Citations de Jacques Poulin (217)
J'ai pas les moyens de juger les autres.
Ses yeux rougis d'alcoolique étaient perdus dans l'immensité brumeuse. En parlant, il faisait de grands gestes qui embrassaient l'horizon, et c'est le Québec tout entier que je voyais se détacher de la rive et gagner la haute mer pour «mêler sa voix au concert des nations», comme on disait autrefois dans les manuels d'histoire.
Allongé à ses côtés, les yeux mi-clos, je me laissai envahir par les images d'un Québec voguant librement dans les eaux internationales. (p 191)
Alors j’ai compris que la douceur était le sentier qui menait à la mort et aussi que la mort était comme un fleuve.
Certaines journées, je n’écrivais pas du tout, pour le plaisir de m’y sentir bien [dans mon monde imaginaire] et ne rien faire, assis sur le gros rocher, celui qui s’avançait le plus loin vers le fleuve, avec les goélands qui planaient autour, perdu dans cet univers où le soleil se faisait beau, le vent un souffle très léger, le temps une grande douceur immobile et rassurante.
Il y a de la brume dans vos yeux, dit-elle très doucement.
Juste un peu, c’est rien.
On dirait que certains paysages font partie de nous-mêmes et qu’on ne peut s’en séparer, n’est-ce pas?
- Peut-être que vous aimez vos livres ? suggéra la fille
-Non.
-Pourquoi ?
-Ils ne changent pas le monde, dit-il sur un ton péremptoire.
-Vous croyez que c'est nécessaire ? demanda-t-elle.
-Evidemment. Sinon, ça ne vaut pas la peine. (p. 148)
A l'intérieur, il examina l'étalage des derniers romans parus et en ouvrit quelques uns pour lire la première phrase, mais rien de ce qu'il lut ne lui sembla conforme à ses exigences: la première phrase , selon lui, devait toujours être une invitation à laquelle personne ne pouvait résister - une porte ouverte sur un jardin, le sourire d'une femme dans une ville étrangère.[Actes sud, Babel,2020)
— Les choses que tu fais, explique le commis, peut-être que tu ne pourrais pas les faire si quelqu’un avant toi y avait pas rêvé assez longtemps.
(BQ, p.127)
Pourquoi encombres-tu le monde? (en préface)
« C’est vrai que les livres nous protègent […], mais leur protection ne dure pas éternellement. C’est un peu comme les rêves. Un jour où l’autre, la vie nous rattrape. » (p. 126)
« Comme tous les timides, le Chauffeur avait quelques idées très personnelles : il était convaincu, par exemple, que si deux personnes étaient vraiment faites pour se comprendre, elles devaient aimer non seulement les mêmes livres et les mêmes chansons, mais aussi les mêmes passages dans ces livres et dans ces chansons. » (p. 35)
Nue comme une truite, je sortais de l'étang avec une poignée d'algues dans chaque main, lorsque tout à coup je vis ma chatte se ruer tête baissée vers une petite chose noire qui descendait la côte menant au chalet.
Si l'âme avait coutume de s'envoler vers une étoile après la mort, cela signifiait qu'elle était essentiellement faite de lumière. Dans chaque individu, même le plus antipathique, il y avait donc une étincelle, une petite flamme qui le rendait unique et précieux. (p. 73)
Et pour ma part, toute cette beauté qui se déployait à perte de vue me donnait le sentiment que, dans l’ordre des choses du cœur, le Québec était mon pays.
... il échafaudait lui-même une théorie suivant laquelle les œuvres littéraires étaient, contrairement aux apparences, le fruit d’un travail collectif.
L'idée d'être lecteur à la demande; je l'avais déjà en tête avant de venir m'installer à Québec.
- La seule chose que j'aime, c'est la phrase que je viens d'écrire dans mon carnet. Et demain matin, quand je la relirai, il est probable que je ne l'aimerai plus.
- La vie est plus forte que nous, dit Jack. Et puis, on a toute l'éternité pour dormir.
Il a un sens pratique assez exceptionnel. Partout où il passe, il met de l’ordre et c’est probablement la seule chose qui manquait dans l’île. Pour travailler, il faut avoir la paix, et pour avoir la paix, il faut de l’ordre.
Il y en a qui m’appellent ‘‘le poète de la Finance’’. Ça ne m’insulte pas du tout parce qu’ils ont compris que, maintenant que je suis riche, j’essaye de réaliser un vieux rêve. Je vous en ai déjà parlé la première fois qu’on s’est vus. Mon rêve, c’est de rendre les gens heureux. C’est pour ça que vous êtes ici, dans l’île. Et c’est pour ça que j’ai amené Marie. Evidemment, je ne me prends pas pour Dieu le Père et je ne me suis pas dit : ‘‘Il n’est pas bon que l’homme soit seul’’ ou quelque chose du genre, mais j’ai pensé que vous auriez plus de chances d’être heureux à deux.