pu me lasser de ces descriptions de grandes étendues, de ces paysages naturels qui s'enchainent…



Et bien, pas du tout… Je ne sais pas pourquoi, mais Kerouac a su me toucher. C'est le genre de bouquin qu'on repose et qu'on n'oublie jamais vraiment, parce qu'il vous apporte beaucoup. Il vous fait avancer. Il vous fait réfléchir surtout. À la vie. Au sens qu'on lui donne. C'est le genre de bouquin qu'on a envie de lire, de relire, s'en délecter, jusqu'à le connaître par coeur, sur le bout des doigts.



Dans son roman, Kerouac aborde des thèmes qui me touchent beaucoup. La routine qui s'installe et qui détruit l'homme, le bonheur après lequel on court sans cesse, les voyages, la nature, la poésie…



Ses personnages sont tous passionnés. Ils ont ce brin de folie qui explose et qui rend leur existence exaltante. J'ai particulièrement apprécié Dean Moriarty et Carlo Marx. Ils ont soif de courir, de danser, de faire l'amour, d'exister… Tout ça dans une Amérique qui les étouffe, et qui les fait crever à petit feu.



C'est la vie que nous dépeint Kerouac, la vraie, celle qui fait vibrer et qui s'éteint peu à peu.



Sur la route offre une véritable bouffée d'air frais. Mais c'est aussi un livre qui vous file une sacrée claque dans la gueule. Bah oui, mon p'tit gars. Si tu crois qu'il suffit de prendre ton sac à dos, de mettre tes pompes décharnées, et de te barrer aux quatre coins de l'Amérique avec le pouce levé pour respirer, tu t'es sacrément trompé. La vie, c'est bien plus compliqué. Surtout aujourd'hui... Surtout la où tu vis.
Lien : http://effetjovienplutonien...
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Sur la route

On The Road


Traduction : Jacques Houbard





Avez-vous rencontré, au hasard de vos nombreuses et bénéfiques lectures, certains de ces livres si particuliers qui, bien que vous soyez viscéralement hostile à la philosophie défaitiste de la vie qu’ils paraissent véhiculer, n’en trouvent pas moins le moyen de vous sauter au cou comme s’ils vous connaissaient depuis toujours avant de s’installer douillettement, tendrement, tout au fond de votre esprit et de votre cœur ? …





Eh ! bien, « Sur la Route », de Jean-Louis Kérouac, descendant vraisemblable de nobliaux bretons nommés Lebris de Kérouarc’h, et mieux connu sous son nom de Jack Kerouac, est de ceux-là.


Pourtant, il n’y a pratiquement pas d’intrigue dans ce roman. Rien que des noms, beaucoup de noms de villes, des plus anonymes aux plus célèbres, qui s’échelonnent d’est en ouest parmi les paysages aussi vastes que contrastés des Etats-Unis. Et des routes si nombreuses, si folles que, à jamais, elles se confondront dans « la Route », celle qui, tel un trou noir inavoué, aspire, malaxe, rabote, rejette, digère … le narrateur, Sal Paradise – beau nom, n’est-ce pas ? – et surtout son « Ange » qui ne se transformera en « clochard céleste » qu’à la fin du livre, Dean Moriarty.


Dean pour la folie auto-destructrice ; Moriarty pour toute la noirceur obsessionnelle. Ainsi placé sous ce double parrainage, l’anti-héros désespéré de « Sur la Route » tour à tour nous répugne, nous choque, nous séduit, nous force à rire pour ne pas grimacer et même nous attendrit.


Fils d’un alcoolique devenu clochard et qui s’appelait aussi Dean Moriarty, notre Dean à nous n’a pratiquement pas connu sa mère, morte alors qu’il n’avait que 4 ans. Son enfance, ce sont les « cuites » terribles d’un père auprès duquel il s’entête à vivre, cotoyant lui-même clochards et paumés jusqu’à l’âge de 11 ans, date de sa première arrestation - pour vol de voiture - et de sa première maison de correction. Derrière les murs bien clos, le petit rêve encore et toujours de son père et de la Route sur laquelle il chemine sans fin, de ville en ville, passager clandestin dans les wagons des convois de marchandises. Et, plus sûrement que la maison de correction, le rêve et la Route se referment sur lui.


Car il est impossible de considérer Dean Moriarty Jr comme autrement qu’un déséquilibré, un asocial, plus lunaire que vraiment violent mais irrémédiablement voué à errer dans les méandres du jeu social sans jamais y trouver ne serait-ce que le plus humble des strapontins.


L’alcool – fidèle à l’image paternelle, Dean boit évidemment comme une outre, à « s’en casser la tête » selon l’expression consacrée – la marijuana – pudiquement rebaptisée « thé » en cette après-guerre américaine – et vraisemblablement d’autres substances sur lesquelles Kerouac fait volontairement l’impasse sont ses plus fidèles compagnons. Avec la Déchéance et la Vieillesse et puis la Mort, qu’il fuit jusqu’à en crever, au volant de toutes les voitures qui lui tombent sous la main, sur cette Route que, lorsqu’elle vient buter sur un océan, il reprend immédiatement en sens inverse.


Oh ! bien sûr, Dean aime aussi le sexe mais, même si les femmes semblent vouloir presque toutes lui tomber dans les bras, elles ne sont pour lui qu’un autre moyen de conjurer le Destin. Vaillamment, il en épousera trois : Marylou, Camille et Inez et il aura même des enfants. Mais il est foncièrement incapable de « se poser », d’édifier quelque chose, bon gré, mal gré. Le faire, ne serait-ce pas trahir le Père, ce clochard dont il ne sait pas s’il est mort et qu’il recherche avec la même obstination dans tous les lieux les plus mal famés des USA ? …


Fils d’un destin gâché, Dean gâche le sien avec constance. Trop souvent égoïste, parfois touchant, tantôt exaspérant comme un vilain garnement qui veut à toutes forces attirer l’attention sur lui, tantôt merveilleux de gentillesse et de tendresse, jamais cynique mais toujours désespéré, c’est un dément « au rire maniaque » comme le dit Sal et c’est aussi un pauvre gamin privé d’amour qui roule, qui roule sur la longue Route afin d’oublier le vide immense qui le cerne.


A la fin du roman, alors que tous ses compagnons de cavale et de boisson sont rentrés dans le rang, il s’éclipse discrètement et non sans élégance dans son vieux manteau mité, au coin de la Septième Avenue, à New-York. Et Laura, la compagne de Sal, devenu « écrivain écrivant », éclate soudain en larmes et s’écrie : « Oh ! On n’aurait pas dû le laisser partir ainsi ! Qu’est-ce qu’on va faire ? … »


Un livre étrange, donc et fascinant, qui allie à des dialogues volontairement plats de splendides images d’une poésie brute assez proche de celle d’un Henry Miller – Kerouac le considérait d’ailleurs comme l’un de ses maîtres. Et ça, c’est une référence, non ? …;o)





Si vous voulez en savoir un peu plus sur Kerouac et la « beat generation », ce site (par exemple) :





http://membres.lycos.fr/neal/kerouac.html
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Le livre des haïku

Pas une grande férue de haïku, mais une grande férue du Kerouac romancier... alors pourquoi ne pas commencer la lecture de son œuvre poétique par un genre qui ne m'interpelle pas spécialement ?



D'emblée, le haïku de Kerouac est, comme il le dit très clairement, différent du haïku japonais dont il s'inspire, en ce qu'il est, déjà, formellement moins strict. Ainsi, de l'avis de l'auteur américain, le japonais a une fluidité syllabique difficilement atteignable dans les langues occidentales, il "propose que le haïku occidental dise simplement beaucoup en trois vers courts". Quant au sens et aux thèmes, "un haïku doit être très simple et dépourvu de tout artifice poétique et constituer une petite image et cependant être aussi aérien qu'une pastourelle de Vivaldi", l'on est au contraire au plus près de l'esprit japonais.



Et c'est bien ce que l'on retrouve dans ce recueil de haïku qui regroupe tous ceux écrits par l'auteur entre 1956 et 1966, bien que réunis et publiés en 2002 : une forme moins stricte, un fond qui, par un évènement du quotidien, une saison, une sensation... décrit un instant de vie paradoxalement puissant de par sa fugacité. De la solennité et du sérieux, parfois, mais aussi de la dérision, des jeux sur les sons et les sens, de plus en plus souvent au fil des années ; de la joie toute simple, mais intense, ou encore des moments de doute et de douleur, de plus en plus récurrents et forts.



Car au fil du temps, et de l'alcool qui emporte Kerouac avec lui, les haïku se font plus amers, davantage tournés vers la désillusion, vers la sensation que le monde n'est que vacuité, finitude, mort. En cela, ils sont précieux pour comprendre, aussi, son évolution romanesque.



Une lecture que j'ai trouvé pertinente en ce qu'elle m'a apporté une autre connaissance de Kerouac, mais qui ne m'a pas forcément réconciliée avec le genre du haïku, bien que moins abstrait.



Un petit florilège - en VO, ayant eu le plaisir de pouvoir les lire sans traduction, les éditions de la Table Ronde proposant une version bilingue du recueil :



The trees, already

bent in the windless

Oklahoma plain



The cow, taking a big

dreamy crap, turning

To look at me



The new moon

is the toe nail

Of God



Mad wrote curtains

of

poetry on fire



Dusk in the holy

woods -

Dust on my window



Came down from my

ivory tower

And found no world



The other man

lonesome as I am

In this empty universe
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Sur la route

Bon, autant être honnête, j'écris cette critique très subjective et peu approfondie car j'ai lu cette lecture dans le cadre de challenges Babelio et je dois écrire une critique.

Première fois que je peine à écrire une critique.



J'ai comme une panne de lectures en ce moment, dûe à la rentrée et au travail acharné et il me faut des lectures plus faciles et rapides à lire pour que j'arrive à les terminer et à prendre plaisir à lire.



Là, j'ai été décontenancée par les interminables préfaces (plus de 150 pages) et par le format narratif. Si la manière d'écrire d'un trait, sans paragraphe ni chapitre est une originalité et une marque de fabrique de l'auteur, cela m'a rendu la lecture plus difficile de mon côté.

J'ai compris l'univers, l'ambiance grâce au style de l'écriture directe, sans prétention, rock'n'roll mais pareil, au-delà des premières pages, j'ai fini par m'ennuyer. C'est devenu vite longuet et j'ai fini par abandonner ma lecture car je ne lisais plus ces derniers jours ou trop peu.



Néanmoins je lui redonnerai sa chance. Je pense que ce n'était tout simplement pas le bon moment et ce roman mérite une critique plus approfondie. Je ne pense pas dans tous les cas que ce sera une lecture coup de coeur, mais elle peut être intéressante dans son style et laisser un souvenir tenace comme une belle expérience vécue.
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Sur la route

Un livre culte que je crois opportun de lire ou de relire en ces temps chamboulés et confinés.

Car - Sur la route -, plus qu'une histoire ou un récit, c'est un aller libre pour la liberté, toutes les libertés, un grand souffle d'espaces infinis, de paysages grandioses, d'amours libres et d'amitiés fraternelles.

C'est un grand coup de pied dans la fourmilière installée du conservatisme, du conformisme et de la bien-pensance.

Alcool, jazz, "thé" et sexe vous accompagneront tout au long de ces vies mouvement-ées, cabossées, mais vous ne regretterez pas cette fureur de vivre qui vous conduira quelque part à l'est d'un Eden.

Kerouak n'a pas la stylistique irréprochable, la syntaxe proustienne. Il tombe parfois dans le piège des répétitions, mais sa sincérité et les cris de vie qu'ils poussent rachètent un ensemble… que je vous recommande.
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Sur la route

"Sur la route" était dans ma liste de livre à lire depuis plusieurs années. Alors quand je suis tombé dessus à la bibliothèque j'ai cru avoir trouvé un trésor.

Grosse déception...le fait de lire la version " rouleau original" n'a pas dû aider. 400 pages d'un verbiage qui laisse rarement le lecteur reprendre son souffle. J'ai abandonné quelques jours après l'arrivée à Denver ne pouvant ignorer plus longtemps que je me moquais éperdument de savoir si ils allaient coucher avec les infirmières et peinant à identifier chaque personnage.
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Sur la route

Souvenirs de lecture.



J'ai aimé la critique faite par Yggdrasil. Mais paradoxalement, l'appel du large qu'il a ressenti lors de la lecture a eu l'effet inverse sur moi.



J'ai détesté cette liberté, ou plutôt cette forme de liberté. J'étais moi-même isolée et plus ou moins coincée chez mes parents à l'époque de cette lecture. Mon seul dérivatif était les livres. Alors quand celui-ci est apparu avec ce titre accrocheur, j'ai cru voir s'ouvrir les portes du pénitencier. Je rêvais de liberté, d'évasion et d'aventures. Oui, j'avais envie d'être sur la route avec pour perspectives de larges horizons. Aussi quelle déception à la lecture de ce roman, quand je me suis aperçue que liberté rimait avec beuverie, coucherie, drogue, vol, etc. Je me suis alors dit "tout ça pour ça".

Les deux héros ne veulent pas suivre les traces des autres, rejettent l'american way of life, soit. Ils veulent sillonner les Etats Unis, soit, mais sans jamais en dépasser les frontières ou si peu, sans jamais "quitter le monde" comme dirait Douglas Kennedy. Et pour se sentir les rois du monde, ils adoptent un certain état d'esprit, un certain comportement (appelons le comportement de la beat generation puisque c'est Kerouac lui-même qui l'a baptisé. Il a pensé à tout).

Pour moi, ce livre n'était que de la provoc, une façon de dire aux bourgeois "tu m'as vu quand j'ai bu", de faire frémir les bigoudis de la ménagère de moins de 50 ans, de s'autoriser à dire à haute voix dans les milieux bien-pensants couille, bite, sexe, etc.

Tiens, je provoque là non ?

Non Kerouac ne fut jamais mon gourou. Mais peace mes frères, t'en veux...



Non jamais un livre ne m'a déçue à ce point. Jamais je n'irai sur la route avec lui et jamais je n'en arpenterai les trottoirs, je risquerais trop de croiser des gars comme Paradise ou Moriarty. Le choix des noms est cocasse, non ?
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Sur la route

Bof rien d'extraordinaire malheureusement malgré ce que l'on en dit. C'est un bon récit pour adolescent tout au moins, je ne l'ai même pas fini. Je préférerais lire le carnet de voyage de Che Guévara qui est un "sur la route" humaniste et qui à du sens. Je sais pas si il a été publié mais le film tiré de ce périple est magnifique Carnet de voyage.
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Sur la route

Fureur de vivre, de prendre la route, de se détruire, ce roman de l'errance infinie, de la frénésie, du bop, du it, des paradis (le narrateur se nomme Paradise) artificiels donne l'envie de tout balancer, de partir, n'importe où, de rendre visite à Dean le fou, du côté de Denver, de San Francisco ou du Mexique, de foncer ivre mort en bagnole (existe-t-il, dans le puritanisme ambiant, de crime plus odieux ?), de soulever des filles inconnues dans un bordel assoiffé de mambo, bref, de laisser l'énergie vitale guider le bateau trop intellectuel de la sage vie des gens ordinaires. Certes on voit bien que la route ne mène nulle part, pas même à Rome (Dean et Sal n'iront jamais en Italie), et que l'on ne trouve que la mort au bout du chemin. Génération perdue ? Sans doute. Génération qui comprend que la partie est forcément perdue et qui fuit les règles établies pour trouver un moyen de vivre un peu au milieu des cadavres qui s'amassent partout.

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Sur la route

Lorsque j'ai été confrontée la première fois à ce désormais classique de la littérature américaine, je n'étais probablement pas mûre pour en saisir les subtilités. En effet Kerouac était au programme de licence de littérature, alors je l'ai étudié, par obligation. Cette première lecture m'a je dois l'avouer profondément ennuyée. Je ne comprenais pas l'objectif ni ne profitais du voyage.

Aujourd'hui, 15 ans plus tard, c'est sous un tout nouveau jour que ce "road trip" m'est apparu, le voyage d'une vie pour son auteur, un parcours initiatique sur fond de désir pré-hippie, un mode de vie en rejet de l'Amérique "post world war II", un témoignage perturbant, poignant.

Bref maintenant j'ai compris l'importance de cette oeuvre et j'enjoins professeurs et autres académiciens de respecter la part de vécu nécessaire à appréhender ce texte correctement : arrêtez de demander à des gamins qui découvrent à peine la vie de comprendre, voire même s'intéresser à un texte dont la poésie s'adresse aux blessures de l'âme.
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Big Sur

« Après l’ivresse, la gueule de bois » pourrait être une très bonne façon de résumer Big Sur. Après moult abus en tous genres, notamment en lien avec le succès rencontré au fil des publications, ayant fini par mener Ti Jean, alter ego romanesque de Jack Kerouac, à la limite de la folie, celui-ci décide de s’exiler à Big Sur, dans une cabane à l’écart prêtée par un ami de San Francisco, pour se retrouver, et plus encore retrouver un souffle qui va lui permettre de repartir d’un meilleur pied, autour professionnellement que personnellement. Ou pas… Car cette escapade en pleine nature ne va pas avoir les effets escomptés, bien au contraire : la gueule de bois ne va en être que plus cauchemardesque…



Après avoir été déçue par Les clochards célestes que je trouvais foncièrement trop académique, et une incursion romanesque plus classique, mais amplement justifiée, avec The Town And The City, je retrouve enfin dans ce roman la patte de Kerouac qui m’avait manquée. En résumé, c’est autant le bordel sur sa plume que dans sa tête, chose parfaitement bien retranscrite par cette incursion à Frisco et ses alentours, incursion qui prend d’ailleurs une tournure de plus en plus tragique et pathétique à la vue du délitement de notre narrateur s’enfonçant de plus en plus profondément dans les affres de l’alcoolisme et de ses malheureuses conséquences – delirium tremens, difficultés sociales et psychologiques que les abus d’alcool entraînent… Mais malgré tout, la plume, bien que fragile, n’en reste pas moins vivace et percutante, capable de montrer le meilleur comme le pire de tout ce qui nous entoure, lieu, chose, personne, et plus encore de celui qui la tient.



Un grand Kerouac en somme, que j’ai apprécié lire pour débuter l’année.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Vraie blonde, et autres

Vraie Blonde et autres est le recueil parfait pour mieux connaître Kerouac: tout y est. Nouvelles , manifestes, interview.



Les nouvelles sont les textes les plus accessibles ici. Une fois encore, Kerouac relate ses traversées des Etats-Unis et les rencontres qu'il y fait au gré de ses arrêts: blondes, noirs fous ou mystiques, simples gens de tous les coins du pays. Lisant Maxime Gorki, en ce moment, je ne peux m'empêcher de comparer les deux et je me dis que les nouvelles présentées ici tiennent beaucoup du roman social. Kerouac n'est de plus jamais condescendant envers les personnes qu'il rencontre et nous les présente tels qu'ils sont, tentant bien souvent, par l'écriture, d'extraire d'eux quelque chose de plus secret, une essence qui les rendrait, finalement, uniques.



Moins abordables mais diablement intéressants et remuants, il y a "Croyance et technique pour la prose moderne" et "Principes de prose spontanée" , où il énumère, explique sous forme de prose spontanée justement la manière dont il expérimente l'écriture, les règles qu'il se fixe pour écrire "sans gomme, sans effacer", sans se censurer, à la limite de la transe, de l'extase.



Dans ce recueil qui regroupe des textes écrits sur plus d'une décennie, dont les derniers datent de l'année de sa mort, on peut y déceler l'évolution de Kerouac d'une excitation du monde vers une vision plus désillusionnée et déprimée de ce qui l'entoure, une écriture moins fiévreuse, plus mélancolique.



Malheureusement, ce livre semble introuvable à présent, et j'ai écrit ce commentaire à partir de notes prises lorsque je l'avais emprunté à la B.U où j'étudiais. Je me souviens d'ailleurs du regret que j'ai eu en devant le rendre, car c'est, comme beaucoup de recueils de ce genre, à lire et à relire régulièrement pour y découvrir de nouveaux secrets.
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Les Anges vagabonds

Ayant déjà lu Jack Kerouac, il y a très longtemps, j'avais gardé de lui un vague souvenir, autre que ce que je redécouvre aujourd'hui. Les temps ont changé, et j'ai moi aussi vieilli. Près de 50 ans après la sortie de ce livre, cette vie sur la route, passée de mode, fortement trempée de drogue et d'alcool, a perdu de sa magie. C'est touchant, mais plutôt triste, et plus pathétique et sombre que le symbole militant de la grande révolution des sacs à dos ,évoquée en quatrième page de couverture. Un livre plein de désillusion et de nostalgie, daté mais très intéressant, même si le monde a pris une autre direction. Le style est à l'image du contenu, foisonnant et libre.
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Et les hippopotames ont bouilli vifs dans l..

Will Dennison, Mike Ryko, Phillip Tourian, Ramsey Allen et un nombre incertain de femmes forment un groupe noctambule, alcoolisé et assez libre. Allant sans cesse chez les uns et les autres, toujours à l’affût de quelques dollars à gagner ou à grappiller, ils mènent une vie débridée dans le New York de 1944. Allen n’a d’yeux que pour le beau Phillip et le poursuit de ses assiduités, à tel point que le jeune homme forme le projet d’embarquer sur un bateau de la marine marchande avec Mike. « Cette fixette sur Phillip, c’est comme le paradis des chrétiens, une illusion née du besoin, qui flotte dans un nulle part nébuleux platonique, c’est comme la prospérité, toujours pour demain, jamais ici et maintenant. Tu as peur de partir avec lui, tu as peur de prendre le risque, parce que tu sais que ça marchera pas. » (p. 29) Hélas, le départ des deux amis est toujours différé et Allen ne veut pas voir partir Phillip. Tout cela explose un soir quand le jeune homme tue son admirateur. Will et Mike doivent alors décider s’ils veulent ou non protéger leur ami.



Inspiré de faits réels qui ont marqué leur jeunesse, Burroughs et Kerouac écrivent à deux voix, en chapitres alternés racontés respectivement par Dennison et Ryko. Cette double écriture est tout simplement étourdissante. À plusieurs reprises, je me suis perdue dans le récit, ne sachant plus qui était aux commandes. Mais finalement, le narrateur n’a pas vraiment d’importance, il suffit de suivre l’histoire, entre deux verres de whisky et un repas chaud providentiel. Je n’ai pas retrouvé le style de Kerouac qui m’avait tant plu dans Sur la route, mais cette histoire d’hippopotames est un texte de jeunesse, encore plein d’imperfections et d’hésitations. J’ai de tout de même aimé cette histoire et j’ai hâte de voir le film qui en a été tiré.

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Sur la route

Ce livre est un récit mythique que je souhaitais lire depuis très longtemps. Peut-être avais-je trop d'attentes vis à vis de ce récit, mais la rencontre n'a pas fonctionné.



Je n'ai pas apprécié ce road trip.

Je ne me suis pas attachée aux personnages que j'ai trouvé superficiels.

Cette succession de journées et de nuit à trainer, désoeuvrés, à essayer l'alcool, la drogue...



C'est l'ennui qui marquera cette lecture.

L'ennui de leur vagabondage, l'ennui de leur désoeuvrement.



Je n'ai pas ressenti le rythme de l'écriture, ni celui du road trip.

Vraiment, je suis passée à côté ! Dommage !

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Sur la route

Pas vraiment une histoire, pas vraiment un roman, Sur la route de Jack Kerouac est un voyage magnifique, au-delà de tous les mots. Un immense chef-d'œuvre, inoubliable ! Depuis dix ans, je n'ai pas trouvé un seul roman qui m'aura autant emporté. Il se bat la première place de mon panthéon avec l'Attrape-cœurs de Salinger. A lire et relire sans modération !
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Les clochards célestes

Je relie Kerouac à ma jeunesse, à ma spiritualité d'alors de catholique libertaire, au stop, aux routes que nous tentions de prendre comme nos héros tutélaire de sur la route ou des clochards céleste en écoutant du Doors.

40 ans plus tard, après un certain nombre de boire et déboire avec retour, de chutes et de rebonds, d'un monde aujourd'hui fonçant tête baissée vers une morale simpliste en lieu et place de toutes pensées humaines complexe, sociale, politique ou - intimité des intimité - spirituel, je garde de ce roman l'image d'un miroir aux alouette.

Il fut libre en son temps, je l'ai lu 20 ans après son écriture et j'y repense 60 ans plus tard. Je connais la biographie de monsieur Kerouac, filialement il me reste le goût amer d'une impasse qu’il fallait visiter.

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